| | Les Docteurs de l'Eglise catholique . | |
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Claude Coowar
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| Sujet: Re: Les Docteurs de l'Eglise catholique . 13/11/2016, 23:29 | |
| http://www.pagesorthodoxes.net/metanoia/priere-ephrem.htm 24.02 - SAINT EPHREM LE SYRIEN. Chez nos frères de LA RELIGION ORTHODOXE. Parmi toutes les hymnes et prières de Carême se trouve une courte prière que l’on peut appeler la prière du Carême . La tradition l’attribue à l’un des grands maîtres de la vie spirituelle, saint Éphrem le Syrien (+373). En voici le texte : " Seigneur et Maître de ma vie, L’esprit d’oisiveté, de découragement, De domination et de vaines paroles, Eloigne de moi. L’esprit d’intégrité, d’humilité, De patience et de charité, Accorde à ton serviteur. Oui, Seigneur et Roi, Donne-moi de voir mes fautes Et de ne pas juger mon frère, Car tu es béni aux siècles des siècles. Amen" . Cette prière est lue deux fois à la fin de chaque office du Carême, du lundi au vendredi (on ne la dit pas le samedi et le dimanche, car les offices de ces deux jours ne suivent pas l’ordonnance du Carême). On la dit une première fois en faisant une métanie (prosternation) après chaque demande. Puis on s’incline douze fois en disant : " Ô Dieu, purifie-moi, pécheur ! " . Enfin on répète toute la prière avec une dernière prosternation à la fin.Pourquoi cette courte et si simple prière occupe-t-elle une place aussi importante dans la prière liturgique du Carême ? C’est qu’elle énumère d’une façon très heureuse tous les éléments négatifs et positifs du repentir, et constitues-en quelque sorte un aide-mémoire pour notre effort personnel de Carême. Cet effort vise d’abord à nous libérer de certaines maladies spirituelles fondamentales qui imprègnent notre vie et nous mettent pratiquement dans l’impossibilité de commencer même à nous tourner vers Dieu. La maladie fondamentale est l’oisiveté, la paresse. Elle est cette étrange apathie, cette passivité de tout notre être, qui toujours nous tire plutôt vers le bas que vers le haut, et qui, constamment, nous persuade qu’aucun changement n’est possible, ni par conséquent désirable. C’est, en fait, un cynisme profondément ancré qui, à toute invitation spirituelle, répond : " À quoi bon ? " et qui fait ainsi de notre vie un désert spirituel effrayant . Cette paresse est la racine de tout péché, parce qu’elle empoisonne l’énergie spirituelle à sa source même. La conséquence de la paresse, c’est le découragement. C’est l’état d’acédie, ou de dégoût, que tous les Pères spirituels regardent comme le plus grand danger pour l’âme. L’acédie est l’impossibilité pour l’homme de reconnaître quelque chose de bon ou de positif : tout est ramené au négativisme et au pessimisme. C’est vraiment un pouvoir démoniaque en nous, car le diable est fondamentalement un menteur. Il ment à l’homme au sujet de Dieu et du monde ; il remplit la vie d’obscurité et de négation. Le découragement est le suicide de l’âme, car lorsque l’homme en est possédé, il est absolument incapable de voir la lumière et de la désirer. Aussi étrange que cela puisse paraître, c’est précisément la paresse et le découragement qui emplissent notre vie du désir de domination. En viciant entièrement notre attitude devant la vie, et en la rendant vide et dénuée de tout sens, ils nous obligent à chercher c ompensation dans une attitude radicalement fausse envers les autres. Si ma vie n’est pas orientée vers Dieu, ne vise pas les valeurs éternelles, inévitablement elle deviendra égoïste et centrée sur moi-même, ce qui veut dire que tous les autres êtres deviendront des moyens au service de ma propre satisfaction. Si Dieu n’est pas le Seigneur et Maître de ma vie, alors je deviens mon propre seigneur et maître, le centre absolu de mon univers, et je commence à tout évaluer en fonction de mes jugements. De cette façon, l’esprit de domination vicie à la base mes relations avec les autres, je cherche à me les soumettre. Il ne s’exprime pas nécessairement dans le besoin effectif de commander ou de dominer les autres. Il peut tout aussi bien tourner à l’indifférence, au mépris, au manque d’intérêt, de considération et de respect. C’est bien la paresse et le découragement, mais cette fois dans leur référence aux autres ; ce qui achève le suicide spirituel par un meurtre spirituel. Et pour finir, les vaines paroles. De tous les êtres crées, seul l’homme a été doté du don de la parole. Tous les Pères y voient le " sceau " de l’image divine en l’homme, car Dieu lui-même s’est révélé comme Verbe (Jn 1,1) . Mais du fait qu’il est le don suprême, le don de la parole est par là même le suprême danger. Du fait qu’il est l’expression même de l’homme, le moyen de s’accomplir lui-même, il est, pour cette raison, l’occasion de sa chute et de son autodestruction, de sa trahison et de son péché. La parole sauve et la parole tue ; la parole inspire et l’empoisonne. La parole est instrument de vérité et la parole est moyen de mensonge diabolique . Ayant un extrême pouvoir positif, elle a, partant, un terrible pouvoir négatif. Véritablement, elle crée, positivement ou négativement. Déviée de son origine et de sa fins divines, la parole devient vaine. E lle prête main forte à la paresse, au découragement, à l’esprit de domination, et transforme la vie en enfer. Elle devient la puissance même du péché.Voilà donc les quatre points négatifs visés par le repentir ; ce sont les obstacles qu’il faut éliminer ; mais seul Dieu peut le faire. D’où la première partie de la prière de Carême : ce cri du fond de notre impuissance humaine. Puis la prière passe aux buts positifs du repentir qui sont aussi au nombre de quatre. Si l’on ne réduit pas la chasteté, comme on le fait souvent de façon erronée, à son acceptation sexuelle, la chasteté peut être considérée comme la contrepartie positive de la paresse. La traduction exacte et complète du terme grec sophrosyni et du russe tsélomoudryié devrait être : " totale intégrité ". La paresse est avant tout dispersion, fractionnement de notre vision et de notre énergie, incapacité à voir le tout. Son contraire est alors précisément l’intégrité. Si par le terme de chasteté, nous désignons habituellement la vertu opposée à la dépravation sexuelle, c’est que le caractère brisé de notre existence n’est nulle part ailleurs plus manifeste que dans le désir sexuel, cette dissociation du corps d’avec la vie et le contrôle de l’esprit. Le Christ restaure en nous l’intégrité et il le fait en nous redonnant la vraie échelle des valeurs, en nous ramenant à Dieu. Le premier fruit merveilleux de cette intégrité ou chasteté est l’humilité. Elle est par-dessus tout la victoire de la vérité en nous, l’élimination de tous les mensonges dans lesquels nous vivons habituellement. Seule l’humilité est capable de vérité, capable de voir et d’accepter les choses comme elles sont et donc de voir Dieu, sa majesté, sa bonté et son amour en tout. C’est pourquoi il nous est dit que Dieu fait grâce à l’humble et résiste au superbe (Pr 3,34 ; Jc 4,6 ; 1P 5,6). La chasteté et l’humilité sont naturellement suivies de la patience . L’homme " naturel " ou " déchu " est impatient parce que, aveugle sur lui-même, il est prompt à juger et à condamner les autres. N’ayant qu’une vision fragmentaire, incomplète et faussée de toutes choses, il juge tout à partir de ses idées et de ses goûts. Indifférents à tous, sauf à lui-même, il veut que la vie réussisse ici-même et dès maintenant . La patience, d’ailleurs, est une vertu véritablement divine. Dieu est patient non pas parce qu’il est " indulgent ", mais parce qu’il voit la profondeur de tout ce qui existe, parce que la réalité interne des choses que, dans notre aveuglement, nous ne voyons pas, est à nu devant lui. Plus nous nous approchons de Dieu, plus nous devenons patients pour tous les êtres, qui est la qualité propre de Dieu. Et enfin, la couronne et le fruit de toutes les vertus, de toute croissance et de tout effort, est la charité, cet amour qui ne peut être donné que par Dieu, ce don qui est le but de tout effort spirituel, de toute préparation et de toute ascèse. Tout ceci se trouve résumé et rassemblé dans la demande qui conclut la prière de Carême et dans laquelle nous demandons " de voir mes fautes et de ne pas juger mon frère ". Car, finalement, il n’y a qu’un danger : celui de l’orgueil. L’orgueil est la source du mal et tout mal est orgueil. Pourtant, il ne me suffit pas de voir mes Les écrits spirituels sont remplis d’avertissements contre les formes subtiles d’une pseudo-piété qui, en réalité, sous couvert d’humilité et d’auto-accusation de nos propres fautes, car même cette apparente vertu peut tourner en orgueil, peut conduire à un orgueil vraiment diabolique. Mais quand nous " voyons nos fautes " et " ne jugeons pas nos frères ", quand, en d’autres termes, chasteté, humilité, patience et amour ne sont plus qu’une même chose en nous, alors et alors seulement, le dernier ennemi - l’orgueil - est détruit en nous. Après chaque demande de la prière, on se prosterne. Ce geste n’est pas limité à la prière de saint Ephrem, mais constitue une des caractéristiques de toute la prière liturgique quadragésimale. Ici, cependant, sa signification apparaît au mieux. Dans le long et difficile effort de recouvrement spirituel, l’Eglise ne sépare pas l’âme du corps. L’homme tout entier, dans sa chute, s’est détourné de Dieu ; l’homme tout entier devra être restauré ; c’est tout l’homme qui doit revenir à Dieu. La catastrophe du péché réside précisément dans la victoire de la chair - l’animal, l’irrationnel, la passion en nous, - sur le spirituel et le divin. Mais le corps est glorieux, le corps est saint, si saint que Dieu lui-même s’est fait chair (Jn 1,14). Le salut et le repentir ne sont donc pas mépris ou négligence du corps, mais restauration de celui-ci dans sa vraie fonction en tant qu’expression de la vie de l’esprit, en tant que temple de l’âme humaine qui n’a pas de prix. L’ascétisme chrétien est une lutte, non pas contre le corps mais pour le corps. Pour cette raison, tout l’homme - corps, âme et esprit - se repent. Le corps participe à la prière de l’âme, de même que l’âme prie par et dans le corps. Les prosternations, signes psychosomatiques du repentir et de l’humilité, de l’adoration et de l’obéissance, sont donc le rite quadragésimal par excellence. Extrait d’Alexandre Schmemann, Le Grand Carême : Ascèse et Liturgie dans l’Église orthodoxe. Éditions de l'Abbaye de Bellefontaine, 1977. Reproduit avec l'autorisation des Éditions de l'Abbaye de Bellefontaine. | |
| | | Claude Coowar
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| Sujet: Re: Les Docteurs de l'Eglise catholique . 14/11/2016, 00:35 | |
| https://w2.vatican.va/content/benedict-xvi/fr/audiences/2007/documents/hf_ben-xvi_aud_20071128.html 24.03 - SAINT EPHREM LE SYRIEN .
Selon l'autorité théologique de SA SAINTETE, LE PAPE BENOÎT XVI. AUDIENCE GÉNÉRALE Mercredi 28 novembre 2007 Chers frères et sœurs, Selon l'opinion commune d'aujourd'hui, le christianisme serait une religion européenne, qui aurait ensuite exporté la culture de ce continent dans d'autres pays. Mais la réalité est beaucoup plus complexe, car la racine de la religion chrétienne se trouve dans l'ancien Testament et donc à Jérusalem et dans le monde sémitique. Le christianisme se nourrit toujours à cette racine de l'Ancien Testament. Son expansion au cours des premiers siècles a eu lieu aussi bien vers l'Occident - vers le monde gréco-latin, où il a ensuite inspiré la culture européenne - que vers l'Orient, jusqu'à la Perse, à l'Inde, contribuant ainsi à susciter une culture spécifique, en langues sémitiques, avec une identité propre. Pour montrer cette multiplicité culturelle de l'unique foi chrétienne des débuts, j'ai parlé dans la catéchèse de mercredi dernier d'un représentant de cet autre christianisme, Aphraate le Sage persan, presque inconnu chez nous. Dans cette même optique, je voudrais aujourd'hui parler de saint Ephrem le Syrien, né à Nisibe vers 306 dans une famille chrétienne. Il fut le représentant le plus important du christianisme de langue syriaque et réussit à concilier d'une manière unique la vocation du théologien et celle du poète. Il se forma et grandit à côté de Jacques, Evêque de Nisibe (303-338), et il fonda avec lui l'école de théologie de sa ville. Ordonné diacre, il vécut intensément la vie de la communauté chrétienne locale jusqu'en 363, année où la ville de Nisibe tomba entre les mains des Persans. Ephrem immigra alors à Edesse, où il poursuivit son activité de prédicateur. Il mourut dans cette ville en l'an 373, victime de la contagion de la peste qu'il avait contractée en soignant les malades. On ne sait pas avec certitude s'il était moine, mais il est cependant certain qu'il est resté diacre pendant toute sa vie et qu'il a embrassé l'état de virginité et de pauvreté. C'est ainsi qu'apparaît dans la spécificité de son expression culturelle, l'identité chrétienne commune et fondamentale : la foi, l'espérance - cette espérance qui permet de vivre pauvre et chaste dans ce monde, en plaçant toutes ses attentes dans le Seigneur - et, enfin, la charité, jusqu'au don de soi-même dans le soin des malades de la peste. Saint Ephrem nous a laissé un grand héritage théologique : sa production considérable peut se regrouper en quatre catégories : - Les œuvres écrites en prose ordinaire (ses œuvres polémiques, ou bien les commentaires bibliques) ; - Les œuvres en prose poétique ; - Les homélies en vers ; - Et enfin les hymnes, qui sont certainement l'œuvre la plus vaste d'Ephrem. Il s'agit d'un auteur riche et intéressant sous de nombreux aspects, mais en particulier sous le profil théologique. Si nous voulons aborder sa doctrine, nous devons insister dès le début sur ceci : le fait qu'il fait de la théologie sous une forme poétique. La poésie lui permet d'approfondir la réflexion théologique à travers des paradoxes et des images. Dans le même temps sa théologie devient liturgie, devient musique : en effet, c'était un grand compositeur, un musicien. Théologie, réflexion sur la foi, poésie, chant, louange de Dieu vont de pair ; et c'est précisément dans ce caractère liturgique qu'apparaît avec limpidité la théologie d'Ephrem, la vérité divine. Dans sa recherche de Dieu, dans sa façon de faire de la théologie, il suit le chemin du paradoxe et du symbole. Il privilégie largement les images contrastantes, car elles lui servent à souligner le mystère de Dieu. Je ne peux pour le moment présenter que peu de chose de lui, également parce que la poésie est difficilement traduisible, mais pour donner au moins une idée de sa théologie poétique, je voudrais citer en partie deux hymnes. Tout d'abord, également en vue du prochain Avent, je vous propose plusieurs images splendides tirées des hymnes Sur la nativité du Christ. Devant la Vierge, Ephrem manifeste son émerveillement avec un ton inspiré : "Le Seigneur vint en elle pour se faire serviteur. Le Verbe vint en elle Pour se taire dans son sein. La foudre vint en elle Pour ne faire aucun bruit. Le pasteur vint en elle Et voici l'Agneau né, qui pleure sans bruit. Car le sein de Marie A renversé les rôles : Celui qui créa toutes choses Est entré en possession de celles-ci, mais pauvre. Le Très-Haut vint en Elle (Marie), Mais il y entra humble. La splendeur vint en elle, Mais revêtue de vêtements humbles. Celui qui dispense toutes choses Connut la faim. Celui qui étanche la soif de chacun Connut la soif. Nu et dépouillé il naquit d'elle, Lui qui revêt (de beauté) toutes choses" (Hymne "De Nativitate" 11, 6-8)Pour exprimer le mystère du Christ, Ephrem utilise une grande diversité de thèmes, d'expressions, d'images. Dans l'une de ses hymnes, il relie de manière efficace Adam (au paradis) au Christ (dans l'Eucharistie): "Ce fut en fermant Avec l'épée du chérubin, Que fut fermé Le chemin de l'arbre de la vie. Mais pour les peuples, Le Seigneur de cet arbre S’est donné comme nourriture Lui-même dans l'oblation (eucharistique). Les arbres de l'Eden Furent donnés comme nourriture Au premier Adam. Pour nous, le jardinier Du Jardin en personne S’est fait nourriture Pour nos âmes. En effet, nous étions tous sortis Du Paradis avec Adam, qui le laissa derrière lui. A présent que l'épée a été ôtée Là-bas (sur la croix) par la lance Nous pouvons y retourner". (Hymne 49, 9-11).Pour parler de l'Eucharistie, Ephrem se sert de deux images : la braise ou le charbon ardent, et la perle. Le thème de la braise est tiré du prophète Isaïe (cf. 6, 6). C'est l'image du séraphin, qui prend la braise avec les pinces, et effleure simplement les lèvres du prophète pour les purifier ; le chrétien, en revanche, touche et consume la Braise, qui est le Christ lui-même : "Dans ton pain se cache l'Esprit Qui ne peut être consommé ; Dans ton vin se trouve le feu Qui ne peut être bu. L'Esprit dans ton pain, le feu dans ton vin : Voilà une merveille accueillie par nos lèvres. Le séraphin ne pouvait pas approcher ses doigts de la braise, Qui ne fut approchée que de la bouche d’Isaïe ; Les doigts ne l'ont pas prise, les lèvres ne l'ont pas avalée ; Mais à nous, le Seigneur a permis de faire les deux choses. Le feu descendit avec colère pour détruire les pécheurs, Mais le feu de la grâce descend sur le pain et y reste. Au lieu du feu qui détruisit l'homme, Nous avons mangé le feu dans le pain Et nous avons été vivifiés" (Hymne "De Fide" 10, 8-10).Voilà encore un dernier exemple des hymnes de saint Ephrem, où il parle de la perle comme symbole de la richesse et de la beauté de la foi : "Je posai (la perle), mes frères, sur la paume de ma main, Pour pouvoir l'examiner. Je me mis à l'observer d'un côté puis de l’autre : Elle n'avait qu'un seul aspect de tous les côtés. (Ainsi) est la recherche du Fils, impénétrable, car elle n'est que lumière. Dans sa clarté, je vis la Limpidité, Qui ne devient pas opaque ; Et dans sa pureté, Le grand symbole du corps de notre Seigneur, Qui est pur. Dans son indivisibilité, je vis la vérité, Qui est indivisible". (Hymne "Sur la Perle" 1, 2-3). La figure d'Ephrem est encore pleinement actuelle pour la vie des différentes Eglises chrétiennes. Nous le découvrons tout d'abord comme théologien, qui, à partir de l'Ecriture Sainte, réfléchit poétiquement sur le mystère de la rédemption de l'homme opérée par le Christ, le Verbe de Dieu incarné. Sa réflexion est une réflexion théologique exprimée par des images et des symboles tirés de la nature, de la vie quotidienne et de la Bible. Ephrem confère un caractère didactique et catéchistique à la poésie et aux hymnes pour la liturgie ; il s'agit d'hymnes théologiques et, dans le même temps, adaptées à la récitation ou au chant liturgique. Ephrem se sert de ces hymnes pour diffuser, à l'occasion des fêtes liturgiques, la doctrine de l'Eglise. Au fil du temps, elles se sont révélées un moyen de catéchèse extrêmement efficace pour la communauté chrétienne. La réflexion d'Ephrem sur le thème de Dieu créateur est importante : rien n'est isolé dans la création, et le monde est, à côté de l'Ecriture Sainte, une Bible de Dieu. En utilisant de manière erronée sa liberté, l'homme renverse l'ordre de l'univers. Pour Ephrem, le rôle de la femme est important. La façon dont il en parle est toujours inspirée par la sensibilité et le respect : la demeure de Jésus dans le sein de Marie a grandement élevé la dignité de la femme. Pour Ephrem, de même qu'il n'y a pas de Rédemption sans Jésus, il n'y a pas d'incarnation sans Marie. Les dimensions divines et humaines du mystère de notre rédemption se trouvent déjà dans les textes d’Ephrem ; de manière poétique et avec des images fondamentalement tirées des Ecritures, il anticipe le cadre théologique et, d'une certaine manière, le langage même des grandes définitions christologiques des Conciles du V siècle. Ephrem, honoré par la tradition chrétienne sous le titre de "lyre de l'Esprit Saint" , resta diacre de son Eglise pendant toute sa vie. Ce fut un choix décisif et emblématique : il fut diacre, c'est-à-dire serviteur, que ce soit dans le ministère liturgique, ou, plus radicalement, dans l'amour pour le Christ, qu'il chanta de manière inégalable, ou encore, dans la charité envers ses frères, qu'il introduisit avec une rare habileté dans la connaissance de la Révélation divine. * * * Je salue les pèlerins francophones, en particulier la délégation de l'Union mondiale des Organisations féminines catholiques. À la suite de saint Éphrem, puissiez-vous approfondir votre foi et toujours à rendre gloire à Dieu 'par des psaumes, des hymnes et de libres louanges' (cf. Ep 5,19). Avec ma Bénédiction apostolique. Je salue les responsables de la diffusion dans le monde de L'Osservatore Romano, accompagnés du Directeur responsable, M. Giovanni Maria Vian et du Directeur général, Don Elio Torrigiani. Chers amis, je vous remercie de vos efforts pour promouvoir les enseignements du Pape dans le monde entier et je vous accompagne par un souvenir particulier dans la prière, afin que le Seigneur vous comble de dons spirituels abondants. APPEL Le 1 décembre prochain se tiendra la Journée mondiale contre le SIDA. Je suis spirituellement proche de ceux qui souffrent de cette terrible maladie, ainsi que de leurs familles, en particulier celles qui sont frappées par la perte d'un de leurs membres. Je les assure tous de ma prière. En outre, je désire exhorter toutes les personnes de bonne volonté à multiplier les efforts pour arrêter la diffusion du virus VIH, à lutter contre le mépris qui frappe souvent ceux qui en sont affectés, et à prendre soin des malades, en particulier lorsqu'ils sont encore enfants. © Copyright 2007 - Libreria Editrice Vaticana | |
| | | Claude Coowar
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| Sujet: Re: Les Docteurs de l'Eglise catholique . 14/11/2016, 01:14 | |
| http://jesusmarie.free.fr/pierre_canisius.html 25.01 - BIOGRAPHIE, ŒUVRES ET ACTIONS DE SAINT PIERRE CANISIUS. 8 mai 1521 - 21 décembre 1597 Le Grand Catéchisme. Traduction par l'abbé A.-C. Peltier, Besançon et Paris, 1856-1857, 6 volumes, in-8. Télécharger les 6 tomes en fichier .doc Tome 1_ (html, mai 2009) _tome 1 (pdf 23,6 Mo) --table des matières Tome 2 _ (html, mai 2009) _tome 2 (pdf 17,4 Mo) _table des matières Tome 3-_ (html, mai 2009) -tome 3 (pdf 20,7 Mo) --table des matières Tome 4 _ (html, mai 2009) --tome 4 (pdf 18,6 Mot) --table des matières Tome 5 _ (html, mai 2009) --tome 5 (pdf 17,9 Mo) --table des matières Tome 6 _ (html, mai 2009) ---tome 6 (pdf 18,8 Mo) --table des matières p.93-134 Que penser de l'enfer et des peines de l'enfer ? Tome 7 (pdf 11,4 Mo) --table des matières Tome 1 La Foi et le Symbole de la Foi p.1-153 L’Espérance, le Notre Père et le je vous salue Marie p.154-238 La charité et le Décalogue p.239-449. Tome 2 Les commandements de l’Eglise p.1-141 Les sacrements p.141 Le Baptême p.171-231 La confirmation p.231-261 L’Eucharistie p.262-500. Tome 3 La pénitence p.1-137 L’extrême onction p.138-160 L’Ordre p.160-259 Le Mariage p.260-322 L’Eglise contraint certains au célibat p.323-346 Résumé de tout ce qui précède p.346-350 Principes de la Justice Chrétienne. Ce qui entre dans la Justice chrétienne p.331-358 Le mal qu’il s’agit d’éviter Le péché en général p.359-398 Les péchés capitaux p.399-559 L’orgueil p.401-421 L’Avarice p.421-442 La Luxure p.442-453 L’Envie p.453-476 La Gourmandise p.476-512 La Colère p.513-543 La Paresse p.543-558 Tome 4 2ème Partie : principes de la justice chrétienne SECTION I. Du mal qu'il s'agit d'éviter, 1-275. Article III. Des péchés d'autrui qui peuvent nous être imputés, 1-120. Article IV. Des péchés contre le Saint-Esprit, 122-200. Article V. Des péchés qui crient jusqu'au ciel, 201- 235. Homicide volontaire Actes homosexuels Oppression des pauvres Refus du salaire dû aux travailleurs Article VI. De l'expiation des péchés, 235-272. Section II. Du bien qu'il s'agit de faire, 273-549. Chapitre 1. Des trois principales espèces de bonnes œuvres, 273-549. Article 1. Des bonnes œuvres en général, 273-515. Article II. Du jeune, 315-452. Article III. De la prière 452-549. Tome 5 De l'aumône et des œuvres de miséricorde, p.1-182. Des vertus cardinales, p.183-264. Des dons et des fruits de l'Esprit-Saint, p.264-297. Des huit béatitudes, p.297-317. Des conseils évangéliques, p.318-509. Tome 6 Les Quatre Fins dernières de l’homme p.1-212 La Mort p.8-42 Le jugement particulier p.42-93 L’Enfer p.93-134 Paradis p.134-178 Usage et fins de la doctrine des fins dernières p.178-210 Traité de la Chute de l’homme et de sa Justification p.213-487 Extrait du Grand Catéchisme en page html Vie de Saint Pierre Canisius Saint Pierre Canisius est issue d'une famille de Nimègue, située dans les Pays-Bas actuels. Il est l'aîné, né le jour où Luther est mis au ban de l'empire et le mois même où saint Ignace est blessé au siège de la citadelle de Pampelune (blessure qui vaudra à saint Ignace de longues semaines d'immobilisation et de souffrances, mises à profit pour lire des vies de saints et prendre la décision de les imiter). Il étudia à Cologne (Allemagne) la philosophie, et alors qu'il mûrit la décision de devenir prêtre ; il oriente ses études de théologie vers l'Ecriture Sainte et les Pères de l'Eglise, rencontra Pierre Favre, le premier compagnon d'Ignace de Loyola, qui, chargé d'une mission papale, séjournait à Mayence. Au printemps 1543, il fit sous la direction de Pierre Favre, les exercices spirituels de Saint Ignace durant trente jours, décida d'entrer dans la compagnie et scella son choix par un vœux. En 1546, il fut ordonné prêtre. Il quitta bientôt Cologne pour l'Italie, fut envoyé au concile de Trente comme théologien de l'évêque d'Augsbourg. Après l'ajournement du concile, Ignace l’appela à Rome et lui fit accomplir son noviciat sous sa propre direction. Au printemps 1548, il fut envoyé avec un groupe de dix jésuites sous la direction de Jérôme Nadal pour fonder à Messine le premier collège jésuite. Il y enseigna le latin. Mais bientôt sonna l'heure de Saint Pierre Canisius : selon l'ordre du pape Paul III, il fut envoyé en 1549 avec Claude Jay et Alonso Salmeron en Bavière. Ce fut de cette base que pendant trente ans, il déploya son activité dans l'empire son activité et ses talents en faveur de l'Eglise alors menacée par sa propre décadence et par la puissante poussée de la réforme protestante. Quatre points essentiels marquent l'action de Saint Pierre Canisius : 1°/ D'abord la lutte contre l'ignorance religieuse et contre la dépravation morale qui en était la conséquence. En d'innombrables prédications, souvent préparées de nuit (plus de 12.000 pages in-4° de sermons manuscrits sont conservés), Saint Pierre Canisius exposait la doctrine de l'Eglise et amenait ses auditeurs à vivre chrétiennement. Pour la réforme du clergé, il employait surtout les exercices ignatiens. Plus étendue encore et plus durable, son action s’exerça par l'imprimé, principalement par les trois Catéchismes et les divers livres de prières qu'il écrivit. 2°/ Le second point capital concernait l’éducation et la formation du clergé, il commença par la réforme de l'université d'Ingolstadt, dont le pape lui avait fait l''immédiate obligation, puis travailla à la réforme de l'université de Vienne tombée dans un état de langueur désespérant, mais appréciant de manière réaliste la situation, il porta sur le domaine de l'éducation le principal de ses efforts en érigeant des collèges. Ceux-ci devaient former une nouvelle génération chrétienne pour servir dans l'Eglise et dans le monde. Les commencements furent laborieux. Cependant à sa mort, on comptait dans l'Empire 100 fondations dont beaucoup étaient directement ou indirectement de son œuvre. 3°/ Le troisième point était la situation interne des jésuites.L’ordre monastique de Saint Pierre Canisius. Il fut le maître d'oeuvre spirituel et l'organisateur de la Compagnie de Jésus dans l'Empire. Lorsqu' en 1556, Ignace érigea deux provinces allemandes de l'ordre, il le nomma au gouvernement de la Germania Superior qui, jusqu'en 1563, engloba aussi l'Autriche. Pendant plus de treize ans, outre le reste de son travail. Il eut à diriger et superviser le nombre toujours croissant des compagnons, leurs communautés et leurs travaux apostoliques. 4°/ Le quatrième point consistait à conseiller évêques et princes dans les questions touchant la réforme de l'Eglise et de l'Etat liée à cette réforme. C'est ainsi qu'il eut à intervenir six fois comme théologien des légats pontificaux ou du roi, aux assemblées d'Empire. Sur mandat du pape et pour ses propres supérieurs, il rédigea toute une série de mémorandums concernant la réforme de l'Eglise. Durant l'hiver 1565-1566, par commission papale, il remit et à commenta les décrets du concile de Trente aux évêques et aux princes catholiques de l'Empire. En son temps, il fut le plus puissant agent de la réforme intérieure de l'Eglise catholique dans l'Empire, contribua fortement à contenir les progrès et la pression de la réforme protestante et à ramener à l'Eglise des régions perdues, surtout dans l'Allemagne méridionale et en Autriche. Extrêmement ferme sur ses positions, il fut néanmoins, en face des protestants, tout disposé aux attitudes iréniques, et celles-ci se manifestèrent aussi dans ses jugements. Il passa ses dernières années (1580-1597) à Fribourg, en Suisse où il fut envoyé pour fonder un collège. Autant que le permirent ses forces usées par une activité de trente ans, il continua son action pour réformer l'Eglise et affermir la foi. Il y mourut le 21 décembre 1597. Saint Pierre Canisius fut béatifié en 1864, et déclaré docteur de l'Eglise en 1925. Les Ouvres de Saint Pierre Canisius 1°/ le premier travail de Saint Pierre Canisius a été l'édition allemande, à Cologne, en 1546, des oeuvres de Jean Tauler (mystique). Saint Pierre Canisius a également publié : - trois volumes de sermons et d'autres ouvrages de Saint Cyrille d'Alexandrie (Cologne 1546), - un volume d'homélie de saint Léon le Grand (1546, 1548, 1566) - puis les lettres de saint Jérôme (1562) ; Ces éditions sont le fruit de ses études patristiques. 2°/ l'oeuvre la plus importante de Saint Pierre Canisius, qui étendra son action durant des siècles et à travers de nombreux pays, est constituée par ses catéchismes. La première rédaction connue sous le nom de " Grand Catéchisme" parut en 1555 : Summa doctrina christianae, in-12°, 193 f. La traduction française parut à Liège en 1588. Egalement en 1556, il publia un catéchisme pour les gens simples et pour les enfants des écoles : Summa doctrina christianae ad captum rudiorum accomodata (Ingolstadt, 1556). Pour les classes moyennes, il composa enfin Parvus Catechismus Catholicorum que l'on tient pour sa meilleure œuvre à laquelle il travailla tout le reste de sa vie à améliorer et à compléter ses catéchismes. A sa mort, quinze traductions et plus de deux cents éditions avaient été faites. Par son catéchisme, il donnait à la jeunesse de son temps un traité de foi et aussi une introduction à la vie chrétienne. 3°/ Autres ouvrages destinés à soutenir la prière et à enseigner la doctrine chrétienne : 4°/ Sermons Saint Pierre Canisius n'a publié qu'un Avent réduit aux quatre dimanches. Il existe de nombreux sermons manuscrits aux archives de la province jésuite de Germanie Supérieure. 5°/ Il entreprit par obéissance la réfutation des Centuries de Magdebourg, réfutation de cette histoire de l'Eglise violemment antipapiste édité par Flacius Illyricus (8 vol., Bâle, 1559-1574). Il n'était pas un historien et le résultat de son patient travail fut une apologie de la foi catholique romaine dans sa lecture de la Bible, avec des aspects de controverse antiprotestante. 6°/ A Fribourg, Saint Pierre Canisius publie des biographies populaires de plusieurs saints de la Suisse : Nicolas de Flue, Meinrad, Ida, Fridolin, etc. 7°/ Exhortationes domesticae 8°/ 1.310 Lettres cf. J.F. Gilmont Les écrits spirituels des premiers jésuites, Rome, 1961, p. 209-31 www.JesusMarie.com | |
| | | Claude Coowar
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| Sujet: Re: Les Docteurs de l'Eglise catholique . 14/11/2016, 01:21 | |
| http://archives-lepost.huffingtonpost.fr/article/2008/12/20/1362927_20-decembre-saint-pierre-canisius-de-nimegue-docteur-de-l-eglise-apotre-de-l-allemagne-1597.html 25.02 - SAINT PIERRE CANISIUS. " Renoncez-vous à vous-même, pour ne pas être renoncer par le Christ ; reniez-vous, pour être reçu par le Christ". Salvien. Humilité et soumission , ces deux mots résument toute l'oeuvre de saint Ignace, dont saint Pierre Canisius fut l'un des premiers et des plus grands disciples. On a souvent tourné en dérision cette sublimité de l'obéissance recommandée aux religieux de la Compagnie de Jésus. On s'est moqué du fameux perinde ac cadaver. Mais a-t-on réfléchi que ce grand précepte de la soumission est la condition sine qua non de toute autorité divine ou humaine ? Conçoit-on une royauté, comprend-on une armée, imagine-t-on une traversée maritime sans l'obéissance au chef du pouvoir, de l'expédition ou du vaisseau ? La soumission est la garantie de toute puissance.Et l'humilité, cette vertu qu'il n'est donné à l'homme de comprendre que se lève les yeux en haut, n'a-t-elle pas été de tous temps le caractère distinctif de la vraie grandeur ? L'orgueil qui lui est opposé, comme l'indépendance à la soumission, ne sont-ils pas les deux vices fondamentaux qui ont amené la ruine du protestantisme ? Luther et saint Ignace naissent en même temps : - l'un prêche la révolte à l'autorité, et ses premiers disciples appliquant rigoureusement les principes de leur maître, arrivent à l'impuissance et à l'anarchie ; - l'autre recommande à ses enfants la soumission à l'autorité, et trois siècles ne font qu'assurer à son œuvre une plus longue durée. Magnifique et vivant enseignement que cette lutte perpétuelle de la vérité contre l'erreur ! Chaque ère qui se lève sur le monde l'atteste, mais chaque ère aussi vient proclamer plus haut le triomphe de cette vérité immuable comme son principe, qui est le bien et le vrai éternel, sur l'erreur qui, malgré ses formes chaque jour différentes, n'est que ruine et poussière ; car elle ne s'appuie que sur le faux et sur le mal. Notre saint du jour n'est plus " populaire ". Et pour cause ! Il fut un combattant jamais vaincu des droits de l'Eglise contre les désordres de l'anarchie, un champion de la vérité contre les sectateurs des ténèbres du mensonges. Nos temps qui s'enfoncent chaque jour un peu plus sous l'empire du prince de ce monde combattent ardemment - jusque dans leur commémoraison - des figures comme celle de saint Pierre Canisius. ... N'importe ! Honorons-en ce 20 décembre, le grand saint Pierre Canisius, infatigable apôtre de la vérité, de Notre Seigneur Jésus-Christ et de son Eglise, et de Notre Dame pour laquelle il avait - avec saint Michel archange - une particulière et tendre dévotion. La famille de Pierre Canisius était l'une des plus distinguées de la Hollande ; son père, d'abord conseiller du duc Charles de Lorraine, fut ensuite bailli de Verdun. Né en 1521, c'est sous le toit paternel que Pierre passa, dans l'innocence, ses premières années. Puis, il fut envoyé à Cologne, pour y apprendre les belles-lettres. En peu de temps, il eut achevé son cours d'humanités et reçut le grade de docteur en droit civil. Il vint alors à Louvain pour s'initier au droit canonique. On était alors aux plus mauvais jours du XVIe siècle. Luther s'était levé du sein de l'Eglise, impétueux, opiniâtre, orgueilleux à l'excès. Poussé par l'esprit du mal et de la révolte, cet homme avait dépouillé sa robe de moine et, l'anathème à la bouche, avait voué au catholicisme la plus implacable des haines ; il avait juré la ruine de la Papauté. Canisius naissait à Nimègue pendant que le moine brûlait, à Wittemberg, les bulles de Léon X. Le Pape Léon X. Rien désormais ne devait arrêter l'hérésiarque. Il jeta du même coup le gant au Pape et à l'empereur Charles Quint. Le Pape, assisté de Jésus-Christ, résiste et triomphe ; mais l'empereur, d'abord fidèle, se trouble bientôt à la vue de la guerre qui le menace et, au prix de concessions malheureuses, achète la soumission momentanée de ses sujets révoltés. Quand Luther meurt, dans une agonie ignoble et digne de celui qui l'inspira depuis qu'il avait quitté l'Eglise, son œuvre est achevée, la prétendue Réformation a jeté dans l'Europe entière ses racines profondes. Elles se développe rapidement. L'Allemagne qui les reçoit avec le plus de faveur doit en être la première victime ; avec la foi catholique la constitution impériale est menacée ; les princes, qui ne sont plus obéis, se révoltent à leur tour contre Charles Quint ; le sang coule à flots de tous côtés. L'Eglise se recueille un instant : puis assistée de l'Esprit Saint, elle se lève tout entière à la voix de son chef, et s'affirme plus vivante et plus forte que jamais. A la ligue formée à Smalkalde par les protestants, elle oppose le concile de Trente... C'est saint Pierre Canisius qui doit nous introduire dans l'assemblée des Pères de l'Eglise. C'est là que se forma le jeune religieux ; aussi ses progrès dans la voie de la perfection furent si rapides que son noviciat à peine achevé à Cologne sous la direction du Père Pierre Lefèvre, il fut jugé digne de la prêtrise et tout aussitôt appelé à succéder à ce même Pierre Lefèvre, dans la charge de supérieur. Nous le retrouvons expliquant aux théologiens de l'Université les épîtres de saint Paul, et les Evangiles aux élèves du collège du Mont, et préparant en même temps une édition des oeuvres du mystique Jean Tauler et une nouvelle édition des oeuvres de saint Cyrille d'Alexandrie et de saint Léon le Grand. Mais tout à coup il est convié à de plus grandes destinées. De ce moment commence sa lutte contre la Révolution ou prétendue Réforme. Charles Quint. Tiziano Vecellio. XVIe. Un grand scandale est venu fondre sur l'Eglise d'Allemagne : l'archevêque de Cologne, Hermann de Weda, s'est laissé séduire et entraîné dans l'hérésie. A la vue de la trahison de son pasteur, la cité s'indigne ; le clergé, l'Université, les magistrats, jaloux de conserver intact le trésor de leur foi, se décident à demander la déposition du coupable. Toutefois, nul n'osait se rendre près de Charles Quint et de Georges d'Autriche, prince-évêque de Liège, pour présenter une aussi grave requête. On jette les yeux sur notre saint : c'est lui qui sera, près de l'empereur et du cardinal, l'interprète chargé de réclamer contre l'indignité du coupable. Délicate mission qui témoigne de l'estime qu'on avait déjà pour le jeune jésuite ! Dieu seconde alors l'envoyé des habitants de Cologne ; le Pape excommunie Hermann et le remplace par un saint prêtre. Pendant son voyage, le saint s'était rencontré à Ulm avec le cardinal Othon Truchess, évêque d'Augsbourg. Le prélat, frappé de son rare mérite, résolut de l'envoyer au concile de Trente comme son théologien. Saint Ignace de Loyola, consulté, répondit au cardinal que son choix ne pouvait mieux tomber. Ce fut en vain qu'au retour de son négociateur, Cologne fit valoir ses droits sur lui ; Canisius avait sa place marquée au sein des Pères du concile. La réunion des Pères de l'Eglise à cette époque semblait impossible. L'empereur Charles-Quint pris entre les Catholiques et les Protestants, ne voulait rien faire qui semblât favoriser les uns ou les autres ; le roi de France ne souhaitait pas une assemblée où le Pape serait le maître : enfin le Pape lui-même pouvait craindre quelque entreprise contre son autorité : et cependant, au milieu de tant de difficultés et d'entraves, l'oeuvre de Dieu s'accomplit, et la foi fut sauvée. Eternel enseignement que de tout temps Dieu se plaît à donner aux audacieux qui voudrait résister à son Christ et à son Eglise. Parmi la foule nombreuse de prélats et de théologiens appelés au concile par la voix du Pontife romain, Canisius, dès le début des sessions, fut placé au premier rang. Au moment où, les préliminaires terminés, le concile allait commencer ses séances dogmatiques, des fièvres se déclarèrent à Trente et le siège de l'assemblée fut transféré à Cologne. Assisté du savant jésuite Jacques Laynez, théologien du Pape, Canisius fut chargé de faire le relevé exact des erreurs avancées au sujet des sacrements par les hérétiques et de recueillir dans les monuments de la tradition les bases des règles définitives. L'attente de saint Ignace et du cardinal Othon Truchess ne fut pas trompée : chaque fois que le jeune jésuite élevait la voix au sein de l'assemblée, les Pères du concile admiraient en lui l'homme de Dieu, venant avec sa noble et touchante éloquence remuer les cœurs et convaincre les esprits. Mais voici qu'après les troubles qui suivirent le meurtre du duc de Plaisance l'assemblée est dissoute : notre saint Pierre Canisius est appelé à Rome par saint Ignace. Nous le retrouverons bientôt à la prochaine session du concile. Saint Ignace et saint Pierre Canisius avaient, il semble, hâte de se mieux connaître... Qui dira les épanchements de ces deux âmes ! Saint Ignace initiait saint Pierre Canisius aux secrets desseins du Seigneur sur son œuvre naissante, et, qui sait ? dans sa sublime bonté, le Très-Haut déchirant les voiles de l'avenir, leur montraient peut-être cette compagnie de Jésus embrassant l'univers entier de flammes de l'amour divin et tout à la fois régénérant l'ancien monde et convertissant le nouveau. Tout, au temps de saint Ignace, était à fonder : il fallait des maîtres capables d'éclipser leurs rivaux hérétiques. On sait que Luther dut une partie de sa puissance à son éloquence ardente, à sa facilité prodigieuse pour traiter les matières philosophiques et religieuses dans sa langue maternelle ; les disciples qui devaient le remplacer dans son enseignement l'imitaient et acquéraient très vite ce prestige qui éblouit les esprits faibles. Saint Ignace forma des maîtres qui surpassèrent bien vite les prétendus réformateurs. Saint Pierre Canisius, après cinq mois passés dans la prière et l'étude près de son supérieur, partit pour Messine ; et lui qui peu de temps auparavant siégeait parmi les Pères du concile, eut à enseigner la rhétorique. Pendant un an, il s'acquitta de cette mission avec ce dévouement, cet amour du devoir qui lui faisait trouver du charme au moindre des emplois. Il devait reparaître bientôt sur une plus vaste scène. Il est subitement rappelé par Rome pour y prononcer ses vœux solennels : c'était, pour ainsi parler, l'achèvement de l'homme de Dieu. Pierre se consacre solennellement et irrévocablement à l'oeuvre de la Providence ; Ignace peut mourir en paix, il compte un vaillant lutteur de plus dans son armée d'élite. C'est à l'Allemagne qu'appartient désormais le religieux profès ; nous allons voir ce vrai réformateur à l'oeuvre. Le duc Guillaume a fait demander de saints maîtres pour relever l'instruction publique en Bavière. Canisius, Le Jay, Salmeron, trois disciples prédestinés du général de la Compagnie de Jésus, reçoivent l'ordre de se rendre à Ingolstadt pour y fonder un collège. Ils int pour tout bagage le crucifix, les Exercices spirituels et le Ration studiorum ou " plan d'études ". Avec ces deux petits livres, les Jésuites ont remué le monde ; dans le premier, ils puisent cette force surhumaine qui les guide au-delà des mers vers les peuples infidèles ; le second leur sert de règle infaillible dans l'oeuvre d'éducation de la jeunesse. Le duc Guillaume n'eut qu'à se louer des Jésuites ; le succès le plus éclatant vint couronner leurs efforts. L'Université nomme Canisius son recteur ; il se défend de cet honneur, mais Ignace ordonne, et le religieux se soumet. De ce jour tout prospère, les livres entachés d'hérésie sont enlevés aux étudiants, les discussions entre maîtres et élèves s'apaisent, la parole du saint ranime au coeur de la jeunesse le respect et l'amour du travail. Aussi, l'Université veut perpétuer la mémoire de son recteur et inscrit son éloge dans ses annales. Quand les six mois de son rectorat furent achevés, l'apôtre d'Ingolstadt put rendre grâces à Celui qui se plaisait à répandre tant de faveurs par ses mains. Le bruit de ses merveilles se répandait rapidement dans l'Allemagne ; de tous côtés, des lettres et des prières étaient adressées aux supérieurs de Canisius ; on le voulait partout. Ferdinand, roi des Romains, appuyé par le souverain Pontife, obtint sa présence à Vienne. L'Autriche, à son arrivée, présentait un spectacle navrant. Le clergé séculier, les Ordres religieux, les écoles, étaient infectés de la lèpre hideuse dont Luther avait partout déposé le germe. Les villes n'avaient plus de pasteurs, les sacrements n'étaient plus administrés, les cérémonies religieuses n'étaient plus célébrées. Saint Pierre Canisius est d'abord effrayé de l'immensité du mal, mais bientôt il se prosterne devant Dieu et obtient de lui que l'Autriche soit régénérée. Notre saint se multiplie ; il prêche à la cour, il prêche au peuple, il catéchise les enfants. Soudain, terrible châtiment de Dieu ! La peste éclate dans la ville ; c'est encore notre saint qu'on retrouve au chevet des mourants, soignant les corps et régénérant les cœurs des malheureux Viennois. Enfin, il obtient du Saint-Père un jubilé, c'est lui qui en est le prédicateur ; et au milieu d'un concours immense, il venge l'honneur méconnu des indulgences. En même temps, la générosité de nobles familles aidant, il ouvre un pensionnat ; les fils des plus nobles habitants y accourent. Bientôt l'angélique Stanislas Kotska, guidé par la Vierge Marie, viendra se former là aux saintes vertus qui doivent charmer le monde. Vienne renaissait à la foi ; le roi des Romains voulut récompenser le zèle de l'apôtre, en lui offrant le siège épiscopal de ce diocèse, qu'il venait de transformer si heureusement. Notre saint accepta pendant quelques temps le devoir d'une charge si lourde mais il en refusa les honneurs. Nous l'avons dit : à l'apostolat de la parole, saint Pierre Canisius sut joindre l'apostolat de la plume. Faisons halte, pour ainsi dire, au milieu de sa vie, pour parler de celui de ses ouvrages qui est rester le plus célèbre et le plus populaire ; son catéchisme.Ferdinand, ce prince que nous voyions tout à l'heure si plein d'admiration pour le saint, avait réclamé de saint Ignace un exposé court et solide de la doctrine chrétienne. C'est à Canisius, comme au plus capable, que fut confié une œuvre aussi importante. Cet abrégé de la doctrine chrétienne, Summa doctrinae christianae, restera, avec le catéchisme du concile de Trente, comme un éternel monument du triomphe de l'Eglise sur l'erreur au temps de Luther. A peine le livre eut-il paru, que Ferdinand, par un rescrit solennel, le répandit dans tout l'empire. Philippe II d'Espagne imita bientôt son oncle, et le fit imprimer dans les Etats de l'ancien et du nouveau monde ? Il fut traduit dans toutes les langues de l'Europe : la Russie, la Pologne, la Suède, le Danemark, l'Angleterre, l'Irlande, la Hollande et la Suisse, connurent à peine, pendant bien longtemps, d'autre exposition élémentaire de la foi catholique. " En 1686, nous dit le révérend Père Alet, quand le catéchisme de Canisius fut publié à Paris par l'autorité de Mgr de Harlay, on était au moins, la préface le constate, à la quatre centièmes éditions". La raison de ce succès et en même temps son plus grand éloge sont tombés des lèvres augustes de Pie IX, dans le bref de la béatification de saint Pierre Canisius : " Ayant remarqué que l'hérésie se propageait partout au moyen de petits livres, Canisius pensa qu'il n'y avait pas de meilleur remède contre le mal qu'un bon abrégé de la Doctrine chrétienne. Il composa donc le sien, mais avec tant d'exactitude, de clarté et de précisions qu'il n'en existe pas de plus propre à instruire et à confirmer les peuples dans la foi catholique". Dominé par les sentiments de cette extrême humilité qui le caractérisait, saint Pierre Canisius avait résolu de ne pas se faire connaître comme l'auteur du catéchisme, mais le secret, peut-être mal gardé, fut bientôt divulgué, et la renommée de notre saint s'en accrut immensément. Ce ne fut plus l'Allemagne seulement qui réclama sa présence ; la Transylvanie, la Hongrie, la Silésie, la Pologne se le disputèrent bientôt. Nommé sur ces entrefaites provinciales d'Allemagne par saint Ignace, le saint s'occupa d'abord d'assurer l'existence complète des collèges de Prague, d'Ingolstadt et de Munich ; puis au moment où il allait se rendre en Bavière, il fut appelé au colloque de Worms. Les Protestants avaient demandé aux seigneurs d'Allemagne, présents à la diète de Ratisbonne, qu'un certain nombre d'hommes choisis dans les deux camps vinssent se réunir en conférence dans la ville de Worms ? Cette proposition plus à Ferdinand : il voulait ménager les susceptibilités des princes luthériens, dont il allait avoir besoin pour faire la guerre aux Musulmans. Saint Pierre Canisius, malgré une certaine répugnance, se rendit au colloque sur le désir de ses supérieurs : il y trouva déjà réunis le vieux Philippe Mélanchton, l'âme damnée de Luther, Erasme Scneff, Henri Buttinger et Flach Francowitz, tous prédicants acharnés du " pur Evangile ". Il y eut d'abord, il faut le dire, et le triomphe n'en fut que plus éclatant, il y eut peu d'enthousiasme du côté des catholiques, les discussions chaque jour renouvelées n'amenaient point de vrais résultats. Saint Pierre Canisius eut alors recours à son grand moyen ; il pria, et une inspiration du ciel le secourut aussitôt. Il était facile de voir que les théologiens de l'hérésie ne s'entendaient pas entre eux, même sur les articles les plus essentiels . Or, le colloque n'avait été accordé qu'aux seuls partisans de la Confession d'AUgsbourg. Il insinua donc que, pour éviter la confusion, il serait utile d'écarter les docteurs qui n'admettraient pas cette règle de foi. On ne saurait dire combien cette proposition inattendue déconcerta les dissidents. Les voilà qui commencent à s'attaquer les uns les autres. Les Sacramentaires condamnent les Anabaptistes, les Anabaptistes les Sacramentaires et ainsi des différentes sectes. Mélanchton, malgré son grand âge, a le chagrin de se voir insulté par ses disciples. Bientôt on en vient aux injures, aux outrages les plus violents, et l'on put craindre un moment qu'il n'y eut une véritable mêlée. Enfin, les plus emportés ont le dessus, et cinq, qui avaient montré plus de modération, sont réduits à quitter la place. Ils s'éloignent, en laissant entre les mains du président une protestation contre l'indigne conduite de leurs collègues. Le colloque ne pouvait plus se prolonger dans des conditions si nouvelles. Le roi des Romains décida que l'assemblée était dissoute et l'on se sépara, à la grande désolation des hérétiques, qui s'en prirent à saint Pierre Canisius de leur échec. En effet, amis et ennemis s'accordaient à reconnaître que c'était à lui que revenait l'honneur d'un résultat si heureux pour la cause catholique. Les Luthériens vaincus essayèrent alors leurs armes les plus honteuses contre celui qu'on appelait déjà le " marteau des hérétiques " : ils inventèrent contre lui des fables ridicules, répandirent partout les plus infâmes calomnies. L'homme de Dieu redoubla de patience et méprisa ces attaques et s'ingénia sans s'émouvoir à multiplier contre ses adversaires les actes de la plus ardente charité. On l'appelait dans l'Alsace supérieure, il en traversa toutes les villes en faisant le bien et en guérissant les tristes blessures que la prétendue Réforme infligeait à l'Eglise. Mais le mal s'aggravait toujours et il venait d'atteindre la Pologne ? Le Pape aussitôt y envoie un nonce apostolique ; deux théologiens l'accompagnent ; l'un est notre saint. A son arrivée, il trouva la religion dans le plus grand des périls. Ce malheureux pays était alors gouverné par l'indolent Sigismond. Ce prince, à la vue des ravages déjà causés par la prétendue Réforme, réunit une diète à Piotrkow. Mais l'élan et l'enthousiasme manquèrent d'abord à cette assemblée ; saint Pierre Canisius essaya à plusieurs reprises de remuer la foi dans les cœurs indifférents, ses efforts furent à la fin, récompensés. Sigismond, stimulé par lui, déclara solennellement qu'il n'entendait point qu'on touchât aux droits de l'Eglise. Cependant les sessions du concile de Trente, un instant suspendues, allaient reprendre leur cours. Pie V, l'empereur Ferdinand et les légats apostoliques jugèrent d'un commun accord que la présence de Canisius était nécessaire ; ils n'avaient pas oublié cette éloquence si douce à la fois et si ferme qui les avaient aussi de quel poids était l'autorité de Canisius, de quelle valeur serait une décision motivée par lui. Arrivé à Trente le 14 mai 1562, il trouva le saint cardinal Osius, son ami, tout près de mourir. Mais la joie que ressentit le prélat à embrasser celui qu'il désirait voir si ardemment lui rendit soudain la santé. A la reprise des travaux de l'assemblée, Canisius fut chargé de présider une commission qui dut revoir l'Index ou Catalogue des livres condamnés. Plusieurs fois le saint apôtre eut à traiter devant les Pères le grand sujet de l'Eucharistie. C'est alors que son coeur débordait vraiment sur ses lèvres. La foi l'inspirait et les théologiens assemblés rendaient grâces à Dieu qui leur parlait par une bouche si éloquente. Quant à l'orateur, il écrivait à ce propos : " Il m'a été commandé de parler au Concile, c'est à d'autres que le succès était recommandé. Le Seigneur m'a aidé en vue des prières de notre Compagnie. A Lui seul toute la gloire." Le Concile se sépara définitivement en 1563. Restait maintenant à faire accueillir ses décisions par les princes de l'Allemagne. Le souverain Pontife, dans son anxiété, ne savait qui charger d'une aussi délicate mission, quand il jeta les yeux sur Canisius ; il le nomma aussitôt nonce apostolique et l'envoya en Allemagne. La tâche fut remplie au-delà de toute espérance, et bientôt l'on vit les seigneurs promulguer les décrets du Concile apportés par le nonce. Cette mission touchait à sa fin quand le Pape Pie V ordonna à Canisius de se rendre à la diète d'Augsbourg qui s'ouvrait le 24 mars 1566. Un nouveau péril menaçait l'Eglise. L'Islamisme était prêt à fondre sur la Chrétienté. Pour détourner ce fléau, il fallait une armée puissante. Les Protestants refusaient de souscrire aux subsides nécessaires pour lever des troupes. A la diète, ce fut encore Canisius qui par sa fermeté triompha de toutes ces résistances, et on le vit provoquer de la part des Catholiques une adhésion solennelle aux décrets du Concile de Trente. Après tant de labeurs, le repos semblait permis ; mais pour le saint le repos était dans la lutte même. Le souverain Pontife apprend un jour que les principautés hérétiques de Magdebourg ont composé et publié les annales ecclésiastiques intitulées : Centuries de Magdebourg. C'était un odieux pamphlet, rempli des calomnies les plus perfides contre l'Eglise catholique. Le saint Pape, ému d'une telle nouvelle, ordonne à Canisius de réfuter cette mordante satire, et le bienheureux donne au monde le livre des Altérations de la parole divine, chef-d’œuvre de controverse en même temps que brillante apologie de la Religion. A peine la réfutation a-t-elle paru que Grégoire XIII envoie Canisius en députation auprès des princes de l'Allemagne, pour les engager à consolider l'établissement du collège germanique en fondant dans leur pays d'autres collèges et des séminaires en faveur de la jeunesse allemande. D'Allemagne, saint Pierre Canisius revient à Rome pour régler les affaires de la fondation du collège germanique, puis il repart pour le colloque de Nuremberg, accompagnant l'évêque de Brescia. Le colloque est différé, et tandis que le saint se croit un instant libre, voici qu'il lui reste à accomplir une dernière et magnifique mission. Une supplique des évêques de Bâle, de Constance et de Lausanne était venue signaler à Grégoire XIII le danger que la foi courait dans la Suisse catholique. L'évêque de Verceil, chargé par le Pape de rendre compte de l'état du pays, écrivit à Rome que le seul moyen de sauver la religion était d'y établir un collège dirigé par les Pères de la Compagnie de Jésus. Ce projet fut approuvé, mais lorsqu'on apprit en Suisse que les Jésuites étaient sur le point d'arriver, Protestants et Catholiques s'unirent dans les plus menaçantes déclamations. Les calomnies répandues à dessein sur la compagnie de Jésus portaient leurs fruits. Un seul homme, pensa-t-on à Rome, est capable de triompher de ces résistances. C'était nommer Canisius. La présence seule du saint apôtre changea l'aspect de ce pays. A peine arrivé à Fribourg, le saint fut l'objet de la vénération de tous : un collège y fit fondé et Canisius se plut à le diriger lui-même. Quoique recteur de la maison qui venait de s'ouvrir, notre saint trouvait encore le temps de prêcher, de visiter les malades et de convertir les dissidents. Les Fribourgeois s'attachaient de plus en plus à leur apôtre. Un jour, les Luthériens de Genève, de Lausanne, de Bâle, envoient à Fribourg de honteux libelles contre la Compagnie de Jésus. Le canton de Fribourg répond à ces calomnies en s'engageant par un serment solennel à maintenir toujours intacte la foi catholique. Le 5 août 1596, les bâtiments du collège venaient d'être terminés : on en fit la solennelle inauguration. A la fin de la cérémonie, le saint vieillard appuyé sur son bâton voulut remercier les Fribourgeois de leurs généreux sacrifices et de leurs fidélités : il les supplia de ne jamais trahir leur sainte foi et leur promit le dévouement impérissable de la Compagnie de Jésus. Ce fut son Nunc dimittis. Ne désirant plus rien que le ciel, le saint vieillard se renferma tout entier en Dieu. Bientôt, pour que rien ne manquât à ses mérites déjà si nombreux, il fut atteint d'une hydrophisie qui lui fit souffrir un véritable martyre. Le 20 décembre 1597, après quatre mois de souffrances aigües, il déclara que sa vie sur la terre était enfin terminée et le lendemain, vers trois heures de l'après-midi, en présence de ses frères, il rendit à Dieu sa belle âme. Il était âgé de 78 ans ; il en avait passé 54 dans la Compagnie de Jésus. A peine la nouvelle se fut-elle répandue, qu'on eut dit qu'une calamité publique avait soudain fondue sur la cité. On se pressait en foule aux portes du collège, on attendait avec anxiété que les restes du saint fussent exposés à la vénération publique. Enfin, une chapelle ardente fut disposée, et les Fribourgeois purent venir en foule s'agenouiller près du corps du bienfaiteur. Les uns restaient là immobiles et comme attendant que ses lèvres vinssent se ranimer pour leur adresser de saintes paroles ; d'autres se prosternaient pour baiser avec respect les mains et les pieds du serviteur de Dieu ; quelques-uns, voulant à tout prix satisfaire leur dévotion, lui coupaient en cachette une mèche de cheveux ; on alla jusqu'à mettre en lambeaux ses vêtements sacrés. Le surlendemain, le clergé, le sénat, la magistrature firent élever le corps et lui rendirent les honneurs funèbres, aux frais du trésor public, dans la cathédrale Saint-Nicolas, où il fut inhumé, avec la réserve que la précieuse dépouille serait rendue aux Jésuites dès qu'ils disposeraient d'une église pour la recevoir. L'oraison funèbre du vénérable défunt fut prononcée par le prévôt du Chapitre. Les Fribourgeois, jaloux de perpétuer à jamais la mémoire de saint Pierre Casinius, firent graver sur sa tombe une inscription qui retraçait en termes magnifiques les services que le saint apôtre avait rendu à la cause de la Religion. Le 20 novembre 1864, Rome était en fête. Pie IX ordonnait qu'aux yeux de la ville et du monde le titre et les honneurs de Bienheureux fussent décernés au vénérable Pierre Canisius. Canonisé, il a été proclamé Docteur de l'Eglise en 1925. On représente saint Pierre Canisius ayant près de lui un chien qui aboie contre l'hérésie . En effet, son nom hollandais, De Hond, signifie chien. C'est aussi la raison pour laquelle les Luthériens, furieux de leurs défaites systématiques contre lui et mécontents de ses oeuvres, l'appellent encore aujourd'hui le chien de Nimègue. Rq : On téléchargera le trésor qu'est le Catéchisme de saint Pierre Canisius sur ce lien : http://liberius.net/auteur.php?id_auth=10 | |
| | | Claude Coowar
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| Sujet: Re: Les Docteurs de l'Eglise catholique . 14/11/2016, 04:21 | |
| https://w2.vatican.va/content/benedict-xvi/fr/audiences/2011/documents/hf_ben-xvi_aud_20110209.html SAINT PIERRE CANISIUS. Selon l'autorité théologique de SA SAINTETE, LE PAPE BENOÎT XVI. AUDIENCE GÉNÉRALE Salle Paul VI Mercredi 9 février 2011 [Vidéo] Saint Pierre Canisius Chers frères et sœurs, Je voudrais vous parler aujourd’hui de saint Pierre Kanis, Canisius, forme latinisée de son nom de famille, une figure très importante du XVIe siècle catholique. Il était né le 8 mai 1521 à Nimègue, en Hollande. Son père était bourgmestre de la ville. Alors qu’il était étudiant à l’université de Cologne, il fréquenta les moines chartreux de Sainte Barbara, un centre dynamique de vie catholique, ainsi que d’autres hommes pieux qui cultivaient la spiritualité dite devotio moderna. Il entra dans la Compagnie de Jésus le 8 mai 1543 à Mayence (Rhénanie-Palatinat ), après avoir suivi un cours d’exercices spirituels sous la direction du bienheureux Pierre Favre, Petrus Faber, l’un des premiers compagnons de saint Ignace de Loyola. Ordonné prêtre en juin 1546 à Cologne, dès l’année suivante, comme théologien de l’évêque d’ Augsburg, le cardinal Otto Truchsess von Waldburg, il participa au Concile de Trente, où il collabora avec deux confrères, Diego Laínez et Alfonso Salmerón. En 1548, saint Ignace lui fit terminer sa formation spirituelle à Rome et l’envoya ensuite au Collège de Messine pour accomplir d’humbles travaux domestiques. Ayant obtenu à Bologne un doctorat en théologie le 4 octobre 1549, il fut destiné par saint Ignace à l’apostolat en Allemagne. Le 2 septembre de cette même année, 1549, il rendit visite au Pape Paul III à Castel Gandolfo, puis se rendit dans la basilique Saint-Pierre pour prier. Là, il implora l’aide des grands saints apôtres Pierre et Paul, afin qu’ils accordent une efficacité permanente à la Bénédiction apostolique pour son grand destin, pour sa nouvelle mission. Dans son journal, il note certaines phrases de cette prière. Il dit : « J’ai alors ressenti qu’un grand réconfort et que la présence de la grâce m’étaient accordés au moyen de ces intercesseurs [Pierre et Paul]. Ils confirmaient ma mission en Allemagne et semblaient me transmettre, comme apôtre de l’Allemagne, le soutien de leur bienveillance. Tu sais, Seigneur, de combien de façons et combien de fois en ce même jour tu m’as confié l’Allemagne pour laquelle, par la suite, je continuerais à être sollicité, pour laquelle je désirerais vivre et mourir ». Nous devons tenir compte du fait que nous nous trouvons à l’époque de la Réforme luthérienne, au moment où la foi catholique dans les pays de langue germanique, face à l’attraction de la Réforme, semblait s’éteindre. Le devoir de Pierre Canisius, chargé de revitaliser, de renouveler la foi catholique dans les pays germaniques, était presque impossible. Il n’était possible que par la force de la prière. Il n’était possible qu’à partir du centre, c’est-à-dire d’une profonde amitié personnelle avec Jésus Christ ; une amitié avec le Christ dans son Corps, l’Eglise, qui doit être nourrie dans l’Eucharistie, Sa présence réelle. En suivant la mission reçue par Ignace et par le Pape Paul III, Pierre Canisius partit pour l’Allemagne et se rendit avant tout dans le duché de Bavière, qui pendant de nombreuses années, fut le lieu de son ministère. En tant que doyen, recteur et vice-chancelier de l’université d’Ingolstadt, il s’occupa de la vie académique de l’Institut et de la réforme religieuse et morale du peuple. A Vienne, où, pendant une brève période, il fut administrateur du diocèse, il accomplit son ministère pastoral dans les hôpitaux et dans les prisons, tant en ville que dans les campagnes, et prépara la publication de son Catéchisme. En 1556, il fonda le Collège de Prague et, jusqu’en 1569, il fut le premier supérieur de la province jésuite de l’Allemagne supérieure. Dans le cadre de cette charge, il établit dans les pays germaniques un réseau étroit de communautés de son Ordre, en particulier de collèges, qui devinrent des points de départ pour la réforme catholique, pour le renouveau de la foi catholique. A cette époque, il participa également au colloque de Worms avec les dirigeants protestants, parmi lesquels Philip Mélanchthon (1557) ; il exerça la fonction de nonce pontifical en Pologne (1558); il participa aux deux Diètes d’Augsbourg (1559 et 1565); il accompagna le cardinal Stanislas Hozjusz, légat du Pape Pie IV auprès de l’empereur Ferdinand (1560); il intervint à la session finale du Concile de Trente, où il parla de la question de la Communion sous les deux espèces et de l’index des livres interdits (1562). En 1580, il se retira à Fribourg en Suisse, en se consacrant totalement à la prédication et à la composition de ses œuvres, et c'est là qu'il mourut le 21 décembre 1597. Béatifié par le bienheureux Pie IX en 1864, il fut proclamé en 1897 le deuxième Apôtre de l'Allemagne par le Pape Léon XIII, et canonisé et proclamé Docteur de l'Eglise par le Pape Pie XI en 1925. Saint Pierre Canisius passa une bonne partie de sa vie au contact des personnes les plus importantes socialement de son époque et exerça une influence particulière par ses écrits. Il fut l'éditeur des œuvres complètes de saint Cyril d'Alexandrie et de saint Léon le Grand, des Lettres de saint Jérôme et des Oraisons de saint Nicolas de Flue. Il publia des livres de dévotion en plusieurs langues, les biographies de plusieurs saints suisses et de nombreux textes d’homilétique. Mais ses écrits les plus répandus furent les trois Catéchismes composés entre 1555 et 1558. - Le premier Catéchisme était destiné aux étudiants en mesure de comprendre des notions élémentaires de théologie ; - le deuxième aux jeunes du peuple pour une première instruction religieuse ; - le troisième aux jeunes ayant une formation scolaire de niveau secondaire et supérieur. La doctrine catholique était exposée sous forme de questions et réponses, brièvement, dans des termes bibliques, avec une grande clarté et sans accents polémiques. Rien que de son vivant, on dénombrait déjà 200 éditions de ce Catéchisme ! Et des centaines d'éditions se sont succédé jusqu'au XXe siècle. Ainsi en Allemagne, les personnes de la génération de mon père appelaient encore le Catéchisme simplement le Canisius : il est réellement le catéchiste à travers les siècles, il a formé la foi de personnes pendant des siècles. C'est bien une caractéristique de saint Pierre Canisius : savoir composer harmonieusement la fidélité aux principes dogmatiques avec le respect dû à chaque personne. Saint Canisius a fait la distinction entre l'apostasie consciente, coupable, de la foi, et la perte de la foi non coupable, du fait des circonstances. Et il a déclaré, à l'égard de Rome, que la plupart des Allemands passés au protestantisme étaient sans faute. A un moment historique de fortes oppositions confessionnelles, il évitait — c'est quelque chose d'extraordinaire — l'âpreté et la rhétorique de la colère — quelque chose de rare comme je l'ai dit en ces temps de débats entre chrétiens, — et il visait uniquement à la présentation des racines spirituelles et à la revitalisation de la foi dans l'Eglise. C'est à cela que servit la connaissance vaste et profonde qu'il avait des Ecritures Saintes et des Pères de l’Eglise : cette même connaissance sur laquelle s'appuya sa relation personnelle avec Dieu et l'austère spiritualité qui lui venait de la devotio moderna et de la mystique rhénane. La spiritualité de saint Canisius se caractérise par une profonde amitié personnelle avec Jésus. Il écrit, par exemple, le 4 septembre 1549 dans son journal, parlant avec le Seigneur : « Toi, à la fin, comme si tu m'ouvrais le cœur du Très Saint Corps, qu'il me semblait voir devant moi, tu m'as commandé de boire à cette source, en m'invitant pour ainsi dire à puiser les eaux de mon salut à tes sources, ô mon Sauveur ». Puis il voit que le Sauveur lui donne un vêtement en trois parties qui s'appellent -paix, -amour - et persévérance. Et avec ce vêtement composé de paix, d’amour et de persévérance, Canisius a mené son œuvre de renouveau du catholicisme. Son amitié avec Jésus — qui est au centre de sa personnalité — nourrie par l'amour de la Bible, par l'amour du Sacrement, par l'amour des Pères, cette amitié était clairement unie avec la conscience d'être dans l'Eglise un continuateur de la mission des Apôtres . Et cela nous rappelle que chaque évangélisateur authentique est toujours un instrument uni — et cela même le rend fécond — avec Jésus et avec son Eglise. Saint Pierre Canisius s’était formé à l’amitié avec Jésus dans le milieu spirituel de la Chartreuse de Cologne, dans laquelle il était en contact étroit avec deux mystiques chartreux : Johann Lansperger, latinisé en Lanspergius, et Nicolas van Hesche, latinisé en Eschius. Il approfondit par la suite l’expérience de cette amitié, familiaritas stupenda nimis, avec la contemplation des mystères de la vie de Jésus, qui occupent une grande partie des Exercices spirituels de saint Ignace. Son intense dévotion au Cœur du Seigneur, qui atteint son sommet dans la consécration au ministère apostolique dans la Basilique vaticane, trouve ici son fondement. Dans la spiritualité christocentrique de saint Pierre Canisius s’enracine une conviction profonde : il n’y a pas d’âme soucieuse de sa propre perfection qui ne pratique chaque jour la prière, l’oraison mentale, moyen ordinaire qui permet au disciple de Jésus de vivre dans l’intimité du Maître divin. C’est pourquoi, dans les écrits destinés à l’éducation spirituelle du peuple, notre saint insiste sur l’importance de la liturgie avec ses commentaires des Evangiles, des fêtes, du rite de la Messe et des autres sacrements, mais, dans le même temps, il a soin de montrer aux fidèles la nécessité et la beauté de la prière personnelle qui accompagne et imprègne la participation au culte public de l’Eglise. Il s’agit d’une exhortation et d’une méthode qui conservent leur valeur intacte, en particulier après qu’elles aient été reproposées de manière faisant autorité par le Concile Vatican II dans la constitution Sacrosanctum Concilium : la vie chrétienne ne croît pas si elle n’est pas nourrie par la participation à la liturgie, de manière particulière à la Messe dominicale, et par la prière personnelle quotidienne, par le contact personnel avec Dieu. Parmi les mille activités et les multiples stimulations qui nous entourent, il est nécessaire de trouver chaque jour des moments de recueillement devant le Seigneur pour l’écouter et parler avec Lui. Dans le même temps, l’exemple que saint Pierre Canisius nous a laissé, non seulement dans ses œuvres, mais surtout à travers sa vie, est toujours actuel et d’une valeur permanente. Il enseigne avec clarté que le ministère apostolique n’est incisif et ne produit des fruits de salut dans les cœurs que si le prédicateur est un témoin personnel de Jésus et sait être un instrument à sa disposition, étroitement uni à Lui par la foi dans son Evangile et dans son Eglise, par une vie moralement cohérente et par une prière incessante comme l’amour. Et cela vaut pour chaque chrétien qui veut vivre avec engagement et fidélité son adhésion au Christ. Merci. * * *
Je salue les francophones présents à cette audience, spécialement les étudiants des différents collèges et lycées de Paris et d’Aix-en-Provence. Je vous invite à venir à Madrid pour les Journées mondiales de la jeunesse en août prochain. A bientôt donc ! N’oubliez pas de garder un contact quotidien avec Dieu. Avec ma Bénédiction apostolique. © Copyright 2011 - Libreria Editrice Vaticana | |
| | | Claude Coowar
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| Sujet: Re: Les Docteurs de l'Eglise catholique . 14/11/2016, 08:01 | |
| http://www.carmel.asso.fr/Vie-de-Jean-de-la-Croix.html 26.01 - BIOGRAPHIE DE SAINT JEAN DE LA CROIX. Jean de la Croix est un homme d’origine pauvre, mais noble, chercheur d’absolu, capable de se laisser guider et d’entraîner les autres, ayant acquis une grande culture dans l’Eglise et la société du temps. Il est de tradition, lorsque l’on parle de saint Jean de la Croix, de rappeler l’épreuve de son emprisonnement au cachot de Tolède. Enlevé le 2 décembre 1577 par des frères de l’ordre des Carmes, du monastère de l’Incarnation à Avila où il résidait comme confesseur ordinaire des religieuses, il est mis au secret dans le couvent des Carmes à Tolède. C’est là, en effet, dans le drame d’une nuit dont il ne voit pas la fin, qu’il compose ses premiers grands poèmes : en particulier, au temps de Noël, les neuf romances sur l’Incarnation et, au temps de Pâques, le Chant de l’âme et de l’Epoux. Il s’évade du couvent le 17 août 1578, au lendemain de la fête de l’Assomption. Ces neufs mois d’enfermement à Tolède, terre natale de sa mère, sont pour lui temps de naissance à soi-même, temps qui lui aura permis de devenir pleinement créatif. Fils de Gonzalo de Yepes et de Catalina Alvarez, Jean naît en 1542 à Fontiveros en Vieille Castille ; certains historiens avancent l’année 1540. Deux frères le précédent, Francisco et Luis. Gonzalo est aristocrate, Catalina issue d’humble milieu ; tous deux laissent une interrogation quant à leur véritable origine : conversos, convertis du judaïsme et maranes, d’origine musulmane. La famille vit du tissage, commerce et artisanat très communs en cette région d’élevage du mouton. Le père Gonzalo meurt en 1545, ainsi que le frère puîné Luis. Le reste de la famille connaît alors l’exclusion, l’errance et la misère. En 1551, la famille, réduite à trois, s’installe à Medina del Campo où elle trouve du travail. Jean commence à exprimer ses multiples dons naturels : dons artistiques, il aime le beau ; dons intellectuels, il est ouvert aux choses de l’esprit ; dons religieux, il manifeste beaucoup de piété et surtout il a le sens du service d’autrui, des siens et des plus pauvres ou des malades et des souffrants. Il fréquente les écoles de la ville, celle des frères de la Doctrine, puis le collège des jésuites, et il travaille à l’hôpital à de multiples tâches. En 1563, à vingt ans, sous le patronyme de Jean de Saint-Matthias, il prend l’habit chez les Carmes. L’Ordre marial, venu en Europe avec le retour des croisades au XIIIe siècle, vient de s’installer dans la ville. Son grand frère Francisco, qui demeurera pour toujours son confident, y fonde foyer. Après l’année de noviciat et la profession religieuse, il part pour Salamanque au collège Saint-André des Carmes accomplir le cycle des études scolastiques. En 1567, il revient quelques jours à Medina pour célébrer sa première messe en présence de ses frères, de sa famille et des amis du couvent. Il rencontre Thérèse d’Avila (1515-1582) qui vient de fonder dans la ville un Carmel de sa Réforme et souhaite entraîner quelques frères dans sa Réforme de l’Ordre… Jean pensait alors à la Chartreuse comme lieu plus intense de contemplation, Thérèse l’en dissuade… Un an plus tard, en 1568, il inaugure avec deux autres compagnons, dans une masure de village perdu, Duruelo, une vie de retour aux pratiques primitives de l’Ordre. Thérèse veille à la réussite de l’entreprise, engagée non sans difficulté . Très vite, Jean devient formateur de nouveaux membres. Plusieurs nouvelles fondations s’en suivent : Mancera, Pastrana. Thérèse a été envoyée par les autorités de l’Église à l’Incarnation d’Avila, le grand couvent où elle était entrée à vingt ans, pour y introduire sa Réforme. En 1572, elle y fait venir Jean à demeure, avec un autre frère déchaux, surtout pour accompagner spirituellement les moniales. C’est du 2 décembre 1577 au 17 août 78 qu’il est alors mis au secret dans le couvent de Tolède par les religieux de l’ordre qui combattent la Réforme. Après son évasion, pour tenter d’apaiser la situation, les frères de la Réforme l’envoient à Jaén dans le sud de l’Espagne. Il accompagne aussi Thérèse dans ses dernières fondations. Il ouvre encore près de l’université de Baeza un collège carmélitain pour les jeunes étudiants de la Réforme.
