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 Que faut-il entendre par LIBERALISME ?

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Arnaud Dumouch
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julieng




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MessageSujet: Re: Que faut-il entendre par LIBERALISME ?   Que faut-il entendre par LIBERALISME ? - Page 3 Empty11/12/2009, 10:19

julieng a écrit:
voilà ce qu'il faut entendre par libéralisme:


Une religion domine désormais tout l’espace public, a soumis à sa métaphysique, sa vision de l’homme l’essentiel des institutions. C'est pourquoi, les pires fanatiques ne se trouvent pas forcément dans le camp des religieux officiels. Le vrai fanatique, le plus dangereux de tous (à ne pas comprendre au sens moral) c'est le libéral. Car il ne sait même pas qu’il est adepte d’une religion, que l’ordre politique et social qu'il défend est totalement sous la coupe d'une religion. En fait l’illusion, l’imposture fondatrice c’est de prétendre qu’il y a séparation entre la religion et l’Etat. Il ne peut jamais y avoir séparation. Il peut au mieux y avoir distinction.Car la politique n’est toujours que la conclusion de la métaphysique.

Cette démarche s’explique par l’antériorité logique de la question de l’être sur celle de son organisation. Aucune théorie politique, aucune idéologie n’est indépendante d’une philosophie de l’être. Or c’est toute la gageure du moderne que d’écrire ou de faire de la politique sans ne rien dire sur la métaphysique. Pour autant, toute son action est soumise à une idée de la nature humaine implicite, car l’homme est cet être qui a la raison pour motif de ses actions. L’idée implicite à tout l’ordre libéral c’est qu’il n’existe pas un ordre naturel que la société humaine doit intégrer dans son organisation...Le libéral est celui qui rejette dans la sphère privée toute idée métaphysique ou religieuse, c’est encore une fois qu’il n’y a pas pour lui d’ordre naturel immuable. En effet, en toute rigueur, si en son for intérieur le libéral considérait que l’homme est un être qui a une place précise dans le cosmos, qu’il ne lui revient pas de déterminer, alors il ne pourrait que soutenir que l’ordre politique doit tenir compte de cet ordre naturel et surtout ne pas s’organiser comme si cela était indifférent.
On ne peut donc pas, à moins d’être schizophrène dans l’ordre des idées ( ce qui a terme peut déboucher sur une authentique schizophrénie) être libéral et défendre la métaphysique des essences, celle qui fut portée par toute la civilisation hellénico-judéo-chrétienne. Tout comme le schizophrène ( au sens clinique du terme) est celui qui est pris dans une position intenable, il souhaiterait ne pas parler mais son mutisme est encore langage, le libéral refuse que l’ordre politique soit soumis à une métaphysique ce qui de facto est en défendre une et la promouvoir.
Toute la société libérale qui est la nôtre ne cesse donc de faire descendre une métaphysique dans les institutions, celle qui dit que rien n’est fixe, qu’il n’y a pas d’ordre, que tout est en régime d’évolution, que tout peut donc être soumis à la volonté démiurgique de l’homme. Comme il n’y a pas d’autre limite ( transcendante) que celle qu’il se fixe, il peut disposer de tout. C’est cette idée de fond qui traverse les deux grandes idéologies politiques depuis 2 siècles, le communisme et le libéralisme( ce qui a donné lieu à l’instrumentalisation de la Shoah pour épargner le communisme, voire mon article d'hier http://www.wmaker.net/eschaton/Shoah-et-pensee-unique_a52.html). Et celui qui ne veut pas faire chorus avec les principes libéraux est alors taxé de fanatisme, d’intégrisme, peut-être même de fascisme, accusé donc d’être le pire des salauds.
Mais tout ce "moralement correct" n’est que le résultat d’un tour d’illusionisme. Ce moralement correct n’est que la cristallisation d’une idée, d’une religion, celle qui veut que l’homme n’a pas d’ordre qui le surplombe ( sans parler de Dieu). Le moralement correct c’est la mise en œuvre du mythe de l’homme démiurgique, qui se reverse dans l'idée de l'homme machine, simple organisation matérielle sans âme ni destinée vouée à la recherche de la maximisation de ses plaisirs les plus élémentaires notamment dans le domaine de la sexualité sans limite. L'idée de l'homme démiurgique va de paire avec celle de l'homme matériau. « l’humanité s’habituera à considérer le monde comme une argile soumise pour y sculpter les formes les plus parfaites de la vie. L’homme deviendra infinement plus fort, plus sage, plus subtil » écrivait Lénine( Litteratura giaezattura).
C’est aussi la perspective de Pierre Simon, grand Maître de la grande loge de France, un des principaux inspirateurs des lois sur la contraception et l’avortement. « depuis 40 ans le combat que nous menons a été le même : contraception, libéralisation des comportements sexuels, avortement, homosexualité et euthanasie. Pour cela, nous avons pu nous inspirer des méthodes américaines et la presse féminie était à nos côtés (…) nous avons aussi eu besoin d’une grande fraternelle parlementaire souhaitant arracher l’homme à l’obscurantisme multiséculaire et faire descendre le ciel sur terre. »avoue-t-il dans « de la vie avant toutes choses ». Il y raconte également comment il a manipulé les députés pour faire adopter la loi Veil. Il explique dans ce livre quel est le grand le principe qui traverse toute son action, qui l’inspire. « la vie sera un matériau qui se gère » « la vie comme matériau, tel est le principe de la lutte. La révision du concept de vie par la contraception transformera la société dans son intégralité(…). Ce n’est pas la mère seule, c’est la société toute entière qui porte l’enfant dans son sein. C’est elle qui décide s’il doit être engendré, s’il doit vivre ou mourir. »

