DOCTEUR ANGÉLIQUE FORUM CATHOLIQUE
Vous souhaitez réagir à ce message ? Créez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer.
DOCTEUR ANGÉLIQUE FORUM CATHOLIQUE

Théologie Spirituelle Catholique
Pour déposer une intention de prière : Agapé
ATTENTION : Les publicités ci-dessous sont indépendantes de notre volonté !
 
AccueilAccueil  PortailPortail  FAQFAQ  RechercherRechercher  Dernières imagesDernières images  S'enregistrerS'enregistrer  Connexion  
-39%
Le deal à ne pas rater :
Ordinateur portable ASUS Chromebook Vibe CX34 Flip
399 € 649 €
Voir le deal
Le deal à ne pas rater :
Cartes Pokémon 151 : où trouver le coffret Collection Alakazam-ex ?
Voir le deal

 

 "Redécouvrons L'Eglise pour mieux l'aimer" par THEODOM

Aller en bas 
AuteurMessage
Invité
Invité




"Redécouvrons L'Eglise pour mieux l'aimer" par THEODOM Empty
MessageSujet: "Redécouvrons L'Eglise pour mieux l'aimer" par THEODOM   "Redécouvrons L'Eglise pour mieux l'aimer" par THEODOM Empty2/10/2022, 10:36



Les rouages de l’Église


Pourquoi avons-nous besoin de l’Église pour suivre le Christ ? Au fond, qu’est-ce que l’Église ? Comment est-elle organisée ? Avec cette série de 11 vidéos, ThéoDom aborde les grandes questions que l’on pose souvent aux catholiques. Pour cela, nous sommes allés à Rome, rencontrer ceux qui travaillent dans les rouages du Vatican.


Dernière édition par Espérance2 le 2/10/2022, 10:51, édité 2 fois
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité




"Redécouvrons L'Eglise pour mieux l'aimer" par THEODOM Empty
MessageSujet: Re: "Redécouvrons L'Eglise pour mieux l'aimer" par THEODOM   "Redécouvrons L'Eglise pour mieux l'aimer" par THEODOM Empty2/10/2022, 10:37

1. Les rouages de l’Église (présentation)



A-t-on besoin de l'Église ? 


Comment devient-on évêque ? 


Catholique vs. protestants, quelle est la différence ? 


L'inquisition, ça existe encore ? 


L'Église est-elle riche ? 


En octobre, retrouvons ThéoDom avec toute une série de personnalités de premiers plans qui répondront à ces question.


Dernière édition par Espérance2 le 2/10/2022, 10:53, édité 1 fois
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité




"Redécouvrons L'Eglise pour mieux l'aimer" par THEODOM Empty
MessageSujet: Re: "Redécouvrons L'Eglise pour mieux l'aimer" par THEODOM   "Redécouvrons L'Eglise pour mieux l'aimer" par THEODOM Empty2/10/2022, 10:39



2. Les laïcs, moteurs de l’Église…

Voici trois images pour exprimer ce qu'est l'Église. Elles ont été employées à Vatican II, dans la constitution sur l'Église, qui s'appelle Lumen Gentium elles nous disent beaucoup : L'expression « Corps du Christ » nous dit que l'Église est vraiment fondée en Christ, elle est « Temple de l'Esprit », car c'est une réalité habitée par l'Esprit Saint. Et l'Église est « Peuple de Dieu » car l'Église est comme un peuple qui marche ensemble, un peuple au milieu des autres peuples de la terre. C’est cette image qui est davantage mise en valeur aujourd'hui dans la vision synodale de l'Église. C’est ce que signifie ce logo pour le synode : voilà un peuple de pèlerins. On dit que l'Église est en pèlerinage sur cette terre. Elle est orientée vers Dieu, guidée par l'Esprit Saint.
Je suis sœur Nathalie Becquart, religieuse xavière, actuellement en mission au Vatican comme sous-secrétaire du secrétaire général du synode des évêques, donc engagée à fond dans ce synode dans lequel nous sommes déjà tous impliqués en 2021 2023.

L'Église, enracinée en Christ

Aujourd'hui l'accent on le met d'abord aussi sur les relations. L'Église comme peuple de Dieu, c'est une église relationnelle, une église inclusive, où on a ce style de la fraternité. Et en même temps l'Église prend sa source ailleurs, elle n'existe pas sans l'enracinement dans la Parole de Dieu, l'écoute de la Parole de Dieu, la prière et les sacrements. D'ailleurs il n'y a pas de synode qui ne s'ouvre et ne se clôture sans une Eucharistie. Quelque part, c'est l'Eucharistie qui nous révèle et nous donne l'horizon et la forme de ce qu'est l'Église. L'enjeu pour nous c'est de vivre dans toutes les dimensions de notre vie cette dimension eucharistique, de se recevoir de Dieu et de s'offrir pour le monde à la manière du Christ.

L'Église, peuple de Dieu

Dans les premiers siècles, ceux qui se reconnaissaient dans la voie du Christ se sont réunis. D'ailleurs le mot même à l’origine de l'Église : « ecclesia », est une assemblée convoquée. Donc, quelque part, on ne peut pas être l'Église s'il n'y a pas de rassemblement. Se penser comme « Peuple de Dieu », vivre en Église, c'est se penser comme membre d'une communauté.
Et comme toute communauté et organisation, il faut aussi à un moment donné, un minimum de structuration. Et donc, depuis l'origine, on a vu que certains ont eu un ministère de vigilance et d'organisation. Il y a une forme de principe hiérarchique dans l'Église, mais il y a aussi cette notion extrêmement importante de l'Église constituée de tous.
Pendant des siècles, pour des raisons historiques, on a pensé davantage l'Église dans une vision juridique et hiérarchique. Mais aujourd'hui, à la suite du concile Vatican II notamment, dans cette époque dans laquelle nous vivons de la réception du concile avec le pape François, avec aussi la réalité de ce monde – parce que l'Église est toujours dans le monde, en réciprocité avec le monde – on prend conscience qu'il faut davantage développer cette vision synodale de l'Église. Cette Église « peuple de Dieu » est une vision de l'Église dynamique, de l'Église dans l'histoire, d'une Église qui doit toujours avancer, cheminer et se réformer. L'Église, elle a deux dimensions humaines et divines, et dans sa dimension humaine on le voit particulièrement aujourd'hui, elle est aussi pécheresse, elle a à se réformer.

L'Église, ensemble de communautés

Le premier visage de l'Église c'est qu'elle est très diverse. Effectivement, on n’est jamais chrétien tout seul, on ne peut pas être chrétien tout seul, on est toujours inséré dans une communauté et on va vivre cette dimension communautaire d'une manière structurelle par notre ancrage géographique dans une paroisse et dans un diocèse, mais aussi par des groupes d'appartenance comme un mouvement de laïcs (le scoutisme, les mouvements d'action catholique) ou pour les religieux dans une communauté religieuse.
En fait, dès l'origine de l'Église, on voit bien qu’il y a eu deux pôles : « Pierre », qui représente davantage le pôle hiérarchique et institutionnel et « Paul », missionnaire, qui est parti en Méditerranée, qui représente davantage le pôle charismatique de l'Église. Et l'Église, c'est une communion qui inclut ces deux pôles. Donc il y a différentes manières de vivre l'appartenance mais il y a quand même un principe structurel d'appartenance géographique, qui se vit parce qu’on est incarné, parce que notre religion est incarnée et on se vit comme chrétien. L'Église elle est aussi dans un temps et dans un espace.

Le pouvoir dans l'Église

Le seul vrai pouvoir dans l'Église, la seule vraie autorité, vient de Dieu. Il y a une forme d'autorité qui est donnée à travers la succession des Apôtres donc à travers les évêques, qui sont là comme principe d'unité. C’est en particulier le cas à travers la figure du pape, qui a un service d'unité, de communion et qui est une figure d'autorité.
Mais il y a aussi la dimension que Vatican II a particulièrement mis en lumière, le fait que le pape n'exerce pas cela tout seul. Il le fait à travers un collège des évêques, comme il y a eu le collège des Apôtres. Et donc il y a une deuxième dimension de l'autorité qui est vécue collégialement par tous les évêques, c'est ce qu'on appelle la collégialité. Aujourd'hui on redécouvre davantage cette dimension.
C'est aussi une notion qui vient de l'origine de l'Église et qui est mise en lumière à Vatican II, le fait que l'autorité, la vérité de la foi, elle est aussi donnée à l'ensemble du Peuple de Dieu à l'ensemble des fidèles qui ne peuvent pas errer dans la foi.

Qu’est-ce qu’un synode ?

Un synode, en fait, c'est un rassemblement, c’est le fait de marcher ensemble, de discerner ensemble. En fait dès les débuts de l'Église, on a vu que l'Église est plurielle avec des personnes diverses, avec des expériences diverses. Par exemple, on a d'emblée quatre Évangiles, qui nous racontent de quatre manières la vie du Christ, sa mort et sa résurrection, parce qu’ils sont lus dans des communautés différentes. Et c'est normal. Dès l'origine il y a des divergences et des points parfois de conflit. Et donc, quand les Actes des Apôtres, au chapitre 15, nous racontent ce qu'on appelle le premier concile de Jérusalem, ils utilisent le mot « synode » en grec, qui veut dire la même chose que le mot « concilium » en latin. Dès l'origine de l'église, quand il y a des problèmes à discuter des questions à trancher, quand il faut discerner, on se réunit, on se rassemble ou parle et on discerne.
Un fruit du concile Vatican II, c’est cette institution « synode des évêques », qui a été créée en 1965, comme un outil au service du pape et pour prolonger l'expérience de collégialité, de discernement ensemble, des évêques.
Et aujourd'hui, on le vit en associant toute la diversité du Peuple de Dieu à ce discernement, pour nous aider à prendre conscience que l'Église c'est nous, c'est chacun. On a tous un rôle à jouer. C'est d'abord un peuple. Avant nos différences, il y a ce commun du baptême. Pour annoncer l'Évangile aujourd'hui, il n'y a pas d'autres formes pour l'Église que d'être une Église synodale, c'est à dire une Église où tous sont acteurs, protagonistes. La manière de transmettre la foi aujourd'hui, d'être l'Église, c'est cette vision synodale de l'Église, qui est une vision dynamique qui nous implique tous.

L'Église, au service de la Charité

Ce qui est très important, c'est que l'Église n'a pas sa finalité en elle-même. Elle est toujours pour le monde, pour le service de la société, pour le service de l'humanité. Finalement la définition la plus belle de ce qu'est l'Église, nous est donnée au début de cette constitution Lumen Gentium, l'Église est « sacrement de l'unité du genre humain ». Donc l'Église, c'est une communion missionnaire, qui à travers ce qu'elle manifeste et rend visible de l'unité, sert et doit servir l'unité de la famille humaine. C'est la recherche finalement et la dimension la plus forte de ce que nous avons à vivre en Église, c'est de nous penser et de nous vivre comme frères et sœurs en Christ. Et cette fraternité va avec une fraternité universelle, une fraternité humaine avec tous. C’est bien ce que le pape François nous déploie dans sa belle encyclique Fratelli Tutti.
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité




"Redécouvrons L'Eglise pour mieux l'aimer" par THEODOM Empty
MessageSujet: Re: "Redécouvrons L'Eglise pour mieux l'aimer" par THEODOM   "Redécouvrons L'Eglise pour mieux l'aimer" par THEODOM Empty2/10/2022, 10:44



3. À quoi sert un évêque ?



Je pense que ce qui est très important pour un évêque c'est d'abord d'être à l'écoute et de pouvoir manifester, réaliser la communion à l'intérieur de l'église particulière qui lui est confiée. L'évêque doit être un homme de communion.

Je m'appelle Antoine Hérouard je suis l'archevêque de Dijon en Bourgogne.


Le diocèse, un peuple et un évêque



Le diocèse constitue ce qu'on peut appeler une église particulière. Cette église particulière, sur une portion de territoire, est vraiment une part de l'Église du Christ, qui porte toutes ces caractéristiques. Une église particulière c'est ce qu'on appelle un diocèse, une portion du territoire sur laquelle, l'Église, qui est à Dijon, pour ce qui me concerne, regroupe autour de son évêque, les prêtres, les diacres, les consacrés, les laïcs en mission ecclésiale et tous les fidèles baptisés qui essaient de vivre leur vie chrétienne au sein de cette Église qui est à Dijon. Elle regroupe différentes villes et aussi différentes réalités humaines, puisque vous avez des paroisses urbaines et puis des paroisses qui sont à la campagne.


A quoi sert un évêque ?


Il est d’abord celui qui doit être un facteur de communion. Il doit permettre à tous ceux qui vivent et cherchent à vivre leur foi au sein du diocèse, non simplement dans leurs propres idées ou leur propre sensibilité, mais à vivre ensemble en frères et sœurs avec des gens très différents, avec des paroisses qui sont différentes, avec des mouvements, avec les aumôneries, les aumôneries scolaires, les aumôneries d’hôpitaux, les aumôneries de prisons… Tout cet ensemble-là est rassemblé dans le diocèse et est sous la responsabilité de l'évêque.


Et puis l'autre aspect que je soulignerai aussi volontiers, c'est que l'évêque, il est aussi chargé de donner un élan, un encouragement à chacun. Le mot évêque vient de l'épiscope, traduit parfois un peu littéralement en disant que c'est le surveillant. Ce n’est pas le surveillant qui va donner les bons et les mauvais points, mais c'est plutôt celui qui va encourager.

La mission de l'évêque c'est d’encourager chacun à avancer sur son chemin dans sa responsabilité, pour que l'Évangile soit annoncé et qu’il soit vécu.


A l’origine des évêques : le Christ et les apôtres



L’Église est fondée par le Christ, et le Christ confie à Pierre et aux autres Apôtres la responsabilité d'être ses témoins. Elle est témoin de l'Évangile en particulier lorsqu'il ne sera plus physiquement présent au milieu de ses disciples. Et donc à partir de la Pentecôte les apôtres vont aller annoncer l'Évangile dans l'ensemble de la terre connue d'alors et fonder des églises, et instituer ainsi des églises particulières. Les évêques sont les lointains successeurs des Apôtres dans ce que l'on appelle la succession apostolique, c'est à dire que leur responsabilité se situe par rapport à cette mission, qui a été confiée par le Christ à ses Apôtres.