Catalina, sa mère, meurt en 1580. Après la mort de Thérèse en 1582, il devient prieur du couvent de Grenade … Grenade, cité où perdurent dans les architectures un ineffable des cultures juives et musulmanes, comme dans bien d’autres citées en cette Espagne du sud. Une fraternité de Déchaux y est déjà implantée à Los Martyres, face à la Sierra Nevada. Là, Jean révèle tous ses dons de maître spirituel et écrivain ; il compose d’autres poèmes et il rédige tous ses grands Écrits ; il montre aussi ses dons de supérieur de communautés de la Réforme. Toujours accompagné d’un frère laïc, à dos d’âne ordinairement, il voyage beaucoup pour encourager les nouveaux couvents de frères et de moniales. En 1589, il est élu prieur du couvent de Ségovie. Alors qu’il a été présent au départ de la Réforme et qu’il en a assumé différentes responsabilités, sauf celle de supérieur provincial, il finit par être marginalisé de nouveau en 1591, chez les Réformés eux-mêmes. Un Chapitre général veut l’envoyer fonder au Mexique ; il se retire dans l’ermitage proche de La Peñuela, le 10 août, porteur d’une fièvre qui ne le quittera plus. Le 28 septembre, il se rend au couvent le plus proche à Ubeda, pour s’y faire soigner. Entouré des frères de la petite communauté, il meurt dans la nuit du 13 au 14 décembre 1591, après avoir demandé au Prieur de lire en guise de prière des agonisants le Cantique des cantiques qui avait chanté en lui toute sa vie.
Toute sa vie, riche de dons naturels et oblatifs, est marquée par une intense expérience spirituelle et apostolique. Il est maintenant reconnu comme le Prince des poètes. Sa poésie composée en langue castillane, dans les formes du temps, est faite de 999 vers. Ses grandes œuvres sont - Les Cantiques spirituels, - La Montée du Carmel - La Nuit obscure, - et La vive Flamme d’amour, traités et commentaires partiels de ses poèmes. D’autres textes plus brefs permettent une connaissance approfondie de sa personne et de son message. | |
| | | Claude Coowar
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| Sujet: Re: Les Docteurs de l'Eglise catholique . 14/11/2016, 08:08 | |
| http://www.carmel.asso.fr/Vie-de-Jean-de-la-Croix.html 26.02 - LA DEMARCHE MYSTIQUE ET L'ENSEIGNEMENT DE SAINT JEAN DE LA CROIX.
DEMARCHE DE L'AME VERS DIEU.
Jean de la Croix est Maître spirituel.
Son désir d’enseigner tient de son sens de l’humain et de son ardeur évangélique. Il s’élève avec violence contre les mauvais guides de son temps, ceux qui paralysent la marche des chrétiens vers Dieu. Première partie. Jean de la Croix est mort à 59 ans ; sa vie s’est achevée dans la maturité ; son message demeure vivant. Si sa vie fût tourmentée, son œuvre écrite révèle une grande sérénité et une forte cohérence. Sa pensée a pu évoluer, se développer comme il en est de tout auteur engagé, elle s’est surtout approfondie au gré de l’expérience. Son savoir en est pétri, mais l’Écriture sainte — méditée - est sa première référence . Comme elle, pour dire et enseigner, il utilise largement l’image. Son langage, redevable à celui de l’époque qui se réfère souvent à des catégories acquises, se révèle créatif. Perçu aussi dans une relativité — Jean n’a pas jugé de tout, son Enseignement garde toute sa pertinence et il reste une référence incontestée… L’œuvre poétique de Jean aide à entrer dans la plénitude de son enseignement. Jean fait entrevoir le but « l’union de l’âme avec Dieu par amour », bien mis en exergue, et il indique les balises du chemin pour l’atteindre . Comme il parle largement, universellement, nous pouvons nous reconnaître dans les descriptions des expériences spirituelles les plus profondes, en particulier celles qui s’expriment par la symbolique de la nuit ; en le méditant, nous pouvons nous trouver des parentés avec les comportements les plus communs des « spirituels » ; puis nous adhérons aux grands principes de la vie qu’il avance. Pour ne pas faire de contresens dans une lecture partielle de ses enseignements, il importe de comprendre qu’il emprunte une anthropologie scolastique, sans s’y enfermer, pour en décrire le chemin de l’expérience spirituelle. Il l’utilise comme repère de ses grands traités ; au passage, il explique souvent le sens des termes. Cette anthropologie est facile à mémoriser : quelques textes brefs ici repris montre la signification des mots. Source du couvent d'Avon. Par cinq cercles concentriques ou telle une spirale, l’âme, sensible et spirituelle, traduit l’unité de la personne en chemin vers Dieu : 1) Les cinq sens corporels, externes et internes, le goût, l’ouïe, la vue, l’odorat et le toucher [D’après les philosophes, l’âme, au moment où elle est infuse dans le corps, est comme une table rase et parfaitement lisse, où rien n’est représenté. Elle ne reçoit naturellement que ce qui lui vient par les sens… Les sens sont comme les fenêtres de sa prison… La lumière ne peut pénétrer en elle par d’autres ouvertures. MC 3, 3] ; 2) la psychologie, ou l’affectivité, ou l’émotivité des quatre affections ou passions, * deux en relation avec l’avenir, la joie et l’espérance, * deux dans le présent, la douleur et la crainte [Les quatre passions règnent d’autant plus en l’âme et lui font une guerre d’autant plus violente que la volonté est moins fortement établie en Dieu et qu’elle est dépendante des créatures ; car alors elle se réjouit très facilement de ce qui ne mérite pas sa joie, elle espère ce qui ne lui apporte aucun avantage, elle s’afflige de ce dont peut-être elle devrait se réjouir, elle craint là où il n’y a rien à craindre. MC 3, 16, 4… C’est pour cela que Boèce nous déclare que si nous voulons connaître la vérité dans la lumière, nous devons rejeter loin de nous la joie, l’espérance, la crainte et la douleur. Ces passions qui règnent dans une âme lui enlèvent la tranquillité et la paix que requiert l’acquisition de la sagesse, soit naturelle, soit surnaturelle. MC 3, 16, 6] ; l’exercice des trois puissances spirituelles de l’âme, 3) l’entendement [La foi nous dit ce que notre entendement ne peut connaître par sa capacité naturelle. En lui donnant la certitude, elle ne lui donne pas la clarté, elle le laisse dans les ténèbres. MC 2, 6, 2], 4) la mémoire [L’espérance met la mémoire dans les ténèbres, tant par rapport aux biens d’en haut que par rapport à ceux d’ici-bas. L’espérance, en effet, se porte toujours sur ce que l’on ne possède point, et si on le possédait, ce ne serait plus l’espérance. Cette vertu fait donc le vide dans la mémoire, puisque l’on espère ce que l’on n’a point et non ce que l’on a. MC 2, 6, 3] 5) et la volonté [La charité fait le vide dans la volonté par rapport à tout, puisqu’elle nous oblige à aimer Dieu par-dessus toute choses. MC 2, 6, 4] ; l’instinct des deux facultés naturelles, l’irascible [L’Époux met un frein aux transports et aux emportements de la colère. B 20, 7] et le concupiscible [Il fortifie la convoitise contre les frayeurs et la pusillanimité ; il calme et apaise les désirs et les appétits inquiets qui cherchent à satisfaire la convoitise. Il ne conjure pas la colère et de la concupiscence elles-mêmes, dont l’âme ne saurait être privés, mais seulement de leurs actes importuns et désordonnés. B 20, 7] ; l’intériorité de la substance de l’âme [L’âme est par elle-même la splendide et parfaite image de Dieu. MC 1, 9, 1 Dieu réside dans la substance de l’âme. MC 2, 5, 3 C’est en la substance d’âme, là où le sens n’atteint point, là où le démon ne saurait pénétrer, qu’à lieu cette fête de l’Esprit Saint, d’autant plus sûre, plus substantielle, plus délicieuse, quelle est plus intérieure. VFB 1, 9 L’union avec Dieu a lieu au plus profond de la substance de l’âme. VFB 4, 13-15] Dans le Cantique spirituel B, alors qu’il s’attarde aux manifestations du mariage spirituel, le commentaire de la strophe 28 (19 en A) reprend tout à la fois cette anthropologie et l’accomplissement de la personne dans « l’union de l’âme avec Dieu par amour » : « Mon âme s’emploie tout entière, /Avec mon fonds, à son service / Je ne garde plus de troupeau / Je n’ai plus aucun autre office / Car l’amour désormais est mon seul exercice. » Ce texte est un peu long, mais c’est un bon résumé : « L’âme s’est donnée à l’Époux tout entière et sans rien se réserver. Elle dit maintenant comment et de quelle manière elle en vient à tenir son engagement : désormais son corps, son âme, ses puissances, toutes ses facultés ne s’occupent plus que de ce qui regarde le service de son Époux ; elle n’a plus en vue son propre avantage ; elle n’a plus de goûts personnels ; elle n’entretient plus ni affaires ni relations étrangères à Dieu. Dans ses rapports avec Dieu, l’amour est son seul exercice. Sa manière et son style, nous allons le voir, sont maintenant tout nouveaux : ils se réduisent à aimer… Elle indique la remise de tout elle-même à son Bien-Aimé dans cette union d’amour. Dès lors l’âme, avec toutes ses puissances, entendement, volonté, mémoire, est dédiée, consacrée à son service : l’entendement à connaître ce qui lui agrée davantage, afin de l’accomplir, la volonté à chérir ce qui plaît à Dieu et à se servir de tout pour s’attacher à lui, la mémoire à se préoccuper de ce qui est de son service et de son bon plaisir… Par son fonds elle entend ici tout ce qui tient à sa partie sensitive, c’est-à-dire le corps, avec ses sens et ses facultés tant intérieures qu’extérieures, les quatre passions de l’âme, les appétits naturels et le reste. Elle déclare que tout ce fonds de l’âme est, lui aussi, employé au service de son Bien-Aimé, de même que précédent. Son corps est maintenant appliqué à Dieu, puisque les opérations de ses sens intérieurs et extérieurs sont dirigées vers lui. Les quatre passions de l’âme n’ont plus que Dieu pour unique objet : l’âme ne se réjouit qu’en Dieu, elle n’espère qu’en Dieu, elle ne craint que Dieu, elle ne s’afflige que selon Dieu. Tous ses appétits et tous ses soins vont uniquement à Dieu.
C’est ainsi que le fonds de l’âme tout entier s’emploie pour Dieu, se réfère à Dieu, et cela sons même que l’âme y prenne garde. C’est par ses premiers mouvements mêmes qu’il se porte à agir en Dieu et pour Dieu. L’entendement, la volonté, la mémoire s’élancent vers Dieu ; les sentiments, les sens, les désirs les appétits, l’espérance, la joie, tout ce qui compose le fonds de l’âme, va instinctivement à Dieu, et cela, je le répète, sans que l’âme ait conscience qu’elle agit pour Dieu. C’est très fréquemment, redisons-le, que l’âme travaille pour Dieu et s’occupe de ses intérêts sans se rendre compte que c’est pour lui qu’elle le fait. L’habitude qu’elle en a prise supprime en elle l’attention, l’effort et jusqu’aux actes fervents, qui autrefois précédaient ses œuvres…
L’âme remplit d’ordinaire bien des offices inutiles, qui lui servent à satisfaire ses appétits ou ceux d’autrui… des conversations, des pensées, des actions inutiles… Il y a aussi des appétits tendant à flatter les inclinations d’autrui, comme les ostentations, les compliments, les adulations, les désirs de plaire, les respects humains et bien d’autres inutilités par lesquelles on cherche à s’insinuer dans l’esprit des autres. L’on y emploie les soins, l’application, les œuvres, en un mot, toutes les ressources de l’âme.
… Je ne cherche plus à satisfaire mes appétits ni ceux d’autrui ; j’ai renoncé aux passe-temps inutiles, je ne me mêle plus des affaires du monde.
… Toutes les facultés de mon âme et de mon corps, ma mémoire, mon entendement, ma volonté, mes intérieurs et extérieurs n’agissent plus que par l’amour et dans l’amour…
… Autrefois, dans son oraison et sa relation avec Dieu, elle s’occupait de certaines considérations et suivaient certaines méthodes. Maintenant tout se réduit à aimer…
Dans le commentaire des strophes 20 et 21 en B (29 et 30 en A), l’auteur, reprenant son anthropologie, donne ce sens » / L’ Epoux, Fils de Dieu, met l’âme épouse en possession de la paix et de la tranquillité parfaite, en harmonisant sa partie inférieure et sa partie supérieure. Il purifie cette âme de toutes ses imperfections, il met l’ordre dans ses puissances et dans ses facultés naturelles, il apaise tous ses appétits.Voici donc le sens de ces strophes. L’Époux commence par conjurer les inutiles divagations de la fantaisie imaginative et leur commande de s’arrêter. - Il rétablit l’ordre dans les deux facultés naturelles, l’irascible et le concupiscible, qui auparavant affligeaient plus ou moins cette âme. - Il dirige vers leurs objets propres, autant, autant qu’il est possible en cette vie, les trois puissances de l’âme : la mémoire, l’entendement et la volonté. - Il conjure en outre les autres passions de l’âme : la joie, l’espérance, la douleur et la crainte, il leur commande de se régler et de se modérer désormais. « En effet, le but de ses enseignements, sans cesse rappelé, est » l’union de l’âme avec Dieu par amour ". L’expression peut au départ laisser indifférent. Il importe aujourd’hui de l’entourer d’explications qui tentent de faire le lien avec notre mentalité contemporaine. Ce but, s’il est entrevu, ne peut se comprendre sans le chemin qui peut y mener. Le commençant, dans la suite du Christ, recherche l’harmonie de ses passions. http://www.carmel.asso.fr/L-union-avec-Dieu-par-amour.html 26.02 - LA DEMARCHE MYSTIQUE ET L'ENSEIGNEMENT DE SAINT JEAN DE LA CROIX. DEMARCHE DE L'AME VERS DIEU.
Deuxième partie. L’union avec Dieu par amour. La formulation de « union de l’âme avec Dieu par amour » , telle qu’elle, peut ne pas convaincre nos contemporains, même les mieux intentionnés. Le thème de la « nuit » largement employé par Jean de la Croix est un symbole facilement admis comme tel. Il n’en va pas de même des « épousailles » plus facilement considéré comme une allégorie. Coucher de soleil. Au premier abord, la formulation peut paraître intimiste, indifférente à une dimension sociale par ailleurs essentielle dans le christianisme, même sous une forme spécifique.Elle a pourtant chez Jean de la Croix son fondement dans les Écritures en lesquelles la symbolique nuptiale est majeure. Par exemple : - En saint Paul 1 Corinthiens 6, 16-17 : « Il est dit : Les deux ne seront qu’une seule chair. Celui qui s’unit au Seigneur, au contraire, n’est avec lui qu’un seul esprit » . [Le Cantique spirituel B 22, 3] et 2 Corinthiens 11, 2 : « Je vous ai fiancé à un unique époux, comme une vierge pure à présenter au Christ » , nous retenu comme citation par Jean de la Croix. - Dans l’Évangile selon saint Jean, 17, 20-23 : « Que tous soient un, comme toi Père, tu es en moi et moi en toi ». [Le Cantique spirituel B 39, 5].Chaque terme de l’expression demande explication, à cause surtout d’un décalage culturel. ° Union : cf. faire un ; communion. ° principe d’unité de la personne ; âme sensible, âme spirituelle. ° Dieu : principe de la déité, de divinité, du divin ; dans le mouvement trinitaire chrétien : Père créateur, Fils Bien-Aimé, Esprit d’amour ° Amour : fond de l’être partagé par Dieu ; tous les sens et formes modernes du mot et leurs composantes, mais « purifié ». Jean de la Croix, parlant du but, indique ses composantes et les moyens pour y arriver ; donnons quelques exemples : - « La première nuit regarde les débutants et le temps où Dieu veut les mettre en état de contemplation, et bien qu’elle concerne la partie sensitive, l’esprit y participe aussi. - La seconde nuit, ou seconde purification, regarde ceux qui ont déjà fait des progrès ; par elle Dieu veut les faire entrer dans l’état d’union avec lui » [La Montée du Carmel 1, 1, 3]. « L’âme ne peut atteindre le sublime état de l’union avec Dieu sans vider auparavant son appétit de tous les objets naturels et surnaturels qui peuvent lui devenir une entrave » [La Montée du Carmel 1, 5, 2]. « L’union qui est une transformation de l’âme en Dieu n’existe pas toujours, mais seulement lorsqu’il y a ressemblance d’amour » [La Montée du Carmel 2, 5, 3]. « Dans ce chemin, abandonner tout chemin, c’est entrer dans le vrai chemin » [La Montée du Carmel 2, 4, 5]. « Il s’établit entre l’âme et Dieu une union si parfaite que l’âme et les attributs de Dieu ne font qu’un. L’âme alors semble plutôt Dieu qu’elle-même… elle est Dieu par participation » [La Montée du Carmel 2, 5, 7]. « Le moyen propre et proportionné de l’union avec Dieu c’est la foi » [la Montée du Carmel 2, 8, 1 / 9, 4]. http://www.carmel.asso.fr/Qu-est-ce-que-la-passivite.html 26.02 - LA DEMARCHE MYSTIQUE ET L'ENSEIGNEMENT DE SAINT JEAN DE LA CROIX. DEMARCHE DE L'AME VERS DIEU. Qu’est-ce-que la passivité ? Troisième partie. Jean de la Croix décrit les attitudes actives et passives de l’aventure spirituelle. La notion de « passivité » est difficile à bien comprendre : la société qui fait des « assistés », dit-on, repose sur la compétition la lutte, voire l’ambition … Parler de passivité dans la vie spirituelle demande à être bien expliqué.Méditation et effort font place à la passivité dans la contemplation obscure où Dieu achève l’œuvre entreprise. Le but ultime est bien l’union de l’âme avec Dieu, par amour, autant qu’il soit possible en cette vie. Pour celui qui se met en route, l’objectif pratique, à atteindre et recevoir, est bien la contemplation obscure. Jean décrit avec finesse le passage de la méditation à la contemplation, en des terminologies complémentaires, de la voie de la vertu à celle de l’esprit, du sens à l’esprit, de l’activité à la passivité. Il y a une certaine correspondance entre la nuit passive, la nuit obscure, la contemplation … « L’âme pénètre de deux manières dans la nuit du sens : l’une active, l’autre passive.- Elle y entre activement par des efforts personnels (méditation à la suite du Christ et efforts vertueux). - Elle y entre passivement lorsqu’elle n’agit point et laisse Dieu agir en elle, se contentant de se comporter comme un sujet patient » [MC 1, 1, 3]. Qu’est-ce donc que la passivité ? L’action de Dieu prédomine dans l’âme. C’est-à-dire que le croyant le laisse œuvrer en lui. Le méditant ou commençant doit donc apprendre à « se comporter passivement ». Jean d’ailleurs préfère l’adverbe « pasivamente », qui est plus dynamique et responsable, au qualificatif « pasivo », adjectif et substantif. Toutes les épreuves peuvent advenir, et certaines adviennent, mais le contemplatif vit une libération spirituelle. Le Traité de La Nuit obscure est entièrement orienté vers cette nécessité pour celui qui progresse dans le chemin. Lisons plutôt : En conclusion de la nuit passive du sensible [NO 1, 10, 6], Jean encourage : « Que cette âme ne se mette donc pas en peine de voir ses puissances divines privées de leurs opérations. Qu’elle s’en réjouisse au contraire, car si elle a soin de ne pas entraver l’œuvre de contemplation infuse que Dieu opère en elle, elle la recevra avec plus d’abondance et de paix, et donnera lieu à l’esprit d’amour de s’allumer et de s’embraser en elle. C’est en effet cette obscure et secrète contemplation qui le lui apporte et lui fait jeter des flammes. La contemplation, en effet, n’est autre chose qu’une infusion secrète, pacifique et amoureuse de Dieu en l’âme ; et cette infusion, lorsqu’elle ne rencontre pas d’obstacle, embrase l’âme de l’esprit d’amour « Et au long du livre 2 qui décrit la Nuit passive de l’esprit : « Comme c’est Dieu qui opère dans l’âme, elle est réduite à une totale impuissance. Elle ne peut ni prier vocalement, ni appliquer son attention aux choses divines, et moins encore aux choses profanes… » [NO 2, 8, 1] ». Ici, c’est dans l’esprit qu’à lieu l’embrasement d’amour. L’âme, au milieu de ses ténèbres et de ses tourments, se sent vivement et fortement blessée d’un véhément amour, et en même temps elle a un certain sentiment de Dieu, elle entrevoit Dieu en quelque sorte, sans connaissances particulières… « [NO 2, 11, 1] ». Toutes les opérations et tous les mouvements naturels entravent plus qu’ils ne favorisent la réception des biens spirituels de l’union d’amour, par la raison que tout l’habileté naturelle est incapable d’atteindre aux biens surnaturels que Dieu, par sa seule infusion, dépose dans notre âme passivement, secrètement et silencieusement… » [NO 2, 14, 1] | |
| | | Claude Coowar
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| Sujet: Re: Les Docteurs de l'Eglise catholique . 15/11/2016, 12:05 | |
| https://w2.vatican.va/content/benedict-xvi/fr/audiences/2011/documents/hf_ben-xvi_aud_20110216.html 26.03 - SAINT JEAN DE LA CROIX. Selon l'autorité théologique de SA SAINTETE, LE PAPE BENOÎT XVI. AUDIENCE GÉNÉRALE Salle Paul VI Mercredi 16 février 2011 Chers frères et sœurs, Il y a deux semaines, j'ai présenté la figure de la grande mystique espagnole Thérèse de Jésus. Je voudrais aujourd'hui parler d'un autre saint important de ces territoires, ami spirituel de sainte Thérèse, réformateur, avec elle, de la famille religieuse carmélitaine : saint Jean de la Croix, proclamé Docteur de l'Eglise par le Pape Pie XI, en 1926, et surnommé dans la tradition Doctor mysticus, « Docteur mystique » . Jean de la Croix naquit en 1542 dans le petit village de Fontiveros, proche d'Avila, en Vieille Castille, de Gonzalo de Yepes et Catalina Alvarez. Sa famille était très pauvre, car son père, issu d’une famille noble de Tolède, avait été chassé de chez lui et déshérité pour avoir épousé Catalina, une humble tisseuse de soie. Orphelin de père dans son jeune âge, Jean, à neuf ans, partit avec sa mère et son frère Francisco pour Medina del Campo, non loin de Valladolid, un pôle commercial et culturel. Il y fréquenta le Colegio de los Doctrinos, en assurant également d'humbles travaux pour les sœurs de l'église-couvent de la Madeleine. Par la suite, vues ses qualités humaines et ses résultats dans les études, il fut admis d'abord comme infirmier dans l'Hôpital de la Conception, puis au Collège des jésuites, qui venait d'être fondé à Medina del Campo : Jean y entra à dix-huit ans et étudia pendant trois ans les sciences humaines, la rhétorique et les langues classiques. A la fin de sa formation, sa vocation lui était très claire : la vie religieuse et, parmi tous les ordres présents à Medina, il se sentit appelé au carmel. Au cours de l'été 1563, il débuta le noviciat chez les carmes de la ville, en prenant le nom religieux de Mattia. L'année suivante, il fut destiné à la prestigieuse université de Salamanque, où il étudia pendant un triennat les arts et la philosophie. En 1567, il fut ordonné prêtre et retourna à Medina del Campo pour célébrer sa première Messe entouré de l'affection de sa famille. C'est là qu'eut lieu la première rencontre entre Jean et Thérèse de Jésus. La rencontre fut décisive pour tous les deux : Thérèse lui exposa son programme de réforme du carmel, l’appliquant également à la branche masculine de l'ordre et proposa à Jean d'y adhérer « pour la plus grande gloire de Dieu » ; le jeune prêtre fut fasciné par les idées de Thérèse, au point de devenir un grand défenseur du projet. Ils travaillèrent ensemble quelques mois, partageant les idéaux et les propositions pour inaugurer le plus rapidement possible la première maison des carmes déchaux : l'ouverture eut lieu le 28 décembre 1568 à Duruelo, un lieu isolé de la province d'Avila. Avec Jean, trois autres compagnons formaient cette première communauté masculine réformée. En renouvelant leur profession de foi selon la Règle primitive, tous les quatre adoptèrent un nouveau nom : Jean s'appela dès lors «de la Croix », nom sous lequel il sera universellement connu. A la fin de 1572, à la demande de sainte Thérèse, il devint confesseur et vicaire du monastère de l’Incarnation d'Avila, où la sainte était prieure. Ce furent des années d'étroite collaboration et d'amitié spirituelle, qui les enrichit tous deux. C'est à cette période que remontent aussi les plus importantes œuvres de Thérèse et les premiers écrits de Jean. L’adhésion à la réforme du carmel ne fut pas facile et coûta également de graves souffrances à Jean. L’épisode le plus traumatisant fut, en 1577, son enlèvement et son incarcération dans le couvent des carmes de l’antique observance de Tolède, à la suite d’une accusation injuste. Le saint fut emprisonné pendant des mois, soumis à des privations et des contraintes physiques et morales. En ce lieu, il composa, avec d’autres poésies, le célèbre Cantique spirituel. Finalement, dans la nuit du 16 au 17 août 1578, il réussit à fuir de façon aventureuse, se réfugiant dans le monastère des carmélites déchaussées de la ville. Sainte Thérèse et ses compagnons réformés célébrèrent avec une immense joie sa libération et, après une brève période pour retrouver ses forces, Jean fut destiné à l’Andalousie, où il passa dix ans dans divers couvents, en particulier à Grenade. Il assuma des charges toujours plus importantes dans l’ordre, jusqu’à devenir vicaire provincial, et il compléta la rédaction de ses traités spirituels. Il revint ensuite dans sa terre natale, comme membre du gouvernement général de la famille religieuse thérésienne, qui jouissait désormais d’une pleine autonomie juridique. Il habita au carmel de Ségovie, exerçant la charge de supérieur de cette communauté. En 1591, il fut relevé de toute responsabilité et destiné à la nouvelle province religieuse du Mexique. Alors qu’il se préparait pour ce long voyage avec dix autres compagnons, il se retira dans un couvent solitaire près de Jaén, où il tomba gravement malade. Jean affronta avec une sérénité et une patience exemplaires d’immenses souffrances. Il mourut dans la nuit du 13 au 14 décembre 1591, alors que ses confrères récitaient l’office de mâtines. Il les quitta en disant : « Aujourd’hui je vais chanter l’Office au ciel » . Sa dépouille mortelle fut transférée à Ségovie. Il fut béatifié par Clément X en 1675 et canonisé par Benoît XIII en 1726. Jean est considéré comme l’un des plus importants poètes lyriques de la littérature espagnole. Ses plus grandes œuvres sont au nombre de quatre : - « La montée du Mont Carmel », - « La nuit obscure », - « Les cantiques spirituels » - et « La vive flamme d’amour ». Dans les Cantiques spirituels, saint Jean présente le chemin de purification de l’âme, c’est-à-dire la possession progressive et joyeuse de Dieu, jusqu’à ce que l’âme parvienne à sentir qu’elle aime Dieu avec le même amour dont Il l’aime. La vive flamme d’amour poursuit dans cette perspective, en décrivant plus en détail l’état de l’union transformante avec Dieu. Le parallèle utilisé par Jean est toujours celui du feu : de même que le feu, plus il brûle et consume le bois, plus il devient incandescent jusqu’à devenir flamme, ainsi l’Esprit Saint, qui au cours de la nuit obscure purifie et « nettoie » l’âme, avec le temps l’illumine et la réchauffe comme si elle était une flamme. La vie de l’âme est une incessante fête de l’Esprit Saint, qui laisse entrevoir la gloire de l’union avec Dieu dans l’éternité. La montée du Mont Carmel présente l’itinéraire spirituel du point de vue de la purification progressive de l’âme, nécessaire pour gravir le sommet de la perfection chrétienne, symbolisée par le sommet du Mont Carmel. Cette purification est proposée comme un chemin que l’homme entreprend, en collaborant avec l’action divine, pour libérer l’âme de tout attachement ou lien d’affection contraire à la volonté de Dieu. La purification, qui pour parvenir à l’union d’amour avec Dieu doit être totale, commence par celle de la vie des sens et se poursuit par celle que l’on obtient au moyen des trois vertus théologales : foi, espérance et charité, qui purifient l’intention, la mémoire et la volonté.
La nuit obscure décrit l’aspect « passif », c’est-à-dire l’intervention de Dieu dans ce processus de « purification » de l’âme. L’effort humain, en effet, est incapable tout seul d’arriver jusqu’aux racines profondes des inclinations et des mauvaises habitudes de la personne : il peut seulement les freiner, mais non les déraciner complètement. Pour cela, l’action spéciale de Dieu est nécessaire, qui purifie radicalement l’esprit et le dispose à l’union d’amour avec Lui. Saint Jean qualifie de « passive » cette purification, précisément parce que, bien qu’acceptée par l’âme, elle est réalisée par l’action mystérieuse de l’Esprit Saint qui, comme la flamme du feu, consume toute impureté. Dans cet état, l’âme est soumise à tous types d’épreuves, comme si elle se trouvait dans une nuit obscure. Ces indications sur les œuvres principales du saint nous aident à nous familiariser avec les points principaux de sa vaste et profonde doctrine mystique, dont l’objectif est de décrire un chemin sûr pour parvenir à la sainteté, l’état de perfection auquel Dieu nous appelle tous. Selon Jean de la Croix, tout ce qui existe, créé par Dieu, est bon. A travers les créatures, nous pouvons parvenir à la découverte de Celui qui a laissé en elles une trace de lui. La foi, quoi qu’il en soit, est l’unique source donnée à l’homme pour connaître Dieu tel qu’il est en soi, comme Dieu Un et Trine. Tout ce que Dieu voulait communiquer à l’homme, il l’a dit en Jésus Christ, sa Parole faite chair. Jésus Christ est le chemin unique et définitif vers le Père (cf. Jn 14, 6). Toute chose créée n’est rien par rapport à Dieu et ne vaut rien en dehors de Lui : par conséquent, pour atteindre l’amour parfait de Dieu, tout autre amour doit se conformer dans le Christ à l’amour divin. C’est de là que découle l’insistance de saint Jean de la Croix sur la nécessité de la purification et de la libération intérieure pour se transformer en Dieu, qui est l’objectif unique de la perfection. Cette « purification » ne consiste pas dans la simple absence physique des choses ou de leur utilisation ; ce qui rend l’âme pure et libre, en revanche, est d’éliminer toute dépendance désordonnée aux choses. Tout doit être placé en Dieu comme centre et fin de la vie. Le processus long et fatigant de purification exige certainement un effort personnel, mais le véritable protagoniste est Dieu : tout ce que l’homme peut faire est « d’être disposé », être ouvert à l’action divine et ne pas lui opposer d’obstacle. En vivant les vertus théologales, l’homme s’élève et donne une valeur à son engagement. Le rythme de croissance de la foi, de l’espérance et de la charité va de pair avec l’œuvre de purification et avec l’union progressive avec Dieu jusqu’à se transformer en Lui. Lorsque l’on parvient à cet objectif, l’âme est plongée dans la vie trinitaire elle-même, de sorte que saint Jean affirme qu’elle parvient à aimer Dieu avec le même amour que celui avec lequel il l’aime, car il l’aime dans l’Esprit Saint . Voilà pourquoi le Docteur mystique soutient qu’il n’existe pas de véritable union d’amour avec Dieu si elle ne culmine pas dans l’union trinitaire. Dans cet état suprême, l’âme sainte connaît tout en Dieu et ne doit plus passer à travers les créatures pour arriver à Lui. L’âme se sent désormais inondée par l’amour divin et se réjouit entièrement en lui. Chers frères et sœurs, à la fin demeure la question : ce saint, avec sa mystique élevée, avec ce chemin difficile vers le sommet de la perfection, a-t-il quelque chose à nous dire à nous également, au chrétien normal qui vit dans les circonstances de cette vie actuelle, ou est-il un exemple, un modèle uniquement pour quelques âmes élues, qui peuvent réellement entreprendre ce chemin de la purification, de l’ascèse mystique ? Pour trouver la réponse, nous devons avant tout tenir compte du fait que la vie de saint Jean de la Croix n’a pas été un [color:e677=#0066f f] « envol sur les nuages mystiques », mais a été une vie très dure, très pratique et concrète, tant comme réformateur de l’ordre, où il rencontra de nombreuses oppositions, que comme supérieur provincial, ou dans les prisons de ses confrères, où il était exposé à des insultes incroyables et à de mauvais traitements physiques. Cela a été une vie dure, mais précisément au cours des mois passés en prison, il a écrit l’une de ses œuvres les plus belles. Et ainsi, nous pouvons comprendre que le chemin avec le Christ, aller avec le Christ, « le Chemin », n’est pas un poids ajouté au fardeau déjà assez difficile de notre vie, ce n’est pas quelque chose qui rendrait encore plus lourd ce fardeau, mais il s’agit d’une chose totalement différente, c’est une lumière, une force, qui nous aide à porter ce fardeau. Si un homme porte en lui un grand amour, cet amour lui donne presque des ailes, et il supporte plus facilement toutes les épreuves de la vie, car il porte en lui cette grande lumière ; telle est la foi : être aimé par Dieu et se laisser aimer par Dieu en Jésus Christ. Se laisser aimer est la lumière qui nous aide à porter le fardeau de chaque jour. Et la sainteté n’est pas notre œuvre, très difficile, mais elle est précisément cette « ouverture »: ouvrir les fenêtres de notre âme pour que la lumière de Dieu puisse entrer, ne pas oublier Dieu car c’est précisément dans l’ouverture à sa lumière que se trouve la force, la joie des rachetés. Prions le Seigneur afin qu’il nous aide à trouver cette sainteté, à nous laisser aimer par Dieu, qui est notre vocation à tous et la véritable rédemption. Merci. * * * Je salue cordialement les pèlerins francophones, en particulier les jeunes et les formateurs du séminaire de Bayonne, accompagnés de leur Évêque, Monseigneur Marc Aillet ! Recueillant le message de saint Jean de la Croix, je vous invite à approfondir votre vie chrétienne et à expérimenter les vertus théologales, source d’une vraie transformation de vos vies et d’une progressive union avec Dieu. Avec ma Bénédiction ! © Copyright 2011 - Libreria Editrice Vaticana | |
| | | Claude Coowar
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| Sujet: Re: Les Docteurs de l'Eglise catholique . 15/11/2016, 23:49 | |
| 27.01 - ROBERT BELLARMIN. I - BREVE PRESENTATION AVEC HYPER-LIENS DES ŒUVRES.
II - EXTRAIT BIOGRAPHIQUE. Première partie. http://jesusmarie.free.fr/robert_bellarmin.html Saint Robert Bellarmin Docteur de l'église catholique 1542-1621 L'échelle Sainte - lire - télécharger Le Gémissement de la Colombe ou le Don des Larmes - télécharger. Table des matières Livre 1 Livre 2 Livre 3 Les Discours__tome 1 et 2__tome 3 et 4 Du gémissement de la colombe, ou le don des larmes, De gemitu columbae sive de bono lacrymarum libri tres, Lugduni, 1617. Edition par JESUSMARIE.com et Jocelyne M. François-Robert-Romulus BELLARMIN, cardinal, archevêque de Capoue, l’un des principaux théologiens de la Compagnie de Jésus et, comme controversiste, l’un des plus savants et des plus habiles défenseurs de l’Eglise romaine. Article du Dictionnaire de Théologie Catholique. http://voiemystique.free.fr/robert_bellarmin.htm LA VOIE MYSTIQUE
Adveniat regnum tuum
EXTRAIT BIOGRAPHIQUE
Saint Robert Bellarmin, (1542-1621), docteur de l'Église, prélat, théologien et jésuite italien, grande figure de la Contre-Réforme.
Pour saint Pierre Canisius, saint Robert Bellarmin incarne un des aspects fondamentaux de l'activité de la Compagnie de Jésus : le service intellectuel de l'Église. Goethe appelait Bellarmin "mon saint!". Ce petit homme a été l'une des plus belles intelligences de la renaissance italienne, mais loin de nous écraser, il attire. Peu de saints furent aussi aimables, aussi attachants. Il est probablement le jésuite qui a servi avec le plus d'humilité et de loyauté le plus grand nombre de papes. Saint Robert Bellarmin a vécu dans l'intimité de huit papes successifs, avec la réputation d'un don étonnant de prescience à leur sujet. A un ami qui demandait à Saint Robert Bellarmin : "Vous avez prédit la mort du Pape Sixte, celle du Pape Clément et maintenant celle du Pape Paul. Comment faites-vous ?", Saint Robert Bellarmin répondit en riant : "Eh bien ! je vais vous le dire ; tous les papes croient, et d'autres le croient pour eux, qu'ils régneront tant d’années ; j'en enlève un tiers, et je donne ce chiffre". Saint Robert Bellarmin est né en 1542 à Montepulciano en Italie. Après s'être demandé s'il ne deviendrait pas médecin, il choisit d'entrer dans l'ordre nouveau des jésuites. Pendant vingt-huit années, Robert Bellarmin sera professeur et prédicateur. Il viendra notamment à Louvain (Leuven en Belgique) pendant sept années (1569-1576), prêchant avec grand succès à l'église Saint Michel. En 1576, Il est professeur à l'université grégorienne et y publie son ouvrage réputé : Débats sur les controverses de la foi chrétienne, Disputationes de controversiis fidei christianae (1586-1593), dans lequel il réfute point par point, en plusieurs volumes, les différentes professions de foi protestantes. Cet ouvrage eut un très grand succès et connut vingt éditions de son vivant. Théodore de Bèze, un des leaders protestants de l'époque, dira : "C'est le livre qui nous a perdu !". C'est à Rome que Saint Robert Bellarmin fait la connaissance de saint Louis de Gonzague dont il deviendra le père spirituel. A partir de 1592, il est Recteur pendant deux ans, puis Provincial de Naples pendant deux ans, ensuite théologien du Pape pendant trois ans. Il devint le conseiller théologique du théologien dominicain et thomiste Tommaso de Vio, cardinal Cajetan (1469-1534), alors légat du pape en France (1589), puis du pape Clément VIII qui le nomma cardinal en 1599. C'est à son initiative que fut révisée la Vulgate, Bible traduite en latin par saint Jérôme. Sa révision fut amendée par Clément VIII et publiée en 1592. Saint Robert Bellarmin est nommé archevêque de Capoue en 1602, mais démissionna en 1605 pour travailler à la Curie romaine auprès du pape Paul V. Il négocia des traités et des dossiers importants, dont l'affaire Galilée. Lors de ce procès, il n'était ni physicien ni astronome, et fut d'avis qu'il ne fallait pas condamner le savant. Mais il ne fut pas écouté. En 1597, Saint Robert Bellarmin publie le Grand et le Petit Catéchisme qui connurent aussi un grand succès : quatre cents éditions et traductions en soixante langues. L’exposé de la position catholique par Saint Robert Bellarmin, clair et logique, devint le modèle des exposés doctrinaux de la foi catholique pendant plusieurs siècles. Saint Robert Bellarmin écrit aussi un Commentaire des psaumes qui comptera trente-trois éditions. Saint Robert Bellarmin n’est pas seulement un professeur et théologien, Saint Robert Bellarmin est un pasteur au coeur large, qui aime les hommes et veut les aider. Saint Robert Bellarmin a toujours voulu vivre d'abord sa vocation de jésuite : prêcher, confesser, aider les malades et les mourants, catéchiser les pauvres et les enfants. Homme d'oraison, Saint Robert Bellarmin a écrit un livre mystique intitulé Le gémissement de la colombe, ou le don des larmes, De gemitu columbae sive de bono lacrymarum libri tres, Lugduni, 1617. Enfin, arrivé au terme de sa vie, en 1620, Saint Robert Bellarmin a encore publié un livre L'art de bien mourir, De arte bene moriendi libri duo, Viterbii, 1620) Le 17 septembre 1621, Saint Robert Bellarmin meurt au noviciat de Saint André, un mois après saint Jean Berchmans. Toute la vie de Saint Robert Bellarmin a été un service ardent, passionné de l'Église et du Souverain Pontife. Mais cet amour de l'Église et du Pape a été assez fort pour que Saint Robert Bellarmin ose parler avec sa liberté de prophète. Saint Robert Bellarmin a su dénoncer les abus de la Cour romaine, rédigeant à l'adresse de Clément VIII un mémoire dénonçant les grands abus qui sévissaient dans son entourage. Sans platitude, Saint Robert Bellarmin eut le courage de soutenir que le Pape n'avait qu'un pouvoir indirect sur les États : en 1610, il publie Du pouvoir du Souverain Pontife dans les affaires temporelles, De potestate Summi Pontificit in rebus temporalibus, ce qui lui valut d'être mis à l'index. À la mort de Clément VIII, plusieurs cardinaux voulaient choisir Saint Robert Bellarmin comme successeur. Mais au conclave, Robert Bellarmin donna cet avertissement : "Prenez garde : dans ma famille on vit très vieux, presque centenaire ". Robert Bellarmin était un surdoué. Mais tandis que tant d'hommes intelligents sont tentés de suffisance ou d'orgueil, lui a reçu son intelligence comme un don de Dieu, humblement demandé et accueilli dans la prière. "J'ai prié et l'intelligence m'a été donnée ». . Il fut canonisé en 1930 et proclamé docteur de l'Église l'année suivante, en 1931. La fête de Robert Bellarmin dans l'Église catholique est le 17 septembre. | |
| | | Claude Coowar
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| Sujet: Re: Les Docteurs de l'Eglise catholique . 16/11/2016, 01:32 | |
| http://nominis.cef.fr/contenus/saint/1148/Saint-Robert-Bellarmin.html 27.01 - Saint Robert Bellarmin. Résumé des écrits et de la doctrine.
Deuxième partie. Jésuite, Docteur de l'Eglise (✝ 1621) Il était originaire de Montepulciano en Toscane. Neveu du pape Marcel II, il vient à Rome, entre chez les Jésuites et enseigne avec éclat au Collège romain pendant onze ans. Nommé cardinal, il fut quelque temps archevêque de Capoue, puis passa le reste de sa vie à superviser les Congrégations (services) romaines. Le roi d'Espagne s'opposa à ce qu'il devint pape. Il resta un homme simple, courtois, et brillant dans les sciences ecclésiastiques. Décédé le 17 septembre 1621. Canonisé par le pape Pie XI en 1930 qui le déclara Docteur de l'Église l'année suivante. Le 23 février 2011, la catéchèse de Benoît XVI a porté sur saint Robert Bellarmin (1542 - 1621), une grande figure de l'Église dans une période troublée, où de nombreux pays avaient rompu leurs liens avec le siège apostolique. Ayant reçu une solide formation, il se fit jésuite en 1560 et poursuivi des études à Rome, Padoue et Louvain. Il devint Cardinal et Évêque de Capoue, accomplissant de nombreuses missions au service du Pape. Membre de plusieurs congrégations romaines, il représenta le Saint-Siège à Venise et en Angleterre. Ses divers ouvrages de spiritualité reprennent ses exercices spirituels annuels . Robert Bellarmin fut béatifié et canonisé par Pie XI, qui le déclara Docteur de l'Église en 1931. Ses Controverses, a dit Benoît XVI, qui demeurent une référence pour l'ecclésiologie catholique, "insistent sur l'aspect institutionnel de l'Église, contre les erreurs de l'époque à ce sujet. Il y dégage les aspects invisibles de l'Église comme Corps mystique en jouant sur le rapport corps et âme pour décrire le rapport entre les richesses de l'Église et ce qui la rend perceptible de l'extérieur.
Dans cette œuvre monumentale, qui tente de régler les disputes théologiques de son temps, il s'interdit toute polémique et agressivité envers les positions de la Réforme.
Utilisant les arguments de la raison et de la tradition ecclésiale, il expose clairement la doctrine catholique. Mais son héritage demeure dans sa méthode de travail, ses grandes responsabilités ne l'ayant jamais empêché de tendre chaque jour à la sainteté dans le respect de ses obligations de religieux, de prêtre et d'évêque... Sa prédication et sa catéchèse reflétaient ce même sens de l'essentiel appris de l'éducation ignacienne, qui concentre les forces de l'âme sur le Seigneur, intensément connu, aimé et imité". Dans son livre De Gemitu Columbae, "où la colombe symbolise l'Église" , Robert Bellarmin appelle clergé et fidèles à une sérieuse réforme de vie personnelle, à l'enseigne de l'Écriture et des saints...
Lui-même, par son exemple de vie, enseigna qu'il ne saurait y avoir de véritable réforme de l'Église sans réforme personnelle et conversion du cœur". Il disait : "Si tu as la sagesse, comprends que tu as été créé pour la gloire de Dieu et ton salut éternel...
- Evénements heureux ou malheureux,
- richesse ou pauvreté,
- santé ou maladie,
- honneurs ou outrages,
-vie ou mort, le sage ne doit ni les chercher ni les fuir.
Ces choses ne sont désirables que si elles contribuent à la gloire de Dieu et à notre félicité éternelle.
Elles sont mauvaises et elles sont à fuir si elles constituent un obstacle". Ces paroles de saint Robert Bellarmin, a conclu le Saint-Père, "ne sont pas passées de mode. Il faut les méditer soigneusement afin d'orienter notre existence ici-bas, où notre voie est le Seigneur... Il est capital d'avoir confiance en lui, de vivre dans la fidélité à l'Évangile, d'éclairer chaque moment et chaque action de notre vie à la lumière de la foi et de la prière". Membre de la Compagnie de Jésus, il exerça un rôle éminent de manière singulière et fine dans les controverses théologiques de son temps. Nommé évêque et cardinal, il se dépensa avec ardeur dans son ministère pastoral au service de l’Église de Capoue ; enfin, à Rome, où il mourut en 1621, il entreprit de nombreux travaux pour la défense du Siège apostolique et de la doctrine de la foi. Martyrologe romain Traité de saint Robert Bellarmin, évêque et docteur de l'Eglise sur 'La montée de l'âme vers Dieu'. Comprendre que tu as été créé pour la gloire de Dieu et ton salut éternel. http://www.jesuites.com/histoire/saints/robertbellarmin.htm 17 septembre Saint ROBERT BELLARMIN, Evêque et docteur de l'Eglise Mémoire (Reportée au 18 en Belgique) Commun des pasteurs (p. 260) ou des docteurs (p. 269). OFFICE DES LECTURES DEUXIÈME LECTURE Traité de saint Robert Bellarmin, évêque et docteur de l'Eglise sur La montée de l'âme vers Dieu. Comprendre que tu as été créé pour la gloire de Dieu et ton salut éternel.Ô Seigneur, suave et doux et immensément miséricordieux, qui ne vous servirait de tout cœur, s'il commençait à goûter la douceur de votre paternelle souveraineté ? Qu'ordonnez-vous, Seigneur, à vos serviteurs ? Prenez mon joug. Et quel est votre joug ? Mon joug est suave, répondez-vous, et mon fardeau léger. Qui ne porterait volontiers un joug, qui loin de comprimer, dilate ; un fardeau, qui loin d'accabler, réconforte ? V ous avez raison d'ajouter : Vous trouverez le repos de vos âmes. Et quel est donc ce joug qui ne fatigue pas, mais qui repose ? C'est le commandement, le premier et le plus important : Vous aimerez le Seigneur votre Dieu de tout votre cœur. Quoi de plus facile, de plus suave, de plus doux que d'aimer la bonté, la beauté, l'amour, Vous-même, ô mon Dieu ? Vous promettez une récompense à ceux qui gardent vos commandements, plus précieuse que l'or et plus douce que le miel. Oui, vous promettez une récompense, une magnifique récompense, selon le témoignage de saint Jacques : Le Seigneur prépare une couronne de vie à ceux qui l’aiment. Et qu'est-ce que la couronne de vie ? Un bien qui surpasse tout ce que nous pouvons concevoir et désirer. Car voici ce que dit saint Paul, écho du prophète Isaïe : L'œil n'a pas vu, l'oreille n'a pas entendu, le cœur de l'homme n'a pas conçu la récompense préparée par Dieu à ceux qui l'aiment.Elle est donc grande la récompense promise à ceux qui observent les commandements. Et ce n'est pas seulement ce premier commandement, le plus important de tous, qui est utile à l'homme, s'il obéit, et non à Dieu qui ordonne ; tous les autres commandements également, perfectionnent celui qui obéit, ils l'instruisent, ils l'éclairent, ils le rendent bon et heureux. C'est pourquoi, si tu es sage, comprends que tu es créé pour la gloire de Dieu et pour ton salut éternel. C'est là ta fin, le centre de ton âme, le trésor de ton cœur. [color:9f15=#0066ff ] Si tu parviens à cette fin, c'est le bonheur ; si tu t'en écartes, c'est le malheur. En conséquence, estime bien pour toi ce qui te conduit à ta fin ; mal ce qui t'éloigne de ta fin. Prospérité et adversité, richesse et indigence, santé et maladie, honneur et déshonneur, vie et mort, pour un sage, ne sont ni à désirer, ni à fuir absolument. Mais si elles sont utiles à la gloire de Dieu et à ton bonheur éternel, ce sont des biens et tu peux les rechercher ; si elles leur sont nuisibles, ce sont des maux et il faut les éviter. | |
| | | Claude Coowar
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| Sujet: Re: Les Docteurs de l'Eglise catholique . 16/11/2016, 02:22 | |
| https://w2.vatican.va/content/benedict-xvi/fr/audiences/2011/documents/hf_ben-xvi_aud_20110223.html 27.02 - SAINT ROBERT BELLARMIN. Selon l'autorité théologique de SA SAINTETE, LE PAPE BENOIT XVI. AUDIENCE GÉNÉRALE Salle Paul VI Mercredi 23 février 2011 Chers frères et sœurs, Saint Robert Bellarmin, dont je désire vous parler aujourd’hui, nous ramène en esprit à l’époque de la douloureuse scission de la chrétienté occidentale, lorsqu’une grave crise politique et religieuse provoqua l’éloignement de nations entières du Siège apostolique. Né le 4 octobre 1542 à Montepulciano, près de Sienne, il est le neveu, du côté de sa mère, du Pape Marcel II. Il reçut une excellente formation humaniste avant d’entrer dans la compagnie de Jésus le 20 septembre 1560. Les études de philosophie et de théologie, qu’il accomplit au Collège romain, à Padoue et à Louvain, centrées sur saint Thomas et les Pères de l’Eglise, furent décisives pour son orientation théologique. Ordonné prêtre le 25 mars 1570, il fut pendant quelques années professeur de théologie à Louvain. Appelé par la suite à Rome comme professeur au Collège romain, il lui fut confiée la chaire d’« Apologétique »; au cours de la décennie où il occupa cette fonction (1576-1586), il prépara une série de leçons qui aboutirent ensuite aux « Controverses », œuvre devenue immédiatement célèbre en raison de la clarté et de la richesse de son contenu et de son ton essentiellement historique. Le Concile de Trente s’était conclu depuis peu et pour l’Eglise catholique, il était nécessaire de renforcer et de confirmer son identité notamment face à la Réforme protestante . L’action de Robert Bellarmin s’inscrit dans ce contexte. De 1588 à 1594, il fut d’abord père spirituel des étudiants jésuites du Collège romain, parmi lesquels il rencontra et dirigea saint Louis Gonzague, puis supérieur religieux. Le Pape Clément VIII le nomma théologien pontifical, consulteur du Saint-Office et recteur du Collège des pénitenciers de la Basilique Saint-Pierre. C’est à la période 1597-1598 que remonte son catéchisme, Doctrine chrétienne abrégée, qui fut son œuvre la plus populaire. Le 3 mars 1599, il fut créé cardinal par le Pape Clément VIII et, le 18 mars 1602, il fut nommé archevêque de Capoue. Il reçut l’ordination épiscopale le 21 avril de la même année. Au cours des trois années où il fut évêque diocésain, il se distingua par son zèle de prédicateur dans sa cathédrale, par la visite qu’il accomplissait chaque semaine dans les paroisses, par les trois synodes diocésains et le Concile provincial auquel il donna vie. Après avoir participé aux conclaves qui élurent les Papes Léon XI et Paul V, il fut rappelé à Rome, où il devint membre des Congrégations du Saint-Office, de l’Index, des rites, des évêques et de la propagation de la foi. Il reçut également des charges diplomatiques, auprès de la République de Venise et de l’Angleterre, pour défendre les droits du Siège apostolique. Dans ses dernières années, il rédigea divers livres de spiritualité, dans lesquels il résuma le fruit de ses exercices spirituels annuels. Le peuple chrétien tire aujourd’hui encore une profonde édification de leur lecture. Il mourut à Rome le 17 septembre 1621. Le Pape Pie XI le béatifia en 1923, le canonisa en 1930 et le proclama docteur de l’Eglise en 1931. Saint Robert Bellarmin joua un rôle important dans l'Eglise des dernières décennies du XVIe siècle et des premières du siècle suivant. Ses Controversiae constituèrent un point de référence, encore valable, pour l'ecclésiologie catholique sur les questions concernant la Révélation, la nature de l'Eglise, les Sacrements et l'anthropologie théologique. Dans celles-ci, l'aspect institutionnel de l'Eglise se trouve accentué, en raison des erreurs qui circulaient à l'époque sur ces questions. Toutefois, Bellarmin clarifia également les aspects invisibles de l'Eglise comme Corps mystique et les illustra à travers l'analogie du corps et de l'âme, afin de décrire le rapport entre les richesses intérieures de l'Eglise et les aspects extérieurs qui la rendent perceptible. Dans cette œuvre monumentale, qui tente de systématiser les diverses controverses théologiques de l'époque, il évite toute approche polémique et agressive à l'égard des idées de la Réforme, mais en utilisant les arguments de la raison et de la Tradition de l'Eglise, il illustre de manière claire et efficace la doctrine catholique.Toutefois, son héritage tient à la manière dont il conçut son travail. Les tâches prenantes du gouvernement ne lui empêchèrent pas, en effet, de tendre quotidiennement vers la sainteté en fidélité aux exigences de son statut de religieux, de prêtre et d'évêque.
C'est de cette fidélité que découle son engagement dans la prédication. Etant, en tant que prêtre et évêque, avant tout un pasteur d'âmes, il ressentit le devoir de prêcher assidûment. Il prononça des centaines de sermones — les homélies — dans les Flandres, à Rome, à Naples et à Capoue à l'occasion des célébrations liturgiques. Tout aussi nombreuses, ses expositiones et les explanationes destinées aux curés, aux religieuses, aux étudiants du Collège romain, ont souvent pour objet les Saintes Ecritures, en particulier les Lettres de saint Paul. Sa prédication et ses catéchèses présentent ce même caractère d'essentialité qu'il avait appris au cours de son éducation ignacienne, visant tout entière à concentrer les forces de l'âme sur le Seigneur Jésus intensément connu, aimé et imité . Dans les écrits de cet homme de gouvernement on perçoit de manière très claire, malgré la réserve derrière laquelle il cache ses sentiments, le primat qu'il accorde aux enseignements du Christ. Saint Bellarmin offre ainsi un modèle de prière, âme de toute activité : une prière qui écoute la Parole du Seigneur, qui se satisfait d'en contempler la grandeur, qui ne se replie pas sur elle-même, mais est heureuse de s'abandonner à Dieu. Un signe distinctif de la spiritualité de Robert Bellarmin est la perception vivante et personnelle de l'immense bonté de Dieu, grâce à laquelle notre saint se sentait vraiment le fils bien-aimé de Dieu et c'était une source de grande joie que de se recueillir, avec sérénité et simplicité, en prière, en contemplation de Dieu. Dans son livre De ascensione mentis in Deum — Elévation de l'esprit à Dieu — composé sur le schéma de l'Itinerarium de saint Bonaventure, il s’exclame : « O mon âme, ton exemple est Dieu, beauté infinie, lumière sans ombres, splendeur qui dépasse celle de la lune et du soleil. Lève les yeux vers Dieu dans lequel se trouvent les archétypes de toutes les choses, et dont, comme d'une source d'une infinie fécondité, dérive cette variété presque infinie des choses. C'est pourquoi tu dois conclure : celui qui trouve Dieu trouve toute chose, qui perd Dieu perd toute chose » . Dans ce texte, on entend l’écho de la célèbre contemplatio ad amorem obtineundum — contemplation pour obtenir l’amour — des Exercices spirituels de saint Ignace de Loyola. Robert Bellarmin, qui vit dans la société fastueuse et souvent malsaine de la fin du XVIe siècle et du début du XVIIe siècle, tire de cette contemplation des aspects pratiques et y projette la situation de l’Eglise de son temps avec un vif souffle pastoral. Dans l’ouvrage De arte bene moriendi — l’art de bien mourir — il indique, par exemple, comme règle sûre d’une bonne vie, et également d’une bonne mort, de méditer souvent et sérieusement le fait que l’on devra rendre compte à Dieu de ses propres actions et de sa propre façon de vivre, et de chercher à ne pas accumuler de richesses sur cette terre, mais à vivre simplement et avec charité de manière à accumuler des biens au Ciel. Dans l’ouvrage De gemitu colombae — le gémissement de la colombe, où la colombe représente l’Eglise — il rappelle avec force tout le clergé et les fidèles à une réforme personnelle et concrète de leur propre vie, en suivant ce qu’enseignent les Saintes Ecritures et les saints, parmi lesquels il cite en particulier saint Grégoire de Nazianze, saint Jean Chrysostome, saint Jérôme et saint Augustin, en plus des grands fondateurs des Ordres religieux, tels que saint Benoît, saint Dominique et saint François. Robert Bellarmin enseigne avec une grande clarté et à travers l’exemple de sa propre vie qu’il ne peut pas y avoir de véritable réforme de l’Eglise si auparavant il n’y a pas notre réforme personnelle et la conversion de notre cœur. Robert Bellarmin puisait aux Exercices spirituels de saint Ignace des conseils pour communiquer de manière profonde, également aux plus simples, les beautés des mystères de la foi. Il écrit : « Si tu es sage, tu comprends que tu es créé pour la gloire de Dieu et pour ton salut éternel. Cela est ton but, le centre de ton âme, le trésor de ton cœur. Estime donc comme un vrai bien pour toi ce qui te conduit à ton objectif, un vrai mal ce qui te le fais manquer. Les événements bénéfiques ou l’adversité, la richesse et la pauvreté, la santé et la maladie, les honneurs et les outrages, la vie et la mort, le sage ne doit ni les chercher, ni les fuir pour lui-même. Ils ne sont bons et désirables que s’ils contribuent à la gloire de Dieu et à ton bonheur éternel, ils sont mauvais et à fuir s’ils lui font obstacle ». (De ascensione mentis in Deum, grad. 1). Ces paroles ne sont assurément pas passées de mode, ce sont des paroles que nous devons méditer longuement aujourd’hui pour orienter notre chemin sur cette terre. Elles nous rappellent que le but de notre vie est le Seigneur, le Dieu qui s’est révélé en Jésus Christ, en qui Il continue à nous appeler et à nous promettre la communion avec Lui. Elles nous rappellent l’importance de s’en remettre au Seigneur, de nous prodiguer dans une vie fidèle à l’Evangile, d’accepter et d’illuminer par la foi et par la prière toute circonstance et toute action de notre vie, toujours tendus vers l’union avec Lui. Merci. * * * Je vous accueille avec joie, chers pèlerins francophones. Je salue en particulier les séminaristes de Nantes et les novices de la Fraternité monastique des Frères de Saint-Jean, ainsi que les nombreux jeunes lycéens et servants d’autel ! Puissiez-vous comprendre toujours mieux que le but de notre vie est le Seigneur Jésus qui nous appelle à la communion avec lui! Bon pèlerinage à tous ! Que Dieu vous bénisse ! Copyright 2011 - Libreria Editrice Vaticana | |
| | | Claude Coowar
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| Sujet: Re: Les Docteurs de l'Eglise catholique . 16/11/2016, 05:58 | |
| http://agora.qc.ca/dossiers/Saint_Albert_le_Grand 28.01 - BIOGRAPHIE DE SAINT ALBERT LE GRAND.
Albertus Magnus. Homme de science, philosophe et théologien allemand du Moyen Age. «Un récent Dictionnaire du Moyen Âge écrit qu'Albert le Grand fut le « premier interprète scolastique de l'ensemble de l'œuvre d'Aristote accessible au Moyen Age » et aussi celui qui "a laissé une œuvre monumentale, de caractère encyclopédique, couvrant tous les domaines du savoir tant en philosophie qu'en théologie" (1). Pour sa part, Benoît Patar, dans son récent Dictionnaire abrégé des philosophes médiévaux, fait du célèbre docteur dominicain rien de moins que "LE philosophe latin du Moyen Âge" (2). Le célèbre philosophe allemand mérite bien son qualificatif de docteur universel et l'ampleur aussi bien que le génie de son jugement, qu'il a appliqué à tous les domaines d'étude, explique que sa réputation ait dépassé le milieu universitaire ». Claude Gagnon, L'alchimie d'Albert le GrandNotes 1. Claude Gauvard, Alain de Libera et Michel Zinc, Dictionnaire du Moyen Âge, Paris, P.U.F., 2002, p. 26. 2. Benoît Patar, Dictionnaire abrégé des philosophes médiévaux, Longueuil, Les Presses Philosophiques, 2000, p. 29. Biographie. Une notice biographique enthousiaste du célèbre religieux « Les Parisiens qui traversaient, en l’année 1245, la place Maubert, étaient témoins d’un bien curieux spectacle. Un homme était là, petit, frêle et débile, religieux dominicain, entouré d’un cercle épais et serré de jeunes clercs studieux et avides de s’instruire, auxquels il exposait, dans un magnifique langage, les connaissances théologiques, philosophiques et scientifiques de l’époque, leur commentant les travaux d’Aristote et d’Avicenne, leur enseignant la logique, la métaphysique, la chimie, l’astronomie, leur dévoilant le mécanisme de l’homme et des animaux, leur infusant la science prodigieuse dont il était pénétré. Dans les rangs de cette phalange qui se pressait autour du savant, on aurait pu voir de jeunes intelligences qui devaient s’illustrer à leur tour : Roger Bacon, avec sa tunique grise et ses sandales qui annonçaient un cordelier; Thomas d’Aquin, qui devait être sanctifié, l’émule de l’illustre maître, le grand scrutateur du monde intellectuel, des facultés physiologiques et de la métaphysique; Thomas de Cantipré, Albert de Saxe, Vincent de Beauvais, Jean de Sacrobosco, Arnold de Villeneuve, Michel Scott, Robert de Sorbon, Guillaume de Saint-Amour, etc. Cet homme, ce professeur en plein vent, qui, comme Abailard (i.e. Abélard), avait été obligé d’entraîner dans la rue la foule immense d’auditeurs que les écoles, trop petites, des cloîtres et des églises, ne pouvaient contenir, se nommait Maître Albert. Il était né, en 1205, à Lavingen, en Souabe, et descendait de la famille des Bollstadt, qui était alors puissante, célèbre et riche, ce qui permit au jeune Albert d’aller étudier tour à tour dans les plus renommées écoles de l’Allemagne, de l’Italie et de la France ; pèlerinage indispensable pour celui qui voulait réunir un vaste réseau de connaissances, à une époque où les hommes profonds étaient si rares, et où chaque savant embrassait dans ses œuvres l’universalité des sciences. On pense que ce fut dans l’Université de Pavie qu’il s’occupa sérieusement de philosophie, de mathématiques et de médecine. Ce fut encore dans celle-ci qu’il se lia avec Jordan, supérieur général de l’ordre des Frères prêcheurs, qui employa tout son ascendant pour l’incorporer dans la congrégation ; car, à cette époque, les Frères prêcheurs, dominicains, ou jacobins, fondés en 1216, s’ils avaient déjà parmi eux des hommes reconnus par leur savoir et leur éloquence, tels que Jordan, Mathieu Bertrand, Garrigues, Laurent, Jean de Navarre, Michel Fabre, Jean de Saint-Alban, médecin de Philippe Auguste, etc., ne se sentaient pas encore assez forts eu égard aux immenses travaux qu’ils préparaient, et cherchaient de toutes parts des hommes capables, par leur génie, leurs talents et leur dévouement, de donner un lustre extraordinaire à la communauté.
