Les Constitutions d'Anderson stipulent dans leur chapitre premier concernant "Dieu et la Religion" que le maçon est obligé par sa tenure d'obéir à la Loi morale... de n'être ni un athée stupide ni un libertin irreligieux. Que dans les anciens temps il était obligé d'être de la religion du pays. Mais que maintenant il est tenu d'être de cette religion que tous les hommes acceptent, laissant à chacun son opinion particulière.../... et qui consiste à être hommes bons et loyaux, hommes d'honneur et de probité quelles que soient leurs croyances ou opinions.../... afin que la maçonnerie devienne le centre de l'union entre personnes qui eussent dû rester perpétuellement éloignées.
Tenure : Vieux français signifiant l'attitude générale, le mode de vie, l'exemplarité de moeurs... Equivalent à tenue.
Ceci a été interprété par les églises comme une tolérance inacceptable, un relativisme sans limite etc... Sur de nombreux sites et ouvrages cela a conduit à des hypothèses et affirmations plus folles les unes que les autres.
Sans prétendre détenir la vérité vraie sur ce qu'est la spiritualité maçonnique je vous propose trois textes qui me paraissent la résumer entièrement.
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D’une simple pierre prise au chemin/ Par grande patience travaillée/ Fais jaillir le Trait/ De la terre jusqu’au ciel/ Vers l’infini.
Du point à la ligne, il n’y a qu’un pas/ Règle ta marche sur les étoiles/ Ariane est là qui guide la traversée/ Une porte est franchie.
Trait/ Tu es la mesure, le nombre, le rapport/ L’angle et la proportion/ Crois, multiplie/ Le cœur s’élève et le temple naît.
Par toi l’invisible se manifeste/ L’arc d’alliance paraît.
Dans la forme s’unissent les éléments/ Et la grande nef appareille/
Vers ce rien/ D’où tu viens.
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J’ai passé ma chemise, essuyé quelques larmes/ Et repris mes crayons.
De son pan, j’ai fait voile/ Une flamme d'un chiffon/
D’un mur, une carène/ J’ai mis mon sac sur Argo/
Traversé mille mers/ Nagé dans le fleuve aux étoiles/
Des principes et des élémens/ J’ai vu naître une pierre/
De la mort... jaillir un commencement/
Dans le ciel... / Dans la terre.../ J'ai vu ... Une cathédrale/
J’ai tant œuvré/ Qu’à la fin/ J’ai abordé/ Le quai/ De ma chambre/
Me suis vu nu/ Ai passé ma chemise/ Essuyé quelques larmes/
Et repris mes crayons.
Et j'y ajoute ce dernier (de Bruno Beith "Fleurs et Cicatrices" - 1967) pour moi le plus beau :
Lorsqu'une ligne noire/ Rien qu'une ligne noire/
Sur un papier blanc/ Te feras douter de la fin et du commencement
Lorsqu'un angle aigu/ Te feras mal/ Parce qu'il s'enfonce/
Dans une courbe nue/
Lorsque tu comprendras/ Que cette pointe qui monte/
Résume les flèches de nos cathédrales/ Nos mains en prière/
Nos pensées verticales/ Issues des vieilles forêts/
Lorsque tu saisiras de la spirale/ L'étrange idéal/
Et que ce pauvre petit point/
Echappé du cercle/ Te révèlera ton propre destin/
Lorsque tu pourras/ Des heures durant/
Ecouter la musique/ De l'espace et du temps/
De ces traits noirs/ Sur le papier blanc/
Alors tu possèderas/ La clé de la première porte/ Alors tu souffriras/
Tu avanceras seul/ Seul/
Car personne ne pourra t'aider/ A chercher/ Si vraiment/
Tu es.