Pourquoi y a-t-il une hiérarchie dans l'Église ?



Dans le peuple de Dieu, tous les baptisés sont prêtres, prophètes et rois, et parmi eux certains sont choisis pour exercer ce sacerdoce d'une manière plus particulière dans le sacerdoce ministériel.


L’évêque travaille en équipe


Il est important de voir que l'évêque n’est pas tout seul. Au contraire l’évêque est entouré par beaucoup de collaborateurs et beaucoup de conseils.

Il a un ou quelquefois plusieurs vicaires généraux, qui sont des prêtres qui secondent l’évêque et portent avec lui un certain nombre de responsabilités, dans la gestion, le fonctionnement du diocèse, même si bien sûr c'est l'évêque qui tranche lorsqu'il y a des décisions à prendre.

Et puis ensuite l'évêque a un conseil épiscopal, dans lequel figurent des prêtres mais en général aussi d'autres, des diacres, des laïcs, hommes ou femmes. Il fait réfléchir ensemble aux enjeux de la vie du diocèse, aux difficultés qui peuvent se présenter, aux questions de personnes etc…

Dans les autres conseils qui sont prévus par le droit de l'Église, il y a le conseil presbytéral, qui rassemble les prêtres et qui à la fois va traiter des questions qui concernent la vie et le ministère des prêtres : la vie concrète des prêtres. Il va aussi porter les grandes questions pastorales, les grands enjeux qu’on voudrait voir se développer dans la vie du diocèse : comment progresser dans l'annonce de l'Évangile, dans le témoignage de la Foi, à travers quelles initiatives, à travers quels projets. Ce sont des sujets qui sont débattus au sein du conseil presbytéral.

De même il y a un conseil diocésain de pastorale. De la même manière que dans les paroisses il y a en général un conseil pastoral ou une équipe d'animation pastorale, eh bien au niveau du diocèse il y a un conseil diocésain de pastorale. Il va rassembler les principaux acteurs de la vie pastorale du diocèse : prêtres, laïcs, religieux, tous ceux qui sont engagés dans la vie de l'église diocésaine de l'église particulière. Et là ce sont des grandes thématiques qui sont discutées et qui vont ensuite pouvoir se traduire dans des orientations plus concrètes que l'évêque pourra prendre.

Il a des collaborateurs qui ensuite ont des responsabilités précises dans tel ou tel domaine : l'économe diocésain pour la vie matérielle, le chancelier pour les aspects juridiques, l’official pour les aspects judiciaires etc…

La curie diocésaine c'est l'ensemble des collaborateurs de l'évêque qui porte la gestion et le fonctionnement du diocèse pour le bien de tous.

L’ordination épiscopale


Lorsqu'un prêtre est choisi comme évêque, il va recevoir une ordination. L’épiscopat est de nature sacramentelle et constitue le troisième degré du sacrement de l'ordre : le diaconat, le presbytérat et l'épiscopat.

Pour être ordonné évêque, il faut que plusieurs évêques se rassemblent. Un est chargé d'être le principal consécrateur, avec deux autres. Donc ils sont trois, pour manifester qu’on n'est pas évêque dans son coin mais qu'on rentre dans ce collège épiscopal qui est la communion des évêques avec l'évêque de Rome.

Et au cours de la célébration, on va retrouver les signes de l'ordination à travers l'imposition des mains et la prière consécratoire principalement, puis ensuite l'onction avec le Saint Chrême et la remise des insignes : l'anneau, la crosse et la mitre.

Comme devient-on évêque ?



Il n’y a pas de candidature : on est nommé par le Pape. Evidemment, le pape ne connaît pas tous les prêtres du monde.

Donc on demande régulièrement aux évêques de proposer des noms de prêtres dont ils peuvent penser qu'ils auraient les capacités, les aptitudes pour devenir évêques.

Et ensuite celui qui joue un rôle très important dans ce processus, c'est le nonce apostolique, qui est le représentant du pape en France, à la fois d'un point de vue civil vis-à-vis du gouvernement, et puis d'un point de vue ecclésial vis-à-vis des diocèses et vis-à-vis des évêques en France. Et lorsqu’on a besoin de nommer un nouvel évêque dans un diocèse, le nonce fait d'abord une enquête pour bien comprendre la réalité ecclésiale et puis peut-être humaine tout simplement du diocèse. A partir de là, il essaie de définir quel profil on peut rechercher pour pouvoir nommer cet évêque. Et en fonction des candidats sur lesquels il a déjà aussi fait sa propre enquête, il va proposer à Rome, ce qu'on appelle une terna, c'est à dire trois noms, de prêtres ou d'évêques, si ce sont des gens qui sont déjà évêques, dont il pense qu'ils seraient aptes pour remplir cette fonction dans le diocèse concerné.

Et puis ensuite à Rome c'est le dicastère des évêques qui va discuter de cela et qui va proposer au pape la nomination d'un de ses noms, ou peut-être dire qu'aucun ne semble correspondre à ceux qui sont recherchés.
Voilà le processus. C'est vrai que c'est un processus qui peut paraître un peu secret, par nature. Mais il n'est pas arbitraire. Il doit se baser sur les témoignages qui sont demandés vis-à-vis des personnes concernées et puis vis-à-vis des attentes qui sont celles manifestées dans le diocèse.

Donc une fois que le pape a pris sa décision le nonce en est informé, et il va demander à celui qui a été désigné s'il accepte cette nomination et en fonction de cela elle sera ensuite rendue publique.

Les évêques en réseaux


Les évêques ont d'abord principalement la responsabilité dans leur diocèse mais comme membres de la conférence épiscopale ils ont aussi différentes responsabilités qui peuvent leur être confiées : soit des responsabilités internes dans le fonctionnement de la conférence épiscopale, soit en faisant partie de différentes commissions, conseils qui vont toucher tel ou tel aspect de la vie pastorale : la liturgie, la catéchèse, la pastorale des jeunes, les relations avec les autres religions, l'œcuménisme, tout ce qui fait la vie de l'Église.


Et puis il peuvent être aussi (et c'est mon cas) représentant auprès d'autres instances. Et dans ce cadre-là, je suis le représentant des évêques de France à la COMECE. C'est la commission des épiscopats de l'Union Européenne, qui rassemble un évêque par conférence épiscopale de pays membres de l'Union Européenne. Elle a son siège à Bruxelles et elle accompagne la vie et les projets de l'Union Européenne. C'est sur des aspects plus politiques plus économiques sociaux qu’ on va discuter.


(Monseigneur Antoine Herouard

Monsieur Antoine Herouard est archevêque de Dijon depuis 2022. Il était évêque auxiliaire de Lille depuis 2017.)
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité




"Redécouvrons L'Eglise pour mieux l'aimer" par THEODOM Empty
MessageSujet: Re: "Redécouvrons L'Eglise pour mieux l'aimer" par THEODOM   "Redécouvrons L'Eglise pour mieux l'aimer" par THEODOM Empty9/10/2022, 10:26



4. Vatican : pourquoi un État ?



Bienvenue à Rome, la ‘cité éternelle’ ! C'est ici qu'habite le pape, le Souverain Pontife de l’Eglise Catholique.

Voix off : « Sr. Federica, mais le pape habite-t-il à Rome ou au Vatican ? »


« Oui, justement, au Vatican ». C'est ici qu'arrivent les nouvelles et les problèmes des Églises du monde entier...


Voix off : « Désolée Sr. Federica, mais ces trucs arrivent-ils à Rome ou au Saint-Siège ? »
« Au Saint-Siège, merci !


Voix off :  « Mais non, tu as raison, c'est à Rome parce qu'on dit que le pape est l'évêque de Rome. »


Ok ! On recommence... Bienvenue à Rome, ‘le grand embouteillage de l'église’... Venez, on y va déboucher les malentendus !



Pourquoi l’évêque de Rome a-t-il un rôle particulier dans l’Eglise ?


Les premiers fidèles de Rome sont soutenus par la présence des apôtres Pierre et Paul, qui arrivent jusqu'ici pour annoncer, enseigner et témoigner de l'évangile jusqu'au martyre.


En l'apôtre Pierre, l'Église naissante reconnaît son premier pape et la communauté croyante de Rome son premier évêque. Pierre est le Vicaire du Christ et le Chef des apôtres, par mandat reçu de Jésus lui-même : « Sois le berger de mes brebis ! » (Jean 21 : 15-17). Le lien entre Rome et tout successeur légitime de Pierre est très fort et ainsi l'Église de Rome devient bientôt une référence pour les autres communautés chrétiennes.


La primauté du siège romain s’affirme ensuite, au fil du temps, surtout dans le but de combattre les hérésies des premiers siècles et de sauvegarder la foi. Saint Irénée de Lyon (130-202), a été parmi les premiers pères de l'église à affirmer que « avec cette Église [= celle de Rome], doit nécessairement s’accorder toute église », car en elle a été conservée la Tradition qui remonte aux apôtres Pierre et Paul (Irénée de Lyon, Contre les hérésies, Livre III,3.2).


Le pape est donc d'abord l'évêque du diocèse de Rome. Et avant d'être élu pape, il est à tout égard un évêque comme les autres évêques.


Qu'est-ce que le Saint-Siège ?



Le Saint-Siège ou Siège Apostolique, c’est le Siège épiscopal de saint Pierre : en pratique, c’est le Pape et ses organes de gouvernance pastorale de l'Eglise.


Le Saint-Siège est reconnu comme un sujet de droit international, qui entretient des relations diplomatiques avec plus de 180 États et beaucoup d’organisations internationales (parmi elles, l’UE, l’ONU, la FAO, l’UNICEF, l’UNESCO).


Du point de vue institutionnel, le Siège Apostolique a pris, au fil des siècles, les instruments dont le pontife romain se servait dans le gouvernement de l'Église :
le Synode romain, au premier millénaire,
le Collège des Cardinaux, après l'an mille,
les Congrégations, depuis le Concile de Trente (XVI° sec.),


les Conseils Pontificaux, après le Concile Vatican II.


Tous ces organismes constituent ensemble ce que nous appelons la Curie Romaine.


La Curie Romaine est née de la nécessité d'assurer au pape une cour, une suite de collaborateurs illustres, à l'imitation des courtisans des rois.


Alors, aujourd’hui, c’est quoi la Curie Romaine ?



Comme la Curie d’un évêque est l'ensemble des collaborateurs qui l'aident à gouverner le diocèse, ainsi la Curie Romaine est pour le pape l’ensemble des organismes qui l’aident à accomplir sa mission de Pasteur de l'Eglise universelle.


Ces organismes sont appelés "dicastères" et, un peu comme des ministères, chacun s’occupe d'un domaine particulier de l'Église, par exemple :


  • l'évangélisation,

  • la doctrine de la foi,

  • la vie des laïcs, du clergé, des consacrés,

  • la liturgie,

  • la justice,

  • l'économie,

  • la charité,

  • le développement humain,

  • la culture,

  • le dialogue interreligieux,

  • la communication sociale...




Tous les dicastères sont juridiquement égaux entre eux et sont coordonnés par un chef de dicastère, un secrétaire et au moins un sous-secrétaire ou un secrétaire adjoint. 


Mais, parmi les dicastères, la Secrétairerie d'État a cependant une place éminente car, en plus d'être le secrétariat personnel du pape, elle est aussi l’organisme chargé des relations avec le monde entier, et son chef (le Secrétaire d'État) équivaut au Ministre des Affaires Étrangères.


On dit que « l'histoire de la Curie Romaine est aussi l'histoire de son éternelle réforme » (Curia romana semper reformanda). C’est vrai ! 
Aujourd'hui, la Curie Romaine traverse une nouvelle et importante phase d’adaptation. Cette réforme est un grand défi, une œuvre qui ne finira jamais, une mission visant à ce que l'Église puisse être de mieux en mieux insérée institutionnellement dans la société, mais spirituellement attentive au service de l'Évangile.


Pourquoi le Vatican est-il un Etat ?



L'étudiant en droit canonique apprend dès le premier jour de classe qu'il y a deux mots interdits dans son vocabulaire juridique : « Rome » et « le Vatican ». Ce ne sont pas de ‘mauvais’ mots, mais ce sont des mots ‘incomplets’ qui doivent être précisés pour prendre le bon sens.


Pour comprendre ce qu'est le Vatican aujourd’hui, il faut remonter au VIIIe siècle, à la naissance de l'État Pontifical, grâce à Charlemagne, ou plutôt à son père, Pépin le Bref. Pépin renverse le dernier roi mérovingien, mais pour être un roi légitime, il a besoin du soutien du pape. De son côté le pape Etienne II est menacé par les Lombards ; il a besoin de la protection du roi des Francs. Résultat : le pape consacre Pépin roi des Francs, et Pépin donne au pape les territoires centraux de la péninsule italienne. L'État Pontifical est né, le pouvoir temporel de l'Église commence (en l’an 752).


Cet état va durer environ 1000 ans. Lorsque les populations italiques souhaitent se réunir en un seul état, l'État Pontifical devient une barrière à combattre et à démanteler. C’est le Risorgimento, avec ses guerres pour l’unité de l’Italie. Résultat : Rome est conquise, l'État pontifical est dissout, le pouvoir temporel de l'Église est fini (en 1870).


Presque 60 ans plus tard, par la signature du Traité du Latran, le roi d'Italie accorde au pape le Vatican, c’est-à-dire une colline de Rome, située sur la rive droite du Tibre. Ainsi naît, au cœur de la capitale de l'Italie, un nouvel État effectivement reconnu au niveau international : le 7 juin 1929, l'État de la Cité du Vatican est né.


En résumé, l’Etat du Vatican, c’est l’enveloppe juridique et territoriale créée pour garantir au pape à la tête du Saint-Siège l'indépendance nécessaire à la poursuite de sa mission de Souverain Pontife de l’Église Catholique. 