Édifié par l’exemple de son ami, subjugué par ses discours, Albert suivit donc l’entraînement de son époque pour la vie monastique, et il prit l’habit dominicain en 1222 ou 1223. Il le fit en Italie, où, après avoir demeuré un an dans un couvent, il alla étudier à Padoue et à Bologne. Lorsqu’il eut achevé ses études, ses chefs l’envoyèrent à Cologne, à Fribourg, à Ratisbonne, à Strasbourg, pour y ouvrir des conférences qui furent pour lui une suite de triomphes. En l’année 1240, nous le voyons fixé à Cologne, où des biographes et des peintres le représentent dans une cellule qu’éclairent à peine quelques rayons de lumière tamisés par d’étroites verrières, entouré de quelques instruments bizarres de physique et d’astronomie, de fourneaux étrangement compliqués, de manuscrits, de minéraux, travaillant au grand œuvre. En 1245, il est à Paris, répandant, comme nous l’avons dit, des flots de science et de philosophie. Il ne resta dans la capitale du royaume de France que trois ans, pour courir ensuite sur les bords du Rhin, où l’on ne voulait pas être plus longtemps privé de ses lumières. En l’année 1254, Albert est fait provincial de son ordre et visite à pied, tant ses mœurs avaient de simplicité, les diverses provinces soumises à sa juridiction. Alexandre IV, dans l’espoir de le fixer dans la capitale du monde chrétien, l’appelle à Rome et lui confère la charge de maître du sacré palais. En 1260, une bulle du pape le nomme évêque de Ratisbonne. La cour de Rome avait pensé que sa haute vertu et son profond savoir pouvaient seuls remédier au désordre temporel et spirituel qui régnait au sein du diocèse qu’on lui confiait. Mais au bout de trois ans, sollicité par le général des dominicains, Humbert de Romans, Albert demandait au pape et obtenait la permission d’abandonner sa prélature; il retournait dans sa chère ville de Cologne, où il avait conquis tant de gloire et goûté de si pures jouissances au milieu de ses études; et c’est avec bonheur qu’il échange un titre magnifique contre sa laborieuse mission de frère prêcheur. Peu après le pape lui ordonne d’aller prêcher la croisade dans toute l’Allemagne et la Bohême. En 1274, un bref de Grégoire X lui enjoint de se rendre au concile de Lyon, où sa confiance l’appelait pour y faire prévaloir, par son éloquence et son autorité, les droits de Rodolphe, roi des Romains. Immédiatement après la session de ce concile, il revint de nouveau reprendre ses leçons publiques à Cologne, champ de gloire pour lui, mais qui fut aussi son champ funéraire, car il y mourut le 15 novembre 1289 (*). Les funérailles du grand homme se firent avec une magnificence en rapport avec sa haute renommée. L’archevêque Sifrid et les chanoines de la cathédrale et des collégiales y assistaient, ainsi qu’une foule de gens nobles et d’hommes du peuple. Son corps fut enterré au milieu du chœur de l’église du couvent des Jacobins, et ses entrailles furent portées à Ratisbonne, qui avait réclamé sa part des restes de son ancien évêque. Albert le Grand, que l’on connaît encore sous les noms d’ Albertus Teutonicus, Albertus de Colonia, Albertus Ratisbonensis, Albertus de Bollstadt, est parvenu à la postérité, enveloppé de je ne sais quel nuage de magie, de sorcellerie, qui est une véritable flétrissure donnée à un si grand génie. D’infimes productions, imprimées parfois en encre rouge, afin de leur donner un cachet plus cabalistique, et répandues dans les campagnes sous le nom de Secrets admirables du Grand Albert, n’ont pas peu contribué à transformer l’admirable professeur, le profond penseur du treizième siècle en un vil sorcier. Heureusement que ses œuvres sont là pour le venger de telles abominations et pour le ranger parmi les plus beaux génies qui ont illustré l’humanité. Parmi les œuvres publiées sous son nom, immense collection de vingt et un volumes in-folio, il en est, il est vrai, qui sont apocryphes ; mais en défalquant ces dernières, il reste un monument qui ne jette pas moins dans une stupéfiante admiration ceux qui veulent bien les lire avec attention et sans parti pris de dénigrer. Albert le Grand est le véritable chef, au moyen âge, de l’École expérimentale. La partie philosophique et scientifique de ses ouvrages n’est au fond qu’un savant commentaire des travaux d’Aristote et d’Avicenne ; mais il les a enrichis de toutes les connaissances renfermées dans les auteurs postérieurs à ces deux grands hommes, et il remplit les lacunes de ses prédécesseurs. Il fut pour l’Occident ce qu’Avicenne avait été pour l’Orient; il agrandit le champ des sciences naturelles en traçant des lois appelées à jeter sur elles le plus vif éclat. C’est surtout dans son Traité des animaux (t. VI de l’édition de Jammy) qu’il faut juger l’évêque de Ratisbonne; c’est là, particulièrement dans les sept derniers livres qui sont du propre fonds d’Albert, que l’on peut voir un tableau exact et complet de l’état de la zoologie au treizième siècle, et découvrir le germe d’une foule de lois scientifiques que notre époque n’a fait que développer et démontrer. N’est-il pas curieux de lui voir, contrairement aux autres anatomistes, - commencer l’histoire du système osseux par la description de la colonne vertébrale, base réelle de tout le premier embranchement de la série animale; de le surprendre considérant la tête comme une série de vertèbres munies de leurs appendices; - essayant de déterminer les facultés de l’âme d’après les organes extérieurs du crâne, - et devançant ainsi Gall et Spurzheim; - descendant l’échelle zoologique depuis l’homme jusqu’à l’éponge qui en est le dernier terme; - définissant très-exactement l’espèce, - montrant le mécanisme au moyen duquel on fait un genre avec les espèces; - posant ainsi les bases d’une véritable classification; décrivant, par ordre alphabétique, toutes les espèces animales connues; - désignant nos Annélidés d’aujourd’hui sous le nom d’ animalium annulosorum; - décrivant dans cent soixante pages in-folio la physiologie et l’anatomie des plantes, leur sommeil, leur engourdissement nocturne, les diverses espèces connues; - passant en revue les minéraux; - inventant le mot affinité dans le sens que nous lui attachons aujourd’hui; - déclarant positivement que les empreintes à formes organiques qu’on rencontre sur différentes pierres ne sont que des êtres pétrifiés, … Au reste, si Albert le Grand a eu ses détracteurs, qui semblent ne l’avoir pas même lu, ou qui n’ont pas fait la part ni du temps où il écrivait, ni des nombreuses et indigestes productions qu’on a publiées sous son nom; d’autres écrivains, après l’avoir médité, après avoir fait un triage nécessaire dans cette immense encyclopédie de vingt et un volumes in-folio, ont rendu justice à l’admirable religieux dominicain, en le considérant comme le plus grand génie qui soit sorti des flancs de l’humanité. Paul Jove, Trithème, Blount, Quenstedt, Bayle, Tiedmann, Jourdain, de Gérando, Cuvier, de Blainville, Meyer, Choulant, Dafin, d’ Orbigny, Villemain, Haureau, etc., et surtout, dans ces derniers temps, M. F. A. Pouchet (Histoire des sciences naturelles au moyen âge, ou Albert le Grand et son époque, Paris, 1853, in-8), montrent Albert de Bollstadt tel qu’il a été : l’Aristote chrétien. On trouvera le catalogue complet des œuvres d’Albert le Grand dans les Scriptores ordinis praedicat des PP. Quetif et Echard, p. 171; il n’y comprend pas moins de douze pages in-folio. Fabricius (Bibl. lat. med. Et inf. aetatis) a aussi fait l’analyse des vingt et un volumes des œuvres complètes du célèbre religieux. Les amateurs de livres rares tâcheront de se procurer les éditions suivantes : - I. Opus de Animalibus (sive de rerum proprietatibus), Romae, 1478, in-folio. Édition regardée comme la première de cet ouvrage. – II. De Secretis mulierum opus, 1478, in-4 gothique, très-souvent réimprimé dans le quinzième siècle. On y a fréquemment ajouté, particulièrement dans les éditions de 1643, 1655, 1662 et 1699, le Secreta virorum, qui n’est pas d’Albert le Grand. – III. Liber secretorum de virtutibus herbarum, lapidum et animalium. 1478, in-4, première édition de ce livre très-souvent réimprimé. – IV. Albertus Magnus, Ratisbonensis episcopus, ordin. Praedicator. Opera omnia, edita studio et labore P. Petri Jammy. Lugduni, 1651, 21 vol. in-fol. Collection très-recherchée et qui atteint dans les ventes le prix de 300 francs. » A. Chéreau, article « Albert le Grand », dans Jacques Raige-Delorme et Amédée Dechambre (dir.), Dictionnaire encyclopédique des sciences médicales. [Première série]. Tome deuxième, Adh-Alg. Paris, P. Asselin, V. Masson et fils, 1865, p. 394-397 (*) Il s'agit sans doute d'une coquille. L'année admise de son décès est 1280.* * * Albert le Grand et l'alchimie « Encyclopédie vivante du moyen âge, Albert, né en 1193, à Lavingen, sur le Danube, enseigna successivement la philosophie à Ratisbonne, à Cologne, à Strasbourg, à Hildesheim, enfin à Paris où le nom de la place Maubert (dérivé de Ma, abréviation de magister, et d’Albert) en rappelle encore le souvenir. Provincial de l’ordre des Dominicains, il fut nommé évêque de Ratisbonne. Mais préférant, exemple rare, l’étude des sciences aux dignités de l’Église, il se démit de ses fonctions épiscopales, et mourut, en 1280, à l’âge de quatre-vingt-sept ans, dans un couvent, près de Cologne. Les ouvrages imprimés d’Albert le Grand forment 21 volumes in-fol. (Lyon, 1651, édit. De P. Jammi). Ce vaste recueil contient plusieurs traités qui intéressent l’histoire de la chimie. Le petit traité de Alchimia donne des renseignements précieux sur l’état de la science au treizième siècle. L’auteur commence par déclarer qu’il est impossible de tirer quelques lumières des écrits alchimiques. « Ils sont, dit-il, vides de sens et ne renferment rien de bons… J’ai connu des abbés, des chanoines, des directeurs, des physiciens, des illettrés, qui avaient perdu leur temps et leur argent à s’occuper d’alchimie » – Il conseille surtout aux adeptes de fuir tout rapport avec les princes et les grands : « Car si tu as, ajoute-t-il, le malheur de t’introduire auprès d’eux, ils ne cesseront pas de te demander : Eh bien, maître, comment va l’œuvre ? Quand verrons-nous enfin quelque chose de bon ? Et, dans leur impatience, ils finiront par te traiter de filou, de vaurien, etc., et te causeront mille ennuis. Et si tu n’obtiens aucun résultat, ils te feront sentir tout l’effet de leur colère. Si, au contraire, tu réussis, ils te garderont dans une captivité perpétuelle, afin de te faire travailler à leur profit » . Cet avertissement nous dépeint les relations des alchimistes avec les seigneurs d’alors. Malgré quelques doutes, Albert croyait à la possibilité de la transmutation des métaux. Voici les arguments qu’il invoque à l’appui de sa croyance : « Les métaux sont tous identiques dans leur origine ; ils ne diffèrent les uns des autres que par leur forme. Or la forme dépend des causes accidentelles que l’artiste doit chercher à découvrir et à éloigner ; car ce sont ces causes qui entravent la combinaison régulière du soufre et du mercure, éléments de tout métal. Une matrice malade donne naissance à un enfant infirme et lépreux, bien que la semence ait été bonne ; il en est de même des métaux engendrés au sein de la terre, qui leur sert de matrice : une cause accidentelle ou une maladie locale peut produire un métal imparfait. Lorsque le soufre pur rencontre du mercure pur, il se produit de l’or au bout d’un temps plus ou moins long, par l’action permanente de la nature. Les espèces sont immuables et ne peuvent, à aucune condition, être transformées les unes en les autres. Mais le plomb, le cuivre, le fer, l’argent, etc., ne sont pas des espèces, c’est une même essence, dont les formes diverses vous semblent des espèces ». Ces arguments furent souvent reproduits par les alchimistes. Ils étaient acceptés comme des lois au beau temps des nominalistes et des réalistes. Albert le Grand a l’un des premiers employé le mot affinité dans le sens qu’y attachent aujourd’hui les chimistes. « Le soufre, dit-il, noircit l’argent et brûle en général les métaux, à cause de l’affinité naturelle qu’il a pour eux (propter affinitatem naturae metalla adurit) » (1). – Il paraît avoir aussi appliqué pour la première fois le mot vitreolum à l’ atrament vert, qui était le sulfate de fer. Que faut-il entendre par esprit métallique et par élixir ? Voici la réponse d’Albert : « Il y a quatre esprits métalliques : le mercure, le soufre, l’orpiment et le sel ammoniac, qui tous peuvent servir à teindre les métaux en rouge (or) ou en blanc (argent). C’est avec ces quatre esprits que se prépare la teinture, appelée en arabe élixir, et en latin fermentum, destinée à opérer la transsubstantiation des métaux vils en argent ou en or ». Mais l’auteur a soin de nous avertir que l’or des alchimistes n’était pas de l’or véritable. Ce n’était probablement que du chrysocale. Il connaissait aussi le cuivre blanc (alliage de cuivre et d’arsenic), qu’il se gardait bien de prendre pour de l’argent. Albert le Grand démontra le premier, par la synthèse, que le cinabre ou pierre rouge (lapis rubens), qui se rencontre dans les mines d’où l’on retire le vif argent, est un composé de soufre et de mercure. « On produit, dit-il, du cinabre sous forme d’une poudre rouge brillant en sublimant du mercure avec du soufre. » Il a décrit très-exactement la préparation de l’acide nitrique, qu’il nomme eau prime, ou eau philosophique au premier degré de perfection. Il en indique en même temps les principales propriétés, surtout celles d’oxyder les métaux et de séparer l’argent de l’or. Ce qu’il appelle eau seconde était une espèce d’eau régale obtenue en mêlant quatre parties d’eau prime avec une partie de sel ammoniac. Pour avoir l’eau tierce, on devait traiter, à une chaleur modérée, le mercure blanc par l’eau seconde. Enfin l’eau quarte était le produit de distillation de l’eau tierce qui, avant d’être distillée, devait rester, pendant quatre jours, enfouie dans du fumier de cheval. Les alchimistes faisaient le plus grand cas de cette eau quarte, connue sous les noms de vinaigre des philosophes, d’eau minérale, de rosée céleste, etc. » (1) De Rebus metallicis, Rouen, 1476. Ferdinand Hoefer, Histoire de la physique et de la chimie : depuis les temps les plus reculés jusqu'à nos jours, Paris, Hachette, 1872, p. 365-367 Oeuvres Oeuvres numérisées sur le site Gallica (Bibliothèque nationale de France) - mode image, format PDF Documentation Publications anciennes Kennedy, D.J. chapitre 3 (The Experimental Sciences - Albertus Magnus - Roger Bacon) de l'ouvrage St. Thomas Aquinas and Medieval Philosophy, New York, The Encyclopedia Press, Inc., 1919 (Jacques Maritain Center). Mandonne, P. "Albert le Grand et les Economiques d'Aristote", Archives d'histoire doctrinale et littéraire du Moyen-âge, année 8, 1933, p. 29-35 (Bibliothèque nationale de France, Gallica - mode image, format PDF) Solages, Bruno de. « La cohérence de la métaphysique de l'âme d'Albert le Grand », dans Mélanges Cavallera. Toulouse, Bibliothèque de l'Institut Catholique, 1948. Publications contemporaines Hergan, Jeffrey P. St. Albert the Great's Theory of Beatific Vision. New York, Peter Lang, 2002, X-161 p. Libera, Alain de. Albert le Grand et la philosophie. Paris, Vrin, 1990. Libera, Alain de. La mystique rhénane d'Albert le Grand à Maître Eckhart. Paris, Seuil, 1994. Coll. « Points Sagesses ». Date de création : 2012-04-01 | Date de modification : 2012-04-01 | |
| | | Claude Coowar
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| Sujet: Re: Les Docteurs de l'Eglise catholique . 16/11/2016, 07:38 | |
| http://www.op.org/fr/content/saint-albert-le- grand 28.02 - Saint Albert Le Grand.
Patron des scientifiques. Selon les conceptions médiévales, Albert, qui avait plus de cinquante ans, était un homme âgé. Il faisait partie de ces prêcheurs qui avaient été attirés à l'ordre et revêtus de l'habit dominicain par Jourdain de Saxe lui-même, successeur de saint Dominique. Cela avait eu lieu en 1229 à Padoue, où Albert - qui n'était déjà plus un tout jeune homme - étudiait à l'université de la ville. Né à Lauingen en Souabe d'une famille de fonctionnaires ou de militaires, c'était un homme circonspect, à qui il fallait du temps pour se former et s'orienter. Tel fut le cas pour son entrée dans l'ordre. Assez longtemps, il fréquenta le couvent des prêcheurs de Padoue ; il songeait à y entrer, mais ne se décidait pas : il craignait de ne pouvoir en supporter les austérités. Il fut persuadé par l'infatigable Jourdain. Albert lui-même a souvent évoqué l'histoire de sa vocation, et Gérard de Frachet, autre prêcheur, en a fait le récit dans sa Vie des frères : Il rêva une nuit qu'il était entré dans l'ordre des prêcheurs, mais l'avait bientôt abandonné. En se réveillant, il se réjouit de n'avoir pas pris l'habit de l'ordre et se dit à lui-même : « Je vois bien que ma crainte de devenir frère prêcheur était justifiée ». Mais, continue Gérard de Frachet, ce même jour Albert entendit un sermon de Jourdain qui décrivait précisément le dilemme où il se trouvait et montrait la crainte de ne pouvoir tenir comme une tentation du démon. Le jeune Albert, bouleversé par ces paroles, alla aussitôt après le sermon trouver Jourdain et lui demanda : « Maître, qui vous a fait lire dans mon coeur ? » . Et il s'ouvrit à lui de ses projets et de son rêve. Mais le maître de l'ordre lui répondit avec assurance : "Je te promets, mon fils, que si tu entres dans notre ordre, tu ne l'abandonneras jamais" , et il le lui répéta plusieurs fois. Sur une assurance aussi ferme, Albert se tourna de grand coeur vers l'ordre des prêcheurs et entra aussitôt au convent. Selon l'usage, il fut envoyé dans sa patrie, l'Allemagne. Il fit à Cologne son noviciat et ses études théologiques, et accéda au sacerdoce. Aussitôt on le nomma lecteur dans différents couvents récemment fondés de la province allemande de l’ordre: car, selon les constitutions, aucun couvent ne pouvait être fondé s'il ne disposait pas d'un lecteur, chargé de compléter la formation théologique des frères (le prieur du couvent lui-même devait suivre les cours du lecteur). Il ne s'agissait d'ailleurs pas de hautes spéculations théologiques, mais plutôt d'un apport théologique à la pastorale . Manifestement il y avait peu de lecteurs dans la province, c'est pourquoi Albert exerça cette charge successivement à Hildesheim, Ratisbonne, Fribourg et Strasbourg. C'est alors -entre 1234 et 1242 -que parurent ses premières oeuvres, entre autres le début d'un Traité des vertus et l'une de ses oeuvres les plus populaires, la Louange de Marie. En 1242, il fut envoyé par le maître de l'ordre à la faculté de théologie de Paris pour y enseigner en tant que bachelier et y obtenir le grade de maître. Le bachelier, à peu près comparable au professeur assistant d'aujourd'hui, devait faire une année un cours d'Écriture sainte et, l'année suivante, se consacrer aux commentaires des quatre livres des Sentences de Pierre Lombard, alors la plus importante œuvre de théologie. Les deux cours se donnaient sous la direction du maître, dont le statut correspondait à celui du professeur d'aujourd'hui. Ayant passé l'examen de maîtrise, Albert se vit attribuer en 1245 une des deux chaires de théologie qui, à Paris, avaient été confiées à l'ordre des prêcheurs. Ces chaires n'étaient accordées que pour trois ans : on désirait donner la possibilité d'enseigner à de nombreux frères qualifiés. Il était d'usage que les cours fussent données dans la « maison » du professeur : en l'occurrence, au couvent Saint-Jacques qui se trouva bientôt trop petit, tant les étudiants se pressaient aux cours d'Albert. Quelques-uns de ses collègues, peut-être un peu jaloux, le dénigrèrent comme " novateur " : en cela ils n'avaient pas tort, car Albert introduisit dans ses cours la pensée d'Aristote. C'était une entreprise audacieuse : en 1215, le légat du pape à Paris avait interdit de se servir, pour les cours de la faculté de théologie, des oeuvres d’Aristote portant sur les sciences naturelles et sur la métaphysique . Le pape Grégoire IX avait renouvelé cette interdiction en 1231, mais en même temps avait nommé une commission de maîtres chargés d'examiner la Physique du philosophe antique . Presque rien n'avait encore été fait lorsque maître Albert se mit à l'ouvrage. La tâche cadrait bien avec ses intérêts personnels. Bien que ne disposant que de traductions latines assez défectueuses, il réussit à insérer la philosophie aristotélicienne dans la théologie scolastique. Il procéda à ce travail avec un esprit libre de préjugés. Il écrit à peu près ceci : « Nous n'avons pas, dans les sciences naturelles, à approfondir la façon dont le Créateur, selon sa volonté libre, s'est servi de sa création pour faire des merveilles où sa toute-puissance se manifeste ; nous avons plutôt à rechercher ce qui peut arriver dans la nature de façon naturelle par la causalité propre aux choses de la nature » . Ailleurs il dit tout net : « Je n'ai rien à voir avec les miracles quand je traite des sciences physiques » . Et c'est à partir de recherches empiriques qu'il se formait une opinion : « Il faut bien du temps avant de pouvoir affirmer que dans une observation toute erreur est exclue. Préparer l'observation d'une certaine façon ne suffit pas, il faut la répéter sous les aspects les plus divers, afin de pouvoir trouver avec certitude la véritable cause de ce qui se manifeste » . Cette méthode empirique, aujourd'hui, va de soi : mais c'était une innovation audacieuse, en un temps où, derrière chaque événement naturel surprenant, on supposait aussitôt un miracle, une intervention immédiate de Dieu. Au cours de ses trois ans de séjour à Paris naquirent les premiers écrits philosophiques d'Albert, début d'une grande œuvre qui devait l'occuper constamment jusqu'à sa mort. En 1248, il repartit pour Cologne afin d'y diriger le studium generale (ou centre d'études supérieures) de l'ordre. Outre un travail d'organisation, il se consacrait surtout à l'enseignement de la théologie et de la philosophie . Et parmi les étudiants qui, de tous pays, venaient se rassembler à Cologne, il y avait Thomas d'Aquin. Comme il était courant alors, il écrivait les cours du maître, et nous possédons encore de ces notes de cours, difficiles à lire et détériorées car il les emportait partout avec lui. Thomas, dans ses écrits, n'a jamais fait allusion à ce qu'il devait à Albert : une remarque aussi personnelle ne correspondait pas à sa réserve. Mais il l'a souvent cité ; mieux encore, il l'a placé, en tant qu'autorité scientifique, au rang des auteurs célèbres de la tradition -et c'est là le plus grand éloge qu'on pouvait faire alors d'un auteur contemporain. Surtout, Thomas a hérité d'Albert cette liberté d'esprit qui devrait aller de soi quand on traite de physique et de philosophie, et qui caractérisait son professeur. Ainsi, Thomas écrivait quelques années plus tard : « La vérité de notre foi devient la risée de l'incroyant quand un chrétien, ne possédant pas les connaissances scientifiques suffisantes, tient pour article de foi quelque chose qui n'en est pas en réalité et qui, à la lumière d'un examen scientifique approfondi, se révèle une erreur » . Albert aurait pu écrire cette phrase : elle est née de son esprit. A la différence de Thomas, Albert avait, entre 1248 et 1274, assumé des fonctions dirigeantes dans l'ordre et dans l'Église. De 1254 à 1257 il fut provincial de la province d'Allemagne qui s'étendait alors d’Utrecht à Riga et de Hambourg à l'Autriche. Sa fonction de provincial l'obligeait à visiter les couvents de prêcheurs et de dominicaines, qui étaient alors au moins quarante-cinq. Il commença par rappeler l'obligation pour les prêcheurs de ne voyager qu'à pied et reprit sévèrement un prieur qui s'était rendu à cheval au chapitre provincial. C'est ainsi qu'il se rendait d'un couvent à l'autre, avec son secrétaire - alors qu'il avait plus de soixante ans. On n'a pas conservé de comptes rendus de ces visites, mais deux documents intéressants sont parvenus jusqu'à nous : les observations personnelles qu'il avait faites au cours de ses pérégrinations et groupées sous les titres Livre des animaux et Livre des plantes. Tout ce qu'il rencontrait l'intéressait, et le soir, dans quelque couvent ou hospice de voyageurs, il s'asseyait pour noter ses remarques - par exemple, sur une méduse qu'il avait observée au bord de la mer : « Une fois tirée de l'eau, elle resta allongée immobile, perdant sa forme, coula comme un blanc d'œuf et s'effondra. Lorsque nous la remîmes à l'eau, elle y resta un moment sans bouger, puis retrouva sa forme hémisphérique et avança, comme auparavant, par des mouvements d'extension et de contraction ».L'événement décisif de ces années fut pour lui un voyage à la cour pontificale, à Anagni, où il défendit devant le pape Alexandre l'ordre attaqué par quelques professeurs de l'université de Paris. Le pape le retint quelques mois à sa cour et le chargea d'enseigner à l'École pontificale : il y donna des cours sur l'évangile de saint Jean et les épîtres pastorales. Mais lorsqu’enfin, libéré de sa charge de provincial, il put regagner sa cellule conventuelle à Cologne, ce furent les bourgeois de cette ville qui le firent pénétrer dans la vie politique. En 1252, déjà, il avait servi de médiateur entre les bourgeois et le belliqueux archevêque Conrad de Hochstaden : il s'agissait surtout alors de droit de douane. Lors de ce second arbitrage, en 1257, on en était arrivé à une véritable petite guerre entre la ville et l'archevêque, guerre que celui-ci prolongeait en imposant aux bourgeois des restrictions pour leur commerce et en exigeant d'eux des modifications de leur administration. Il fallut à Albert et aux autres arbitres des semaines d'étude pour voir clair dans ces tractations malaisées, car il n'y avait guère alors de droit écrit et l'on invoquait toujours le droit coutumier. Lors qu’enfin on put préciser les limites des droits tant de la ville que de l'archevêque, on estima avoir fait le maximum de ce qui était possible. Les bourgeois furent visiblement très satisfaits du rôle d'arbitre qu'avait joué Albert : au cours des années suivantes, ils lui demandèrent de jouer ce rôle assez souvent, simplement à cause de sa personnalité (car il n'était nullement juriste) et de sa réputation de « savant universel ». Ces braves bourgeois ne devaient guère, pourtant, avoir lu ses oeuvres. Il était plongé dans ces questions lorsque le pape le nomma évêque de Ratisbonne (ville libre impériale de Bavière). Son activité n'y fut pas de longue durée, mais les circonstances de cette nomination nous éclairent également sur sa personnalité. Le maître de l'ordre, Humbert de Romans, était depuis quelque temps au fait des intentions du pape et n'approuvait pas cette élection : il écrivit à Albert pour le conjurer de refuser, se fondant sur les décisions de plusieurs chapitres généraux qui n'autorisaient l'acceptation d'une telle charge que dans des cas exceptionnels. " Qui de nous, qui des mendiants résistera à l'attrait de dignités ecclésiastiques, lui écrivait-il, si vous y succombez aujourd'hui - Ne citera-t-on pas votre exemple comme excuse -Qui, parmi les laïcs, ne se sentira scandalisé, qui ne dira que, loin d'aimer la pauvreté, nous ne la subissons que jusqu'au moment où nous pouvons nous en défaire ? " . Et la conclusion était pathétique : " Plutôt que de voir mon fils bien-aimé dans la chaire épiscopale, je préférerais le voir au cercueil ". Le zèle inquiet d'Humbert de Romans était justifié : qu'un moine mendiant fût évêque de Ratisbonne - et par là même prince d'Empire - il y avait là une contradiction. Mais par ailleurs on peut assurer qu'était justifiée aussi l'inquiétude du pape devant l'état affligeant du diocèse, dont l'évêque n'avait échappé qu'en se démettant de sa charge à un procès imminent pour dissipation des biens d'Église et autres graves abus.Albert se décida à accepter ce siège épiscopal avec l'intention d'y renoncer dès qu'il ne serait plus nécessaire. En un an il réussit à remettre en ordre la situation financière et, avec l'aide de quelques abbés bénédictins et grâce à des tournées pastorales, à revivifier le service des âmes ~ qui avait été négligé. Pour la population, il était si inhabituel de voir un évêque arriver non en prince d'Empire, à cheval et en cuirasse, mais à pied, en vêtements de laine écrue, chaussé de simples sandales, qu'ils donnèrent à Albert un surnom : le « porteur de sandales ». Quand Albert pensa avoir trouvé, en la personne du doyen de la cathédrale, un successeur possible, il alla trouver à Anagni le pape Urbain IV, le pria d'accepter sa démission et lui suggéra de désigner comme évêque de Ratisbonne le doyen Léon. Le pape fut d'accord sur tout cela. Mais au lieu de laisser Albert retourner à Cologne et reprendre ses commentaires d'Aristote, il le retint dans sa cour d'Anagni, puis l'envoya comme légat pontifical prêcher en Allemagne la croisade qu'on préparait. Pendant trois ans (1261-1264) ce septuagénaire parcourut les régions de langue allemande faisant alors partie de l'Empire. Il n'est rien resté de ces prédications. Mais nous sommes renseignés sur diverses négociations au sujet de fonctions épiscopales, ainsi que sur ses interventions comme arbitre entre évêques et bourgeois, entre religieux et seigneurs féodaux, entre évêques et religieux, et aussi entre couvents. La mort d'Urbain IV (1264) mit fin à sa charge de légat, et Albert se retira dans le couvent des prêcheurs de Würzburg pour y rédiger son grand Commentaire sur l'évangile de saint Luc. En 1267 il s'installa dans le couvent d'études de Strasbourg, où enseignait son élève Ulrich de Strasbourg. Il est certain que lui-même y donna aussi des cours. Tout comme à Würzburg, il fut appelé à arbitrer des litiges. A soixante-quinze ans, en 1268, il se rendit au Mecklembourg pour aplanir un différend entre la secte des johannites (conférant le baptême au nom de saint Jean-Baptiste) et le duc slave Barnim. Il ne recherchait pas de telles missions de conciliation, préférant servir l'ordre dans le recueillement de sa cellule de Strasbourg. Le maître de l'ordre lui envoya, en 1269, une lettre de remerciements qui se termine ainsi : « Pour tout cela je te remercie, autant qu'il m'est possible, et te prie de continuer ce que tu as commencé de façon si louable, de telle sorte que ce soit pour toi un mérite, pour les frères un encouragement, pour tous ceux qui en sont témoins un exemple ». Cependant lorsque, peu après, le maître de l'ordre lui demanda de se charger pour la seconde fois de la chaire de théologie de Paris, Albert refusa, car il ne voulait plus être mêlé à la querelle suscitée par l'université de Paris : c'est alors qu'on fit appel à son élève, Thomas d'Aquin. Mais il ne trouva pas le repos pour autant : une demande de secours lui parvint de Cologne. Alors qu'il y était comme légat, il avait travaillé à la réconciliation entre l'archevêque Engelbert, successeur de Conrad, et les bourgeois. Mais depuis lors la situation s'était aggravée. Au cours d'une expédition militaire contre la ville et ses alliés, Engelbert avait été fait prisonnier. On le retenait au château de Nideggen, dans l'Eifel. Le légat que le pape avait désigné pour cette affaire avait, sans entendre les bourgeois, pris parti pour l'archevêque et exigé sa libération. N'ayant pas été obéi, il lança l'interdit sur la ville. Pire encore : en août 1270, tout commerce avec les bourgeois de Cologne entraînait l'excommunication. C'était atteindre la ville dans ses sources vives, et le maintien de cette mesure aurait signifié sa ruine. Au point où l'on en était, il n'était pas question de rendre une sentence arbitrale dans les formes habituelles. Pour le légat, la seule question à envisager était la totale soumission des bourgeois. Albert misa tout sur une seule carte : il se rendit auprès de l'archevêque prisonnier et eut avec lui un entretien personnel, au terme duquel celui-ci consentit à faire la paix avec la ville. Des relations contemporaines et certains des biographes d'Albert exagèrent probablement en parlant d'une " conversion " d'Engelbert : il était trop prince d'Empire et trop peu évêque. En tout cas, la paix de Cologne de 1271 rendit à la ville ses droits ancestraux. Le document porte aussi le sceau d'Albert. L'archevêque respecta le traité, et c'était l'essentiel. Mais le légat pontifical tenait ferme à son interdit, qui à vrai dire n'avait plus guère d'effet, car l'archevêque lui-même éleva une réclamation auprès de la Curie, contre cette mesure. Comme d'habitude, le procès traîna en longueur. Au concile de Lyon, Albert intervint auprès du pape en faveur de la ville : mais ce n'est qu'en 1275 que le successeur d'Engelbert put faire lever l'interdit. Albert demeura à Cologne, dans le couvent des prêcheurs, où il enseigna et travailla à son Commentaire du livre de Job. Mais appelé en tant qu'arbitre par les corporations les plus diverses, il voyageait constamment. Il fit son dernier grand voyage en 1274 - âgé de plus de quatre-vingts ans - pour se rendre au concile de Lyon et y soutenir la confirmation par le pape de l'élection de Rodolphe de Habsbourg, désigné comme roi des Romains par les princes allemands en 1273. Ce n'est que les toutes dernières années de sa vie que maître Albert put jouir d'une relative tranquillité. Il dictait, il faisait à l'occasion un cours et à ce sujet une légende se répandit plus tard, quand on chercha à le défendre d'avoir pratiqué la magie et d'avoir été surtout un homme de science et un philosophe " païen " : mais le fond de la légende est vrai en ce qu'il traduit l'amour qu'Albert portait à la Vierge Marie. Un jour, disait-on, comme il faisait un cours, la mémoire lui manqua. Alors il raconta à ses auditeurs qu'autrefois il avait eu une vision : « Ce que je ne pouvais discerner à force d'étude, je le trouvais souvent dans la prière. Je priais constamment la Mère de Dieu, la Mère de miséricorde, lui disant que je voulais être illuminé, grâce à son intercession, de la lumière de la sagesse divine, et lui demandant de garder mon coeur ferme dans la foi afin qu'empêtré dans la philosophie, je n'en arrive pas à vaciller dans la foi au Christ. A la fin, la meilleure des mères m'apparut et me consola : sois fidèle à l'étude et persévérant dans la vertu, me dit-elle. Dieu veut par ta science éclairer l'Église. Mais pour que tu ne vacilles pas dans la foi, avant ta mort toute ta philosophie te sera ôtée. C'est dans ton innocence et ta sincérité d'enfant et dans la vérité de ta foi que Dieu t'enlèvera à ce monde. Et voilà le signe qui t'avertira que ton temps est arrivé dans un cours public, ta mémoire t'abandonnera ». Albert consacra les derniers mois de sa vie à prier et à méditer dans sa cellule. Il n'en sortait que rarement, soutenu par son secrétaire Gottfried, pour se rendre sur les tombes de ses frères. Souvent, pour se préparer à la mort, il assistait dans l'église à l'office des défunts. Il ne recevait plus aucune visite. Un témoignage contemporain nous dit : « Un jour que l'archevêque était venu au couvent pour le voir et avait frappé à la porte de sa cellule, il entendit une voix lui répondre "Frère Albert n'est pas ici ". L'archevêque se retira et dit, les larmes aux yeux : « C'est vrai, Albert n'est plus ici ». « Il mourut entouré des prières de ses frères, le 15 novembre 1280 ». | |
| | | Claude Coowar
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| Sujet: Re: Les Docteurs de l'Eglise catholique . 16/11/2016, 08:01 | |
| http://w2.vatican.va/content/benedict-xvi/fr/audiences/2010/documents/hf_ben-xvi_aud_20100324.html 28.03 - SAINT ALBERT LE GRAND. Selon l'autorité théologique de SA SAINTETE, LE PAPE BENOIT XVI.
AUDIENCE GÉNÉRALE Place Saint-Pierre Mercredi 24 mars 2010 Chers frères et sœurs, L'un des plus grands maîtres de la théologie médiévale est saint Albert le Grand. Le titre de « grand » (magnus), avec lequel il est passé à l'histoire, indique l'étendue et la profondeur de sa doctrine, qu'il associa à la sainteté de sa vie. Mais ses contemporains déjà n'hésitaient pas à lui attribuer des titres d’excellence ; l'un de ses disciples, Ulrich de Strasbourg, le définit comme « merveille et miracle de notre temps ». Il naquit en Allemagne au début du XIIIe siècle, et tout jeune encore, il se rendit en Italie, à Padoue, siège de l'une des plus célèbres universités du moyen-âge. Il se consacra à l'étude de ce que l'on appelle les « arts libéraux » : grammaire, rhétorique, dialectique, arithmétique, géométrie, astronomie et musique, c'est-à-dire de la culture générale, manifestant cet intérêt typique pour les sciences naturelles, qui devait bientôt devenir le domaine de prédilection de sa spécialisation. Au cours de son séjour à Padoue, il fréquenta l'église des dominicains, auxquels il s'unit par la suite avec la profession des vœux religieux. Les sources hagiographiques font comprendre qu'Albert a pris cette décision progressivement. - Le rapport intense avec Dieu, - l'exemple de sainteté des frères dominicains, - l'écoute des sermons du bienheureux Jourdain de Saxe, successeur de saint Dominique à la tête de l'Ordre des prêcheurs, furent les facteurs décisifs qui l'aidèrent à surmonter tout doute, vainquant également les résistances familiales. Souvent, dans les années de notre jeunesse, Dieu nous parle et nous indique le projet de notre vie. Comme pour Albert, pour nous tous aussi, la prière personnelle nourrie par la Parole du Seigneur, l'assiduité aux sacrements et la direction spirituelle donnée par des hommes éclairés sont les moyens pour découvrir et suivre la voix de Dieu. Il reçut l'habit religieux des mains du bienheureux Jourdain de Saxe. Après son ordination sacerdotale, ses supérieurs le destinèrent à l'enseignement dans divers centres d'études théologiques liés aux couvents des Pères dominicains. Ses brillantes qualités intellectuelles lui permirent de perfectionner l'étude de la théologie à l'Université la plus célèbre de l'époque, celle de Paris. Albert entreprit alors l'activité extraordinaire d'écrivain, qu'il devait poursuivre toute sa vie. Des tâches prestigieuses lui furent confiées. En 1248, il fut chargé d'ouvrir une université de théologie à Cologne, l'un des chefs-lieux les plus importants d'Allemagne, où il vécut à plusieurs reprises, et qui devint sa ville d'adoption. De Paris, il emmena avec lui à Cologne un élève exceptionnel, Thomas d'Aquin. Le seul mérite d'avoir été le maître de saint Thomas d'Aquin suffirait pour que l'on nourrisse une profonde admiration pour saint Albert . Entre ces deux grands théologiens s'instaura un rapport d'estime et d'amitié réciproque, des attitudes humaines qui contribuent beaucoup au développement de la science. En 1254, Albert fut élu provincial de la « Provincia Teutoniae » – teutonique – des Pères dominicains, qui comprenait des communautés présentes dans un vaste territoire du centre et du nord de l'Europe. Il se distingua par le zèle avec lequel il exerça ce ministère, en visitant les communautés et en rappelant constamment les confrères à la fidélité, aux enseignements et aux exemples de saint Dominique. Ses qualités n'échappèrent pas au pape de l'époque, Alexandre IV, qui voulut Albert pendant un certain temps à ses côtés à Anagni – où les papes se rendaient fréquemment – à Rome même et à Viterbe, pour bénéficier de ses conseils théologiques. Ce même souverain pontife le nomma évêque de Ratisbonne, un grand et célèbre diocèse, qui traversait toutefois une période difficile. De 1260 à 1262, Albert accomplit ce ministère avec un dévouement inlassable, réussissant à apporter la paix et la concorde dans la ville, à réorganiser les paroisses et les couvents, et à donner une nouvelle impulsion aux activités caritatives. Dans les années 1263-1264, Albert prêcha en Allemagne et en Bohême, envoyé par le pape Urbain IV, pour retourner ensuite à Cologne et reprendre sa mission d'enseignant, de chercheur et d'écrivain. Etant un homme de prière, de science et de charité, il jouissait d'une grande autorité dans ses interventions, à l'occasion de divers événements concernant l'Eglise et la société de l'époque: ce fut surtout un homme de réconciliation et de paix à Cologne, où l'archevêque était entré en opposition farouche avec les institutions de la ville; il se prodigua au cours du déroulement du II Concile de Lyon, en 1274, convoqué par le pape Grégoire X pour favoriser l'union avec les Grecs, après la séparation du grand schisme d'Orient de 1054; il éclaircit la pensée de Thomas d'Aquin, qui avait rencontré des objections et même fait l'objet de condamnations totalement injustifiées. Il mourut dans la cellule de son couvent de la Sainte-Croix à Cologne en 1280, et il fut très vite vénéré par ses confrères. L'Eglise le proposa au culte des fidèles avec sa béatification, en 1622, et avec sa canonisation, en 1931, lorsque le pape Pie XI le proclama Docteur de l'Eglise. Il s'agissait d'une reconnaissance sans aucun doute appropriée à ce grand homme de Dieu et éminent savant non seulement dans le domaine des vérités de la foi, mais dans de très nombreux autres domaines du savoir; en effet, en regardant le titre de ses très nombreuses œuvres, on se rend compte que sa culture a quelque chose de prodigieux, et que ses intérêts encyclopédiques le conduisirent à s'occuper non seulement de philosophie et de théologie, comme d'autres contemporains, mais également de toute autre discipline alors connue, de la physique à la chimie, de l'astronomie à la minéralogie, de la botanique à la zoologie. C'est pour cette raison que le pape Pie XII le nomma patron de ceux qui aiment les sciences naturelles et qu'il est également appelé "Doctor universalis" », précisément en raison de l'ampleur de ses intérêts et de son savoir. Les méthodes scientifiques utilisées par saint Albert le Grand ne sont assurément pas celles qui devaient s'affirmer au cours des siècles suivants. Sa méthode consistait simplement dans l'observation, dans la description et dans la classification des phénomènes étudiés, mais ainsi, il a ouvert la porte pour les travaux à venir. Il a encore beaucoup à nous enseigner. Saint Albert montre surtout qu'entre la foi et la science il n'y a pas d'opposition, malgré certains épisodes d'incompréhension que l'on a enregistrés au cours de l'histoire. Un homme de foi et de prière comme saint Albert le Grand, peut cultiver sereinement l'étude des sciences naturelles et progresser dans la connaissance du micro et du macrocosme , découvrant les lois propres de la matière, car tout cela concourt à abreuver sa soif et à nourrir son amour de Dieu. La Bible nous parle de la création comme du premier langage à travers lequel Dieu – qui est intelligence suprême – nous révèle quelque chose de lui. Le Livre de la Sagesse, par exemple, affirme que les phénomènes de la nature, dotés de grandeur et de beauté, sont comme les œuvres d'un artiste, à travers lesquelles, par analogie, nous pouvons connaître l'Auteur de la création (cf. Sg 13, 5). Avec une comparaison classique au Moyen-âge et à la Renaissance, on peut comparer le monde naturel à un livre écrit par Dieu, que nous lisons selon les diverses approches de la science (cf. Discours aux participants à l'Assemblée plénière de l'Académie pontificale des sciences, 31 octobre 2008). En effet, combien de scientifiques, dans le sillage de saint Albert le Grand, ont mené leurs recherches inspirées par l'émerveillement et la gratitude face au monde qui, à leurs yeux de chercheurs et de croyants, apparaissait et apparaît comme l'œuvre bonne d'un Créateur sage et aimant ! L'étude scientifique se transforme alors en un hymne de louange. C'est ce qu'avait bien compris un grand astrophysicien de notre époque, Enrico Medi, et qui écrivait : « Oh, vous mystérieuses galaxies..., je vous vois, je vous calcule, je vous entends, je vous étudie, je vous découvre, je vous pénètre et je vous recueille. De vous, je prends la lumière et j'en fais de la science, je prends le mouvement et j'en fais de la sagesse, je prends le miroitement des couleurs et j'en fais de la poésie ; je vous prends vous, étoiles, entre mes mains, et tremblant dans l'unité de mon être, je vous élève au-dessus de vous-mêmes, et en prière je vous présente au Créateur, que seulement à travers moi, vous étoiles, vous pouvez adorer » (Le opere. Inno alla creazione). Saint Albert le Grand nous rappelle qu'entre science et foi une amitié existe et que les hommes de science peuvent parcourir à travers leur vocation à l'étude de la nature, un authentique et fascinant parcours de sainteté. Son extraordinaire ouverture d'esprit se révèle également dans une opération culturelle qu'il entreprit avec succès : l'accueil et la mise en valeur de la pensée d'Aristote. A l'époque de saint Albert, en effet, la connaissance de beaucoup d'œuvres de ce grand philosophe grec ayant vécu au quatrième siècle avant Jésus Christ, en particulier dans le domaine de l'éthique et de la métaphysique, était en effet en train de se répandre. Celles-ci démontraient la force de la raison, elles expliquaient avec lucidité et clarté le sens et la structure de la réalité, son intelligibilité, la valeur et la fin des actions humaines. Saint Albert le Grand a ouvert la porte à la réception complète de la philosophie d'Aristote dans la philosophie et la théologie médiévales, une réception élaborée ensuite de manière définitive par saint Thomas. Cette réception d'une philosophie, disons, païenne pré-chrétienne, fut une authentique révolution culturelle pour cette époque. Pourtant, beaucoup de penseurs chrétiens craignaient la philosophie d'Aristote, la philosophie non chrétienne, surtout parce que celle-ci, présentée par ses commentateurs arabes, avait été interprétée de manière à apparaître, au moins sur certains points, comme tout à fait inconciliable avec la foi chrétienne. Il se posait donc un dilemme : foi et raison sont-elles ou non en conflit l'une avec l’autre ? C'est là que réside l'un des grands mérites de saint Albert : avec une rigueur scientifique il étudia les œuvres d'Aristote, convaincu que tout ce qui est vraiment rationnel est compatible avec la foi révélée dans les Saintes Ecritures. En d'autres termes, saint Albert le Grand a ainsi contribué à la formation d'une philosophie autonome, distincte de la théologie et unie à elle uniquement par l'unité de la vérité. Ainsi est apparue au XIIIe siècle une distinction claire entre ces deux savoirs, philosophie et théologie qui, en dialogue entre eux, coopèrent de manière harmonieuse à la découverte de la vocation authentique de l'homme, assoiffé de vérité et de béatitude : et c'est surtout la théologie, définie par saint Albert comme une « science affective », qui indique à l'homme son appel à la joie éternelle, une joie qui jaillit de la pleine adhésion à la vérité. Saint Albert le Grand fut capable de communiquer ces concepts de manière simple et compréhensible. Authentique fils de saint Dominique, il prêchait volontiers au peuple de Dieu, qui était conquis par sa parole et par l'exemple de sa vie. Chers frères et sœurs, prions le Seigneur pour que ne viennent jamais à manquer dans la sainte Eglise de doctes théologiens, pieux et savants comme saint Albert le Grand et pour que ce dernier aide chacun de nous à faire sienne la « formule de la sainteté » qu'il adopta dans sa vie: « Vouloir tout ce que je veux pour la gloire de Dieu, comme Dieu veut pour sa gloire tout ce qu'Il veut », soit se conformer toujours à la volonté de Dieu pour vouloir et faire tout, seulement et toujours pour Sa gloire. * * * C'est avec joie que j'accueille ce matin les pèlerins francophones, en particulier les jeunes venus de France et le groupe du diocèse de Vannes. A tous je souhaite de vivre une fervente Semaine Sainte afin de découvrir toujours plus la profondeur de l'amour de Dieu pour les hommes. Que Dieu vous bénisse ! © Copyright 2010 - Libreria Editrice Vaticana | |
| | | Claude Coowar
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| Sujet: Re: Les Docteurs de l'Eglise catholique . 16/11/2016, 12:19 | |
| http://les-oratoires.asso.fr/la-vie-et-les-miracles-de-st-antoine-de-padoue 29.01 - BIOGRAPHIE DE SAINT ANTOINE DE PADOUE. VIE ET MIRACLES.
Contemporain de saint François d’Assise, saint Antoine de Padoue naquit en 1195, à Lisbonne, le jour de la fête de l’Assomption. Il avait pour père Martin de Bouillon et pour mère Thérèse de Tavera tous deux de familles nobles. Il reçut au baptême le nom de Ferdinand. Elevé chez les chanoines réguliers de Saint-Augustin de Lisbonne puis au couvent de Coïmbra. En 1220, quand les restes des premiers martyrs franciscains furent ramenés du Maroc au Portugal il fut admis comme novice au couvent des Oliviers où il reçut, avec l’habit de l’Ordre, le nom d’Antoine. Quand il eut prononcé ses vœux, il demanda à ses supérieurs la permission de se rendre en Afrique pour évangéliser les Maures. Ses supérieurs le laissèrent partir. Une grave maladie qui mit ses jours en danger le força à se rembarquer pour le Portugal. La traversée fut malheureuse, une violente tempête le jeta sur les côtes de la Sicile.En 1221, ayant appris que saint François allait tenir le chapitre général de l’Ordre, où des Frères Mineurs de toutes les parties de l’Europe étaient rassemblés, il résolut de s’y rendre. C’est alors qu’il rencontra le Père Gratien, ministre de la province de Bologne qui lui confia le poste d’aumônier du petit monastère de Saint-Paul où il vécut pendant un an dans la solitude et la contemplation.
En 1222, il reçut l’ordre de l’évêque de Forli d’adresser quelques paroles aux religieux qui venaient d’être consacrés. Il prit pour texte ce passage de l’office du Jeudi saint : Christus factus est pro nobis obediens usque ad mortem. Sa parole d’abord calme, sans éclat, presque hésitante, s’anima en quelque sorte malgré lui, et devint rapide, énergique, enflammée. On l’écoutait dans une religieuse admiration. Les assistants muets, étonnés, se sentaient pénétrés d’un saint respect. Le bruit public et les rapports de ses supérieurs ne tardèrent pas à apprendre à saint François quel avait été le succès de ce premier sermon, et presque aussitôt il lui confia la difficile mission de travailler à la conversion et au salut des âmes. Il y avait un an déjà qu’Antoine parcourait et évangélisait les villes et villages du nord de l’Italie, quand saint François lui demanda d’enseigner la théologie aux Frères Mineurs. En vertu de cet ordre, tout en continuant ses prédications, Antoine professa la théologie, d’abord en France, à Montpellier, puis à Bologne et à Padoue, et, en dernier lieu, à Toulouse, à Limoges et dans quelques autres villes de France. A cette époque, l’hérésie des Albigeois commençait à exercer ses ravages dans le midi de la France. Chargé par saint François d’aller fonder des couvents de l’Ordre dans la Provence et le Languedoc, il se mit résolument à l’œuvre ; il frappa l’hérésie jusqu’à la réduire presque à l’impuissance. Partout où il passait, il accomplissait de nombreux miracles. En France, en Italie, il a fondé un nombre incalculable de couvents, ou rehaussé l’éclat de ceux qui existaient avant lui. En 1227, il fut envoyé à Rome par le provincial de Sicile, pour assister au grand conseil général où le pape Grégoire IX, émerveillé de son savoir, aurait voulu le conserver auprès de lui. Au commencement de l’année 1231, Antoine revint à Padoue. Quoique très fatigué et d’une santé chancelante, il reprit son cours de théologie, et s’appliqua à combattre les erreurs des hérétiques Cathares. En même temps, il écrivait ses sermons sur les saints, et se préparait à prêcher le carême de 1231. Epuisé par un labeur incessant, il résolut de trouver refuge dans un ermitage placé sous l’invocation de saint Jean-Baptiste dans le village de Campietro, situé à trois lieus de Padoue. Les forces d’Antoine s’affaiblirent tout à coup, il appela près de lui frère Roger et le pria de le faire transporter à Padoue. Se sentant défaillir, il demanda le saint sacrement de l’Eucharistie, puis levant les yeux au ciel, il murmura : « Je vois mon Dieu, il m’appelle à lui ». Il s’endormit de l’éternel sommeil le 13 juin 1231, un vendredi, peu avant le coucher du soleil. A Isola, quartier du Clout, ce pauvre et modeste oratoire, dédié aux âmes du Purgatoire, abrite dans sa niche une rare peinture sur toile, merveilleusement conservée, représentant saint Antoine de Padoue et l’Enfant Jésus entourés de 12 médaillons illustrant des scènes de la vie et des miracles de saint Antoine avec les légendes respectives rédigées sur des banderoles, en italien, en français, en portugais, et en allemand. On peut lire, sur la gauche de haut en bas : « Il fait faire un reçu » Saint Antoine est debout entre un voyageur et le démon qui signe un parchemin. « Il ressuscite un enfant mort bouilli ». Dans son empressement d’aller écouter un sermon du Saint, une femme, au lieu de coucher son enfant dans son petit berceau, le déposa sans y prendre garde dans une bassine d’eau bouillante. « Il guérit un enfant ». Le Saint bénit une femme qui lui présente son enfant handicapé. « Il protège les navigateurs » Saint Antoine debout sur un nuage bénit un navire à voile sur une mer déchaînée. « Il fait adorer le St. Sacrement par une jument » Prodige que le Saint accomplit à Toulouse, et que l’on désigne ordinairement sous le nom de miracle de la mule. « Il s’entretient toute la nuit avec l’Enfant Jésus ». Un frère aperçoit le Saint dans sa cellule, en conversation avec l’Enfant Jésus. « Il accorde des grâces à ses dévots ». Une jeune femme à genoux devant le Saint qui tient l’Enfant Jésus dans ses bras. « Il retrouve la bague perdue ». C’est à Brive-la-Gaillarde qu’il accomplit un autre miracle, en retrouvant un manuscrit dérobé. « Il prêche aux poissons ». Miracle que le Saint accomplit à Rimini et décida aussi de la conversion d’un grand nombre d’hérétiques. « Il délivre son père de la mort ». Au premier plan un homme menotté, les yeux bandés, est entouré de pénitents et de soldats en armes. Sur la colline un gibet. « Le démon feint d’être courrier ». Saint Antoine est debout en chaire. Le démon se faisant passer pour un envoyé entre dans l’église. « Le saint meurt en 1231 ». En route pour Padoue, saint Antoine est couché sur une civière, veillé par ses compagnons, frère Luc et frère Roger Clichés Mireille Grosso et Lucien Boldrin. Textes de Jean Dieudé, extraits des Petits Bollandistes, Pages 612 à 636. Le 7 octobre 2011 | |
| | | Claude Coowar
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| Sujet: Re: Les Docteurs de l'Eglise catholique . 16/11/2016, 13:07 | |
| http://nominis.cef.fr/contenus/saint/1313/Saint-Antoine-de-Padoue.html 29.02 - SAINT ANTOINE DE PADOUE. EXISTENCE DE PREDICATIONS. Frère mineur, docteur de l'Église (✝ 1231) Né à Lisbonne, ce contemporain de saint François d'Assise, s'appelait en réalité Fernando. De famille noble aux traditions militaires, il entra tout jeune chez les Chanoines Réguliers de Saint Augustin à Coïmbra où il fut ordonné prêtre. En 1220, quand les restes des premiers martyrs franciscains furent ramenés du Maroc au Portugal, il entra chez les Frères Mineurs et prit le prénom d'Antoine. Il désirait lui aussi aller au Maroc afin d'y mourir martyr. Tombé malade pendant le voyage, il dut rentrer en Europe. En 1221, il est à Assise au chapitre de l'Ordre et ses frères découvrent alors ses talents de prédicateur et de théologien. Ayant remplacé 'au pied levé' un prédicateur empêché, il étonne ses frères qui, désormais, l'envoient prêcher plutôt que de balayer . Avec la permission de saint François, il enseigne à Bologne, Toulouse, Montpellier et Limoges. A Brive-la-Gaillarde, on conserve même le souvenir des grottes où il se retira quelque temps dans la prière solitaire. C'est aussi dans cette ville qu'il retrouva miraculeusement un manuscrit dérobé, y gagnant du même coup sa spécialité posthume pour lui faire retrouver les objets perdus. En 1229, il est élu provincial de l'Italie du Nord. La fin de sa vie est dominée par la prédication où il excelle. Il se trouve à Padoue pour prêcher le Carême en 1231. C'est là qu'il meurt d'épuisement à 36 ans, dans cette ville qui le vénère et qui lui donne son deuxième nom, saint Antoine de Padoue. Il est "Docteur de l'Église", mais la piété populaire préfère en lui l'intercesseur efficace. Il a été nommé saint patron du Portugal en 1934 par le pape Pie XI. Site officiel de saint Antoine de Padoue. - Les Franciscains s’installent aussi à Limoges... très modestement. Saint Antoine de Padoue vient et réside quelque temps à Limoges. Il prêche en Limousin et va fonder le couvent des frères mineurs à Brive. (Les ordres mendiants et militaires - diocèse de Limoges). - Antoine dit de Padoue (1195-1231) Natif du Portugal, il fut un très grand prédicateur franciscain, canonisé dès 1232 mais déclaré docteur de l'Église seulement en 1946. Son culte, qui se développe largement à partir du XVIe siècle, se répand plus tardivement dans le Poitou, à la fin du XIXe, sous l'impulsion notamment des prédicateurs capucins : la célébration solennelle à Saint-Porchaire de Poitiers, en 1893, en est une date clé. Il est généralement représenté tenant un livre sur lequel repose l'Enfant Jésus. Vêtu de la bure, les reins ceints d'une corde - de là le nom des Cordeliers autrefois donné aux franciscains - il est couvert du manteau brun à capuchon. (Diocèse de Poitiers) - La catéchèse de l'audience générale du 10 février 2010 a été consacrée à "l'un des saints les plus populaires de l'Église catholique", canonisé en 1232 par Grégoire IX. Saint Antoine "a fortement contribué au développement de la spiritualité franciscaine grâce à sa grande intelligence, à son sens de l'équilibre, à son zèle apostolique et à sa ferveur mystique... Il fut l'un des premiers grands théologiens des Frères Mineurs pour ne pas dire le premier". Saint Antoine a composé un cycle de sermons pour le dimanche, un autre consacré aux saints, proposant ainsi un parcours spirituel tellement riche que Pie XII le proclama en 1946 Docteur de l'Église, en lui attribuant " le titre de Docteur évangélique car ses semons reprenaient toute la fraîcheur et la beauté de l'Évangile " . Dit de Padoue ou de Lisbonne, Antoine définit la prière "comme une relation d'amitié où l'homme dialogue avec le Seigneur" , l'articulant en quatre dispositions indispensables : - Ouvrir avec confiance son cœur à Dieu, - Lui parler avec affection, lui confier nos attentes, - Le louer - Et Le remercier. Cet enseignement résume la théologie franciscaine, " la centralité de l'amour divin qui s'ouvre à la sphère affective et à la volonté cordiale, qui est aussi source d’une connaissance spirituelle qui dépasse toutes les connaissances".Le Docteur évangélique, a ajouté Benoît XVI, connaissait bien les défauts de la nature humaine, et "la tendance à tomber dans le péché. Il exhortait sans cesse à combattre l'inclination à l'avidité, à l'orgueil et à l'impureté... Au début du XIII siècle, dans un contexte de renaissance des villes et du commerce, le nombre des personnes insensibles aux pauvres s'accroissait. Ainsi invitait-il les fidèles à rechercher l'amitié des pauvres et la véritable richesse, celle du cœur". Cet enseignement "est tout aussi valable aujourd'hui, face à la crise économique, aux inégalités qui appauvrissent tant de personnes et accroissent la pauvreté . Puis le Pape a souligné un autre des aspects saillants de la théologie franciscaine, le christocentrisme, qui "invite à réfléchir aux mystères de l'humanité du Seigneur, principalement la Nativité et la Crucifixion. "La vue du Crucifié inspirait à Antoine une immense gratitude envers Dieu, mais aussi de l'estime pour la dignité de la personne humaine, grâce à laquelle croyant comme incroyant peut trouver un sens enrichissant à sa vie". Le Saint-Père a rappelé " l'importance du crucifix pour notre culture et pour l'humanisme découlant de la foi chrétienne... C'est parce que Dieu nous considère importants que nous devons être dignes des souffrances du Christ". Le Pape a conclu en sollicitant l'intercession de saint Antoine en faveur de l'Église, et en particulier des prédicateurs. "Suivant son exemple, puissent-ils unir ensemble une saine doctrine, une piété sincère et rigueur de discours. En cette Année sacerdotale, prions afin que prêtres et diacres accomplissent leur ministère avec conscience, annonçant en l'actualisation la Parole de Dieu auprès des fidèles, surtout dans les homélies liturgiques" . (Source : VIS 100210 540) Mémoire de saint Antoine, prêtre et docteur de l’Église. Né à Lisbonne, il était chanoine régulier lorsqu’il entra dans l’Ordre des Mineurs, récemment fondé. Il pensait aller chez les peuples d’Afrique pour propager la foi, mais c’est en Italie et dans le midi de la France qu’il exerça avec beaucoup de fruits le ministère de la prédication, en attirant un grand nombre à la vraie doctrine. Il écrivit des sermons pénétrés de doctrine et de douceur et, sur l’ordre de saint François, enseigna à ses frères la théologie à Padoue, où il mourut en 1231. 'Le buis qui ne monte pas en hauteur, ne porte pas de fruits comestibles. Mais il reste toujours vert et ressemble ainsi aux chrétiens qui gardent la foi comme perpétuelle verdure. En effet le mot vert s’applique à celui qui garde sa vertu.' Sermon de saint Antoine | |
| | | Claude Coowar
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| Sujet: Re: Les Docteurs de l'Eglise catholique . 16/11/2016, 13:08 | |
| https://w2.vatican.va/content/benedict-xvi/fr/audiences/2010/documents/hf_ben-xvi_aud_20100210.html 29.03 - SAINT ANTOINE DE PADOUE. Selon l'autorité théologique de SA SAINTETE, LE PAPE BENOIT XVI. AUDIENCE GENERALE. Mercredi 10 février 2010 Chers frères et sœurs, Il y a deux semaines, j'ai présenté la figure de saint François d'Assise. Ce matin, je voudrais parler d'un autre saint, appartenant à la première génération des Frères mineurs : Antoine de Padoue ou, comme il est également appelé, de Lisbonne, en référence à sa ville natale. Il s'agit de l'un des saints les plus populaires de toute l'Eglise catholique, vénéré non seulement à Padoue, où s'élève une splendide basilique qui conserve sa dépouille mortelle, mais dans le monde entier. Les images et les statues qui le représentent avec le lys, symbole de sa pureté, ou avec l'Enfant Jésus dans les bras, en souvenir d'une apparition miraculeuse mentionnée par certaines sources littéraires, sont chères aux fidèles. Antoine a contribué de façon significative au développement de la spiritualité franciscaine, avec ses dons marqués d'intelligence, d'équilibre, de zèle apostolique et principalement de ferveur mystique. Il naquit à Lisbonne dans une famille noble, aux alentours de 1195, et fut baptisé sous le nom de Fernando. Il entra chez les chanoines qui suivaient la Règle monastique de saint Augustin, d'abord dans le monastère Saint-Vincent à Lisbonne, et successivement dans celui de la Sainte-Croix à Coïmbra, centre culturel de grande renommée au Portugal. Il se consacra avec intérêt et sollicitude à l'étude de la Bible et des Pères de l'Eglise, acquérant une science théologique qu'il mit à profit dans son activité d'enseignement et de prédication. A Coïmbra eut lieu l'épisode qui marqua un tournant décisif dans sa vie : c'est là qu'en 1220, furent exposés les reliques des cinq premiers missionnaires franciscains, qui s'étaient rendus au Maroc, où ils avaient subi le martyre. Leur vie suscita chez le jeune Fernando le désir de les imiter et d'avancer sur le chemin de la perfection chrétienne : il demanda alors de quitter les chanoines augustins et de devenir Frère mineur. Sa requête fut acceptée et, ayant pris le nom d'Antoine, il partit lui aussi pour le Maroc, mais la Providence divine en décida autrement. A la suite d'une maladie, il fut contraint de rentrer en Italie et, en 1221, participa au célèbre « Chapitre des nattes » à Assise, où il rencontra également saint François. Par la suite, il vécut pendant quelque temps caché de la manière la plus totale dans un couvent près de Forlì, au nord de l'Italie, où le Seigneur l'appela à une autre mission. Invité, dans des conditions fortuites, à prêcher à l'occasion d'une ordination sacerdotale, il se révéla être doté d'une telle science et éloquence que ses supérieurs le destinèrent à la prédication. C'est ainsi que commença en Italie et en France une activité apostolique si intense et efficace qu'elle conduisit de nombreuses personnes qui s'étaient détachées de l'Eglise à revenir sur leurs pas. Antoine fut également parmi les premiers maîtres de théologie des Frères mineurs, sinon le premier. Il commença son enseignement à Bologne, avec la bénédiction de saint François, qui, reconnaissant les vertus d'Antoine, lui envoya une brève lettre qui commençait par ces paroles : « Il me plaît que tu enseignes la théologie aux frères » . Antoine posa les bases de la théologie franciscaine qui, cultivée par d'autres éminentes figures de penseurs, devait connaître son apogée avec saint Bonaventure de Bagnoregio et le bienheureux Duns Scot. Devenu supérieur provincial des Frères mineurs du nord de l'Italie, il poursuivit son ministère de la prédication, l'alternant avec des charges de gouvernement. Ayant conclu la charge de provincial, il se retira près de Padoue, où il s'était déjà rendu trois fois. A peine un an après, il mourut aux portes de la Ville, le 13 juin 1231. Padoue, qui l'avait accueilli avec affection et vénération pendant sa vie, lui rendit pour toujours honneur et dévotion. Le Pape Grégoire IX lui-même, qui, après l'avoir écouté prêcher, l'avait défini « Arche du Testament », le canonisa un an seulement après sa mort, en 1232, notamment à la suite de miracles survenus par son intercession. Au cours de la dernière période de sa vie, Antoine écrivit deux cycles de « Sermons », intitulés respectivement « Sermons du dimanche » et « Sermons sur les saints », destinés aux prêcheurs et aux enseignants des études théologiques de l'Ordre franciscain. Dans ces Sermons, il commente les textes de l'Ecriture présentés par la Liturgie, en utilisant l'interprétation patristique et médiévale des quatre sens, - le sens littéral ou historique, - le sens allégorique ou christologique, l - Le sens tropologique ou moral, - et le sens anagogique, qui conduit vers la vie éternelle. Aujourd'hui, on redécouvre que ces sens sont des dimensions de l'unique sens de l'Ecriture Sainte et qu'il est juste d'interpréter l'Ecriture Sainte en recherchant les quatre dimensions de sa parole . Ces Sermons de saint Antoine sont des textes théologiques et homilétiques, qui rappellent la prédication vivante, dans lesquels Antoine propose un véritable itinéraire de vie chrétienne. La richesse d'enseignements spirituels contenue dans les « Sermons » est telle que le vénérable Pape Pie XII, en 1946, proclama Antoine Docteur de l'Eglise, lui attribuant le titre de « Docteur évangélique » , car de ces écrits émanent la fraîcheur et la beauté de l’Evangile ; aujourd'hui encore, nous pouvons les lire avec un grand bénéfice spirituel. Dans ces Sermons, saint Antoine parle de la prière comme d'une relation d'amour, qui pousse l'homme à un dialogue affectueux avec le Seigneur, créant une joie ineffable, qui enveloppe doucement l'âme en prière . Antoine nous rappelle que la prière a besoin d'une atmosphère de silence, qui ne coïncide pas avec le détachement du bruit extérieur, mais qui est une expérience intérieure, qui vise à éliminer les distractions provoquées par les préoccupations de l'âme, en créant le silence dans l'âme elle-même. Selon l'enseignement de cet éminent Docteur franciscain, la prière s'articule autour de quatre attitudes indispensables, qui, dans le latin d'Antoine, sont définies ainsi : obsecratio, oratio, postulatio, gratiarum actio. Nous pourrions les traduire de la façon suivante : - Ouvrir avec confiance son cœur à Dieu ; tel est le premier pas de la prière : pas simplement saisir une parole, mais ouvrir son cœur à la présence de Dieu ;
- Puis s'entretenir affectueusement avec Lui, en le voyant présent avec moi; et – chose très naturelle – lui présenter nos besoins;
- Enfin, le louer,
- Et Lui rendre grâce. Dans cet enseignement de saint Antoine sur la prière, nous saisissons l'un des traits spécifiques de la théologie franciscaine, dont il a été l'initiateur, c'est-à-dire le rôle assigné à l'amour divin, qui entre dans la sphère affective, de la volonté, du cœur et qui est également la source d'où jaillit une connaissance spirituelle, qui dépasse toute connaissance. En effet, lorsque nous aimons, nous connaissons. Antoine écrit encore : « La charité est l'âme de la foi, elle la rend vivante ; sans l'amour, la foi meurt » (Sermones, Dominicales et Festivi, II, Messaggero, Padoue 1979, p. 37). Seule une âme qui prie peut accomplir des progrès dans la vie spirituelle : tel est l'objet privilégié de la prédication de saint Antoine. Il connaît bien les défauts de la nature humaine, notre tendance à tomber dans le péché, c'est pourquoi il exhorte continuellement à combattre la tendance à l'avidité, à l'orgueil, à l'impureté, et à pratiquer au contraire les vertus de la pauvreté et de la générosité, de l'humilité et de l'obéissance, de la chasteté et de la pureté. Aux débuts du XIIIe siècle, dans le cadre de la renaissance des villes et du développement du commerce, le nombre de personnes insensibles aux besoins des pauvres augmentait. Pour cette raison, Antoine invite à plusieurs reprises les fidèles à penser à la véritable richesse, celle du cœur, qui rend bons et miséricordieux, fait accumuler des trésors pour le Ciel. « O riches – telle est son exhortation – prenez pour amis... les pauvres, accueillez-les dans vos maisons : ce seront eux, les pauvres, qui vous accueilleront par la suite dans les tabernacles éternels, où résident la beauté de la paix, la confiance de la sécurité, et le calme opulent de l'éternelle satiété » (ibid., n. 29). N'est-ce pas là, chers amis, un enseignement très important aujourd'hui également, alors que la crise financière et les graves déséquilibres économiques appauvrissent de nombreuses personnes et créent des conditions de pauvreté ? Dans mon encyclique Caritas in veritate, je rappelle: « Pour fonctionner correctement, l'économie a besoin de l'éthique; non pas d'une éthique quelconque, mais d'une éthique amie de la personne » (n. 45). Antoine, à l'école de François, place toujours le Christ au centre de la vie et de la pensée, de l'action et de la prédication. Il s'agit d'un autre trait typique de la théologie franciscaine : le christocentrisme. Celle-ci contemple volontiers, et invite à contempler les mystères de l'humanité du Seigneur, l'homme Jésus, de manière particulière le mystère de la Nativité, Dieu qui s'est fait Enfant, qui s'est remis entre nos mains : un mystère qui suscite des sentiments d'amour et de gratitude envers la bonté divine. D'une part la Nativité, un point central de l'amour du Christ pour l'humanité, mais également la vision du Crucifié inspire à Antoine des pensées de reconnaissance envers Dieu et d'estime pour la dignité de la personne humaine, de sorte que tous, croyants et non croyants, peuvent trouver dans le crucifié et dans son image une signification qui enrichit la vie. Saint Antoine écrit : « Le Christ, qui est ta vie, est accroché devant toi, pour que tu regardes dans la croix comme dans un miroir. Là tu pourras voir combien tes blessures furent mortelles, aucune médecine n'aurait pu les guérir, si ce n'est celle du sang du Fils de Dieu. Si tu regardes bien, tu pourras te rendre compte à quel point sont grandes ta dignité humaine et ta valeur... En aucun autre lieu l'homme ne peut mieux se rendre compte de ce qu'il vaut, qu'en se regardant dans le miroir de la croix » (Sermones Dominicales et Festivi III, pp. 213-214). En méditant ces paroles nous pouvons mieux comprendre l'importance de l'image du Crucifix pour notre culture, pour notre humanisme né de la foi chrétienne. C'est précisément en regardant le Crucifié que nous voyons, comme le dit saint Antoine, à quel point est grande la dignité humaine et la valeur de l'homme. En aucun autre lieu on ne peut comprendre combien vaut l'homme, pourquoi précisément Dieu nous rend aussi importants, nous voit aussi importants, au point d'être, pour Lui, dignes de sa souffrance ; ainsi toute la dignité humaine apparaît dans le miroir du Crucifié et le regard vers Lui est toujours une source de reconnaissance de la dignité humaine. Chers amis, puisse Antoine de Padoue, si vénéré par les fidèles, intercéder pour l'Eglise entière, et surtout pour ceux qui se consacrent à la prédication ; prions le Seigneur afin qu'il nous aide à apprendre un peu de cet art de saint Antoine. Que les prédicateurs, en tirant leur inspiration de son exemple, aient soin d'unir une solide et saine doctrine, une piété sincère et fervente, une communication incisive. En cette année sacerdotale, prions afin que les prêtres et les diacres exercent avec sollicitude ce ministère d'annonce et d'actualisation de la Parole de Dieu aux fidèles, en particulier à travers les homélies liturgiques. Que celles-ci soient une présentation efficace de l'éternelle beauté du Christ, précisément comme Antoine le recommandait : « Si tu prêches Jésus, il libère les cœurs durs ; si tu l'invoques, il adoucit les tentations amères ; si tu penses à lui, il illumine ton cœur ; si tu le lis, il comble ton esprit » (Sermones Dominicales et Festivi, p. 59). * * * Je suis heureux d’accueillir les pèlerins francophones, en particulier les élèves et les professeurs de différents collèges de Montaigu, Séverac-le Château et Paris, ainsi que les paroissiens venus en pèlerinage à Rome. Puisse le Seigneur Jésus vous accompagner dans votre vie ! Que Dieu vous bénisse ! © Copyright 2010 - Libreria Editrice Vaticana | |
| | | Claude Coowar
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| Sujet: Re: Les Docteurs de l'Eglise catholique . 17/11/2016, 13:11 | |
| http://nova.evangelisation.free.fr/laurent_de_brindisi.htm 30.01 - SAINT LAURENT DE BRINDISI.
BIOGRAPHIE, OEUVRE ET ACTIVITES.
(1559-1619) Docteur de l'Église, Saint « Sa Sainteté Jean XXIII, après avis favorable de la Sacrée Congrégation des Rites, a daigné promulguer, en date du 19 mars dernier, le Bref apostolique Celsitudo ex humilitate. Ce document proclame saint Laurent de Brindes docteur de l'Église universelle, étendant l'office et la messe fixés au 21 juillet de chaque année ». Osservatore Romano du 10 mai 1959.Les « capucins » une partie des moines fondés par saint François d'Assise en 1209 : l'ordre des Frères mineurs. Trois siècles après, en 1526, des moines désireux de revenir aux sources, Mathieu de Brasci, Louis et Raphaël de Fossombrone, décident de réhabiliter la règle primitive. On les appela capucins en raison du « capuchon » plus ample et plus en pointe que celui des autres membres de l'Ordre. En 1575, date de l'entrée chez eux de saint Laurent de Brindisi (de Brindes), ils sont cinq mille et se répandront largement hors d'Italie. Sur le haut talon de la botte italienne, entre Lecce, Tarente et Bari, se situe Brindisi, sur l'Adriatique. C'est à cette extrémité de la péninsule, en son point le plus rapproché de la Grèce, que s'élève cette ville portuaire, trait d'union entre le monde oriental et le monde romain. C'est là qu'en 19 avant Jésus Christ, mourut le poète Virgile. C'est là que vient au monde, le 22 juillet 1559, saint Laurent de Brindisi (de Brindes) auquel on donne comme prénom Jules-César. Saint Laurent de Brindisi (de Brindes) est le fils de Guillaume Rossi et d'Élisabeth Masella. Âgé de six ans, il aurait prêché devant la cathédrale de Brindes (mot qui signifie « toast ») et soulevé à plusieurs reprises, l'enthousiasme de son auditoire. Réalité ou légende ? De tels actes pourraient bien être le fait d'un enfant surdoué, pour admettre ce fait, il n'est donc pas besoin de crier au miracle, de nos jours des enfants surdoués de 6 ans, comme le fut peut être saint Laurent de Brindisi (de Brindes) sont capables de tenir des discours tout à fait stupéfiants et cela devant un auditoire d'adultes. En tout cas, le petit garçon devenu « oblat » (jeune postulant à la vie religieuse), chez les conventuels de sa ville natale, se montre écolier modèle. Âgé de dix ans, saint Laurent de Brindisi (de Brindes) perd son père et supplie sa maman : « Laisse-moi entrer chez les capucins. Dieu m'y appelle ». Après le décès de sa mère, saint Laurent de Brindisi (de Brindes) se rend à Venise, chez Pierre, son oncle paternel qui est prêtre. L'année suivante, âgé de seize ans, saint Laurent de Brindisi (de Brindes) entre chez les capucins de Vérone, sur l'Adige, entre Brescia et Padoue. Parle 7 langues.A partir de cet engagement commence une longue activité apostolique de quarante-quatre ans. Le 24 mars 1576, jeune religieux de dix-neuf ans, il fait ainsi profession capucine, prenant le nom de Laurent et se mettant sous la protection du fameux diacre martyr. On l'envoie étudier à Padoue, ville universitaire qui honore pour patron Antoine, le célèbre franciscain, également docteur (+1231). Doué d'une mémoire prodigieuse, il s'applique à l'acquisition des sciences sacrées, excelle en exégèse et en patrologie. Son originalité fut de devenir un étonnant polyglotte. Bientôt en effet, il acquiert et maîtrise sept langues : latin, grec, syriaque, hébreu, italien, allemand et français. Ordonné prêtre le 18 décembre 1582, il discute volontiers avec les juifs et connaît, par ses courtoises controverses, des succès retentissants . Sa famille religieuse utilise au maximum ce pieux et brillant sujet. On peut en juger par les postes occupés. Vingt années de charges chez les capucins1583-1586 : Lecteur en théologie et Écriture Sainte à Venise ; 1586-1588 : Supérieur et maître des novices à Bassano del Grappa ; 1590-1592 : Ministre provincial en Toscane ; 1596-1602 : Définiteur général (membre du conseil supérieur) ; 1602-1605 : Ministre général (supérieur au sommet). Par ailleurs, saint Laurent de Brindisi (de Brindes) a rempli plusieurs missions diplomatiques : – 1599. Saint Laurent de Brindisi (de Brindes) est envoyé en Autriche et en Bohême, avec onze confrères capucins, pour œuvrer à la réforme catholique. A cette occasion, il implante son Ordre à Prague, Vienne et Gratz. – 1601-1602. Le pape Clément VIII envoie saint Laurent de Brindisi (de Brindes) à l'empereur Rodolphe II, commandant en chef des forces catholiques contre les Turcs. Le Souverain Pontife précise l'ordre de mission et la valeur du renfort : « Ce capucin, animateur spirituel, vaut une armée entière ». Effectivement, promu aumônier des troupes impériales, l'émissaire papal devient le plus puissant soutien de Philippe Emmanuel de Lorraine, duc de Mercoeur. Combattant à un contre cinq, les forces anti-ottomanes, galvanisées par leur chapelain, écrasent les Turcs à Szekes-Fejerdars, près d'Albe-Royale, en Hongrie. Au plus fort de l'engagement, un moment cerné par l'ennemi, est dégagé par ses compagnons de lutte : « Votre place n'est pas ici » , lui crient-ils. « Vous vous trompez, répond-il, c'est bien ici que, de par Dieu, je dois être. En avant ! La victoire est à nous ! » L'année suivante, dans l'oraison funèbre de Mercoeur, prononcée à Notre-Dame de Paris le 27 avril 1602, François de Sales évoque, six mois plus tard, la mémorable victoire : Héroïsme des aumôniers militaires capucins.Le duc de Mercoeur avait toujours en son armée des Pères capucins, lesquels portant une grande croix, non seulement animaient les soldats, mais aussi, après la confession générale que tous les catholiques faisaient en signe de contrition, leur donnaient la sainte bénédiction. Mais surtout c'était une belle chose que de voir ce général exhorter ses capitaines à la constance, leur remontrer que s'ils mouraient ce serait avec le mérite du martyre, et parler à chacun en sa propre langue, français, allemand, italien (Œuvres complètes de Saint François de Sales, éd. D’Annecy, t. 7, p. 448).– 1606. A la suite d'une sollicitation de la cour de Prague, saint Laurent de Brindisi (de Brindes) reçoit du pape Paul V l'ordre formel : « Passez en Allemagne pour y travailler aux affaires politico-religieuses de l'Empire ». Saint Laurent de Brindisi (de Brindes) devient conseiller ordinaire de Maximilien Ier, duc de Bavière. Il va jouer un rôle capital pour créer, développer et animer la « Ligue catholique », face à l'« Union évangélique protestante ». De plus, habile négociateur, il obtient le financement partiel de cette vaste entreprise par la cour madrilène.– 1612. Fruit de son action : règlement des questions litigieuses entre la monarchie des Habsbourg et les électeurs catholiques. – 1618. Il est Chargé par les Napolitains d'assumer leur défense contre les exactions du vice-roi, duc d'Ossuna, et part pour Madrid et se rend à Lisbonne afin d'obtenir une audience de Philippe III. La mort le surprend : il est âgé de soixante ans. Saint Laurent de Brindisi (de Brindes) a construit une synthèse doctrinale puissante. Il est un parfait émule des deux docteurs jésuites, ses contemporains : le Hollandais Pierre Canisius (+ 1597) et le Toscan Robert Bellarmin (+1621). Il a notamment laissé une « Dissertation dogmatique sur Luther » et 840 homélies ou sermons. Extraits : Il prononce souvent cette formule, recueillie par les premiers biographes et authentifiées par les recherches du Père Laurent d'Aoste. « Par le signe de croix.
