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 témoigage de Laura Moses-Lustiger, petite nièce du Cardinal Lustiger

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MessageSujet: témoigage de Laura Moses-Lustiger, petite nièce du Cardinal Lustiger   témoigage de Laura Moses-Lustiger, petite nièce du Cardinal Lustiger EmptyJeu 18 Jan 2024 - 18:48

« La souffrance israélienne me rendait aveugle à celle des Palestiniens »

Laura Moses-Lustiger est une élève avocate et romancière franco-israélienne, petite-nièce du cardinal Lustiger. 

Dans ce texte, elle raconte son effroi et sa colère après les attaques du 7 octobre, et sa honte plus tard d’avoir manqué d’empathie à l’égard des Palestiniens sous les bombes. Selon elle, la vocation du peuple juif est d’apporter « sa part de lumière au monde ».

Certaines situations sont intolérables et se doivent d’être dénoncées. 

Lorsque le Hamas a commis son massacre le 7 octobre, violant, tuant et enlevant des civils, femmes, hommes, enfants, vieillards – le nombre de victimes s’élevant à 1 200 morts et près de 200 otages –, mon sentiment prédominant a été l’effroi et la colère. Une colère noire. 

Il faut savoir que dans ce petit pays qu’est Israël, dont la superficie avoisine les 20 000 km² (alors que la France compte, par exemple, 549 087 km²), tout le monde a perdu quelqu’un. 

Dans mon cas, des amis ; dans d’autres, des frères, des mères, des enfants.

Cette colère et cet effondrement, je les vois aujourd’hui chez mes proches de « l’autre côté ». Plus de 20 000 Gazaouis sont morts depuis le début des bombardements. 2,3 millions d’entre eux sont sans abri, ils n’ont accès ni à l’eau ni à l’électricité. 

Ce qui veut dire, concrètement, que toute une population n’a pas de toit, ne peut se chauffer ou se protéger des pluies, boire à sa soif, aller aux toilettes ou se laver. Ces millions d’individus sont dépouillés de leur dignité la plus élémentaire, sans rien dire de leur situation de terreur constante due aux combats opposant Israël au Hamas.

Souffrance israélienne, souffrance palestinienne

Après le 7 octobre, j’ai parlé avec une amie qui, très calmement, m’a expliqué que toute guerre de décolonisation se faisait par la violence, utilisant l’exemple de l’Algérie, rationalisant mes morts et les incluant dans le cours de l’histoire. 

Et j’ai honte de me rendre compte que jusqu’à présent, j’ai éprouvé le même manque d’empathie à l’égard des siens. 

L’étendue de la souffrance israélienne me rendait aveugle à celle de ses voisins. Dans un monde fractionné, polarisé, où la majorité des personnes accède aux informations sur les réseaux sociaux soumis à des algorithmes, il nous revient d’ouvrir les yeux sur la pluralité des souffrances ; de prendre conscience qu’il est possible de pleurer ses morts tout en tenant compte de ceux des autres, et de juger les deux intolérables.

Si les numéros tatoués sur le bras de mon grand-père et les histoires transmises par ma grand-mère, enfant cachée, m’ont montré une chose, c’est que l’indifférence peut coûter la vie. 

Et elle a contribué à l’extermination d’un grand nombre de membres de ma famille, en France, en Allemagne, en Pologne. Cependant, cet héritage m’a également apporté la preuve qu’il suffit parfois de la volonté d’un seul homme pour en sauver d’autres. 

Dans le cas de mon grand-père, celle d’un GI américain pendant une marche de la mort ; dans celui de ma grand-mère, de deux sœurs qui dirigeaient un internat catholique.

La réparation du monde

Un concept important dans le judaïsme est celui du « Tikkoun Olam », celui de la réparation du monde. 

Et je crois fermement que la survie du peuple juif, en dépit de la destruction des temples, de l’exil, des pogroms, de l’inquisition et de la Shoah, n’est pas seulement due à la volonté de vivre, qui s’apparente presque à une fureur, mais à celle d’apporter sa part de lumière au monde. 

Et c’est ce qu’il nous faut faire maintenant. 

À ceci près que ce n’est pas le monde qu’il nous faut réparer, c’est notre maison. Celle que nous partageons avec un peuple qui souffre à nos côtés depuis 1948, l’année de notre guerre d’indépendance et de leur Nakba.

Le 20 octobre, ma mère m’a envoyé cette citation de la philosophe Simone Weil :


Citation :
« La douleur et la souffrance sont une monnaie qui se transmet de main en main, jusqu’à ce qu’elles atteignent quelqu’un qui les reçoit mais ne les transmet pas. » 



Comme tout ce qui se trouve sur Internet, je ne sais même pas si la citation est vraie. Ce que je sais, c’est que ma mère revenait d’une journée passée à récolter des tomates dans un champ à la bordure de Gaza après que la main-d’œuvre avait disparu, mais également après plusieurs mois de manifestations contre la radicalisation du gouvernement de Benyamin Netanyahou et la colonisation.


Je peux imaginer ce que cette citation a fait à ma mère, alors qu’elle rentrait en cette fin de journée, malgré la fatigue, la désolation et la colère, en regardant le ciel changer de couleurs, et au fur et à mesure qu’elle se rapprochait de la ville, en voyant les gens se presser pour rentrer chez eux, des courses à la main. Un sentiment, face à la grandeur et la banalité des joies quotidiennes, qui ne connaissent ni frontière, ni religion, ni langue, celui de l’espoir en l’homme.

C’est avec cet espoir que je vois que la cause palestinienne, qu’elle concerne Gaza ou l’occupation, n’est pas seulement une cause des camps progressistes, ni du monde arabe, mais aussi une cause juive. 

Si ces 75 dernières années ont pu nous apprendre quelque chose, si les guerres, les intifadas, les milliers de morts depuis 1948 ont pu nous éclairer, c’est sur le fait que la seule solution à cette tragédie repose sur la cohabitation et la paix entre nos deux peuples.

Ce texte est né après un échange avec son amie Camille van den Broek.

la Croix
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