C’est pour cela que le pape est un Chef d'État.


Concrètement, l'État de la Cité du Vatican, qu’est-ce que c’est ?



Allons regarder de plus près !


Regardez : ici, je suis Via della Conciliazione, à Rome ; et ici je suis Piazza San Pietro, à la Cité du Vatican. Me voici en Italie ; et me voilà à l'étranger.


Ceci est rendu possible par le Traité du Latran qui reconnaît l'État de la Cité du Vatican, avec une superficie de 0,49 km2 et une population de moins de 500 habitants : c’est le plus petit État du monde!


Ce Traité établit les critères de compétence concernant la collaboration entre les forces de police respectives, l'utilisation de l'espace aérien au-dessus, la fourniture des services d'eau, de téléphone, de poste, de chemin de fer vers la Cité du Vatican.


L'État de la Cité du Vatican est sans doute unique en son genre. Du point de vue constitutionnel, il s’agit d’une monarchie théocratique absolue, créée pour poursuivre des buts non pas politiques mais religieux.


Mais pour être reconnu comme un État, il faut aussi qu'il se comporte un peu comme un État.


 Saviez-vous, par exemple, que l’Etat de la Cité du Vatican a :


  • son propre drapeau ;

  • son hymne national, composé par Charles Gounod ;

  • son propre système de tribunaux, à ne pas confondre avec les Tribunaux Apostoliques de l'Église ;

  • une plaque d’immatriculation spéciale ;

  • des propres timbres ;

  • des musées ;

  • un service national de radio-télévision et un quotidien officiel ;

  • un institut financier, une pharmacie ;

  • un observatoire astronomique ;

  • deux forces armées (la Garde Suisse Pontificale et la Gendarmerie de l’ECV)

  • et un corps de sapeurs-pompiers.




Comment le pape peut-il superviser tout cela et en même temps accomplir sa mission de pasteur de l’Eglise universelle et de Chef de l'Église ?


Eh bien, tout le monde ne sait pas qu'à côté de la Curie Romaine il existe un autre organisme très important, qui agit au nom du pape pour la réalisation de toutes les affaires internes et administratives de la Cité du Vatican ; c’est une sorte de super-ministère-tout compris qui s'appelle Gouvernorat de l'État de la Cité du Vatican.


En conclusion le pape est à la fois un évêque diocésain, un chef religieux, un chef d'État. Et maintenant on peut mieux comprendre pourquoi il nous répète tous les jours de prier pour lui…




Soeur Federica Casaburi

Soeur Federica était avocate avant d'être dominicaine de la Congrégation Romaine de Saint Dominique. En 2021, elle vit au couvent de Poitiers.
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité




"Redécouvrons L'Eglise pour mieux l'aimer" par THEODOM Empty
MessageSujet: Re: "Redécouvrons L'Eglise pour mieux l'aimer" par THEODOM   "Redécouvrons L'Eglise pour mieux l'aimer" par THEODOM Empty12/10/2022, 10:45

L' Église doit bien gérer les dons des fidèles. Pour le vérifier, nous avons rencontré Marc Odendall, membre du conseil de l'Autorité d'Information Financière pendant 5 années. Il a été chargé, par l'Église, de contrôler les comptes à la banque du Vatican.


Fort de son expérience, il nous explique d'où viennent les ressources du Vatican, à combien elles se montent. À l'aide de chiffres précis, il compare le revenu et le patrimoine du Vatican à ceux d'ONG, de diocèses...






5. L’argent de l’Église…


j'ai été nommé par le pape François en 2014 et j'ai fait partie de son conseil d'administration pendant cinq ans. L’AIF c’est l'Agence pour l'Information Financière et c'est l'agence de gouvernance de la banque du Vatican, l’IOR, l'Institut des Œuvres Religieuses.

Notre rôle était de s'assurer à la fois qu'il y ait une réglementation financière que la banque puisse suivre de manière à éviter les dérives possibles. Et l'autre rôle c'était de s'assurer que les cas suspects pouvaient être amenés à notre connaissance, instruits et transmis au procureur du Vatican, qui s'appelle le promoteur de justice, afin que des enquêtes financières, des jugements et éventuellement des condamnations puissent se faire.



Le patrimoine du Vatican


Alors le Vatican a un grand patrimoine qui n'est pas liquide. C’est son patrimoine culturel, puisque la plus grande fortune du Vatican, qui n'a pas de prix, c'est le musée du Vatican et son contenu. Il est hors de question de vendre des œuvres. On ne peut même pas savoir quelle est la valeur de ce qui est dans le musée du Vatican.


La deuxième fortune du Vatican c'est son patrimoine immobilier en Italie et en Europe, surtout en France et en Suisse en particulier. Alors les évaluations sont faites par l'entité qui gère ça au Vatican, qui s'appelle l’APSA (Administration du patrimoine du siège apostolique). Il a une valeur approximative d’environ 3 milliards d'Euros. Voilà ça c'est le patrimoine immobilier


Et puis vous avez un patrimoine liquide qui est l'argent du Vatican, du Saint-Siège, qui est géré par la banque du Vatican et qui représente une toute petite somme au niveau de l'Église, qui est de 600 millions d'euros. Cela c’est la fortune du Vatican.


Les revenus du Vatican


Maintenant au niveau des revenus du Vatican, c’est un tout petit budget puisque le budget [les dépenses] du Vatican c'est environ 300 à 350 millions d'euros par an, et les revenus sont environ 260 à 300 millions. Donc il y a un déficit annuel d'environ 50 millions.


Les revenus c'est donc comme je vous le disais, les visites du musée. Alors l'année dernière et l'année d'avant, gros trou, à cause du COVID. C'est aussi l'impression des timbres. Parce qu'il y a de beaux timbres et que ça rapporte des sous. Et ce sont les revenus financiers que génère la banque. La banque doit générer d'habitude 50 millions. L'année dernière elle en a généré 11, l’année d’avant 25 donc c'est un peu aussi des montagnes russes, et cela dépend un peu des marchés.


On pourrait le comparer à une ONG de taille respectable parce que 350 millions de budget ça commence à être respectable. C'est un diocèse de bonne taille, mais ce n’est pas le plus gros diocèse. Par exemple, le diocèse de Cologne, dont le revenu annuel, ce n'est pas 300 à 350 millions comme le Vatican, mais c’est 1 milliard. Et le patrimoine de Cologne c'est un peu au-dessus des 3 milliards du Vatican. Donc, vous voyez c'est un gros diocèse. Je crois que c'est le plus gros diocèse du monde. Le diocèse de Paris pour comparer, c’est 100 millions.

D’où vient la fortune du Vatican ?


Cette fortune, c'est en fait peu de choses de ce qui a été donné à l'Église au moment où le traité du Latran a été signé, entre le pape de l'époque et Mussolini. Il s’agissait d’indemniser tous les territoires et tous les immeubles italiens qui avaient été pris en 1871. Les territoires temporels du pape ont alors été saisis par le Royaume d'Italie, au moment où il s'est constitué. Pendant des dizaines d'années le Pape s'est retrouvé tout seul avec sa petite Curie au Vatican, en refusant de parler à qui que ce soit. Et finalement sous Mussolini on a décidé de faire un accord et on a indemnisé l'Église avec une très grosse somme pour l’époque, qui a été ensuite investie en immeuble et dans plusieurs choses. Ce sont aujourd'hui ces actifs-là qui rapportent l'argent nécessaire à la vie du Saint-Siège.

A quoi sert l’argent du Vatican ?


Vous avez pour les dépenses au niveau du Vatican, vous avez bien-sûr la Curie, et puis vous avez tous les nonces apostoliques dans près de 200 pays au monde. Donc ce sont les ambassades du Vatican, qui sont le meilleur système de renseignement de diplomatie mondiale. Le système diplomatique on pourrait penser que ce n'est pas utile, moi je pense que c'est essentiel pour aider l'Église a aider la paix dans le monde, parce que l'Église fait un travail de résolution des conflits qui est tout à fait considérable et tout à fait secret, que personne ne connaît. Et beaucoup d'états ont recours en fait aux services du Vatican pour rapprocher les points de vue et pour éviter que des conflits perdurent.

Un budget global de l’Église ?


Au-delà du Vatican qui a un budget relativement modeste, est-ce qu’on peut imaginer ce que c'est que le budget global de l’Église ? Alors ça voudrait dire qu'il faudrait impliquer tous les diocèses. Donc il doit y avoir 4500 à 5000 diocèses dans le monde. Il faudrait ajouter à ça toutes les congrégations religieuses et les ONG comme par exemple l’Ordre de Malte, dont je fais partie. Pour vous donner un exemple l’Ordre de Malte a un budget annuel de 2 milliards d'euros. C'est cinq fois plus gros que le Vatican. Vous avez d'autres organisations catholiques donc je pense que le niveau consolidé est très difficile à évaluer. Mais il ne faut pas oublier qu'on est quand même un milliard quatre de chrétiens donc ça fait quand même beaucoup de monde.

Et au niveau local, quelles dépenses ?


Historiquement la cellule de base de l’Église, ça a toujours été le diocèse, depuis le début l’Église.


Le budget annuel dans ma paroisse, c’était 300 000 Francs Suisses par an, donc aujourd'hui ça fait pratiquement 300 000 euros par an. Et là-dedans vous avez la gestion des bâtiments, le chauffage, les abonnements, les assurances, les employés. Puisqu'il y a le secrétaire de paroisse, le bedeau, l'organiste enfin vous avez tous les emplois, plus toutes les charges qui font partie du budget de la paroisse.


Alors dans d'autres pays c'est différent, parfois le bâtiment n'appartient pas à l'association parce qu'il appartient à la commune. C’est le cas en France pour les églises qui existaient avant la loi de 1905. Et les charges du bâtiment sont à la charge de l'état ou de la commune et ne sont pas à la charge de l'association paroissiale.

Et quelles recettes ?


Dans notre paroisse, c'est très simple, on a un parking pour que les paroissiens puissent venir le dimanche à la messe, et quand il n’y a pas de messe, le parking est loué à des particuliers. Et ça fait un tiers des revenus. Et puis vous avez un petit patrimoine qui nous a été légué, il y a quelques dizaines d'années par un paroissien, et qui sert de réserve si on est en déficit une année, ce qui arrive. Et le reste, ce sont les quêtes : les quêtes et les dons annuels. Vous avez certains paroissiens qui font des gros dons au moment du denier de l’Église et puis vous avez bien sûr les quêtes.

Est-ce que l’Église rend des comptes ?


En termes de contrôle, vous avez des diocèses comme le diocèse de Paris qui est remarquablement documenté, avec un rapport annuel, qui est tout à fait remarquable. Les économes passés et présents sont de très grande qualité. Ce sont des anciens directeurs financiers de grands groupes. Ce sont des gens qui savent de quoi ils parlent et les gens qui travaillent pour eux aussi. Tout ça est audité, revu, tamponné et ça va très bien.


Le rapport annuel du Vatican jusqu'à l’année dernière n'existait pas. C’est pour ça que j’hésite sur les chiffres, parce qu’on ne sait pas très bien. C'est que le rapport n'existe pas.


Plus il y a de compétences, moins il y a de corruption. Et l’inverse est vrai. 


Donc si vous avez des compétences, mettez-les au service de l’Église. Mettez-les au service de votre paroisse. Mettez-les au service du diocèse. Mettez-les au service du Vatican. Vous ne serez pas payé et c'est très bien, mais vous rendrez service et vous ferez en sorte que l'argent sera mieux géré, pour les pauvres, pour les malades, et pour les besoins de l’Église.


Marc Odendall

Marc Odendall a longtemps travaillé dans le secteur bancaire. Il a été membre du Conseil de direction de l’Autorité d’information financière (AIF) du Vatican entre 2014 et 2018.
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité




"Redécouvrons L'Eglise pour mieux l'aimer" par THEODOM Empty
MessageSujet: Re: "Redécouvrons L'Eglise pour mieux l'aimer" par THEODOM   "Redécouvrons L'Eglise pour mieux l'aimer" par THEODOM Empty16/10/2022, 10:55

Poursuivons notre visite romaine à la rencontre du frère Hyacinthe Destivelle, dominicain : il travaille au Conseil Pontifical pour la promotion de l'unité des chrétiens à la section orientale.

A ce titre, il accompagne et conseille le pape dans le dialogue avec les orthodoxes pour un rapprochement avec les églises orthodoxes orientales. C'est un témoin d'exception des initiatives de réconciliation des différentes Églises.


En récitant le Credo chaque dimanche, nous affirmons que l'Église est une. Nous prions aussi pour que l'unité chrétienne advienne. Dans cette vidéo très inspirante pour notre vie de prière, frère Hyacinthe nous explique de quelle unité il s'agit.



6. L’Église est une ! vraiment ?



Nous professons dans le Symbole de la foi, dans le credo, que l'Église est une : « Je crois en l'Église, une, sainte, catholique ». Nous prions aussi à chaque fois que nous célébrons l'Eucharistie pour que Dieu conduise l'Église vers l'unité parfaite : « Donne lui toujours cette paix et conduis la vers l'unité parfaite ». Cela veut bien dire qu’à la fois l'Église est une, cette unité ayant été donnée à l'origine même de l'Église. Mais en même temps nous prions pour que Dieu perfectionne cette unité.

Je travaille au Vatican, au Conseil pontifical pour la promotion de l'unité des chrétiens, à la section orientale et en même temps j'habite à l’Angelicum, à l'Université pontificale Saint-Thomas-d'Aquin. J’enseigne l’œcuménisme et je suis directeur de l'Institut d'études œcuméniques.



L’unité, une prière et une mission


Le Concile Vatican II dans le décret Unitatis Redintegratio a affirmé cela avec beaucoup de force, en disant que le Christ avait donné cette unité à son Église dès son commencement. Et nous, catholiques, nous croyons que cette unité, cette Église du Christ, elle subsiste dans l’Église Catholique. Mais nous affirmons en même temps que cette unité, elle ne cesse de croître et elle doit se perfectionner, par notre prière, dans l'Esprit Saint.