Grâce à ce geste sacré et par l'intermédiaire de la Vierge Marie, que le Seigneur vous bénisse et vous ait en sa sainte garde !
Qu'il vous montre son visage et vous prenne en pitié pour vous conférer la paix !
Puisse le Tout-Puissant vous rendre la santé après laquelle vous soupirez, par Notre-Seigneur Jésus-Christ !
Par ce signe de croix, que le Rédempteur vous guérisse, lui qui calme toutes langueurs et infirmités en même temps qu'il délivre tous les possédés du démon.
Que Jésus-Christ et la Vierge Marie vous bénissent, par le signe de la sainte croix ! Merveilleux effets de la Parole divine." La Parole de Dieu est lumière pour l'intelligence, feu pour la volonté. Par elle, l'homme peut connaître Dieu et l'aimer. Pour l'homme intérieur qui, par la grâce, vit du Saint-Esprit, c'est du pain et de l'eau. Mais ce pain est plus doux que le rayon de miel, cette eau est meilleure que le vin et le lait. Pour l'âme spirituelle, quel trésor de mérites ! " . On l'appellera donc : or et pierre précieuse. Contre le coeur obstiné dans le vice, quel marteau ! Contre la chair rebelle, le monde et le démon : épée qui tranche le péché ! Deuxième sermon de carême 5, 1.Les œuvres complètes de saint Laurent de Brindisi (de Brindes) commencent par les écrits sur la Vierge Marie : 84 sermons sur les prérogatives de l'Immaculée. Voici cinq extraits : Arche de la divinité.Autrefois c'était dans l'Arche du Testament du Seigneur, Arche qui était trésor et trône de la divinité, que les véritables Israélites plaçaient pieusement tout leur espoir et leur salut. C'est à cette Arche qu'ils recouraient dans leurs besoins et leurs adversités. Ils l'honoraient par-dessus tout ; prosternés devant elle, ils priaient du fond du coeur pour obtenir les secours divins (1 S 4, 3). "Aujourd'hui, les vrais Israélites, c'est-à-dire les fidèles du Christ, les fils légitimes de la sainte Église, n'agissent pas autrement envers la Vierge, Mère de Dieu, Arche vivante de la divinité. C'est en elle, après le Christ qu'ils ont placé toute l'espérance de leur salut, c'est à elle qu'ils recourent". Dixième sermon sur la salutation angélique : exorde Médiatrice auprès de l'unique Médiateur." Sans aucune injure envers Jésus, sa Mère est appelée notre vie et notre espérance.
Certes, elle ne l'est pas comme le Christ lui-même ; elle ne l'est pas davantage au même titre que Dieu.
Elle est la vie, puisque c'est par son intermédiaire que nous sommes rendus, participants du fruit de vie, né de son sein. Comme l'appelle Epiphane (Contre les hérétiques, 42, 1050) Marie est « mère des vivants ». Par son enfantement du Christ, la voilà, pour nous, cause de vie éternelle. De la sorte, par le Christ et après lui, la voilà devenue pour le monde entier cause de l'éternel Salut. D'autre part, elle est notre espérance, puisque notre Mère très tendre, notre Médiatrice et notre Avocate auprès de son Fils, de qui il n'est rien qu'elle ne puisse obtenir. C'est pourquoi saint Bernard, dans son Sermon sur la Nativité de la Vierge (183, 1015), l'appelle « échelle des pécheurs » et la proclame : « Parfaite Médiatrice auprès du Médiateur » (Mediatricem ad mediatorem). Voilà pourquoi, Frères : c'est en Marie, Mère de Dieu, qu'après le Christ, son Fils, nous devons placer toute l'espérance de notre salut ". Dixième sermon sur la salutation angélique : conclusion. Regina coeli" Marie est la première forme et l'exemplaire, l'archétype de toute l'Église des élus de Dieu. Le Seigneur la prédestina, au-dessus de tous les saints ; il la prédestina au suprême degré de grâce, au suprême degré de gloire, au suprême degré de dignité. De la sorte, la Vierge est bien vraie Fille de Dieu, Épouse et Mère de Dieu, Reine des anges et de tous les saints ". Fundamenta ejus : deuxième sermon, p. 147. Vierge aux miracles . " Les trois fleuves de la Divinité :
- le fleuve de la puissance,
- celui de la sainteté,
celui de la bénignité divine se déversent en Marie, cette mer immense.
De la sorte, la Vierge est devenue sainte et clémente entre toutes les créatures : d'une puissance, d'une sainteté et d'une clémence qui ne sont dépassées que par celles de Dieu. Aussi peut-elle opérer des miracles et nous combler de multiples bienfaits ". Dixième sermon sur le Cantique, III, p. 297. Reine de toutes créatures. " Marie, en qui Dieu fit alliance avec l'humanité, en qui le Verbe s'incarna, se trouve toute proche du Seigneur et très intimement unie à lui comme épouse, toute proche et intimement unie à Dieu comme mère ". Septième sermon sur la salutation angélique. Un pieux enfant de Marie. Tel est, en plénitude, le capucin soldat, au témoignage même d'un érudit moderne, son confrère, le Père Jérôme de Paris. De ce dernier, quiconque veut des renseignements puisés à la source doit lire le brillant essai : " La Doctrine mariale de saint Laurent de Brindes » (Paris, 1933). L a leçon dispensée culmine en cette expression dogmatique : " Il ne s'agit pas seulement d'honorer Marie par l'imitation de ses vertus. Nos hommages montent vers elle, non comme ils montent vers Dieu, mais comme il convient à une créature privilégiée " (Op. Cit., pp. 180-189). Quant à la touchante dévotion de ce fils de la Vierge, les éditeurs capucins la caractérisent : Ravi en Dieu par Marie, Frère Laurent a constamment le nom de Marie dans le cœur et sur les lèvres. Le plus souvent, alors qu'il contemple ses grandeurs, le ravissement de l'extase s'empare de lui. En voyage, il aime chanter les louanges mariales, répétant de préférence celles que composa Pétrarque (fi 1374) ... Ne signe-t-il pas habituellement son appartenance : « Nos cum prole pla benedicat Virgo Maria » (Comme membres de sa famille qui la vénèrent, que la Vierge Marie nous bénisse !) (Oeuvres complètes, le vol., pp. 17 et 18). Prière de saint Laurent de Brindisi (de Brindes)Dieu de miséricorde, détruis tout mal. Par ta grâce, rends bons ceux qui sont mauvais, afin que nous parvenions tous au ciel. Autre citation de saint Laurent de Brindisi (de Brindes) [/b]: La philosophie n'est qu'une simple émanation de la théologie. En effet, le Seigneur apparaît aussi bien dans les Écritures que dans la Nature. (Œuvres complètes, V 3, pp. 14-15). D'abord, guérissons-nous du péché, cette plaie purulente. Courage, confiance et espérance, pour cette œuvre des œuvres En premier lieu, il importe, du coeur, d'arracher les vices (VI, 626 et XI, 340). Saint Laurent de Brindisi (de Brindes) a commenté 35 000 textes bibliques et en cite 90 000. La fête de saint Laurent de Brindisi (de Brindes) est le 21 juillet.[/b] | |
| | | Claude Coowar
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| Sujet: Re: Les Docteurs de l'Eglise catholique . 17/11/2016, 14:22 | |
| http://benoit-et-moi.fr/2011-I/0455009e5f0784505/0455009eb10d8bf0f.html 30.02 - SAINT LAURENT DE BRINDISI. CATECHESE DE SA SA SAINTETE, LE PAPE BENOIT XVI. b]
Une leçon très ancrée dans le présent...
[b]" Aujourd'hui aussi, la nouvelle évangélisation a besoin d'apôtres bien formés, dévoués et courageux, afin que la lumière et la beauté de l'Evangile prévalent sur les orientations culturelles du relativisme éthique et l'indifférence religieuse ....
Aujourd'hui, comme au temps de Saint-Laurent, le monde a tant besoin de paix, il a besoin d'hommes et de femmes pacifiques et pacificateurs. Tous ceux qui croient en Dieu doivent toujours être sources et artisans de paix". (23/3/2011). Dans sa catéchèse, le Pape - reprenant le cycle des réflexions sur les docteurs de l'Eglise - a centré sa méditation sur la figure de Saint Laurent de Brindisi (1559-1619). (Site du Vatican) --------------------- Je me souviens encore avec joie de l'accueil festif qui m'a été réservé en 2008 à Brindisi, la ville qui en 1559 a donné naissance à un éminent docteur de l'Église, Saint Laurent de Brindisi, nom que prit Giulio Cesare Rossi en entrant dans l'Ordre des Capucins. Dès son enfance il fut attiré par la famille de saint François d'Assise. En fait, ayant perdu son père à sept ans, il fut confié par sa mère à la garde des Frères Conventuels de sa ville. Quelques années plus tard, cependant, il déménagea avec sa mère à Venise, et c'est là qu'il vint à rencontrer les Capucins, qui à l'époque s'étaient mis généreusement au service de l'Église tout entière, afin d'accroître la grande réforme spirituelle promue par le Concile de Trente. En 1575, Laurent, avec la profession religieuse, devint frère capucin, et il fut ordonné prêtre en 1582. Déjà pendant ses études ecclésiastiques, il avait montré les qualités intellectuelles exceptionnelles dont il était doué. Il apprit facilement les langues anciennes comme le grec, l'hébreu et le syriaque, et celles modernes comme le français et l'allemand, qui s'ajoutèrent à la connaissance de l'italien et du latin, à l'époque parlé couramment par tous les ecclésiastiques et hommes de culture. Grâce à la maîtrise de plusieurs langues, Laurent put accomplir un apostolat intense parmi différentes catégories de personnes. Prédicateur efficace, il connaissait de manière si profonde, non seulement la Bible, mais aussi la littérature rabbinique, que les rabbins eux-mêmes en furent étonnés et admiratifs, lui témoignant reconnaissance et respect. Théologien versé dans l'Écriture Sainte et les Pères de l'Église, il était en mesure d'illustrer de façon exemplaire la doctrine catholique aux chrétiens, qui, en particulier en Allemagne, avait adhéré à la Réforme. Avec son exposition claire et calme, il démontrait le fondement biblique et patristique de tous les articles de la foi contestés par Martin Luther. Parmi eux, la primauté de saint Pierre et de ses successeurs, l'origine divine de l'épiscopat, la justification comme transformation intérieure de l'homme, la nécessité des bonnes œuvres pour le salut. Le succès dont jouissait Laurent nous aide à comprendre que même aujourd'hui, pour faire avancer avec beaucoup d'espérance le dialogue œcuménique, la confrontation avec l'Ecriture Sainte, lue dans la Tradition de l'Église, est un élément essentiel et important, comme j'ai voulu le rappeler dans l'exhortation Apostolique Verbum Domini. Même les fidèles les plus simples, dépourvus de grande culture, purent bénéficier du discours convaincant de Laurent, qui s'adressait aux gens simples pour appeler chacun à la cohérence de leur vie avec la foi. Ce fut un grand mérite des Capucins et d'autres ordres religieux, qui, aux XVIe et XVIIe siècles, contribuèrent au renouveau de la vie chrétienne, pénétrant en profondeur dans la société par leur témoignage de vie et leur enseignement. Aujourd'hui aussi, la nouvelle évangélisation a besoin d'apôtres bien formés, dévoués et courageux, afin que la lumière et la beauté de l'Evangile prévalent sur les orientations culturelles du relativisme éthique et l'indifférence religieuse, et transforment les façons de penser et d'agir en un authentique humanisme chrétien. Il est surprenant que Saint Laurent de Brindisi ait été en mesure de mener à bien de façon ininterrompue cette tâche de prédicateur infatigable et apprécié dans de nombreuses villes en Italie et dans d'autres pays, en dépit du fait qu'il remplît d'autres charges lourdes et de grande responsabilité. A l'intérieur de l'Ordre des Capucins, en effet, il fut professeur de théologie, maître des novices, à plusieurs reprises ministre provincial et Conseiller général, et enfin ministre général de 1602 à 1605. Au milieu de tant de travail, Laurent cultiva une vie spirituelle d'exceptionnelle ferveur, consacrant beaucoup de temps à la prière et surtout à la célébration de la Messe, qui souvent durait des heures, comprenant et proposant la mémoire de la Passion, la Mort et la Résurrection du Seigneur. A l'école des saints, chaque prêtre, comme cela a souvent été soulignée au cours de la récente année sacerdotale, ne peut éviter le danger de l'activisme, c'est-à-dire oublier les motivations profondes du ministère, qu'en prenant soin de sa propre vie intérieure. M'adressant aux prêtres et aux séminaristes dans la cathédrale de Brindisi, la ville natale de Saint Laurent, j'ai rappelé que « le moment de la prière est le plus important dans la vie du prêtre, celui où agit le plus efficacement la grâce de Dieu, rendant fécond son ministère. Prier est le premier service à rendre à la communauté. Et c'est pourquoi les moments de prière doivent être une vraie priorité dans nos vies ... Si nous ne sommes pas intérieurement en communion avec Dieu, nous ne pouvons rien donner aux autres non plus. C'est pourquoi Dieu est la première priorité. Nous devons toujours nous réserver le temps d'être en communion de prière avec notre Seigneur ». Du reste, avec l'ardeur inimitable de son style, Laurent exhorte tout le monde, pas seulement les prêtres, à cultiver une vie de prière, parce qu'à travers elle, nous parlons à Dieu et Dieu nous parle: « Oh, si nous considérions cette réalité ! - s'exclame-t-il - Que Dieu est réellement présent pour nous lorsque nous lui parlons par la prière, qu'il écoute vraiment notre oraison, même si nous ne prions qu'avec le cœur et l'esprit Et non seulement il est présent et nous entend, il peut et même souhaite consentir à nos demandes avec grand plaisir ». Un autre trait qui caractérise le travail de ce fils de saint François est son action pour la paix. Tant les deux Papes que les princes catholiques lui confièrent à plusieurs reprises d'importantes missions diplomatiques pour régler les différends et promouvoir l'harmonie entre les Etats européens, menacés à l'époque par l'Empire ottoman. L'autorité morale dont il jouissait en faisait un conseillé recherché et écouté. Aujourd'hui, comme au temps de Saint-Laurent, le monde a tant besoin de paix, il a besoin d'hommes et de femmes pacifiques et pacificateurs. Tous ceux qui croient en Dieu doivent toujours être sources et artisans de paix. C'est justement au cours de l'une de ces missions pacificatrices que Laurent conclut sa vie terrestre, en 1619 à Lisbonne, où il s'était rendu près du roi d'Espagne Philippe III, pour plaider la cause de ses sujets napolitains victimes de vexations par les autorités locales. Il fut canonisé en 1881 et, en raison de sa vigoureuse et intense activité, de sa science vaste et harmonieuse, il mérita le titre de Doctor apostolicus, « Docteur apostolique » par le bienheureux Pape Jean XXIII en 1959, à l'occasion du quatrième centenaire de la sa naissance. Cette reconnaissance fut accordée à Laurent de Brindisi, aussi parce qu'il était l'auteur de nombreux ouvrages d'exégèse biblique, de théologie et d'écrits destinés à la prédication. En eux, il offre une présentation organique de l'histoire du salut, centrée sur le mystère de l'Incarnation, la plus grande manifestation de l'amour divin pour les hommes. De plus, étant un mariologue de grande valeur, auteur d'un recueil de sermons sur la Sainte Vierge intitulé "Mariale", il souligne le rôle unique de la Vierge Marie, dont il affirme avec clarté l'Immaculée Conception et la coopération à l'oeuvre de rédemption accomplie par le Christ . Avec une fine sensibilité théologique, Laurent de Brindisi a également mis en évidence l'action du Saint-Esprit dans l'existence du croyant. Il nous rappelle que par ses dons, la Troisième Personne de la Sainte Trinité illumine et aide notre engagement à vivre avec joie le message de l'Evangile. « Le Saint-Esprit - écrit Saint-Laurent - rend doux le joug de la loi divine, et léger son poids, afin que nous observions les commandements de Dieu avec une grande facilité, et même avec plaisir ». Je voudrais terminer cette brève présentation de la vie et des enseignements de Saint Laurent de Brindisi en soulignant que toute son activité a été inspirée par un grand amour pour la Sainte Écriture, qu'il connaissait en grande partie par cœur, et par la conviction que l'écoute et l'acceptation de Parole de Dieu produisent une transformation intérieure qui nous conduit à la sainteté. "La Parole du Seigneur - affirme-t-il - est lumière pour l'intelligence et feu pour la volonté, afin que l'homme puisse connaître et aimer Dieu. Pour l'homme intérieur, qui par la grâce vit de l'Esprit de Dieu, elle est pain et eau, mais pain plus doux que le miel et eau meilleure que le lait et le vin ... C'est un maillet sur un cœur dur et obstiné dans le vice. C'est une épée contre la chair, le monde et le démon, pour détruire tout péché" . Saint Laurent de Brindisi nous enseigne à aimer la Sainte Ecriture, à croître dans la familiarité avec elle, à cultiver quotidiennement le rapport d'amitié avec le Seigneur dans la prière, afin que chacune de nos actions, chacun de nos actes ait en lui son début et son accomplissement. C'est la source où puiser, afin que notre témoignage chrétien soit lumineux, et capable de conduire les hommes de notre temps à Dieu.
Dernière édition par Claude Coowar le 17/11/2016, 19:57, édité 2 fois | |
| | | Claude Coowar
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| Sujet: Re: Les Docteurs de l'Eglise catholique . 17/11/2016, 14:32 | |
| http://home.nordnet.fr/caparisot/html/laurentdebrindisi.html 30.03 - SAINT LAURENT DU BRINDISI.
EXTRAIT DU " MARIALE ". Pour une introduction au 'Mariale', voir le lien biographique ci-dessus SERMON I A propos de la vision de St Jean l'évangéliste. Sur l'excellence de la Vierge Marie, mère de Dieu, à partir de ces mots de la vision : « Un grand signe apparut dans le ciel : une femme vêtue du soleil, la lune sous ses pieds » . (Apocalypse 12, 1)I) Jean, Apôtre et Evangéliste, le disciple bien-aimé du Christ, le fils en qui la Très Sainte Vierge, Mère de Dieu, mit sa préférence après la crucifixion, eut beaucoup à souffrir pour la foi en Jésus Christ pendant son exil sur l'île de Patmos. Mais, en même temps, il y fut aussi consolé par Dieu au moyen de nombreuses révélations célestes. En effet, St Paul dit : « Car, tout comme les souffrances du Christ abondent en nous, notre consolation abonde en Christ » . (2 Corinthiens 1, 5). Et de même, dans les Psaumes, nous lisons : « Quand les pensées s'agitent en foule au-dedans de moi, tes consolations réjouissent mon âme » . (Psaume 94(93), 19). Jean avait reposé sa tête sur la poitrine du Seigneur à la Sainte Cène, il avait aussi choisi Marie comme la meilleure part qui ne lui serait pas retirée (Luc 10, 42). Grâce à cette extraordinaire dévotion qui le caractériserait, il fut, après l'ascension du Seigneur Jésus Christ dans le Ciel, absorbé pour toujours dans la contemplation du divin. Mais c'est avec plus d'ardeur encore qu'il se consacrât aux choses divines alors même qu'il était en pleine tribulation. Voilà bien ce que font les saints. Pendant ces temps d'épreuves, Jean, « dévoré par un feu d'amour toujours plus ardent et élevé sur les hauteurs par les flammes séraphiques de cet amour, fut plongé en Dieu. Il commença alors à déborder de cette douceur divine qu'apporte la contemplation, bien plus abondamment et copieusement qu'à l'accoutumé ; de même, il expérimenta plus parfaitement les dons que procurent les visites célestes » . (St Bonaventure).Dieu, « le Père des miséricordes et le Dieu de toute consolation, qui nous console dans toutes nos afflictions » (2 Corinthiens 1, 3-4), consola Jean, tout comme il avait consolé autrefois le patriarche Jacob par la vision de l'échelle céleste (Genèse 28, 12-16) ou Moïse par l'apparition divine du buisson ardent (Exode 3, 2-5), ou bien encore les trois jeunes gens dans la fournaise qu'Il réconforta en envoyant un ange consolateur, accompagné d'une bienfaisante fraîcheur céleste (Daniel 3, 49-50) ; sans oublier Paul qui fut ravi au troisième Ciel, qui n'était autre que le Paradis lui-même. Dieu l'y consola et l'y revigora d'une manière ineffable par la vision de la gloire céleste (2 Corinthiens 12, 2-4). C'est ainsi que Jean fut consolé de bien des manières. Souvent, les cieux s'ouvrirent et souvent Dieu lui montra, comme il l'avait montré à Etienne, la gloire du Paradis, la gloire du Christ, la gloire de Dieu. Souvent, il le réjouit par la vue et le discours des anges, il le remplit d'une grande joie. Souvent, le plus doux des sauveurs lui apparut du haut des cieux. Souvent, il fut honoré de la vision de la gloire du Père. Ô bienheureux Jean qui est béni encore et toujours en gage de l'amour divin - c'est parce que Jésus l'a aimé. II) Une seule chose pouvait encore faire défaut. En effet, Jean aimait le Christ par-dessus tout, de toute son âme et de tout son coeur. Il L'aimait d'un amour parfait. Il L'aimait comme une jeune mariée chérit tendrement un époux qui l'aime. C'est la raison pour laquelle Jean était rempli d'une si grande joie à la vue du Christ. Mais personne n'ignore non plus qu'il vénérait la Vierge Mère de Dieu, la Très Sainte Mère du Christ, de l'affection qu'un enfant porte à sa mère. Tout le monde sait qu'il l'aimait d'une affectueuse dévotion comme si elle avait été réellement sa chère et tendre mère. Jean avait conscience qu'après le Christ, la Vierge l'aimait comme un fils très précieux. Le Christ lui-même n'avait-il pas dit à sa Mère en parlant de jean : « Voici ton fils » ? Et de même, n'avait-il pas dit à Jean en parlant de sa Mère : « Voici ta mère » ? Et 'le disciple', nous dit Jean, « la prit chez lui » (Jean 19, 26-27). Il la prit avec lui. Que possédait Jean en ce monde, je vous le demande ? Qu'avait-il en propre celui qui, pour suive le Christ, avait tout quitté, père et mère, etc…, et même son âme ? Comment prit-il la Vierge, Mère du Christ chez lui, lui qui, ayant tout quitté, ne possédait rien qui fût à lui ? Il la considéra comme son trésor, elle était toute sa richesse, tout ce qu'il possédait. Il vénérait la Vierge avec un amour et une noblesse inimaginables. Cependant, quelques années seulement après l'ascension au ciel du Seigneur Jésus Christ, Marie, aussi, fut enlevée par le Christ vers le Royaume des cieux, afin que comme reine, elle pût se tenir à la droite du Seigneur des Seigneurs, « parée de l'or d'Ophir, entourée par une cours nombreuse » (Psaume 45 (44), 10). C'est ainsi que l'Assomption de la Vierge eut lieu vers la quinzième année qui suivit la mort du Christ. Mais Jean, quant à lui, vécut encore jusqu'à l'époque de l'empereur Trajan. Quand Jean fut envoyé en exil sur l'île de Patmos par l'empereur Domitien, un monstre d'une cruauté atroce, la Très Sainte Vierge, qui était montée au Paradis le laissa vivre, pour le bien de l'Eglise, dans cette vallée de larmes, selon la volonté du Christ. Comme il savait que la Vierge était montée au ciel pour y être exaltée à la droite du Christ, au-dessus de toutes les puissances célestes, Jean ne put s'empêcher de se réjouir et d'exulter en son âme. Mais, privé de la douce conversation de la Vierge, ainsi que de la consolation et du réconfort divins, il ne put pas non plus ne pas laisser échapper larmes et lamentations quant à son sort. La Vierge n'ignorait pas du tout la situation de Jean. Doit-on penser qu'elle l'oublia ? Comment aurait-elle pu oublier celui qu'elle chérissait tendrement en son cœur de mère comme si ce fut le Christ ? L'échanson ingrat de Pharaon oublia en prison Joseph qui était innocent. Mais Marie ne pouvait pas oublier Jean. On peut donc fort bien penser que la Très Sainte Vierge descendait souvent du ciel pour lui rendre visite et le consoler, à la manière d'une mère qui a consolé son fils unique, un fils qui ne manque pas de l'aimer en retour. III) Il semble que Jean ait voulu conserver la trace d'une apparition particulière de la Vierge pour en faire un mémorial définitif quand il écrivit : « Un grand signe apparut dans le ciel : une femme enveloppée du soleil, la lune sous ses pieds et une couronne de 12 étoiles sur sa tête » . (Apocalypse 12, 1).Selon Epiphane, Bernard, Rupert et d'autres Pères encore, Jean parle ici de la Vierge, Mère de Dieu. Jean lui-même semble le sous-entendre. Non, en fait, il paraît bien avoir exprimé cette opinion le plus clairement du monde, car il dit : « Elle enfanta un fils, qui doit paître toutes les nations avec une verge de fer ». (Apocalypse 12, 3). Par ces mots, c'est sans aucun doute le Christ qu'il décrit, le Roi des rois et le Seigneur, le Fils de Dieu, le seul engendré, le fils de la Vierge, Mère de Dieu. La Vierge, Mère de Dieu, la mère du Christ, l'épouse de Dieu, la Reine du Ciel, la Reine des Anges, apparut donc à Jean, vêtue de la gloire céleste, resplendissante de la beauté et de la majesté divines : « Un grand signe apparut dans le ciel ». Par cette vision céleste, le Seigneur voulait montrer à Jean la grande valeur de ce précieux trésor qu'il avait confié à sa garde, ce trésor qui contient toutes les richesses et toute la gloire du ciel. A travers Jean, Il désirait montrer à l'Eglise catholique universelle, c'est à dire à tous les fidèles du Christ, combien la Vierge était exaltée au milieu des anges et des élus du Paradis. Dieu agit ainsi de peur que nous pussions croire que Marie avait été rejetée par Lui ; en effet, dans les Ecritures Sacrées, l'Esprit Saint avait fait la grâce à Marie de se sanctifier dans un certain effacement. IV) L'Ecriture Sainte se montre étonnamment réservée et avare de détails quand il s'agit de parler de la Vierge, il en est d'ailleurs de même pour ce qui touche à la nature des anges et à la gloire du Paradis céleste. Moïse, dans son récit des origines du monde, ne fait aucune mention de ces deux derniers éléments. Il ne nous dit rien sur leur création, même si, sous l'inspiration du Saint-Esprit, il raconte bien des choses au sujet de la création du monde visible et du paradis terrestre, tout comme il le fait au sujet de la formation de l'homme ; et c'est avec simplicité et véracité qu'il raconte les nombreuses actions historiquement véridiques de Dieu et des hommes, ceci afin de produire un témoignage qui traverserait les générations. Moïse a-t-il eu du mépris pour les anges ou pour la création de la Jérusalem céleste, alors même que leur Créateur, l'Artisan de leur existence, n'est autre que Dieu ? Pourquoi donc a-t-il omis d'en parler ? La sagesse lui commanda de garder le silence, car ce qu'il aurait pu dire dépassait la compréhension de notre esprit et la capacité de notre intelligence. Epiphanus va dans le même sens quand dans son Panarium, Haereses 78, il dit de la Vierge Mère de Dieu : « Les Ecritures restent silencieuses en raison de l'excellence du miracle, de peur que celui-ci ne plonge l'esprit des hommes dans la stupeur » . Aussi, les Saintes Ecritures ne disent-elles rien des parents de la Vierge ; elles ne disent rien non plus de sa conception ou de sa naissance, contrairement à ce qui s'était passé pour Jean Baptiste. Elles ne nous informent en rien sur l'âge de la Vierge, sa vie, son caractère ou bien encore sa façon de vivre. Elles ne font même aucune allusion à sa mort. C'est soudainement que la Vierge fait son apparition, à la manière de Melkisédek, ce distingué prêtre de Dieu et Roi de Salem, lui dont St Paul dit « qu'il était sans père, sans mère, sans généalogie, sans commencement ni fin ». (Genèse 14, 18 + Hébreux 7, 1-3), une affirmation qu'il peut faire puisqu’aucun de ces renseignements ne figurent dans les Saintes Ecritures. C'est ainsi que la prêtrise fit son apparition, avec majesté, comme si elle descendait du Ciel d'auprès de Dieu, ne tenant son origine ni des hommes ni de la terre. Le silence, déclare le Prophète Royal, est louange à Dieu : « Avec confiance, ô Dieu ! on te louera dans Sion » (Psaume 64, 1), mais en Hébreu, nous avons : « Dans le silence, ô Dieu ! on te louera dans Sion ». En effet, comme rien de ce que l'on peut dire ne saurait constituer une louange adéquate, il est préférable de s'émerveiller en silence devant le divin plutôt que de bafouiller des mots pauvres et inadaptés ; c'est pourquoi le Saint Esprit, qui inspira les saints hommes Dieu, voulut honorer la Mère de Dieu dans ce silence sacré, ne révélant que cette vérité, à savoir qu'elle était digne de devenir l'Epouse de Dieu pour concevoir et mettre au monde le Fils unique de Ce dernier. La Très Sainte Vierge, en conséquence, fit son entrée dans le monde non sans une certaine majesté divine : « L'Ange Gabriel fut envoyé d'auprès de Dieu…vers une vierge…et quand l'ange fut près de la Vierge il lui dit : Je te salue pleine de grâce, le Seigneur est avec toi ». (Luc 1, 26-28) Vraiment, « c'est un grand signe qui apparut dans le ciel » . Tout à coup, Marie surgit ; c'était comme une apparition divine descendue du ciel, façonnée par la main experte de Dieu. Eve, la première mère des vivants, avait été faite à l'image d'Adam, le premier homme, issu de la terre. Marie, la femme céleste, a été faite à l'image du Christ, le deuxième Homme, venu du ciel . Voilà pourquoi Jean déclare d'une voix forte : « un grand signe apparut dans le ciel ». V) Par cette vision céleste, Dieu souhaitait, autant que faire se peut, montrer à la véritable Eglise les splendeurs divines dont Marie avait été revêtues ; de même, Il désirait révéler aux fidèles les mystères que la Vierge recelait. Ces révélations, Dieu les donna, afin que tous prissent conscience, par les écrits la concernant, de la grandeur et de la magnificence de la gloire dont elle avait été comblée. Vous pouvez également trouver un court extrait d'un sermon de Carême fait par St Laurent de Brindisi à cette page → http://casimir.kuczaj.free.fr | |
| | | Claude Coowar
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| Sujet: Re: Les Docteurs de l'Eglise catholique . 17/11/2016, 20:24 | |
| https://w2.vatican.va/content/benedict-xvi/fr/audiences/2011/documents/hf_ben-xvi_aud_20110323.html 30.04 - SAINT LAURENT BRINDISI. Selon l'autorité théologique de SA SAINTETE, LE PAPE BENOIT XVI. AUDIENCE GÉNÉRALE Place Saint-Pierre Mercredi 23 mars 2011 Chers frères et sœurs, Je me souviens encore avec joie de l’accueil festif qui m’a été réservé en 2008 à Brindisi, la ville où, en 1559, naquit un éminent docteur de l’Eglise, saint Laurent de Brindisi, nom que Giulio Cesare Rossi prit en entrant dans l’Ordre des capucins. Dès son enfance, il fut attiré par la famille de saint François d’Assise. En effet, orphelin de père à l’âge de sept ans, il fut confié par sa mère aux soins des frères conventuels de sa ville. Quelques années plus tard, toutefois, il s’installa avec sa mère à Venise, et c’est précisément en Vénétie qu’il connut les capucins qui, à cette époque, s’étaient placés généreusement au service de l’Eglise tout entière, pour approfondir la grande réforme spirituelle promue par le Concile de Trente. En 1575, Laurent, à travers la profession religieuse, devint frère capucin, et en 1582, fut ordonné prêtre. Dès l’époque de ses études ecclésiastiques, il révéla les éminentes qualités intellectuelles dont il était doté. Il apprit facilement les langues anciennes, comme le grec, l’hébreu et le syriaque, et modernes, comme le français et l’allemand, qui s’ajoutaient à sa connaissance de la langue italienne et de la langue latine, à l’époque couramment parlée par tous les ecclésiastiques et hommes de culture. Grâce à la connaissance de tant de langues, Laurent put accomplir un intense apostolat auprès de diverses catégories de personnes. Prédicateur efficace, il connaissait de façon si profonde non seulement la Bible, mais également la littérature rabbinique, que les rabbins eux-mêmes en étaient stupéfaits et admiratifs, manifestant à son égard estime et respect. Théologien expert de l’Ecriture Sainte et des Pères de l’Eglise, il était en mesure d’illustrer de façon exemplaire la doctrine catholique également aux chrétiens qui, surtout en Allemagne, avaient adhéré à la Réforme. A travers une présentation claire et douce, il montrait le fondement biblique et patristique de tous les articles de la foi mis en discussion par Martin Luther. Parmi ceux-ci, le primat de saint Pierre et de ses successeurs, l’origine divine de l’épiscopat, la justification comme transformation intérieure de l’homme, la nécessité des bonnes œuvres pour le salut. Le succès dont Laurent bénéficia nous aide à comprendre qu’aujourd’hui aussi, en poursuivant avec tant d’espérance le dialogue œcuménique, la confrontation avec la Sainte Ecriture, lue dans la Tradition de l’Eglise, constitue un élément incontournable et d’une importance fondamentale, comme j’ai voulu le rappeler dans l’Exhortation apostolique Verbum Domini (n. 46). Même les fidèles les plus simples, dépourvus d’une grande culture, tirèrent profit de la parole convaincante de Laurent, qui s’adressait aux personnes humbles pour rappeler à tous la cohérence de leur vie avec la foi professée. Cela a été un grand mérite des capucins et d’autres ordres religieux, qui, aux XVI° et XVII° siècles, contribuèrent au renouveau de la vie chrétienne en pénétrant en profondeur dans la société à travers leur témoignage de vie et leur enseignement. Aujourd’hui aussi, la nouvelle évangélisation a besoin d’apôtres bien préparés, zélés et courageux, afin que la lumière et la beauté de l’Evangile prévalent sur les orientations culturelles du relativisme éthique et de l’indifférence religieuse, et transforment les diverses façons de penser et d’agir en un authentique humanisme chrétien. Il est surprenant que saint Laurent de Brindisi ait pu accomplir de façon ininterrompue cette activité de prédicateur apprécié et inlassable dans de nombreuses villes d’Italie et dans divers pays, alors qu’il occupait d’autres charges lourdes et de grandes responsabilités. Au sein de l’Ordre des capucins, en effet, il fut professeur de théologie, maître des novices, plusieurs fois ministre provincial et définiteur général, et enfin ministre général de 1602 à 1605. Parmi tant de travaux, Laurent cultiva une vie spirituelle d’une ferveur exceptionnelle, consacrant beaucoup de temps à la prière et, de manière particulière, à la célébration de la Messe, qu’il prolongeait souvent pendant des heures, absorbé et ému par le mémorial de la Passion, de la Mort et de la Résurrection du Seigneur. A l’école des saints, chaque prêtre, comme cela a souvent été souligné au cours de la récente Année sacerdotale, peut éviter le danger de l’activisme, c’est-à-dire d’agir en oubliant les motivations profondes de son ministère, seulement s’il prend soin de sa propre vie intérieure. En s’adressant aux prêtres et aux séminaristes dans la cathédrale de Brindisi, la ville natale de saint Laurent, j’ai rappelé que «le moment de la prière est le plus important dans la vie du prêtre, celui où la grâce divine agit avec le plus d’efficacité, en donnant sa fécondité au ministère. Prier est le premier service à rendre à la communauté. Les temps de prière doivent donc avoir une véritable priorité dans notre vie... Si l’on n’est pas intérieurement en communion avec Dieu, on ne peut rien donner non plus aux autres. Dieu est donc la première priorité. Nous devons toujours réserver le temps nécessaire pour être en communion de prière avec notre Seigneur» . Du reste, avec l’ardeur incomparable de son style, Laurent exhorte chacun, et pas seulement les prêtres, à cultiver la vie de prière car au moyen de celle-ci nous parlons à Dieu et Dieu nous parle: «Oh, si nous considérions cette réalité! — s’exclame-t-il — C’est-à-dire que Dieu est vraiment présent à nous quand nous lui parlons en priant; qu’il écoute vraiment notre prière, même si nous prions seulement avec le cœur et avec l’esprit. Et que non seulement il est présent et nous écoute, mais qu’il peut même et qu’il désire volontiers répondre, et avec le plus grand plaisir, à nos questions». Un autre trait qui caractérise l’œuvre de ce fils de saint François est son action pour la paix. Les Souverains Pontifes, ainsi que les princes catholiques lui confièrent à plusieurs reprises d’importantes missions diplomatiques pour résoudre des controverses et favoriser la concorde entre les Etats européens, menacés à cette époque par l’empire ottoman. L’autorité morale dont il jouissait faisait de lui un conseiller recherché et écouté. Aujourd’hui, comme à l’époque de saint Laurent, le monde a un grand besoin de paix, il a besoin d’hommes et de femmes pacifiques et pacificateurs. Tous ceux qui croient en Dieu doivent toujours être des sources et des agents de paix. Ce fut précisément à l’occasion d’une de ces missions diplomatiques que Laurent conclut sa vie terrestre, en 1619 à Lisbonne, où il s’était rendu auprès du roi d’Espagne, Philippe III, pour défendre la cause de ses sujets napolitains, opprimés par les autorités locales. Il fut canonisé en 1881 et, en raison de son activité vigoureuse et intense, de sa science vaste et harmonieuse, il mérita le titre de Doctor apostolicus, «Docteur apostolique», que lui donna le bienheureux Pape Jean XXIII en 1959, à l'occasion du quatrième centenaire de sa naissance. Cette reconnaissance fut accordée à Laurent de Brindisi également parce qu'il fut l'auteur de - nombreuses œuvres d'exégèse biblique, - de théologie - et d'écrits destinés à la prédication. Il y offre une présentation organique de l'histoire du salut, centrée sur le mystère de l'Incarnation, la plus grande manifestation de l'amour divin pour les hommes. En outre, étant un mariologiste de grande valeur, auteur d'un recueil de sermons sur la Vierge intitulé «Mariale», il met en évidence le rôle unique de la Vierge Marie, dont il affirme avec clarté l'Immaculée Conception et la coopération à l’œuvre de la rédemption accomplie par le Christ. Avec une fine sensibilité théologique, Laurent de Brindisi a également mis en évidence l'action de l'Esprit Saint dans l'existence du croyant. Il nous rappelle qu’avec ses dons, la Troisième Personne de la Très Sainte Trinité, éclaire et aide notre engagement à vivre dans la joie le message de l'Evangile. «L'Esprit Saint — écrit saint Laurent — rend doux le joug de la loi divine et léger son poids, afin que nous observions les commandements de Dieu avec une très grande facilité, et même avec plaisir». Je voudrais compléter cette brève présentation de la vie et de la doctrine de saint Laurent de Brindisi en soulignant que toute son activité a été inspirée par un grand amour pour l'Ecriture Sainte, qu'il savait presque par cœur, et par la conviction que l'écoute et l'accueil de la Parole de Dieu produit une transformation intérieure qui nous conduit à la sainteté. «La Parole du Seigneur — affirme-t-il — est lumière pour l'intelligence et feu pour la volonté, pour que l'homme puisse connaître et aimer Dieu. Pour l'homme intérieur, qui au moyen de la grâce vit de l'Esprit de Dieu, il est pain et eau, mais un pain plus doux que le miel et une eau meilleure que le vin et le lait... C'est un maillet contre un cœur durement obstiné dans les vices. C’est une épée contre la chair, le monde et le démon, pour détruire tout péché». Saint Laurent de Brindisi nous enseigne à aimer l'Ecriture Sainte, à croître dans la familiarité avec elle, à cultiver quotidiennement le rapport d’amitié avec le Seigneur dans la prière, pour que chacune de nos actions, chacune de nos activités ait en Lui son commencement et son achèvement. Telle est la source à laquelle puiser afin que notre témoignage chrétien soit lumineux et soit capable de conduire les hommes de notre temps à Dieu. * * * Je salue les pèlerins francophones, spécialement les élèves, les collégiens et les membres des Associations présents. Puissiez-vous aimer la Parole de Dieu et être, comme Laurent de Brindisi, des évangélisateurs zélés et courageux capables d’insuffler dans les divers modes de pensée et d’action un authentique humanisme chrétien! Bon pèlerinage à tous! © Copyright 2011 - Libreria Editrice Vaticana | |
| | | Claude Coowar
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| Sujet: Re: Les Docteurs de l'Eglise catholique . 17/11/2016, 21:08 | |
| http://balises.bpi.fr/religions/therese-davila-premiere-femme-docteur-de-leglise 31.01 - SAINTE THERESE D'AVILA . BIOGRAPHIE. Thérèse d'Ávila, première femme Docteur de l'Église. Qui est donc Thérèse d'Ávila, cette sainte dont on fête le 500e anniversaire de la naissance en 2015 ? Nous vous proposons de découvrir la vie hors du commun de celle que l'on surnomme la « Madre » (la Mère), figure mystique majeure, initiatrice d'une réforme monastique importante et première femme proclamée Docteur de l'Église près de quatre cents ans après sa mort. SommaireBiographie de Thérèse d’Ávila / La réforme thérésienne / Thérèse d’Ávila et l'expérience mystique / Pour aller plus loin Biographie de Thérèse d’Ávila.Thérèse d'Ávila naît Teresa de Ahumada y Cepeda le 28 mars 1515 à Gotarrendura, dans la province d’Ávila, située en vieille Castille en Espagne. Son père, Alonso Sánchez de Cepeda (1480-1543), est le descendant de riches marchands marranes, juifs convertis au catholicisme installés à Tolède. Sa mère, Beatriz Dávila y Ahumada (1495-1528), est issue de la petite noblesse catholique de la région. Thérèse d’Ávila grandit dans l’Espagne du Siècle d’or (1492-1648), qui voit le retour des rois catholiques et l’avènement de Charles Quint. La religion occupe une place importante dans la vie des Ahumada y Cepeda. La vie des saints est lue attentivement et exerce une influence telle que Thérèse d’Ávila fugue à l’âge de sept ans avec l’un de ses frères dans l’espoir de subir le martyr en terre musulmane. Rappelons que la reconquête catholique des terres espagnoles musulmanes est achevée seulement depuis la fin du XVe siècle. Les questions religieuses sont encore très vives. La création de l’Inquisition espagnole dès 1478 en est d'ailleurs le témoin.Thérèse d’Ávila émet rapidement le souhait d’embrasser la vie religieuse. Cette aspiration aboutit à son entrée au monastère carmélite de l’Incarnation à Ávila en 1535, malgré l’opposition de son père. Elle prononce ses vœux solennels le 3 novembre 1537 et prend pour nom Teresa de Jesús. De santé fragile, elle découvre l’oraison, forme de prière silencieuse, lors d’une période de convalescence, grâce à la lecture du Troisième abécédaire du franciscain Francisco de Osuna. Elle trouve dans cette contemplation religieuse une ferveur qui ne la quittera plus. Tout au long de sa vie, Thérèse d’Ávila approfondit sa foi par la prière et la lecture, notamment des Confessions de Saint Augustin. Elle suit également les conseils de ses confesseurs et directeurs spirituels successifs, dont Balthasar Álvarez, le père Jérôme Gratien ou encore Pierre d'Alcántara. Ses vingt dernières années sont consacrées à la mise en œuvre de sa réforme de l’ordre du Carmel. Fatiguée et malade, Thérèse d'Ávila meurt dans la nuit du 4 au 15 octobre 1582 à Alba de Tormes. Cette date atypique est le résultat du passage au calendrier grégorien décidé par le pape Grégoire XIII. Son corps est dispersé à travers l’Espagne. Des reliques se trouvent aussi à Lisbonne et à Rome. Thérèse d’Ávila est béatifiée dès 1614 et canonisée quarante ans après sa mort en 1622. Cinq ans plus tard, le pape Urbain VIII la désigne sainte patronne de l’Espagne (elle rejoint ainsi Saint Jacques). Ultime distinction : elle est l'une des deux premières femmes proclamées Docteurs de l’Église en 1970 par le pape Paul VI, la seconde étant Catherine de Sienne, autre grande figure mystique. La réforme thérésienne.Thérèse d’Ávila appartient à l’ordre du Carmel (ou ordre des Carmes). Né au XIIe siècle, cet ordre mendiant se réclame du prophète Élie et trouve son origine dans l’installation du monastère Notre-Dame du Mont-Carmel en Palestine en 1153. Les moines y mènent une vie d’ermite vouée à la solitude et à la prière. Saint Albert de Jérusalem rédige la Règle du Carmel entre 1206 et 1214. Dès 1235, l’ordre du Carmel se propage en occident en fondant ici et là des monastères. Érémitisme, contemplation et mission apostolique caractérisent la vie des carmes et carmélites. La vocation carmélitaine repose quant à elle sur la perception constante en soi-même de la présence divine et de l’amour qui en découle. Quelle est la réforme menée par Thérèse d’Ávila au sein du Carmel ?1554 est une année charnière, celle de la « conversion définitive » de la carmélite, épisode durant lequel elle est profondément marquée par une représentation du Christ souffrant. Elle décide alors de réformer l’ordre des Carmes pour revenir à la règle primitive du Carmel et assurer ainsi le salut des âmes. Un siècle après l’assouplissement des règles de l’ordre par le pape Eugène IV en 1432, Thérèse d’Ávila réinstaure austérité, isolement, silence et pauvreté au sein des carmélites d’Ávila. Deux heures par jour sont consacrées à l’oraison, prière silencieuse privilégiée par la religieuse. Les novices abandonnent leurs chaussures, ce qui donnera le nom de cette nouvelle branche de l’ordre : les carmes déchaussé(e)s ou carmes déchaux. La réforme thérésienne s’inscrit dans un contexte particulier, celui du Concile de Trente, tenu entre 1547 et 1563 avec pour objectif de réaffirmer l’unité catholique après la séparation dogmatique protestante menée par Luther. Le premier monastère carmélite réformé est fondé à Ávila le 24 août 1562. À l’occasion de la visite du père général de l’ordre en février 1567, Thérèse d’Ávila obtient son accord pour de nouvelles fondations. Entre 1567 et 1582, ce sont seize autres monastères qui voient le jour dans toute l’Espagne, de Grenade à Burgos en passant par Séville et Salamanque. La branche masculine des carmes est également touchée par la réforme thérésienne dès 1567, année de la rencontre entre Thérèse d’Ávila et Jean de la Croix (1542-1591). Il devient l’un des deux premiers carmes déchaux et participe à la fondation du premier monastère réformé à Duruelo en 1568. Thérèse d’Ávila entretient jusqu’à sa mort une relation amicale avec Jean de la Croix, lui aussi en proie à des visions mystiques intenses. Réactions de l'ordre du Carmel et de l’Église. La position de l’Église et de l'ordre du Carmel vis-à-vis de la réforme thérésienne est fluctuante. Le soutien affiché dans les années 1560 ne dure pas et les persécutions se multiplient à l’encontre des réformé(e)s dès 1575. L’Inquisition espagnole confisque l'autobiographie de Thérèse d’Ávila et un avis du Chapitre général de l’ordre du Carmel contraint la carmélite à se retirer dans le monastère de son choix, celui de Tolède en l’occurrence. Jean de la Croix connaît un sort moins clément : il est emprisonné entre 1577 et 1578. La séparation définitive des carmes déchaux et carmélites déchaussées de l’ordre du Carmel intervient seulement en 1593. L’ordre des Carmes déchaux s'implante progressivement dans toute l'Europe durant le XVIIe siècle. En France, des carmélites déchaussées s’installent à Paris dès 1604 et diffusent la pensée thérésienne. Parmi les carmélites déchaussées célèbres, figurent par exemple Thérèse de Lisieux (XIXe siècle) et Edith Stein (XXe siècle). Thérèse d'Ávila et l'expérience mystique. Qu'entend-on par mystique ?Rappelons tout d'abord que la plupart des religions proposent une approche mystique : kabbale juive, soufisme chez les musulmans, mystique bouddhique, etc. La signification du terme « mystique » évolue au cours des siècles. Jusqu’au XVIIe siècle, seul l’adjectif existe et il renvoie à la connaissance des mystères de toute nature. Dans la sphère chrétienne, suite au développement de la théologie mystique, formulée au VIe siècle puis théorisée au XVe siècle, le substantif apparaît au XVIIe siècle pour désigner une forme particulière de l’expérience religieuse. Il s’agit d’une relation singulière qui s’établit avec Dieu, la présence divine étant personnellement ressentie. Cette expérience spirituelle est par essence indescriptible, indicible, invisible. Elle ne peut être connue que par le témoignage de celui ou celle qui l’a vécue. Les modalités de l’expérience mystique sont paradoxalement très visibles : les visions et ravissements s’accompagnent d’extases, de cris et autres états seconds. La mystique chez Thérèse d’Avila.Pour Thérèse d’Ávila, l’expérience mystique est très intense et bien souvent source d’inquiétude. Elle n’a de cesse de recueillir les conseils de ses directeurs spirituels à ce sujet et redoute les manifestations mystiques en public. Les grâces mystiques dont elle bénéficie se traduisent essentiellement par des visions comme celles du Christ ressuscité et de l'Enfer en 1560. Cette année est riche en expériences mystiques pour Thérèse d’Ávila puisque le célèbre épisode de la transverbération a lieu en avril : dans un état extatique, la carmélite a le cœur transpercé par une flèche enflammée d'amour divin. De ces expériences mystiques, Thérèse d’Ávila tire une ligne de conduite pour sa vie spirituelle intérieure. Encouragée par ses confesseurs, elle rédige des traités spirituels destinés aux carmélites déchaussées. Son Château intérieur ou livre des demeures de l'âme en est l'aboutissement. Elle y développe son cheminement spirituel au sein de sept demeures successives menant au centre de l'âme, le « château », lieu de l'union à Dieu, qu'elle appelle également « mariage spirituel ». Elle en fait elle-même l'expérience en novembre 1572. La doctrine spirituelle de Thérèse d’Ávila repose sur la lecture des écrits bibliques et la vie contemplative dont l'oraison est le temps fort . La carmélite passe ainsi de longues heures à prier pour s'éveiller à Dieu, s'unir à lui et en faire don aux autres. Au-delà de son propre salut, c'est celui des hommes qui reste au cœur de ses préoccupations tout au long de sa vie. | |
| | | Claude Coowar
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| Sujet: Re: Les Docteurs de l'Eglise catholique . 17/11/2016, 21:59 | |
| http://questions.aleteia.org/articles/96/quelles-sont-les-etapes-de-la-vie-mystique-selon-therese-davila/ 31.02 - SAINTE THERESE D'AVILA. LA VIE MYSTIQUE. Quelles sont les étapes de la vie mystique selon Thérèse d'Avila ?Pour que nous nous ouvrions à sa présence qui nous habite et veut nous révéler notre vrai désir – aimer – Dieu nous conduit à travers l’expérience de sept traversées successives où il nous rend progressivement plus libres pour aimer et communier à son désir de sauver tous les hommes. 1 - Au terme de son parcours spirituel, Thérèse d’Avila écrit le Livre des demeures où elle compare notre âme - où habite Dieu - à un château. Les premières demeures correspondent à l’entrée dans la vie spirituelle et elles sont le fondement de tout ce qui va suivre. Elle s’appuie particulièrement sur quatre citations bibliques: - « Dans la maison de mon Père, il y a de nombreuses demeures » (Jean 14,2), qui évoquent selon elle ce « château intérieur » - « Si quelqu’un m’aime, il gardera ma parole ; mon père l’aimera, nous viendrons vers lui et, chez lui, nous nous ferons une demeure ».(Jean 14,23)qui est comme un résumé de l’itinéraire spirituel qu’elle décrit. - « Dieu trouve ses délices parmi les enfants des hommes ».(Proverbes 8,31), qui montre que nous sommes le paradis de Dieu. - « Faisons l’homme à notre image, comme à notre ressemblance ».(Genèse 1,26) qui est l’attestation que nous sommes créés pour aimer comme Dieu aime, puisque Dieu est amour. La volonté de Dieu est de nous donner d’aimer comme il aime. Au terme de son parcours spirituel, Thérèse d’Avila compare notre âme – où Dieu demeure - à un château.Le fondement c’est de s’accueillir comme le lieu de la présence de Dieu. Thérèse écrit son livre Le Château intérieur en 1577 après avoir connu le « mariage spirituel » en 1572. Elle décrit avec précision chacune des étapes de la croissance de la vie spirituelle en détaillant davantage les dernières étapes qui correspondent à des réalités moins claires pour ses lectrices (ses propres sœurs carmélites). Elle écrit tout cela après être arrivée à sa pleine maturité spirituelle et avoir reçu la grâce de traverser toutes les demeures. Les premières demeures sont l’entrée dans la vie spirituelle et le fondement de tout ce qui va suivre.Ce sont les fondations : les premières demeures jalonnent un parcours où s’approfondit cette conscience quotidienne de ce que nous sommes, de notre dignité, de notre gloire qui est d’être la demeure d’un autre : la demeure de Dieu. Le porche d’entrée de la vie spirituelle c’est donc de commencer à s’accueillir soi-même comme l’œuvre de Dieu, comme la demeure de Dieu et elle fonde tout l’itinéraire spirituel dont elle va parler sur quatre citations bibliques. a) « Dans la maison de mon Père, il y a de nombreuses demeures » (Jean 14,2).Thérèse utilise cette citation biblique assez connue : « Dans la maison de mon Père, il y a de nombreuses demeures ». On pourrait comprendre que nous allons vers les nombreuses demeures du ciel, mais pour Thérèse ces nombreuses demeures sont en chacun. Les demeures de la maison du Père sont en chaque personne. b) « Si quelqu’un m’aime, il gardera ma parole ; mon père l’aimera, nous viendrons vers lui et, chez lui, nous nous ferons une demeure » . (Jean 14,23)La deuxième citation biblique est : « Si quelqu’un m’aime, il gardera ma parole ; mon père l’aimera, nous viendrons vers lui et, chez lui, nous nous ferons une demeure » (Jean 14,23). Elle résume d’une certaine manière l’itinéraire spirituel que nous allons décrire, qui commence par une décision, une progression et une action de Dieu qui se manifeste et s’unit à l’âme. c) « Dieu trouve ses délices parmi les enfants des hommes ». (Proverbes 8,31).Les deux autres citations viennent de l’Ancien Testament. Celle du Livre des Proverbes (8,31) : « Dieu trouve ses délices parmi les enfants des hommes » dit que le paradis de Dieu, c’est l’homme et que c’est la personne humaine. Nous n’allons pas au paradis : nous sommes le paradis de Dieu. C’est une inversion totale. On ne va pas au paradis : c’est Dieu qui fait de notre personne, de la relation avec nous, son paradis. Donc le paradis pour Dieu, c’est une relation vivante. d) « Faisons l’homme à notre image, comme à notre ressemblance ». (Genèse 1,26)Thérèse voit que si Dieu nous créa « à son image et à sa ressemblance », c’est justement pour que nous trouvions notre joie à l’accueillir en nous. Thérèse s’émerveille devant cette affirmation : voilà le signe que nous sommes faits pour l’amour et pour un amour aussi grand que celui de Dieu. 2 -Les premières demeures sont le porche de l’entrée dans la vie spirituelle. On le franchit en se décidant à chercher Dieu en nous, à s’appuyer sur lui, car la pire des misères pour sainte Thérèse d’Avila, c’est de vivre sans Dieu ou même d’imaginer que l’on peut faire le bien sans Dieu. Les quatre fruits des premières demeures, qui vont mûrir tout au long de notre chemin spirituel sont la liberté, l’humilité, le détachement et surtout la charité qui en est aussi le terme et l’accomplissement. Les deuxième, troisième et quatrième demeures vont permettre d’approfondir la vie spirituelle comprise comme un chemin vers Dieu, une quête de Dieu comprise comme une participation progressive à la vie divine. Ce don est gratuit, mais nous devons nous déterminer à l’accueillir, à faire de cet accueil le centre de notre vie et donc à nous purifier de ce qui prend en nous la place de Dieu. C’est Dieu qui nous fait passer d’une demeure à l’autre, quand il le veut et comme il le veut. Les premières demeures sont le porche de l'entrée de la vie spirituelle.C’est un choix, une décision de commencer la vie spirituelle. C’est très positif, mais ce n’est pas forcément facile à vivre. Il faut décider d’entrer dans une perception renouvelée de nous-mêmes et croire que nous sommes la demeure de Dieu. L’entrée dans ces premières demeures est essentielle, car il y a évidemment le risque inverse. Si on s’oppose et que l’on refuse de s’engager, de croire à cette gloire de l’homme, à cette grandeur de l’homme, à cette beauté que nous avons, à cette présence de Dieu en nous, alors on se trouve dans une misère terrible. L’homme oublie alors ce qu’il est et vit à l’extérieur de ce qu’il est en réalité, à l’extérieur de cette présence d’un Dieu qui veut nous ouvrir au don qu’il veut nous faire. La pire des misères chez sainte Thérèse d’Avila, c’est de vivre sans Dieu ou d’imaginer que l’on fait le bien sans Dieu. Faire le bien sans Dieu, comme elle dit, c’est faire plaisir au démon. Paradoxalement le péché le plus grave pour elle, ce n’est pas tellement d’avoir des faiblesses, des limites. Elle ne les encourage pas bien sûr, elle nous invite aussi à nous engager pour combattre les faiblesses de la vie quotidienne et nous corriger avec la grâce de Dieu, mais le pire pour elle c’est de ne pas reconnaître le bien, le bon et le beau en nous et chez les autres comme une réalité qui a sa source en Dieu. On pourrait dire, bien qu’elle ne le dise pas explicitement - mais à bien la lire c’est ce que l’on comprend - que le péché mortel, c’est de vivre sans Dieu, de faire le bien sans Dieu. Les quatre fruits des premières demeures vont mûrir tout au long de notre chemin spirituel.Les fruits de cette entrée dans le Château, de cette mise en relation avec Dieu en sa présence dans notre vie quotidienne, on les trouve décrits au deuxième chapitre des premières demeures. Il y en a quatre. Thérèse les décrit dès le départ : ces fruits vont mûrir tout au long du chemin à travers les sept demeures du château. 1°/ - La libertéL’exercice le plus haut de notre liberté, c’est justement d’accueillir cette présence de Dieu, de reconnaître ce que nous sommes, c'est-à-dire créés « à son image ». La prière sous toutes ses formes est un engagement de la liberté, puisque pour Thérèse la prière consiste à se tourner vers Dieu, à cultiver notre relation avec Dieu. Il faut la vivre évidemment dans différents lieux et de différentes manières dans notre quotidien. Thérèse insiste évidemment beaucoup sur la prière silencieuse dont un des fruits consiste à recevoir notre vie comme le lieu concret où nous devons vivre notre relation à Dieu. 2°/ - L’humilité.L’humilité, ce n’est pas l’humiliation : c’est la reconnaissance que nous sommes les bénéficiaires du don de Dieu en permanence et pour tout et pas seulement ce qui concerne le spirituel. Nous sommes créés, nous recevons énormément de choses tout au long de notre journée, aussi bien l’alimentation que les relations avec les autres, ce que l’on a pu apprendre, nos compétences, les réalités naturelles, culturelles, spirituelles, etc. L’humilité c’est avant tout la reconnaissance de fond que notre existence est un don de Dieu. L’image, le modèle de la personne profondément humble, c’est évidemment Jésus qui accueille toute sa vie comme un don de son Père. 3°/ - Le détachement.Le détachement ne veut pas dire que l’on vit sans rien. Cela veut dire que l’on modifie notre relation aux choses et aux personnes qui peuvent souvent être d’une certaine manière parfois captatrices ou dominatrices. Le détachement fait passer à une plus grande liberté dans la relation aux choses et aux autres mais aussi à tous les biens intellectuels, spirituels et même aux vertus morales. Le détachement est lié à l’humilité : on se situe moins comme un propriétaire et on a beaucoup moins besoin d’un rapport possessif aux réalités. Tout cela va s’approfondir durant tout le parcours. 4°/ - La charité C’est à la fois le but final et le chemin essentiel. Il s’agit de laisser Dieu nous apprendre à aimer. Et l’amour a deux directions qui sont unies : l’amour de Dieu et l’amour des autres. Les deuxièmes, troisièmes et quatrièmes demeures vont permettre d’approfondir la vie spirituelle comprise comme un chemin vers Dieu.Car, à partir des cinquièmes demeures, il y a comme un renversement qui se fait et l’on perçoit sa vie comme la vie de Dieu en nous. Dieu fait alors vivre l’expérience que saint Paul décrit en ces termes : « Ce n’est plus moi qui vis, c’est le Christ qui vit en moi ». Une conscience nouvelle de la relation à Dieu nous habite. Sur ce chemin, les deuxièmes troisièmes et quatrièmes demeures sont le lieu de transformation de nos relations. Dans les deuxièmes demeures, la relation au monde. Dans les troisièmes, la relation à soi-même. Dans les quatrièmes, la relation à Dieu. On va ainsi de ce qui est le plus extérieur, le monde, à ce qui est le plus intérieur en nous : Dieu. C’est Dieu qui nous fait passer d’une demeure à l’autre, quand il le veut et comme il le veut.Précision importante : passer d’une demeure à l’autre est toujours une aventure, un cheminement, mais ce n’est pas nous qui choisissons le passage d’une demeure à l’autre d’une manière stable sur notre agenda spirituel. C’est Dieu qui nous découvre une profondeur plus grande, quand il veut, comme il le veut. Le Seigneur permet aussi souvent que l’on ait des avant-goûts des demeures supérieuresDeuxième précision importante ; avant d’entrer dans la description des thématiques des demeures : on peut recevoir des effets spirituels des demeures plus profondes en vivant de manière stable dans une demeure moins profonde. On peut tout à fait avoir des avant-goûts de ce qui nous habite déjà, car, dès le départ, les sept demeures sont en nous, puisque Dieu est en nous. Dieu peut donc nous donner des goûts, des expériences des quatrièmes et des cinquièmes demeures, alors que nous sommes toujours dans les deuxièmes ou troisièmes. Mais ce n’est pas la même chose d’expérimenter ces avant-goûts et de vivre de manière stable dans une demeure. Le passage d’une demeure à l’autre est toujours un moment essentiel qu’il nous est donné de discerner plus ou moins rapidement. 3. Les deuxièmes demeures concernent la purification de notre relation au monde. L’arme à utiliser pour y parvenir, c’est de croire au Christ et de se confier à lui qui va nous libérer (cf. Galates 5,1). Les deuxièmes demeures concernent la purification de notre relation au mondeDans les deuxièmes demeures, on s’engage sur ce chemin de la vie spirituelle qui va forcément révéler en nous plein d’attachements, plein de compromis, plein de faiblesses. On s’attendait à recevoir plein de consolations et en fait on se rend compte que nous sommes un champ de bataille. On pourrait faire un parallèle entre le livre des demeures et le livre de l’Exode : les Hébreux sortent d’Égypte et ils s’attendent à entrer en Terre Sainte tout de suite. Ils se retrouvent dans un désert. Ils se retrouvent confrontés à leurs difficultés et doivent choisir de faire confiance à Dieu. C’est bien ce qui se passe dans ces deuxièmes demeures. Comme les Hébreux conduits par Moïse, nous pouvons regretter parfois notre ancien esclavage sans pouvoir ni vouloir vraiment y revenir, car maintenant nous sommes conscients de l’esclavage passé. Avant, nous étions un esclave inconscient mais maintenant nous sommes devenus un esclave conscient. Il reste que nous sommes tiraillés : on est comme entre deux chaises. Un combat nous habite. L’arme à utiliser, c’est de croire au Christ et de se confier à lui avec persévérance : c’est lui va nous libérer (cf. Galates 5,1)Ce qui va pouvoir nous aider à avancer, c’est le Christ qui dans son humanité a assumé tout cela. Il a assumé toute la réalité humaine et donc l’arme à utiliser, c’est de croire à la force, à la puissance du mystère pascal du Christ, de sa croix. La croix du Christ nous rend libre. « C’est pour la liberté que le Christ nous a libérés » dit saint Paul dans l’épître aux Galates (Galates 5,1). Même si on a des épreuves, même si ce n’est pas forcément facile, il faut consentir dans la prière à la sécheresse, à des difficultés. Moïse qui s’adresse aux Hébreux dans cette situation leur dit : « Tenez ferme, le Seigneur combattra pour vous, vous, vous n’aurez qu’à rester tranquilles. », alors qu’en fait on a envie de tout sauf de rester tranquille ! Le combat, c’est croire que nous ne combattons pas seuls et que c’est surtout le combat du Christ en nous et qu’il faut se confier à lui, parce que lui seul peut être vainqueur de ce combat. Ce qui dépend de nous, c’est de nous orienter vers lui le plus souvent possible et de choisir de lui faire confiance. 4.Les troisièmes demeures concernent la clarification du rapport à soi-même. On court le risque d’être comme ce jeune homme riche qui a bien commencé mais qui s’en va finalement tout triste. L’enjeu de ces troisièmes demeures, est de se reconnaître comme un « serviteur quelconque » qui reçoit tout de Dieu. Les troisièmes demeures concernent la clarification du rapport à soi-même.Nous avons souvent une image de nous-même et surtout un rapport à ce que nous faisons qui ne sont pas justes. Le Seigneur nous a fait entrer dans les troisièmes demeures. Il y a donc déjà des premiers fruits positifs : nous avons commencé à mettre notre foi en Dieu, nous l’avons fait de manière persévérante, tout en expérimentant nos fragilités et cela a déjà produit des fruits dans notre existence, même si évidemment tout est loin d’être accompli. On risque de se comporter comme le jeune homme riche : on commence à bien faire, on fait des efforts, mais on risque de ne pas supporter de ne pas se voir reconnu, aussi bien extérieurement qu’intérieurement notamment dans la prière (on a du mal à accepter les sécheresses, les tentations, les distractions). On court le risque d’être comme ce jeune homme riche qui a bien commencé, mais qui s’en va finalement tout triste.De la même manière, on attendait que les fruits que le Christ a portés en nous avec notre active collaboration nous permettent de recevoir des récompenses de Dieu au niveau spirituel, on voudrait que Dieu nous distribue des consolations, mais les choses se passent différemment et le problème c’est que l’on en vient à se plaindre. On se plaint de soi, parce que l’on voudrait être saint en quinze jours, on ressent comme des injustices les difficultés et on imagine que c’est vraiment par nos mérites que nous servons le Seigneur, que nous prions. C’est subtil, parce que si l’on s’est attribué à soi-même les premiers résultats, on s’étonne que cela ne se continue pas toujours ainsi. L’enjeu de ces troisièmes demeures : se reconnaître comme un « serviteur quelconque » qui reçoit tout de Dieu.Le texte de l’évangile est évoqué dans ces troisièmes demeures : il faut reconnaître que nous sommes « des serviteurs quelconques » (Luc 17,7-10) et que tout ce que le Seigneur a déjà fait en nous est une grande grâce qu’il nous a faite. Ce n’est sûrement pas un mérite de notre part pour lequel nous pourrions être payés de retour. Sans parler, bien sûr, du risque de comparaison avec les autres, que l’on risque de regarder de haut en leur disant ce qu’ils devraient faire. Bref, on risque de s’ériger comme juges insatisfaits. Ces troisièmes demeures, qui mettent en lumière des travers assez classiques chez les chrétiens, voire même aussi chez les religieux, c’est de sortir de l’orgueil spirituel et d’un rapport mal situé à soi-même et aux autres, le contraire du serviteur humble et quelconque qui reconnaît recevoir tout de Dieu et qui vit pour lui rendre grâce. Il s’agit notamment de recevoir ce qu’il nous donne de faire à son service comme un don. Car ce que nous faisons à son service, c’est lui qui nous donne de le faire. Et, bien souvent, le Seigneur récompense ses bons serviteurs en leur donnant de servir davantage ou plus profondément, qualitativement. 5. Les quatrièmes demeures concernent l’approfondissement de notre rapport à Dieu. Une grande paix s’instaure progressivement dans les profondeurs de l’âme. La confiance, l’humilité et la reconnaissance sont des réalités qui sont vécues de plus en plus profondément. Les quatrièmes demeures concernent l’approfondissement de notre rapport à Dieu.Elles s’appuient sur les beaux fruits que l’on récolte dans des troisièmes demeures, c'est-à-dire le fait que nous nous considérons bien davantage comme un serviteur de l’amour. Aimer pour aimer, voilà la seule vraie récompense. Nous acceptons désormais les aridités dans la prière, nous considérons que nos vertus ne sont pas les nôtres, que l’on est peut-être vertueux en effet, réellement vertueux, mais que c’est vraiment Dieu qui est la source de nos vertus et donc nous sommes devenus beaucoup plus libres par rapport à nous-mêmes et par rapport aux grâces de prière reçues dans la vie de prière. Le fruit en est une plus grande dilatation du cœur. On est en eaux plus profondes, mis au large. Une grande paix s’instaure progressivement dans les profondeurs de l’âme.Cela ne veut pas dire qu’il n’y a pas de vagues au-dessus, mais s’établit de manière assez constante une paix profonde en présence de Dieu. On est vraiment certain que ce ne sont pas nos propres efforts qui apportent cette paix, il n’y a pas de techniques de prière ou de concentration qui ferait que l’on arriverait à obtenir ces grâces. S’approfondit une attitude de pauvreté spirituelle, on reconnaît que Dieu donne tout et notre regard vers lui est bien établi, bien profond. Cela instaure un état assez permanent de reconnaissance et l’état de grâce envers Dieu à partir de tout. Notre esprit et nos pensées peuvent parfois s’évader, mais assez vite on retourne à cette attitude reconnaissante et humble. La confiance, l’humilité et la reconnaissance sont des réalités qui sont vécues de plus en plus profondément.On a fait l’expérience de la bonté libératrice de Dieu, là s’approfondit l’accueil reconnaissant, dans la louange et l’action de grâce, de cette bonté de Dieu. Car ce qu’il approfondit, de demeures en demeures, c’est la conscience concrète que Dieu est bon. Ce n’est pas simplement une chose que l’on affirme, mais on en fait l’expérience. 6.L’entrée dans les cinquièmes demeures marque un basculement : on ne passe pas des quatrièmes au cinquièmes demeures comme on passe des secondes aux troisièmes ou des troisièmes aux quatrièmes. Nous considérons moins notre vie comme un chemin vers Dieu mais nous expérimentons que Dieu vit en nous, comme l’exprime la parole de saint Paul : « Ce n’est plus moi qui vis, c’est le Christ qui vit en moi » (Galates 2,20) ! Le désir d’aimer est plus vif : accueillant une vie nouvelle, nous perdons nos anciens repères et nos sécurités habituelles. On ne passe pas des quatrièmes aux cinquièmes demeures comment on passe des secondes aux troisièmes ou des troisièmes aux quatrièmes.Des deuxièmes demeures aux quatrièmes, on expérimente son chemin en le percevant surtout comme une avancée vers Dieu mais désormais on va expérimenter la vie de Dieu en nous. C’est une vie nouvelle qui commence. On est toujours sur la terre, on n’a peut-être pas changé de boulot, on peut être marié, on a des enfants, on a plein de choses et ce n’est pas forcément extérieurement qu’il y a des choses qui bougent même si parfois cela peut se passer dans ces domaines-là. Dieu a toujours été vivant en nous depuis le début de notre vie, mais maintenant une nouvelle réalité s’installe. « Ce n’est plus moi qui vis, c’est le Christ qui vit en moi » (Galates 2,20)Quand cette parole de Dieu s’accomplit et devient une réalité profonde en nous, on est tout d’un coup beaucoup plus libre à l’égard du monde, de soi-même et dans nos relations à Dieu, car désormais le Seigneur a beaucoup plus de liberté d’action en nous. Il peut nous donner plus profondément, car dire que Dieu est vivant en nous, cela veut dire que nous nous donnons. Dieu est don de lui-même. Et qu’est-ce qu’il va nous donner de plus en plus ? Il va nous donner de nous donner. Dieu nous donne de pouvoir nous donner de plus en plus.Jusqu’à présent notre confiance en Dieu était perçue comme un combat. Pour le dire négativement, je choisissais de ne pas douter de Dieu et de son amour. Cela est un combat qui parfois n’a rien d’évident de ne pas douter. Dans les cinquièmes demeures, Dieu donne gratuitement la certitude profonde de son amour. Il devient de plus en plus impossible de douter de Dieu et de son amour.Une conviction de fond qui unifie notre être nous est donnée. Ce n’est pas le résultat de nos efforts. On reçoit de Dieu une qualité de certitude complètement nouvelle. Cela change la vie de manière radicale. Cette réelle conviction intérieure est une conviction d’amour et n’a rien à voir avec de la violence ou du fanatisme. Donc nous avons traversé tout un chemin qui nous a beaucoup libérés de nous-mêmes et qui a surtout développé en nous la confiance en Dieu. Notre confiance en Dieu voit ici son fruit le plus mûr et Dieu nous donne de percevoir son amour et d’en vivre plus pleinement, si bien qu’il n’est plus possible de douter de cet amour de Dieu. Un désir d’aimer tellement transformé que l’on en perd ses repères et ses sécurités habituelles.L’entrée dans les cinquièmes demeures opère la transformation profonde de notre mode d’existence qui libère en nous un désir d’aimer bien plus profond. Thérèse d’Avila compare cette transformation à celle d’un ver à soie transformé en papillon blanc après être passé par l’étape du cocon. Le ver à soie voit son univers changer profondément : il mangeait des feuilles de mûriers et il faisait du fil dans un univers très réduit et tout d’un coup il va devenir un petit papillon, mais dans un contexte totalement différent puisqu’il vole dans l’air. C’est beaucoup plus large mais beaucoup moins sécurisant : plus l’Esprit agit en nous, plus nous nous sentons par nous-mêmes pauvres et ne pouvant pas nous appuyer sur nos anciens appuis. C’est l’amour qui nous fait vivre, l’amour de Dieu est en nous, il nous fait voler, mais comme entre ciel et terre. Nous percevons alors la vie, les autres de manière radicalement différente. L’amour de Dieu, l’amour des autres : parfois on se demande vers où il faut aller.La vie est complètement nouvelle : on est libéré de nous-mêmes, on ne se porte plus soi-même. Le combat de l’amour n’étant pas le nôtre, il faut le remettre sans cesse à Dieu. Intérieurement, on n’est plus comme dans les premières demeures, avec encore pas mal d’attaches qui permettent de se tenir, de se sécuriser, de contrôler. On a découvert dans tout le parcours combien nous tenions à bien des sécurités. Là, on est quasiment mis à nu dans ce domaine. L’amour nous décentre et nous révèle aussi notre fragilité, notre vulnérabilité, ce qui permet à cet amour de passer. 7. Les sixièmes demeures consistent en des « fiançailles spirituelles » : il y a une alternance de souffrances liées au sentiment de l’absence de Dieu et d’expériences très profondes de la présence du Christ. Cela opère une dilatation plus profonde encore du cœur et du désir de Dieu. L’arme à utiliser dans ces épreuves est de toujours revenir à la sainte humanité du Christ : Jésus nous rejoint dans notre faiblesse humaine pour la transformer, en vivifiant notre désir d’aimer en communion avec lui. Les sixièmes demeures : l’heure des « fiançailles spirituelles ».Suit une partie du livre de sainte Thérèse d’Avila assez déconcertante pour un esprit moderne. C’est en plus la partie la plus longue du livre. En résumé, les cinquièmes demeures ont libéré en nous ce que nous sommes vraiment, notre vrai désir, qui est le vrai désir de l’homme : aimer et être aimé. La confiance en Dieu et le désir d’aimer nous animent profondément. Comme pour des fiançailles humaines, il s’agit que s’opère l’apprentissage du véritable amour : c’est le Christ qui est notre maître d’amour. Tout est au service ici de cet apprentissage de l’amour. Cela est bien présent dans les demeures précédentes mais ici tout est vécu comme une occasion de laisser le Christ nous apprendre à aimer, pour aller plus loin et plus profondément dans l’expérience de ce qu’est véritablement aimer. Nous sommes ici bien plus conscients qu’auparavant que la vocation humaine est d’être « serviteur ou servante de l’amour ». Comment grandit l’amour et donc l’accueil croissant de la vie du Christ en nous. Pour approfondir notre relation avec le Christ, Dieu va en bon pédagogue intensifier notre désir de lui. Cela se caractérise par l’alternance de grandes disettes, d’impressions de pauvreté, de vide et d’abandon, alternant avec au contraire des périodes marquées par un désir enflammé d’amour. Sainte Thérèse propose apparemment tout un catalogue de grâces mystiques : rapts dans l’esprit, visions imaginaires, visions intellectuelles, etc. Elles sont classées par ordre croissant d’intensité, autrement dit selon l’intensité des fruits qu’elles portent. Il y a alternance entre les souffrances d’une l’absence ressentie, qui attisent le désir de Dieu. Si nous n’avions pas le désir de Dieu la souffrance de son absence serait nulle, mais plus nous avançons plus l’absence ressentie de Dieu ressemble à un enfer. Le Seigneur permet que nous expérimentions la souffrance de son absence pour élargir encore plus notre désir de recevoir son amour et de l’aimer. Ce temps de fiançailles spirituelles s’apparente dans les évangiles aux temps d’apparitions et de disparitions du Ressuscité avant l’Ascension.Le Ressuscité est toujours présent mais les disciples perçoivent cette présence bien différemment. Il y a des moments où c’est la joie de la rencontre, puis vient la souffrance de son absence : c’est Jésus qui décide d’apparaître comme il le veut, à qui il veut comme il veut, tout cela pour éveiller et faire grandir la confiance et l’amour de ses disciples, quoi qu’il arrive. Dans ces épreuves, il faut toujours revenir à la sainte humanité du Christ.Dans le chapitre central des sixièmes demeures, le septième, Thérèse qui a été tentée de vouloir dépasser l’humanité du Christ nous dit combien c’est une erreur et qu’il faut au contraire y revenir très souvent, car nous recevons vraiment tout dans le Christ incarné. Il faut donc bien au contraire s’attacher fermement à l’humanité du Christ. 8.Les septièmes demeures enfin sont le point d’accomplissement marqué par l’union à Dieu dans le « mariage spirituel ». Ce mariage spirituel fut accordé à sainte Thérèse d’Avila le 18 novembre 1572. L’union à Dieu est une participation profonde au désir de Dieu de sauver tous les hommes. À travers le mariage spirituel tout est transformé et on reçoit un nouveau désir de vivre en assumant notre condition et nos engagements terrestres de manière encore plus concrète sans fuite aucune du réel. Les septièmes demeures : l’union à Dieu dans le « mariage spirituel ».Nous entrons dans les septièmes demeures : il n’y a que quatre chapitres dans cette partie du livre, mais ils évoquent le but de tout ce que nous avons déjà vécu par étapes pour arriver à l’union à Dieu. C’est le terme du chemin pour tous et il faut insister sur un point : Dieu n’a pas créé des hommes pour qu’ils s’arrêtent aux troisièmes, quatrièmes, cinquièmes ou aux sixièmes demeures. Seuls quelques élus atteindraient les septièmes. Tout le chemin est pour tout le monde. Tout le monde peut lire le Livre des demeures et pourquoi ne pas lire ces quatre chapitres dès le début, car ils éclaircissent le but vers lequel Dieu veut tous nous conduire. Le ciel, c’est-à-dire la vie avec Dieu, n’est pas et ne sera jamais une réalité statique ; elle est toujours dynamique, comme l’exprime si bien Grégoire de Nysse : elle va « de commencement en commencement par des commencements qui n’ont jamais de fin ». Dans la relation à Dieu, nous continuerons d’aller sans cesse de crescendo en crescendo et d’expérimenter une union à Dieu toujours plus unitive. Ce mariage spirituel fut accordé à sainte Thérèse d’Avila le 18 novembre 1572.Ce « mariage spirituel » est l’alliance avec Dieu autant qu’il est possible de le vivre dans une vie terrestre. Thérèse utilisait l’image du mariage qui reste une image limitée, mais qui exprime quelque chose de la profondeur de la communion et aussi de l’aspect définitif de cette union. Pour elle, cela s’est passé 18 novembre 1572 : ce jour-là, elle reçoit une vision du Christ qui lui tend un clou de sa Passion, en lui disant que désormais son honneur était celui de Thérèse et que celui de Thérèse était sien. Qu’est-ce que c’est, l’honneur de Jésus ? C’est le salut du monde ! Jésus a été crucifié, est ressuscité et glorifié dans le but de sauver tous les hommes. « L’honneur de Jésus » ce n’est pas seulement d’être le Fils du Père, c’est de sauver, de mettre en œuvre le salut pour chacun. Thérèse y est associée. L’union à Dieu est une participation profonde au désir de Dieu de sauver tous les hommes.Quand on vit aux septièmes demeures, on ne se préoccupe plus de savoir si on est sauvé. Notre propre salut ne nous préoccupe plus : ce qui nous occupe, alors c’est, comme Jésus, de donner notre vie pour le salut des autres. L’union à Dieu c’est cela : une participation profonde au désir de Dieu de sauver tous les hommes. Paradoxalement les phénomènes mystiques sont plus rares. Quand on est pleinement uni à Dieu, on vit en permanence avec ce souci, cet horizon du salut des autres. C’est un engagement très concret dans l’amour fraternel. C’est aussi convivial, c’est aussi familial, c’est pour tout le monde : personne n’est exclu. L’amour est concret, universel, il est divin. Dieu aime tout le monde. La bonne nouvelle : Dieu aime les pécheurs. Le principal travail des pécheurs que nous sommes : y croire quoi qu’il arrive. À travers le mariage spirituel, tout est transformé et on reçoit aussi un nouveau désir de vivre.Lorsque l’on est ainsi conduit à la fin du voyage, on pourrait penser que l’on aspire alors à quitter la vie terrestre le plus vite possible. Il n’en est rien. Dans les sixièmes demeures, Thérèse disait « je meurs de ne pas mourir ! » mais aux septièmes, elle reçoit un nouveau désir de vivre et cela la surprend. Elle expérimente une réconciliation profonde entre son engagement envers Dieu et ses tâches terrestres. Le ciel et la terre sont comme unis à travers tout. Toutes les réalités de la vie sont transformées et tout est perçu en Dieu : soi-même, les autres, les tâches concrètes, etc. Rien n’est négligé. S’accomplit alors la fameuse dernière invocation de la première partie du Notre-Père : « que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel ». Or la volonté du Père, c’est le salut de toute l’humanité. Et le salut l’humanité, c’est la foi, la charité, la communion. Là s’opère la volonté du Père. La seule volonté du Père c’est que nous vivions de son amour. Tout cela ne veut pas dire que l’on n’a plus de problèmes dans la vie concrète.Thérèse continue à vivre une vie humaine : elle a des problèmes de santé, et d’autres dans bien des domaines. Quand on considère la vie de Thérèse de 1572 à 1582, c’est tout sauf une partie de plaisir ou du repos. Elle a traversé de nombreuses réalités concrètes liées à la fondation de monastères, des problèmes relationnels … Mais une force lui a été donnée pour les assumer : rien ne peut la freiner, rien ne peut lui faire peur, car elle expérimente en tout que « Dieu seul suffit ».
