Evangile du 3è dimanche d'Avent (11 décembre)
Au milieu de vous se tient celui que vous ne connaissez pas. Jn 1, 26
Des gens demandent à Jean Baptiste qui il est. Dès qu'il y a un mystère, nous essayons de l'éclaircir, de comprendre, d'éplucher, d'analyser, de classer. Qui est ce prophète bizarre ? D'où vient-il ? Que veut-il ? A quelle notion déjà connue peut-on le rattacher ? Ces gens posent des questions précises, auxquelles Jean répond par des images (la voix qui crie dans le désert ; dénouer ses sandales) et il annonce l'arrivée d'un mystère encore plus grand. Ceux qui sont venus poser des questions ne sont pas tellement plus avancés !
Jean est visible. Son look, sa prédication, le baptême qu'il donne à ceux qui viennent, en font un personnage célèbre et fréquenté. Il pourrait se prendre pour quelqu'un d'important. Mais à ceux qui lui demandent son identité, il n'a rien à dire sur lui-même. Il ne se définit que par rapport à quelqu'un d'autre, qui n'est pas là, qui va venir, qu'on attend, ou qui est peut-être déjà là mais qu'on ne voit pas. On ne sait pas très bien.
"Au milieu de vous se tient celui que vous ne connaissez pas".
Nous, deux mille ans après, nous savons la clé de l'énigme. Mais mettons-nous à la place de ceux qui ont entendu cette phrase.
Ou plutôt, entendons cette phrase comme nous étant adressée.
Jésus - puisque c'est de lui qu'il s'agit - est au milieu de nous, et nous ne faisons pas attention à lui ?
Est-ce pour cela qu'au début de l'Avent, les textes nous disaient : "Veillez" ?
Nous qui connaissons toute l'histoire, nous savons où nous pouvons voir Jésus : dans notre prochain.
Faisons-nous attention à notre prochain ? Pouvons-nous vraiment dire que nous le connaissons ? Si nous connaissons autrui aussi bien qu'autrui nous comprend, il y a du souci à se faire !
Ste Thérèse de l'Enfant Jésus raconte une petite histoire très instructive. Un jour on sonne à la porte du monastère, et d'après le règlement, la sœur de la porte doit être accompagnée d'une autre. La jeune Thérèse aimerait beaucoup cette distraction, mais par charité elle préfère laisser ce plaisir à une autre, et bien qu'elle soit choisie, elle dénoue son tablier très lentement, exprès, pour que la sœur portière choisisse une autre sœur – ce qui arrive. L'autre sœur, au lieu d'apprécier et de remercier, remarque, en riant, que Thérèse est vraiment lente et pas dégourdie. Que conclut notre sainte ? je suis une pauvre incomprise, on n'a pas vu ni apprécié mon sacrifice ? Pas du tout, elle conclut : ça prouve qu'il ne faut jamais juger sur les apparences. Quelle maturité !
Au milieu de vous se tient celui que vous ne connaissez pas.