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Arnaud Dumouch

Arnaud Dumouch


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MessageSujet: Re: Que faut-il entendre par LIBERALISME ?   Que faut-il entendre par LIBERALISME ? - Page 3 Empty11/12/2009, 11:11

Le mot libéralisme a plusieurs sens. Vous optez pour l'un d'entre eux.

Il faut cependant distinguer le libéralisme économique absolu (XIX° s. en Europe de celui qui est pratiqué actuellement et qui est bordé de toutes sortes de contre pouvoir. C'est un système efficace.

Le libéralisme moral, par contre, est issu de l'humanisme athée (mai 68) et est déjà décrit dans la Bible par ce texte :


Citation :
METAPHYSIQUE ATHEE :
Sagesse 2, 1 Car ils disent entre eux, dans leurs faux calculs : "Courte et triste est notre vie ; il n'y a pas de remède lors de la fin de l'homme et on ne connaît personne qui soit revenu de l'Hadès.
Sagesse 2, 2 Nous sommes nés du hasard, après quoi nous serons comme si nous n'avions pas existé. C'est une fumée que le souffle de nos narines, et la pensée, une étincelle qui jaillit au battement de notre coeur ;

LIBERALISME ABSOLU :
Sagesse 2, 6 Venez donc et jouissons des biens présents, usons des créatures avec l'ardeur de la jeunesse.
Sagesse 2, 7 Enivrons-nous de vins de prix et de parfums, ne laissons point passer la fleur du printemps,
Sagesse 2, 8 couronnons-nous de boutons de roses, avant qu'ils ne se fanent,
Sagesse 2, 9 qu'aucune prairie ne soit exclue de notre orgie, laissons partout des signes de notre liesse, car telle est notre part, tel est notre lot!

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Arnaud
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julieng




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MessageSujet: Re: Que faut-il entendre par LIBERALISME ?   Que faut-il entendre par LIBERALISME ? - Page 3 Empty26/10/2010, 11:11

voilà ce qu'il faut penser des catholiques libéraux ": « Mes chers enfants, il faut que mes paroles vous disent bien ce que j'ai dans mon coeur. Ce qui afflige votre pays et l'empêche de mériter les bénédictions de Dieu, c'est le mélange des principes. Je dirai le mot, et je ne le tairai pas : ce que je crains, ce ne sont pas tous ces misérables de la Commune de Paris
vrais démons de l'enfer qui se promènent sur la terre. Non, ce n'est pas cela ; ce que je crains, c'est cette malheureuse politique, ce libéralisme catholique qui est le véritable fléau. Je l'ai dit plus de quarante fois ; je vous le répète, à cause de l'amour que je vous porte. Oui, c'est ce jeu... Comment dit-on en français ? nous l'appelons en italien altalena... Oui, justement, ce jeu de bascule qui détruirait la Religion. Il faut sans doute pratiquer la charité, faire ce qui est possible pour ramener ceux qui sont égarés : mais pour cela il n'est pas besoin de partager leurs opinions
»(Pie IX le 18 juin 1871, à la députation française venue à Rome fêter le vingt-cinquième anniversaire de son pontificat) le libéralisme catholique pire que les démons, tout le monde a bien lu.