Dernière édition par Claude Coowar le 18/11/2016, 05:13, édité 1 fois | |
| | | Claude Coowar
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| Sujet: Re: Les Docteurs de l'Eglise catholique . 18/11/2016, 04:51 | |
| https://w2.vatican.va/content/benedict-xvi/fr/audiences/2011/documents/hf_ben-xvi_aud_20110202.html 31.03 - SAINTE THERESE D'AVILA. Selon l'autorité théologique de SA SAINTETE, LE PAPE BENOIT XVI. AUDIENCE GÉNÉRALE. Salle Paul VI Mercredi 2 février 2011 Chers frères et sœurs, Au cours des catéchèses que j’ai voulu consacrer aux Pères de l’Eglise et aux grandes figures de théologiens et de femmes du Moyen-âge, j’ai eu l’occasion de m’arrêter également sur certains saints et saintes qui ont été proclamés docteurs de l’Eglise en raison de leur éminente doctrine. Aujourd’hui, je voudrais commencer une brève série de rencontres pour compléter la présentation des docteurs de l’Eglise. Et je commence par une sainte qui représente l’un des sommets de la spiritualité chrétienne de tous les temps : sainte Thérèse d’Avila (de Jésus).Elle naît à Avila, en Espagne, en 1515, sous le nom de Teresa de Ahumada. Dans son autobiographie, elle mentionne elle-même certains détails de son enfance : la naissance de « parents vertueux et craignant Dieu », au sein d’une famille nombreuse, avec neuf frères et trois sœurs. Encore enfant, alors qu’elle n’avait pas encore 9 ans, elle a l’occasion de lire les vies de certains martyrs, qui lui inspirent le désir du martyre, si bien qu’elle improvise une brève fugue de chez elle pour mourir martyre et monter au Ciel (cf. Vie, 1, 4) : « Je veux voir Dieu » déclare la petite fille à ses parents. Quelques années plus tard, Thérèse parlera de ses lectures d’enfance, et affirmera y avoir découvert la vérité, qu’elle résume dans deux principes fondamentaux : - d’un côté, « le fait que tout ce qui appartient au monde ici-bas passe » - et de l’autre, que seul Dieu est « pour toujours, toujours, toujours » , un thème qui revient dans la très célèbre poésie: « Que rien ne te trouble, / que rien ne t’effraie;/ tout passe. Dieu ne change pas:/ la patience obtient tout;/ celui qui possède Dieu/ ne manque de rien/ Dieu seul suffit !». Orpheline de mère à l’âge de 12 ans, elle demande à la Très Sainte Vierge de lui servir de mère (cf. Vie, 1, 7).Si, au cours de son adolescence, la lecture de livres profanes l’avait conduite aux distractions d’une vie dans le monde, l’expérience comme élève des moniales augustiniennes de Sainte-Marie-des-Grâces d’Avila, ainsi que la lecture de livres spirituels, en particulier des classiques de la spiritualité franciscaine, lui enseignent le recueillement et la prière. A l’âge de 20 ans, elle entre au monastère carmélite de l’Incarnation, toujours à Avila ; dans sa vie religieuse, elle prend le nom de Thérèse de Jésus. Trois ans plus tard, elle tombe gravement malade, au point de rester quatre jours dans le coma, apparemment morte (cf. Vie, 5, 9). Même dans la lutte contre ses maladies, la sainte voit le combat contre les faiblesses et les résistances à l’appel de Dieu : [color:a5ce=#006600 ] « Je désirais vivre — écrit-elle — car je le sentais, ce n'était pas vivre que de me débattre ainsi contre une espèce de mort ; mais nul n'était là pour me donner la vie, et il n'était pas en mon pouvoir de la prendre. Celui qui pouvait seul me la donner avait raison de ne pas me secourir ; il m'avait tant de fois ramenée à lui, et je l'avais toujours abandonné » (Vie, 8, 2) En 1543, sa famille s’éloigne : son père meurt et tous ses frères émigrent l’un après l’autre en Amérique. Au cours du carême 1554, à l’âge de 39 ans, Thérèse atteint le sommet de sa lutte contre ses faiblesses. La découverte fortuite de la statue « d’un Christ couvert de plaies » marque profondément sa vie (cf. Vie, 9). La sainte, qui à cette époque trouvait un profond écho dans les Confessions de saint Augustin, décrit ainsi le jour décisif de son expérience mystique : « Le sentiment de la présence de Dieu me saisissait alors tout à coup. Il m'était absolument impossible de douter qu'il ne fût au dedans de moi, ou que je ne fusse toute abîmée en lui » (Vie, 10, 1).Parallèlement au mûrissement de son intériorité, la sainte commence à développer concrètement l'idéal de réforme de l'ordre du carmel : en 1562, elle fonde à Avila, avec le soutien de l'évêque de la ville, don Alvaro de Mendoza, le premier carmel réformé, et peu après, elle reçoit aussi l'approbation du supérieur général de l'ordre, Giovanni Battista Rossi. Dans les années qui suivent, elle continue à fonder de nouveaux carmels, dix-sept au total. La rencontre avec saint Jean de la Croix, avec lequel, en 1568, elle fonde à Duruelo, non loin d'Avila, le premier couvent de carmélites déchaussées, est fondamentale . En 1580, elle obtient de Rome l'érection en Province autonome pour ses carmels réformés, point de départ de l'ordre religieux des carmélites déchaussées. Thérèse termine sa vie terrestre au moment où elle est engagée dans l'activité de fondation. En 1582, en effet, après avoir fondé le carmel de Burgos et tandis qu'elle est en train d'effectuer son voyage de retour à Avila, elle meurt la nuit du 15 octobre, à Alba de Tormes, en répétant humblement ces deux phrases : « A la fin, je meurs en fille de l’Eglise » et « L’heure est à présent venue, mon Epoux, que nous nous voyons » . Une existence passée en Espagne, mais consacrée à l'Eglise tout entière. Béatifiée par le Pape Paul V en 1614 et canonisée en 1622 par Grégoire XV, elle est proclamée « Docteur de l’Eglise » par le Serviteur de Dieu Paul VI en 1970. Thérèse de Jésus n'avait pas de formation universitaire, mais elle a tiré profit des enseignements de théologiens, d'hommes de lettres et de maîtres spirituels. Comme écrivain, elle s'en est toujours tenu à ce qu'elle avait personnellement vécu ou avait vu dans l'expérience des autres (cf. Prologue au Chemin de perfection), c'est-à-dire en partant de l'expérience. Thérèse a l'occasion de nouer des liens d'amitié spirituelle avec un grand nombre de saints, en particulier avec saint Jean de la Croix . Dans le même temps, elle se nourrit de la lecture des Pères de l'Eglise, saint Jérôme, saint Grégoire le Grand, saint Augustin. Parmi ses œuvres majeures, il faut rappeler tout d'abord son autobiographie, intitulée Livre de la vie, qu'elle appelle Livre des Miséricordes du Seigneur. Composée au Carmel d'Avila en 1565, elle rapporte le parcours biographique et spirituel, écrit, comme l'affirme Thérèse elle-même, pour soumettre son âme au discernement du « Maître des spirituel », saint Jean d'Avila. Le but est de mettre en évidence la présence et l'action de Dieu miséricordieux dans sa vie : c'est pourquoi l’œuvre rappelle souvent le dialogue de prière avec le Seigneur. C'est une lecture fascinante, parce que la sainte non seulement raconte, mais montre qu'elle revit l'expérience profonde de sa relation avec Dieu. En 1566, Thérèse écrit le Chemin de perfection, qu'elle appelle Admonestations et conseils que donne Thérèse de Jésus à ses moniales. Les destinataires en sont les douze novices du carmel de saint Joseph d’Avila. Thérèse leur propose un intense programme de vie contemplative au service de l'Eglise, à la base duquel se trouvent les vertus évangéliques et la prière. Parmi les passages les plus précieux, figure le commentaire au Notre Père, modèle de prière. L’œuvre mystique la plus célèbre de sainte Thérèse est le Château intérieur, écrit en 1577, en pleine maturité . Il s'agit d’une relecture de son chemin de vie spirituelle et, dans le même temps, d'une codification du déroulement possible de la vie chrétienne vers sa plénitude, la sainteté, sous l'action de l'Esprit Saint . Thérèse fait appel à la structure d'un château avec sept pièces, comme image de l'intériorité de l'homme, en introduisant, dans le même temps, le symbole du ver à soie qui renaît en papillon, pour exprimer le passage du naturel au surnaturel. La sainte s'inspire des Saintes Ecritures, en particulier du Cantique des cantiques, pour le symbole final des « deux Epoux », qui lui permet de décrire, dans la septième pièce, le sommet de la vie chrétienne dans ses quatre aspects : trinitaire, christologique, anthropologique et ecclésial. A son activité de fondatrice des carmels réformés, Thérèse consacre le Livre des fondations, écrit entre 1573 et 1582, dans lequel elle parle de la vie du groupe religieux naissant. Comme dans son autobiographie, le récit tend à mettre en évidence l'action de Dieu dans l’œuvre de fondation des nouveaux monastères. Il n’est pas facile de résumer en quelques mots la spiritualité thérésienne, profonde et articulée. Je voudrais mentionner plusieurs points essentiels. En premier lieu, sainte Thérèse propose les vertus évangéliques comme base de toute la vie chrétienne et humaine : en particulier, le détachement des biens ou pauvreté évangélique, et cela nous concerne tous ; l’amour des uns pour les autres comme élément essentiel de la vie communautaire et sociale ; l’humilité comme amour de la vérité ; la détermination comme fruit de l’audace chrétienne ; l’espérance théologale, qu’elle décrit comme une soif d’eau vive. Sans oublier les vertus humaines : amabilité, véracité, modestie, courtoisie, joie, culture. En deuxième lieu, sainte Thérèse propose une profonde harmonie avec les grands personnages bibliques et l’écoute vivante de la Parole de Dieu . Elle se sent surtout en harmonie avec l’épouse du Cantique des Cantiques et avec l’apôtre Paul, outre qu’avec le Christ de la Passion et avec Jésus eucharistie.La sainte souligne ensuite à quel point la prière est essentielle : prier, dit-elle, « signifie fréquenter avec amitié, car nous fréquentons en tête à tête Celui qui, nous le savons, nous aime » (Vie 8, 5). L’idée de sainte Thérèse coïncide avec la définition que saint Thomas d’Aquin donne de la charité théologale, comme amicitia quaedam hominis ad Deum, un type d’amitié de l’homme avec Dieu, qui le premier a offert son amitié à l’homme ; l’initiative vient de Dieu ( cf. Summa Theologiae -II, 21, 1). La prière est vie et se développe graduellement en même temps que la croissance de la vie chrétienne : - elle commence par la prière vocale, - elle passe par l’intériorisation à travers la méditation et le recueillement, - jusqu’à parvenir à l’union d’amour avec le Christ et avec la Très Sainte Trinité. Il ne s’agit évidemment pas d’un développement dans lequel gravir les plus hautes marches signifie abandonner le type de prière précédent, mais c’est plutôt un approfondissement graduel de la relation avec Dieu qui enveloppe toute la vie. Plus qu’une pédagogie de la prière, celle de Thérèse est une véritable « mystagogie » : elle enseigne au lecteur de ses œuvres à prier en priant elle-même avec lui ; en effet, elle interrompt fréquemment le récit ou l’exposé pour se lancer dans une prière. Un autre thème cher à la sainte est le caractère central de l’humanité du Christ. En effet, pour Thérèse la vie chrétienne est une relation personnelle avec Jésus, qui atteint son sommet dans l’union avec Lui par grâce, par amour et par imitation. D’où l’importance que celle-ci attribue à la méditation de la Passion et à l’Eucharistie, comme présence du Christ, dans l’Eglise, pour la vie de chaque croyant et comme cœur de la liturgie. Sainte Thérèse vit un amour inconditionné pour l’Eglise : elle manifeste un vif sensus Ecclesiae face aux épisodes de division et de conflit dans l’Eglise de son temps. Elle réforme l’Ordre des carmélites avec l’intention de mieux servir et de mieux défendre la « Sainte Eglise catholique romaine » , et elle est disposée à donner sa vie pour celle-ci (cf. Vie 33, 5). Un dernier aspect essentiel de la doctrine thérésienne, que je voudrais souligner, est la perfection, comme aspiration de toute la vie chrétienne et objectif final de celle-ci. La sainte a une idée très claire de la « plénitude » du Christ, revécue par le chrétien. A la fin du parcours du Château intérieur, dans la dernière « pièce », Thérèse décrit cette plénitude, réalisée dans l’inhabitation de la Trinité, dans l’union au Christ à travers le mystère de son humanité. Chers frères et sœurs, sainte Thérèse de Jésus est une véritable maîtresse de vie chrétienne pour les fidèles de chaque temps. Dans notre société, souvent en manque de valeurs spirituelles, sainte Thérèse nous enseigne à être des témoins inlassables de Dieu, de sa présence et de son action, elle nous enseigne à ressentir réellement cette soif de Dieu qui existe dans la profondeur de notre cœur, ce désir de voir Dieu, de chercher Dieu, d’être en conversation avec Lui et d’être ses amis. Telle est l’amitié qui est nécessaire pour nous tous et que nous devons rechercher, jour après jour, à nouveau. Que l’exemple de cette sainte, profondément contemplative et efficacement active, nous pousse nous aussi à consacrer chaque jour le juste temps à la prière, à cette ouverture vers Dieu, à ce chemin pour chercher Dieu, pour le voir, pour trouver son amitié et trouver ainsi la vraie vie ; car réellement, un grand nombre d’entre nous devraient dire : « Je ne vis pas, je ne vis pas réellement, car je ne vis pas l’essence de ma vie » . C’est pourquoi, le temps de la prière n’est pas du temps perdu, c’est un temps pendant lequel s’ouvre la voie de la vie, s’ouvre la voie pour apprendre de Dieu un amour ardent pour Lui, pour son Eglise, c’est une charité concrète pour nos frères. Merci. *** Je salue cordialement les pèlerins francophones et plus particulièrement la Communauté Saint-Martin et le lycée Sacré-Cœur. Que l’exemple de sainte Thérèse de Jésus nous encourage à donner chaque jour du temps à la prière pour apprendre à aimer Dieu et son Eglise ! Avec ma bénédiction. © Copyright 2011 - Libreria Editrice Vaticana | |
| | | Claude Coowar
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| Sujet: Re: Les Docteurs de l'Eglise catholique . 18/11/2016, 05:46 | |
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http://fr.radiovaticana.va/news/2014/10/15/f%C3%AAte_de_sainte_th%C3%A9r%C3%A8se_d%E2%80%99avila__le_message_du_pape/1108656
31.04 – SA SAINTETE, LE PAPE FRANCOIS. FETE DE SAINTE THERESE D’AVILA . Fête de Sainte Thérèse d’Avila : le message du Pape Le Pape François - ANSA 15/10/2014 16:50 En ce 15 octobre, l’Église célèbre la mémoire liturgique de Sainte Thérèse d’Avila. Cette année, la fête est particulière puisqu’elle ouvre l’année du 500e anniversaire de la naissance de la religieuse espagnole, carmélite et Docteur de l’Église (28 mars 1515- 15 octobre 1582). A cette occasion, le Pape a rédigé un message dans lequel il fait de Thérèse d’Avila un exemple de sainteté loin d’être dépassé. Le Pape François a d’abord expliqué que « l’Évangile n’est pas un sac de plomb que l’on traîne péniblement mais une source de joie qui remplit de Dieu le cœur et le pousse à servir les hommes » . Il a rappelé que sainte Thérèse d’Avila sortait à l’extérieur pour " parcourir les routes de son temps, avec l’Évangile à la main et l’Esprit dans le cœur ". La spiritualité de la sainte pourrait être résumée en quatre points selon le Pape : joie, prière, fraternité, adhésion à son époque. Le premier aspect, la joie, est plus précisément la joie de la découverte de l’amour de Dieu, qui pousse par conséquent à s’aimer les uns les autres. Toutefois, pour le Pape François, tout est nourri par la prière : « la prière surmonte le pessimisme et génère de bonnes initiatives », a-t-il affirmé. Puis il a insisté sur le dernier point, le fait d’être en accord avec son temps. « L’expérience mystique » de sainte Thérèse d’Avila « ne l’a pas coupée du monde ni des préoccupations des autres personnes, au contraire, cela lui a donné une impulsion nouvelle et du courage pour l’action ».Et de souligner : « elle a vécu les difficultés de son temps ». Le Pape François a alors évoqué le « réalisme thérèsien » et rappelé des conseils de la sainte, comme celui-ci : « il est déjà temps de marcher », et en effet « quand le monde brûle, on ne peut pas perdre du temps dans des activités sans importance », a ajouté le Saint-Père. Des conseils « toujours d’actualité », qui valent aussi bien pour les individus, dans leur propre cheminement vers Dieu et les hommes, que pour les communautés de vie consacrée. Le Pape François a conclu par ces mots, reprenant des traits de la vie de sainte Thérèse : - « dans une culture du provisoire, que l’on vive la fidélité du ‘pour toujours’ ; - dans un monde sans espérance, que l’on montre la fécondité d’un cœur amoureux; - dans une société avec tant d’idoles, que nous soyons les témoins du fait que Dieu seul suffit ». | |
| | | Claude Coowar
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| Sujet: Re: Les Docteurs de l'Eglise catholique . 18/11/2016, 10:47 | |
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LA VIE DE SAINTE CATHERINE DE SIENNE. (1347-1380 ) Ste Catherine de Sienne, Docteur de l'Eglise. POINTS DE REPERES. Catherine Benincasa naquit à Sienne (Italie), et mourut à Rome. Née le 25 mars 1347, dimanche des rameaux et fête de l'Annonciation, Catherine vit de ce double mystère : elle appelle Marie « douce mère », et elle se plonge mystiquement dans le sang de Jésus, qui sauve et vivifie le pécheur. Consacrée, mais non au cloître. Pénitente et missionnaire. A six ans, elle fut saisie par le Christ. A sept ans, elle fait vœu de virginité, ce qui lui vaudra les persécutions de sa famille. A seize ans, elle peut se joindre à la confrérie des pénitentes de saint Dominique, appelées les "mantellate". Veuves ou vierges, elles gardent un célibat d'amour et mènent une vie de prière et de pénitence, elles sont solidaires mais ne vivent pas en communauté. Catherine aspirait en effet à se donner corps et âme à Dieu, non au cloître, comme les moniales, mais en mission, comme son "père" saint Dominique. A 18 ans, au cours d'un temps de prière, elle se demande "qui suis-je" (pour parler avec Dieu) et reçoit une réponse divine qui orientera toute sa vie dans la lumière du rapport entre le fini et l'infini. A 20 ans, en 1367, probablement le mardi gras alors qu'elle choisit de prier pendant que sa famille festoie, et après avoir de nombreuses fois, demandé à Dieu d'augmenter sa foi, le »"Christ l'épouse dans la foi », au cours d'une apparition où la Vierge Marie et d'autres saints sont présents. Elle se sent alors appelée à quitter sa réclusion dans la maison et soigne les malades, secourt les pauvres et les enrichit parfois... de ses propres habits. A 26 ans, vers 1373, commencent ses prédications publiques et ses négociations pour la paix. Autour d'elle se forme une nouvelle famille, sa « bella brigata » ; un mélange étonnant d'hommes et de femmes, de clercs et de laïcs, de religieux de divers bords, de nobles et de personnes de plus humble condition : ils l'accompagnent dans ses missions et recommandent leur âme à son amour maternel. En Toscane, ils sont une douzaine ; à Avignon, vingt-deux ; à Rome, une trentaine... A l'heure du grand schisme...Sans complexe, elle écrit au Pape Grégoire XI, alors en Avignon, une lettre brûlante où elle le presse de revenir à Rome. Elle ira même le chercher, et il revient à Rome en 1375 (il n'y a alors ni schisme ni plusieurs papes). A la mort de ce dernier, un nouveau pape est élu en 1378 : Urbain VI, qui très vite contesté par des cardinaux dont une partie se réunit pour en élire un autre : Clément VII. Catherine vient alors s'établir à Rome afin de défendre le pape Urbain VI (dont l'Histoire validera la succession). A 32 ans, le jour de son anniversaire (1379), elle fait une oraison sur l'Annonciation, trésor de théologie et de spiritualité. A 33 ans, en 1380, elle meurt à Rome, sans avoir vu la fin du schisme d'Occident (qui ne prendra fin qu'en 1417 avec le Concile de Constance). Docteur de l'Eglise. Elle est canonisée en 1461 par le pape Pie II. Elle est déclarée docteur de l'Eglise par le pape Paul VI, le 4 octobre 1970, en même temps que sainte Thérèse d'Avila. Elle est proclamée sainte patronne de l'Europe en 1999 par Jean-Paul II. Ses écrits et sa puissance mystique. Sa correspondance (dictée) rejoint les laïcs et les religieux, des artisans, des chefs militaires, des cardinaux et des seigneurs, le pape, des rois, des reines et des tyrans, des familles, une pécheresse notoire...Elle parle de leur conversion personnelle, de la réforme du gouvernement tant civil qu'ecclésiastique, de la paix et de la solidarité avec la chrétienté menacée en Terre-Sainte. Il nous reste 382 lettres. Son Dialogue dépasse le cadre de ses lettres pour atteindre une portée universelle. Fille de son temps, elle parle au cœur de tous les temps troublés : du discernement, de l'oraison, de la Providence et de l'obéissance. « La spiritualité de la sainte de Sienne se manifestait aussi par le don des larmes, signe d'une grande sensibilité et tendresse. Nombre de saints ont eu ce don, qui renouvelle l'émotion même de Jésus, pleurant sans se cacher devant le tombeau de l'ami Lazare et partageant la peine de Marthe et Marie...Consciente des manquements des prêtres, Catherine eut néanmoins toujours un grand respect pour qui dispense par les sacrements et la prédication la force salvifique du Christ. Elle invitait les prêtres et le Pape, qu'elle appelait le doux Christ sur terre, à être fidèles à leurs responsabilités, dans un constant amour de l'Église... » . (Extrait du Martyrologue romain) Catherine nous enseigne à discerner d'après un critère : la perspective de s'unir à l'infini (les chrétiens d'Orient parleraient de divinisation). Le péché est toujours fini parce qu'il est humain ; mais il offense Dieu de façon infinie car Dieu est infini. La miséricorde divine est infinie, parce qu'elle est divine. L'amour qui accompagne nos actions est infini... Marie est très importante car par elle le Verbe s'est incarné. Or le Verbe incarné révèle aux hommes la dimension infinie de l'amour. - See more at: http://www.mariedenazareth.com/qui-est-marie/ste-catherine-de-sienne-docteur-de-leglise-1347-1380#sthash.saaObxzY.dpuf http://www.touteslespropheties.net/sainte-catherine-de-sienne/ PROPHETIES. Catherine Benincasa est née en 1347, à Sienne et elle est morte le 29 avril 1380 à Rome, à la fin du moyen âge. L'apparition de nouvelles cités influentes marquait l'émergence d'un monde nouveau avec la disparition progressive de la féodalité. En Italie, ces changements se traduisaient par de nombreuses guerres entre les cités, ainsi que des divisions politiques. Ces guerres, outre les dégâts qu'elles causaient à l'agriculture, modifiaient les rapports entre les villes : les cités étaient assiégées, des armées étaient constituées de mercenaires se donnant au plus offrant et tirant profit de la guerre ; elles contribuaient à un climat instable, marqué de surcroît par la peste noire. Originaire de la Toscane, sa famille était honnête et laborieuse, ses parents étaient de riches artisans teinturiers. Catherine avait une sœur jumelle qui mourut peu de temps après la naissance. Près de la maison, il y avait un grand monastère de l'ordre de Saint Dominique, c'est là que naquit Catherine. A l'âge de 6 ans, se promenant avec son frère, l'apparition du Christ entouré de Saint Pierre, Saint Paul et Saint Jean, l'arrêta et elle tomba en extase. Jésus la salua avec une immense tendresse et la bénit en lui souriant. Dès ce moment, Catherine fit preuve de tout ce qui peux étonner chez les saints : elle voulait se faire ermite au fond du jardin ; dès l'âge de 7 ans, elle promit à la Vierge Marie de garder sa virginité pour se fiancer à Jésus Christ, à l'exempte de sa patronne Sainte Catherine d'Alexandrie ; et enfin, elle se condamna à ne manger que du pain et des légumes, malgré son jeune âge. A 16 ans, devant ses parents qui voulaient la marier, elle tondit sa chevelure et accentuait ses mortifications : le pain n'était plus qu'accompagné de quelques herbes crues. Cette action agaça profondément ses parents, qui avaient toujours des projets de mariage pour elle. Outre les punitions et les brimades, elle fut chassée de sa chambre, où elle passait de longs moments, seule en prière, et se vit contrainte de remplacer la servante dans les tâches ménagères. Cette réaction de ses parents ne changeait pas la volonté de Catherine et ne diminuait pas sa ferveur. Elle considéra alors que si elle n'avait plus de chambre ou de cellule pour prier, c'est qu'elle devait donc faire de son âme une « cellule intérieure », intuition qu'elle développa tout au long de sa vie. Catherine resta servante pendant plusieurs mois ; ayant du mal à servir ses parents, elle décida de les servir comme si ses parents étaient Dieu ou des saints. Mais un songe qu'elle aura quelques mois plus tard changea son attitude. Lors de ce songe, elle vit Dominique de Guzman lui tendre un lys et un habit des sœurs dominicaines de la pénitence lui assurant qu'elle ferait partie de cette congrégation. Au réveil, Catherine révéla devant toute sa famille le vœu secret de chasteté qu'elle avait fait plusieurs années auparavant. Cette détermination et les phénomènes surnaturels dont elle bénéficiait amenèrent son père à changer d'avis et à l'autoriser à entrer au couvent. A 20 ans, elle se contentait de salade sans pain, et, avec le temps, se priva même de cette dernière crudité. Elle mortifiait son corps par le cilice et la flagellation et son sommeil fut vaincu à ce point qu'elle finit par dormir à peine 1/2 heure en deux jours. Elle demeurait pourtant d'une santé florissante et d'une grande exubérance. Sa charité, ses austérités, ses extases, les révélations privées dont elle fut favorisée et son éloquence naturelle, la rendirent bientôt célèbre, et opéraient des conversions nombreuses. Elle fut admise à recevoir l'habit du Tiers-Ordre Dominicain en 1367. Dans sa chambre et son jardin elle reçut des apparitions et visions continuelles. Un anneau mystique lui fut glissé au doigt par le Christ en signe d'alliance en 1367. Elle disait le ressentir en permanence même sans le voir. Dès lors, elle ajouta à sa vie de prière et de pénitence, la visite et le secours des pauvres, à l'hôpital et dans les rues pendant 3 ans. Puis elle connut " l'Union Transformant " : Jésus échangea son cœur contre le sien et l'introduisit dans la Mort mystique.Une des visions qu'elle eut fut celle de Dieu, vu sous la forme d'un arbre dont les racines sont unies à la terre et le sommet au ciel. Au pied de l'arbre, elle voyait des épines. Ces épines représentent les peines et les difficultés au début pour aller vers Dieu, comme le Christ crucifié. Une personne qui veut aller vers Dieu doit donc passer par ces peines, représentées par les épines, alors que beaucoup s'en échappent, préférant rechercher les plaisirs du monde. Cependant, l'arbre est immuable et ne se refuse à personne, ce que Catherine interprète comme le fait que Dieu ne se retire pas d'une créature qui a le désir de venir à lui. A 24 ans, elle resta 55 jours sans manger ni boire pendant le carême ; des admirateurs suivaient alors ses conseils et devenaient ses disciples. Elle reçut la stigmatisation (douleurs physiques visibles et invisibles de la crucifixion) à 28 ans, au moment où elle prêchait la croisade aux Italiens. Elle contribua à arrêter la crise du catholicisme ; elle eut pour mission du Ciel de remettre le Pape à Rome, tout comme Jeanne d'Arc avait pour mission de rétablir le Roi de France sur son trône. Elle a 30 ans quand elle réussit à déterminer le Pape Grégoire XI à quitter le séjour d’Avignon pour le retour à Rome. Elle fut mêlée aux querelles des guelfes et des Gibelins.C'est alors qu'elle joua un rôle de 1er plan pour arrêter les guerres civiles italiennes, conseiller les princes de l'Eglise. La vie spirituelle consistait pour Catherine de Sienne à l'union à Dieu. Elle décrit cette union à Dieu comme une « voie de vérité ». La passion du Christ était centrale pour elle qui considérait que la mort du Christ sur la croix fut un sacrifice, permettant la connaissance de Dieu par la présence du « sang rédempteur ». Elle présente trois étapes de la vie spirituelle :- La première consiste en l'amour de la Passion : elle indique même que la passion du Christ est le meilleur guide pour la vie spirituelle : il « vaut mieux que tous les livres ». - La deuxième étape est la conséquence de la première: cet amour conduit pour Catherine de Sienne à l'imitation du Christ, à travers une vie d'ascèse, de sacrifices, de pénitences, de prière et de services aux autres afin de ressembler au Christ et à son sacrifice sur la Croix. Ainsi, l'imitation conduit à vouloir devenir un « Alter Christus » (Autre Christ). - La troisième étape consiste à désirer la Croix : les souffrances et les difficultés quotidiennes doivent être désirées et surmontées. Elle a entendu le Seigneur prononcer : "Je suis le Feu, vous êtes les étincelles". Pour aller au Ciel il n'y a pas d'autre voie que "se perdre soi-même" , "chercher l'honneur de Dieu, le salut des âmes, la paix des états", et moi, dit-elle:"je ne suis pas sur terre pour autre chose". Catherine développa « la doctrine du pont », elle décrit l'importance du Christ comme un pont qui permet de traverser un fleuve où tout le monde se noie. Ce fleuve empêche d'accéder à l'autre rive, celle qui est décrite alors comme le paradis, le lieu de l'union à Dieu. Le pont qui permet de traverser ce fleuve est le Christ, avec trois marches. Ces trois marches représentent les trois étapes de la vie chrétienne, mais aussi les principales plaies du Christ en croix : - Les pieds sont les premières marches du pont, mais ils représentent le désir de Dieu qui conduit l'âme à vouloir connaître et mieux aimer Dieu. - La deuxième marche du pont est le cœur du Christ, lieu de l'union à Dieu et de la connaissance de soi et de Dieu.
- La dernière marche est la bouche du Christ, symbole de l'union à Dieu et de la paix intérieure.Le pont n'est accessible qu'à travers la connaissance de soi, la pratique des vertus, mais aussi la miséricorde de Dieu. Elle a souvent eu des extases, de manière privée ou publique : elle se raidissait soudainement, perdait connaissance et tous ses membres se contractaient. Les moqueries s'accentuaient, elle était calomniée et accusée d'être une femme de mauvaise vie. Elle guérit miraculeusement de nombreuses personnes qui venaient à elle. Elle rencontra Niccolo di Tuldo, condamné à mort car considéré comme possédé par le diable. Elle aurait réussi à lui parler et obtenir sa conversion à la foi catholique. Ses biographes mentionneront au cours de cette période de nombreuses conversions et des exorcismes. Sainte Catherine de Sienne est morte à 33 ans. Son corps était si amaigri "qu'il eut été facile de compter chacun de ses os et de ses nerfs", "reposant" sur un lit de planches avec ces dernières parole : "Seigneur, je viens à Toi non pas à cause de mes propres mérites mais uniquement grâce à Ta miséricorde que j'implore en vertu de ton sang". "Sang, sang !" s'écria-t-elle plusieurs fois avait d'achever : "Père je remets mon esprit entre Tes mains".Elle expira le 30 avril 1380, son corps demeurant intact et répandant un belle odeur après sa mort . On la représente en costume de religieuse dominicaine, sur la tête une couronne d'épines, un crucifix à la main sur lequel s'épanouit un bouquet de lys, les stigmates aux pieds, aux mains et au coté gauche. Elle fut canonisée par Pie II en 1461.Elle a laissé de nombreux écrits ; on y trouve des poésies, des oraisons, des lettres, ainsi que l’exposé de ses révélations. L’élégance et la pureté de son style la font mettre au rang des classiques italiens. La dévotion autour de Catherine de Sienne se développa rapidement après sa mort. Elle fut déclarée sainte patronne de Rome en 1866, et de l'Italie en 1939. Première femme déclarée « Docteur de l'Eglise » en 1970 par Paul VI avec Thérèse d'Avila, elle fut proclamée sainte patronne de l'Europe en 1999 par Jean Paul II. Elle est aussi la sainte protectrice des journalistes, des médias, et de tous les métiers de la communication. Prophéties.Au moment où la plupart des villes et des terres qui appartenaient à l'Eglise romaine s'étaient révoltées contre le Souverain Pontife Grégoire XI, en 1375, Catherine était à Pise "où je l'avais accompagnée", raconte le bienheureux Raymond de Capoue."Elle s'associa à notre douleur et déplora la perte des âmes et le grand scandale qui affligeait l'Eglise ; mais voyant ensuite que nous nous laissions trop abattre, elle nous dit pour nous calmer : « Ne répandez pas sitôt vos larmes, car vous aurez bien à pleurer : ce que vous voyez maintenant n'est que du lait et du miel en comparaison de ce qui suivra ». Elle ajouta, en parlant du grand schisme d'Occident et de ses suites : « Ce ne sera pas réellement une hérésie, mais ce sera comme une hérésie qui divisera l'Eglise et la chrétienté ; ainsi préparez-vous à la patience, car il vous faudra voir ces malheurs ». Mais, poursuit le bienheureux Raymond, elle ajouta encore : « Afin que vous ne disiez pas comme Achab disait autrefois à Michée : " Tes prophéties annoncent toujours le mal et jamais le bien" " Je veux, après ce qui est amer, vous offrir ce qui est doux, et je tirerai pour vous du trésor très pur de la Bienheureuse les choses passées et les choses futures " . Comme je désirais plus tard, à Rome, en savoir davantage, elle me répondit : « Quand ces tribulations et ces épreuves seront passées, Dieu purifiera la sainte Eglise par des moyens inconnus qui échappent à toute prévision humaine.
Il réveillera les âmes de ses élus, et la réforme de la sainte Eglise sera si belle, le renouvellement de ses ministres sera si parfait, qu'en y pensant mon âme tressaille dans le Seigneur.
Je vous ai bien souvent parlé des plaies et de la nudité de l'Épouse du Christ ; mais alors elle sera éclatante de beauté, couverte de joyaux précieux et couronnée d'un diadème de vertus.
Les peuples fidèles se réjouiront d'avoir de si saints pasteurs, et les nations étrangères infidèles à l’Eglise, attirés par la bonne odeur de Jésus-Christ, se convertiront, reviendront au bercail et se donneront au véritable Pasteur et à l'évêque de leurs âmes.
Rendez donc grâces à Dieu de ce grand calme qu'Il voudra bien accorder à son Eglise après la tempête.
L’épouse, maintenant toute difforme et vêtue de haillons, sera alors resplendissante de beauté, et couronnée du diadème de toutes les vertus ». Sources« Voix prophétiques ou signes, apparitions et prédictions modernes », l’abbé J.M Curique, édition Victor Palmé, 1872 Œuvres de Sainte Catherine de Sienne », E. Cartier, Edition E. Lethielleux, 1802 disponible sur livres-mystiques.com « Vie de sainte Catherine de Sienne », Paolo Frigerion, imprimerie d’Ant. Périsse, 1843 « Le dialogue », Sainte Catherine de Sienne, disponible sur livres-mystiques.com | |
| | | Claude Coowar
Messages : 357 Inscription : 25/11/2013
| Sujet: Re: Les Docteurs de l'Eglise catholique . 18/11/2016, 11:57 | |
| https://viechretienne.catholique.org/saints/1334-sainte-catherine-de-sienne 32.02 - Sainte Catherine de Sienne. (1347-1380).
VOCATION PRECOCE . Catherine, l’une des saintes les plus merveilleuses qui aient paru sur la terre, naquit à Sienne, de parents vertueux, mais qui pourtant, chose incroyable, se firent longtemps ses persécuteurs et entravèrent, autant qu’il leur fut possible, sa vocation religieuse. Dès l’âge de cinq ans, elle ne montait les escaliers de la maison paternelle qu’à genoux, récitant l’Ave Maria à chaque degré. Vers cette époque, elle eut une apparition de Notre-Seigneur, qui lui révéla tous les secrets de la vie parfaite. Un jour, l’admirable enfant, se prosternant dans sa chambre, pria la très Sainte Vierge de lui donner Son divin Fils pour Époux, et dès lors elle ne songea qu’à la vie religieuse, qui passionnait noblement son âme. Comme ses parents voulaient la marier, Dieu leur fit comprendre par différents signes extraordinaires que leur fille devait rester vierge ; malgré tout, ils persistèrent à la retenir dans le monde. Catherine ne se découragea pas ; elle se fit comme une cellule au fond de son coeur, où elle trouvait toujours son Bien-Aimé. C’est alors que commença pour elle une vie de telles austérités, que les Vies des Saints nous offrent peu de pareils exemples : disciplines, châssis de fer, cilice, privation de nourriture et de sommeil, elle n’ignora rien de tous ces martyres volontaires ; elle en vint à ne dormir qu’une demi-heure en deux nuits, ce fut la mortification qui lui coûta le plus. C’était une lutte continuelle entre la mère et la fille, la tendresse de l’une voulant éviter à l’autre ce martyre de chaque jour, la passion de la souffrance chez l’une rendant inutile l’humaine compassion de l’autre. De guerre lasse, il fallut enfin laisser partir au couvent cette fille si chérie et si longtemps maltraitée : Catherine entra chez les religieuses de Saint-Dominique. Dès lors sa vie devint de plus en plus étonnante. Elle eut quelques tentations pénibles pour son âme angélique ; l e Sauveur, pour la récompenser de la victoire, lui apparut couvert des ignominies de Sa Passion : "Où étiez-Vous donc, Seigneur, pendant ce terrible combat ? — Ma fille, J’étais dans ton coeur, et Je Me réjouissais de ta fidélité". Dans une de Ses apparitions, le Sauveur ôta le coeur de la poitrine de Sa servante et mit le Sien à sa place. Une autre fois, elle reçut les stigmates du divin Crucifié . Souvent, au moment de la Communion, l’Hostie s’échappait des mains du prêtre pour voler vers la bouche de Catherine . Sa vie entière fut un miracle.Dieu permit qu’elle exerçât une immense influence sur son époque, et qu’elle contribuât pour beaucoup à la cessation du grand schisme d’Occident. Elle mourut à l’âge de trente-trois ans. https://www.herodote.net/Catherine_de_Sienne_1347_1380_-synthese-1742.php Mystique et politique .
C’était un temps où une jeune femme analphabète pouvait devenir la confidente, et même la conseillère, des papes. Une foi fervente impressionnait alors davantage que le niveau d’instruction. Catherine de Sienne ne savait ni lire ni écrire. Elle n’en a pas moins dicté, pendant sa courte existence (elle est morte à l’âge de 33 ans), une œuvre monumentale qui lui a valu d’être proclamée docteur de l’Église par Paul VI en 1970. Catherine Benincasa naît dans la belle ville de Sienne, en Toscane, en 1347, peut-être le 25 mars. Elle est le vingt-troisième enfant d’une famille de vingt-cinq. Son père est teinturier. Sa mère est la fille d’un matelassier, poète à ses heures. En 1347-1348, une épouvantable épidémie de peste noire ravage l’Europe. La Toscane n’est pas épargnée. Il s’ensuit une longue période d’instabilité, de misère, de brigandage. C’est aussi le début de la guerre de Cent ans, qui va ajouter au désordre. À cette époque, et depuis une quarantaine d’années, les papes ont quitté Rome pour s’installer sur les bords du Rhône, en Avignon, où ils jouissent de la douceur provençale. Jean-Luc Pouthier. Une vocation précoce à la charité et l’apostolat. Dès ses six ans, Catherine a une première vision. Jésus, vêtu des ornements pontificaux et coiffé de la tiare, lui apparaît en majesté, sur le trône impérial. Déjà se mêlent mystique et politique. L’année suivante, elle s’engage en secret à consacrer sa vie au Seigneur Jésus-Christ et fait vœu de virginité. Autant de détails hagiographiques qui nous sont connus par le récit de la vie de Catherine que rédigera après sa mort son confesseur, Raymond de Capoue. En fait, il semble bien que la jeune siennoise ait montré très jeune non seulement une grande piété, mais également un goût prononcé pour la mortification et même des dons surnaturels (de visionnaire ou de médium), qui troublaient son entourage. « On ne comprendra jamais rien à Catherine de Sienne, a écrit Francine de Martinoir, si on élimine de sa vie tout ce qui est du domaine de l’invisible, du paranormal, pour employer un terme qui permet à ceux qui ont évacué du monde l’inexplicable, le surnaturel, de le réintroduire comme délié de toute connotation religieuse ». Bientôt, ses parents souhaitent la marier. Elle s’y oppose. Frappé par sa détermination, son confesseur du moment lui conseille (pour s’enlaidir ?) de couper ses cheveux. Elle suit son conseil et entre dans un long conflit avec ses proches. Elle s’astreint à de telles privations de sommeil et de nourriture que son physique se détériore et que son entourage s’inquiète pour sa santé mentale. Un nouveau songe lui indique qu’elle accomplira sa vocation en entrant dans l’ordre que saint Dominique a fondé un siècle auparavant, les frères prêcheurs ou Dominicains. Il existe à Sienne un tiers ordre dominicain, sorte de fraternité laïque de dames d’œuvres qui portent un grand manteau noir sur leur robe blanche (d’où leur surnom de mantellate). Catherine sollicite son admission, qui lui est refusée. Elle est jugée trop jeune, et surtout très exaltée. Ses crises d’extase, où elle entre dans une sorte de catalepsie, sont spectaculaires. En 1363, après moult péripéties, elle est enfin reçue et revêt l’habit. Elle vit recluse dans une pauvre chambre du domicile familial, qu’elle ne quitte que pour assister aux offices à l’église Saint Dominique. Puis, d’un coup, tout change. Elle a une nouvelle crise d’extase, connue sous le nom de « Mariage mystique » . Tandis que le Carnaval bruyant et débauché bat son plein dans les rues de la Sienne, elle reçoit dans sa cellule une somptueuse vision. Le Christ entouré de Marie et d’un cortège nuptial de saints et de musiciens la prend pour épouse et lui passe un anneau au doigt. Sa destinée s’en trouve bouleversée. Peu de temps après, une autre apparition lui demande d’entamer une existence de charité et d’apostolat. C’est le début de sa vie publique. Très vite, Catherine rassemble autour d’elle une petite troupe, sa « belle Brigade », qui se fait connaître par la piété et le dévouement de ses membres. Elle-même ne craint rien, et s’en va soulager les malades d’une peste qui rode toujours. Sa réputation s’étend bien au-delà de sa cité natale, et elle commence à dicter des lettres de conseils spirituels à ceux qui la sollicitent. Si bien que, de proche en proche, sa renommée gagne l’entourage du pape et le pape Grégoire XI lui-même. Pour mieux s’informer, celui-ci envoie en mission auprès de Catherine un prélat espagnol, Alfonso de Valdaterra, qui avait été le confesseur d’une autre mystique renommée de cette époque, Brigitte de Suède, la fille d’un prince suédois établie à Rome après son veuvage pour y mener une vie de pauvreté. À leur tour, les Dominicains sont intrigués par le mode de vie de la mantellata, et par la vénération qu’elle suscite. Ils la convoquent devant un chapitre général réuni à Florence, l’écoutent, et décident de lui donner un directeur spirituel chargé « de la diriger et de la corriger comme il lui paraîtrait opportun ». Ce sera Raymond de Capoue, âgé de quarante-quatre ans, qui l’accompagnera jusqu’à sa mort et qui, devenu ensuite maître général de l’ordre, aura l’occasion de rendre compte de l’amitié profonde et de l’affection qui les avaient unis. De la charité à la diplomatie pontificale.Grégoire XI (Pierre Roger de Beaufort), quoique Français (il est Corrézien d’origine), souhaite rétablir à Rome le siège pontifical – afin de renforcer l’unité de l’Église. Cette intention se heurte à de nombreuses oppositions. La vie est douce dans le Comtat Venaissin, et les cardinaux n’ont guère envie de retrouver le méchant climat romain. De leur côté, les princes italiens ne sont pas mécontents de tenir éloignée une autorité spirituelle toujours prompte à intervenir dans leurs affaires temporelles . Pour Catherine, c’est une carrière diplomatique qui débute. Deux grands projets lui tiennent à cœur : - la croisade pour reconquérir Jérusalem - et la réforme de l’Église. Le retour du pape d’Avignon à Rome est un préalable à la réalisation de ces objectifs. Qu’à cela ne tienne ! En mai 1376, elle part avec sa Brigade de disciples pour Avignon, où elle arrive le 18 juin. Elle souhaite convaincre le pape de regagner la Ville éternelle, tout en négociant par lettres le ralliement des Florentins à cette initiative. Il semble qu’elle échoue sur les deux plans. Grégoire XI la reçoit, mais peut-être par simple curiosité, parce qu’il avait été alerté sur ses dons de voyance. Quant aux Italiens, ils continuent à très bien se porter sans pape romain. Et pourtant… Le 13 septembre 1376, Grégoire XI quitte le Palais d’Avignon et entame, par terre puis par mer, un voyage vers l’embouchure du Tibre. Catherine lui écrit pour renforcer sa détermination : « Je vous prie, par l’amour de Jésus crucifié, d’aller le plus vite que vous pourrez prendre la place des glorieux apôtres Pierre et Paul ». Le 17 janvier 1377, le peuple de Rome fait à son évêque, précédé par Catherine de Sienne, un accueil triomphal (immortalisé en 1572 par Giorgio Vasari dans la Sala Regia du Vatican). La joie sera de courte durée. La réinstallation romaine ouvre bientôt l’une des plus graves crises que l’Église ait connue, et dont elle ne s’est peut-être jamais remise : le Grand Schisme d’Occident. Amères désillusions.À la mort de Grégoire XI, le peuple de Rome exige l’élection d’un pape italien. C’est fait avec le choix d’Urbain VI, le 7 avril 1378. Or, voilà que le mauvais caractère du nouveau pontife, et la nostalgie d’Avignon, entraînent une dissidence. Au bout de quelques semaines, des cardinaux français déclarent nulle l’élection d’Urbain VI. Avec l’appui du roi de France Charles V et de la reine Jeanne de Naples, il lui choisissent comme remplaçant un cardinal français qui prend le nom de Clément VII et se réinstalle en Avignon. Le schisme va durer quarante ans. Catherine consacre toutes ses forces à tenter de réduire la fracture et à convaincre les souverains européens de la seule légitimité d’Urbain VI. Installée à Rome, elle tonne, multiplie les médiations, sans succès. « Ils disent, écrit-elle à l’une de ses dirigées, Agnès Toscanella, que le pape Urbain VI n’est pas le vrai pape. Il est bien le vrai souverain pontife, le vicaire de Jésus-Christ, je le déclare devant Dieu et devant toutes les créatures ». Entre temps, entre l’automne 1377 et le début de l’automne 1378, elle a dicté son chef d’œuvre, le Dialogue, ou Livre de la doctrine divine, où elle a rassemblé ses intuitions mystiques et son expérience spirituelle. Ce sera sa dernière satisfaction. Les funérailles de Catherine de Sienne, détail (Pinturicchio Piccolomini, 1506, palais de Sienne) L’Église est déchirée. La croisade n’aura pas lieu. Accablée par les « démons », les mortifications et les jeûnes, elle endure les pires souffrances à partir du début de l’année 1380. Elle s’éteint le 29 avril, dimanche avant l’Ascension, aux environs de midi. Elle avait encore eu la force d’écrire à Raymond de Capoue, lui confiant le soin de conserver l’essentiel de son message spirituel : « Je vous demande aussi de recueillir le livre et tous les écrits que vous trouverez de moi […], et vous en ferez ce que vous croirez le plus utile à la gloire de Dieu » . Ce qu’il fit, ouvrant la voie à la canonisation de sainte Catherine de Sienne par le pape Pie II en 1461. Déclarée patronne de l’Italie par Pie XII en 1939, et de l’Europe par Jean-Paul II en 1999, elle est également la patronne de tous les métiers de la communication en raison de son œuvre épistolaire au service de la papauté. BibliographieFrancine de Martinoir, Catherine de Sienne. Ou la traversée des apparences, éditions du Rocher, 1999 Bernard Sesé, Petite Vie de Catherine de Sienne, Desclée de Brouwer, 2005. La correspondance de Catherine de Sienne est éditée aux Editions du Cerf, et il existe une édition au format de poche du Livre des dialogues au Seuil. L'auteur : Jean-Luc Pouthier Jean-Luc Pouthier. Après une thèse de doctorat sur le fait religieux à Sciences Po, Jean-Luc Pouthier a débuté comme journaliste à l'AFP puis à Libération et dans le groupe Bayard (Le Monde de la Bible). Il a fondé le Centre d'étude du fait religieux contemporain (Cefreco) en 2011, avec pour objet l'étude du fait religieux en général, et poursuit son enseignement à Sciences Po. Publié ou mis à jour le : 2014-04-29 12 :15 :39 | |
| | | Claude Coowar
Messages : 357 Inscription : 25/11/2013
| Sujet: Re: Les Docteurs de l'Eglise catholique . 18/11/2016, 12:33 | |
| http://www.dominicains.ca/Histoire/Figures/sienne.htm 32.03 - SAINTE CATHERINE DE SIENNE. UN AIR DE PARENTE. Sainte Catherine de Sienne († 1380) Catherine de Sienne « La religion de notre père Dominique est toute large, toute joyeuse et toute parfumée ». Comment faire le portrait de celle qui parlait ainsi de sa famille religieuse ? En effet, elle est à la fois, très proche et très différente de nous.
- Proche, puisqu'elle était dominicaine, et que l'on retrouve un air de " parenté " certain. Proche, parce que le contexte politique et religieux de son époque était, comme le nôtre, très troublé, plein de violences et d'ambiguïtés. Proche enfin parce que, comme chez tous les saints, semble-t-il, une part d'elle-même dépasse son temps et paraît étonnamment moderne. - Différente cependant, car il y a peu de points communs entre une Italienne du XVe siècle et une Française du XXe ! Comment s'y reconnaître dans ce vocabulaire, pour nous si outré, si excessif ? Le difficile problème du langage... Il est souvent question de larmes, de sang, pour parler des choses de la vie spirituelle. Et Catherine insiste, recommence, se répète. Cette Italienne vibrante parlera longuement des larmes, spécialement des larmes de vie : ce sont celles « de ceux qui, à la vue de leurs fautes et de leurs péchés, par crainte du châtiment se mettent à pleurer ». Leurs larmes commencent donc à leur donner la vie. Mais il y a ceux qui ne peuvent pleurer des yeux, ceux-là ont des larmes de feu : « Je veux dire un vrai et saint désir qui les fait se consumer d'amour " . Et au ciel où il n'y a pas de larmes, c'est encore le désir qui en tient lieu : " Ils sont passés des larmes à l'allégresse, le fruit de leurs larmes, c'est cette vie elle-même qui ne finit pas, et dans laquelle leur charité toujours ardente ne cesse de crier vers Moi et de m'offrir pour vous les larmes de feu... » . Pour expliquer l'ascension spirituelle, Catherine prend l'image du corps physique du Christ, qui est le Pont menant à Dieu, le chemin de vérité. Le fidèle se tient d'abord aux pieds, puis monte jusqu'au coeur, et enfin atteint la bouche du Christ. Sainte Catherine de Sienne. Différente aussi du chrétien " ordinaire ", cette grande mystique qui a connu toutes les plus hautes faveurs divines : visions, colloques d'amour, mariage spirituel, échange des cœurs, stigmates (à sa demande, invisibles aux yeux des autres...). Sa vie est jalonnée de faits merveilleux ou extraordinaires. Ses premiers biographes ne se sont pas privés de les raconter, et à l'occasion, de les " enjoliver " encore... Pour vaincre sa répulsion, et par amour, elle s'est obligée à boire le pus des plaies d'une pauvre malade qu'elle visitait et soignait, et qui la couvrait d'injures. Les derniers mois de son existence, sa vie n'était soutenue que par l'Eucharistie, seul aliment qu'elle absorbait...
Née dans un milieu très simple, probablement en 1347 à Sienne, Catherine était la vingt-troisième enfant d'une famille de vingt-cinq. Son père, Jacopo Benincasa, était teinturier. C'était un homme pondéré et pieux, assez aisé, vrai maître de sa maison. Sa mère, Lapa, était bavarde, violente et bougonne, mais brave femme au demeurant, toute dévouée à sa nombreuse progéniture, quoique fort possessive. (Lapa était elle-même fille d'un poète siennois, goûté du bon peuple, et matelassier de son état). Tempérament riche et nuancé, Catherine hérita de son père une exquise discrétion, cette discrétion dont elle fait dire à Dieu dans son Dialogue : « Qu'elle n'est rien d'autre que la connaissance vraie que l'âme doit avoir de Moi et de soi-même. C'est dans cette connaissance qu'elle prend racine » . De sa mère, Catherine a la fougue. Elle-même dira : « Ma nature est feu ». Petite fille remuante, bien vivante, dès l'âge de six sept ans, elle a sa première vision. Au-dessus de l'église des dominicains de sa ville natale, le Christ lui apparaît revêtu des ornements pontificaux et entouré de saints. Sans doute y a-t-il là obscure réminiscence des cérémonies présidées par l'évêque du lieu. Il reste que cette première rencontre a fortement marqué l'enfant. Vision qui se cristallisera plus tard, mais les traits principaux de sa physionomie spirituelle s'y trouvent déjà en puissance. Amour du Christ-Pont (pontife), dévotion à l'Église, au pape " le doux Christ de la terre... " . Et aussi, bientôt, son désir de chasteté parfaite et sa demande véhémente pour être reçue par les mantellate, c'est-à-dire les tertiaires dominicaines de Sienne. Vœu qui ne se réalisera que vers 1367, et après une lutte serrée avec sa famille, sa mère surtout. Toujours ardente, en 1375, à Pise, elle prêche la croisade, rêve de martyre, et nourrit une profonde dévotion à la Passion. De là ses fréquentes allusions au " sang ". Dans ses Lettres, souvent Catherine écrit : " Je vous écris dans le (précieux) sang... Noyez-vous dans le sang... " . La clef pour comprendre serait de remplacer le mot sang par celui de grâce. Il y a un raccourci dans la pensée qu'on ne perçoit pas avec évidence. Si Catherine parle tellement du sang, c'est parce qu'elle est à la fois très consciente de la faiblesse humaine, de notre misère, et de l'amour de Dieu qui nous a sauvés et nous sauve toujours, par le sacrifice du Fils, par son sang versé. La gratuité, la force de cet amour de Dieu pour les hommes la hante. Il y a un long passage dans le Dialogue où elle dit à son Seigneur : " O fou d'amour!" Lorsqu'elle dit : sang, elle pense : la rédemption, la grâce qui nous sauve. Avec une candeur certaine elle multipliera les lettres aux grands. En novembre de cette même année 1375, c'est la révolte des États pontificaux : elle essaie d'intervenir entre les deux parties, tenant le pape au courant. En 1376 à Avignon, elle tente de faire revenir le pape à Rome. A la vérité, elle n'a pas une lucidité politique particulièrement remarquable, mais bien l'énergie du caractère qui fait défaut aux uns et aux autres. Ces rivalités des villes italiennes, des princes ou des ecclésiastiques, la torturent. C'est pourquoi elle œuvre sans répit pour la paix, par ses missives, par des voyages. Mais d'abord, elle prie et fait pénitence. Cependant elle est trop entière pour s'adapter aux subtilités, aux intérêts divers et contestables de chacun. Seulement, le prestige de sa sainteté est grand. Et elle sait convaincre. Aussi sera-t-elle surtout " utilisée ", tous souhaitant confisquer à leur profit le poids de sa renommée... tandis qu'elle croit naïvement à la bonne volonté de ses partenaires. Après une vie courte, emplie d'activité publique au service de l'Église et du pape, et des cités italiennes, brûlée d'amour pour son Seigneur et le salut des hommes, usée par la fatigue des voyages et les austérités, Catherine la priante meurt le 29 avril 1380, à trente-trois ans comme le Christ, dans sa ville natale. Harmonie d'extrêmes, Catherine est en même temps fougue et discrétion, fermeté et douceur. Femme de la tête aux pieds, elle est celle que ses disciples nomment tendrement : "Dolce Mamma " (douce Maman); celle qui accompagnera jusqu'à l'échafaud un jeune condamné à mort, Nicola Toldo, avec les gestes et les prévenances d'une mère; et celle qui dit tout bonnement : " Voglio! " (je veux!), au Seigneur afin d'obtenir le pardon des pécheurs. Femme de désirs ; femme de contrastes ; toujours tenace. Du désir elle a beaucoup parlé. Et elle a beaucoup, puissamment désiré. Le thème du désir court à travers tout le Dialogue. Le verbe désirer (desiderare) est employé 93 fois, et le substantif désir (desiderio) 308 fois, pour 167 chapitres. Souvent le mot s'accompagne d'un adjectif lui-même très fort : désir " grand, très grand, saint, continu, infini, doux, anxieux, amoureux, ardent, douloureux". Le désir recouvre évidemment plusieurs réalités, et il n'est pas toujours si facile de trouver le sens qu'il a pour Catherine. Il est principalement désir de l'honneur de Dieu et du salut de tous les hommes. Mais, pour cette femme de prière, il est aussi la meilleure, l'unique façon de prier sans cesse. Jusqu'au chapitre XIII du Dialogue, dans la partie intitulée " Doctrine de la perfection ", elle s'en explique. C'est le désir qui provoque la prière. Désir de l'amour de Dieu, de l'union avec Lui, et qui mène à l'Eucharistie. La prière de Catherine est prière de mystique : prière complète. Pour l'amour de Dieu, elle prie en expiation pour tous les hommes, pour l'Église, pour son Ordre qui a besoin de réforme. Et, pour l'amour des hommes, de l'Église, de son Ordre, elle supplie Dieu de faire miséricorde. En admiration devant Dieu, sa prière devient louange; angoissée devant le mal, elle se fait intercession. " Prière humble et continue", comme elle-même le recommande indéfiniment. Elle veut le salut de tous les hommes et harcèle Dieu : " Mon Dieu, ma miséricorde! " On croit entendre le cri de Dominique : "Que vont devenir les pauvres pécheurs?" Cette tertiaire qui a mis près de dix ans pour être admise dans l'Ordre, est dominicaine de désir dès son enfance. C'est bien par l'Ordre que la petite fille qui avait vu à sept ans le Christ Prêtre réalisera pleinement sa vocation. Conquérante, elle attire, bouleverse, entraîne, guide. Autour d'elle, les conversions se multiplient; on se réconcilie aussi beaucoup. Une suite de disciples: la famiglia (la famille), l'accompagne partout, se nourrit de son exemple, de ses paroles. Elle transmet sa sève. Bien dominicaine également cette recherche de la vérité, ce besoin de connaître, ce zèle à dire à tous la foi. Inlassablement elle demande à connaître Dieu " Première Vérité ", " Vérité éternelle ", " Douce Vérité ". Pour Catherine, l'importance de la connaissance de Dieu et de soi-même est déterminante en vie spirituelle. Elle insiste sur ce que nous appellerions le recueillement, par une jolie formule : " Entrer dans la cellule de la connaissance de Dieu et de soi-même ". Du milieu dont elle est issue, elle a le solide bon sens, un jugement clair comme une eau de source. C'est un être simple, concret. Lorsqu'elle écrit à son confesseur et premier biographe, le bienheureux Raymond de Capoue, qui est également son disciple, elle le traite à l'occasion de " cher vilain petit père ". Elle n'est pas que contemplative, c'est une réalisatrice. II y a équilibre entre sa prière et son action. Pendant le schisme, elle se donne tout entière à la cause de la papauté. Après la mort du pape, elle revient à Sienne et s'absorbe dans la prière, sa grâce propre. Catherine ne savait pas écrire, et n'apprit à lire, dit-on, que pour réciter l'office avec son Seigneur. Mais cette illettrée a une intelligence vive et forte, très attentive aux choses de la foi. Elle retient, assimile et enrichit tout ce qu'elle entend de sa propre et profonde expérience.Que dire de ses écrits ? Catherine dictait. Plusieurs de ses disciples furent ses secrétaires. C'est ainsi que l'on peut, plus ou moins bien transmise, retrouver sa pensée. Le Dialogue - Sorte de colloque d'amour entre Dieu et Catherine. Catherine pose des questions, implore; Dieu répond. Et ce que Dieu dit doit être retransmis aux hommes. La composition en est désordonnée et pose un problème délicat. Il est certain que ses frères dans l'Ordre ont largement participé à l'élaboration finale, d'où un aspect de "traité" qui semble bien éloigné de la spontanéité, de l'inculture de Catherine. Cependant, le Dialogue est constamment sous-tendu par les problèmes concrets de l'Église et de la chrétienté de l'époque. Les Lettres ? Plus de 300 dont 250 datées avec certitude. La vraie Catherine est certainement plus accessible ici. Cette fois, c'est le message de Catherine elle-même. Le style est plus familier, plus coloré, plus original. Presque toutes les lettres commencent par: " Au nom de Jésus crucifié et de la douce Marie " , puis continuent : " Moi, Catherine, servante et esclave des serviteurs de Jésus Christ, je t'écris dans son précieux sang avec le désir de... " Les correspondants de Catherine sont des plus variés papes, cardinaux, princes des divers États italiens, religieux, famille, un juif..., jeunes et vieux, hommes et femmes, riches et pauvres... Les Oraisons, recueillies par ses disciples. Elles sont peu nombreuses, et certaines se retrouvent dans le Dialogue. C'est la prière intime de Catherine saisie au vol. Presque toutes sont adressées au " Dieu éternel ", à la " Trinité éternelle ", à la " Première douce Vérité ". Il n'est pas jusqu'à l'admirable portrait d'Andrea di Vanni qui ne traduise extérieurement, la vie intérieure du modèle : beau visage à l'extraordinaire regard tourné vers le dedans... (Soeur Françoise-Thérèse du monastère d'Etiolles) (Source : Dominicains. Cerf, 1980 | |
| | | Claude Coowar
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| Sujet: Re: Les Docteurs de l'Eglise catholique . 18/11/2016, 13:11 | |
| https://w2.vatican.va/content/benedict-xvi/fr/audiences/2010/documents/hf_ben-xvi_aud_20101124.html 32.04 – SAINTE CATHERINE DE SIENNE.
Selon l’autorité théologique de SA SAINTETE, LE PAPE BENOIT XVI . AUDIENCE GÉNÉRALE Salle Paul VI Mercredi 24 novembre 2010 Chers frères et sœurs, Je voudrais aujourd’hui vous parler d’une femme qui a eu un rôle éminent dans l’histoire de l’Eglise. Il s’agit de sainte Catherine de Sienne. Le siècle auquel elle vécut — le XIVe — fut une époque tourmentée pour la vie de l’Eglise et de tout le tissu social en Italie et en Europe. Toutefois, même dans les moments de grandes difficultés, le Seigneur ne cesse de bénir son peuple, suscitant des saints et des saintes qui secouent les esprits et les cœurs provoquant la conversion et le renouveau. Catherine est l’une de celles-ci et, aujourd’hui encore, elle nous parle et nous incite à marcher avec courage vers la sainteté pour être toujours plus pleinement disciples du Seigneur. Née à Sienne, en 1347, au sein d’une famille très nombreuse, elle mourut dans sa ville natale en 1380. A l’âge de 16 ans, poussée par une vision de saint Dominique, elle entra dans le Tiers Ordre dominicain, dans la branche féminine dite des Mantellate. En demeurant dans sa famille, elle confirma le vœu de virginité qu’elle avait fait en privé alors qu’elle était encore adolescente, et se consacra à la prière, à la pénitence et aux œuvres de charité, surtout au bénéfice des malades. Lorsque la renommée de sa sainteté se diffusa, elle fut protagoniste d’une intense activité de conseil spirituel à l’égard de toutes les catégories de personnes : nobles et hommes politiques, artistes et personnes du peuple, personnes consacrées, ecclésiastiques, y compris le Pape Grégoire XI qui à cette époque, résidait à Avignon, et que Catherine exhorta de façon énergique et efficace à revenir à Rome. Elle voyagea beaucoup pour solliciter la réforme intérieure de l’Eglise et pour favoriser la paix entre les Etats : c’est pour cette raison également, que le vénérable Jean-Paul II voulut la déclarer co-patronne de l’Europe : pour que le Vieux continent n’oublie jamais les racines chrétiennes qui sont à la base de son chemin et continue de puiser à l’Evangile les valeurs fondamentales qui assurent la justice et la concorde.