Le Christ lui-même a prié à la veille de sa passion « pour que tous soient un », au moment le plus critique de sa vie : « que tous soient un pour que le monde croit que tu m'as envoyé ». Alors cette unité, c'est d'abord une prière, ce n'est pas un commandement. Ensuite cette unité, ce n'est pas un but en soi, c'est pour que le monde croit. Donc cette unité elle a une mission, c'est que tous croient que Jésus a été envoyé au monde pour le sauver.

Unité des chrétiens et unité chrétienne


Et c'est pour cela qu'il faut distinguer l'unité des chrétiens de l'unité chrétienne, parce que l'unité des chrétiens c'est finalement juste un moyen, on peut dire une étape, vers l'unité chrétienne, c'est-à-dire l'unité de tous en Christ, l'unité de tout le Cosmos en Christ. Saint Irénée de Lyon, qui a été récemment proclamé docteur de l'unité, a beaucoup réfléchi sur ce thème. Le but ce n'est pas l'unité des Chrétiens, c'est l'unité de tous en Christ, unité de toute la Création l'unité du cosmos tout entier en Christ, quand tout cela sera récapitulé en Christ.

L’Eglise est une, mais les chrétiens sont divisés


Alors la grande question c'est de comprendre comment l'Église est une mais les chrétiens sont divisés. Et pour cela il faut se rappeler que l'Église a été fondée le jour de la Pentecôte. Dès le début il y avait cette diversité parmi les disciples du Christ et c'est l'Esprit Saint qui a harmonisé, qui a réconcilié cette diversité.


Donc effectivement unité ne veut pas dire uniformité. L'unité elle se fait dans la diversité. C'est une unité à l'image même de la sainte Trinité qui est l'unité dans la Trinité. C'est cette Trinité qui est la source et le modèle de l'unité des chrétiens : une unité dans la diversité.


L'unité des chrétiens se fera donc selon ce modèle, qu'on peut appeler de « diversité réconciliée », pour utiliser une expression qui est souvent rappelée par le pape François. Nos diversités ne seront plus des divergences et des divisions, mais elles seront réconciliées par l'Esprit Saint.

Qu’est-ce que signifie « catholique » ?


Alors « catholique » ça veut dire « selon le tout », katholou. Donc c'est un mot qui a plusieurs significations.
Effectivement il y a une signification géographique : donc je crois en l'Église universelle. C’est une des significations de ce terme.


Mais pour les Pères de l'Église, « catholique » c'était la « foi catholique » d'abord, c'était la foi orthodoxe. L'expression « catholique » a aussi un sens théologique, pas seulement géographique.


Il y a un sens qui est peut-être encore plus profond. C'est d'ailleurs ce terme qui a été utilisé dans la traduction slave, c'est : « Je crois en l'Église une sainte et conciliaire ». Ils utilisent le mot saborny. Et sabirat, ça veut dire « rassembler » : « Je crois en l'Église rassemblée de partout ». Donc là on voit qu'on est loin d'une interprétation simplement géographique, universelle ou même purement dogmatique, mais d'une conception de l'Église comme « communion » je crois en l'Église conciliaire, l'Église rassemblée de partout, parce que l'Église, c'est avant tout effectivement le rassemblement de tous les disciples du Christ qui marchent à sa suite.

On parle plus de communion que d’unité ?


Effectivement on définit maintenant beaucoup l'Église par « communion ». Et même on utilisera plus souvent le terme « communion » qu' « unité », parce que aujourd'hui le mot « unité » fait peur. On pense unité-uniformité et l'unité fait peur parce qu'on a l'impression que la diversité va être niée, absorbée, engloutie dans l'unité. C'est pour cela que c'est difficile de parler d'unité de l'Église parce qu'il y a toujours cet a priori moderne négatif contre l'unité qui n'existait pas il y a encore quelques décennies.


Aujourd'hui on parlera peut-être plus facilement de communion, de rétablir la pleine communion, parce que justement la communion permet d'imaginer l'unité dans la diversité.


Et surtout le mot « communion » permet d'imaginer aussi des degrés dans la communion. Il n’y a pas de degré dans l'unité : soit on est unis soit on ne l'est pas. En revanche on peut être plus ou moins « en communion » et c'est exactement ce que dit le Concile Vatican II à propos des autres chrétiens : qu'ils sont en communion imparfaite ou en communion qui n'est pas encore pleine.

Quelle communion avons-nous avec les autres chrétiens ?


Nous avons différents degrés de communion avec les différentes communautés chrétiennes ou les différentes églises et communautés ecclésiales comme le dit Vatican II.
Avec les églises issues de la Réforme, nous avons de très nombreux éléments en commun, qui sont beaucoup plus nombreux même que ce qui nous divise, en particulier en ce qui concerne la Foi, maintenant que nous avons pu nous mettre d'accord sur un certain nombre d'articles de la foi qui autrefois nous divisaient, en particulier sur la doctrine de la justification, grâce à l'accord de 1999. Mais nous avons encore beaucoup de désaccords sur la conception de l'église, des ministères, des sacrements. Avec les orthodoxes, en revanche, nous avons presque la même conception de l'église, des ministères, des sacrements et donc c'est pour cela que l'Église catholique a toujours reconnu aux communautés orthodoxes le statut d'église au sens plein du terme, alors que pour les églises et communautés ecclésiales issues de la Réforme, le terme « église » n'est pas utilisé depuis Vatican II dans le Magistère catholique, et nous préférons parler en général de « communautés ecclésiales » en reconnaissant que nous n'avons pas exactement la même conception de l'église, des sacrements et des ministères.

Quel avenir pour l’unité de l'Église ?


Une chose qui est importante a rappeler, c'est qu'il n'y aura pas d'unité sans désir d'unité. Ce qui a motivé tous les pionniers de l’œcuménisme au XXème siècle, c'était qu'ils étaient habités par ce désir d'unité. Quand on pense à des gens comme le père Congar, qui a été un des pionniers de l'œcuménisme théologique ou le père Couturier à Lyon, qui a lancé l'œcuménisme spirituel dans l'Église catholique. Il y a des saints qui ont voué leur vie à l'unité de l'Église. On peut penser par exemple en Italie à sœur Maria Gabriela Sagheddu, qui avait donné toute sa vie pour l'unité, qui est morte très jeune en offrant sa vie et sa mort pour l'unité des chrétiens. Tous ces gens-là étaient profondément habités par ce désir.


Et donc la première condition à l'unité des chrétiens c'est que nous soyons nous aussi habités par ce désir d'unité en reconnaissant qu'il n'y aura pas de mission crédible des chrétiens s'ils ne sont pas eux-mêmes unis dans leurs témoignages.


Dans la seconde vidéo, il retrace l'histoire de nos divisions pour faire un état des lieux de notre chemin vers l'unité aujourd'hui.







7. À quand l’unité des chrétiens ?

Aux origines du Christianisme il y a eu des divisions et les séparations. Aujourd'hui nous sommes les héritiers de trois principales divisions qui nous séparent, mais nous cherchons, grâce au mouvement œcuménique, grâce à l'engagement de l'Église catholique en particulier, à surmonter ces divisions de différentes façons.


L’origine des divisions


La première division, c'est celle qui a eu lieu autour des questions christologiques, lors des conciles d'Éphèse et de Chalcédoine. Ces conciles ont suscité des controverses qui ont amené à la première séparation dans le monde chrétien entre les églises qu'on appelle chalcédoniennes, celle qui reconnaissent le Concile de Chalcédoine et les églises qui ont refusé ce Concile de Chalcédoine, qu'on appelait avant « monophysites » - à tort - , qu'on appelle maintenant les églises « orthodoxes orientales ». Ces églises, ce sont les églises de tradition copte, syriaque, arménienne. Elles n’étaient ni de tradition byzantine ni de tradition latine. Elles ne se sont pas reconnues dans le langage qui était utilisé par le Concile de Chalcédoine, le quatrième concile œcuménique pour définir le grand mystère de la foi en Christ.


Ensuite, la deuxième grande division, c'est celle qui a lieu entre les grecs et les latins, deux églises chalcédoniennes, mais qui se sont divisées essentiellement sur des questions ecclésiologiques au XIème siècle. La date symbolique est celle de 1054 lorsque le représentant du pape a excommunié le patriarche de Constantinople et réciproquement. Cette division, dont nous subissons encore les conséquences, a marqué la séparation entre l’univers grec et l'univers latin, entre l'église que nous appelons aujourd'hui l'église orthodoxe ou les églises orthodoxes et l'église latine.


Enfin la troisième grande division a eu lieu à l'époque de la Réforme ou des Réformes plus précisément, autour du XVème-XVIème siècle. Elle a marqué aussi une séparation profonde dans le monde chrétien occidental entre l'Église catholique et les églises issues de la Réforme, qu'elles soient de traditions luthériennes ou réformées.


Toutes ses grandes divisions doivent être abordées de façons différentes. On ne peut pas parler de tout avec tout le monde, parce qu’ avec les chrétiens qui se sont séparés au IVe siècle, la différence était d'ordre christologique.


 Avec les orthodoxes c’était surtout la conception de l'Église et aussi les questions liées à l'Esprit Saint. Avec les chrétiens occidentaux c’était aussi des questions ecclésiologiques, mais aussi des questions d'ordre moral comme celle de la justification. Donc il faut aborder toutes ces questions dans le cadre de dialogues bilatéraux.

Les trois types de dialogues œcuméniques


Nous avons trois grands types de dialogues finalement avec ces églises :


Il y a d'abord le dialogue qu'on appelle le dialogue de la Charité, c'est-à-dire la rencontre fraternelle qui permet de rétablir la confiance, parce que s'il n'y a pas de confiance entre nous, on ne peut pas parler de théologie. Cela paraît maintenant évident, mais à l'époque du Concile Vatican II, ça ne l'était pas. Simplement le fait de se retrouver, de se rencontrer, de se parler comme des frères en Christ, c'est cela qu'on appelle le dialogue de la Charité. Et l'Église Catholique, en particulier le Conseil pontifical pour l'Unité des Chrétiens (Dicastère), travaille beaucoup à construire ce que le pape François appelle « la culture de la rencontre » entre les chrétiens de différentes traditions.


Il y a ce qu'on appelle le « dialogue de la vérité », qui est le dialogue théologique et pour cela l'Église Catholique a lancé un grand nombre de dialogues. Il y a une vingtaine de dialogues théologiques maintenant, qui existent avec les principales traditions chrétiennes d'Orient et d'Occident, pour essayer de résoudre les questions théologiques, qu'elles soient d'ordre christologique, pneumatologique [liée à l’Esprit Saint], ecclésiologique, morale et autres.


Ensuite, il y a ce qu'on appelle le « dialogue de la vie », le dialogue de la vie ce sont différents types d’œcuménismes, qui nous permettent de se retrouver à différents niveaux de la vie concrète des chrétiens.


Le premier type de dialogue de la vie c'est l'œcuménisme pastoral dans toutes les questions de mariages mixtes par exemple qui sont très importantes parce que l'unité des chrétiens, elle commence dans les familles. Et donc, les mariages mixtes sont des laboratoires de l'unité des chrétiens.


Il y a aussi l’œcuménisme qu'on appelle pratique : Comment est-ce que les chrétiens peuvent témoigner ensemble sur des grandes questions de société, comme la question de l'écologie, la question de la pauvreté, la question des migrants, d'autres questions de justice et de paix, qui sont aussi des lieux où les chrétiens peuvent témoigner ensemble.
Et puis il y a aussi ce qu'on appelle l’œcuménisme culturel, lorsqu’il s’agit d’essayer, au-delà de nos différences culturelles, de retrouver notre foi commune.


 C'est aussi un domaine important, parce que, finalement, les chrétiens ont été séparés pour des questions souvent culturelles : la langue entre les grecs et les latins qui ne se comprenaient plus, les mentalités différentes, des approches différentes. Tout cela aussi a contribué beaucoup à la division et donc l’œcuménisme culturel consiste à promouvoir des projets communs au niveau culturel, que ce soit dans le domaine scientifique, académique, artistique et autre.


Ce sont les trois grands types de dialogues : dialogue de la Charité, dialogue de la vérité, dialogue de la vie, avec ces différents types d’œcuménisme.


Mais le plus important finalement, c'est ce qu'on appelle l’œcuménisme spirituel, c'est à dire la prière pour l'unité. Le père Paul Couturier avait l'habitude de dire que, finalement, les chrétiens forment une sorte de monastère spirituel, c'est-à-dire que les chrétiens des différentes traditions du monde entier prient pour l'unité. Ils sont unis comme des moines d'un monastère qui unissent leur prière pour l'unité des chrétiens. Et sans cette prière pour l'unité, tout le travail que nous faisons, tous ces différents dialogues seraient vains.

Les obstacles à l’unité


Certains entrevoient une unité comme une simple réconciliation des divergences, mais sans aller finalement au fond des problèmes qui nous séparent.


Les catholiques et les orthodoxes ont une vision de l'unité dans la foi, les sacrements et les ministères. Et cette unité, elle se réalisera – et c'est ça le but du mouvement œcuménique – dans la communion au même corps et sang du Christ, autour du même autel. Les catholiques d'ailleurs, les orthodoxes aussi, estiment qu'il y a un lien étroit entre communion ecclésiale et communion eucharistique. C'est à dire qu'on ne peut pas être en communion eucharistique si on n'est pas en pleine communion ecclésiale et la pleine communion ecclésiale, elle se manifestera précisément dans la communion eucharistique. Et donc la communion eucharistique n'est pas un moyen pour arriver à l'unité. Elle est le but, elle sera au terme du chemin. Même s'il peut y avoir des exceptions et que parfois il peut être recommandé même, comme le dit le Concile Vatican II, de pouvoir recevoir les sacrements chez les uns et chez les autres. Mais tout de même cela doit rester comme un but et non pas comme un moyen de l'unité.


