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Le père d'une victime du Bataclan : "Je paie encore le téléphone de ma fille pour entendre sa voix"
Il y a l'hommage aux victimes des attentats du 13 novembre, ce dimanche à Paris... et puis il y a les proches des victimes qui ont fait le choix de ne pas y participer.
Le nom de Nathalie Jardin est inscrit sur la plaque qui a été dévoilée ce dimanche matin à Paris, devant le Bataclan. La jeune femme était présente, il y a un an, au concert des Eagles of Death Metal, lorsque trois assaillants ont attaqué la salle de concert, faisant 90 morts sur place.
"On ne répond pas à des kalachnikovs avec des bougies"
Mais ce dimanche matin, son père, Patrick Jardin, n'était pas présent à cette cérémonie de dévoilement de plaque. Pourquoi ? "C'est inutile, on ne répond pas à des kalachnikovs avec des bougies", a-t-il expliqué à Cécile Bidault de France Bleu Nord. "Cela ne fait que rire les gens contre qui nous sommes, entre guillemets, en guerre". L'homme explique qu'il ira simplement se recueillir sur la tombe de sa fille.
"Je vivrai ça comme toutes les journées que je vis depuis le 13 novembre 2015"
La douleur reste présente dans la voix de ce père de famille : "Un jour on m'a dit qu'avec le temps ça s'estomperait ; pour moi c'est de pire en pire. Chaque jour qui me sépare de ma fille, c'est de plus en plus dur", explique-t-il, confiant qu'il continue à payer l'abonnement de son téléphone portable "pour pouvoir téléphoner de temps en temps et entendre sa voix".
"Jusqu'à la fin de ma vie, ce sera comme ça maintenant".
"Ce que je demande, c'est qu'on prenne les mesures pour que plus jamais cela ne se reproduise", réclame Patrick Jardin, dont l'un des amis a perdu sa fille de quatre ans dans l'attentat de Nice. "J'ai vécu exactement la même chose après Nice que lors du 13 novembre 2015 : les difficultés pour reconnaître le corps, pour récupérer le corps... L'attentat n'a servi à rien, nos dirigeants n'ont pris aucune mesure, je ne peux pas admettre ça".
"La colère ne me quittera jamais"
"Je ne peux pas admettre qu'on ait pris ma fille sans raison", explique Patrick Jardin. "Si elle était décédée d'un accident de voiture ou d'une maladie j'aurais eu autant de peine, mais ce sont les aléas de la vie. Un attentat, ce n'est pas un aléa de la vie". Comme lui, plusieurs proches de victimes ont refusé d'être présents lors des cérémonies, ou de faire inscrire le nom de la victime sur la plaque commémorative.