Catherine souffrit beaucoup, comme de nombreux saints. Certains pensèrent même qu’il fallait se méfier d’elle, au point qu’en 1374, six ans avant sa mort, le chapitre général des Dominicains la convoqua à Florence pour l’interroger. Ils mirent à ses côtés un frère cultivé et humble, Raymond de Capoue, futur maître général de l’Ordre. Devenu son confesseur et également son « fils spirituel », il écrivit une première biographie complète de la sainte. Elle fut canonisée en 1461. La doctrine de Catherine , qui apprit à lire au prix de nombreuses difficultés et à écrire à l’âge adulte, est contenue dans le Dialogue de la Divine Providence, ou Livre de la Divine Doctrine, chef d’œuvre de la littérature spirituelle, dans ses Lettres, et dans le recueil de Prières. Son enseignement contient une telle richesse qu’en 1970, le Serviteur de Dieu Paul VI, la déclara Docteur de l’Eglise, titre qui s’ajoutait à celui de co-patronne de la ville de Rome, par volonté du bienheureux Pie IX, et de patronne d’Italie, selon la décision du vénérable Pie XII. Dans une vision qui ne s’effaça plus jamais du cœur et de l’esprit de Catherine, la Vierge la présenta à Jésus, qui lui donna un anneau splendide, en lui disant : « Moi, ton créateur et sauveur, je t’épouse dans la foi, que tu conserveras toujours pure jusqu’à ce que tu célèbres avec moi tes noces éternelles » (Raymond de Capoue, Sainte Catherine de Sienne, Legenda maior, n. 115, Sienne, 1998). Cet anneau ne demeura visible qu’à elle seule. Dans cet épisode extraordinaire, nous percevons le sens vital de la religiosité de Catherine et de toute spiritualité authentique : le christocentrisme. Le Christ est pour elle comme l’époux, avec lequel existe un rapport d’intimité, de communion et de fidélité ; il est le bien-aimé au-delà de tout autre bien. Cette union profonde avec le Seigneur est illustrée par un autre épisode de la vie de cette éminente mystique : l’échange du cœur. Selon Raymond de Capoue, qui transmit les confidences reçues de Catherine, le Seigneur Jésus lui apparut tenant dans la main un cœur humain rouge resplendissant, lui ouvrit la poitrine, l’y introduisit et dit : « Ma très chère petite fille, de même qu’un jour j’ai pris le cœur que tu m’offrais, voici à présent que je te donne le mien, et désormais, il prendra la place qu’occupait le tien » (ibid.). Catherine a vécu véritablement les paroles de saint Paul : « Ce n'est plus moi qui vis, mais le Christ qui vit en moi » (Ga 2, 20). Comme la sainte de Sienne, chaque croyant ressent le besoin de s’uniformiser aux sentiments du Cœur du Christ pour aimer Dieu et son prochain, comme le Christ lui-même aime. Et nous pouvons tous laisser notre cœur se transformer et apprendre à aimer comme le Christ, dans une familiarité avec Lui nourrie par la prière, par la méditation sur la Parole de Dieu et par les Sacrements, en particulier en recevant fréquemment et avec dévotion la sainte communion. Catherine appartient elle aussi à ce groupe de saints eucharistiques, avec lesquels j’ai voulu conclure mon Exhortation apostolique Sacramentum caritatis (cf. n. 94). Chers frères et sœurs, l’Eucharistie est un don d’amour extraordinaire que Dieu nous renouvelle sans cesse pour nourrir notre chemin de foi, renforcer notre espérance, enflammer notre charité, pour nous rendre toujours plus semblables à Lui. Autour d’une personnalité aussi forte et authentique commença à se constituer une véritable famille spirituelle. Il s’agissait de personnes fascinées par l’autorité morale de cette jeune femme dont la vie atteignait un niveau très élevé, et parfois impressionnées également par les phénomènes mystiques auxquels elles assistaient, comme les extases fréquentes. Beaucoup de gens se mirent à son service et considérèrent surtout comme un privilège d’être guidées spirituellement par Catherine. Ils l’appelaient « maman » , car en tant que fils spirituels, ils puisaient en elle la nourriture de l’esprit. Aujourd’hui aussi l’Eglise tire un grand bénéfice de l’exercice de la maternité spirituelle de nombreuses femmes, consacrées et laïques, qui nourrissent dans les âmes la pensée pour Dieu, qui renforcent la foi des personnes et qui orientent la vie chrétienne vers des sommets toujours plus élevés. « Je vous dis et je vous appelle mon fils — écrit Catherine en s’adressant à l’un de ses fils spirituels Giovanni Sabbatini —, dans la mesure où je vous mets au monde par des prières incessantes et mon désir auprès de Dieu, comme une mère met son fils au monde ». (Recueil de lettres, Lettre n. 141 : A dom Giovanni de’ Sabbatini). Elle avait l’habitude de s’adresser au frère dominicain Bartolomeo de Dominici par ces mots : « Bien-aimé et très cher frère et fils dans le doux Christ Jésus ». Un autre trait de la spiritualité de Catherine est lié au don des larmes. Celles-ci expriment une extrême et profonde sensibilité, la capacité à s’émouvoir et à éprouver de la tendresse. De nombreux saints ont eu le don des larmes, renouvelant l’émotion de Jésus lui-même, qui n’a pas retenu et caché ses pleurs devant le sépulcre de son ami Lazare et la douleur de Marie et de Marthe, et à la vue de Jérusalem, au cours de ses derniers jours terrestres. Selon Catherine, les larmes des saints se mélangent au Sang du Christ, dont elle a parlé avec un ton vibrant et des images symboliques très efficaces : « Rappelez-vous du Christ crucifié, Dieu et homme (...) Donnez-vous pour objet le Christ crucifié, cachez-vous dans les plaies du Christ crucifié, noyez-vous dans le sang du Christ crucifié » . (Recueil de lettres, Lettre n. 21 ; A une personne que l’on ne nomme pas). Nous pouvons ici comprendre pourquoi Catherine, bien que consciente des fautes humaines des prêtres, ait toujours éprouvé un très grand respect pour eux : ces derniers dispensent, à travers les sacrements et la Parole, la force salvifique du Sang du Christ. La sainte de Sienne a toujours invité les saints ministres, et également le Pape, qu’elle appelait « doux Christ de la terre » , à être fidèles à leurs responsabilités, toujours et seulement animée par son amour profond et constant pour l’Eglise. Avant de mourir, elle dit : « Alors que je quitte mon corps, moi en vérité j’ai consommé et donné ma vie dans l’Eglise et pour la Sainte Eglise, ce qui m’est une grâce très particulière ». (Raymond de Capoue, Sainte Catherine de Sienne, Legenda maior, n. 363). Nous apprenons donc de sainte Catherine la science la plus sublime : connaître et aimer Jésus Christ et son Eglise . Dans le Dialogue de la Divine Providence celle-ci, à travers une image singulière, décrit le Christ comme un pont lancé entre le ciel et la terre. Celui-ci est formé de trois marches constituées par les pieds, par le côté et par la bouche de Jésus. En s’élevant grâce à ces marches, l’âme passe à travers les trois étapes de chaque voie de sanctification : - le détachement du péché, - la pratique de la vertu et de l’amour, - l’union douce et affectueuse avec Dieu. Chers frères et sœurs, apprenons de sainte Catherine à aimer avec courage, de manière intense et sincère, le Christ et l’Eglise. Faisons donc nôtres les paroles de sainte Catherine que nous lisons dans le Dialogue de la Divine Providence, en conclusion du chapitre qui parle du Christ-pont : « Par miséricorde, tu nous as lavés dans le Sang, par miséricorde, tu voulus converser avec les créatures. O fou d’amour ! Il ne t’a pas suffi de t’incarner, mais tu voulus aussi mourir ! (...) O miséricorde ! Mon cœur étouffe en pensant à toi : car où que je me tourne, je ne trouve que miséricorde » (chap. 30). Merci. * * * Chers amis, puisse sainte Catherine de Sienne nous apprendre ainsi la science la plus sublime : aimer avec courage intensément et sincèrement Jésus Christ et aimer l’Eglise ! Je salue cordialement les pèlerins francophones : bon séjour à tous ! © Copyright 2010 - Libreria Editrice Vaticana | |
| | | Claude Coowar
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| Sujet: Re: Les Docteurs de l'Eglise catholique . 19/11/2016, 11:52 | |
| http://petitetherese.org/petite-therese/biographie 33.01 - SAINTE THERESE DE LISIEUX DITE EN RELIGION, DE L'ENFANT-JESUS. Biographie de "Petite Thérèse". Marie-Françoise Thérèse Martin dite « Petite Thérèse », est une religieuse carmélite française née le 2 janvier 1873 en France, plus précisément à Alençon dans la région Basse-Normandie. Elle est morte de la tuberculose le 30 septembre 1897 à l'âge de vingt-quatre ans, après 9 ans de vie religieuse. L'impact de ses publications posthumes en fait l'une des plus grandes saintes du XIXe siècle . La dévotion envers cette religieuse cloîtrée au caractère unique s'est développée partout dans le monde. Les croyants vénèrent sa spiritualité inédite qui, pour l'essentiel, propose de rechercher la sainteté, non pas dans les grandes actions, mais dans les actes du quotidien même les plus insignifiants, à condition de les accomplir pour l'amour de Dieu. Elle fut béatifiée puis canonisée dès 1925 par le pape Pie XI qui la considérait comme « l’étoile de son pontificat » . En 1997, c'est au tour du pape Jean-Paul II de la proclamer « Docteur de l’Eglise » dans le contexte du centenaire de sa mort, tout en reconnaissant l'exemplarité de sa vie et de ses écrits : « Dans les écrits de Thérèse de Lisieux, sans doute ne trouvons-nous pas, comme chez d'autres docteurs, une présentation scientifiquement organisée des choses de Dieu, mais nous pouvons y découvrir un témoignage éclairé de la foi qui, en accueillant d'un amour confiant la condescendance miséricordieuse de Dieu et le salut dans le Christ, révèle le mystère et la sainteté de l'Église». https://www.saint-joseph.org/fr/le-sanctuaire/saint-frere-andre Petite Thérèse reste « petite »Thérèse s'est ouverte à la vie religieuse avec le désir de devenir une grande sainte. Toutefois, après 6 années au Carmel de Lisieux, elle réalise que son objectif sera inatteignable. Elle se voit encore bien imparfaite et malgré tous ses efforts, elle est contrainte de constater ses limites. Thérèse reste « petite » et bien loin de cet amour sans faille qu'elle voudrait pratiquer. Elle comprend alors que c'est sur cette petitesse même qu'elle peut s'appuyer pour demander l'aide de Dieu. Elle écrira : « L’ascenseur qui doit m'élever au ciel, ce sont vos bras, ô Jésus ! Pour cela, je n'ai pas besoin de grandir, au contraire, il faut que je reste petite, que je le devienne de plus en plus». Thérèse «la petite voie » La petitesse de Thérèse, c'est-à-dire ses limites, devient alors motifs de réjouissance, plutôt que de découragement. Car c'est dans cet esprit que va s'exercer selon elle l'amour miséricordieux de Dieu. Dans ses manuscrits, elle donne à cette découverte le nom de « petite voie ». Son désir de sainteté se réalise en acceptant le réel de sa faiblesse et elle s'offre à Dieu telle qu'elle est . Après tout, Jésus n’est pas venu pour les justes, mais plutôt pour les pêcheurs. Sa vie ici et son sacrifice ont été pour les plus petits et non pas pour les plus puissants. Ainsi, à la clé, plus Thérèse se sentira petite devant Dieu, plus elle pourra compter sur lui. C'est aussi pendant cette période qu'elle commence à écrire ses mémoires. « Je ne meurs pas, j'entre dans la vie » , écrivait-elle dans l'une de ses dernières lettres. Elle est inhumée au cimetière de Lisieux et sa tombe fait très vite l'objet de dévotion et en septembre 1910, on exhume sa dépouille pour la transférer dans un autre caveau. Une seconde exhumation a lieu en 1917 afin de recueillir des ossements qui seront précieusement conservés. Enfin, au printemps de 1923, ses restes, désormais considérés comme des reliques, sont transférés en grande pompe vers la chapelle du carmel de Lisieux. Après la Seconde Guerre mondiale, ses reliques font le tour des grandes villes de France. L'année du cinquantenaire de sa mort, en 1947, elles sont vénérées à Paris. Des années plus tard, les reliques voyageront à nouveau en France et dans de nombreux autres pays, dont le Canada, de septembre à décembre 2001 et septembre 2008. En religion, Petite Thérèse est aussi nommée Thérèse de l'Enfant-Jésus et de la Sainte-Face, également connue sous les appellations Sainte-Thérèse de Lisieux ou Sainte-Thérèse de l'Enfant-Jésus. Elle était la fille d'un couple tenant commerce d'horlogerie et de dentelles, Louis et Zélie Martin, eux-mêmes béatifiés en 2008 par Benoit XVI. Au moins 2 000 églises, chapelle ou Basiliques sont sou le vocable de Ste-Thérèse de l'Enfant-Jésus dans les 5 continents du monde. http://www.vatican.va/news_services/liturgy/saints/ns_lit_doc_19101997_stherese_fr.html LA VIE DE S. THÉRÈSE DE LISIEUX THÉRÈSE MARTIN naquit à Alençon, en France, le 2 janvier 1873. Elle fut baptisée deux jours plus tard en l'église Notre-Dame, recevant les noms de Marie Françoise Thérèse. Ses parents étaient Louis Martin et Zélie Guérin. Après la mort de sa mère, le 28 août 1877, Thérèse s'installa avec toute sa famille à Lisieux. Vers la fin de 1879, elle s'approche pour la première fois du sacrement de la Pénitence. Le jour de la Pentecôte 1883, elle reçoit la grâce insigne de la guérison d'une grave maladie, par l'intercession de Notre-Dame des Victoires. Formée par les Bénédictines de Lisieux, elle fait sa première communion le 8 mai 1884, après une préparation intense, couronnée par une expérience très vive de la grâce de l'union intime avec le Christ . Quelques semaines après, le 14 juin de la même année, elle reçoit le sacrement de la confirmation, accueillant en toute conscience le don de l'Esprit Saint dans une participation personnelle à la grâce de la Pentecôte. Elle avait le désir d'entrer dans la vie contemplative, comme ses sœurs Pauline et Marie, au Carmel de Lisieux, mais son jeune âge l'en empêchait. Pendant un voyage en Italie, après avoir visité la Maison de Lorette et la Ville éternelle, au cours de l'audience accordée par le Pape aux pèlerins du diocèse de Lisieux le 20 novembre 1887, elle demanda à Léon XIII avec une audace filiale de pouvoir entrer au Carmel à l'âge de quinze ans. Le 9 avril 1888, elle entra au Carmel de Lisieux. Elle prit l'habit le 10 janvier de l'année suivante et fit sa profession religieuse le 8 septembre 1890, en la fête de la Nativité de la Vierge Marie. Au Carmel, elle s'engage sur le chemin de perfection tracé par la Mère fondatrice, Thérèse de Jésus, avec une ferveur et une fidélité authentiques, par l'accomplissement des divers services communautaires qui lui sont confiés. Éclairée par la Parole de Dieu, éprouvée très vivement par la maladie de son père bien-aimé, Louis Martin, qui meurt le 29 juillet 1894, elle avance vers la sainteté, inspirée par la lecture de l'Évangile, plaçant au centre de tout l'amour. Dans ses manuscrits autobiographiques, Thérèse nous a laissé non seulement les souvenirs de son enfance et de son adolescence, mais aussi le portrait de son âme, la description de ses expériences les plus intimes. Elle découvre et communique aux novices qui lui sont confiées la petite voie de l'enfance spirituelle; elle reçoit comme un don spécial la charge d'accompagner par le sacrifice et la prière deux « frères missionnaires ». Elle pénètre toujours plus le mystère de l'Église et sent croître en elle sa vocation apostolique et missionnaire, pour attirer tout le monde à sa suite , saisie par l'amour du Christ, son unique Epoux. Le 9 juin 1895, en la fête de la Très Sainte Trinité, elle s'offre en victime d'holocauste à l'Amour miséricordieux de Dieu. Elle rédige alors le premier manuscrit autobiographique qu'elle remet à Mère Agnès le jour de sa fête, le 21 janvier 1896. Quelques mois après, le 3 avril, dans la nuit entre le jeudi et le vendredi saints, elle souffre d'une hémoptysie, première manifestation de la maladie qui la conduira à sa mort et qu'elle accueille comme une mystérieuse visite de l'Epoux divin . Elle entre alors dans une épreuve de la foi qui durera jusqu'à sa mort et dont elle donnera un témoignage bouleversant dans ses écrits . Au mois de septembre, elle achève le manuscrit B qui illustre de manière impressionnante la maturité dans la sainteté à laquelle elle est parvenue, en particulier par la découverte de sa vocation au coeur de l'Eglise. Alors que sa santé se dégrade et que le temps de l'épreuve se poursuit, elle commence au mois de juin le manuscrit C dédié à Mère Marie de Gonzague ; de nouvelles grâces l'amènent à une plus haute perfection et elle découvre de nouvelles lumières pour la diffusion de son message dans l'Église au profit des âmes qui suivront sa voie. Le 8 juillet, elle est transférée à l'infirmerie. Ses sœurs et d'autres religieuses recueillent ses paroles, tandis que s'intensifient ses souffrances et ses épreuves, supportées avec patience, jusqu'à sa mort dans l'après-midi du 30 septembre 1897. «Je ne meurs pas, j'entre dans la vie», avait-elle écrit à son frère spirituel missionnaire, l'Abbé M. Bellier. Ses dernières paroles, « Mon Dieu..., je vous aime!», scellent une existence qui s'éteint sur la terre à l'âge de vingt-quatre ans pour entrer, suivant son désir, dans une phase nouvelle de présence apostolique en faveur des âmes, dans la communion des saints, pour répandre une pluie de roses sur le monde. Elle fut canonisée par Pie XI le 17 mai 1925 et proclamée Patronne universelle des missions, en même temps que saint François Xavier, par le même Pape, le 14 décembre 1927. Sa doctrine et son exemple de sainteté ont été reçus par toutes les catégories de fidèles de ce siècle avec un grand enthousiasme, et aussi en dehors de l'Église catholique et du christianisme. De nombreuses Conférences épiscopales, à l'occasion du centenaire de sa mort, ont demandé au Pape qu'elle soit proclamée Docteur de l'Église, à cause de la solidité de sa sagesse spirituelle, inspirée par l'Évangile, à cause de l'originalité de ses intuitions théologiques où brille sa doctrine éminente, et à cause de l’universalité de la réception de son message spirituel, accueilli dans le monde entier et diffusé par la traduction de ses oeuvres dans une cinquantaine de langues. Accueillant ces requêtes, le Saint-Père Jean-Paul II a voulu que soit étudiée l'opportunité de déclarer Thérèse de Lisieux Docteur de l'Église universelle par la Congrégation pour les Causes des Saints, compétente en la matière, avec l'avis de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi en ce qui concerne sa doctrine éminente. Le 24 août, au terme de la célébration eucharistique de la XII Journée mondiale de la Jeunesse à Paris, en présence de centaines d'Évêques et devant une immense foule de jeunes du monde entier, Jean-Paul II a annoncé son intention de proclamer Thérèse de l'Enfant-Jésus et de la Sainte-Face Docteur de l'Église universelle le 19 octobre 1997, le dimanche où l'on célèbre la Journée mondiale des Missions. | |
| | | Claude Coowar
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| Sujet: Re: Les Docteurs de l'Eglise catholique . 19/11/2016, 13:39 | |
| http://www.therese-de-lisieux.catholique.fr/Ma-petite-doctrine-comme-vous-l-appelez.html 33.02 - SAINTE THERESE DE L'ENFANT-JESUS.
« Ma petite doctrine » comme vous l’appelez…
Le chemin spirituel de Thérèse Martin fut solitaire. Certes, elle a beaucoup reçu de sa famille, de ses éducateurs, des maîtres du Carmel. Mais aucun prêtre ne l’a profondément marquée. En elle, le Saint-Esprit a tracé un chemin d’authenticité - « Je n’ai jamais cherché que la vérité » - qui lui a révélé les profondeurs de l’Amour trinitaire et une « voie » pour les rejoindre, sans aucun souci didactique : tout est venu de la vie, des événements quotidiens relus à la lumière de la Parole de Dieu. Son apport incomparable à la spiritualité du XXe siècle est un retour à l’Evangile dans sa pureté radicale. « Si vous ne redevenez pas comme des petits enfants, vous n’entrerez pas dans le Royaume des Cieux » . ( Matthieu 18,3)Petite voie. Bien qu’elle n’ait jamais pu disposer de l’Ancien Testament intégral, elle a opéré un retour à la méditation de la Parole de Dieu. Sans aucune initiation, sans aucune culture biblique, elle cite plus de 1000 fois la Bible dans ses écrits. Ce n’est qu’à vingt-deux ans que deux textes de l’Ancien Testament cristallisent en elle une longue recherche : l’illumination de « la voie d’enfance spirituelle ». qui va symboliser son apport. « Je veux être une sainte ». Thérèse, ardente adolescente est partie pour la sainteté. Elle écrit à son père : « Je ferai ta gloire en devenant une grande sainte ». Mais très vite, au Carmel, elle va se heurter à ses faiblesses et à son impuissance, lorsqu’elle se compare aux Saints. Ils lui apparaissent comme une montagne alors qu’elle n’est qu’un grain de sable. « Me grandir, c’est impossible » , constate-t-elle, mais sans se décourager. Car si Dieu a mis en elle ces désirs de sainteté, c’est qu’il doit y avoir une route, une voie pour gravir « le rude escalier de la perfection ». La Parole de Dieu va lui ouvrir la voie : « Si quelqu’un est tout petit, qu’il vienne à moi » . (Proverbes, 9,4) « Alors je suis venue », écrit la « petite Thérèse » en se demandant ce que Dieu ferait au petit qui viendrait à lui, elle lit Isaïe 66 : : dès lors, elle a compris qu’elle ne pourra pas monter seule cet escalier mais que Jésus la prendra dans ses bras, tel un ascenseur rapide. Dès lors, la petitesse de Thérèse n’est plus un obstacle, au contraire. Plus elle sera petite et légère dans les bras de Jésus, plus Il la fera sainte par une ascension rapide. C’est ainsi que Thérèse raconte sa découverte de la petite voie (Manuscrit C, 2). C’est d’abord une découverte de ce qu’est Dieu : essentiellement Amour Miséricordieux. Désormais, elle verra toues les perfections divines (y compris sa Justice) à travers le prisme de sa Miséricorde. Ceci entraîne de sa part une audacieuse confiance : « Je désire être sainte, mais je sens mon impuissance et je vous demande, ô mon Dieu ! d’être vous-même ma sainteté » . (Acte d’Offrande)Accepter de se laisser faire par Dieu n’implique aucun infantilisme facile. Thérèse fera concrètement tout ce qui est possible pour montrer concrètement son amour pour Dieu et ses sœurs, mais dans une totale gratuité, celle de l’amour. Dans toutes les situations et tous les actes de sa vie, Thérèse va « appliquer » cette voie : Dieu lui demande ceci, elle sent qu’elle en est incapable, donc Il le fera en elle. Un exemple : aimer toutes ses sœurs comme Jésus les aime lui est impossible. Alors s’unissant à Lui, c’est Lui qui les aimera en Thérèse. « Oui, je le sens lorsque je suis charitable, c’est Jésus seul qui agit en moi ; plus je suis unie à Lui, plus aussi j’aime toutes mes sœurs ». (Manuscrit C, 13 r°) Voilà un chemin de sainteté qui s’ouvre pour tous, les petits, les pauvres, les blessés : accepter le réel de sa faiblesse et s’offrir à Dieu tel qu’on est pour qu’il agisse en nous. Petit bateau. On comprend mieux alors qu’une telle phrase, par exemple, est aux antipodes de la mièvrerie mais explicite au contraire l’enfance évangélique prêchée par Jésus : « Jésus se plaît à me montrer l’unique chemin qui conduit à cette fournaise Divine, ce chemin c’est l’abandon du petit enfant qui s’endort sans crainte dans les bras de son Père ». (Manuscrit B, 1 v°) Ses intuitions en font une annonciatrice des grandes vérités remises en lumière par le Concile Vatican II : - primauté du mystère pascal de Jésus sur toutes les dévotions particulières, la voie de la sainteté pour tout baptisé, - mariologie qui voit en Marie « plus une Mère qu’une Reine » , ayant vécu l’épreuve de la foi (cf. Le poème « Pourquoi je t’aime, ô Maire » , testament marial, mai 1897), - ecclésiologie de communion fondée sur la présence de l’Amour (l’Esprit-Saint) au cœur de l’Eglise qui anime toutes les vocations complémentaires dans la Communion des Saints du Ciel et de la Terre. Révolution aussi dans la conception des Fins dernières : non plus le repos, mais l’action : « Je passerai mon ciel à faire du bien sur la terre ». Thérèse, sans le savoir, a ouvert des chemins d’œcuménisme : - sa lecture de l’épître aux Romains séduit les luthériens ; - l’orthodoxie l’aime avec saint François d’Assise (les symboles universels utilisés par ces deux saints facilitent leur inculturation en d’autres civilisations). LA VOIE D'ENFANCE SPIRITUELLE. Vie spirituelle Auteur : P. Garrigou-Lagrange, O.P. Source : In La vie spirituelle n° 302 Date de publication originale : Décembre 1945 Difficulté de lecture : ♦♦ Moyen Notre Seigneur dit à ses Apôtres : Si vous ne devenez semblables à de petits enfants, vous n’entrerez pas dans le royaume des cieux [1]. Saint Paul ajoute : Le Saint-Esprit rend témoignage à notre esprit que nous sommes les enfants de Dieu [2], et il nous conseille souvent une grande docilité au Saint-Esprit. Cette docilité se trouve particulièrement dans la voie d’enfance spirituelle recommandée par bien des saints et dernièrement par sainte Thérèse de l’Enfant Jésus. Cette voie, qui rend si facile et si fructueuse la vie intérieure, est trop peu connue et suivie. Peu suivie, pourquoi ? Parce que plusieurs s’imaginent à tort que c’est une voie spéciale, réservée à des âmes gardées toute pures et innocentes. Et d’autres personnes, quand on leur parle de cette voie se figurent une vertu puérile, une sorte d’enfantillage qui ne peut convenir à leur situation. Ce sont là des idées fausses. La voie d’enfance n’est ni une voie spéciale ni de l’enfantillage. La preuve en est que c’est Notre Seigneur lui-même qui la recommande à tous, même à ceux qui ont charge d’âmes comme les apôtres formés par Lui [3]. Pour avoir une vue d’ensemble sur la voie d’enfance spirituelle, il faut d’abord noter ses ressemblances et puis ses différences avec l’enfance corporelle.
- Les ressemblances sont manifestes. Quelles sont les qualités natives de l’enfant ? Généralement, il est simple, sans aucune duplicité, naïf, candide, il ne pose pas, il se présente tel qu’il est ; de plus, il a conscience de sa faiblesse, car il a besoin de tout recevoir de sa mère et de son père, cela dispose à l’humilité. Il est porté à croire simplement tout ce que dit sa mère, à avoir une absolue confiance en elle, et à l’aimer de tout son cœur, sans calcul. - Quelles sont les différences de l’enfance ordinaire et de l’enfance spirituelle ? La première différence est notée saint Paul : Ne soyez pas ses enfants sous le rapport du jugement, mais faites-vous enfants sous le rapport de la malice [4]. L’enfance spirituelle se distingue de l’autre par la maturité du jugement et d’un jugement surnaturel inspiré par Dieu. Une seconde différence est indiquée par saint François de Sales[5] : dans l’ordre naturel, l’enfant plus il grandit, plus il doit se suffire, car un jour son père et sa mère lui manqueront. Au contraire, dans l’ordre de la grâce, plus l’enfant de Dieu grandit, plus il comprend qu’il ne pourra jamais se suffire, et qu’il dépendra toujours intimement de Dieu. Plus il grandit et plus il doit vivre de l’inspiration spéciale du Saint-Esprit qui vient suppléer par ses dons à l’imperfection de nos vertus, si bien qu’à la fin, l’enfant de Dieu est plus passif sous l’action divine que livré à son activité personnelle et au terme il entrera dans le sein du Père, où il trouvera la béatitude pour l’éternité. Le jeune homme et la jeune fille, lorsqu’ils arrivent à l’âge adulte, quittent leurs parents pour se faire une vie ; plus tard, l’homme de quarante ans vient assez souvent faire une visite à sa mère, mais il ne dépend plus d’elle comme jadis ; c’est lui maintenant qui la soutient. Au contraire, l’enfant de Dieu, en grandissant, s’il est fidèle, devient de plus en plus dépendant de son Père, jusqu’à ne plus rien faire sans lui, sans ses inspirations ou ses conseils. Alors toute sa vie est baignée dans la prière ; c’est la meilleure part qui ne lui sera pas ôtée. Sainte Thérèse de Lisieux l’a compris ainsi[6]. Elle est arrivée ainsi, après avoir traversé la nuit de l’esprit [7], à l’union transcendantale en elle. Tels sont les caractères généraux de l’enfance spirituelle : ses ressemblances et ses différences avec l’enfance corporelle. Voyons maintenant les principales vertus qui se manifestent en elle.D’abord LA SIMPLICITÉ, l’absence complète de duplicité. Pourquoi ? … Parce que le regard de cette âme ne cherche que Dieu et va droit à lui. Alors se vérifie ce qui est dit dans l’Evangile : Si ton œil est simple, tout ton corps sera dans la lumière ; la lampe du corps, c’est l’œil simple et droit ; mais si ton œil est mauvais, tout ton corps sera dans les ténèbres [8]. De même, si l’intention de ton âme est simple et droite, pure, sans duplicité, toute ta vie sera éclairée comme le visage d’un enfant. Alors l’âme simple regardant toujours du côté de Dieu, est portée à le voir dans les personnes et les événements, en tout ce qui arrive, elle voit ce qui est voulu par dieu, ou au moins permis par lui pour un bien supérieur. HUMILITÉ. En suivant cette voie l’âme devient humble. L’enfant a conscience de sa faiblesse, il dépend de sa mère pour tout, et demande constamment son secours, ou se réfugie près d’elle à la moindre menace. De même l’enfant de Dieu sent qu’il n’est rien par lui-même, il se rappelle souvent la parole de Jésus : Sans moi vous ne pouvez rien faire . Et alors il a un besoin instinctif de s’oublier, de dépendre de Notre Seigneur, de s’abandonner à Lui. L’âme cesse de se regarder inutilement, de vouloir tenir une place dans l’esprit des autres ; elle détourne son regard d’elle-même. Par là elle combat très efficacement l’amour propre. Et sentant sa faiblesse elle éprouve le besoin de s’appuyer constamment sur Notre Seigneur et d’être en tout guidée, dirigée par lui. Elle se jette entre ses bras, comme l’enfant entre les bras de sa mère. Par là l’esprit de prière se développe beaucoup en elle. FOI. Comme l’enfant croit sans hésiter et fermement à tout ce que sa mère lui dit, l’enfant de Dieu se repose totalement sur la parole de Notre-Seigneur au-dessus de tout raisonnement de tout examen. « Jésus l’a dit » soit par lui-même, soit par son Eglise, cela suffit pour qu’il n’y ait aucun doute dans son esprit. Que s’ensuit-il ? Comme la mère est heureuse d’instruire son enfant et d’autant plus qu’il est plus attentif, Notre-Seigneur se plaît à manifester la profonde simplicité des mystères de la foi aux humbles qui l’écoutent. Il disait : J e te rend grâce, ô Père, de ce que tu as caché ces choses aux prudents et aux sages et de ce que tu les as révélées aux petits. La foi de cette âme devient alors pénétrante, savoureuse, contemplative, rayonnante, pratique, source de mille conseils excellents. L’esprit de foi porte à voir comme Dieu les mystères révélés, les personnes, les événements ; on voit Dieu en tout. Même si le Seigneur permet la nuit noire, on la traverse en tenant sa main comme l’enfant tient la main de sa mère, qui le garde. La CONFIANCE devient dès lors de plus en plus ferme, entière. Pourquoi ? … Parce qu’elle repose sur l’amour de Dieu pour nous, sur ses promesses, sur les mérites infinis de Notre-Seigneur. Comme l’enfant est sûr de sa mère, parce qu’il se sait aimé d’elle, l’âme dont nous parlons est sûre de Dieu. Elle ne peut douter de sa fidélité à tenir ses promesses : demandez et vous recevrez . Elle ne s’appuie pas sur ses mérites à elle, sur sa fortune personnelle, mais sur les mérites infinis du Sauveur, qui sont à elle ; ainsi la fortune du père est à ses enfants qui n’ont pas encore des biens personnels. Est-ce que sa fragilité la décourage ? Pas du tout. L’enfant ne se décourage pas à cause de sa faiblesse ; au contraire, il sait que c’est à cause de son impuissance que sa mère est toujours attentive à veiller sur lui. De même Notre-Seigneur veille toujours sur les petits et les pauvres qui se fient à lui. Le Saint-Esprit, qu’il nous a envoyé, est appelé « Pater pauperum ». Cette âme ne compte que sur Dieu, sur Notre-Seigneur sur la sainte Vierge, et sur ceux qui vivent de Dieu, comme l’enfant n’a confiance qu’en sa mère et dans les personnes auxquelles sa mère elle-même le confie pour un moment. C’est une confiance entière, même aux heures les plus graves. On se rappelle alors ce que disait sainte Thérèse : « Seigneur, vous voyez tout, vous pouvez tout, et vous m’aimez ». La seule crainte de cette âme, c’est de ne pas assez aimer Notre-Seigneur, de ne pas s’abandonner assez à Lui. La CHARITÉ, est l’amour de Dieu pour lui-même, et des âmes en Dieu, pour qu’elles le glorifient dans le temps et dans l’éternité.Le petit enfant aime sa mère de tout son cœur, plus que les caresses qu’il reçoit d’elle ; il vit de sa mère. De même l’enfant de Dieu vit de Dieu et l’aime pour lui, à cause de ses infinies perfections qui se déversent en lui. Ce qu’il aime cet enfant, ce n’est pas sa perfection à lui, c’est Dieu même, sur qui il s’appuie. A cet amour il rapporte tout, c’est un amour délicat, simple, qui inspire la piété filiale, et une grande charité pour le prochain, en tant que celui-ci est aimé de Dieu et appelé à le glorifier éternellement. L’enfant de Dieu est cependant prudent comme il est simple : simple avec Dieu et les âmes de Dieu, il est sous l’inspiration du don de conseil prudent avec ceux en qui on ne peut avoir confiance. Il est faible, mais aussi il est fort, par le don de force qui s’est manifesté dans les martyrs, jusqu’en des jeune vierges et des vieillards. Un modèle frappant d’enfance spirituelle se trouve dans une sainte âme arrivée, au milieu des plus grandes difficultés, à une grande intimité avec Notre-Seigneur ; la Vénérable Mère Marie-Thérèse de Soubiran, fondatrice de la Société de Marie Auxiliatrice. Sa vie admirable nous montre la très grande supériorité de la vie surnaturelle pleinement abandonnée à Notre-Seigneur, au-dessus de l’activité naturelle des personnes les mieux douées et les plus énergiques qui s’appuient sur elles- mêmes, qui oublient de demander la bénédiction de Dieu[9]. Cette vie est un commentaire des paroles du Sauveur : Je te rends grâce, ô Père, de ce que tu as caché ces choses aux prudents et aux sages, et de ce que tu les as révélées aux petits. | |
| | | Claude Coowar
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| Sujet: Re: Les Docteurs de l'Eglise catholique . 19/11/2016, 21:26 | |
| https://w2.vatican.va/content/benedict-xvi/fr/audiences/2011/documents/hf_ben-xvi_aud_20110406.html 33.03 - SAINTE THERESE DE L'ENFANT-JESUS . Selon l'autorité théologique de SA SAINTETE, LE PAPE BENOIT XVI. AUDIENCE GÉNÉRALE. Place Saint-Pierre Mercredi 6 avril 2011 Chers frères et sœurs, Je voudrais vous parler aujourd’hui de sainte Thérèse de Lisieux, Thérèse de l’Enfant Jésus et de la Sainte Face, qui ne vécut que 24 ans dans ce monde, à la fin du XIXe siècle, conduisant une vie très simple et cachée mais qui, après sa mort et la publication de ses écrits, est devenue l’une des saintes les plus connues et aimées. La « petite Thérèse » n’a jamais cessé d’aider les âmes les plus simples, les petits, les pauvres, les personnes souffrantes qui la priaient, mais elle a également illuminé toute l’Eglise par sa profonde doctrine spirituelle, au point que le vénérable Pape Jean-Paul II, en 1997, a voulu lui conférer le titre de Docteur de l’Eglise, s’ajoutant à celui de patronne des missions, qui lui avait été attribué par Pie XI en 1927. Mon bien-aimé prédécesseur la définit « experte en scientia amoris » (Novo Millennio ineunte, n. 42). Cette science, qui voit resplendir dans l’amour toute la vérité de la foi, Thérèse l’exprime principalement dans le récit de sa vie, publié un an après sa mort sous le titre Histoire d’une âme. C’est un livre qui eut immédiatement un immense succès, et qui fut traduit dans de nombreuses langues et diffusé partout dans le monde. Je voudrais vous inviter à redécouvrir ce petit- grand trésor, ce commentaire lumineux de l’Evangile pleinement vécu ! L’Histoire d’une âme, en effet, est une merveilleuse histoire d’Amour, racontée avec une telle authenticité, simplicité et fraîcheur que le lecteur ne peut qu’en être fasciné ! Mais quel est cet Amour qui a rempli toute la vie de Thérèse, de son enfance à sa mort ? Chers amis, cet Amour possède un Visage, il possède un Nom, c’est Jésus ! La sainte parle continuellement de Jésus. Reparcourons alors les grandes étapes de sa vie, pour entrer au cœur de sa doctrine.Thérèse naît le 2 janvier 1873 à Alençon, une ville de Normandie, en France. C’est la dernière fille de Louis et Zélie Martin, époux et parents exemplaires, béatifiés ensemble le 19 octobre 2008. Ils eurent neuf enfants ; quatre d’entre eux moururent en bas âge. Les cinq filles survécurent, et devinrent toutes religieuses. A l’âge de 4 ans, Thérèse fut profondément frappée par la mort de sa mère (Ms A, 13r). Son père s’installa alors avec ses filles dans la ville de Lisieux, où se déroulera toute la vie de la sainte. Plus tard, Thérèse, frappée d’une grave maladie nerveuse, fut guérie par une grâce divine, qu’elle-même définit comme le « sourire de la Vierge » (ibid., 29v-30v). Elle reçut ensuite la Première Communion, intensément vécue (ibid., 35r), et plaça Jésus Eucharistie au centre de son existence. La « Grâce de Noël » de 1886 marque un tournant important, qu’elle appelle sa « complète conversion » (ibid., 44v-45v). En effet, elle guérit totalement de son hypersensibilité infantile et commence une « course de géant ». A l’âge de 14 ans, Thérèse s’approche toujours plus, avec une grande foi, de Jésus Crucifié, et prend à cœur le cas, apparemment désespéré, d’un criminel condamné à mort et impénitent (ibid., 45v-46v). « Je voulus à tout prix l’empêcher de tomber en enfer » écrit la sainte, dans la certitude que sa prière le mettrait en contact avec le Sang rédempteur de Jésus. C’est sa première expérience fondamentale de maternité spirituelle : « tant j'avais de confiance en la Miséricorde infinie de Jésus » , écrit-elle. Avec la très Sainte Vierge Marie, la jeune Thérèse aime, croit et espère avec « un cœur de mère » (cf. RP 6/10r). En novembre 1887, Thérèse se rend en pèlerinage à Rome avec son père et sa sœur Céline (ibid. 55v-67r). Pour elle, le moment culminant est l’audience du Pape Léon XIII, auquel elle demande l’autorisation d’entrer, à l’âge de quinze ans à peine, au carmel de Lisieux. Un an plus tard, son désir se réalise : elle devient carmélite « pour sauver les âmes et prier pour les prêtres » (ibid., 69v). Dans le même temps, commence également la douloureuse et humiliante maladie mentale de son père. C’est une grande souffrance qui conduit Thérèse à la contemplation du Visage de Jésus dans sa passion (ibid., 71rv). Ainsi, son nom de religieuse — sœur Thérèse de l’Enfant Jésus et de la Sainte Face — exprime le programme de toute sa vie, dans la communion aux mystères centraux de l’Incarnation et de la Rédemption. Sa profession religieuse, en la fête de la Nativité de Marie, le 8 septembre 1890, est pour elle un véritable mariage spirituel dans la « petitesse » évangélique, caractérisée par le symbole de la fleur : « Quelle belle fête que la Nativité de Marie pour devenir l’épouse de Jésus ! — écrit- elle — C’était la petite Sainte Vierge d’un jour qui présentait sa petite fleur au petit Jésus » (ibid., 77r). Pour Thérèse, être religieuse signifie être l’épouse de Jésus et mère des âmes (cf. Ms B, 2v). Le même jour, la sainte écrit une prière qui indique toute l’orientation de sa vie : elle demande à Jésus le don de l’Amour infini, d’être la plus petite, et surtout elle demande le salut de tous les hommes : « Qu’aucune âme ne soit damnée aujourd’hui » (Pri 2). Son Offrande à l’Amour miséricordieux, faite en la fête de la Très Sainte Trinité de 1895, est d’une grande importance (Ms A, 83v-84r; Pri 6): une offrande que Thérèse partagea immédiatement avec ses consœurs, étant déjà vice-maîtresse des novices.
Dix ans après la « Grâce de Noël », en 1896, arrive la « Grâce de Pâques », qui ouvre la dernière période de la vie de Thérèse, avec le début de sa passion en union profonde avec la Passion de Jésus. Il s’agit de la passion du corps, avec la maladie qui la conduira à la mort à travers de grandes souffrances, mais il s’agit surtout de la passion de l’âme, avec une très douloureuse épreuve de foi (Ms C, 4v-7v). Avec Marie à côté de la Croix de Jésus, Thérèse vit alors la foi la plus héroïque, comme une lumière dans les ténèbres qui envahissent son âme. La carmélite a conscience de vivre cette grande épreuve pour le salut de tous les athées du monde moderne, qu’elle appelle « frères ». Elle vit alors encore plus intensément l’amour fraternel (8r-33v) : envers les sœurs de sa communauté, envers ses deux frères spirituels missionnaires, envers les prêtres et tous les hommes, en particulier les plus lointains. Elle devient véritablement une « sœur universelle » ! Sa charité aimable et souriante est l’expression de la joie profonde dont elle nous révèle le secret : « Jésus, ma joie est de T’aimer » (PN 45/7). Dans ce contexte de souffrance, en vivant le plus grand amour dans les petites choses de la vie quotidienne, le saint conduit à son accomplissement sa vocation d’être l’Amour au cœur de l’Eglise (cf. Ms B, 3v). Thérèse meurt le soir du 30 septembre 1897, en prononçant les simples paroles « Mon Dieu, je vous aime !» , en regardant le Crucifix qu’elle serrait entre ses mains. Ces dernières paroles de la sainte sont la clé de toute sa doctrine, de son interprétation de l’Evangile. L’acte d’amour, exprimé dans son dernier souffle, était comme la respiration continuelle de son âme, comme le battement de son cœur. Les simples paroles « Jésus je T’aime » sont au centre de tous ses écrits. L’acte d’amour à Jésus la plonge dans la Très Sainte Trinité. Elle écrit : « Ah tu le sais, Divin Jésus je T’aime, / L’Esprit d’Amour m’embrase de son feu, / C’est en T’aimant que j’attire le Père » (PN 17/2). Chers amis, nous aussi, avec sainte Thérèse de l’Enfant Jésus, nous devrions pouvoir répéter chaque jour au Seigneur que nous voulons vivre d’amour pour Lui et pour les autres, apprendre à l’école des saints à aimer de manière authentique et totale. Thérèse est l’un des « petits » de l’Evangile qui se laissent conduire par Dieu dans les profondeurs de son Mystère. Un guide pour tous, surtout pour ceux qui, dans le Peuple de Dieu, accomplissent le ministère de théologiens. Avec l’humilité et la charité, la foi et l’espérance, Thérèse entre continuellement dans le cœur de la Sainte Ecriture qui renferme le Mystère du Christ. Et cette lecture de la Bible, nourrie par la science de l’amour, ne s’oppose pas à la science académique. La science des saints, en effet, dont elle parle elle-même dans la dernière page de l’Histoire d’une âme, est la science la plus élevée. « Tous les saints l’ont compris et plus particulièrement peut-être ceux qui remplirent l’univers de l’illumination de la doctrine évangélique. N’est-ce point dans l’oraison que les saints Paul, Augustin, Jean de la Croix, Thomas d’Aquin, François, Dominique et tant d’autres illustres Amis de Dieu ont puisé cette science divine qui ravit les plus grands génies ?» (Ms C, 36r). Inséparable de l’Evangile, l’Eucharistie est pour Thérèse le Sacrement de l’amour divin qui s’abaisse à l’extrême pour s’élever jusqu’à Lui. Dans sa dernière Lettre, sur une image qui représente l’Enfant Jésus dans l’Hostie consacrée, la sainte écrit ces simples mots : « Je ne puis craindre un Dieu qui s’est fait pour moi si petit ! (...) Je l’aime car Il n’est qu’Amour et Miséricorde !» (LT 266). Dans l’Evangile, Thérèse découvre surtout la Miséricorde de Jésus, au point d’affirmer : « A moi il a donné sa Miséricorde infinie, et c’est à travers elle que je contemple et adore les autres perfections divines ! (…) Alors toutes m’apparaissent rayonnantes d’amour, la Justice même (et peut-être encore plus que toute autre) me semble revêtue d’amour » (Ms A, 84r). Ainsi s’exprime-t-elle dans les dernières lignes de l’Histoire d’une âme : « Je n'ai qu'à jeter les yeux dans le Saint Evangile, aussitôt je respire les parfums de la vie de Jésus et je sais de quel côté courir... Ce n’est pas à la première place, mais à la dernière que je m’élance... Oui je le sens, quand même j'aurais sur la conscience tous les péchés qui se peuvent commettre, j'irais, le cœur brisé de repentir, me jeter dans les bras de Jésus, car je sais combien Il chérit l'enfant prodigue qui revient à Lui » (Ms C, 36v-37r). - « Confiance et Amour » sont donc le point final du récit de sa vie, deux mots qui comme des phares ont éclairé tout son chemin de sainteté, pour pouvoir guider les autres sur sa propre « petite voie de confiance et d’amour », de l’enfance spirituelle (cf. Ms C, 2v-3r ; LT 226). - Confiance comme celle de l’enfant qui s’abandonne entre les mains de Dieu, inséparable de l’engagement fort, radical du véritable amour, qui est un don total de soi, pour toujours, comme le dit la sainte en contemplant Marie : « Aimer c’est tout donner, et se donner soi-même » (Pourquoi je t’aime, ô Marie, PN 54/22). Ainsi Thérèse nous indique à tous que la vie chrétienne consiste à vivre pleinement la grâce du Baptême dans le don total de soi à l’Amour du Père, pour vivre comme le Christ, dans le feu de l’Esprit Saint, Son propre amour pour tous les autres. * * * Je salue cordialement les pèlerins de langue française, particulièrement les Frères du Sacré-Cœur, ainsi que les lycéens et les collégiens ! N’ayez pas peur d’imiter sainte Thérèse de l’Enfant Jésus ! La vie chrétienne consiste vraiment à vivre pleinement la grâce du baptême dans le don total de soi à l’amour du Père, pour manifester comme le Christ, dans le feu de l’Esprit Saint, son amour pour les autres. Ma prière vous accompagne ! APPEL Je continue de suivre avec une grande préoccupation les événements dramatiques que vivent en ces jours les chères populations de Côte d’Ivoire et de Libye. Je souhaite, en outre, que le cardinal Turkson, que j’avais chargé de se rendre en Côte d’Ivoire pour exprimer ma solidarité, puisse entrer au plus tôt dans le pays. Je prie pour les victimes et je suis proche de tous ceux qui souffrent. La violence et la haine sont toujours un échec ! C’est pourquoi j’adresse un nouvel appel pressant à toutes les parties en conflit afin que soit entamée l’œuvre de pacification et de dialogue et que l’on évite de nouvelles effusions de sang. © Copyright 2011 - Libreria Editrice Vaticana | |
| | | Claude Coowar
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| Sujet: Re: Les Docteurs de l'Eglise catholique . 20/11/2016, 02:03 | |
| http://nominis.cef.fr/contenus/saint/1125/Saint-Jean-d-Avila.html 34.01 - SAINT JEAN D'AVILA. BIOGRAPHIE. Prêtre, 34ème docteur de l'Eglise (✝ 1569) Né en 1502 près de Tolède, ses parents étaient des juifs convertis. Il fut ordonné prêtre, après de brillantes études, à Alcala et il mit ses talents d'orateur et de théologien au service de l'Evangile. Il obtint ainsi de nombreuses conversions dont celles de saint Jean de Dieu et de saint François Borgia. Son extraordinaire clairvoyance théologique le fit suspecter par l'Inquisition espagnole qui l'emprisonna. Selon la parole du pape Paul VI/ "Il domina ces épreuves par une intense spiritualité". Dès l'âge de quatorze ans, il se distingue par sa maturité intellectuelle. A Salamanque, ses études universitaires furent des plus brillantes, d'autant qu'il avait grande facilité à exprimer le sens exact de sa pensée. Il vivait une vie chrétienne profonde. Quand il perdit son père et sa mère, il se sentit libre de s'orienter vers le sacerdoce après avoir vendu la majeure partie de ses biens pour les plus pauvres. Ses prédications à Tolède attiraient les foules et, parmi ceux dont il marqua définitivement la vie, nous pouvons mentionner saint Jean de Dieu, saint François Borgia, sainte Thérèse d'Avila. Il insistait sur la nécessité de bien se connaître et de bien connaître Dieu. Il fut l'un des maîtres spirituels de son temps et ses lettres sont encore d'actualité. Accusé de rigorisme, il connut même, un temps, les rigueurs des prisons de l'Inquisition. Lorsque son innocence fut reconnue, il remercia les juges d'avoir voulu le perdre et ainsi de lui avoir fait partager un temps la vie du Divin crucifié. Canonisé le 31 mai 1970 par Paul VI - homélie en italien. Il faisait partie des Saints patrons des JMJ de Madrid. "... je déclarerai prochainement saint Jean d’Avila, prêtre, Docteur de l’Église universelle..." Benoît XVI - Messe avec les séminaristes, Madrid 20 août 2011. Dimanche 7 octobre 2012 - Messe pour l'ouverture du Synode des Évêques et proclamation comme "Docteur de l'Église" de saint Jean D'Avila et sainte Hildegarde de Bingen. "Ces deux grands témoins de la foi vécurent à des époques et dans des contextes culturels très différents. Hildegarde, une bénédictine vivant en plein Moyen Age allemand, fut un vrai maître de théologie versée dans les sciences naturelles et la musique. Prêtre de la Renaissance espagnole, Jean prit part au renouveau culturel et religieux d'une Eglise et d'une société parvenues au seuil des temps modernes". Leur sainteté de vie et la profondeur de leur doctrine disent leur actualité. La grâce de l'Esprit les projeta dans une expérience de plus profonde compréhension de la Révélation, et leur permit de dialoguer intelligemment avec le monde dans lequel l'Eglise agissait". Puis le Pape a indiqué que ces deux figures de saints docteurs revêtent de l'importance à la veille de l'Année de la foi et en vue de la nouvelle évangélisation, à laquelle est consacrée la prochaine assise synodale. "Aujourd'hui encore, dans leurs enseignements, l'Esprit du Ressuscité résonne et éclaire le chemin vers la Vérité qui rend libre et donne son plein sens à nos vies". (source: VISnews) Autre lien utile: l'Œuvre de Saint Jean d’Avila fondée en 1919 - site du Vatican - Conseil pontifical pour les laïcs. À Montilla en Andalousie, l’an 1569, saint Jean d’Avila, prêtre, qui parcourut toute la région en prêchant le Christ et, suspecté injustement d’hérésie, fut jeté en prison, où il écrivit la plus grande partie de sa doctrine spirituelle. Martyrologe romain http://livres-mystiques.com/partieTEXTES/Jeandavila/savie.html 34.02 - VIE, DOCTRINE ET ŒUVRES DU BIENHEUREUX JEAN D'AVILA* I - INTRODUCTION* Vie de Jean d’Avila. * La jeunesse. * Étudiant à Salamanque. * Sacerdoce et rêves d'apostolat lointain. * Prédicateur. * Difficultés avec l'inquisition d’Espagne. * Le groupe avilien. * Avila et le concile de trente. * Avila et la compagnie de jésus. * II - L’œuvre écrite* Premières éditions. * Les sermons. Confusions et découvertes. * Dépôts importants. * La méthode d’Avila. * L'armature théologique des sermons. * 1. - le corps mystique. * 2. - rôle du Saint-Esprit. * 3. - dons et vertus infuses. * 4. - autres thèmes. * Le texte utilisé. * III - Notice bibliographique. * Œuvres de jean d’Avila. * Ouvrages sur jean d’Avila*
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Dernière édition par Claude Coowar le 20/11/2016, 13:07, édité 1 fois | |
| | | Claude Coowar
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| Sujet: Re: Les Docteurs de l'Eglise catholique . 20/11/2016, 06:11 | |
| SUITE.
I - INTRODUCTION .
Vie de Jean d'Avila .
La jeunesse.
Jean d'Avila naît avec le siècle d'or espagnol. Fils d'Antoine Avila et de Catherine Xixona ; aucune parenté ne le lie à sainte Thérèse d'Avila, ni au chapelain de celle-ci, le bon Julien d'Avila, dont la Vie de la sainte nous conte l'ingénue charité. Ce nom d'Avila a-t-il même quelque attache avec la ville illustre de Castille où a vécu Thérèse ? Il peut ici y avoir un doute. La famille du bienheureux, d'origine juive, sans doute désireuse de changer son nom, avait-elle choisi celui d'une cité comme il a été longtemps d'usage ? C'est une hypothèse plausible et nous verrons que cette ascendance suivra Jean d'Avila dans tout le cours de sa carrière et, peut-être bien, contribuera à la détourner des chemins glorieux qu'elle aurait pu prendre, pour l'orienter, la grâce aidant, vers le plus fécond des apostolats.
C'est à Almodovar del Campo, non loin de Ciudad Real, dans la Manche, où son père était établi riche marchand, que Jean d'Avila voit le jour en 1500. On possède peu de renseignements sur sa petite enfance qui dut, jusqu'en 1514, s'écouler dans le calme d'une de ces cités, grands villages blanchis à la chaux, qui s'étalent sur les vastes étendues du plateau manchois où les moulins battent des ailes. A cette date, juste âgé de 14 ans, Jean part, suivant la coutume des fils de familles aisées, pour l'Université de Salamanque. Il va s'y préparer à cette carrière des " Lettres ", que Cervantès compare et oppose à la fois à celle des " Armes ", dans un célèbre discours du Don Quichotte. Mais les Lettres c'est aussi bien les Arts que le Droit, la Philosophie que la Théologie : c'est tout ce qui débouche sur l'une des nobles carrières où l'Etat puise ses grands serviteurs. Jean d'Avila optera bien vite pour un sacerdoce vécu dans l'humilité et la pauvreté.
Etudiant à Salamanque.
Il reste quatre ans à Salamanque et l'on s'étonne même qu'il y soit resté si longtemps, car la pureté du sang, la fameuse " limpieza de sangre ", était exigée des étudiants de cette vieille université. Toujours est-il qu'en 1518 Jean se retire un temps dans sa famille et ne retrouve les études qu'en 1520, à cette Université d'Alcalá, qui est fille du génie de Cisneros, imbue des idées nouvelles et où aucune exigence formaliste n'empêche les descendants de converses d'obtenir les grades universitaires. Il se fortifie dans toutes les branches de la Philosophie d’alors : Physique, Métaphysique, Logique. Il est bachelier en 1523 et il a travaillé sous la direction d'un futur dominicain, qui illustrera son ordre par son enseignement et par sa glorieuse participation au Concile de Trente : Domingo de Soto.
Il commence alors ses études théologiques, pour les poursuivre jusqu'en 1526. Il les reprendra un peu plus tard et ne conquerra qu'en 1537, à Grenade, ce titre de Maestro qui, avec celui de Beato, le distingue dans ses appellations espagnoles.
Sacerdoce et rêves d'apostolat lointain.
En 1525 il a été ordonné prêtre et c'est alors que sa route va être traversée par un providentiel incident, dont les raisons exactes ne nous sont pas clairement données par ses biographes. Jean d'Avila, une fois prêtre, est très vite remarqué pour la flamme singulière de sa jeune éloquence et l'ardeur de sa charité. N'a-t-il point, au jour de sa première messe, à Almodovar, refusé le banquet - de style traditionnel pourtant - organisé par son père, pour partager son repas avec les douze pauvres qu'une autre tradition, plus évangélique, fait seigneurs des évêques et des rois le Jeudi saint, lors du Mandatum ?
Pourquoi l'ami des humbles ne partirait-il pas, Conquistador de l'amour de Dieu, vers ces Indes Occidentales dont on parle tant depuis plus d'un quart de siècle et vers lesquelles se dirige l'expédition du P. Garces, premier évêque du Tlaxcala ? Nous sommes en 1527 et Séville attend le départ des hardis navigateurs du Christ. Or Jean d'Avila, malgré son vif désir d'embrasser la vie missionnaire, ne partira pas. Ici les hypothèses sont fort divergentes.
- Pour les uns c'est l'origine juive du jeune prêtre qui l'écarté de l'expédition en partance : par principe les conversons n'étaient pas admis en Amérique. L'interdiction, dit-on, " était formelle ". Cependant, nous est-il dit également, Jean d'Avila " restait inébranlable " (2) dans son projet de départ. Sans doute avait-il quelque espérance de faire lever l'interdiction. On en est réduit aux conjectures.
- C'est alors, croit-on, que serait intervenu un autre facteur. Un prêtre sévillan, Hernando de Contreras, lui aurait montré quel champ d'apostolat il aurait, et combien plus utile à cultiver, dans cette Andalousie où il vivait, encore si peuplée de morisques. L'archevêque de Séville, le grand inquisiteur Alonso Manrique, admirateur d'Erasme, intervenant à son tour, le jeune prêtre se décida à rester en Espagne.
Les deux explications peuvent d'ailleurs n'en faire qu'une. Deux causes ont pu s'unir pour maintenir dans la péninsule si catholique et si trouble à la fois, celui que travaillait un tel désir de jeter les hommes aux pieds du Christ...
Prédicateur.
Dès lors va commencer cette carrière de prédicateur qui sera presque toute sa vie, mais qui n'empêchera pas les fondations originales. Celles-ci, dans sa pensée, devront continuer l'oeuvre de conversion commencée par la parole, car une grâce éminente est enfermée dans la distribution de la parole de Dieu : " Fides ex intellectu ". Protégé de Contreras, hébergé quelque temps dans le propre palais de l'archevêque, Avila commence sa vie itinérante. Nous le trouvons tour à tour à Séville, à Ecija (où il conduit vers la vie religieuse Dona Sancha Carrillo, une fille de haute lignée à laquelle il dédiera son seul ouvrage mystique : Audi, Filia et vide...,), à Alcalá de Guadaira, à Palma del Rio, à Cordoue, à Jerez. C'est au cours de cette existence vagabonde qu'il rencontrera d'innombrables âmes auxquelles il apportera la lumière. Mais pourrait-on ne pas citer les deux célèbres conversions qu'il obtint à Grenade: celle du futur saint Jean de Dieu, après un sermon le jour de la Saint-Sébastien ; celle de saint François de Borgia, après l'oraison funèbre de l'impératrice Isabelle ?
Difficultés avec l'inquisition d’Espagne.
Nous anticipons cependant. Il faut s'arrêter et revenir en arrière. En effet un grave incident a failli couper court à cet apostolat. A l'automne 1531, Jean d'Avila a été dénoncé, par des délateurs dont le masque tombera un peu plus tard, au Tribunal de l'Inquisition comme coupable d’hérésie : en l'espèce illuminisme et même de luthéranisme. En 1532 il est mis en prison à Séville. En décembre de la même année, il subit son premier interrogatoire. Ce n'est qu’à l'été de 1533 que la sentence est rendue : elle est heureusement absolutoire. Mais tout absous qu'il fût, l'intéressé était invité à surveiller son langage, à se montrer plus prudent dans l'énoncé de la Parole de Dieu et à réunir ses anciens auditeurs pour leur expliquer clairement ce que peut-être ils n'avaient pas suffisamment compris. Il semble qu'un seul sermon solennel, prononcé dans l'église San Salvador de Séville, ait alors suffi à satisfaire l'oreille chatouilleuse des inquisiteurs. Mais s'ils avaient voulu honorer l'accusé d'hier, ils n'auraient rien pu trouver de mieux, car l'épreuve fut triomphale et ne fit souffrir que l'humilité du saint.
Que s'était-il exactement passé ?
Pour le comprendre il faut se mettre dans la perspective de ce siècle bouillonnant d'idées, de désirs de renouvellement, de rêves et d'ambitions impériales qui portent cette race toujours plus haut, toujours plus loin : il lui faut un empire sur lequel le soleil ne se couche pas et un ciel dont on aspire à pénétrer les cercles les plus secrets. Conquérants de l'or et des forêts de l'Amérique, mystiques et ascètes sont de la même veine, si leurs buts sont différents. En 1517 un moine allemand a rompu avec Rome et prêché un christianisme purement évangélique : le luthéranisme sera pour beaucoup d'Espagnols une excitation à repenser la foi traditionnelle dans la parfaite soumission à l'évangile. Mais l'Inquisition veille et nous savons que le protestantisme ne pénétrera jamais dans la péninsule ibérique.
Cependant au cours de ces années 1527-1528 où Jean d'Avila, achevant d'étudier à Alcalá, songeait à partir en Amérique, une doctrine moins inquiétante, orthodoxe à n'en pas douter, s'infiltrait en Espagne : c'était l'érasmisme. La pensée du chanoine de Rotterdam, tout empreinte d'un pur évangélisme, commençait alors à être en grand honneur chez les spirituels espagnols, particulièrement à l'Université d'Alcalá où Avila étudiait. Le grand inquisiteur lui-même était un admirateur d'Erasme et couvrait de son manteau d'archevêque les disciples du Flamand. Jusqu'en 1555 l'érasmisme occupera en Espagne une place prépondérante, attaqué par les uns, portés aux nues par les autres. Mais ses adversaires sont déjà dans la place et faciliteront la confusion entre ce mouvement de rénovation spirituelle et les courants de fausse mystique qui circulent en Espagne : illuminisme des alumbrados et surtout des dejados, sorte de quiétisme ou abandon dont certains érasmistes , il faut le dire, ne se seront pas assez méfiés...
Or l'illuminisme était partout attaqué par l'Inquisition, durant le temps même où l'érasmisme était en pleine vigueur. Dès 1525, l'Edit inquisitorial de Tolède condamne 48 propositions, dont certaines d'ailleurs pourraient être professées par tout chrétien soucieux de renouvellement intérieur, dans « un sentiment vif de la grâce » , à la lumière du seul évangile. Pour Jean d'Avila, ancien étudiant d'Alcalá, protégé de l'archevêque Manrique, apôtre qui regarde l'évangile comme l'arme essentielle, impossible de ne pas frôler ces familles spirituelles pour lesquelles le recueillement, le détachement, la découverte de Dieu dans l'oraison mentale, la charité et la pauvreté sont les maîtres mots. Le futur fondateur d'une compagnie de prêtres séculiers doit penser, lui aussi, comme Erasme, que " monachatus non est pietas ", que l'état monastique n'est pas la seule voie qui mène à Dieu.
Comment s'étonner alors quand on voit certains auditeurs, prévenus contre lui et contre sa prédication, fondée sur les Béatitudes, se faire auprès du tribunal redouté, ses accusateurs ou ses témoins à charge ? Sans être le moins du monde " illuminé ", moins encore " abandonné ", Avila emploie parfois des termes qui prêtent à équivoque, surtout pour certains auditeurs qui ne demandent qu’à le perdre. On s'en servira. Et c'est tout le secret de ce procès, assez odieux pour maintenir l'accusé de longs mois en prison, assez heureux pour tourner à sa gloire et à la confusion de ses détracteurs. Que lui a-t-on reproché ? Des mots mal compris, des expressions frisant l’hétérodoxie ; de rudes sévérités contre les riches ; un appel, alors jugé dangereux, à la prière mentale, de préférence à la prière vocale, voire des méthodes troubles, comme par exemple l'idée de s'enfermer avec tels de ses pénitents pour méditer dans l'obscurité...
A dire vrai les témoignages à charge s'effritent à mesure que se déroule le procès : tel a mal vu, mal entendu, ou même n'était pas présent lors du sermon incriminé. En revanche, les témoins à décharge se présentent nombreux. Et comme le dit Robert Ricard : " // est certain que le prédicateur des Béatitudes, profondément évangélique, heurtait les préjugés d'alors ou certaines résistances qui sont de toujours, par exemple quand il blâmait la haine ou le mépris que tels de ses pénitents confessaient avoir pour les Juifs et les Musulmans, ou qu'il mettait les fidèles en garde contre les révélations ou les prodiges trop facilement acceptés... Il est certain aussi que le bienheureux fut victime d'une coupable machination : des riches offensés, des confrères jaloux tentèrent de lui faire expier sa sollicitude pour les pauvres ou ses succès de prédicateur " . (1) Tout se termina par le triomphal sermon " de réparation " qui souleva Séville d'enthousiasme. L'apôtre de l'Andalousie avait devant lui le champ libre.
Le groupe avilien.
Déjà des disciples se sont mis à l'école apostolique de Jean d’Avila : Pedro Fernandez de Cordoba, Bernardino de Carlaval, Diego de Santa Cruz et son frère Cristobal Sanchez, Gaspar Lopez, les deux frères Loarte, Diego Ferez de Valdivia, Pedro Navarro, Ramirez. On pourrait allonger la liste. Ils vont, à la suite de leur entraîneur, parcourir, dans leurs vêtements usés, blancs de la poussière des chemins, ces routes de l'Andalousie, où chante la joie de vivre, mais d'où le Christ est si souvent absent. En effet il n'y a pas que des morisques, de nouveaux convertis plus ou moins sincères, restés en contact avec leur première profession. L'Andalousie, dans ses grandes villes surtout, est aussi le réceptacle de toute une pègre, que la littérature du temps nous peint sous de bien tristes couleurs. Picaros de toute espèce, soldats en congé dont l'épée, toujours prête à sortir du fourreau, dépasse la cape rapiécée, voleurs de grands chemins, fonctionnaires indélicats, filles de misère avec leurs protecteurs, truands et coquins. Cependant la richesse s'étale orgueilleusement chez les grands et même chez les clercs... Ah ! les Béatitudes ont bien ici leur place.
Sans compter qu’à côté de ces pécheurs, grands et petits, riches ou misérables, il y a la foule des travailleurs des champs, gens honnêtes au fond, mais souvent abandonnés des pasteurs, d'une immense ignorance religieuse et que guettent la sorcellerie et toutes les aberrations qui en découlent. C'est à ces foules qu'Avila - Maître Avila depuis qu'il a obtenu ses " grados " suprêmes à l'Université de Grenade - va s'adresser, aidé de ce groupe de disciples enthousiasmés par l'ardeur communicative du maître et la magnificence du labeur à accomplir. Rien ne les lie, ni vœu, ni promesse de stabilité ou d'obéissance. Aucune hiérarchie ni savante organisation, comme dans la Compagnie de Jésus, si proche pourtant par son élan de la compagnie avilienne. Les prêtres de Jean d'Avila pourront passer, s'ils le veulent, à cette armée de Loyola et nous verrons que quelques-uns réaliseront ce vœu et qu'il n'a pas tenu à eux ou à leur fondateur d'y entrer en plus grand nombre. En revanche, ils se mettent à la disposition des évêques pour tout travail d'apostolat. Ils sont essentiellement " disponibles " comme on dit aujourd’hui.
Cordoue les reçoit en 1535 et le bienheureux passera en cette ville près de huit années. Puis Grenade, puis Baeza. Là va se fonder, modèle d'organisation et de méthode, le plus célèbre collège avilien : sorte d'université où petits, moyens et grands trouvent leur pâture intellectuelle et spirituelle. Futurs clercs et jeunes laïques y sont formés en vue du rôle qu'ils auront à jouer. Les filles ne sont pas exclues de cette solide formation. Les plus hautes disciplines sont enseignées : même l'Ecriture sainte, même la Théologie. Et les séminaires, dont le Concile de Trente demandera demain la fondation, auront beaucoup à apprendre de cet effort éducatif du bienheureux. De nombreux collèges se forment aussi, dus à son impulsion, dirigés par ses prêtres. Nous verrons bientôt quel don il songe généreusement à en faire et qui fut, peut-être imprudemment, refusé.
Avila et le concile de trente.
En novembre 1544, la paix ayant été signée entre le roi de France et l'empereur Charles-Quint, le pape Paul III peut enfin convoquer à Trente le concile général auquel depuis si longtemps on songeait. L'Espagne y sera particulièrement représentée. Certes, au début, l'empereur n'a voulu laisser partir au concile qu'un nombre restreint d'évêques espagnols. Certains, des plus grands, manqueront : tel l'illustre saint Thomas de Villeneuve, archevêque de Valence. Il en sera de même du côté des théologiens : le maître Avila ne participera pas au concile, mais, comme Frère Thomas, il jouera en coulisse un rôle important tant par les précieux conseils qu'il donnera, que par l'exemple il apporte, depuis longtemps, à la chrétienté rénovée. S'il faut une contre-réforme charitable et constructive, il n'y a qu’à les regarder vivre et agir, lui et les siens ; il n'y a qu’à écouter sa parole et se mettre à l'école de son apostolat. Le pape Paul III, convocateur du concile, connaissait bien cette œuvre puisqu'il avait, dans une Bulle du 14 mars 1538, érigé canoniquement le collège fondé à Baeza par le bienheureux. La semence des séminaires tridentins y était incluse. Mais Avila jouera un rôle plus direct encore, surtout dans la seconde et la troisième périodes du concile, comme conseiller d'un grand prélat espagnol, son ancien condisciple d'Alcalâ, l'archevêque de Grenade, Don Pedro Guerrera. C'est en effet, en 1551 que Jules III ouvre cette seconde période conciliaire - Pedro Guerrero, archevêque depuis 1547, doit s'y rendre et désire s'y faire accompagner, à titre de théologien, par son ami, le maître Avila. Mais celui-ci est retenu en Espagne par son mauvais état de santé. Cependant il va fournir à l'archevêque un mémoire et un appendice d'une importance capitale, qui seront en partie incorporés aux décisions conciliaires et vaudront au Docteur Logrono - surnom universitaire de l'archevêque originaire de la Rioja - un succès, qu'avec une sincère humilité, il saura rejeter sur son pieux et savant ami.
De ces deux Mémoires, qu'il faut bien ranger parmi les Tratados - nous verrons combien ce mot a été abusivement employé dans les premières éditions des oeuvres d'Avila - l'un traite de " la Réforme de l'Etat ecclésiastique ", l'autre est un " Avis aux Evêques ", dont la gravité, en raison du rang et du rôle des destinataires, ne nous échappe pas.
En outre, au lendemain du concile, Avila rédige pour un autre prélat réformateur, Cristobal de Rojas, évêque de Cordoue, des " Observations " qui serviront grandement, en complétant, et précisant, les décisions conciliaires, au synode provincial tenu à Tolède en 1565.
La pensée d'Avila se développe suivant une loi de logique vivante, dans la clarté, mais aussi dans la réalité minutieusement étudiée. Partant du drame de l'Eglise, en ce seizième siècle troublé, drame extérieur d'une chrétienté attaquée à ses frontières, drame intérieur d'une église dont les pasteurs, très souvent, ne sont pas à la hauteur de leur tâche, Avila étudie successivement les causes du mal et ses remèdes. Les causes résident dans une ignorance religieuse qu'expliquent une mauvaise interprétation de l'Ecriture, une prédication la plupart du temps insuffisante, quand elle n'est pas dangereuse, un sacerdoce inadapté aux besoins du temps, le plus souvent négligent dans l'exercice de ses fonctions sacrées, et cela depuis les simples prêtres jusqu'aux hauts dignitaires et aux évêques eux-mêmes. « L'éminentissime réforme « , que souhaitait Dom Barthélémy des Martyrs, est au bout de la plume du consulteur espagnol... Les remèdes seront faciles à trouver, s'ils sont difficiles à appliquer : l'étude attentive de la vocation cléricale et religieuse - qu'il s'agisse, en ce dernier cas, des hommes ou des femmes engagés dans une " religion " - précédera toute tentative d'amélioration. Alors, sur un terrain bien préparé - et ici tout le problème des séminaires tridentins est posé - on pourra former des apôtres qui seront à la fois, chacun dans son rôle et à sa place, des théologiens, des interprétateurs valables de l'évangile, des éducateurs et des prédicateurs... Ce qu'Avila était déjà depuis si longtemps...
Nous savons tout ce que la Contre-réforme a tiré des conseils de Maître Jean d'Avila. Nous lui devons en grande partie l'idée et la réalisation des " Séminaires conciliaires " comme l'on dit encore en Espagne, ces séminaires que Saint-Sulpice et Saint-Lazare allaient porter en France à leur perfection du moment.
Avila et la compagnie de Jésus.
