De gauche à droite : David, Shlomo et Herschel Frenkel, avec l’affiche d’un film de Mish Mish. (Menemsha Films)
Les dessinateurs étaient des Juifs ashkénazes qui avaient immigré plusieurs fois au cours de leur vie. Originaires de Biélorussie, ils ont fui vers la Palestine ottomane et ce qui est aujourd’hui devenu Tel Aviv. Pendant la Première Guerre mondiale, les autorités ottomanes ont déporté la population juive de la région vers Alexandrie, où les Frenkel sont restés pendant l’entre-deux guerres.
En 1929, ils ont vu le film d’animation de Walt Disney Steamboat Willie, qui met en vedette Mickey Mouse. Ils ont eu l’idée de créer leurs propres films d’animation dans leur nouvelle patrie, malgré des obstacles considérables.
Après leur premier film, Marco Monkey, ils ont trouvé le public plus réceptif à leur création suivante, Mish-Mish Effendi.
« Mish-mish » signifie « abricot », tandis que le terme « effendi » indique la respectabilité. Le personnage lui-même était moins identifié à la pompe qu’aux frasques. Mish-Mish est devenu un succès auprès du public aisé qui fréquentait les théâtres, et auprès des pauvres qui regardaient des films en plein air ou sur les toits. Il est même apparu dans une combinaison cinématographique d’animation avec la vraie chanteuse libanaise Sabah. Son image a été publiée dans des journaux en Égypte et ailleurs au Moyen-Orient.
Après la création d’Israël en 1948, une coalition d’États du Moyen-Orient, dont l’Égypte, a déclaré la guerre à la nouvelle nation. Des émeutes meurtrières ont éclaté contre les Juifs égyptiens, dont la situation est devenue intenable. Les Frenkel ont envisagé deux choix d’émigration : Israël ou la France. En fin de compte, ils ont choisi la France et ont emporté toute leur collection de dessins animés avec eux – ils ont ainsi préservé leur travail, mais en n’en ont laissé aucune trace dans leur ancienne nation.
Leur nostalgie de l’Égypte se reflète dans leur travail en France. Ils ont créé un nouveau personnage au nom qui sonne familier : Mimiche.
Les frères, semble-t-il, ne se sont jamais tout à fait remis de leur propre déracinement de l’Égypte à la France.
Marcelle Frenkel avait des sentiments mitigés quant aux dessins animés de son mari et de ses beaux-frères. Juive séfarade d’Égypte, elle aimait son mari, mais des tensions sont survenues avec ses beaux-parents ashkénazes. En France, toute la famille partageait la même maison. Marcelle a estimé que dans un nouveau pays, ils feraient mieux de s’engager dans des activités plus pragmatiques que les dessins animés.
Affiche: Bukra fil Mish Mish, réalisé par Tal Michael.