Il faut aussi avoir à l'esprit que les questions du dialogue œcuménique ont évolué au fil des années. Il y a 60 ans, à l'époque du Concile Vatican II, on utilisait souvent l'adage « la foi divise et l'action unit », parce qu'on avait en tête les grandes divisions en particulier sur la question de la justification avec les luthériens, tandis que l'on mettait en avant l'action qui nous permettait de nous rapprocher les uns des autres, d'agir ensemble, et finalement qui était un moyen de retrouver une certaine communion. Aujourd'hui on dirait presque l’inverse, que la foi unit, mais que l'action divise. Pourquoi ? Parce que grâce au dialogue théologique, nous avons, depuis le Concile Vatican II, pu nous mettre d'accord sur un grand nombre de questions. Et un des accords les plus significatifs a été, de ce point de vue, l'accord sur la doctrine de la justification entre l'Église Catholique et la Fédération Luthérienne Mondiale, qui a été signé en 1999. Mais on se rend compte qu'on n'est pas d'accord sur un grand nombre de questions éthiques et donc des questions pratiques, en particulier sur les questions d'éthique familiale ou sexuelle et donc nous sommes divisés sur des questions qui concernent l'action, même si nous avons maintenant beaucoup d'accords sur les questions théologiques - les questions de foi. Donc c'est une question aussi importante aujourd'hui qui doit nous occuper dans le dialogue œcuménique avec les communautés issues de la Réforme.

L’œcuménisme comme échange des dons


Pendant longtemps on a pensé, en particulier juste après Vatican II, que l’œcuménisme consistait dans des consensus. Donc il faudrait dialoguer pour trouver des consensus sur les questions de la foi qui reste controversée. Aujourd'hui, on se rend compte que cet œcuménisme des consensus est difficile parce qu'on a souvent des langages différents, des approches différentes. Le but de l’œcuménisme, ce n'est pas de trouver un plus petit commun dénominateur de la Foi, qui serait réducteur et qui ne serait souvent pas acceptable par les grandes traditions chrétiennes qui sont soucieuses de garder justement la richesse de leur identité.
Et aujourd'hui on parle beaucoup de l’œcuménisme comme « échange des dons » c'est-à-dire que ce que l'Esprit Saint a semé dans les autres traditions est aussi un don pour nous. Aujourd'hui nous avons cette vision de l'unité, non pas comme la recherche d'un plus petit commun dénominateur, mais comme un échange des dons.


C'est une expression qui a été utilisée par Jean-Paul II. La première fois, c'était au cours d'une homélie dans laquelle il commentait l'adoration des mages. C'est d'ailleurs une très belle image parce que les mages cheminaient ensemble. Donc c'est l'image du mouvement œcuménique commun, d'un chemin commun. Ils ont adoré le Christ ensemble ; cela montre aussi que l’œcuménisme se fonde avant tout sur l’œcuménisme spirituel. Et puis ils ont ouvert leurs trésors, ils ont pu voir les dons qu'ils avaient les uns les autres, qu'ils voulaient offrir au Christ. Mais aussi, c'était une découverte mutuelle pour eux.
Un des leitmotivs du pape François en ce qui concerne l’œcuménisme c'est que les chrétiens doivent marcher ensemble, prier ensemble et travailler ensemble. Et ce triptyque est très significatif de son approche de l’œcuménisme et de l'unité. Cette unité, elle sera donnée non pas au bout du chemin, mais chemin faisant.

Une conversion intérieure


Un aspect fondamental de l’œcuménisme tel qu'il a été promu par Vatican II, c'est que l'unité des chrétiens ce n'est pas d'abord une question de relations extérieures avec les autres chrétiens. C'est une question intérieure. C'est une question interne. Et le décret Unitatis Redintegratio du Concile Vatican II sur l’œcuménisme ne demande rien aux autres chrétiens mais il demande tout aux catholiques. Qu'est ce qu'il demande aux catholiques ? C'est de réformer tout ce qui au sein même de l'Église Catholique fait obstacle à l'unité des chrétiens, et aussi de convertir leur cœur. Cela est très important parce que ça veut dire que l’œcuménisme commence à la maison. C'est un travail que nous devons faire chez nous d'abord avant même d'entrer en dialogue avec les autres.




frère Hyacinthe Destivelle



En 2022, frère Hyacinthe Destivelle est official du Conseil Pontifical pour la promotion de l'unité des chrétiens. Il a été membre de la Commission mixte internationale de dialogue théologique entre l’Église catholique et l’Église orthodoxe. En 2022, il est directeur de l’Institut d’études œcuméniques de l’Université pontificale Saint-Thomas-d’Aquin (Angelicum), à Rome. 
Il a publié, entre autre : Les chrétiens de l'Est après le communisme, Cerf, 2020 ; Conduis-la vers l'unité parfaite, Oecuménisme et spiritualité, Cerf, 2016 ; Les Sciences théologiques en Russie, Cerf, 2010 ; Le Concile de Moscou 1917-1918, Coll. Cogitatio Fidei, Cerf, 2006.
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité




"Redécouvrons L'Eglise pour mieux l'aimer" par THEODOM Empty
MessageSujet: Re: "Redécouvrons L'Eglise pour mieux l'aimer" par THEODOM   "Redécouvrons L'Eglise pour mieux l'aimer" par THEODOM Empty19/10/2022, 11:09

A l'appel du Christ, nous portons tous le désir de progresser vers l'unité des chrétiens. 


Pour saisir les enjeux actuels du dialogue oecuménique, il faut les replacer dans une perspective historique. Nous comprenons mieux alors les origines de nos principales divisions avec nos frères orthodoxes orientaux, orthodoxes et protestants.


Dans cette viéo, le frère Hyacinthe Destivelle nous montre le chemin qu'il reste à parcourir. Plusieurs formes de dialogue sont vécues aujourd'hui : dialogue de la vie, de la vérité, ou de la charité. Il n'y a pas de petits pas pour les grands progrès ! 


Retrouvez dans la première vidéo le frère Hyacinthe : il explique l'unité de l’Église proclamée dans le Credo.






7. À quand l’unité des chrétiens ?

Aux origines du Christianisme il y a eu des divisions et les séparations. Aujourd'hui nous sommes les héritiers de trois principales divisions qui nous séparent, mais nous cherchons, grâce au mouvement œcuménique, grâce à l'engagement de l'Église catholique en particulier, à surmonter ces divisions de différentes façons.



L’origine des divisions


La première division, c'est celle qui a eu lieu autour des questions christologiques, lors des conciles d'Éphèse et de Chalcédoine. Ces conciles ont suscité des controverses qui ont amené à la première séparation dans le monde chrétien entre les églises qu'on appelle chalcédoniennes, celle qui reconnaissent le Concile de Chalcédoine et les églises qui ont refusé ce Concile de Chalcédoine, qu'on appelait avant « monophysites » - à tort - , qu'on appelle maintenant les églises « orthodoxes orientales ». Ces églises, ce sont les églises de tradition copte, syriaque, arménienne. Elles n’étaient ni de tradition byzantine ni de tradition latine. Elles ne se sont pas reconnues dans le langage qui était utilisé par le Concile de Chalcédoine, le quatrième concile œcuménique pour définir le grand mystère de la foi en Christ.


Ensuite, la deuxième grande division, c'est celle qui a lieu entre les grecs et les latins, deux églises chalcédoniennes, mais qui se sont divisées essentiellement sur des questions ecclésiologiques au XIème siècle. La date symbolique est celle de 1054 lorsque le représentant du pape a excommunié le patriarche de Constantinople et réciproquement. Cette division, dont nous subissons encore les conséquences, a marqué la séparation entre l’univers grec et l'univers latin, entre l'église que nous appelons aujourd'hui l'église orthodoxe ou les églises orthodoxes et l'église latine.


Enfin la troisième grande division a eu lieu à l'époque de la Réforme ou des Réformes plus précisément, autour du XVème-XVIème siècle. Elle a marqué aussi une séparation profonde dans le monde chrétien occidental entre l'Église catholique et les églises issues de la Réforme, qu'elles soient de traditions luthériennes ou réformées.


Toutes ses grandes divisions doivent être abordées de façons différentes. On ne peut pas parler de tout avec tout le monde, parce qu’ avec les chrétiens qui se sont séparés au IVe siècle, la différence était d'ordre christologique. Avec les orthodoxes c’était surtout la conception de l'Église et aussi les questions liées à l'Esprit Saint. Avec les chrétiens occidentaux c’était aussi des questions ecclésiologiques, mais aussi des questions d'ordre moral comme celle de la justification. Donc il faut aborder toutes ces questions dans le cadre de dialogues bilatéraux.

Les trois types de dialogues œcuméniques


Nous avons trois grands types de dialogues finalement avec ces églises :
Il y a d'abord le dialogue qu'on appelle le dialogue de la Charité, c'est-à-dire la rencontre fraternelle qui permet de rétablir la confiance, parce que s'il n'y a pas de confiance entre nous, on ne peut pas parler de théologie. Cela paraît maintenant évident, mais à l'époque du Concile Vatican II, ça ne l'était pas. Simplement le fait de se retrouver, de se rencontrer, de se parler comme des frères en Christ, c'est cela qu'on appelle le dialogue de la Charité. Et l'Église Catholique, en particulier le Conseil pontifical pour l'Unité des Chrétiens (Dicastère), travaille beaucoup à construire ce que le pape François appelle « la culture de la rencontre » entre les chrétiens de différentes traditions.


Il y a ce qu'on appelle le « dialogue de la vérité », qui est le dialogue théologique et pour cela l'Église Catholique a lancé un grand nombre de dialogues. Il y a une vingtaine de dialogues théologiques maintenant, qui existent avec les principales traditions chrétiennes d'Orient et d'Occident, pour essayer de résoudre les questions théologiques, qu'elles soient d'ordre christologique, pneumatologique [liée à l’Esprit Saint], ecclésiologique, morale et autres.


Ensuite, il y a ce qu'on appelle le « dialogue de la vie », le dialogue de la vie ce sont différents types d’œcuménismes, qui nous permettent de se retrouver à différents niveaux de la vie concrète des chrétiens.


Le premier type de dialogue de la vie c'est l'œcuménisme pastoral dans toutes les questions de mariages mixtes par exemple qui sont très importantes parce que l'unité des chrétiens, elle commence dans les familles. Et donc, les mariages mixtes sont des laboratoires de l'unité des chrétiens.


Il y a aussi l’œcuménisme qu'on appelle pratique : Comment est-ce que les chrétiens peuvent témoigner ensemble sur des grandes questions de société, comme la question de l'écologie, la question de la pauvreté, la question des migrants, d'autres questions de justice et de paix, qui sont aussi des lieux où les chrétiens peuvent témoigner ensemble.


Et puis il y a aussi ce qu'on appelle l’œcuménisme culturel, lorsqu’il s’agit d’essayer, au-delà de nos différences culturelles, de retrouver notre foi commune. C'est aussi un domaine important, parce que, finalement, les chrétiens ont été séparés pour des questions souvent culturelles : la langue entre les grecs et les latins qui ne se comprenaient plus, les mentalités différentes, des approches différentes. Tout cela aussi a contribué beaucoup à la division et donc l’œcuménisme culturel consiste à promouvoir des projets communs au niveau culturel, que ce soit dans le domaine scientifique, académique, artistique et autre.


Ce sont les trois grands types de dialogues : dialogue de la Charité, dialogue de la vérité, dialogue de la vie, avec ces différents types d’œcuménisme.


Mais le plus important finalement, c'est ce qu'on appelle l’œcuménisme spirituel, c'est à dire la prière pour l'unité. Le père Paul Couturier avait l'habitude de dire que, finalement, les chrétiens forment une sorte de monastère spirituel, c'est-à-dire que les chrétiens des différentes traditions du monde entier prient pour l'unité. Ils sont unis comme des moines d'un monastère qui unissent leur prière pour l'unité des chrétiens. Et sans cette prière pour l'unité, tout le travail que nous faisons, tous ces différents dialogues seraient vains.

Les obstacles à l’unité


Certains entrevoient une unité comme une simple réconciliation des divergences, mais sans aller finalement au fond des problèmes qui nous séparent.


Les catholiques et les orthodoxes ont une vision de l'unité dans la foi, les sacrements et les ministères. Et cette unité, elle se réalisera – et c'est ça le but du mouvement œcuménique – dans la communion au même corps et sang du Christ, autour du même autel. Les catholiques d'ailleurs, les orthodoxes aussi, estiment qu'il y a un lien étroit entre communion ecclésiale et communion eucharistique. C'est à dire qu'on ne peut pas être en communion eucharistique si on n'est pas en pleine communion ecclésiale et la pleine communion ecclésiale, elle se manifestera précisément dans la communion eucharistique. Et donc la communion eucharistique n'est pas un moyen pour arriver à l'unité. Elle est le but, elle sera au terme du chemin. Même s'il peut y avoir des exceptions et que parfois il peut être recommandé même, comme le dit le Concile Vatican II, de pouvoir recevoir les sacrements chez les uns et chez les autres. Mais tout de même cela doit rester comme un but et non pas comme un moyen de l'unité.


Il faut aussi avoir à l'esprit que les questions du dialogue œcuménique ont évolué au fil des années. Il y a 60 ans, à l'époque du Concile Vatican II, on utilisait souvent l'adage « la foi divise et l'action unit », parce qu'on avait en tête les grandes divisions en particulier sur la question de la justification avec les luthériens, tandis que l'on mettait en avant l'action qui nous permettait de nous rapprocher les uns des autres, d'agir ensemble, et finalement qui était un moyen de retrouver une certaine communion. Aujourd'hui on dirait presque l’inverse, que la foi unit, mais que l'action divise. Pourquoi ? Parce que grâce au dialogue théologique, nous avons, depuis le Concile Vatican II, pu nous mettre d'accord sur un grand nombre de questions. Et un des accords les plus significatifs a été, de ce point de vue, l'accord sur la doctrine de la justification entre l'Église Catholique et la Fédération Luthérienne Mondiale, qui a été signé en 1999. Mais on se rend compte qu'on n'est pas d'accord sur un grand nombre de questions éthiques et donc des questions pratiques, en particulier sur les questions d'éthique familiale ou sexuelle et donc nous sommes divisés sur des questions qui concernent l'action, même si nous avons maintenant beaucoup d'accords sur les questions théologiques - les questions de foi.