Tandis que se déroulait le concile, Avila, que de nombreuses infirmités éprouvaient cruellement, tantôt lui laissant juste le temps de faire une prédication, de diriger une mission, tantôt le clouant sur son grabat, Avila, en ce moment même, tentait de donner à sa petite compagnie un cadre résistant qui lui permettrait de survivre à la disparition du fondateur. Une autre compagnie - qui allait devenir illustre - s'était fondée postérieurement à la sienne: la milice d'Ignace de Loyola. Une sympathie mutuelle, tout empreinte de charité active, poussa les deux familles spirituelles l'une vers l'autre. Ceci se passait en 1547 ou 1548. Les deux fondateurs correspondent. Avila prend même la défense de la compagnie ignatienne contre Melchior Cano en 1549. Bientôt, en plein accord avec lui, plusieurs de ses disciples entrent dans ce qui désormais va être seule à s'appeler " la Compagnie ", la Compagnie de Jésus. Et Avila rêve même d'une fusion progressive de l'une dans l'autre : son humilité est ici le fruit d'un sens apostolique qui le fait avant tout penser au bien des âmes. En ce qui le concerne sans doute ne lui était-il plus possible - l'âge, la santé, le tempérament y contribuaient - d'entrer dans la famille de saint Ignace. Mais il lui aurait bien volontiers cédé ses quinze collèges et proposition en est faite par lui aux jésuites en 1554. Ce sera, pense-t-il, pour le bien commun, un avantage considérable : la survie d'une série de créations qui, moins encadrées, peuvent s'avérer précaires.
Ce beau projet n'aboutira pas. Une fois de plus, semble-t-il, le préjugé contre les converses a joué. Non seulement le fondateur, mais certains des prêtres de Jean d'Avila étaient de " nouveaux chrétiens ". La Compagnie de Jésus était, alors, assez critiquée pour ne pas ajouter encore à ses difficultés. D'autre part les fondations aviliennes avaient leur esprit propre, leurs traditions. On ne donna pas suite au projet du bienheureux. Grande désillusion pour le magnifique apôtre. Combien de fondateurs, de pionniers connurent de semblables épreuves?
Les saints savent y voir le doigt même de Dieu.
De 1555 à 1559 Avila, de plus en plus malade, presque aveugle dans les dernières années, continuera de jouer, comme il le pourra, son rôle d'animateur et de conseiller des prêtres et des âmes éprises de perfection. Il se retire à Montilla dans la demeure de la comtesse de Feria et meurt saintement en 1569. Sa Compagnie, fort diminuée, poursuivra ses efforts, jusque vers la fin du siècle, puis disparaîtra. Mais le grain semé par le groupe avilien lèvera dans cette Andalousie qui a l'honneur de prêter son nom à celui de Jean d'Avila pour désigner le champ privilégié de son apostolat. Et le clergé d'Espagne bénéficiera grandement, dans la suite, du zèle et des méthodes du réformateur, qui fut déclaré bienheureux par Léon XIII le 6 avril 1894.
II - L’œuvre écrite Premières éditions.
Chose étonnante de ce grand prédicateur on a longtemps ignoré ses sermons. Ou du moins on en connaissait peu et encore les connaissait-on sous le nom de Traités. " // y a très peu de temps, écrivait Jacques Cherprenet, on croyait encore qu'il fallait se résigner à la perte irréparable de tous ces sermons et que nous devions nous contenter des belles pages de Louis de Grenade pour nous faire une idée de l'éloquence avilienne ." Et Robert Ricard, plus près de la vérité, notait : " Jusqu'ici... on connaissait plusieurs de ses écrits... mais (que) la plupart des sermons de cet infatigable prédicateur restaient inconnus ".
Jetons un coup d’œil rapide sur les éditions de cette œuvre écrite, à tel point mélangée aux sermons eux-mêmes qu'une semblable confusion a pu si longtemps subsister. Dès 1556 avait paru le petit livre intitulé Audi, Filia, qui permet à Jean d'Avila de se ranger parmi les meilleurs écrivains ascétiques et mystiques de son temps. Commentaire de ce "vers de David" : " Audi, Filia, vide, inclina aurem tuam ", il est qualifié par son auteur : Avis et Règles chrétiennes pour ceux qui désirent servir Dieu. L'abusive mise à l'Index de 1559 de ce court et savoureux ouvrage n'en empêcha pas le retentissement dans les âmes éprises de perfection. Et notre époque en goûte mieux encore que par le passé ce que l'on pourrait appeler sa " modernité " dans l'attachement à la doctrine commune et continuelle de l'Eglise. En 1578, le maître étant depuis près de 10 ans disparu, ses disciples éditent une collection de lettres, sous le titre : Primera y secunda parte del Epistolario espitual para todos estados.
Les lettres d'Avila à ses prêtres, à des laïcs hommes et femmes, permettaient d'apprécier après la sévérité de l'enseignement avilien ordonné aux foules, la douceur, la charité du directeur spirituel s'adressant à des individus, connaissant des cas particuliers. En dehors de ces deux ouvrages et des Notes rédigées pour le Concile, nous ne connaissions que des traités, parmi lesquels un sur le Très Saint Sacrement - sujet où Avila se montrait si respectueux et si hardi - semblait particulièrement s'imposer.
Les sermons. Confusions et découvertes.
C'est qu'en effet, en 1595 et 1596, le Père Juan Diaz avait publié, sous le titre Obras del Padre Maestro Juan de Avila, un recueil de quarante-trois traités, dont exactement quarante et un étaient des sermons authentiques, sans doute pas tous intégralement reproduits, affligés de certaines amputations arbitraires. Mais l'écho de la voix de Jean d'Avila s'y pouvait faire entendre, à la condition de les lire comme ce qu'ils sont - c'est- à -dire des sermons. Ce que nous faisons aujourd'hui.
Dans la suite d'heureuses découvertes furent faites, lentement il est vrai. En 1604, dans la Vie de Dona Ana Ponce de Léon, le P. Martin de Roa S. J. publiait le sermon prononcé à la profession religieuse de la comtesse de Feria.
En 1909, le Père Miguélez O. S. A., exhumait deux nouveaux sermons : sur la Vierge et sur tous les saints.
Dépôts importants.
Mais une plus grande découverte allait être faite en 1947. A cette date, en effet, un jésuite, le Père Villoslada découvrait à Loyola d'abord, à Rome ensuite, toute une série de sermons inédits d'Avila et les publiait sous le titre suivant: Coleccion de Sermones inédites del Beato Juan de Avila. Introduccion y notas por el P. Ricardo G. Villoslada S. J. (Miscelánea Comillas VIII. 1947). Robert Ricard nous a fait connaître cette importante publication dans la Revue d'Ascétique et de Mystique dès 1948. Suivons cet excellent introducteur.
De ces vingt-quatre sermons, vingt-deux proviennent des archives de Loyola, mais ont été déposés, en 1942, au Collège d'Ona, dans la Province de Burgos. Les deux autres sont à la Bibliothèque Nationale Victor-Emmanuel II à Rome. Découverte capitale, bien que nous ayons là surtout des plans, des résumés, dont certains de la main de l'auteur, d'autres sans doute de celles de ses disciples, sous sa direction cependant. Avila prêchait d'abondance et longuement - deux heures d'affilée à l'ordinaire - non sans une préparation également longue et profonde.
Le texte des innombrables sermons qui jalonnèrent sa vie apostolique ne peut nous être restitué tel quel en vertu même de la manière du prédicateur. Heureux sommes-nous pourtant d'en avoir la substance et, en bien des endroits, de pouvoir entendre l'écho de cette voix qui réveilla tant d'âmes endormies. " Ce que l'on voit bien , dit Robert Ricard, c'est la véhémence du zèle et la profondeur de la foi; ce que l'on sent bien c'est l'ardeur brûlante de l'amour de Dieu et des âmes... " (4) Mais réalisme, pittoresque, couleur locale, poésie, tout l'art d'un maître qui met pleinement ses talents au service de l'évangile, voilà également ce que ces fragments d'une œuvre considérable nous révèlent. Ecoutons encore R. Ricard. " On peut... signaler un trait, qui paraît tout à fait caractéristique du dialogue.
A chaque instant le prédicateur feint d'être interrompu par quelque auditeur qui lui pose une question, lui objecte une difficulté ou au contraire se reconnaît vaincu: Pourquoi me dites-vous cela, Père? - J'ai déjà fait cela, Père. - Père, je préférerais que vous n'ayez pas dit cela. - Père, je ne saurais répondre, etc... " Certains développements prennent ainsi une allure d'autant plus vivante que l'orateur emploie le tutoiement. Et c'est bien ce genre, volontairement abrupt, avec ces sautes de l'éloquence au dialogue, de la majesté à la familiarité, qui rend si difficile au traducteur français, le passage de cette langue dans la nôtre.
Mais que de poésie, et de poésie andalouse, au milieu de cette catéchèse si rigoureusement évangélique ! « Le sermon se trouve ainsi très étroitement adapté aux nécessités spirituelles de l'auditoire et d'un auditoire andalou, les vignobles et les olivettes de la grasse Bétique se profilent souvent à l'arrière-plan ». Et cependant " ces sermons sont d'une tenue irréprochable... la langue... à la fois savante et populaire " (5). C'est un bonheur, c'est une grâce que ces textes nous aient été restitués.
Mais la chance des amis d'Avila n'était pas épuisée. Un très grand travailleur, le Père Don Luis Sala Balust, avait entrepris depuis plusieurs années une édition nouvelle et complète des oeuvres de Jean d'Avila. Le Tome II des Obras complétas del Beato Maestro Juan de Avila, Sermones y participas espirituales publié par la Editorial Cattolica, nous donnait, en édition critique, 82 sermons et 16 allocutions spirituelles destinées à des prêtres et à des religieuses. D'heureuses découvertes, faites soit à Rome, dans le dossier du procès de béatification d'Avila, soit à Madrid et ailleurs, permettaient, venant s'ajouter aux pièces déjà connues - ou reconnues - d'avoir enfin une véritable physionomie de l'éloquence du bienheureux. A Valence dans la bibliothèque du patriarcat, tout un sermonnaire avilien, copié par un autre bienheureux, Jean de Ribera (1), nous montre à quel point on avait utilisé ce prédicateur, dont les sermons couraient de main en main pour le bien des fidèles, ordinairement habitués à plus maigre pitance.
La méthode d’Avila.
Ce que le Père Sala nous apprend dans cette édition monumentale, c'est la méthode qu'employait Jean d'Avila pour se préparer à prêcher. Il en distingue quatre formules.
Jean d'Avila, le plus souvent, prenait un court texte tiré de la Bible ; il en lisait parfois un commentaire classique, jetait quelques notes sur un carton, réfléchissait, priait longuement, et s'élançait d'un vol audacieux.
- Mais, pendant qu'il parlait, des amis - la plupart du temps spécialisés par une habile division du travail - prenaient, sous sa chaire, des notes précises : citations, références, points du développement, tout y passait. On demandait, sur le texte ainsi rétabli, l'avis du maître, qui approuvait ou faisait quelques corrections... C'est ordinairement le texte, refait après coup, qui nous reste.
- Cependant à la demande d'amis, qui désiraient avoir, pour leur usage ou leur édification personnelle, tel sermon qui les avait touchés, Avila dictait parfois un nouveau sermon. Alors il s'attardait, d'où l'allure de Traités que prenaient parfois ces sermons refaits dans le silence de la cellule...
- Enfin, il arrivait au Beato de reprendre telle ou telle copie des sermons reconstitués avec ses disciples. Et ayant relu son texte soigneusement, il le refaisait d'une toute autre verve...
- Précieux fil d'Ariane qui nous est ainsi donné et qui nous permet de lire les sermons d'Avila d'un _il plus averti, d'un coeur plus ému.
C'est cette édition de Don Luis Sala que nous avons utilisée : Nous avons extrait du Cycle temporal 5 sermons sur le Saint-Esprit, puis 3 textes de moindre longueur. Les uns et les autres révéleront au lecteur l'âme apostolique d'Avila...
L'armature théologique des sermons.
Avant de passer à la lecture de ces pages ferventes, en voici un court aperçu.
Les sermons sur le Saint-Esprit font partie d'une architecture théologique dont la rigoureuse armature n'apparaît pas du premier coup dans l'oeuvre oratoire et épistolaire du bienheureux. C'est peut-être Audi, Filia qui la révèle le mieux, de la façon la plus didactique. Cependant c'est dans l'ensemble de l'oeuvre, écrite et parlée, qu'il faut aller en chercher les grandes lignes.
Le centre de la doctrine d'Avila, c'est le Christ . C'est par lui que nous remontons à ce Père commun, que nous nommons dans la prière essentielle dont le Fils nous a donné la formule; en lui que nous le voyons, et que nous comprenons ce que nous pouvons comprendre de la majesté et de la réalité divines. Mais c'est également de lui que nous recevons l'Esprit, qui est à la fois le sien et celui du Père, ce qui fait de l'âme croyante, fermement attachée au Christ, Verbe incarné, une demeure ou les trois personnes de la Trinité prennent plaisir à se reposer ; un temple, que l'on nomme, à juste titre, le temple du Saint-Esprit.
Mais l'homme n'est pas seul en ce monde. Il ne sera d'ailleurs jamais seul : ciel, purgatoire, enfer sont communs et rien ne se fait qui ne retentisse sur l'ensemble de cette communauté des âmes que Dieu lui-même a voulue: Eglise militante, Eglise souffrante, Eglise triomphante forment un tout non dissociable.
1. - le corps mystique.
Un tout ? Un corps plutôt... Et ici Avila reprend fréquemment, sans se lier jamais par une froide construction scolastique, l'image et la doctrine du Corps mystique exposée par saint Paul, qui la tenait, comme tout son enseignement, de Jésus lui-même. De ce corps nous savons que Jésus est la tête et que nous sommes les membres. La solidarité de fait qui existe entre chacun de ces membres et leur tête, doit se doubler d'une solidarité de volonté, d'un effort continuel, dans les limites de notre pouvoir de choix, auquel la grâce ne fait jamais défaut. Toute infirmité, toute mutilation des membres retentit sur l'ensemble du Corps, sur la tête elle-même, ce Christ qui a tant souffert pour nous et dont la Passion n'est jamais achevée, puisqu'il ne cessera jamais de lui " manquer " ce que justement nous pouvons " accomplir ".
2. - rôle du Saint-Esprit.
Mais dans cette stricte ordonnance du Corps mystique, quel rôle joue donc l'Esprit-Saint ? C'est ici que la pensée de Jean d'Avila se fait particulièrement originale et forte. Le Saint-Esprit c'est l'âme du Corps mystique, c'est le moteur spirituel de cette société des âmes sauvées ou à sauver, l'âme de nos âmes et du tout. " De même, dit-il, que dans un corps il n'y a qu'un seul esprit, qui se répand dans tous les membres et tous vivent une vie humaine et non (l'un) une vie d'homme, et un autre une vie de lion ou d'un autre animal, de même tous ceux qui sont incorporés au Christ vivent de /'Esprit du Christ, comme le sarment de la vigne et les membres de la tête " . On retrouvera cette doctrine essentielle dans les sermons sur le Saint-Esprit, dont Marie-Madeleine Lelaidier, diplômée d'études supérieures d'espagnol, présente ici la traduction.
Certes aucun lien logique ne relie entre eux ces sermons. On peut cependant en tisser un qui facilitera la lecture de ces pages, dont il ne faut jamais oublier qu'elles ont d'abord, et surtout, été parlées par un orateur peu soucieux, dans ses véhémentes exhortations, de ce cartésianisme auquel nous nous plaisons.
Le sermon n° 27 invite les religieuses à se mettre, durant l'Octave de l'Ascension, dans l'attente de l'Hôte divin. Aux vierges du cloître, le prédicateur propose l'exemple des vierges sages qui veillent, la lampe bien préparée à la main, dans l'obscurité de l'espérance. Que le regret de l'absence soit compensé par le désir de l'arrivée ! Recommandation est faite à ces femmes - à quoi du reste nous sommes tous également invités - de préparer soigneusement la demeure de celui qui va venir et que Jésus, lui-même, nous envoie. Car si on ne le désire pas, il ne vient pas. Si la demeure n'est pas digne de lui, il n'y pourrait descendre. Et comme l'Hôte c'est l'Esprit qui anime tout le Corps mystique, la charité pour nos frères souffrants est la meilleure préparation à sa venue, le meilleur repas que nous puissions lui offrir. Alors le Consolateur nous redonnera Jésus, dont la mystérieuse présence se fera sentir en nous, comme à la mère celle de l'enfant enfermé dans son sein.
Le 29 mai 1552, il prêche sur le même thème général toujours dans cette période de Pentecôte, pas assez comprise de la masse des chrétiens. Aussi le prédicateur voudrait-il amener ses auditeurs à désirer vivement l'Esprit du Christ: qui ne l'a pas n'est pas du Christ... Et d'ailleurs notre propre esprit pourrait-il de lui-même, plaire à Dieu? Ici le bienheureux donne aux prêtres ce conseil salutaire: ne pas substituer un feu quelconque au feu même de Dieu. Et le feu, c'est l'Esprit-Saint qui descendit, sous cette symbolique apparence, sur les apôtres.
Il faut, pour le faire descendre à nouveau, écouter la Parole de Dieu et la recevoir en esprit de pénitence. Une allusion à la médecine purgative de son temps devait alors faire sourire, mais aussi toucher les auditeurs du bienheureux. Purifions-nous donc afin de recevoir le Paraclet, semblable en cela à la colombe qui vint vers l'arche porteuse d'une pure branche d'olivier renaissant, alors que le corbeau restait à terre à se nourrir de pourriture. La tristesse de nous être éloignés de Dieu qui est toute pureté, nous révélera l'apparition, à notre horizon, de l'autre colombe, le visible Saint-Esprit du Baptême de Jésus. (S. N 28)
A l'occasion d'une profession de moniale, (S. N 29) Avila va décrire les merveilles que l'Esprit-Saint réalise dans l'Eglise. Ces merveilles sont, dans leur teneur essentielle, le rétablissement de l'équilibre divin dans les âmes, corrompues par le péché, fût-ce à l'aide du salutaire remède de la douleur. Où donc conviendra-t-il mieux d'enseigner cette vérité que dans le cloître, à ces vierges qui doivent mener une vie, non pas oisive, mais pénitente, et se réjouir quand " le monastère leur paraîtra un enfer, le chœur une arène et la cellule une prison " . Heureuses, dans l'Esprit de Dieu, seront-elles alors.
Heureux, disons-nous ! Si paradoxal que cela puisse paraître, c'est vrai si l'on se place dans la perspective des Béatitudes, enseignées par Jésus.
" Bienheureux ceux qui pleurent, car ils seront consolés " . Et, nous suggère Avila, " est-il jamais venu vers toi semblable consolation ? " L'habitation de la Trinité Sainte en nous, par les soins du Saint-Esprit, vaut toutes les consolations humaines. Les oeuvres produites alors sont admirables: guérison, allégresse, force, courage, résurrection si c'est nécessaire. Quelle plénitude de dons ! Et l'orateur, dans un appel pathétique aux âmes encore tièdes, de s'écrier : " Qui l'aime? Qui l'aime ? " . Cri des mystiques authentiques, ces mystiques parmi lesquels Avila se range incontestablement, quoique avec humilité et discrétion dans l'aveu des grâces reçues. Appel à l'Esprit-Saint qu'il faut demander au nom de Jésus-Christ, sans crainte de l'importuner, et conserver avec toute la prudence de la mère qui attend un enfant. (S. N¡ 30)
Un mardi de Pentecôte, partant du récit de la résurrection d'un enfant par le prophète Elisée, Avila montre à ses auditeurs ces morts innombrables que sont les hommes en Adam. Champ de carnage et de douleur ! Qui viendra redonner vie à cette humanité condamnée ? Avant Jésus-Christ ce ne furent que des falsificateurs qui se présentèrent.
Seule la loi de l'évangile est venue nous annoncer notre réveil, par la souffrance, la mort et la résurrection du divin Rédempteur. Mais la Pentecôte complète l'oeuvre rédemptrice. Et le prédicateur de décrire la scène de la Pentecôte, et ensuite de broder sur ce thème de la descente de l'Esprit-Saint sur Marie et les apôtres...
Puis il s'élève: l'Esprit est Dieu et nous divinise . Le mariage mystique ainsi réalisé entre Dieu et nous est décrit avec une verve où. s'unissent réalisme et poésie. Et dans un éclair de lumière et de feu, attributs de l'Esprit-Saint, l'orateur nous conduit du pardon à la confiance la plus absolue. Malheureux qui ne croirait pas à ce divin pardon. Ici nous trouvons dans la bouche d'Avila, prédicateur de l'espérance chrétienne, la thèse théologique que Tirso de Molina utilisera dans son drame religieux: " Celui qui fut condamné pour n'avoir pas gardé confiance " . Mais Avila ne condamne pas : il exhorte à la joie et à l'action, comme les apôtres qui, au sortir du Cénacle, partirent à travers le monde prêcher le salut. (S. N¡ 32)
Le salut, c'est au sermon n° 31, que l'on trouvera placé en conclusion, de le décrire. Aujourd'hui - c'est un lundi de Pentecôte - Dieu sauve le monde par l'Esprit-Saint, après l'avoir racheté par son Fils comme Jésus le confiait, dans un émouvant colloque, au pusillanime Nicodème, qui depuis... Qu'importé alors - et les auditeurs espagnols pouvaient ici se reconnaître dans les défauts de leur temps, et sans doute de toujours - qu'importent le lignage, la fortune, la beauté?
L'orateur, qui a salué de grands personnages - " Vuestras Senorias " - ne leur mâche pas la vérité. Le seul honneur - cet honneur si mal entendu des fervents du Pundonor - c'est ce don que Dieu fait aux hommes : son Fils et, après lui, le Saint-Esprit.
3. - dons et vertus infuses.
Suit une page de théologie sur les Dons du Saint-Esprit et les Vertus infuses, d'où il ressort que, non seulement nous sommes rachetés et sauvés, par l'Esprit-Saint, mais que nous sommes même passés maîtres en vie chrétienne, comme est devenu maître le jeune médecin auquel on dit: " Tu en sais assez, va guérir "; nous entendons, nous aussi, le grand appel à l'aventure spirituelle. Autrefois, avant le Christ, le Saint-Esprit œuvrait peu dans le monde.
Mais aujourd'hui ses oeuvres sont visibles partout. Et nous voilà invités à partir nous-mêmes, sur la route des grandes réalisations. Non pas seuls, pourtant, comme des gens qui voudraient, par leurs propres forces, acquérir une haute perfection, se créer une grande légende. Rêve d'orgueil improductif. Mais c'est avec le guide qui nous est donné que tout devient possible à notre chair régénérée. Tel est, résumé dans ses grandes lignes, autant que l'on peut fixer une parole vivante, l'enseignement d'Avila sur le Saint-Esprit.
4. - autres thèmes.
On a cru bien faire d'y adjoindre enfin quelques extraits qui montreront, malgré leur brièveté, une autre face, ou plus exactement une autre expression de sa pensée. Sur la pénitence d'abord, œuvre de Dieu seul: exemple terrible de Judas, pénitent pourtant, mais qui ne trouva pas la voie de la confiance; sur le Christ, lumière du monde, qui nous invite, dans sa clarté, à voir la réalité spirituelle à travers les choses, l'éternel à travers le temps; sur le Corps mystique contemplé dans ses éléments "sociaux" :
- le Pape qui est la tête,
- les chevaliers qui forment les bras,
- les religieux et religieuses - celles à qui il s'adresse - qui sont le coeur lui-même.
Le texte utilisé.
La traduction présentée dans cet ouvrage a été faite sur un texte établi par le chercheur persévérant et heureux qu'est le Père Sala Balust, à qui l'on doit, en ce qui concerne les Sermons d'Avila, tant de précieuses découvertes. Avec une patience jamais démentie, s'orientant à travers les manuscrits du Prédicateur d'Andalousie, il a choisi les meilleures leçons et relevé toutes les citations, notations souvent rapides et incomplètes, que le bienheureux fait de la Bible et des ouvrages des Pères et des Docteurs. Les sermons, classés suivant la division en Cycle temporal et Cycle sanctoral, font l'objet d'une excellente table des matières où chaque sermon est résumé succinctement et exactement à la fois. C'est sur cette base indiscutable que les Editions du Soleil Levant ont voulu que travaillât la traductrice française. Mais le texte d'Avila, semé d'interrogations faites à l'auditeur inconnu, de suspensions, amorces d'un développement que l'apôtre, pressé, n'a pu achever pour le lecteur éventuel, demeure rempli de pièges à éviter et de hardiesses à affronter. On veut espérer que cette pensée et cette parole si originales ne perdront rien de leur saveur première dans la présente traduction française.
La grande figure de Jean d'Avila mériterait - il viendra, espérons-le - le livre qui, sans tomber dans le style édifiant, restituerait dans sa vigueur, son réalisme et sa candeur à la fois, l'homme qui aurait pu être un autre Ignace, le fondateur d'un grand ordre conquérant. Il fut, des deux, celui qui passa sans laisser derrière lui le sillon que rien n'efface. Il fut une voix, il fut un coeur. Sans y penser, sans doute, les fils de la grasse et douce Bétique vivent encore, dans leur christianisme pénitent et allègre, dans leurs erreurs comme dans leurs repentances, du grenier d'abondance que leur a constitué Jean d'Avila.
* * * III
Notice bibliographique. Œuvres de jean d’Avila. VOIR LE SITE.[/b][/b] | |
| | | Claude Coowar
Messages : 357 Inscription : 25/11/2013
| Sujet: Re: Les Docteurs de l'Eglise catholique . 20/11/2016, 14:25 | |
| http://plunkett.hautetfort.com/archive/2012/05/28/un-juif-converti-persecute-par-l-inquisition-devient-docteur.html
SA SAINTETE, LE PAPE BENOIT XVI NOMME SAINT JEAN D'AVILA, JUIF CONVERTI, DOCTEUR DE L'EGLISE.
Saint jean d’Avila, catholicisme, benoît XVI. Nouveau docteur de l'Eglise annoncé hier par Benoît XVI en même temps que l'écologue Hildegarde : saint Jean d'Avila, 1502-1569, canonisé en 1970 par Paul VI (le pape de Vatican II) ... « Saint Jean d'Avila est né en 1502 près de Tolède, dans une famille de juifs convertis. Après de brillantes études de lettres à Salamanque, il poursuit sa formation universitaire à Alcala, où il affine sa connaissance de la philosophie, et où il commence sa théologie qu’il achève à Grenade en 1537. Entre temps, à la mort de ses parents, il est ordonné prêtre en 1525. Il met alors ses talents d’orateur au service de l'Evangile et prêche à Tolède, tout en menant une vie simple et sainte. Parmi les hommes et les femmes touchés par sa prédication, on peut nommer saint Jean de Dieu, saint François Borgia et sainte Thérèse d’Avila. Il insiste sur la nécessité de bien se connaître pour connaître Dieu. Jean d’Avila est un maître spirituel reconnu, même si l’extrême clairvoyance de sa théologie lui vaut les foudres de l’Inquisition et l’emprisonnement ». Le 11 mai, Benoît XVI a déclaré au sujet de saint Jean d'Avila : « Sa profonde connaissance de l'Ecriture, des pères et des conciles, des sources liturgiques et théologiques, ainsi que son amour filial de l'Eglise, en firent un véritable rénovateur en des temps difficiles de l'histoire ecclésiastique ». Lors de sa canonisation, Paul VI avait dit qu'il avait été « un esprit clairvoyant et ardent, ayant représenté une grande école de spiritualité en plus de sa lutte contre les maux de l'Eglise ». | |
| | | Claude Coowar
Messages : 357 Inscription : 25/11/2013
| Sujet: Re: Les Docteurs de l'Eglise catholique . 21/11/2016, 05:29 | |
| http://nominis.cef.fr/contenus/saint/1865/Sainte-Hildegarde-de-Bingen.html 35.01 - SAINTE HILDEGARDE DE BINGEN. BIOGRAPHIE. Abbesse bénédictine, 35ème docteur de l'Eglise (✝ 1179) Elle était d'une noble famille germanique. Très jeune, on la confie au couvent de Disibodenberg, un monastère double, sur les bords du Rhin, où moines et moniales chantent la louange divine en des bâtiments mitoyens. Devenue abbesse, elle s'en va fonder une autre communauté à Bingen puis une à Eibingen. Elle voyage, va où on l'appelle, prêche dans les cathédrales et les couvents, correspond avec toutes les têtes couronnées, les pontifes de son temps, saint Bernard et bien d'autres. Hildegarde de Bingen, lumière de Dieu. Elle plaide pour une réforme radicale de l'Église . Depuis sa petite enfance, elle est favorisée de visions exceptionnelles. Par obéissance, elle les couchera sur le papier. Ses récits apocalyptiques (au sens littéral de dévoilement des fins dernières) donnent de l'univers une vision étonnante de modernité où la science actuelle peut se reconnaître (création continue, énergie cachée dans la matière, magnétisme) mais qui peut aussi apaiser la soif actuelle de nos contemporains tentés par le « Nouvel Age ». (« Le monde ne reste jamais dans un seul état », écrit-elle.) L'essentiel de sa pensée réside dans le combat entre le Christ et le prince de ce monde, au cœur d'un cosmos conçu comme une symphonie invisible. Dante lui emprunta sa vision de la Trinité. Dimanche 7 octobre 2012 - Messe pour l'ouverture du Synode des Évêques et proclamation comme « Docteur de l'Église » de saint Jean D'Avila et sainte Hildegarde de Bingen. « Ces deux grands témoins de la foi vécurent à des époques et dans des contextes culturels très différents. Hildegarde, une bénédictine vivant en plein Moyen Age allemand, fut un vrai maître de théologie versée dans les sciences naturelles et la musique. Prêtre de la Renaissance espagnole, Jean prit part au renouveau culturel et religieux d'une Eglise et d'une société parvenues au seuil des temps modernes ». « Leur sainteté de vie et la profondeur de leur doctrine disent leur actualité. La grâce de l'Esprit les projeta dans une expérience de plus profonde compréhension de la Révélation, et leur permit de dialoguer intelligemment avec le monde dans lequel l'Eglise agissait ». Puis le Pape a indiqué que ces deux figures de saints docteurs revêtent de l'importance à la veille de l'Année de la foi et en vue de la nouvelle évangélisation, à laquelle est consacrée la prochaine assise synodale. "Aujourd'hui encore, dans leurs enseignements, l'Esprit du Ressuscité résonne et éclaire le chemin vers la Vérité qui rend libre et donne son plein sens à nos vies". (source: VISnews) Le 1er septembre 2010, le Saint Père a consacré sa catéchèse à sainte Hildegarde de Bingen (1098-1179), autrement appelée la "prophétesse rhénane" . Avant de présenter la figure de la sainte, le Pape a évoqué la Lettre apostolique de Jean-Paul II Mulieris Dignitatem, publiée en 1988 et qui traitait du « rôle précieux que les femmes ont accompli et accomplissent dans la vie de l'Eglise » et qui exprimait le remerciement de l'Eglise « pour toutes les manifestations du génie féminin au cours de l'histoire... Même au cours de ces siècles d'histoire que nous avons coutume d'appeler Moyen Age, certaines figures féminines se détachent par la sainteté de leur vie et la richesse de leur enseignement » , comme Hildegarde de Bingen, issue d'une famille noble et nombreuse qui décida de la consacrer au service de Dieu. Après avoir reçu une bonne formation humaine et chrétienne de Jutta de Spanheim, Hildegarde entra au monastère bénédictin du Disibodenberg et reçut le voile des mains de l'évêque Othon de Bamberg. En 1136, elle fut élue supérieure et poursuivit son devoir « en faisant fructifier ses dons de femme cultivée, spirituellement élevée et capable de gérer avec compétence l'organisation de la vie de clôture » , a ajouté le Pape. Peu après, face aux nombreuses vocations, Hildegarde fonda un autre couvent à Bingen, dédié à saint Rupert, où elle passa le reste de sa vie. « Le style avec lequel elle exerçait son ministère d'autorité est exemplaire pour toute communauté religieuse : elle suscitait une émulation dans la pratique du bien » . La sainte commença à décrire ses visions mystiques alors qu'elle était supérieure du Disibodengerg à son conseiller spirituel, le moine Volmar, et à son secrétaire, Richard. « Comme cela arrive toujours dans la vie des vrais mystiques, Hildegarde voulut aussi se soumettre à l'autorité de personnes sages pour discerner l'origine de ses visions craignant qu’elles ne fussent le fruit d'illusions et qu'elles ne proviennent pas de Dieu » . Elle parla à ce sujet avec saint Bernard de Clairvaux qui la tranquillisa et l'encouragea. Puis, en 1147, elle reçut surtout l'approbation du Pape Eugène III qui, lors du synode de Trèves, lut un texte d'Hildegarde que lui avait présenté l'archevêque de Mayence. « Le Pape autorisa la mystique à écrire ses visions et à en parler en public. A compter de ce moment-là, le prestige spirituel de Hildegarde s'en trouva grandi, au point que ses contemporains lui attribuèrent le titre de prophétesse rhénane » , a ajouté Benoît XVI. « Voilà le signe d'une authentique expérience de l'Esprit-Saint, source de tout charisme : la personne dépositaire de dons surnaturels ne s'en vante jamais, ne les montre pas et surtout fait preuve d'une obéissance totale envers l'autorité ecclésiastique. Chaque don donné par l'Esprit-Saint est destiné, en fait, à l'édification de l'Eglise, et l'Eglise, par ses pasteurs, en reconnaît l'authenticité » , a conclu le Saint-Père. (source: VIS 20100901 490) Le 8 septembre 2010, Benoît XVI a poursuivi son évocation de sainte Hildegarde, bénédictine allemande du XII siècle, « qui se distingua par sa sainteté de vie et sa sagesse spirituelle ». R appelant les visions de cette mystique, il a en souligné la dimension théologique. Elles « se référaient aux principaux évènements de l'histoire du salut et utilisaient un langage largement poétique et symbolique. Dans son œuvre majeure sur la connaissance de la vie, Hildegarde de Bingen a résumé ce processus en trente-cinq visions, de la création à la fin des temps... La partie centrale développe le thème du mariage mystique entre Dieu et l'humanité réalisé dans l'incarnation » . Puis le Saint-Père a souligné combien ces brèves observations montrent que « la théologie peut recevoir des femmes un apport spécifique. Grâce à leur intelligence et à leur sensibilité, elles sont capables de parler de Dieu et des mystères de la foi. J'encourage donc -a-t-il dit- toutes celles qui assument ce service à l'accomplir dans un profond esprit ecclésial, en alimentant leur réflexion à la prière et en tenant compte de la grande richesse peu explorée de la mystique médiévale, cette mystique lumineuse que Hildegarde de Bingen représente » parfaitement. Les autres écrits de sainte Hildegarde, comme le Livre des mérites de la vie ou le Livre des œuvres divines, a poursuivi le Pape, développent aussi « la relation profonde existant entre Dieu et l'homme. Le premier traité rappelle que la création, tout ce dont l'homme est l'accomplissement, reçoit la vie de la Trinité » . Le second, « généralement considéré comme son œuvre majeure, décrit la création dans sa relation à Dieu et à la centralité de l'homme, et dénote un fort christocentrisme de sa connaissance biblique et patristique » . Puis il a rappelé qu'Hildegarde s'intéressa aussi de médecine, de sciences naturelles et de musique. « Pour elle, la création entière est une symphonie de l'Esprit ». Sa renommée en faisait l'objet de nombreux conseils. Des religieux, des évêques et des abbés s'adressaient à elle, et nombre de ses réponses demeurent valables. Forte de son autorité spirituelle, elle voyagea beaucoup à la fin de sa vie. Partout on l'écoutait "car on la considérait une messagère de Dieu. Elle rappelait clergé et communautés monastiques à une vie conforme à leur vocation. Elle combattit de manière énergique le catharisme allemand...en appelant de ses vœux une réforme radicale de l'Eglise, principalement pour corriger les abus du clergé auquel elle reprochait de vouloir renverser la nature même de l'Eglise. Elle disait aux clercs qu'un véritable renouveau de la communauté ecclésiale ne dépend moins du changement des structures que d'un sincère esprit de pénitence et de conversion. Ce message ne doit pas être oublié" , a conclu le Pape. "Invoquons donc l'Esprit, afin qu'il suscite au sein de l'Eglise des femmes saintes et courageuses qui, en valorisant les dons reçus de Dieu, offrent une contribution particulière à la croissance spirituelle de nos communautés et de l'Église d'aujourd'hui" . (source: VIS 20100908 500) Au monastère de Rupertsberg, près de Bingen en Hesse rhénane, en 1179, sainte Hildegarde, vierge moniale. Experte en sciences naturelles, en médecine et en musique, elle composa plusieurs ouvrages où elle décrivit religieusement les visions mystiques qu’il lui fut donné de contempler. Martyrologe romain. Cette multitude des anges a une raison d’être qui est liée à Dieu plus qu’à l’homme et elle n’apparaît aux hommes que rarement. Certains anges, cependant, qui sont au service des hommes, se révèlent par des signes, quand il plait à Dieu. Sainte Hildegarde - Le livre des œuvres divines | |
| | | Claude Coowar
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| Sujet: Re: Les Docteurs de l'Eglise catholique . 21/11/2016, 06:03 | |
| http://www.mariedenazareth.com/qui-est-marie/la-medecine-de-sainte-hildegarde 35.02 - SAINTE HILDEGARDE DE BINGEN.
MEDECINES PREVENTIVE, CURATIVE ET SPIRITUELLE. Pour sainte Hildegarde, la santé n'est pas seulement une absence de maladie, mais une surabondance de vie, une fontaine de Jouvence, l'aptitude au bonheur. Son œuvre de médecine s'intitule "Causae et curae", et traite des causes et des traitements des maladies. La médecine de sainte Hildegarde s'interprète dans l'histoire du salut[1] : Le Péché originel a eu des conséquences physiologiques. Avec le langage du Moyen Age, sainte Hildegarde dit que la bile, qui auparavant était comme un cristal étincelant, vira et devint noire, entraînant des désordres organiques et les maladies. Chaque péché, et chaque habitude de péché (les vices), génèrent davantage d'opacité (de « bile noire »), et favorise les maladies. Sainte Hildegarde sait bien que cela ne signifie pas qu'un malade soit coupable d'un péché. Rappelons l'Evangile de l'aveugle né : « Ses disciples lui demandèrent : Rabbi, qui a péché, lui ou ses parents, pour qu'il soit né aveugle ? Jésus répondit : Ni lui ni ses parents n'ont péché, mais c'est afin que soient manifestées en lui les oeuvres de Dieu ». (Jean 9, 2-3)D'une part, le corps malade alourdit l'âme et contriste l'esprit . Réciproquement, l'âme pécheresse obscurcit le corps et le rend malade. Il s'agit donc de guérir le corps avec l'aide de toute la création qui reçoit la vie de la sainte Trinité. Par une cuisine adaptée, par des infusions, par des pierres précieuses, Dieu a disposé dans la création ce qui guérit l'homme. Mais cela ne suffit pas, l'homme resterait inachevé, sa joie serait incomplète. Il s'agit aussi de guérir l'âme du péché, et pour cela, chacun doit coopérer à la grâce du Christ rédempteur en s'efforçant de pratiquer le bien et d'éviter le mal [2] . La venue du Christ par l'Incarnation et sa mort sur la croix ont rendu visible l'amour de Dieu et ont rendu possible notre retour à Dieu[3]. C'est pourquoi, dans son livre de médecine "Causae et curae", il est aussi question des vices et des vertus, de l'amour du Seigneur Jésus et de la sainte Trinité ! Parmi les aliments, certains sont bons, d'autres mauvais : - Aliments nocifs : fraise, prune, poireau. - Aliments à éviter : farine blanche, tomates crues non épluchée, oignon cru, etc... - Aliments excellents : l'épeautre (l'épeautre est l'ancêtre du blé), etc... Les pierres précieuses soutiennent le chemin de guérison, à condition que l'homme s'efforce de s'orienter vers Dieu le créateur, révélé en Jésus-Christ. Par exemple, en portant la topaze d'or, il faut dire une prière pour se remémorer notre origine divine : « Ô Dieu, toi qui es glorifié par-dessus et en toutes choses, par égard pour moi, ne me rejette pas hors de Ta présence, mais par Tes bénédictions sustente-moi, fortifie-moi et deviens un avec moi ».Divers exemples de pathologies : leur cause et leur traitement.Selon sainte Hildegarde, la dureté de cœur entraîne des problèmes cardiaques. (Evidemment, il peut y avoir d'autres causes aux problèmes cardiaques). Hildegarde conseille de mettre un diamant dans une cruche d'eau 24heures, et d'utiliser l'eau pour boire ou cuisiner (Evidemment, c'est une aide partielle, parmi d'autres). Avec cela, elle conseille de pratiquer la compassion. « La Création toute entière aspire à l'affection et à l'amour. [...] Je me sens responsable et je guéris les malades ; je suis un doux remède pour tous ». (Sainte Hildegarde, Le Livre des mérites de la vie I, 17). Selon sainte Hildegarde, la lâcheté (qui veut plaire à tout le monde, en évitant de barrer la route aux puissants, et sans se soucier des pauvres et des saints) amollie la colonne vertébrale, donne du psoriasis, de l'eczéma ou de l'acné. La guérison passe par le courage... Selon saint Hildegarde, la colère provoque une gastrite, une colite, un intestin poreux source de mille maux. Elle soigne avec la calcédoine, ou encore avec de la poussière d'or en poudre dans de la farine d'épeautre. « [ Ainsi parle la patience :] La victoire m'appartient depuis l'origine des temps, de par l'invincible Fils de Dieu. Il est venu de Dieu pour sauver l'humanité, puis Il est retourné à Dieu. Il est mort sur la croix dans d'atroces souffrances. Mais Il a ressuscité et est monté aux cieux. Me remémorant ce fait, je ne fuis pas les misères et les souffrances de cette vie ». (Sainte Hildegarde, Scivias III, vision 3). Et sainte Hildegarde précise : en cas de colère avec haine, en cas d'avortement, ou en cas de meurtre, il faut des jeûnes stricts et longs, massages vigoureux à la brosse, port de vêtements en fibre rugueuse. Isolement complet pendant un certain temps. Et en cas graves, des séjours dans l'obscurité. Selon sainte Hildegarde, l'impiété provoque des gastrites, des ulcères, des hémorroïdes. Lécher un diamant libère du fanatisme, de la colère, du mensonge, mais surtout, il faut aimer la piété : « La piété dit encore : J'ai pour compagnon un ange. Je n'ai aucune envie de marcher à côté d'escrocs dissimulateurs, et préfère louer Dieu avec les justes ».(Sainte Hildegarde, Scivias III, vision 6, 3) Selon sainte Hildegarde, la tristesse et la détresse provoquent une insuffisance hépatique, une difficulté à digérer le gras. Le remède, est de porter une pierre d'émeraude verte ou un topaze d'or, et, avec cela, de vivre une quête sincère de Dieu dans la solitude et le désert. « Le bonheur rétorque à l'affliction : Tu es envieuse, parce que sans confiance en Dieu, ne demandant pas d'aide, tu n'en reçois pas. Mais moi je l'appelle et Il me répond. Je lui demande miséricorde et je suis exaucé. Je suis rempli de joie profonde. Je joue de la harpe en sa présence et je dispose mon œuvre autour de lui. Je place ma vérité en Dieu et place ma vie entre ses mains ». (Sainte Hildegarde, Le Livre des mérites de la vie, II, 19.) Selon sainte Hildegarde, l'envie et le manque de charité génèrent des cancers, des maladies du foie, des surrénales... La guérison passe par la charité . « La charité dit [...] : Je vivifie les actions bonnes pendant le jour et régénère les corps pendant la nuit. [...] De Dieu je suis l'amie la plus suave, qui prend part à ses décisions. Tout ce qui appartient à Dieu m'appartient aussi, parce que j'ai part à Dieu ». (Sainte Hildegarde, Le Livre des mérites de la vie III, 8) Selon sainte Hildegarde, la luxure et les péchés sexuels génèrent des maladies du colon, des organes génitaux, et des sciatiques. L'homosexualité détruit l'immunité.La guérison nécessite la pratique de la chasteté. ] Le respect crie à l'amour du divertissement :] « Ô saleté ! Ô bourbier des temps présents ! cache-toi, disparais de mon regard, car mon Ami est né de Marie immaculée ».(Scivias III, vision 3,3) « Je suis la chasteté. Je suis libre moi, et non pas enchaînée. J'ai été purifiée à la plus pure des fontaines, à savoir la Parole pleine d'amour de Dieu. »
(Scivias III, vision 8,7) Le mauvais usage de la médecine de sainte Hildegarde. Le Nouvel Age fait un mauvais usage de la médecine de sainte Hildegarde car il perd l'ordre de l'univers dont le sommet est l'homme, et l'ordre de l'homme qui est appelé à s'incorporer au Christ pour entrer dans la vie divine, trinitaire. 1) Confondre vertu et état mental. C'est oublier que la personne se construit par ses actes, et acquiert les vertus par la répétition d'actes bons.2) Confondre la vertu des aliments ou des pierres avec l'Esprit Saint . C'est oublier la rédemption et la relation au Christ. 3) Rester enfermé dans l'horizon matériel de la guérison , c'est oublier la vie éternelle, les fins dernières, et mal orienter sa vie. La foi "crédule" fait aussi un mauvais usage en oubliant que Dieu parle aux mystiques dans leur mentalité : il s'agit ici d'un langage du XII° siècle. Science et foi doivent dialoguer intelligemment. [1] Cf. Sainte Hildegarde, Scivias, c'est-à-dire « Connais les voies ». En français : Monat Pierre, Sainte Hildegarde, Scivias - Connais les voies, Le Cerf, Paris 1996. - See more at: http://www.mariedenazareth.com/qui-est-marie/la-medecine-de-sainte-hildegarde#sthash.iaiKWack.dpuf
Dernière édition par Claude Coowar le 21/11/2016, 21:50, édité 1 fois | |
| | | Claude Coowar
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| Sujet: Re: Les Docteurs de l'Eglise catholique . 21/11/2016, 08:45 | |
| http://www.revue-item.com/6409/sainte-hildegarde-de-bingen-docteur-de-leglise/ 35.03 - SAINTE HILDEGARDE DE BINGEN. FOI DANS SA DOCTRINE. La foi dans la doctrine de sainte Hildegarde de Bingen.Par M l’abbé Karol Zaleski, séminariste du séminaire saint Vincent de Paul de Courtalain. Ste Hildegarde de Bingen, qui fut proclamée docteur de l’Eglise universelle, hier, le dimanche 7 octobre 2012, a été canonisée par le décret de Benoît XVI du 10 mai 2012. Ce décret, qui porte le titre significatif de Spiritum Sanctum, loue en les termes les plus sublimes la sainteté, la sagesse et la foi de cette abbesse bénédictine du XIIème siècle. « Coram Domino ipsa (Hildegardis) continenter fuit, ut confestim eius voluntatem reciperet – « Hildegarde demeurait constamment devant Dieu pour recevoir sans délai sa volonté ». La doctrine d’Hildegarde sera ainsi proposée à toute l’Eglise catholique au début de l’Année de la foi, pendant laquelle nous sommes invités à approfondir la doctrine catholique. Remarquons aussi que cette année demandée par Benoît XVI commémore l’ouverture du Concile Oecuménique Vatican II. L’objectif fixé par le pape Jean XXIII dans le discours inaugural du concile était précisément de « transmettre dans son intégrité, sans l’affaiblir ni l’altérer, la doctrine catholique ; que cette doctrine certaine et immuable, qui doit être respectée fidèlement, soit approfondie et présentée d’une façon qui réponde aux exigences de notre époque ». Cinquante ans après ces paroles, nous pouvons nous demander si vraiment ce concile a répondu à l’appel du Pape, mais cette question dépasse le sujet de cet article. Par contre, on peut répondre à la question : quel est le rapport entre une abbesse du XIIème siècle et l’approfondissement de la doctrine réclamé par Benoît XVI particulièrement pendant cette année de la foi ?
En premier lieu, les écrits d’Hildegarde de Bingen renferment toute la doctrine catholique. « La doctrine d’Hildegarde excelle tantôt par la profondeur et la correction de ses interprétations, tantôt par le caractère inaccoutumé de ses visions qui excèdent les limites de l’histoire de l’époque ; ses textes, qui sont imprégnés par la vraie ' charité de l’intellect ', portent avec eux, lorsqu’on les contemple, une fraîcheur et une vigueur particulière au sujet du mystère de la Très Sainte Trinité, de l’Incarnation, de l’Eglise, de l’humanité, de la nature des choses, au point qu’ils doivent être considérés et conservés comme des créatures de Dieu ».La bénédictine éclairée par la « Lumière vivante » voit en cette Lumière les mystères de la foi et l’univers entier, comme autrefois son père spirituel, s. Benoît, a vu toute la création dans un rayon de la même Lumière. « Et, c’est arrivé en l’an 1141 à partir de l’Incarnation de Jésus-Christ Fils de Dieu, quand j’ai eu quarante-deux ans, que les cieux se sont ouvert et que la lumière de feu, avec un éclat extraordinaire, s’est versée sur tout mon cerveau, et sur tout mon cœur, et sur toute ma poitrine (…). Et soudainement j’ai compris la signification des explication des livres, c’est-à-dire du Psautier, de l’Evangile et des autres écrits catholiques, de l’Ancien et du Nouveau Testament » . Ensuite, Ste Hildegarde parle à maintes reprises de la vertu théologale de la foi dans son chef-d’œuvre, Scivias – « Connais les voies du Seigneur ». Notre-Seigneur Jésus-Christ enseigne que la foi est une condition nécessaire au salut éternel : « Celui qui croira et sera baptisé, sera sauvé ; celui qui ne croira pas, sera condamné » (Marc XVI,16). Hildegarde écrit à sa suite que celui qui veut être sauvé ne doutera point de la foi catholique et de sa rectitude. Par l’ablution du baptême l’homme reçoit la rémission des péchés et la grâce, ainsi que le plus grand bonheur, parce qu’il a été immergé dans la foi catholique et que rien ne peut changer la grâce du baptême. Souvent, elle nomme les catholiques des « confesseurs de la Très Sainte Trinité » : « Ne vénère pas le Père celui qui renonce au Fils et n’aime pas le Fils celui qui méprise le Père, et ne vénère pas le Fils celui qui rejette l’Esprit-Saint, et ne reçoit pas l’Esprit-Saint celui qui ne vénère pas le Père et le Fils » . La lumière de la foi catholique est tombée sur la terre au moment de l’Incarnation du Verbe dans le sein de la Vierge, pour guérir la cécité de l’homme, trompé par le diable. L’homme, par contre, ne doit pas scruter les mystères au-delà ce que la Majesté Divine veut lui révéler. On se sanctifie déjà lorsque l’on dit en soi même : « Je crois en Dieu » . Ste Hildegarde exhorte les fidèles à faire attention face aux hérétiques qui d’après ses propres termes sont « les entrailles du diable et la graine qui annonce les fils de damnation (…). Ils attaquent l’Eglise par leur apostasie, dans les hérésies et par la multitude des péchés, parce que dans leurs pièges affreux ils se moquent du baptême et du sacrement du Corps et du Sang du Fils, et du reste de la doctrine de l’Eglise. Mais à cause de leur peur des hommes ils ne combattent pas ouvertement la doctrine, mais ils l’ignorent complètement dans leurs cœurs et leurs actions » . Dieu le Créateur est digne de toute louange, dans la plus grande foi. La foi, forte et solide, possédée par le peuple chrétien, est comme un trône royal, et Dieu même y trouve son repos. Cette foi ne désire pas regarder avec audace en Dieu, mais elle le touche avec la plus profonde piété . La foi, qui était pâle dans l’Ancien Testament, a resplendi dans l’Incarnation du Fils de Dieu. Par la foi les fidèles peuvent agir avec confiance en la bonté du Père, et croire que celui qui a vaincu un ennemi si fort est le Dieu tout-puissant. Enfin la foi a été donnée pour que les fidèles, élevés par elle, puissent obtenir la gloire éternelle. La Trinité est au centre de la doctrine hildegardienne sur la foi. L’homme gardera la foi catholique partout et avec la même piété et un respect inchangé s’il vénère le Fils avec le Père et l’Esprit-Saint : « Le Fils fait toutes choses dans le Père et l’Esprit-Saint (…). Selon la volonté du Père, le Fils a sauvé l’homme par son Incarnation (…). Le Père a décidé que son Fils sera conçu de l’Esprit-Saint et naîtra de la Vierge, qu’il recevra l’humanité par amour pour l’homme pour le salut des hommes (…). De cette façon, l’homme participera à la vie divine, grâce à laquelle il pourra être sauvé par lui-même dans la vraie foi catholique. Et par la foi il faut connaître le Père et le Fils et l’Esprit-Saint, le Dieu unique et vrai » . La foi donne donc l’augmentation des vertus, tandis que par les mêmes vertus la foi est fortifiée et élevée comme une cité. Ste Hildegarde enseigne la doctrine catholique dans son intégrité en montrant enfin que la foi est inutile sans les œuvres : « L’aile de la colère divine frappe les croyants qui, dans leur volonté, ne font pas de bonnes et justes œuvres ; ils voient clairement la foi et la justice divine, mais ils restent dans les ténèbres de leurs mauvaises œuvres (…). Cependant Dieu ne permet pas que leurs affaires se passent selon leur volonté ; lorsqu’ils sont tellement plongés dans les ténèbres, lorsqu’ils oublient Dieu et qu’ils le délaissent avec plaisir, Dieu les punit par sa vengeance » . Ceux qui dans le peuple chrétien se détournent et rejettent « la plus juste foi catholique » seront ainsi coupés et brûlés par « la plus juste Divinité de la Trinité ». Ces gens sont ceux qui suivent plutôt les affaires terrestres que les éternelles : « Ils passent d’un mal à l’autre, entourés par les choses vaines ils ne regardent pas en haut, dans le miroir de la foi catholique (…) ».
La foi se présente aussi dans le Scivias de façon personnifiée. Elle s’adresse à nous en disant : « Il faut vénérer dans une gloire égale Dieu un en trois Personnes, qui ont même nature. J’aurai donc la foi et la confiance dans le Seigneur et je ne rayerai jamais son Nom de mon cœur » . La personne de la Foi porte autour du cou un collier rouge, parce qu’en chaque circonstance elle demeure confiante et forte et elle reçoit le prix du martyre. Dans la vision XIème, qui concerne les temps derniers l’abbesse de Bingen parle de façon prophétique de la crise de la foi à l’époque de l’Antéchrist : « Les gens diront avec une grande tristesse : Où est ce qu’on dit de Jésus ? Est-ce la vérité, ou non?» . Mais, après la victoire sur le Fils de damnation, grâce aussi aux témoignages d’Hénoch et d’Elie, le Fils de Dieu brillera dans la foi catholique, comme le plus clair et le plus beau. Ste Hildegarde, qui est morte en 1179, sera proclamée Docteur de l’Eglise exactement 833 ans plus tard. Elle a elle-même décrit le rôle des docteurs pour la conservation et le renforcement de la foi. Ces maîtres touchent les profondeurs des mystères célestes, la foi en Dieu unique est allumée en eux par le feu de l’Esprit-Saint. Cette foi des docteurs est tellement claire que grâce à sa clarté, elle resplendit devant Dieu et devant le monde.
Hildegarde de Bingen, vierge, appelée par le pape Benoît XVI praeclara theologiae magistra et dignissima Christi discipula – très célèbre maîtresse de théologie et la plus digne disciple du Christ - , est proclamée Docteur de l’Eglise universelle, elle qui « après avoir reçu l’autorisation de nos prédécesseurs Hadrien IV et Alexandre III, a eu un apostolat très fécond, ce qui était très rare à son époque, et a commencé à partir de 1159 les voyages lui permettant de prêcher sur les places publiques et dans plusieurs cathédrales » . Déjà, le bienheureux pape Eugène III avait reconnu pleinement l’orthodoxie de la doctrine hildegardienne, qui de nos jours éclaire encore l’Eglise entière – cette doctrine qui vient de la « Lumière vivante ». En cette Année de la foi, donc, Ste Hildegarde nous rappelle que la vraie foi n’est que la foi catholique ; hors d’elle il n’y a que des croyances créées par l’homme ou des croyances d’origine démoniaque pour tromper les âmes. De nos jours l’Abbesse de Bingen, dans la gloire apostolique, nous enseigne qu’il n’y a point de salut hors de la vraie foi de l’Eglise de Jésus-Christ. En invitant le lecteur à approfondir sa foi à l’école d’Hildegarde, véritable maîtresse, il nous paraît être juste de citer en conclusion Guillaume d’Auxerre : Hildegardis scripta non continent verba humana, sed divina – « Les écrits d’Hildegarde ne renferment pas de paroles humaines, mais des paroles divines ». ————————– Deux nouveaux maîtres de sagesse pour notre siècle La modernité de Jean d’Avila et Hildegarde de Bingen Propos recueillis par Anita Bourdin ROME, dimanche 7 octobre 2012 (ZENIT.org). Les chrétiens vont parfois chercher dans des sagesses étrangères à la foi biblique des enseignements pour la vie quotidienne. Or Benoît XVI vient de proclamer, ce dimanche matin, 7 octobre, sur le parvis de la basilique vaticane, deux docteurs de l’Eglise, deux maîtres pour aujourd’hui, deux témoins de la fécondité de l’Evangile : leurs immenses portraits ont été dévoilés sur la façade de Saint-Pierre. Natalia Bottineau, spécialiste de la vie des saints, a bien voulu répondre aux questions de Zenit pour comprendre le geste de Benoît XVI qui a proclamé ces deux saints comme docteurs de l’Eglise au seuil du synode sur la nouvelle évangélisation et de l’Année de la foi. Zenit – Qu’est-ce qui permet qu’un baptisé soit proclamé docteur de l’Eglise ? Natalia Bottineau - Tout d’abord, la sainteté de la vie. La vie de ces docteurs de l’Eglise – 35 dont 4 femmes, à ce jour – ont auparavant été examinées, ainsi que les miracles qui ont été attribués à leur intercession, et ils ont peu à peu été déclarés bienheureux puis saints, puis docteurs. Trente-neuf en deux mille ans, beaucoup moins que nos académiciens : l’Eglise est sobre, et cela met d’autant plus en lumière le rayonnement de ces grands « enseignants », leur « splendeur » a dit le cardinal Amato. Jean d’Avila était un prêtre diocésain espagnol (1499 -1569), et Hildegarde une moniale bénédictine allemande (1098-1179). Mais Hildegarde a été déclarée sainte par Benoît XVI seulement récemment …Sainte Hildegarde était honorée par les fidèles catholiques – qui ont reçu le don d’intelligence de l’Esprit Saint à leur baptême ! - comme sainte, mais son culte n’était pas étendu à toute l’Eglise. Le pape, ami de saint Benoît, l’a étendu au monde entier le 10 mai dernier, reconnaissant ainsi la tradition multiséculaire qui avait inscrit la mystique rhénane au martyrologe romain, sans même que son procès de canonisation n’ait abouti.
Mais la sainteté ne suffit pas : tous les saints théologiens ne sont pas des « docteurs » !Ensuite, effectivement, il a fallu que leur enseignement ait un rayonnement très large et que les évêques et le peuple de Dieu demandent au pape ce titre pour eux. On se souvient par exemple de la mobilisation pour le « doctorat » de sainte Thérèse de Lisieux dans le monde entier. Et elle montre que tous les docteurs ne sont pas « théologiens », au sens académique. Que l’on pense aussi à Catherine de Sienne. Mais tous aiment le Christ et l’Eglise d’un immense amour : c’est le secret de leur intelligence de la foi et de leur fécondité spirituelle. En annonçant les deux doctorats, le 27 mai dernier, Benoît XVI avait résumé ainsi les motivations de sa décision, soulignant l’actualité de l’enseignement d’Hildegarde : « Hildegarde fut une moniale bénédictine au cœur de l’Allemagne médiévale, authentique maîtresse en théologie et grande experte en sciences naturelles et en musique ». C’est aussi le pape musicien qui parlait. Ce matin, ce qui a été souligné dans la présentation de sa vie et de son enseignement par une moniale bénédictine allemande, au début de la célébration, c’est son enseignement sur la place de l’homme au coeur de la création, particulièrement d’actualité en ce XXIe siècle sensible à la beauté de la création et à l’urgence de la sauvegarder pour sauvegarder l’homme. Pour le pape, la « sainteté de la vie et la profondeur de la doctrine » de Jean d’Avila et d’Hildegarde les rendent « toujours actuels »: par l’Esprit-Saint, ils sont témoins d’une « expérience de compréhension pénétrante de la révélation divine » et d’un « dialogue intelligent avec le monde », ainsi « ces deux figures de saints et docteurs sont d’une importance et d’une actualité majeures ». Comment résumer cette « actualité » ? Le mot qui est revenu plusieurs fois dans la présentation du cardinal Angelo Amato, préfet de la Congrégation pour les causes des saints, au début de la célébration, et aussi dans la présentation de Jean d’Avila – je souligne, par une femme laïque -, c’est la « sagesse », la « sabiduria ». Il a été un « apôtre infatigable de l’amour de Dieu », même en prison où il a mûrit son enseignement : un docteur de l’Eglise qui a goûté à la prison pour sa doctrine, ce n’est pas banal. Il a ensuite été lavé de toute accusation. L’œuvre de Hildegarde de Bingen est immense. Mais elle est avant tout une « sagesse », pas un savoir encyclopédique desséché. La « postulatrice » de son doctorat a souligné combien elle est «centrée sur le Christ », aimé d’un amour sans partage. Une sagesse faite de foi, d’espérance et d’amour, et qui pour cela peut nourrir encore aujourd’hui et éclairer la vie des hommes en dépit de contextes – politiques, sociaux, culturels, économiques – aussi différents que le moyen âge rhénan, le siècle d’or espagnol et ce début de troisième millénaire à l’enseigne de la mondialisation. C’est la fécondité sans cesse renouvelée de l’Esprit-Saint dans la vie du baptisé à chaque génération. Pourquoi cette proclamation solennelle comme premier acte du synode pour la nouvelle évangélisation ?Le cardinal Amato a employé cette image liturgique : cette proclamation fait au coeur de la grande prière de l’Eglise, au début de l’eucharistie, en présence de plus de 250 évêques, cardinaux et patriarches du monde entier, constitue comme une « antienne » du synode, et de l’Année de la foi que le pape ouvrira jeudi prochain, 11 octobre. Il a aussi souligné que la demande était faite pour « bien de l’Eglise » et la « joie » des baptisés. Le pape donne un homme et une femme comme référence pour vivre ces deux événements invitant à faire comme eux : « regarder vers le Christ ». La « postulatrice » du doctorat de Jean d’Avila a conclu sa présentation en disant que qu’il était un « docteur pour la nouvelle évangélisation ».
Il me semble que ce ne sont pas seulement leurs œuvres mais toute leur vie qui fait partie de cette sagesse à recueillir. Celle d’Hildegarde était toute nourrie de l’Ecriture et de la liturgie, source de sa vie d’union avec le Christ et d’amour de ses contemporains et de l’Eglise, comme l’a souligné sa « postulatrice » : elle a toujours obéi à l’Eglise, une obéissance faite d’amour, de prudence, de liberté, féconde en œuvres bonnes. Elle montre aux jeunes d’aujourd’hui la fécondité et la sagesse recueillie à cette source – monument de la culture européenne – qu’est la Règle de saint Benoît. Qui sont les femmes « docteurs de l’Eglise » ?Sainte Hildegarde, bénédictine, est la quatrième femme à être proclamée docteur de l’Eglise, après sainte Catherine de Sienne, tertiaire dominicaine, sainte Thérèse d’Avila et sainte Thérèse de Lisieux, toutes deux carmélites. Mais aujourd’hui, le pape ne donne pas deux femmes ou deux hommes, mais un homme et une femme – chacun selon son génie propre - pour éclairer par leur sagesse la marche de l’Eglise, communion dans la foi dans le Dieu d’amour, Père, Fils et Saint-Esprit, « Dieu un ». | |
| | | Claude Coowar
Messages : 357 Inscription : 25/11/2013
| Sujet: Re: Les Docteurs de l'Eglise catholique . 21/11/2016, 21:53 | |
| http://croire.la-croix.com/Definitions/Figures-spirituelles/Hildegarde-de-Bingen/Qui-etait-sainte-Hildegarde 35.04 - SAINTE HILDEGARDE DE BINGEN. PROPHETESSE.
Qui était donc sainte Hildegarde de Bingen, cette étonnante moniale fondatrice de monastères, naturaliste, musicienne, peintre et visionnaire ? Mis à jour le 23 décembre 2015. Dixième enfant d’une famille noble de Bemersheim, en Rhénanie, Hildegarde reçoit, dès l’âge de trois ans, des visions. Et cela durera soixante-dix-huit ans ! C’est peut-être en partie pour cette raison que ses parents la confient très tôt – à huit ans – au couvent dépendant du monastère bénédictin de Disibodenberg, à soixante kilomètres de là, tout près de Mayence. La mère supérieure du couvent, Jutta de Sponheim, une amie de ses parents, veille à son instruction. Hildegarde prononce ses vœux perpétuels au couvent et reçoit, vers l’âge de quinze ans, le voile monastique des mains de son évêque. À la mort de Jutta de Sponheim, Hildegarde a 38 ans. Elle est élue, par les sœurs du monastère, abbesse du couvent. Toutes ces années lui ont permis de se former à la vie monastique, rythmée par le travail, l’étude et la prière liturgique, et aussi d’acquérir une érudition immense – même si elle se dit volontiers ignare. Des visions incandescentes.Au cours d’une vision, à l’âge de 42 ans et sept mois (c’est elle qui précise !), Hildegarde reçoit de Dieu l’ordre de rendre ses visions publiques. Écris ce que tu vois et ce que tu entends ! Hildegarde doit vaincre de fortes résistances intérieures pour obéir à l’ordre reçu. Elle raconte elle-même qu’il a fallu qu’elle tombe malade pour commencer enfin, avec l’aide du moine Volmar qui écrit sous sa dictée, à composer son premier livre, le Scivias (Connais les voies). Suivent alors dix années d’un travail monumental traversées de beaucoup de doutes et d’hésitations. Hildegarde va même jusqu’à solliciter l’avis du pape. Pour cela elle demande son aide à Bernard de Clairvaux. En 1148, lors du grand synode de Trèves, devant toute l’assemblée des cardinaux, des évêques et des prêtres réunis, Eugène III prend un des écrits d’ Hildegarde, le lit à voix haute et conclut à son adresse : « Écrivez donc ce que Dieu vous inspire». Mais qu’y a-t-il donc dans ce livre plein de lumières, de couleurs et de visions étranges ? En réalité, Hildegarde retrace dans cet ouvrage l’histoire sainte depuis la création du monde jusqu’à la rédemption finale en passant par l’Incarnation, la crucifixion, la Résurrection et l’édification de l’Église. À chaque chapitre, elle décrit la vision, l’interprète et lui donne son sens spirituel. Elle le fait avec les codes de son temps – qui sont les codes bibliques – enrichis par la lecture des Pères de l’Église. Elle y ajoute une vigueur et une audace de style tout à fait étonnantes. On comprend que ces pages incandescentes aient inspiré Dante Alighieri, lorsqu’il composa, deux siècles plus tard, la Divine Comédie, le chef-d’œuvre de la langue italienne naissante. Son couvent rayonne.Pendant toutes ces années, le petit couvent féminin de Disbodenberg continue de vivre à l’ombre du monastère bénédictin masculin dont il dépend. Pourtant, le couvent rayonne, les vocations se multiplient et c’est lui, sans doute à cause du rayonnement d’Hildegarde, qui attire les dons. Hildegarde, logiquement, veut fonder sa propre abbaye. Le père abbé s’y oppose. Hildegarde tombe malade et son état s’aggrave. Après quelque résistance, le père abbé laisse la supérieure du petit couvent voler de ses propres ailes. Mais c’est l’indépendance qu’elle veut, pas l’exil. Elle s’installe à quelques kilomètres de là, près de Bingen, à Ruperstberg où elle terminera sa longue vie. Et lorsqu’il s’agira pour elle, devant l’afflux des vocations, de fonder une autre abbaye, elle n’ira pas non plus bien loin. Le monastère d’ Eibingen, qu’elle ouvre environ vingt ans plus tard, est lui aussi tout proche. Ainsi, celle dont les paroles ont franchi les frontières du temps et de l’espace ne sortit pas, de son vivant, d’un tout petit quadrilatère de quelques dizaines de kilomètres, au cœur de la Rhénanie. Mais Hildegarde n’est pas seulement une visionnaire, c’est aussi une musicienne. Elle compose des pièces liturgiques, 77 pour être exact, dont certaines sont aujourd’hui disponibles en CD ! Car ces pièces sont parmi les premières à nous avoir été transmises intégralement. Ainsi, le drame de l’Ordo Virtutum (L’Ordre des vertus), entièrement composé par Hildegarde et mis en scène au monastère de Ruperstberg en 1152 par les religieuses du couvent naissant, sera joué à Cologne en 1982, huit cents ans plus tard. Au centre de ses recherches, l’Homme.Hildegarde n’a pas fini de nous surprendre. Elle est femme de son temps, libre des préjugés que les siècles suivants imposeront aux femmes. Elle dirige, commande, fonde, acquiert, discute pied à pied avec les autorités religieuses et politiques. Mais surtout, chose étonnante chez cette femme recluse et qui n’a pas quitté sa Rhénanie natale, elle se met en route pour prêcher . Ainsi, de 1158 à 1170, elle prêche en public à Mayence, Wurtzburg, Bamberg, Trèves et Cologne. Mais surtout, inlassablement, elle écrit. Selon l’ordre jadis reçu, elle consigne ses visions. - Le Livre des mérites de la vie l’occupe quatre ans, - le Livre des œuvres de Dieu, onze ans. - Pendant cette époque, elle écrit une Physique - et un livre sur les causes des maladies et la manière de les soigner. Ce sont les deux seuls ouvrages médicaux qui nous soient parvenus du XIIe siècle. Certains y ont vu la partie émergée d’une science d’initiés. Mais il s’agit beaucoup plus sûrement de faire droit, avec les connaissances du temps, au souci de soigner l’homme global. Car c’est l’homme qui est au centre de la théologie d’Hildegarde, l’homme-Dieu bien sûr, le Christ, mais qui rejoint à jamais l’homme concret. Hildegarde a retranscrit ses visions dans de superbes enluminures au symbolisme lumineux. Trois siècles avant Léonard de Vinci, elle représente dans une de ses visions l’homme aux bras étendus situé au centre du cosmos. Il a été créé libre. Il peut, à l’image de son créateur s’élever vers Lui. Telle est sans doute la leçon que l’on peut tirer de la vie de cette grande mystique aux multiples dons et au destin hors du commun qui meurt à 81 ans dans son monastère de Rupertsberg, entourée de ses sœurs et dont la renommée est si grande vers la fin de son existence que le récit de sa vie a déjà été commencé de son vivant. Puis oubliée par des siècles trop sages et masculins, elle fut redécouverte à la fin des années 80. Elle devint le porte-parole de toute une littérature hermétique, l’enseigne de certaines médecines parallèles et d’une vision holistique et féminine du monde et de Dieu même.Jean-Pierre Rosa Croire.com | |
| | | Claude Coowar
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| Sujet: Re: Les Docteurs de l'Eglise catholique . 21/11/2016, 22:49 | |
| http://w2.vatican.va/content/benedict-xvi/fr/homilies/2012/documents/hf_ben-xvi_hom_20121007_apertura-sinodo.html 35.05 - HOMÉLIE DU PAPE BENOÎT XVI. SUR LA NOUVELLE EVANGELISATION POUVANT ETRE INSPIREE DE SAINT JEAN D'AVILA ET SAINTE HILDEGARDE DE BINGEN. Place Saint-Pierre Dimanche 7 octobre 2012 Vénérés Frères, Chers frères et sœurs, Avec cette concélébration solennelle, nous inaugurons la XIIIe Assemblée générale ordinaire du Synode des Évêques, qui a pour thème : La nouvelle évangélisation pour la transmission de la foi chrétienne. Ce thème répond à une orientation programmatique pour la vie de l’Église, de tous ses membres, des familles, des communautés, et de ses institutions. Et cette perspective est renforcée par la coïncidence avec le début de l’Année de la foi, qui aura lieu jeudi prochain, 11 octobre, à l’occasion du 50° anniversaire de l’ouverture du Concile Œcuménique Vatican II. Je vous adresse ma cordiale et reconnaissante bienvenue à vous, qui êtes venus former cette Assemblée synodale, particulièrement au Secrétaire Général du Synode des Évêques et à ses collaborateurs. J’étends mon salut aux Délégués fraternels des autres Églises et Communautés ecclésiales et à tous ceux qui sont ici présents, en les invitant à accompagner par la prière quotidienne les travaux qui se dérouleront dans les trois prochaines semaines. Les lectures bibliques qui forment la Liturgie de la Parole de ce dimanche nous offrent deux principaux points de réflexion : - le premier sur le mariage, que j’aimerais aborder plus loin ; - le second sur Jésus Christ, que je reprends immédiatement. Nous n’avons pas le temps pour commenter le passage de la Lettre aux Hébreux, mais au début de cette Assemblée synodale, nous devons accueillir l’invitation à fixer le regard sur le Seigneur Jésus, « couronné de gloire et d’honneur à cause de sa Passion et de sa mort » (Hé 2, 9). La Parole de Dieu nous place devant le Crucifié glorieux, de sorte que toute notre vie, et particulièrement les travaux de cette Assise synodale, se déroulent en sa présence et dans la lumière de son mystère. L’évangélisation, en tout temps et en tout lieu, a toujours comme point central et d’arrivée Jésus, le Christ, le Fils de Dieu (cf. Mc 1, 1) ; et le Crucifié est le signe distinctif par excellence de celui qui annonce l’Évangile : signe d’amour et de paix, appel à la conversion et à la réconciliation. Nous, les premiers, vénérés Frères, gardons le regard du cœur tourné vers Lui et laissons-nous purifier par sa grâce. Maintenant, je voudrais réfléchir brièvement sur la « nouvelle évangélisation », en la mettant en rapport avec l’évangélisation ordinaire et avec la mission ad gentes. L’Église existe pour évangéliser. Fidèles au commandement du Seigneur Jésus Christ, ses disciples sont allés dans le monde entier pour annoncer la Bonne Nouvelle, en fondant partout les communautés chrétiennes. Avec le temps, elles sont devenues des Églises bien organisées avec de nombreux fidèles. À des périodes historiques déterminées, la divine Providence a suscité un dynamisme renouvelé de l’activité évangélisatrice de l’Église. Il suffit de penser à l’évangélisation des peuples anglo-saxons et des peuples slaves, ou à la transmission de l’Évangile sur le continent américain, et ensuite aux époques missionnaires vers les populations de l’Afrique, de l’Asie et de l’Océanie. Sur cet arrière-plan dynamique, il me plaît aussi de regarder les deux figures lumineuses que je viens de proclamer Docteurs de l’Église : Saint Jean d’Avila et Sainte Hildegarde de Bingen. Dans notre temps, l’Esprit Saint a aussi suscité dans l’Église un nouvel élan pour annoncer la Bonne Nouvelle, un dynamisme spirituel et pastoral qui a trouvé son expression la plus universelle et son impulsion la plus autorisée dans le Concile Vatican II. Ce nouveau dynamisme de l’évangélisation produit une influence bénéfique sur deux « branches » spécifiques qui se développent à partir d’elle, à savoir, - d’une part, la Missio ad gentes, c’est-à-dire l’annonce de l’Évangile à ceux qui ne connaissent pas encore Jésus Christ et son message de salut ;
- et, d’autre part, la nouvelle évangélisation, orientée principalement vers les personnes qui, tout en étant baptisées, se sont éloignées de l’Église, et vivent sans se référer à la pratique chrétienne. L’Assemblée synodale qui s’ouvre aujourd’hui est consacrée à cette nouvelle évangélisation, pour favoriser chez ces personnes, une nouvelle rencontre avec le Seigneur, qui seul remplit notre existence de sens profond et de paix ; pour favoriser la redécouverte de la foi, source de grâce qui apporte la joie et l’espérance dans la vie personnelle, familiale et sociale. Evidemment, cette orientation particulière ne doit diminuer ni l’élan missionnaire au sens propre, ni l’activité ordinaire d’évangélisation dans nos communautés chrétiennes. En effet, les trois aspects de l’unique réalité de l’évangélisation se complètent et se fécondent réciproquement. Le thème du mariage, qui nous est proposé par l’Évangile et la première Lecture, mérite à ce propos une attention spéciale. On peut résumer le message de la Parole de Dieu dans l’expression contenue dans le Livre de la Genèse et reprise par Jésus lui-même : « à cause de cela, l’homme quittera son père et sa mère, il s’attachera à sa femme, et tous deux ne feront qu’une seule chair » (Gn 2, 24 ; Mc 10, 7-8). Qu’est-ce que cette Parole nous dit aujourd’hui ? Il me semble qu’elle nous invite à être plus conscients d’une réalité déjà connue mais peut-être pas valorisée pleinement : c’est-à-dire que le mariage en lui-même est un Evangile, une Bonne Nouvelle pour le monde d’aujourd’hui, particulièrement pour le monde déchristianisé. L’union de l’homme et de la femme, le fait de devenir « une seule chair » dans la charité, dans l’amour fécond et indissoluble, est un signe qui parle de Dieu avec force, avec une éloquence devenue plus grande de nos jours, car, malheureusement, pour diverses raisons, le mariage traverse une crise profonde justement dans les régions d’ancienne évangélisation. Et ce n’est pas un hasard. Le mariage est lié à la foi, non pas dans un sens générique. Le mariage, comme union d’amour fidèle et indissoluble, se fonde sur la grâce qui vient de Dieu, Un et Trine, qui, dans le Christ, nous a aimés d’un amour fidèle jusqu’à la Croix. Aujourd’hui, nous sommes en mesure de saisir toute la vérité de cette affirmation, en contraste avec la douloureuse réalité de beaucoup de mariages qui malheureusement finissent mal. Il y a une correspondance évidente entre la crise de la foi et la crise du mariage. Et, comme l’Église l’affirme et en témoigne depuis longtemps, le mariage est appelé à être non seulement objet, mais sujet de la nouvelle évangélisation. Cela se vérifie déjà dans de nombreuses expériences, liées à des communautés et mouvements, mais se réalise aussi de plus en plus dans le tissu des diocèses et des paroisses, comme l’a montré la récente Rencontre Mondiale des Familles. Une des idées fondamentales de la nouvelle impulsion que le Concile Vatican II a donnée à l’évangélisation est celle de l’appel universel à la sainteté, qui, comme tel, concerne tous les chrétiens (cf. Const. Lumen gentium, nn. 39-42). Les saints sont les vrais protagonistes de l’évangélisation dans toutes ses expressions. Ils sont aussi, d’une manière particulière, les pionniers et les meneurs de la nouvelle évangélisation : par leur intercession et par l’exemple de leur vie, attentive à la créativité de l’Esprit Saint, ils montrent aux personnes indifférentes et même hostiles, la beauté de l’Évangile et de la communion dans le Christ, et ils invitent les croyants tièdes, pour ainsi dire, à vivre dans la joie de la foi, de l’espérance et de la charité, à redécouvrir le « goût » de la Parole de Dieu et des Sacrements, particulièrement du Pain de vie, l’Eucharistie. Les saints et les saintes fleurissent parmi les missionnaires généreux qui annoncent la Bonne Nouvelle aux non-chrétiens, traditionnellement dans les pays de mission et actuellement en tout lieu où vivent des personnes non chrétiennes. La sainteté ne connaît pas de barrières culturelles, sociales, politiques, religieuses. Son langage – celui de l’amour et de la vérité – est compréhensible par tous les hommes de bonne volonté et les rapproche de Jésus Christ, source intarissable de vie nouvelle . Maintenant, arrêtons-nous un instant pour admirer les deux Saints qui ont été associés aujourd’hui au noble rang des Docteurs de l’Église. Saint Jean d’Avila a vécu au XVIe siècle. Grand connaisseur des Saintes Écritures, il était doté d’un ardent esprit missionnaire. Il a su pénétrer avec une profondeur singulière les mystères de la Rédemption opérée par le Christ pour l’humanité. Homme de Dieu, il unissait la prière constante à l’action apostolique. Il s’est consacré à la prédication et au développement de la pratique des sacrements, en concentrant sa mission sur l’amélioration de la formation des candidats au sacerdoce, des religieux et des laïcs, en vue d’une réforme féconde de l’Église. Importante figure féminine du XIIe siècle, Sainte Hildegarde de Bingen a offert sa précieuse contribution pour la croissance de l’Église de son temps, en valorisant les dons reçus de Dieu et en se montrant comme une femme d’une intelligence vivace, d’une sensibilité profonde et d’une autorité spirituelle reconnue. Le Seigneur l’a dotée d’un esprit prophétique et d’une fervente capacité à discerner les signes des temps. Hildegarde a nourri un amour prononcé pour la création ; elle a pratiqué la médecine, la poésie et la musique. Et surtout, elle a toujours conservé un amour grand et fidèle pour le Christ et pour son Église. Le regard sur l’idéal de la vie chrétienne, exprimé dans l’appel à la sainteté, nous pousse à considérer avec humilité la fragilité de tant de chrétiens, ou plutôt leur péché – personnel et communautaire – qui représente un grand obstacle pour l’évangélisation, et à reconnaître la force de Dieu qui, dans la foi, rencontre la faiblesse humaine. Par conséquent, on ne peut pas parler de la nouvelle évangélisation sans une disposition sincère de conversion. Se laisser réconcilier avec Dieu et avec le prochain (cf. 2 Co 5, 20) est la voie royale pour la nouvelle évangélisation. C’est, seulement, purifiés que les chrétiens peuvent retrouver la fierté légitime de leur dignité d’enfants de Dieu, créés à son image et sauvés par le sang précieux de Jésus Christ, et peuvent expérimenter sa joie afin de la partager avec tous, avec ceux qui sont proches et avec ceux qui sont loin. Chers frères et sœurs, confions à Dieu les travaux de l’Assise synodale, dans le vif sentiment de la communion des Saints, en invoquant particulièrement l’intercession des grands évangélisateurs, au nombre desquels nous voulons compter le Bienheureux Pape Jean-Paul II, dont le long pontificat a été aussi un exemple de nouvelle évangélisation. Nous nous mettons sous la protection de la Bienheureuse Vierge Marie, Etoile de la nouvelle évangélisation. Avec elle, invoquons une effusion spéciale de l’Esprit Saint ; que d’en-haut il illumine l’Assemblée synodale et la rende fructueuse pour la marche de l’Église aujourd'hui, dans notre temps. Amen. © Copyright 2012 - Libreria Editrice Vaticana | |
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| Sujet: Re: Les Docteurs de l'Eglise catholique . 21/11/2016, 23:24 | |
| https://w2.vatican.va/content/benedict-xvi/fr/audiences/2010/documents/hf_ben-xvi_aud_20100901.html 35.06 - SAINTE HILDEGARDE DE BINGEN.
