21.03.09 - 12:54 Le pape Benoît XVI a appelé samedi les catholiques angolais à travailler à la conversion des adeptes de sorcellerie, après avoir tenu la veille des propos très fermes sur la corruption et l'avortement thérapeutique.
En célébrant une messe dans l'église Sao Paulo de Luanda, il a souligné que l'évangélisation restait une exigence pressante pour l'Eglise, comme lors des premiers pas du catholicisme en Angola, il y a 500 ans.
"Aujourd'hui, il vous revient (...) de présenter le Christ ressuscité à vos concitoyens. Ils sont si nombreux à vivre dans la peur des esprits, des pouvoirs néfastes dont ils se croient menacés", a-t-il dit dans son homélie.
"Désorientés, ils en arrivent à condamner les enfants des rues et aussi les anciens, parce que, disent-ils, ce sont des sorciers", a-t-il déploré.
Environ 55% de la population angolaise est catholique et 25% se réfère à des croyances traditionnelles. Selon les médias d'Etat, certaines sectes pratiquent des sacrifices humains et s'en prennent aux enfants, parfois accusés de sorcellerie.
L'année dernière, à Luanda, quarante jeunes, dont des bébés, ont ainsi été retrouvés prisonniers dans des locaux de l'Eglise évangélique des guérisons traditionnelles, où ils avaient subi des sévices.
Le chef de l'Eglise catholique, qui à près de 82 ans semblait éprouvé par la forte chaleur, a également critiqué l'idée selon laquelle l'évangélisation constituait une atteinte à l'identité des peuples non chrétiens.
"Si nous sommes convaincus" qu'une vie non chrétienne est "inachevée", "nous ne faisons d'injustice à personne si nous lui présentons le Christ" pour qu'il trouve "sa véritable authenticité" et "la joie", a-t-il soutenu.
Le point fort de la journée de samedi devait être, dans l'après-midi, une célébration avec des milliers de jeunes dans le stade dos Coqueiros de Luanda.
Ces "rencontres avec les jeunes" prisées en son temps par Jean Paul II, le prédécesseur de Benoît XVI, sont un rendez-vous obligé de tous les voyages pontificaux, permettant de découvrir un pape plus chaleureux.
Samedi matin la messe dans l'église Sao Paulo où l'on ne pouvait accéder que sur invitation, a laissé peu de place à la spontanéité. La liturgie s'est déroulée selon le strict canon en cours au Vatican. Benoît XVI a lui-même distribué la communion à des fidèles agenouillés sur un prie-Dieu, dont il a réintroduit l'usage.
Cette église, la plus grande de Luanda, est située à proximité de la radio catholique Ecclesia, une des rares voix indépendantes d'Angola. Ses responsables espèrent que la visite du pape décidera les autorités à étendre sur l'ensemble du pays son droit de diffusion, jusque-là limité à Luanda.
Dans un discours prononcé vendredi devant le président José Eduardo dos Santos, Benoît XVI a d'ailleurs souligné l'importance de médias libres dans une démocratie moderne, tout en lançant un appel pressant à accroître la lutte contre la pauvreté et la corruption.
Sept ans après la fin d'une longue guerre civile (1975-2002), deux tiers des Angolais vivent toujours avec moins de deux dollars par jour, en dépit d'immenses ressources pétrolières.
Et le régime du président dos Santos, au pouvoir depuis 30 ans, est perçu comme l'un des plus corrompus au monde selon Transparency International.
Le souverain pontife a également réaffirmé l'opposition de l'Eglise à l'avortement, même thérapeutique, en lançant: "combien est amère l'ironie de ceux qui promeuvent l'avortement au rang des soins de la santé des "mamans"! "
Mardi, il avait entamé son premier voyage en Afrique - qui l'a d'abord mené au Cameroun - en déclenchant une polémique mondiale sur le préservatif qui, selon lui, "aggrave" le problème du sida.
(Belga)
Je me méfie évidemment de toutes les publications des médias, on déforme si souvent les propos de Benoit XVI !