 Donc c'est une question aussi importante aujourd'hui qui doit nous occuper dans le dialogue œcuménique avec les communautés issues de la Réforme.

L’œcuménisme comme échange des dons


Pendant longtemps on a pensé, en particulier juste après Vatican II, que l’œcuménisme consistait dans des consensus. Donc il faudrait dialoguer pour trouver des consensus sur les questions de la foi qui reste controversée.


 Aujourd'hui, on se rend compte que cet œcuménisme des consensus est difficile parce qu'on a souvent des langages différents, des approches différentes. Le but de l’œcuménisme, ce n'est pas de trouver un plus petit commun dénominateur de la Foi, qui serait réducteur et qui ne serait souvent pas acceptable par les grandes traditions chrétiennes qui sont soucieuses de garder justement la richesse de leur identité.


Et aujourd'hui on parle beaucoup de l’œcuménisme comme « échange des dons » c'est-à-dire que ce que l'Esprit Saint a semé dans les autres traditions est aussi un don pour nous. Aujourd'hui nous avons cette vision de l'unité, non pas comme la recherche d'un plus petit commun dénominateur, mais comme un échange des dons.


C'est une expression qui a été utilisée par Jean-Paul II. La première fois, c'était au cours d'une homélie dans laquelle il commentait l'adoration des mages. C'est d'ailleurs une très belle image parce que les mages cheminaient ensemble.


 Donc c'est l'image du mouvement œcuménique commun, d'un chemin commun. Ils ont adoré le Christ ensemble ; cela montre aussi que l’œcuménisme se fonde avant tout sur l’œcuménisme spirituel. Et puis ils ont ouvert leurs trésors, ils ont pu voir les dons qu'ils avaient les uns les autres, qu'ils voulaient offrir au Christ. Mais aussi, c'était une découverte mutuelle pour eux.


Un des leitmotivs du pape François en ce qui concerne l’œcuménisme c'est que les chrétiens doivent marcher ensemble, prier ensemble et travailler ensemble. Et ce triptyque est très significatif de son approche de l’œcuménisme et de l'unité. Cette unité, elle sera donnée non pas au bout du chemin, mais chemin faisant.

Une conversion intérieure


Un aspect fondamental de l’œcuménisme tel qu'il a été promu par Vatican II, c'est que l'unité des chrétiens ce n'est pas d'abord une question de relations extérieures avec les autres chrétiens. C'est une question intérieure. C'est une question interne. Et le décret Unitatis Redintegratio du Concile Vatican II sur l’œcuménisme ne demande rien aux autres chrétiens mais il demande tout aux catholiques. Qu'est ce qu'il demande aux catholiques ? C'est de réformer tout ce qui au sein même de l'Église Catholique fait obstacle à l'unité des chrétiens, et aussi de convertir leur cœur. Cela est très important parce que ça veut dire que l’œcuménisme commence à la maison. C'est un travail que nous devons faire chez nous d'abord avant même d'entrer en dialogue avec les autres.
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité




"Redécouvrons L'Eglise pour mieux l'aimer" par THEODOM Empty
MessageSujet: Re: "Redécouvrons L'Eglise pour mieux l'aimer" par THEODOM   "Redécouvrons L'Eglise pour mieux l'aimer" par THEODOM Empty23/10/2022, 10:43

Comment l'Église est-elle le garant du dépôt de la foi qui lui est confiée ?


 A Rome, le Dicastère pour la doctrine de la foi a la responsabilité d'y veiller en n'esquivant pas les questions actuelles.


Nous sommes allés au palais du Saint-Office, l'ancien nom de ce service romain, pour rencontrer monseigneur Augustine Di Noia, un dominicain américain qui exerce la charge de sous-secrétaire du Dicastère. Dans cette vidéo, il nous explique les grands enjeux de ce véritable "ministère" de la foi, en plein cœur du Vatican.







8. Protéger la Foi au Vatican.


C’est vrai que l’origine historique de la Doctrine de la Foi, émerge en grande partie de l’institutionnalisation de l’inquisition. Néanmoins, elle a évolué et l’histoire est trop longue à raconter ici. Mais elle a évolué, en particulier dans une direction importante, sous le pontificat de Paul VI, après le concile Vatican II, quand a été ajoutée à sa mission de correction de l’erreur, la promotion de la foi. Maintenant, la promotion est en train de devenir vraiment l’élément le plus important de notre mission, parce qu’elle inclut la correction.

Je m’appelle Augustine Di Noia, archevêque, je suis dominicain, des Etats-Unis, de la Province Saint Joseph. Je suis arrivé ici [à Rome] il y a presque 20 ans, pour travailler à la congrégation pour la Doctrine de la Foi.



Promouvoir et défendre


Quand on a publié, il y a quelques années, un document sur l’incinération, c’est-à-dire sur ce que l’on fait avec le corps, après la mort, si on ne l’enterre pas, on a en même temps fait la promotion de la Foi : c’est-à-dire qu’on a réaffirmé notre compréhension de la sacralité du corps, l’importance pour le corps d’être intact, en un seul endroit, à cause de la résurrection du corps à venir. Néanmoins, en enseignant ça, on a aussi corrigé des erreurs, par exemple, la pratique de disperser les cendres dans l’océan, ou à la plage, ou de disperser différentes parties des cendres aux différents membres de la famille. C’est incroyable, la perte complète du sens de la sacralité du corps et donc aussi des cendres. L’idée de permettre la crémation était de… Après 1000 ans, la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, en 1966 a permis la crémation, dans certaines circonstances, néanmoins, cette pratique est partie dans tous les sens. Et maintenant, il y a beaucoup de pratiques qui sont erronées, mais surtout qui sont, pastoralement parlant, très mauvaises. Et la Congrégation, en faisant la promotion de la résurrection des corps, en Christ, corrige aussi des erreurs, en même temps.

Les principales missions du dicastère


La Congrégation [le Dicastère à présent] a les compétences, comme ils disent, en matière doctrinale et disciplinaire, pour ce qui concerne la sainteté des sacrements. Il y a toujours eu ces deux dimensions.


Les gens demandent pourquoi la Congrégation pour la Doctrine de la foi s’occupe des abus sexuels commis par des clercs, et la raison est que depuis les temps anciens, la sainteté des sacrements, et donc du sacerdoce, faisait partie de notre cahier des charges.  Aussi, la discipline des sacrements, cela comprend toute violation du secret de confession, ou la violation du corps et du sang du Christ [dans l’Eucharistie]. D’une certaine manière, c’est la morale, depuis le point de vue de la Foi. C’est pour cela qu’on s’occupe de ça.

Qu’est-ce qu’une hérésie ?


Le problème avec le mot « hérésie », c’est qu’il est utilisé pour identifier, dans le langage populaire, tout départ de la Foi… mais en réalité, en doctrine catholique, l’hérésie désigne strictement le déni ou l’enseignement d’erreurs qui concernent « de fide », ce qui est révélé. Par exemple, si vous niez que les personnes de la Sainte Trinité sont vraiment distinctes, ça c’est de l’hérésie. Beaucoup d’autre choses ne sont que des erreurs.


En réalité, les hérésies sont diffuses, elles sont généralisées, voyez-vous. C’est ce que je voulais dire tout à l’heure au sujet de la confusion, il y a tellement de confusions.
Ainsi, il y a quelques années, presque 20 ans, la Congrégation a publié un document appelé « Dominus Iesus » sur l’unicité du salut par le Christ. Vous pourriez vous demander en vous-même « Pourquoi ils font ça ? Est-ce qu’il y a un problème ? » Mais bien sûr qu’il y a un énorme problème, parce que beaucoup de gens pensent que le Christ est un sauveur parmi beaucoup d’autres.


C’est un exemple de la manière dont un état d’esprit répandu dans la culture, une dilution de la foi, nécessite un effort considérable d’enseignement. Pourtant, il serait difficile de trouver une seule personne hérétique qui enseigne ça.


Comment les questions vous arrivent-elles ?


On n’est pas le FBI, on ne recherche pas les erreurs et les problèmes. Ils nous arrivent la plupart du temps par les évêques. C’est le premier canal. Pourtant, ça peut aussi être par les fidèles ordinaires, parce que nous lisons tous les courriers, nous recevons une quantité astronomique de courriers, comme vous pouvez l’imaginer, de gros sacs.


Mais nous n’agissons jamais sans avoir contacté l’évêque [local] en lui disant : « Nous avons reçu cette information, que pouvez-vous nous dire à ce sujet ? », ou le nonce. En France ou aux Etats-Unis, nous avons beaucoup de contacts avec le nonce. C’est comme ça que les choses arrivent sur notre écran radar, à travers les évêques.


Très souvent, si je le dis car c’est important, nous encourageons les conférences des évêques de traiter ces questions au niveau local. Parce que chaque conférence [nationale des évêques], et en particulier les plus importantes, a une commission doctrinale. Mais bien sûr, les évêques sont ravis de nous renvoyer les problèmes ici, vous voyez ? On les encourage à s’occuper de ces questions par eux-mêmes.

Et comment les traitez-vous ?


Si on a affaire à un particulier ou au livre écrit par un particulier, qui est clairement hérétique, et c’est déjà arrivé depuis que je suis ici – je ne veux pas citer de nom -. Alors, il y a ce qu’on appelle le « ratio agandio », la procédure à suivre.


Prenons un exemple. Supposons qu’un livre est accusé d’être hérétique. On envoie le livre directement à l’un de nos consultants, un théologien. Et alors il peut nous répondre : « Non, ce n’est pas [hérétique], c’est correct. » ou  « Oui, il y a un problème. » C’est la première partie de la procédure : « Est-ce qu’il y a un problème ? »


Si on détermine qu’il y a un problème, alors on avertit le supérieur, l’évêque ou le supérieur religieux, ou l’évêque local s’il s’agit d’un laïc. Alors commence une très longue procédure car elle donne de nombreuses occasions à l’ « accusé » – si on peut dire -  de se défendre lui-même ou elle-même.


Si la matière est particulièrement grave et doit être traitée rapidement, alors on réduit [la procédure].


[En cas d’erreur], d’une personne, il y a des sanctions. On peut demander à quelqu’un de ne plus écrire de livre sur ce sujet. Et si quelqu’un est déclaré hérétique, c’est très très sérieux, même si, de mon temps, ce n’est jamais arrivé. Différentes mesures peuvent être appliquées.
C’est difficile. Il y a un problème fondamental ici, un problème énorme, culturellement, car l’idée de censurer quoi que ce soit ou n’importe quel livre nous est absolument étranger. D’accord ? Aujourd’hui, en France certainement, aux Etats-Unis, ou dans n’importe quel pays cultivé, on regarde la censure comme une abomination.

Pourquoi a-t-on besoin du dicastère pour la doctrine de la Foi ?


Les croyants ont le droit à ce que la foi leur soit présentée de manière authentique. Une communauté qui n’est pas capable de corriger les erreurs, qui sont directement nuisibles à son identité, finira par se dissoudre.


Toute communauté semble avoir des mesures, des procédures, pour préserver, autant que possible, l’authenticité de ses croyances.
Comme dominicains, on sait ça. Saint Dominique croyait que si vous aviez de mauvaises idées, c’était mauvais pour vous, pour vous-même. 


Aussi, on ne peut pas dire être « pastoral » sans être « vrai » en ce qui concerne la proclamation de la Foi. 


En gros, si vous avez le cancer, et que vous allez chez le docteur, s’ il vous dit : « non, vous allez bien, ne vous faites pas de soucis ! ». Alors vous rentrez à la maison, et finalement vous mourrez. Il ne vous a pas dit la vérité.


 Aussi cette connexion entre la vraie doctrine et la vraie vie chrétienne, la Vérité dans un sens, est comme ça [intimement reliée]. Aussi, quelque chose que le pape dit, est que l’importance de la congrégation [le dicastère] pour la doctrine de la foi n’est pas simplement théorique, pour atteindre une certaine clarté dans la formulation de la foi. Non, C’est pour le salut. C’est une compréhension salvifique de la vérité.




Monseigneur Augustine di Noia

Monseigneur Augustine di Noia est dominicain de la province de Washington, il est secrétaire-adjoint de la congrégation pour la doctrine de la foi depuis 2013.
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité




"Redécouvrons L'Eglise pour mieux l'aimer" par THEODOM Empty
MessageSujet: Re: "Redécouvrons L'Eglise pour mieux l'aimer" par THEODOM   "Redécouvrons L'Eglise pour mieux l'aimer" par THEODOM Empty23/10/2022, 10:51



9. Comment l’Église renouvelle la théologie ?



La Commission théologique internationale rassemble des théologiens de toutes spécialités et de toutes nationalités. Ces théologiens font l'effort d'une ascèse, il font l'effort de travailler ensemble et d'essayer d'élaborer ensemble des documents. Donc, chacun doit laisser ses idées particulières un petit peu de côté et chercher à rejoindre une position théologique qui exprime la position commune des théologiens. Sa mission est d'aider le Magistère et plus spécialement la Congrégation [le Dicastère] pour la doctrine de la foi, pour aborder, traiter, éclairer des questions qui se posent à la théologie aujourd'hui. C'est un exercice en actes de la communion fraternelle entre les théologiens, les théologiens qui sont membres de l'église et qui forment entre eux une communauté chrétienne.



Est-ce qu’il y a plusieurs théologies catholiques ?


Il y a divers types de diversités. Il y a les diversités contextuelles, la théologie qui se pratique en Afrique a évidemment des points communs avec la théologie qui se pratique en Amérique du Nord, mais les problématiques sont parfois différentes, parce que les questions sont diverses.


Cela dit un des accents forts sur lequel insiste la commission théologique c'est qu’ il y a un dialogue possible. La théologie catholique a une certaine unité et la diversité ne doit pas conduire et ne conduit pas à un éclatement.
Il y a une diversité dans les méthodes. 


En commission théologique il y a des exégètes, des patrologues, des dogmaticiens, des moralistes, mais la théologie est une. Donc elle vise une approche sapientielle, une approche de sagesse de la foi chrétienne. Et elle a besoin de toutes ces ressources.