Selon l'autorité théologique de SA SAINTETE, LE PAPE BENOIT XVI. AUDIENCE GÉNÉRALE. Palais pontifical de Castel Gandolfo Mercredi 1er septembre 2010 Chers frères et sœurs, En 1988, à l’occasion de l’Année mariale, le vénérable Jean-Paul II a écrit une Lettre apostolique intitulée Mulieris dignitatem, traitant du rôle précieux que les femmes ont accompli et accomplissent dans la vie de l’Eglise. «L'Eglise — y lit-on — rend grâce pour toutes les manifestations du génie féminin apparues au cours de l'histoire, dans tous les peuples et dans toutes les nations; elle rend grâce pour tous les charismes dont l'Esprit Saint a doté les femmes dans l'histoire du Peuple de Dieu, pour toutes les victoires remportées grâce à leur foi, à leur espérance et à leur amour: elle rend grâce pour tous les fruits de la sainteté féminine». (n. 31).Egalement, au cours des siècles de l’histoire que nous appelons habituellement Moyen Age, diverses figures de femmes se distinguent par la sainteté de leur vie et la richesse de leur enseignement. Aujourd’hui, je voudrais commencer à vous présenter l’une d’entre elles: sainte Hildegarde de Bingen , qui a vécu en Allemagne au XIIe siècle. Elle naquit en 1098 en Rhénanie, probablement à Bermersheim, près d’ Alzey, et mourut en 1179, à l’âge de 81 ans, en dépit de ses conditions de santé depuis toujours fragiles. Hildegarde appartenait à une famille noble et nombreuse, et dès sa naissance, elle fut vouée par ses parents au service à Dieu. A l’âge de huit ans, elle fut offerte à l’état religieux (selon la Règle de saint Benoît, chap. 59) et, afin de recevoir une formation humaine et chrétienne appropriée, elle fut confiée aux soins de la veuve consacrée Uda de Göllheim puis de Judith de Spanheim, qui s’était retirée en clôture dans le monastère bénédictin Saint-Disibod. C’est ainsi que se forma un petit monastère féminin de clôture, qui suivait la Règle de saint Benoît. Hildegarde reçut le voile des mains de l’évêque Othon de Bamberg et en 1136, à la mort de mère Judith, devenue magistra (Prieure) de la communauté, ses concours l’appelèrent à lui succéder. Elle accomplit cette charge en mettant à profit ses dons de femme cultivée, spirituellement élevée et capable d’affronter avec compétence les aspects liés à l’organisation de la vie de clôture. Quelques années plus tard, notamment en raison du nombre croissant de jeunes femmes qui frappaient à la porte du monastère, Hildegarde se sépara du monastère masculin dominant de Saint-Disibod avec la communauté à Bingen, dédiée à saint Rupert, où elle passa le reste de sa vie. Le style avec lequel elle exerçait le ministère de l’autorité est exemplaire pour toute communauté religieuse: celui-ci suscitait une sainte émulation dans la pratique du bien, au point que, comme il ressort des témoignages de l’époque, la mère et les filles rivalisaient de zèle dans l’estime et le service réciproque. Déjà au cours des années où elle était magistra du monastère Saint-Disibod, Hildegarde avait commencé à dicter ses visions mystiques, qu’elle avait depuis un certain temps, à son conseiller spirituel, le moine Volmar, et à sa secrétaire, une consœur à laquelle elle était très attachée Richardis de Strade. Comme cela est toujours le cas dans la vie des véritables mystiques, Hildegarde voulut se soumettre aussi à l’autorité de personnes sages pour discerner l’origine de ses visions, craignant qu’elles soient le fruit d’illusions et qu’elles ne viennent pas de Dieu. Elle s’adressa donc à la personne qui, à l’époque, bénéficiait de la plus haute estime dans l’Eglise: saint Bernard de Clairvaux, dont j’ai déjà parlé dans certaines catéchèses. Celui-ci rassura et encouragea Hildegarde. Mais en 1147, elle reçut une autre approbation très importante. Le Pape Eugène III, qui présidait un synode à Trèves, lut un texte dicté par Hildegarde, qui lui avait été présenté par l’archevêque Henri de Mayence. Le Pape autorisa la mystique à écrire ses visions et à parler en public. A partir de ce moment, le prestige spirituel d’Hildegarde grandit toujours davantage, d’autant plus que ses contemporains lui attribuèrent le titre de «prophétesse teutonique». Tel est, chers amis, le sceau d’une expérience authentique de l’Esprit Saint, source de tout charisme: la personne dépositaire de dons surnaturels ne s’en vante jamais, ne les affiche pas, et surtout, fait preuve d’une obéissance totale à l’autorité ecclésiale. En effet, chaque don accordé par l’Esprit Saint est destiné à l’édification de l’Eglise, et l’Eglise, à travers ses pasteurs, en reconnaît l’authenticité. Je parlerai encore une fois mercredi prochain de cette grande femme «prophétesse», qui nous parle avec une grande actualité aujourd’hui aussi, à travers sa capacité courageuse à discerner les signes des temps, son amour pour la création, sa médecine, sa poésie, sa musique, qui est aujourd’hui reconstruite, son amour pour le Christ et pour son Eglise, qui souffrait aussi en ce temps-là, blessée également à cette époque par les péchés des prêtres et des laïcs, et d’autant plus aimée comme corps du Christ. Ainsi, sainte Hildegarde nous parle-t-elle; nous l’évoquerons encore mercredi prochain. Merci pour votre attention. * * * Je salue avec joie les pèlerins francophones, en particulier l’aumônerie des jeunes travailleurs du Golfe de Saint Tropez. À la suite de Sainte Hildegarde dont je parlerai plus amplement prochainement, puissiez-vous, chers frères et sœurs, vous laisser instruire par l’Esprit Saint. Vous découvrirez alors les dons que le Seigneur vous fait pour le service de l’Église et du monde entier. Bon pèlerinage à tous et bonne rentrée à ceux qui vont reprendre leur travail ou le chemin des études. Je pense particulièrement aux enfants et aux jeunes. © Copyright 2010 - Libreria Editrice Vaticana | |
| | | Claude Coowar
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| Sujet: Re: Les Docteurs de l'Eglise catholique . 21/11/2016, 23:47 | |
| https://w2.vatican.va/content/benedict-xvi/fr/audiences/2010/documents/hf_ben-xvi_aud_20100908.html 35.07 - SAINTE HILDEGARDE DE BINGEN. Selon l'autorité théologique de SA SAINTETE, LE PAPE BENOÎT XVI. AUDIENCE GÉNÉRALE. Salle Paul VI Mercredi 8 septembre 2010 Chers frères et sœurs, Je voudrais aujourd’hui reprendre et poursuivre la réflexion sur sainte Hildegarde de Bingen, figure importante de femme au Moyen âge, qui se distingua par sa sagesse spirituelle et la sainteté de sa vie. Les visions mystiques d’Hildegarde ressemblent à celles des prophètes de l’Ancien Testament: s’exprimant à travers les expressions culturelles et religieuses de son époque, elle interprétait à la lumière de Dieu les Saintes Ecritures, les appliquant aux diverses circonstances de la vie. Ainsi, tous ceux qui l’écoutaient se sentaient exhortés à pratiquer un style d’existence chrétienne cohérent et engagé. Dans une lettre à saint Bernard, la mystique de Rhénanie confesse : « La vision envahit tout mon être : je ne vois plus avec les yeux du corps, mais elle m’apparaît dans l’esprit des mystères... Je connais la signification profonde de ce qui est exposé dans le psautier, dans l’Evangile, et d’autres livres, qui m’apparaissent en vision. Celle-ci brûle comme une flamme dans ma poitrine et dans mon âme, et m’enseigne à comprendre en profondeur le texte ». (Epitolarium pars prima I-XC : CCCM 91).Les visions mystiques d’Hildegarde sont riches de contenus théologiques. Elles font référence aux événements principaux de l’histoire du salut, et adoptent un langage principalement poétique et symbolique. Par exemple, dans son œuvre la plus célèbre, intitulée Scivias, c’est-à-dire « Connais les voies », elle résume en trente-cinq visions les événements de l’histoire du salut, de la création du monde à la fin des temps. Avec les traits caractéristiques de la sensibilité féminine, Hildegarde, précisément dans la partie centrale de son œuvre, développe le thème du mariage mystique entre Dieu et l’humanité réalisé dans l’Incarnation. Sur l’arbre de la Croix s’accomplissent les noces du Fils de Dieu avec l’Eglise, son épouse, emplie de grâce et rendue capable de donner à Dieu de nouveaux fils, dans l’amour de l’Esprit Saint (cf. Visio tertia : PL 197, 453c).A partir de ces brèves évocations, nous voyons déjà que la théologie peut également recevoir une contribution particulière des femmes, car elles sont capables de parler de Dieu et des mystères de la foi à travers leur intelligence et leur sensibilité particulières. J’encourage donc toutes celles qui accomplissent ce service à l’accomplir avec un profond esprit ecclésial, en nourrissant leur réflexion à la prière et en puisant à la grande richesse, encore en partie inexplorée, de la tradition mystique médiévale, surtout celle représentée par des modèles lumineux, comme le fut précisément Hildegarde de Bingen. La mystique rhénane est aussi l'auteur d'autres écrits, dont deux particulièrement importants parce qu'ils témoignent, comme le Scivias, de ses visions mystiques : ce sont le Liber vitae meritorum (Livre des mérites de la vie) et le Liber divinorum operum (Livre des œuvres divines), appelé aussi De operatione Dei. Dans le premier est décrite une unique et vigoureuse vision de Dieu qui vivifie l’univers par sa force et sa lumière. Hildegarde souligne la profonde relation entre l'homme et Dieu et nous rappelle que toute la création, dont l'homme est le sommet, reçoit la vie de la Trinité. Cet écrit est centré sur la relation entre les vertus et les vices, qui fait que l'être humain doit affronter chaque jour le défi des vices, qui l'éloignent dans son cheminement vers Dieu et les vertus, qui le favorisent. L'invitation est de s'éloigner du mal pour glorifier Dieu et pour entrer, après une existence vertueuse, dans la vie « toute de joie ». Dans la seconde œuvre, considérée par beaucoup comme son chef-d'œuvre, elle décrit encore la création dans son rapport avec Dieu et la place centrale de l’homme, en manifestant un fort christocentrisme aux accents bibliques et patristiques. La sainte, qui présente cinq visions inspirées par le Prologue de l'Evangile de saint Jean, rapporte les paroles que le Fils adresse au Père : « Toute l’œuvre que tu as voulue et que tu m'as confiée, je l'ai menée à bien, et voici que je suis en toi, et toi en moi, et que nous sommes un ». (Pars III, Visio X: PL 197, 1025a). Dans d’autres écrits, enfin, Hildegarde manifeste la versatilité des intérêts et la vivacité culturelle des monastères féminins du Moyen âge, à contre-courant des préjugés qui pèsent encore sur l'époque. Hildegarde s'occupa de médecine et de sciences naturelles, ainsi que de musique, étant dotée de talent artistique. Elle composa aussi des hymnes, des antiennes et des chants, réunis sous le titre de Symphonia Harmoniae Caelestium Revelationum (Symphonie de l'harmonie des révélations célestes), qui étaient joyeusement interprétés dans ses monastères, diffusant un climat de sérénité, et qui sont également parvenus jusqu'à nous. Pour elle, la création tout entière est une symphonie de l'Esprit Saint, qui est en soi joie et jubilation.
La popularité dont Hildegarde jouissait poussait de nombreuses personnes à l’interpeller. C’est pour cette raison que nous disposons d’un grand nombre de ses lettres. Des communautés monastiques masculines et féminines, des évêques et des abbés s’adressaient à elle. De nombreuses réponses restent valable également pour nous. Par exemple, Hildegarde écrivit ce qui suit à une communauté religieuse féminine: «La vie spirituelle doit faire l’objet de beaucoup de dévouement. Au début, la fatigue est amère. Car elle exige la renonciation aux manifestations extérieures, au plaisir de la chair et à d’autres choses semblables. Mais si elle se laisse fasciner par la sainteté, une âme sainte trouvera doux et plein d’amour le mépris même du monde. Il suffit seulement, avec intelligence, de faire attention à ce que l’âme ne se fane pas ». (E. Gronau, Hildegard. Vita di una donna profetica alle origini dell’ età moderna, Milan 1996, p. 402). Et lorsque l’empereur Frédéric Barberousse fut à l’origine d’un schisme ecclésial opposant trois antipapes au Pape légitime Alexandre III, Hildegarde, inspirée par ses visions, n’hésita pas à lui rappeler qu’il était lui aussi sujet au jugement de Dieu. Avec l’audace qui caractérise chaque prophète, elle écrivit à l’empereur ces mots de la part de Dieu: «Attention, attention à cette mauvaise conduite des impies qui me méprisent! Prête-moi attention, ô roi, si tu veux vivre! Autrement mon épée te transpercera ! ». (Ibid., p. 142).Avec l’autorité spirituelle dont elle était dotée, au cours des dernières années de sa vie, Hildegarde se mit en voyage, malgré son âge avancé et les conditions difficiles des déplacements, pour parler de Dieu aux populations. Tous l’écoutaient volontiers, même lorsqu’elle prenait un ton sévère: ils la considéraient comme une messagère envoyée par Dieu. Elle rappelait surtout les communautés monastiques et le clergé à une vie conforme à leur vocation. De manière particulière, Hildegarde s’opposa au mouvement des cathares allemands. Ces derniers — littéralement cathares signifie «purs» — prônaient une réforme radicale de l’Eglise, en particulier pour combattre les abus du clergé. Elle leur reprocha sévèrement de vouloir renverser la nature même de l’Eglise, en leur rappelant qu’un véritable renouvellement de la communauté ecclésiale ne s’obtient pas tant avec le changement des structures, qu’avec un esprit de pénitence sincère et un chemin actif de conversion. Il s’agit là d’un message que nous ne devrions jamais oublier. Invoquons toujours l’Esprit Saint afin qu’il suscite dans l’Eglise des femmes saintes et courageuses, comme sainte Hildegarde de Bingen, qui, en valorisant les dons reçus par Dieu, apportent leur contribution précieuse et spécifique à la croissance spirituelle de nos communautés! * * * Je salue les pèlerins francophones présents particulièrement les pèlerins venus de Metz et de Saint Just d’Arbois. Je ne désire pas oublier le Secrétaire et les membres de l’Assemblée Parlementaire du Conseil de l’Europe qui ont tenu à être présent ce matin, ainsi que des membres de l’association des retraités du Ministère des Affaires Etrangères. Puissiez-vous à l’exemple de sainte Hildegarde continuer à chercher Dieu! Bon pèlerinage à tous! MESSAGE VIDÉO POUR LA VISITE AU ROYAUME-UNI J’attends avec beaucoup de plaisir ma visite au Royaume-Uni dans une semaine, et j’adresse des salutations sincères à tout le peuple de Grande-Bretagne. Je suis conscient qu’un immense travail a été accompli en vue de la préparation de ma visite, non seulement par la communauté catholique, mais par le gouvernement, les autorités locales en Ecosse, à Londres et à Birmingham, les moyens de communications et les services de sécurité, et je voudrais dire combien j’apprécie les efforts qui ont été accomplis afin de garantir que les divers événements au programme soient des célébrations véritablement joyeuses. Je remercie avant tout les innombrables personnes qui ont prié pour le succès de cette visite et pour une abondante effusion de la grâce de Dieu sur l’Eglise et sur les habitants de votre nation. Ce sera en particulier une joie pour moi de béatifier le vénérable John Henry Newman à Birmingham, le dimanche 19 septembre. Cet Anglais remarquable a vécu une vie sacerdotale exemplaire et, à travers ses écrits, a apporté une contribution durable à l’Eglise et à la société dans son pays natal et dans de nombreuses autres parties du monde. Je forme le vœu et la prière que toujours plus de personnes bénéficient de sa sagesse et soient inspirées par son exemple d’intégrité et de sainteté de vie. J’attends avec plaisir de rencontrer les représentants des nombreuses et diverses traditions religieuses et culturelles, qui composent la population britannique, ainsi que les responsables civils et politiques. Je suis profondément reconnaissant à Sa Majesté la reine et à Sa Grâce l’archevêque de Canterbury de me recevoir, et j’attends avec plaisir de les rencontrer. Tandis que je regrette de ne pouvoir visiter de nombreux lieux et rencontrer de nombreuses personnes, je vous assure tous de mes prières. Dieu bénisse le peuple du Royaume-Uni! © Copyright 2010 - Libreria Editrice Vaticana | |
| | | Claude Coowar
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| Sujet: Re: Les Docteurs de l'Eglise catholique . 22/11/2016, 13:56 | |
| http://home.scarlet.be/amdg/oldies/sankt/gregoire-narek.html 36.01 - SAINT GREGOIRE DE NAREK.
BIOGRAPHIE: RECUEIL DE TEXTES ET PRIERES. 25 Février: [Note JMD : n'ayant pas pu trouver une vie complète, j'ai repris ce qui est disponible en français sur Internet. Les prières du saints sont, à mon humble avis, la meilleure manière de comprendre sa vie et son chemin de Foi.] SAINT GREGOIRE DE NAREK, MOINE (+ 1010) Fêté en Arménie le 25 février. ________________________________________ SAINT GREGOIRE DE NAREK (940/950 - 1003/1010) L'existence entière de Grégoire de Narek s'inscrit " dans un cercle minuscule " et nous connaissons très peu de la vie du grand mystique et poète arménien. Né entre 940 et 950 aux environs du lac de Van (aujourd’hui en Turquie orientale), Grégoire perdit sa mère alors qu'il était en bas âge et fut placé avec son frère Jean au monastère de Narek, situé dans la même région. Le supérieur du monastère n'était autre que son grand-oncle maternel, Ananie, surnommé " le Philosophe ". Leur père, Khosrow le Grand, fut ordonné prêtre, puis élu évêque d'Antsévatsik, où il se fit aider par son fils aîné Isaac, devenu copiste. Khosrow le Grand composa plusieurs oeuvres, dont une Explication des prières de la Liturgie et un Commentaire sur l'office récité dans l'Eglise. Grégoire et Jean reçurent de leur grand-oncle Ananie, renommé pour sa science et sa sainteté, une instruction très solide. Formé à la théologie ainsi qu'à la langue et à la littérature grecques, Grégoire étudia également l'architecture, les mathématiques, l'astronomie et la médecine avec une prédisposition qui lui valut d'être considéré très tôt comme savant. L'usage qu'il fit de la prose rythmée, ponctuées de rimes intérieures, indique qu'il connaissait en outre la poésie arabe. Ordonné prêtre, il consacra une partie de son temps à l'instruction d'autres religieux au monastère de Narek et il entama une œuvre littéraire considérable. Il mena au monastère une vie toute d'humilité et de charité, partagé entre le travail et la prière, animée d'un amour ardent pour le Christ et la Mère de Dieu. La renommée de sa science et de la sainteté de sa vie se répandit à travers toute l'Arménie ; les évêques lui demandèrent des traités et des panégyriques, les rois des explications de la Bible, le peuple des sermons et des hymnes, les moines un livre de prières. Son œuvre est constituée - d'une vingtaine d'hymnes et d'odes, - d'un commentaire sur le Cantique des Cantiques, - d'une Histoire de la Croix d'Aparanq, - de plusieurs panégyriques (de la sainte Croix, - de la sainte Vierge, - des Apôtres et des 72 Disciples et de saint Jacques de Nisibe), - de trois discours sous forme de prières liturgiques (Sur la venue du Saint Esprit, Sur la sainte Eglise, et Sur la sainte Croix qui a porté Dieu), - de plusieurs sermons, ainsi que le Livres des prières. Ses écrits le rendirent célèbre de son vivant dans toute l'Arménie. Sa renommée lui valut d'être considérée comme une haute autorité que les partisans et les opposants à la christologie chalcédonienne tentèrent de se concilier. Dépeint par les uns comme un chalcédonien persécuté pour sa foi, et par les autres, comme le champion de la christologie arménienne, il est plus probable que Grégoire eut la sagesse de ne pas alimenter les polémiques politico-christologiques. Les sources historiographiques étant contradictoires, seule son œuvre permet une appréciation de son approche christologique, laissant apparaître que Grégoire "s'intéressait moins aux formules dogmatiques qu'à la ferveur de la foi qui s'y exprimait", mais qu'il n'en maintenait pas moins fermement "les positions christologiques de son Eglise" (J.-P. Mahé, Grégoire de Narek : Tragédie - Le Livre de lamentations, CSCO, Louvain, 2000, p. 83-84).Son Livre des prières (ou Elégies sacrées, ou encore Livre des lamentations) est considéré comme son chef-d’œuvre et l'une des œuvres littéraires les plus remarquables du patrimoine mondial. En 95 prières, Grégoire exprime tour à tour le sens du péché, la pénitence, la miséricorde divine, la lutte spirituelle, la vie mystique et l'action de grâce, tout dans un bouleversant dialogue avec le Seigneur, qui n'est pas sans évoquer l'intensité des psaumes. Avec un sentiment aigu de la misère humaine due au péché, face à la sainteté et la majesté divines, Grégoire manifeste l'envolée mystique d'un coeur épris de Dieu, un coeur qui aspire à être inséparablement uni à Dieu. Le Livre de prières, souvent appelé simplement " Narek ", est vénéré par les fidèles depuis un millénaire ; il constitua longtemps la base de l'instruction en Arménie et certaines prières sont entrées dans la Liturgie. Grégoire mourut entre 1003 et 1010 dans ce même monastère où son frère Jean et lui avaient été introduits dans leur enfance. Dès le XIIe siècle, on l'appela " Ange revêtu d'un corps ". source : http://www.eglise-armenienne.com/Hagiologie/Saints_armeniens/Gregoire_Narek.htm ________________________________________ http://eocf.free.fr (site de l'Eglise Copte-Orthodoxe en France) Ce saint moine vécut de 944 à 1010 environ au monastère de Narek sur la rive sud du lac de Van (actuellement en Turquie). Son père, veuf, était devenu évêque alors que Grégoire et ses frères étaient encore dans leur très jeune âge. Ils furent donc confiés aux soins du monastère où ils vécurent, semble-t-il, toute leur vie. On ne connaît guère de détails de la vie de saint Grégoire. Il devint prêtre et peut-être higoumène de son monastère. Il eut, d'après le synaxaire arménien une grande influence comme réformateur de son monastère ce qui lui valut quelques ennuis avec les autorités allant jusqu'à le faire soupçonner d'hérésie comme le montre cette gracieuse légende : "Les évêques et les princes envoyèrent une délégation d'hommes sûrs auprès de Grégoire afin qu'ils l'amènent à leur tribunal pour être interrogé sur sa foi. Les délégués arrivés à Narek, Grégoire comprit immédiatement leurs intentions. Il leur dit : « Mettons-nous d'abord à table, avant de prendre la route ». Il fait rôtir deux pigeons et les place devant ses hôtes. Or c'était un vendredi. Ceux-ci, scandalisés, furent plus convaincus que jamais que ce qu'on rapportait de Grégoire était vrai. Ils lui dirent donc : « Maître n'est-ce pas vendredi aujourd'hui ? ». Le Saint, comme s'il l'ignorait, leur répond : « Excusez-moi, mes frères ». Et se tournant vers les pigeons : « Levez-vous, dit-il, retournez à votre volière, car aujourd'hui c'est jour d'abstinence ». Et les oiseaux, retrouvant vie et plumes, s'envolèrent. A ce spectacle, les envoyés tombèrent aux pieds du saint pour lui demander pardon. Et ils s'en furent raconter le prodige à ceux qui les avaient délégués ». Le "testament spirituel" de saint Grégoire de Narek, ses 2 dernières prières : http://eocf.free.fr/compression/elegies_spirituelles_1.pdf ================= http://nominis.cef.fr/index.php?page=st&x1=5899&PHPSESSID=2478625a4b23689bbd8a4fd7cb5f2288 Saint Grégoire de Narek Moine au monastère de Narek, en Arménie (+ 1010) Se fête le 29 février, Fête Locale Grégoire Né en Arménie près du lac de Van, le jeune Grégoire perd sa mère et son père décide d'entrer au couvent, confiant son garçon au monastère de Narek, où il est élevé par son grand-oncle. Passionné pour l'étude, le jeune moine lit les Pères de l'Eglise arménienne ainsi que les traductions des Pères grecs. Des jaloux l'accusent d'hérésie. Pour lui tendre un piège, on lui apporte un pâté, un jour de jeûne. Il rend la liberté aux oiseaux cuits et ceux-ci s'envolent emportant avec eux sa réputation d'hérétique. Sa renommée se répand. On lui demande de nombreux écrits. Actuellement encore, ses "Elégies sacrées" où s'exprime son expérience mystique, constituent le principal livre de prière de l'Eglise arménienne. ======================== "Si je fixe les yeux en observant le spectacle du double risque le jour de la misère, puissé-je voir ton salut ô Espérance providentielle! Si je tourne le regard vers le haut vers le sentier terrifiant qui atteint tout, que vienne à ma rencontre avec douceur ton ange de paix!" Le livre des lamentations, Parole II, b, ed. Studium, 1999, p. 164-65 ======================= http://www.clio.fr/PAYS/PRESENTATION/?PAY_N_ID=49&libelle_pays=G%E9orgie La nouveauté la plus sensationnelle est la découverte d'un palimpseste du Xe siècle (c'est-à-dire un parchemin deux fois utilisé), dont la couche inférieure recèle un texte dans une langue jusqu'alors inconnue, celle des Albaniens du Caucase, au nord de l'Azerbaïdjan, jadis convertis au christianisme et dotés d'une écriture en même temps que les Arméniens. Il se trouve que leur langue est apparentée à celle des Udis, une population caucasienne que les ethnologues géorgiens avaient étudiée à partir des années 80. On va donc pouvoir ressusciter la troisième culture antique du Caucase que l'on croyait morte depuis longtemps. Du côté arménien, je compte publier cette année, en traduction française, l'oeuvre du grand poète de l'an mille, saint Grégoire de Narek. Dans sa Comédie humaine, Balzac rêvait de faire concurrence à l'état civil. Grégoire de Narek conçoit un projet beaucoup plus hardi : il veut supprimer le Jugement dernier ou, du moins le rendre inutile en confessant d'un coup tous les péchés des hommes, depuis Adam et Eve jusqu'à leurs derniers descendants. Son œuvre est aussi puissante que les Confessions d'Augustin ou la Divine Comédie de Dante. Mais elle est unique dans la littérature mondiale, absolument originale. On ne peut la comparer qu'à une église arménienne, avec son narthex où l'on confesse ses fautes, son sanctuaire où l'on professe la foi, et son autel où l'on communie aux mystères. À la différence des temples de pierre construits à grands frais par les princes, c'est une église entièrement spirituelle et gratuite. Il suffit de lire le livre pour la bâtir et pour l'offrir à Dieu. Inutile de payer des honoraires de messes : les voix ferventes de générations de lecteurs de tous les siècles et de toutes les nations suffiront à la faire retentir d'un hymne d'adoration perpétuelle. En élucidant ce chef-d’œuvre, j'ai parcouru l'histoire du monachisme arménien paradoxalement moins communautaire et plus universaliste que les ordres religieux d'Occident. J'ai analysé une forme de confession comparable aux rituels du manichéisme et de l'Avesta. J'ai découvert une forme orientale de connaissance de soi, où la personne authentique n'est pas l'individu singulier, abîmé par ses fautes et par les malheurs de la vie, mais une réplique, épurée par l'examen de conscience, de l'homme premier créé, du modèle des origines. Depuis 1978, je participe régulièrement sur France 2 à l'émission mensuelle « Chrétiens orientaux », ce qui m'a donné l'occasion de présenter un grand nombre de monuments et de sites archéologiques arméniens et géorgiens, des miniatures, des manuscrits et des œuvres littéraires. Il y a aussi des émissions radiophoniques le dimanche matin sur France Culture. ======================= http://www.eleves.ens.fr/aumonerie/seneve/toussaint02/seneve2005.html Prière de Saint Grégoire de Narek proposée par Clément Meunier Saint Grégoire de Narek est le grand auteur mystique que l'Église d'Arménie a donné à la tradition chrétienne. Il a vécu à la charnière des dixième et onzième siècles et les églises de tradition arménienne le fêtent le 25 février. Son œuvre la plus célèbre est son recueil de Prières dont la liturgie arménienne a tiré trois extraits qui sont utilisés l'un lors du Sacrifice de la messe, l'autre dans la prière des Complies et le dernier comme prière à lire sur les malades. Autre signe de l'influence durable de ces prières sur les Arméniens: jusqu'à la fin du dix-neuvième siècle, après avoir appris l'alphabet et lu les Psaumes, les élèves en recevaient un exemplaire et devaient en apprendre de larges extraits par coeur... La traduction ici présentée est celle du Père Kechichian, publiée dans la collection des Sources chrétiennes. Les thèmes principaux de l'oeuvre de S. Grégoire sont - la solidarité dans le péché, - la confiance en la Miséricorde divine malgré la nécessité absolue du combat spirituel, - et, enfin, l'amour de la vie mystique. L'alliance qu'il réalise entre la pureté de la foi (on dit même que le monastère de Narek était l'un de ceux qui, dans une Arménie qualifiée un peu rapidement de monophysite, tenaient pour la doctrine chalcédonienne de la double nature) et d'une expression poétique vigoureuse font de lui le frère arménien de S. Jean de la Croix. Le passage que nous vous présentons vient juste après un examen de conscience particulièrement douloureux qui a mené l'auteur au bord du désespoir . C'est l'une des seules prières du recueil qui s'adresse à la Très Sainte Vierge Marie. I - « A présent (...) c'est toi que je supplie, Sainte Mère de Dieu.
Ange issu des hommes, Chérubin revêtu d'une chair visible, Reine du ciel, limpide comme l'air, pure comme la lumière, immaculée telle une fidèle image de l'Etoile du matin au plus haut point de son essor. Ô plus sacrée que la Demeure impénétrable du Saint des Saints, Lieu de l'heureuse Promesse, vivant Eden, Arbre de la Vie immortelle, gardé de tous côtés par l'épée flamboyante.
Toi qui a été fortifiée et protégée par le Père Très-haut, préparée et consacrée par l'Esprit qui s'est reposé sur toi, embellie par le Fils qui a habité en toi et qui t'a rendue son Tabernacle : le Fils unique du Père est devenu ton Premier-né, ton fils par la naissance et ton Seigneur par la création. En ta pureté sans souillure et sans tache, tu es bonne ; en ta sainteté immaculée, tu es une avocate tutélaire. Reçois de moi cette prière de supplication, présente-la, offre-la à Dieu (...), entrelace et unis en elle mes soupirs amers de pécheur avec tes demandes bienheureuses au parfum d'encens, ô plante de vie du Fruit de bénédiction, afin que par toi toujours secouru et comblé de tes bienfaits, ayant trouvé refuge et lumière auprès de ta sainte Maternité, je vive pour le Christ ton Fils et Seigneur. II - Assiste-moi par les ailes de tes prières, ô toi que l'on proclame Mère des vivants, afin que à ma sortie de cette vallée terrestre, je puisse sans tourment marcher vers ta demeure de vie qui nous a été préparée, afin que soit rendue légère la fin de cette vie alourdie par mon iniquité. Change pour moi en fête d'allégresse mon jour d'angoisse, guérisseuse des blessures d’Eve ! Sois mon avocate, demande, supplie : car comme je crois à ta pureté indicible, voici que je crois aussi au bon accueil qui est fait à ta parole.
De tes larmes, aide-moi, moi qui suis dans le péril, ô Toi, bénie entre les femmes, Fléchis les genoux pour obtenir ma réconciliation, ô Toi, Mère de Dieu, Aie souci de moi qui suis malheureux, ô Tabernacle du Très-haut, Tends-moi la main dans ma chute, ô Temple céleste.
Glorifie ton Fils en toi : qu'il daigne opérer divinement en moi le miracle du pardon et de la miséricorde, Servante et Mère de Dieu : que ton honneur soit exalté par moi, et que mon salut soit manifesté par toi ! III - (Il en sera ainsi) si tu réussis à me retrouver, ô Mère du Seigneur ; si tu as pitié de moi, ô Sainte ; si dans ma perdition tu me recouvres, ô Immaculée ; Si dans ma frayeur tu m'accueilles, ô Bienheureuse ; si, dans la honte où je suis, tu me fais approcher, ô Toute-Gracieuse ; si, coupé que je suis de tout espoir, pour moi tu intercèdes, Vierge toujours sainte; Si de l'exil tu me fais entrer dans la Famille, ô toi que Dieu a exaltée ; si à mon égard tu montres ta compassion, Toi qui romps les liens de la malédiction ; Si dans mon agitation tu me tranquillises, ô Repos ; si le trouble de mes émotions, tu le changes en paix, ô Pacificatrice ; Si de mon égarement tu me donnes le moyen de revenir, ô Louée ; si pour ma défense, tu entres en lice, toi qui fais reculer la mort ; Si mes amertumes, tu les adoucis, ô Suavité ; si tu abolis la distance qui me sépare de Dieu, ô Réconciliation ; Si mes impuretés, tu les enlèves, ô toi qui foules aux pieds la corruption ; si, livré que je suis à la mort, tu me délivres, ô Vivante Lumière ; Si la voix de mes sanglots, d'un seul coup tu l'arrêtes, ô Allégresse ; si, alors que je suis terrassé, tu me redonnes de la vigueur, ô Remède de vie ; Si dans ma ruine tu jettes un regard sur moi, ô Pleine de l’Esprit ; si avec miséricorde tu viens à ma rencontre, toi qui en legs nous fut donnée.
Ô toi, qui n'es bénie que par les lèvres immaculées des bouches bienheureuses, voici qu'une seule goutte de ton lait virginal, tombée en pluie sur mon âme, me redonne force et vie, ô toi, Mère du Très-haut Seigneur Jésus, Créateur du ciel et de la terre entière, que d'une manière indicible tu as enfanté avec toute son humanité et toute sa divinité, Lui qui est glorifié avec le Père et l'Esprit-Saint en son Essence et en notre nature qu'il s'est unie d'une manière inscrutable, Lui qui est tout et en toutes choses, Un de la Trinité.
A lui gloire dans les siècles des siècles !
Amen ». Sources chrétiennes n.78, 428---432.======================= http://www.spiritualite-chretienne.com/prieres/priere_2.html#11 Tu me rends ma beauté première, Ami des hommes, Sauveur béni, loué, exalté ! Refuge solide, abri sûr, bonté qui exclus toute méchanceté, Toi qui pardonnes le péché et qui guéris toute blessure, Toi qui peux réaliser l'impossible et qui atteins l'inaccessible, O Route de vie, Toi qui es le premier guide dans la voie de l'Amour, Toi qui me conduis avec douceur dans ma marche vers la Lumière, Toi qui me donnes confiance et ne m'abandonnes pas dans mes chutes, Clarté sans ombre, Toi qui m'enveloppes et me couvres dans ma misère, Toi qui m'illumines des rayons de ta grandeur infinie, Toi qui me rends glorieux à nouveau dans ta Lumière, Toi qui me renouvelles et me rends ma beauté première, donne-nous d'avoir part à ta Joie infinie, recréés dans une pureté nouvelle pour reproduire ton Image inaltérable. Grégoire de Narek (X° siècle)=============================== http://viacrucis.free.fr/prieres/mere.html Prière à la Mère de Dieu par Saint Grégoire de Narek (951-1003) Toi qui a été fortifiée et protégée par le Père très haut, préparée et consacrée par l'Esprit Saint qui s'est reposé sur toi, embellie par le fils qui habita en toi. Accueille cette prière et présente la à Dieu.
Ainsi par toi toujours secouru et comblé de tes bienfaits, aillant trouvé refuge et lumière près de toi, je vivrai pour le Christ, ton fils et Seigneur.
Sois mon avocate, demande et supplie ; comme je crois à ton indicible pureté, je crois au bon accueil qui est fait à ta parole.
Il en sera ainsi, ô Mère du Seigneur, si dans ma recherche incertaine tu m'accueilles, ô toi toute disponible, Si dans mon agitation tu me tranquillises, ô toi qui es repos, si le trouble de mes passions tu le changes en paix, ô Pacificatrice, Si mes amertumes tu les adoucis, ô toi qui es douceur, Si mes impuretés, tu les enlèves, ô toi qui as surmonté toute corruption, Si mes sanglots, tu les arrêtes, ô Allégresse.
Je te le demandes, Mère du Très Haut Seigneur Jésus, lui que tu as enfanté Homme et Dieu à la fois, Lui qui aujourd'hui glorifié par le Père et le Saint Esprit, Lui qui est tout et en toutes choses.
A Lui soit la Gloire, dans les siècles des siècles.
Amen.
http://www.amdg.be Retranscription du texte des "Petits Bollandistes", 7ième édition, Bar-le-Duc 1876 : ________________________________________ que les saints Anges du Seigneur veillent sur vous! Jean-Michel ________________________________________ | |
| | | Claude Coowar
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| Sujet: Re: Les Docteurs de l'Eglise catholique . 22/11/2016, 14:23 | |
| http://leparvisleblog.canalblog.com/archives/2012/12/06/25757629.html 36.02 - SAINT GREGOIRE DE NAREK.
INTERVENTION DU DOCTEUR RAFFI DELANIAN AU CONCILE OEUCUMENIQUE DE MARSEILLE. Le docteur Raffi DELANIAN, Délégué de l’Eglise Arménienne Apostolique au Comité Œcuménique de Marseille, était l’invité ce 27 novembre du Parvis du Protestantisme pour parler de Grégoire de Narek, poète et philosophe d’Arménie du 11ème siècle dans le cadre de « La poésie comme le langage de la mystique ». Frédéric KELLER animait ce débat. Avant de parler de ce grand poète, « l’Illuminateur », Raffi DELANIAN a brièvement évoqué l’histoire de l’Arménie, trop riche historiquement et religieusement pour ne connaitre qu’un petit débat. Ce n’était d’ailleurs pas le sujet. Ne résistons pas toutefois à écrire quelques lignes sur l’histoire de l’Arménie. L'Arménie actuelle n'est qu'une petite partie de la Grande Arménie, dont l'histoire témoigne de la fidélité d'une nation qui fut la première à adopter officiellement le christianisme. Car avant Rome, avant Akxoum, l'Arménie s'est proclamée pays chrétien en l'année 301 . L'Arménie, c’est tout à la fois une terre, meurtrie dans les siècles d'histoire, un peuple, et un sentiment religieux, une adhésion spirituelle qui se confondent avec l'identité patriotique, aujourd'hui ressoudée par le génocide (c’en est un, n’en déplaise aux Turcs) dont ce peuple fut victime lors de la première guerre mondiale. Très isolée, coincée, entre les Byzantins et les Perses, tantôt sous la domination des uns tantôt sous celle des autres, elle a connu de nombreux envahisseurs, mais elle leur a toujours résisté comme ce fut le cas lors des invasions mongoles. Son histoire est marquée par la bataille d'Avarayr ou d'Avaraïr, connue également sous le nom de bataille de Vartanantz, une des grandes batailles de l'histoire de l'Arménie. Elle a opposé le 26 mai 451 les rebelles arméniens menés par Vardan Mamikonian et leurs suzerains sassanides. Bien que les Perses soient victorieux, les Arméniens réussissent à assurer leur indépendance religieuse. « On va être les piliers de la foi, le rempart de l’occident et c’est une victoire spirituelle » . Le docteur Raffi DELANIAN, qui se dit avec humour « spécialiste de rien », a écrit une très belle thèse sur l’Arménie. Ce préambule établi, passons à Grégoire de Narek. UN POETE OUVERT AU CIEL ET A L’HOMME.Saint Grégoire de Narek est le grand auteur mystique que l'Église d'Arménie a donné à la tradition chrétienne. Son expression poétique vigoureuse le fait comparer à Saint Jean de la Croix, dont il serait très proche. Ce saint moine vécut de 944 à 1010 environ au monastère de Narek sur la rive sud du lac de Van (actuellement en Turquie). Les églises de tradition arménienne le fêtent le 25 février. Pour mémoire, l'Eglise apostolique d'Arménie est née de l'évangélisation des saints apôtres Thaddée et Barthélemy. C’est une Église orientale et autocéphale, faisant partie de l'ensemble dit « des Églises des trois conciles ». Qui est donc Grégoire ? C’est un grand érudit, passionné de mathématique, de grec, avec un penchant pour l’église byzantine grecque, un mystique de tous les jours, un esprit curieux, qui défend ce point de vue : « la loi est faite pour l’homme ». Pourquoi est-il resté si populaire ? Il comprend la vie tout simplement. Son père, veuf, était devenu évêque alors que Grégoire et ses frères étaient encore dans leur très jeune âge. Ils furent donc confiés aux soins du monastère où ils vécurent, semble-t-il, toute leur vie. Il devint prêtre et peut-être higoumène de son monastère. Il eut, d’après le synaxaire arménien une grande influence comme réformateur de son monastère ce qui lui valut quelques ennuis avec les autorités allant jusqu’à le faire soupçonner d’hérésie comme le montre cette charmante légende : « Les évêques et les princes envoyèrent une délégation d’hommes sûrs auprès de Grégoire afin qu’ils l’amènent à leur tribunal pour être interrogé sur sa foi. Les délégués arrivés à Narek, Grégoire comprit immédiatement leurs intentions. Il leur dit : « Mettons-nous d’abord à table, avant de prendre la route. » Il fait rôtir deux pigeons et les place devant ses hôtes. C’était un vendredi. Ceux-ci, scandalisés, furent plus convaincus que jamais que ce qu’on rapportait de Grégoire était vrai. Ils lui dirent donc : « Maître, n’est-ce pas vendredi aujourd’hui ? ». Le Saint, comme s’il l’ignorait, leur répond : « Excusez-moi, mes frères. » Et se tournant vers les pigeons : « Levez-vous, dit-il, retournez à votre volière, car aujourd’hui c’est jour d’abstinence ». Et les oiseaux, retrouvant vie et plumes, s’envolèrent. A ce spectacle, les envoyés tombèrent aux pieds du saint pour lui demander pardon. Et ils s’en furent raconter le prodige à ceux qui les avaient délégués. Comment ne pas penser à Notre Seigneur Jésus Christ, qui lui aussi, connut ces « désagréments ?». Son œuvre la plus célèbre est son recueil de Prières dont la liturgie arménienne a tiré trois extraits qui sont utilisés l'un lors du Sacrifice de la messe, l'autre dans la prière des Complies et le dernier comme prière à lire sur les malades. Autre signe de l'influence durable de ces prières sur les Arméniens : jusqu'à la fin du dix-neuvième siècle, après avoir appris l'alphabet et lu les Psaumes, les élèves en recevaient un exemplaire et devaient en apprendre de larges extraits par cœur... Les thèmes principaux de l'œuvre de S. Grégoire : - la solidarité dans le péché, - la confiance en la Miséricorde divine malgré la nécessité absolue du combat spirituel, - et enfin, l'amour de la vie mystique. Des œuvres de jeunesse, les Odes et le Livre des Prières (ou des Lamentations) que le poète mystique acheva juste avant de mourir. Il s’agit de la première grande œuvre poétique arménienne à être dégagée des contraintes de la liturgie. Grégoire de Narek reste la figure la plus prestigieuse de l’ancienne poésie arménienne et l’un des plus grands poètes mystiques de tous les temps. Sa renommée exceptionnelle découle essentiellement de son Livre des Prières – appelé aussi Livre des Lamentations -, achevé il y a tout juste 1000 ans et de ses Odes. Vive apologie de la religion chrétienne, explication lyrique des Écritures, en symbiose avec la voix des Prophètes et la Parole évangélique, l’œuvre de Grégoire de Narek chante également un temps et un lieu précis, l’Arménie du Xe siècle, « dont les montagnes s’élèvent vers le ciel comme de gigantesques « pierre-croix » plantés à la gloire du Christ » - l’Arménie qui fut le premier royaume chrétien, l’Arménie païenne aussi, dont Grégoire cultive la mémoire en même temps qu’il la transfigure. À l’écoute du passé, Grégoire demeure aussi attentif et ouvert au monde environnant. Il parle de l’émotion que le poète donne à l’être humain. DOMINIQUE SORANTE : TEMOIGNAGE D’UN POETE.Il a « rencontré » Narek grâce aux EDITIONS ORPHEE qui ont édité le Livre des Lamentations : « Ce qui fait l’essence de sa poésie, une puissance de renversement, une énergie, une remontée vers Dieu, la présence de l’homme et de la femme indissociable dans sa présentation du monde. Cet homme a réussi dans son expression à remuer quelque chose dans le cœur et l’esprit des gens qui l’entouraient et cela au-delà de lui-même. Il y a un fil rouge de remontée vers Dieu et le style de Grégoire a des vertus médicinales. Le pouvoir d’un texte de 1 000 ans, qui a traversé le désert ». C’est dire que NAREK devient par le pouvoir de sa pensée une part d’éternité. LE TEMPS LE PLUS EMOUVANT DE CE DEBAT : LE « NAREK » D’UNE AIEULE.Le docteur Raffi DELANIAN avait emporté avec lui « le NAREK » que son arrière- grand-mère portait sous sa ceinture brodée en fuyant les persécutions. Elle portait le Christ et celui-ci la protégeait. Un livre, dont les pages se tiennent ensemble plus de 1000 ans plus tard, presque par miracle, et qui a été ouvert des milliers de fois pour y trouver du réconfort : quelle plus belle preuve de l’amour de Dieu ! A propos de la liturgie arménienne : Elle est faite pour être vécue : tous les sens sont en alerte, le corps bouge sans cesse, les couleurs éveillent l’esprit, il existe un beau rituel autour de l’autel, on s’embrasse, tout se vit dans l’émotion, un baiser de paix est donné à deux célébrants… le temps n’existe plus. Raffi DELANIAN clôture : « Grégoire a mis le doigt sur l’être humain » et c’est assurément l’une des raisons qui assure au poète mystique de rester aussi vivant. Solange Strimon PS : n’hésitez pas à écrire si quelques erreurs d’interprétation ont été commises – d’avance, je prie Raffi DELANIAN et le Pasteur KELLER d’accepter mes excuses. En complément : une prière de St Grégoire de Narek à la Mère de DieuQue s’élève par-moi ton honneur Et mon salut éclatera par toi, Si tu viens à me retrouver, Mère de Seigneur ! Si tu me prends en pitié, Vierge sainte, Si tu changes en profit ma perte, Vierge immaculée, Si tu guéris ma ruine, Vierge bienheureuse, Si tu laisses avancer ma honte, Vierge pleine de grâces, Si tu plaides mon désespoir, Vierge toujours pure, Si tu me reçois sous le toit dont je fus chassé, Vierge honorée par Dieu, Si tu m’entoures de ta piété, Vierge qui détruit la malédiction, Si tu apaises ma tempête, Vierge du repos, Si tu mets fin aux violentes tourmentes, Vierge pacifique, Si tu répares mes erreurs, Vierge de louanges, Si tu entres pour moi dans l’arène, Vierge qui repousses la mort, Si tu changes en douceur mon âpreté, Vierge suave, Si tu brises le mur qui me sépare, ô Vierge du pardon, Si tu dissipes mes souillures, Vierge dont le pied écrase la corruption ; Si tu m’ôtes au trépas, à quoi je suis livré, lumière vivante, Si tu coupes le bruit de mes sanglots, Vierge d’allégresse, Si tu me fortifies, lorsque je suis brisé, remède du salut, Si tu considères ma ruine, temple de l’esprit, Si tu viens vers moi avec compassion, Mère qui fus léguée Et qui seule est bénie sur les lèvres sans tache dans la bouche des bienheureux.
Une goutte de lait de ta virginité Rend vigueur à ma vie en pleuvant sur mon âme, Ô Mère du Très-Haut, du Seigneur Jésus, Créateur du ciel et de la terre entière, Que tu as mis au monde, inexplicablement, Avec une vraie chair, une divinité sans faille, Gloire à lui, comme au Père, et avec l’Esprit Saint, Dans son essence et dans notre nature, qu’il réunit indescriptiblement, Tout dans le tout, Un de la Trinité, Loué soit-il dans les siècles des siècles, Amen. Saint Grégoire de Narek (XI° siècle)Traduction par Annie et Jean-Pierre Mahé, Ed. Peeters, 2007; p. 372 §3
Dernière édition par Claude Coowar le 23/11/2016, 00:56, édité 1 fois | |
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| Sujet: Re: Les Docteurs de l'Eglise catholique . 22/11/2016, 23:30 | |
| https://fr.zenit.org/articles/les-caracteristiques-de-la-doctrine-de-st-gregoire-de-narek-par-le-card-amato/ 36.03 - SAINT GREGOIRE DE NAREK. CARACTERISTIQUES DE LA DOCTRINE DU SAINT PAR LE CARDINAL AMATO. Le sens du péché, la Trinité, les sacrements et la Vierge Marie. 15 avril 2015.Rédaction, Pape et Saint-Siège. La doctrine du saint arménien Grégoire de Narek se distingue dans quatre domaines particuliers : le sens du péché et des limites de l’homme, la réflexion sur le mystère de la Sainte Trinité, la défense de l’efficacité surnaturelle des sacrements et la dévotion à la Vierge Marie, explique le cardinal Amato lors de la messe de proclamation du saint comme docteur de l’Église, dimanche dernier, 12 avril 2015, en la basilique Saint-Pierre. Au début du rite de la proclamation présidée par le pape François, le cardinal Angelo Amato, préfet de la Congrégation pour les causes des saints, a adressé quelques paroles, saluant « l’extraordinaire figure de saint Grégoire de Narek, semeur d’espérance et artisan de paix » , dans le contexte du centenaire du génocide arménien. A.K. Allocution du cardinal Amato. Très Saint-Père, Dès les premiers siècles de l’ère chrétienne, l’Esprit Saint a allumé en Orient tant d’étoiles, c’est-à-dire des hommes saints et sages qui, par l’exemple de leur vie et leur enseignement, ont ouvert la voie à la connaissance des mystères de Dieu et à la rencontre avec Jésus Christ. Environ cent ans après l’attribution du titre de docteur de l’Église universelle à un autre fils de l’Église d’Orient, saint Ephrem le Syrien († 373), aujourd’hui, Très Saint-Père, nous vous demandons d’attribuer le même titre à saint Grégoire de Narek, maître et gloire du peuple arménien. Ce grand théologien, mystique et poète, transmit son expérience spirituelle et religieuse par sa vie et son enseignement dogmatique, diffusant la théologie par la voie de la beauté. La profondeur des idées théologiques du saint, la nouveauté de sa pensée et la vigueur de son verbe poétique ont toujours été appréciées au niveau populaire et par les hommes de culture. Il fut comparé de plus en plus à des pères de l’Église comme saint Jean Chrysostome, saint Ephrem le Syrien ou saint Grégoire l’Illuminateur. Son œuvre pénétra peu à peu tous les domaines de la vie religieuse et de la culture arménienne : la poésie, l’enluminure, la musique, l’hagiographie, la liturgie et le folklore. Sa constante popularité est encore aujourd’hui liée à son livre de méditations et de prières, que l’auteur a appelé « Livre des Lamentations », et connu populairement sous le nom de Narek. Après l’Évangile, ce texte est le plus vénéré et le plus répandu en Arménie. Très Saint-Père, la doctrine de saint Grégoire de Narek se distingua dans quatre domaines en particulier : 1) Le sens du péché et des limites de l’homme, incapable de parler de Dieu et avec Dieu sans la méditation de la Parole incarnée. 2) La réflexion dogmatique sur le mystère de la Très Sainte Trinité, où il voyait se refléter l’âme humaine , mais surtout une analogie avec les trois vertus théologales. 3) La défense de l’efficacité surnaturelle des sacrements et leur rôle de transmission et de médiation dans l’Église, réaffirmant l’importance de la grâce divine et de la vie intérieure, par comparaison avec les tendances hérétiques des Thondrakiens, qui prétendaient remonter aux origines du christianisme reniant la hiérarchie, les sacrements, l’église et la liturgie. 4) La dévotion à la Vierge Marie, la Panaghia , - « Celle qui n’est que sainteté »,
- la « Toute Sainte », exaltant « l’invulnérabilité absolue de la très Sainte Deipara par rapport au péché », en plus de son rôle de médiatrice, comme « pont entre Dieu et l’homme ». Pour toutes ces raisons, les saints pasteurs de l’Église arménienne se sont adressés plusieurs fois aux souverains pontifes, leur demandant de proclamer saint Grégoire de Narek Docteur de l’Église universelle. Récemment, la Congrégation pour la doctrine de la foi a donné son avis positif sur l’ eminens doctrina du candidat. Les consultants théologiens et, dans un deuxième temps, la séance plénière de la Congrégation pour les causes, ont relevé dans le magistère du saint les notes qui étaient demandées pour le proclamer Docteur de l’Église. A l’audience qui m’a été accordée le 21 février 2015, Votre Sainteté a pris acte favorablement de l’avis des cardinaux et évêques. Très Saint-Père, nous ne saurions négliger, pour finir, une circonstance qui rend notre demande encore plus riche de sens et de valeur : la célébration, cette année, du premier centenaire du massacre, le « grand mal » qui frappa très cruellement le peuple arménien.
Dans ce contexte brille encore plus l’extraordinaire figure de saint Grégoire de Narek, semeur d’espérance et artisan de paix. Traduction de Zenit, Océane Le Gall. https://w2.vatican.va/content/.../fr/.../papa-francesco_20140508_patriarca-armeni.pdf LE SAINT-SIEGE.
36.04 -DISCOURS DU PAPE FRANÇOIS A SA SAINTETÉ KARÉKINE II, PATRIARCHE SUPRÊME ET CATHOLICOSDE DE TOUS LES ARMÉNIENS.
Jeudi 8 mai 2014 Sainteté, cher frère, chers frères dans le Christ, Je suis très heureux de vous souhaiter, Sainteté, ainsi qu’à l’éminente délégation qui vous accompagne, ma plus cordiale bienvenue. En la personne de Votre Sainteté, j’étends une pensée respectueuse et affectueuse aux membres de la famille du Catholicossat de tous les Arméniens, présente dans le monde. C’est une grâce spéciale que de pouvoir nous rencontrer dans cette maison, près de la tombe de l’Apôtre Pierre, et de partager un moment de fraternité et de prière. Je bénis avec vous le Seigneur, car les liens de l’Église apostolique arménienne avec l’Église de Rome se sont consolidés ces dernières années, également grâce à des événements qui demeurent gravés dans notre mémoire, tels que le voyage de mon saint prédécesseur Jean-Paul II en Arménie, en 2001, et la présence appréciée de Votre Sainteté au Vatican en de nombreuses occasions d’importance particulière, dont la visite officielle au Pape Benoît XVI en 2008, et la célébration du début de mon ministère d’Évêque de Rome, l’année dernière. Mais je voudrais rappeler ici une autre célébration, riche de signification, à laquelle Votre Sainteté prit part : la Commémoration des témoins de la foi du XXe siècle, qui eut lieu dans le contexte du Grand jubilé de l’an 2000. En vérité, le nombre des disciples qui ont versé leur sang pour le Christ lors des événements tragiques du siècle dernier est certainement supérieur à celui des martyrs des premiers siècles, et dans ce martyrologe, les enfants de la nation arménienne occupent une place d’honneur . Sainteté, le mystère de la croix, si cher à la mémoire de votre peuple, représenté dans les splendides croix en pierre qui ornent chaque lieu de votre terre, a été vécu par un nombre incalculable de vos enfants comme participation directe à la coupe de la Passion. Leur témoignage, tragique et élevé de la foi, ne doit pas être oublié.Sainteté, chers frères, les souffrances endurées par les chrétiens ces dernières décennies ont apporté une contribution unique et inestimable également à la cause de l’unité parmi les disciples du Christ. De même que dans l’Église antique, le sang des martyrs devint la semence de nouveaux chrétiens, de nos jours aussi le sang de nombreux chrétiens est devenu la semence de l’unité. L’œcuménisme de la souffrance, l’œcuménisme du martyre, l’œcuménisme du sang est un puissant appel à marcher sur la route de la réconciliation entre les Églises, avec décision et un abandon confiant à l’action de l’Esprit. Nous sentons le devoir de parcourir cette route de la fraternité également à cause de la dette de gratitude que nous avons envers la souffrance de tant de nos frères, qui est devenue salvifique car unie à la passion du Christ. À cet égard, je désire remercier Votre Sainteté pour le soutien effectif apporté au dialogue œcuménique, en particulier aux travaux de la Commission conjointe pour le dialogue théologique entre l’Église catholique et les Églises orthodoxes orientales, et pour la contribution théologique qualifiée offerte en ce lieu par les représentants du Catholicossat de tous les Arméniens. « Béni soit le Dieu et Père de Notre Seigneur Jésus Christ, le Père des miséricordes et le Dieu de toute consolation, qui nous console dans toute notre tribulation, afin que, par la consolation que nous-mêmes nous recevons de Dieu, nous puissions consoler les autres en quelque tribulation que ce soit ». (2 Co 1, 3-4). Participons avec confiance à la course qui s’ouvre devant nous, soutenus par un aussi grand nombre de témoins (cf. He 12, 1) et implorons du Père cette unité pour laquelle Jésus Christ lui-même pria lors de la Cène (cf. Jn 17, 21). Prions les uns pour les autres : puisse l’Esprit Saint nous illuminer et nous guider vers le jour tant désiré où nous pourrons partager la table eucharistique. Louons le Seigneur avec les paroles de saint Grégoire de Narek : « Accueille le chant de bénédiction de nos lèvres et daigne accorder à cette Eglise les dons et les grâces de Sion et de Bethléem, afin que nous puissions être dignes de participer au salut ». Que la Toute Sainte Mère de Dieu intercède pour le peuple arménien, maintenant et à jamais. Amen. © Copyright - Libreria Editrice Vaticana | |
| | | Claude Coowar
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| Sujet: Re: Les Docteurs de l'Eglise catholique . 23/11/2016, 01:01 | |
| https://w2.vatican.va/content/.../papa-francesco_20150412_messaggio-armeni.pdf LE SAINT-SIEGE.
36.05 - MESSAGE DU PAPE FRANÇOIS A TOUS LES ARMÉNIENS.
Chers frères et sœurs Arméniens, Un siècle s’est écoulé depuis l’horrible massacre qui fut un véritable martyre de votre peuple, dans lequel beaucoup d’innocents sont morts en confesseurs et martyrs pour le nom du Christ. Jean-Paul II et Karekin II, Déclaration commune, Etchmiadzin, 27 septembre 2001). Il n’y a pas de famille arménienne, encore aujourd’hui, qui n’a pas perdu un être cher dans ces évènements : ce fut vraiment le « Metz Yeghern », le « Grand Mal », comme vous avez appelé cette tragédie. En cette occasion, j’éprouve un sentiment de grande proximité envers votre peuple et je désire m’unir spirituellement aux prières qui s’élèvent de vos cœurs, de vos familles, de vos communautés. Une occasion favorable nous est donnée de prier ensemble dans cette célébration d’aujourd’hui, au cours de laquelle nous proclamons saint Grégoire de Narek, Docteur de l’Église. J’exprime ma vive gratitude, pour leur présence, à Sa Sainteté Karekin II, Patriarche Suprême et Catholicos de tous les Arméniens, à Sa Sainteté Aram Ier, Catholicos de la Grande Maison de Cilicie, et à Sa Béatitude Nerses Bedros XIX, Patriarche de Cilicie des Arméniens Catholiques. Saint Grégoire de Narek, moine du Xème siècle, a su exprimer plus que tout autre la sensibilité de votre peuple. Donnant une voix au cri, qui devient prière, d’une humanité souffrante et pécheresse, opprimée par l’angoisse de sa propre impuissance mais illuminée par la splendeur de l’amour de Dieu et ouverte à l’espérance de son intervention salvifique, capable de transformer toute chose. « Dans l’attente certaine de sa puissance, je crois avec une indubitable espérance, me confiant dans la main du Tout Puissant… que je le verrai, Lui en personne, grâce à sa miséricorde et à sa pitié, et que j’hériterai du Ciel ». (Saint Grégoire de Narek, Livre des Lamentations, XII). Votre vocation chrétienne est très ancienne et remonte en 301, année où saint Grégoire l’Illuminateur a conduit l’Arménie à la conversion et au Baptême, la première parmi les nations qui, au cours des siècles, ont embrassé l’Évangile du Christ . Cet événement spirituel a marqué de manière indélébile le peuple arménien, sa culture et son histoire dans lesquelles le martyre occupe une place prééminente, comme l’atteste de manière emblématique le témoignage sacrificiel de saint Vardan et de ses compagnons du Vème siècle. Votre peuple, illuminé de la lumière du Christ et avec sa grâce, a surmonté beaucoup d’épreuves et de souffrances, animé par l’espérance qui vient de la Croix (cf. Rm 8, 31-39). Comme vous l’avait dit saint Jean-Paul II : « Votre histoire faite de souffrance et de martyre est une perle précieuse dont l’Église universelle est fière. La foi au Christ, rédempteur de l’homme, vous a infusé un courage admirable sur le chemin, souvent semblable à celui de la croix, sur lequel vous avez avancé avec détermination, dans le but de conserver votre identité de peuple et de croyants» (Homélie, 21 novembre 1987).Cette foi a accompagné et soutenu votre peuple également dans le tragique événement d’il y a cent ans « que l’on considère généralement comme le premier génocide du XXème siècle ». (Jean-Paul II et Karekin II, Déclaration commune, Etchmiadzin, 27 septembre 2001). Le Pape Benoît XV qui condamna comme « inutile massacre » la Première Guerre Mondiale (AAS, IX [1917],429), s’efforça jusqu’au bout de l’empêcher, reprenant les efforts de médiation déjà accomplis par le Pape Léon XIII face aux « funestes événements » des années 1894-96. Il écrivit pour cela au sultan Mahomet V, implorant que tant d’innocents soient épargnés (cf. Lettre du 10 septembre 1915), et ce fut encore lui qui, lors du Consistoire secret du 6 décembre 1915, affirma dans un vibrant désarroi : « Miserrima Armenorum gens ad interitum prope ducitur » (AAS, VII [1915], 510). Faire mémoire de tout ce qui est arrivé est un devoir, non seulement pour le peuple arménien et pour l’Église universelle, mais aussi pour toute la famille humaine, afin que l’avertissement qui vient de cette tragédie nous évite de retomber dans des horreurs semblables qui offensent Dieu et la dignité humaine. Aujourd’hui également, en effet, les conflits dégénèrent parfois en violences injustifiables, attisées par l’instrumentalisation des diversités ethniques et religieuses. Tous ceux qui sont placés à la tête des Nations et des Organisations internationales sont appelés à s’opposer à de tels crimes avec une ferme responsabilité, sans céder aux ambiguïtés ni aux compromis. Que cette douloureuse occasion devienne pour tous un motif de réflexion humble et sincère, et d’ouverture du cœur au pardon qui est source de paix et d’espérance nouvelle. Saint Grégoire de Narek, interprète formidable de l’âme humaine, semble prononcer pour nous des paroles prophétiques : « Je me suis volontairement chargé de toutes les fautes, depuis celle de notre premier père jusqu’à celles du dernier de ses descendants, et je me suis considéré comme responsable » (Livre des Lamentations, LXXII). Combien ce sentiment de solidarité universelle nous touche ! Comme nous nous sentons petits face à la grandeur de ses invocations : « Souviens-toi, [Seigneur,] … de ceux aussi qui, parmi la race humaine sont nos ennemis, mais pour leur faire du bien : accorde leur pardon et miséricorde (…) N’extermine pas ceux qui me mordent, mais change-les ! arrache-leur la mauvaise conduite terrestre, enracine la bonne et en moi et en eux » (ibid. LXXXIII). Que Dieu accorde que soit repris le chemin de la réconciliation entre le peuple arménien et le peuple turc, et que la paix advienne aussi au Nagorno Karabakh. Ce sont des peuples qui, par le passé, malgré les divergences et les tensions, ont vécu de longues périodes de cohabitation pacifique, et même dans le tourbillon des violences ont connu des cas de solidarité et d’aide réciproque. C’est seulement dans cet esprit que les nouvelles générations pourront s’ouvrir à un avenir meilleur et que le sacrifice de beaucoup pourra devenir semence de justice et de paix. Pour nous, chrétiens, que ceci soit surtout un temps fort de prière, pour que le sang versé, par la force rédemptrice du sacrifice du Christ, opère le prodige de la pleine unité entre ses disciples. Qu’il renforce en particulier les liens d’amitié fraternelle qui déjà unissent l’Église Catholique et l’Église Arménienne Apostolique. Le témoignage de tant de frères et sœurs qui, sans défense, ont sacrifié leur vie pour leur foi, rapproche les diverses confessions : c’est l’œcuménisme du sang qui a conduit saint Jean-Paul II à célébrer ensemble, durant le Jubilé de l’an 2000, tous les martyrs du XXème siècle. La célébration d’aujourd’hui également se situe dans ce contexte spirituel et ecclésial. Des représentants de nos deux Églises participent à cet événement ; et de nombreux fidèles dispersés partout dans le monde s’unissent spirituellement, en un signe qui reflète sur la terre la communion parfaite qui existe entre les esprits bienheureux du ciel. Avec un cœur fraternel, j’assure de ma proximité, à l’occasion de la cérémonie de canonisation des martyrs de l’Église Arménienne Apostolique qui aura lieu le 23 avril prochain en la cathédrale d’ Etchmiadzin, et des commémorations qui se tiendront à Antelias en juillet. Je confie à la Mère de Dieu ces intentions avec les paroles de saint Grégoire de Narek : « O pureté des Vierges, reine des bienheureux, Mère de l’édifice indestructible de l’Église, Mère du Verbe immaculé de Dieu, (…) Nous réfugiant sous la défense des ailes immenses de ton intercession, Nous levons les mains vers toi, Et avec une invincible espérance nous croyons que nous serons sauvés ». (Panégyrique à la Vierge). Du Vatican, 12 avril 2015 Franciscus © Copyright - Libreria Editrice Vaticana | |
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