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julieng




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MessageSujet: Re: Que faut-il entendre par LIBERALISME ?   Que faut-il entendre par LIBERALISME ? - Page 3 Empty26/10/2010, 11:42

sunny
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Paco




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MessageSujet: Re: Que faut-il entendre par LIBERALISME ?   Que faut-il entendre par LIBERALISME ? - Page 3 Empty26/10/2010, 15:43

Arnaud Dumouch a écrit:

LIBERALISME ABSOLU :
Sagesse 2, 6 Venez donc et jouissons des biens présents, usons des créatures avec l'ardeur de la jeunesse.
Sagesse 2, 7 Enivrons-nous de vins de prix et de parfums, ne laissons point passer la fleur du printemps,
Sagesse 2, 8 couronnons-nous de boutons de roses, avant qu'ils ne se fanent,
Sagesse 2, 9 qu'aucune prairie ne soit exclue de notre orgie, laissons partout des signes de notre liesse, car telle est notre part, tel est notre lot!
[/quote]

En fait c'est l'absorption par l'amour passionel de l'amour spirituel, non?
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Arnaud Dumouch

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MessageSujet: Re: Que faut-il entendre par LIBERALISME ?   Que faut-il entendre par LIBERALISME ? - Page 3 Empty26/10/2010, 16:19

Non, ce texte là montre les orgies des sans-Dieu.

Voici le tout :

Citation :
Sagesse 1, 16 Mais les impies appellent la mort du geste et de la voix ; la tenant pour amie, pour elle ils se consument, avec elle ils font un pacte, dignes qu'ils sont de lui appartenir.
Sagesse 2, 1 Car ils disent entre eux, dans leurs faux calculs : "Courte et triste est notre vie ; il n'y a pas de remède lors de la fin de l'homme et on ne connaît personne qui soit revenu de l'Hadès.
Sagesse 2, 2 Nous sommes nés du hasard, après quoi nous serons comme si nous n'avions pas existé. C'est une fumée que le souffle de nos narines, et la pensée, une étincelle qui jaillit au battement de notre coeur ;
Sagesse 2, 3 qu'elle s'éteigne, le corps s'en ira en cendre et l'esprit se dispersera comme l'air inconsistant.
Sagesse 2, 4 Avec le temps, notre nom tombera dans l'oubli, nul ne se souviendra de nos oeuvres ; notre vie passera comme les traces d'un nuage, elle se dissipera comme un brouillard que chassent les rayons du soleil et qu'abat sa chaleur.
Sagesse 2, 5 Oui, nos jours sont le passage d'une ombre, notre fin est sans retour, le sceau est apposé et nul ne revient.
Sagesse 2, 6 Venez donc et jouissons des biens présents, usons des créatures avec l'ardeur de la jeunesse.
Sagesse 2, 7 Enivrons-nous de vins de prix et de parfums, ne laissons point passer la fleur du printemps,
Sagesse 2, 8 couronnons-nous de boutons de roses, avant qu'ils ne se fanent,
Sagesse 2, 9 qu'aucune prairie ne soit exclue de notre orgie, laissons partout des signes de notre liesse, car telle est notre part, tel est notre lot!
Sagesse 2, 10 Opprimons le juste qui est pauvre, n'épargnons pas la veuve, soyons sans égards pour les cheveux blancs chargés d'années du vieillards.
Sagesse 2, 11 Que notre force soit la loi de la justice, car ce qui est faible s'avère inutile.
Sagesse 2, 12 Tendons des pièges au juste, puisqu'il nous gêne et qu'il s'oppose à notre conduite, nous reproche nos fautes contre la Loi et nous accuse de fautes contre notre éducation.
Sagesse 2, 13 Il se flatte d'avoir la connaissance de Dieu et se nomme enfant du Seigneur.
Sagesse 2, 14 Il est devenu un blâme pour nos pensées, sa vue même nous est à charge ;
Sagesse 2, 15 car son genre de vie ne ressemble pas aux autres, et ses sentiers sont tout différents.

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MessageSujet: Re: Que faut-il entendre par LIBERALISME ?   Que faut-il entendre par LIBERALISME ? - Page 3 Empty6/9/2017, 08:37

Aux armes de l’Esprit, citoyens des cieux!

Spoiler:

Rapport de synthèse
des Université d’été de la Sainte-Baume – 23/26 août 2017
par fr. Joseph-Thomas PINI op (Marseille – Rome)



Comme toujours, l’exercice du rapport de synthèse est délicat, et s’avère particulièrement ardu lorsque, comme en l’occurrence, le sujet choisi était vaste et ample et les contributions ont été variées, denses et de belle tenue. Elle l’est aussi pour le rapporteur, appartenant à l’une de ces microsociétés holistes subsistant dans le monde post-moderne et abhorrées, dans laquelle il est venu chercher avec d’autres et a trouvé une profonde libération.

* Y aurait-il là une tension emblématique de la question générale qui nous a retenus cette année, fort opportunément et judicieusement et pour laquelle il faut remercier les organisateurs de l’Université d’été ? Plutôt que dans une « impasse Adam Smith », pour reprendre une expression de Jean-Claude Michéa, cité lors de nos travaux, nous avons peut-être trouvé, ces derniers jours, l’impression d’être arrivés au « cap des apories » et, en toute hypothèse, au bout d’un chemin quadri-séculaire du libéralisme. Et cette impression peut s’exprimer en sentiment de déception. Non, certes, celle qui tiendrait à nos travaux eux-mêmes, durant lesquels contributions et participations ont affronté et saisi avec talent un sujet exceptionnellement vaste et profond, et méritent chacune notre reconnaissance pour les éclairages apportés et réflexions exposés, tous stimulants et nourrissants ; et d’éventuels regrets sur des points non abordés ou insuffisamment, des auteurs non cités, des passages rapides, doivent tenir compte de la difficulté de l’exercice dans le cadre nécessairement contraint de notre manifestation, et auront trouvé assurément de très larges et légitimes satisfactions dans tout ce qui aura été évoqué et présenté, et même suggéré.

* Mais, toute justice rendue, s’impose la lucidité qui est l’une des règles cardinales de notre travail : c’est d’une déception plus générale et profonde, vis-à-vis du libéralisme lui-même, qu’il peut s’agir, de la part de ceux qui ont à cœur, chacun à son poste et à l’œuvre dans ce monde, d’y faire rayonner l’Evangile de Jésus Christ pour que Son Règne Se manifeste et prévale effectivement et globalement. Les motifs en sont divers et les raisons lourdes :

– le christianisme, par construction promoteur de la libération de l’homme et défenseur des conditions indispensables, selon son anthropologie, à l’accomplissement de sa perfection, ne pouvait dédaigner une doctrine générale mettant au premier rang la liberté et le développement humains, mais a vu peu à peu que les mécanismes régulateurs des rapports interindividuels et de la vie commune dans le cadre historique politique, économique et social que le libéralisme a façonné ne préservaient pas l’homme de l’aliénation et de nombre de servitudes jusqu’aux plus graves et qui touchent à l’identité et à l’intimité de l’être humain. L’homme supposé devenu enfin maître de lui-même s’est révélé et confirmé être le plus féroce despote de lui-même, et son esclave le plus cruellement traité ;

– percevant les présupposés et prérequis anthropologiques et moraux élevés et exigeants de l’univers libéral, il a pensé percevoir, dans le mouvement d’autonomisation, d’ouverture et d’égalisation caractérisant le libéralisme, un élan porteur de sa propre exigence de vie vertueuse objectivement fondée et orientée vers le bonheur éternel, mais il doit constater que l’aboutissement historique au moins, et qu’on le considère ou non comme inscrit dans la logique même du libéralisme, passant par l’utilitarisme et la sécularisation, finit dans le présentisme, l’exacerbation des désirs, l’hégémonie d’un modèle de croissance matérielle supposément illimitée. La liberté humaine, ses combats et ses armes lui apparaissent comme assignés à la défense de l’hédonisme consumériste, du matérialisme, du relativisme absolutisé confinant à l’anomie réelle masquée sous un droit et des institutions bouffis et grippés devenus décor de carton-pâte et théâtre d’ombres ;

– la place accordée à la personne humaine et à son accomplissement, l’importance de relations justes et pacifiques entre les hommes promues par le libéralisme ont pu lui sembler, peu à peu, servir globalement, dans l’ordre temporel, sa propre mission en laissant de surcroît l’espace spirituel indispensable à l’homme et nécessaire à sa propre action terrestre, ainsi que son idéal de concorde humaine fondée sur la paix intérieure. Mais elle a vu les dangers et les méfaits de l’hégémonie du paradigme marchand axiologiquement neutralisé, et la perversion de la liberté absolutisée comme fin, et en réalité utilisée comme moyen et prétexte à des atteintes gravissimes à la dignité intégrale de tout être humain et à la déconstruction de tout lien organique naturellement légitime entre les hommes ;

– surmontant l’hostilité native de la doctrine libérale au catholicisme, cette partie du christianisme, tout en maintenant son regard critique et des réserves et mises en garde spécifiques à l’égard du libéralisme, a pensé y voir un terrain de contact et d’accommodement avec la modernité et une voie possible d’action politique et sociale dans le cadre nouveau né des XVIIIè et XIXè siècles. Mais, sans minorer quelques contributions significatives, lui reste l’impression d’avoir été, peut-être, plus un faire-valoir qu’un acteur d’importance ; enrôlement inévitable et sincère dans la croisade contre les totalitarismes, au point d’être pris dans des illusions, de pâtir de quelques points aveugles aussi (sur les véritables détresses sociales, morales et spirituelles) : la Bête n’est pas terrassée avec la fin des totalitarismes institutionnels, la (re)christianisation qui devait être le fruit d’un certain investissement et de divers compromis avec le monde ne semble pas avoir eu lieu. Ici, la déception peut se muer même en désarroi :

– car les échecs de l’action politique chrétienne en Occident ont été lourds, y compris récemment ;

– car, pour reprendre le titre du célèbre ouvrage de Karl Popper, la « société ouverte », supposée par construction accueillante aux points de vue et options divers, traite désormais majoritairement le christianisme, et spécialement le catholicisme comme l’un de ses « ennemis », et semble redonner, de manière révélatrice de sa véritable nature, actualité au « Pas de liberté pour les ennemis de la liberté » révolutionnaire et de sinistre mémoire ;

– car l’Eglise et les fidèles du Christ engagés dans l’action au service de la Cité se voient contester par la dite société le droit même de porter leur message : quant au principe même d’une parole dans l’ordre politique et social ; quant aux fondements mêmes et aux présupposés de ce message : l’existence d’une vérité objective, les conditions non négociables de la grandeur et de l’accomplissement de l’homme selon sa nature ; la définition du bonheur et de la perfection de l’homme.

* Les raisons sérieuses de déception et d’inquiétude ne semblent donc pas manquer. Là encore, selon notre parti-pris, elles ne sauraient être motifs de démission, mais au contraire et avant tout, de réflexion. Tout d’abord, de quoi y a-t-il, en réalité, lieu d’être éventuellement déçu, au risque de ne pas éviter l’écueil de la naïveté qui, pour beaucoup, et non sans raisons, caractérise aujourd’hui l’attitude chrétienne en Occident ? De fait, les mises en garde du Magistère sur le libéralisme depuis le XIXè siècle, par-delà leur forme datée, conservent leur pertinence, et l’Ecriture elle-même avertit sur les risques et les faux-semblants de la liberté humaine. Sous des formes parfois nouvelles et désormais exacerbées, nous ne voyons se déployer autre chose, semble-t-il, que des excès déjà pointés depuis plusieurs décennies. Ensuite, déçu par qui ? La question peut apparaître incongrue, mais elle ne fait que souligner la grande difficulté, imparfaitement résolue par nos travaux, à définir le libéralisme lui-même, dont il serait question de se libérer. Nous avons rappelé sa périodisation, caractérisé ses domaines et ses mutations, mais rendu partiellement compte de sa grande diversité, sur des points non mineurs même ; restent des principes communes originaires, une expérience historique, un cadre de civilisation aussi dans lequel s’est développé et répandu l’Occident moderne. Ces transformations et cette diversité des approches et sensibilités sont le fruit de l’histoire et de l’ouverture même du libéralisme, reflétant sa nature. Elles rendent la compréhension et le bilan plus complexe, au-delà des désordres objectifs, à partir du moment où elles sont aussi contradictions internes majeures : parce que ces dernières se traduisent elles aussi dans une expérience historique à la fois empiriquement constatée et réductrice (d’un certain point de vue libéral, le monde n’a, à ce jour, pratiquement pas connu le libéralisme authentique !) ; parce que leurs facteurs posent la question de savoir si les dérives et apories constatées relèvent du développement du libéralisme ou de son reniement : tant il est vrai notamment que, dans sa version originaire, il suppose le primat de la raison et que les passions l’ont emporté dans son ordre (par démission de la raison elle-même sous couvert de son empire moderne). Nous a sans conteste manqué aussi le temps pour clore valablement la phase d’instruction du procès du libéralisme avant de prononcer le jugement : tout n’a pu être abordé ni approfondi et, même si son absence n’est pas imputable aux organisateurs, un point de vue libéral « moyen » a fait défaut et empêché le contradictoire.

Enfin, c’est le christianisme lui-même, plus exactement le point de vue chrétien supposé éclairer notre examen, qu’il ne faut pas manquer d’examiner. Car la mise en regard du libéralisme et du christianisme renvoie aussi ce dernier à ses propres interrogations, évolutions et errements. D’une part les bouleversements philosophiques et, par suite, théologiques qui ont marqué son histoire moderne, non seulement soulignent des origines communes avec les doctrines libérales, mais interrogent dans le même temps, dans ses acquiescements comme dans ses réactions critiques, le point de vue chrétien finalement divers et composite, dans lequel se révèle aujourd’hui, de manière patente, la limite et les méfaits d’un « christianisme libéral ». D’autre part et par distinction, elle met en lumière ce en quoi a pu et peut consister la recherche, vaine ou non, satisfaisante ou pas, d’un libéralisme chrétien.

* Car voilà l’enjeu qui demeure : de sa déception, le chrétien ne fait pas (seulement) un poème, ne peut ni doit faire un prétexte à la démission ou l’étendard de la rancœur. Il lui incombe d’agir, et de le faire aussi à la manière de Dieu Lui-même lorsqu’Il explique, par le prophète Osée, comme Il ramène la femme perdue au désert pour lui parler au cœur (Os 2, 16). Que faire alors ? Dénoncer sans doute errances et excès, mais agir sans ruiner le meilleur de l’apport historique du libéralisme en ce qu’il sert la cause de l’homme, et le faire dans une posture de réalisme pratique, humble autant que lucide. Quelques pistes simples d’action peuvent être esquissées :

– rappeler l’essence de la liberté humaine : qu’elle est dans la nature humaine car l’homme a été créé à l’image de Dieu, mais que le retour à la ressemblance de Dieu dans Son Fils donne un modèle et un pôle d’éminence dans le Christ Lui-même ; que cette liberté a une fin : qu’elle est liberté d’excellence et non d’indifférence précisément parce que sa fin est excellente ; que cette liberté a un cadre et un guide : qu’elle n’est pas laissée sans repères ni direction ; qu’elle se déploie dans son environnement : interpersonnel ; social, culturel et historique

– rappeler le sens de la promotion et du combat de la liberté : ce combat n’est pas celui des droits, mais d’abord et finalement uniquement, celui de l’absence de contraintes sur les conditions fondamentales d’accomplissement par l’homme de sa perfection. Ce combat n’est pas non celui de ma liberté : en mode chrétien, il est celui de la liberté de mon frère, et spécialement du plus petit parmi mes frères.

Forts de l’espérance en Celui qui donne l’essence et le sens de cette liberté, nous avons alors autant de raisons d’entreprendre. Aux armes de l’Esprit, citoyens des cieux ! Le Christ, notre Chef et notre Maître, est venu libérer la liberté de l’homme. Il est très possible que nous ayons, nous, à libérer le libéralisme.

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