 Et donc le théologien dogmaticien a tout intérêt à être attentif aux apports de l'exégèse contemporaine, l'exégète lui-même a tout intérêt à se nourrir de la théologie dogmatique pour avoir une approche authentiquement théologique de l'Ecriture Sainte etc. Donc diversité dans les méthodes, diversité dans les contextes culturels.


Souvent les diversités viennent de la diversité des instruments philosophiques qui sont utilisés, soit la métaphysique classique si on peut dire dans la perspective thomiste, soit des philosophies plus phénoménologiques etc. et c'est ça qui souvent fait un peu la diversité des théologies.

La théologie, une œuvre ecclésiale


Le contexte ecclésial est vital pour la théologie, c'est-à-dire, qu’il n'y a pas de théologie au sens fort du terme, hors du climat ecclésial. On peut traiter les questions religieuses d'un point de vue extérieur : ce sont les sciences religieuses qui ont tout à fait leur validité, leur légitimité, mais les sciences religieuses ne sont pas la théologie. La théologie, c'est l'intelligence de la foi, donc ça suppose non seulement que théologien ait la oi mais qu'il vive la foi  et il ne peut la vivre que dans le lieu qui est celui de la foi qui est l'Église. Il n'y a de théologie au sens précis du terme que dans l'Église.


D'une part le théologien reçoit de l'Église la foi dont il essaie de prendre intelligence. Le théologien ensuite pratique sa réflexion à l'intérieur de l'Église, c'est-à-dire dans une fraternité, dans un échange avec les différentes composantes de l'Église : le Magistère bien entendu mais aussi les fidèles. Le but de la théologie n'est pas d'élaborer des systèmes, mais d’aider les croyants à entrer plus avant dans la connaissance, dans la sagesse proprement chrétienne.

Tout le monde est théologien ?


Alors le sensus fidelium c'est le fait que chaque chrétien, du fait qu'il vit sa foi, a une sorte de flair, d'instinct pour repérer ce qui est vraiment chrétien. On peut entendre toutes sortes de choses, mais un chrétien qui vit vraiment sa foi est capable de discerner si ce qu'il entend va dans le sens de la foi ou si c'est quelque chose qui est extrapolé, qui n'a pas de lien direct avec la foi. C'est ça le sensus fidelium


L'image la plus parlante c'est l'image du flair. Celui qui vit la foi a le flair pour repérer lorsqu’un discours, une doctrine, une théorie est conforme ou n'est pas conforme à la foi. Alors évidemment le sensus fidei n'est pas le libre examen, où chacun pourrait dire : « Ben voila, moi je crois que c'est la foi catholique, c'est ça ou c'est pas ça », mais c'est le fait que lorsque je vis vraiment de la vie de l'Église je perçois quelle est la foi de l'Église.

Quels sont les enjeux théologiques d’aujourd’hui ?


L'objet de la Commission théologique internationale n'est pas de traiter des questions d'actualité mais des questions qui se posent en théologie aujourd'hui.


Ces dernières années elle a traité de la question qui avait été posée par le pape Benoît XVI : la question des enfants qui meurent sans baptême. Est-ce que la doctrine traditionnelle des limbes a des fondements ou est-ce qu’il y a une espérance et quelle type d'espérance pour les enfants qui meurent sans baptême ? C’est une question proprement théologique.


Il y a eu ensuite une réflexion de fond sur : comment présenter aujourd'hui la doctrine de la loi naturelle, qui est quand même un des fondements de la morale chrétienne. Donc c'est le type de sujet qui est traité.
On a aussi traité la question du sensus fidelium par exemple.


Plus récemment la question de la synodalité. C'est un concept qu'on utilise beaucoup mais quels sont ses fondements théologiques ?


Une réflexion sur les nouveaux problèmes qui se posent à la liberté religieuse : Puisque la liberté religieuse a été définie, si on peut dire, au Concile Vatican II, dans le contexte de lutte contre les totalitarismes du XXe siècle.


 Aujourd'hui, la question c'est plutôt : qu'est ce qui reste de la liberté religieuse dans un univers où le relativisme moral est devenu une sorte de dictature ? C’est la fameuse dictature du relativisme. Donc voilà les types de questions.


Après il y a d'autres questions qui peuvent se poser qui n'ont pas encore été traitées mais qui pourraient être traitées :


Comment est-ce qu'on peut présenter aujourd'hui des doctrines comme la doctrine du péché originel ? C’est une doctrine centrale dans la foi catholique, mais qui a beaucoup de mal à être reçue, pour diverses raisons.


Une autre question qui peut se poser aujourd'hui, qui est assez fondamentale, - qui est quand même technique mais enfin -, c’est le rapport entre l'ordre et la juridiction. C'est-à-dire, la juridiction c'est le fait d'avoir un gouvernement dans l'Église et l’ordre, c'est le fait de recevoir le sacrement de l'ordre. Donc est-ce que tout exercice du gouvernement dans l'Église est lié au sacrement de l'ordre ou est-ce qu’il est aussi possible d'envisager d'autres manières d'exercice de l'autorité qu’une autorité qui découlerait directement du sacrement de l'ordre. Voilà le type de questions que la Commission théologique se pose.


Elle s’est aussi posée la question des critères, des principes de la théologie catholique : qu'est-ce que c'est que la théologie catholique, la question du pluralisme en théologie.


Un chrétien qui ne cherche pas à comprendre sa foi, a une foi qui demande encore à grandir et à devenir plus adulte.




frère Serge-Thomas Bonino

Frère Serge-Thomas Bonino est dominicain, de la province de Toulouse. En 2022, il enseigne la philosophie à l'Université Saint-Thomas d'Aquin, à Rome et il en est le doyen depuis 2014. Il a été le secrétaire général de la Commission théologique internationale de 2011 à 2020. Il a publié, entre autre : Saint Thomas d'Aquin lecteur du Cantique des cantiques, Cerf, 2019 ; Dieu, 'Celui qui est' (De Deo ut uno), Paris, Parole et Silence, coll. « Bibliothèque de la Revue thomiste », 2016 ; Thomas d’Aquin (trad. Serge-Thomas Bonino, préf. Ruedi Imbach), De la Vérité, Question 2, La science en Dieu., Paris - Fribourg, Cerf, coll. « Vestigia » (no 17), 2015 ; Brève histoire de la philosophie latine au Moyen Age, Paris - Fribourg, Cerf, coll. « Vestigia », 2015 ; Il m'a aimé et s'est livré pour moi : Entretiens sur le Rédempteur en sa Passion, Paris, Parole et Silence, 2013 ; Les Anges et les Démons, Paris, Parole et Silence, 2007 ; Je vis dans la foi au Fils de Dieu : Entretiens sur la vie de foi, Saint-Maur, Parole et Silence, 2000,
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité




"Redécouvrons L'Eglise pour mieux l'aimer" par THEODOM Empty
MessageSujet: Re: "Redécouvrons L'Eglise pour mieux l'aimer" par THEODOM   "Redécouvrons L'Eglise pour mieux l'aimer" par THEODOM Empty29/10/2022, 19:11



10. Hors de l’Église, pas de salut !


Il y a un adage qui remonte, côté grec à Origène, et côté latin à saint Cyprien, qui dit : « hors de l’Église point de salut », et qui est transmis à chaque siècle jusqu'à nos jours. Il est trois fois présent dans les actes du Concile Vatican II par exemple.

Mais c'est vrai que c'est assez délicat de prêcher comme ça, de manière assez abrupte : « hors de l’Église point de salut ». Cela veut dire qu'il y a pas mal de gens - quand même - qui sont plutôt mal barrés.


Je suis le frère Benoît-Dominique, de la province de Toulouse, je suis depuis 23 ans à Fribourg où j'ai enseigné la théologie dogmatique.


L’Église, juridique ou mystique ?


Tout dépend de ce qu'on appelle l’Église évidemment. Si on a en tête une construction juridique ou sociologique, la majeure partie de la population mondiale n'en fait pas encore partie. 

Ce n'est pas une raison suffisante à mon avis pour la diriger tout droit vers les enfers.

Pourquoi ? Parce que sous le mot d’Église il faut prendre le sens paulinien, c’est-à-dire « le Corps dont le Christ est la tête ». Et c'est vrai que « être sauvé » c'est être membre de ce Corps dont le Christ est la tête. Et ce corps s’appelle l’Église.

Comment faire partie du Christ ?


Alors tout rebondit à ce moment-là. Comment est-on membre de ce corps ? 
Quelles sont les voies d'incorporation au Christ ? C'est ça l’Église. C'est être incorporé au Christ.

Alors il y a la voie, je dirais, royale, qui fait de nous des privilégiés, à savoir que nous avons reçu la prédication apostolique, et par eux nous avons reçu les sacrements qui viennent du Christ. Et donc c'est la voie royale, c'est celle qui a institué le Christ : « allez de toutes les nations, baptisez les… ».

Il y a néanmoins une majorité de la population mondiale qui n'a pas eu ce qu'il faut considérer comme un privilège, qui est le nôtre.

 Néanmoins elle n'est pas pour autant parquée pour les enfers, si je puis dire. Elle peut parfaitement être incorporée au Christ par des voies que Dieu connaît. 

Et le concile Vatican II dit qu’il nous faut tenir, que Dieu donne à tout homme la possibilité d'être associé au mystère pascal, c'est-à-dire de faire partie du corps dont le Christ est la tête. 

Des voies qui sont parfois bien mystérieuses, mais je vous donne un exemple. Il y a des cas très précis au Moyen-Orient, dans le contexte de guerres effroyables, depuis plusieurs années là bas, où vous avez des musulmans qui ont, au péril de leurs vies, sauvé des chrétiens. Et ceux-là ils ne seraient pas membres du Corps du Christ peut-être ? 


Alors qu'ils ont manifesté une charité qui est peut-être plus héroïque encore que la mienne, qui suit un bon chrétien et qui a reçu tous les dons du Christ.

Vous voyez donc que c'est dans le mode d'incorporation au Christ que les situations peuvent être extrêmement variées. 

Mais le fait d'être incorporé au Christ c'est ça le salut évidemment. « Hors du Christ point de salut », c'est à dire hors de son Corps dont il est la tête, pas de salut.


frère Benoît-Dominique de la Soujeole


Frère Benoît-Dominique de la Soujeole, du couvent de l'Albertinum à Fribourg, en Suisses, a été professeur de dogmatique dans cette université. 
Il enseigne la théologie au Studium de Toulouse et à l'Institut Saint-Thomas-d'Aquin (Institut catholique). 
Il est membre du comité de rédaction de la Revue thomiste.


 Parmi les ouvrages qu'il a publié, on peut noter : Le mystère de la prédication, Parole et Silence, Paris, 2021 ; Paternités et fraternités spirituelles, Cerf, Paris, 2021 ; La vie consacrée dans le mystère du Christ et de l'Église, "Bibliothèque de la revue thomiste", Parole et Silence, Paris, 2020 ; Introduction to the Mystery of the Church, Translated by Michael J. Miller, “Thomistic Ressourcement, vol. 3”, The Catholic University of America Press, Washington D.C., 2014 ; Prêtre du Seigneur dans son Eglise, 2ème édition augmentée, Ed. Parole et Silence, 2009 ; Initiation à la théologie mariale, Ed. Parole et Silence, 2007 ; Introduction au mystère de l'Eglise, Ed. Parole et Silence, Toulouse, 2006 ; Eléments pour une spiritualité de l'Eglise, Ed. Parole et Silence, 2006 ; Le sacrement de la communion. Essai d'ecclésiologie fondamentale, Ed. du Cerf, Paris, 1998.
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité




"Redécouvrons L'Eglise pour mieux l'aimer" par THEODOM Empty
MessageSujet: Re: "Redécouvrons L'Eglise pour mieux l'aimer" par THEODOM   "Redécouvrons L'Eglise pour mieux l'aimer" par THEODOM Empty30/10/2022, 11:53

"Hors de l'Eglise point de salut" cela doit vouloir dire que si on sait que l'Eglise est celle de Dieu et qu'on la refuse, eh bien point de salut!

Sinon, je crois que seront sauvés ceux qui aiment leur prochains (et donc d'abord leur proches). En tout cas, c'est dans l'évangile (et les NDE. Enfin certaines NDE). Pour les autres, il reste l'espoir d'accepter la miséricorde au dernier moment! Mais c'est plus que risqué!
Revenir en haut Aller en bas
Petilouis




Masculin Messages : 1359
Inscription : 01/01/2017

"Redécouvrons L'Eglise pour mieux l'aimer" par THEODOM Empty
MessageSujet: Re: "Redécouvrons L'Eglise pour mieux l'aimer" par THEODOM   "Redécouvrons L'Eglise pour mieux l'aimer" par THEODOM Empty30/10/2022, 15:39

.
.

"Hors de l'Eglise point de salut" cela doit vouloir dire que si on sait que l'Eglise est celle de Dieu et qu'on la refuse, eh bien point de salut!

****  comme c’est très bien souligné  :  
" cela doit vouloir dire  que si on sait que l’église est celle de Dieu et qu’on la refuse "   ****

Et pour  ceux qui ne savent pas … ,  salut assuré également :  pour autant qu’ils suivent la bonne voix émise par leur conscience qui ne fait défaut à aucun humain.
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité




"Redécouvrons L'Eglise pour mieux l'aimer" par THEODOM Empty
MessageSujet: Re: "Redécouvrons L'Eglise pour mieux l'aimer" par THEODOM   "Redécouvrons L'Eglise pour mieux l'aimer" par THEODOM Empty1/11/2022, 16:54



11. L’Église est-elle sainte ?


L’Église est sainte, avec la sainteté de Dieu. C’est Dieu qui est la source de la sainteté.
Je suis un dominicain polonais, mais j'habite au Vatican et maintenant j'ai le poste de « théologien de la Maison pontificale ». Depuis huit siècles il y a toujours un dominicain qui est au Vatican pour être au service du Saint-Siège.


D’où vient la sainteté ?


La sainteté vient de la force du Saint-Esprit. Donc l’Église est sainte parce que l’Église est mue par la grâce du Saint-Esprit. Saint Paul dit dans le chapitre 8 de la Lettre aux Romains que ce sont des fils de Dieu qui sont mus par l'Esprit de Dieu, qui sont attentifs aux mouvements du Saint-Esprit. Et ça, c'est possible seulement à l'intérieur d'une foi vécue. C'est le Saint-Esprit en actes qui provoque la générosité, le don de soi, qui est là à la sainteté vécue et qui est la présence de la sainteté dans le monde.

Comment l’Église peut-elle être sainte si il y a des pécheurs en son sein ?


Des pêcheurs ? Certainement il y a des pêcheurs dans l’Église, mais il y a des pêcheurs repentis. La sainteté consiste dans la rencontre entre notre faiblesse et la force de Dieu. Chacun de nous est touché par le péché, mais avec la Foi et la Charité nous visons Dieu, nous croyons en Dieu, nous sommes en chemin. On sort du péché avec la force de Dieu, qui nous permet de nous convertir, de changer. Et ceci, bien que, toujours, nous avons des faiblesses qui nous gardent dans l'humilité, comme saint Paul. Il a vécu sa faiblesse, morale, entre autres. Donc la faiblesse morale et les autres types de faiblesse c’ est une partie normale de notre vie.


Mais quand même, l’Église est basée sur la force de Dieu et donc la sainteté vient de Dieu. Cependant tout le monde ne veut pas vivre de la force de Dieu. On oublie très facilement la force de la grâce de Dieu que nous avons reçue au baptême et quelquefois on ignore la force de Dieu. On essaye de s'arranger  soi même sans Dieu.

Pourquoi certains sont-ils déclarés saints ?


On ne peut pas dire que nous sommes tous immédiatement saints. Non, uniquement ceux qui vivent réellement de la force de Dieu sont des saints. Et quelquefois l’Église note la qualité de la sainteté de certaines personnes et déclare officiellement leur béatification ou leur canonisation. Pourtant, il y a beaucoup d’autres saints qui n'ont jamais été canonisés alors qu’ils ont vécu la charité, qu’ils ont vécu une vie vraiment sainte. Mais il y a beaucoup de pêcheurs et chacun de nous garde un peu de péchés, un peu de saintetés. Cela dépend comment nous vivons avec Dieu.

Y a-t-il des saints hors de l’Église ?


Jésus nous a dit de de prêcher l'évangile, d'administrer les sacrements, donc nous avons la certitude que l’Église apporte une aide à la sainteté, mais nous ne nions pas que Dieu peut et a pu, dans le passé, donner sa grâce aussi en dehors de la vie sacramentelle. Le catéchisme de l’Église catholique dit que Dieu a lié la grâce avec les sacrements, mais Dieu lui-même n'est pas lié avec les sacrements. Donc on peut imaginer en Amérique du Sud, quelques siècles avant Christophe Colomb, plusieurs siècles avant Jésus Christ, avant Abraham, qu'il y avait des gens qui étaient touchés par Dieu. Ils ont reconnu avec des images un peu bizarres, que Dieu existe et que Dieu répond. Ils ont essayé de vivre en rapport avec Dieu. S’ils avaient la foi suivie par la charité, dans leur contexte social et culturel tel qu'il était, ils appartiennent à l’Église et ils sont sauvés, par la grâce du Christ dans la religiosité païenne. La foi peut aussi y exister.


D’ailleurs, nous, chrétiens, nous vénérons des saints païens de l'Ancien Testament, comme Job, comme Melchisédech, comme le peuple de Ninive, ou la reine de Saba. Et pourtant, ils n'étaient pas membres du peuple élu. Avec eux, Jésus fait référence à la richesse de la grâce de Dieu, qui est plus grande que les limites visibles et structurelles de l’Église.
Et pourtant, tout le monde n’est pas saint, alors nous devons prêcher l'évangile et administrer les sacrements.

La sainteté, c’est la Charité ?


La Charité c'est l'amitié avec Dieu et l’amitié avec l'autre qui vise le vrai bien. Donc, si je t'aime, je ne t'aime pas d’une manière égoïste, je ne te désire pas pour moi-même. Si je t'aime vraiment, je veux que tu sois meilleur. Dans mes rapports avec toi, j’ essaye de t’aider, de croître mais quelquefois les gens n'ont pas confiance en eux. Alors un autre peut leur donner confiance. Ce type de contact aide les autres à s'ouvrir à la grâce et à avoir confiance dans le talent que chacun aura reçu.

C’est quoi la communion des saints ?


La communion, c'est la sainteté vécue parmi les membres du peuple de Dieu. Soit la communion entre nous ici dans ce monde, soit avec ceux qui sont déjà au ciel. La charité c'est un don de Dieu, qui nous donne la force d’ aimer Dieu et d’aimer les autres, nos prochains, en vue de Dieu. Nous aimons le prochain en espérant que le prochain aussi deviendra saint. La vraie charité est concernée par la bonté de l'autre. Donc il y a un rapport entre nous, dans ce monde, et avec les saints du ciel, qui nous aident et qui intercèdent pour nous.




frère Wojciech Giertych

Wojciech Giertych, dominicain de la province de Pologne, est théologien de la Maison Pontificale depuis 2005. Il est aussi consulteur du dicastère pour la causes des saints.
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité




"Redécouvrons L'Eglise pour mieux l'aimer" par THEODOM Empty
MessageSujet: Re: "Redécouvrons L'Eglise pour mieux l'aimer" par THEODOM   "Redécouvrons L'Eglise pour mieux l'aimer" par THEODOM Empty6/11/2022, 10:39

Le jeune Carlo Acutis, décédé en 2006, a été déclaré bienheureux le 20 octobre 2020. Pourquoi l'Église se prononce-t-elle en faveur de telle personne plutôt que de telle autre ? Quels sont ses critères : miracles, réputation, témoignages...? 


Frère Wojciech Giertych, théologien de la Maison Pontificale et consulteur au dicastère pour la cause des saints, est particulièrement compétent pour répondre à nos questions.






12. Comment fabrique-t-on des saints ?


Comment le pape peut-il déclarer que telle ou telle personne, qui a vécu au vingtième siècle est sainte, alors qu’il n'y a rien dans les Saintes Écritures sur cette personne ? Et le pape déclare qu’elle est sainte. Mais l’Église sait ce qu’est la sainteté, donc l’Église peut discerner la sainteté dans ses membres. Et la déclaration officielle de l’Église qu'une telle personne est sainte (béatifiée), c'est la reconnaissance par l'Eglise de ce que c’est que la sainteté, vécue réellement à une époque donnée.



Béatification, canonisation, de quoi parle-t-on ?


La canonisation c'est un fait dogmatique. L’Église déclare que cette personne est sainte et qu’elle est un modèle pour l’Eglise universelle. On peut alors demander l'intercession de ce saint, alors que la béatification donne seulement la permission pour un culte local. C’est aussi une déclaration de la sainteté de cette personne.


Est-ce que le pape s’est déjà trompé dans une canonisation ?


Le pape dans la déclaration de béatification, suit les suggestions du Saint-Esprit. La déclaration de béatification dit que le saint est au ciel. Or nous ne pouvons pas dire que le pape s’est trompé, parce que nous ne pouvons pas donner de preuves. Est-ce que quelqu'un n'est pas au ciel ? C'est un mystère !


C’est le pape qui, attentif aux suggestions du Saint-Esprit, déclare la sainteté. Le processus de canonisation aide le pape à arriver à la certitude morale nécessaire à la déclaration. Néanmoins la décision du pape n'est pas basée sur le travail historique, c’est un processus. Le procès est seulement une aide dans la prudence du pape avant qu'il déclare la canonisation.

Quelles sont les étapes pour déclarer saint ?


Quand il y a une demande de béatification, présentée par les fidèles qui gardent en mémoire une personne, l'évêque du lieu, là où la personne est décédée, demande au Saint-Siège la permission d'ouvrir un procès. A ce moment, la personne est déclarée servante de Dieu.


Et puis on fait une recherche historique. On essaie de trouver les témoins, les personnes qui ont connu le candidat à la béatification, ou au moins les personnes qui ont entendu dire que la personne était exemplaire. Et on essaye de trouver le plus grand nombre de témoins. Avec les années qui passent, quelquefois c'est difficile.


Donc on cherche la documentation sur la personne : le certificat du baptême et des autres sacrements, les études qu’elle a menées, les œuvres qu’elle a écrites, mais aussi les articles, les livres écrits sur la personne après sa mort. On fait une recherche dans les archives…


Et puis, il y a deux chemins. (1) Soit on essaie d’établir que la personne a vécu une vie vertueuse. (2) Soit, dans le cas des martyrs, on essaie d'établir que la personne a été tuée vraiment à cause de la Foi, avec la haine de la Foi. Dans le cas de martyrs on ne cherche pas à regarder si la vie était vertueuse, parce que le vrai martyr a une immense valeur de sainteté : on peut avoir eu des défauts avant. Donc, soit on cherche à savoir si les vertus étaient héroïques, soit on essaie d'étudier le martyr.

L’enquête


Et les résultats de cette enquête sont envoyés à la Congrégation des saints, (au Dicastère pour les causes des saints). Et puis il y a une version plus courte, appelée « positio », qui compte souvent mille pages, mais plus courte, avec toute la documentation. On demande à trois historiens de regarder la documentation et de donner un jugement : est-ce que toutes les archives disponibles ont été étudiées ? Trois historiens donnent leur avis sur la qualité du travail historique.


Et puis on demande aussi à trois théologiens de lire les œuvres écrites par les candidats et de donner un jugement sur la qualité de ces œuvres : est ce que les choses écrites sont en accord avec la Foi ? On étudie les lettres, les homélies, et parfois, les livres. Tout ça est mis dans la positio.


Et finalement la Congrégation demande leur avis à une dizaine de consulteurs. On cherche des consulteurs qui viennent de différents pays. La plupart ce sont des gens qui habitent ici à Rome, des professeurs des universités romaines qui viennent de différentes nations. Ils ont des regards, des points de vue différents.

L’héroïcité des vertus


Et chacun doit lire et présenter un texte écrit. Si c’est dans le cas des vertus : « est-ce que les vertus ont été héroïques ? » La question est posée à nous, consulteur selon notre compréhension des vertus. Et aussi est ce qu’il y a une renommée de sainteté ?


 Est-ce que dans la vie de la paroisse, dans le diocèse, dans l'ordre, on a gardé un souvenir ? Est-ce que, pour la prochaine génération cette personne est restée comme un modèle, comme quelqu'un qui peut être proposé comme exemple ?

Le martyr


Dans le cas de martyr, il y a d’autres questions.
D'abord, il faut établir le martyr, les circonstances matérielles dans lesquelles la personne a été tuée. Ce doit être vraiment une mort pour le Christ. On s’intéresse donc d'abord aux faits matériels.


Puis, on étudie l'aspect formel. Est-ce que ce candidat à la béatification était prêt à donner sa vie pour le Christ. Est ce qu'il avait la générosité ? Il avait peut-être peur de la mort, mais est-ce qu’il avait le désir de donner sa vie en témoignage. Quelquefois dans les homélies, dans les lettres, il y avait des témoignages de cette attitude sérieuse.
Et puis, ce qui est le plus difficile, c’est l’étude de la motivation de ceux qui ont tué. Est ce qu'il y avait la haine de la Foi : audium fidei. C’était peut-être seulement une haine de la population, ou une haine politique, ou une guerre, une guerre civile ...

Le miracle


Enfin, le résultat de la consultation est présenté à la Congrégation. Ils votent et puis les choses vont au pape, qui peut décider, ou non.


Et on attend un miracle : ça c'est un signe aussi de renommée de sainteté. Quelqu'un qui a prié dans un cas concret, dans une situation difficile, par l’intercession de ce candidat. Et une personne a été guérie.


Cela peut arriver que tout soit préparé et que le pape dise non, parce qu’ il y a quelques autres situations, politiques, sociales ou ecclésiales qu’il prend en compte. Mais peut être que 50 ans après, le pape dira oui parce qu'au final c'est le mouvement de Saint-Esprit que le pape reçoit dans sa prière personnelle.

Et ma grand-mère ?


Nous pouvons être convaincus que notre grande mère était magnifique et quelquefois nous pouvons aussi demander l'intercession de notre grand-mère décédée. Mais on ne peut pas le faire publiquement dans l'église. On peut avoir un rapport spirituel avec les personnes que nous avons connues.


On peut être convaincu qu'elles sont saintes mais pour faire le procès, ça coûte très cher. Et donc en conséquence il y a toujours très peu de laïcs qui sont béatifiés. Et c'est un peu dommage.


On a pensé que la sainteté c'est la perfection morale, mais pas nécessairement. La sainteté c’est la rencontre de nos faiblesses avec la force de Dieu.




frère Wojciech Giertych

Wojciech Giertych, dominicain de la province de Pologne, est théologien de la Maison Pontificale depuis 2005. Il est aussi consulteur du dicastère pour la causes des saints.
Revenir en haut Aller en bas
Contenu sponsorisé





"Redécouvrons L'Eglise pour mieux l'aimer" par THEODOM Empty
MessageSujet: Re: "Redécouvrons L'Eglise pour mieux l'aimer" par THEODOM   "Redécouvrons L'Eglise pour mieux l'aimer" par THEODOM Empty

Revenir en haut Aller en bas
 
"Redécouvrons L'Eglise pour mieux l'aimer" par THEODOM
Revenir en haut 
Page 1 sur 1
 Sujets similaires
-
» Redécouvrons la prière "je vous salue Marie" par Théodom
» Pour vous QUI SUIS-JE? Enseignement pour mieux connaître le Christ Seigneur et Sauveur. Pour vous qui suis-je?
» La messe par ThéoDom
» Le mal, pourquoi ? - par ThéoDom
» Vaut-il mieux une civilisation chrétienne pour le salut ?

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
DOCTEUR ANGÉLIQUE FORUM CATHOLIQUE :: Théologie catholique ╬-
Sauter vers: