| Vacuité de la métaphysique | |
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Sânkhya
Messages : 800 Inscription : 07/04/2006
| Sujet: Vacuité de la métaphysique Sam 23 Sep 2006 - 18:47 | |
| - Manuel a écrit:
- Le mot être n'existe pas dans toutes les langues du monde.
Voilà, c'est dit. La métaphysique de l'être n'est pas «naturelle» à l'homme. C'est une construction relative, un produit d'une culture déterminée. La métaphysique ne peut pas prétendre à l'universalité, surtout pas quand elle prétend déduire de ses «découvertes» (!) des principes éthiques. | |
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manuel
Messages : 1005 Inscription : 20/05/2005
| Sujet: Re: Vacuité de la métaphysique Sam 23 Sep 2006 - 18:58 | |
| Vous ne me rendez pas service! Sinon soyons sérieux. L'Être universel est (ou existe). Cela dit, ça ne nous apprend rien de plus. Il est clair qu'il y a bien un fondement ultime à toute chose. Le problème est le développement de cette intuition. la détermination grec en est un moment original et primordiale pour l'humanité sans conteste. Mais ce n'est pas la seule. c'est pour cela que rétrospectivement, il existe d'autres traditions philosophiques non occidentale ou grec. M. | |
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Sânkhya
Messages : 800 Inscription : 07/04/2006
| Sujet: Re: Vacuité de la métaphysique Sam 23 Sep 2006 - 23:55 | |
| Non, Manuel, vous avez prouvé que la métaphysique est une construction artificielle, un produit de certaines structures mentales façonnées par une culture déterminée. Et même si la métaphysique était universelle, on ne pourrait pas s'empêcher de douter. Peut-être que la métaphysique dérive de structures mentales propres à l'espèces, mais auxquelles rien de réel ne correspond.
L'éthique a le même problème. Les sacrifices humains étaient acceptés au Mexique, condamnés en Europe. Le sexe libre est condamné par les catholiques, cultivé par les raéliens. Les catholiques et les darwinistes sociaux croient tous les deux qu'il faut suivre la nature, mais ne s'entendent pas sur ce qu'est la nature (mais les seconds sont plus proches de la science actuelle). D'autres croient qu'il faut combattre les tendances naturelles. Au Mexique autrefois et en Inde, on accepte le système des castes. Dans des pays démocratiques, on trouve ça injuste. La manière de disposer des morts donne aussi lieu à des variations. Le plaisir est condamné par les jansénistes, cultivé par la société en général à notre époque. La souffrance était méritée autrefois, maintenant elle n'a pas le droit d'exister.
La science, elle, est universelle! Il me semble que c'est le seul système vraiment sérieux. | |
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manuel
Messages : 1005 Inscription : 20/05/2005
| Sujet: Re: Vacuité de la métaphysique Dim 24 Sep 2006 - 0:28 | |
| A Yves,
Je n'ai rien prouvé de tel. Si vous voulez lire une critique de la métaphysique vous le savez lisez Kant.
J'ai juste insisté sur la diversité des déterminations de l'Être aussi réel que "l'existence" de l'Être. Il ne faut surtout pas tomber dans le relativisme qui n'est pas une réponse viable mais se révèle être dangereux en fin de compte.
De plus si la science découvre et donne des résultats tangibles malgré son ébullition, c'est bien signe qu'il y a de l'Être. L'ébullition des sciences, la diversité des cultures sont bien plutôt signe de la quête de sens tant qu'il n'y en a pas ici-bas d'arrêté définitive et qui peut combler tout notre être comme l'indique le concept de Vision béatifique.
C'est l' histoire qui permet de remettre chaque chose à sa place dans son processus propre ou global. Nier ou dénigrer la dimension historique des choses c'est les rendre immuable ou faussement absolu et dénaturer l'accés naturellement humain et fini aux choses.
M. | |
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Nelly Emont
Messages : 492 Inscription : 26/08/2006
| Sujet: Re: Vacuité de la métaphysique Dim 24 Sep 2006 - 14:27 | |
| La "vacuité" de la métaphysique est d'époque récente dans notre civilisation Son refus de la métaphysique est né avec Kant et l'influence de celui-ci a été considérable. La métaphysique est une partie de la philosophie . Elle désigne ce "qui est au delà des choses naturelles", au-delà de la physique. Si la connaissance scientifique est importante, elle ne connaît que le transitoire (une théorie est toujours révisable)/ Seule la métaphysique est "éternelle" parce qu'elle répond aux besoins qui habite l'homme de connaître les causes ultimes. Et ces causes ultimes sont cachées ("l'essentiel est imvisible aux yeux"). La métaphysique est recherche de la sagesse, et le sage est celui qui lit le coeur profond des choses. Et ce coeur des choses c'est l'être, qui est l'objet principal de la recherche métaphysique. Cette approche de la métaphysique est celle des grands philosophes chrétiens. | |
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Josaphat
Messages : 696 Inscription : 09/09/2006
| Sujet: Re: Vacuité de la métaphysique Dim 24 Sep 2006 - 14:54 | |
| C'est vrai que l enotion d'Etre est occidentale mais il y a bien quelque chose. Si on pense que dire Etre est encore une détermination culturelle et réifiante donc relative alors on peut utilser des concept orientaux comme le "Cela" de l'hindouisme ou la "telléité" du bouddhisme ou alors on peut encore se taire de cette manière le "Cela" ou "l'Etre" ou l'"Ainsité" (autre concept bouddhique) apparaîtra avec bien plus d'acquité que ce que tout les mots le pourraient. | |
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Nelly Emont
Messages : 492 Inscription : 26/08/2006
| Sujet: Re: Vacuité de la métaphysique Dim 24 Sep 2006 - 15:51 | |
| Si la notion d'être a été formulée en Occident, cela ne veut en aucun cas dire qu'elle est culturelle. C'est une notion qui a vocation à être universelle, et qui de fait l'est, même si certaines philosophies ne la connaissent pas et si d'autres la rejettent. On ne peut tenir la métaphysique comme une science (la science de l'être) si celle-ci est culturelle. Il faut qu'elle soit universelle. | |
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manuel
Messages : 1005 Inscription : 20/05/2005
| Sujet: Re: Vacuité de la métaphysique Dim 24 Sep 2006 - 16:17 | |
| - Citation :
- Si la notion d'être a été formulée en Occident, cela ne veut en aucun cas dire qu'elle est culturelle. C'est une notion qui a vocation à être universelle, et qui de fait l'est, même si certaines philosophies ne la connaissent pas et si d'autres la rejettent. On ne peut tenir la métaphysique comme une science (la science de l'être) si celle-ci est culturelle. Il faut qu'elle soit universelle.
Ce qui me fâche un peu c'est ce "il faut qu'elle soit". Je suis d'accord. Mais la métaphysique et l'histoire des idées le montre bien, est avant tout une quête de sens de l'Être. Ce que je dis de "culturel" (sans que cela soit pour moi "un gros mot") c'est sa détermination grec par exemple, qui est le fait de ces hommes et femmes d'ailleurs, qui ont médité sur cette évidence, cette intuition qu'ils partageaient à savoir qu'il y a quelque chose, de l'Être. Et là toutes les religions et cultures posent un fondement ultime. Ce que je pense : la métaphysique possède quant à elle un objet universel : l'Être en tant qu'être. La réflexion, les spéculations sur cet Être sont relatives aux époques et aux hommes qui les ont soutenu. C'est la dimension historique de cette quête que je rappelais. Je rappelle que même dans la Bible, Dieu inscrit son Action dans l'Histoire. M. | |
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Nelly Emont
Messages : 492 Inscription : 26/08/2006
| Sujet: Re: Vacuité de la métaphysique Dim 24 Sep 2006 - 16:47 | |
| L'être est une notion qui échappe à l'histoire. Mais cela ne veut pas dire qu'elle ne s'exprime pas dans l'histoire... Et oui, on peut dire que c'est une notion culturelle puisque ce sont les grecs qui l'ont définie, mais c'est une notion également universelle et c'est cette dimension qui l'emporte sur l'autre. "il faut qu'elle soit universelle", n'est pas une obligation pour tout citoyen d'y adhérer ; je veux simplement dire qu'une vérité qui ne serait pas universelle ne serait pas une vérité. | |
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manuel
Messages : 1005 Inscription : 20/05/2005
| Sujet: Re: Vacuité de la métaphysique Dim 24 Sep 2006 - 17:05 | |
| A vrai dire c'est donc la question de l'universel qui se pose.
Je pense que l'Être appartient quelque part à l'histoire. C'est une question platonicienne par excellence et qui introduit le fameux "parricide de Parménide". Sinon le non-être pose toujours question.
Je ne dis pas que l'être est soumis au devenir en tant que tel (sinon le problème est toujours le même et devient héraclitéen : l'être est le devenir, fondement de toute chose). Mais ce que je dis est quelque part là dedans : l'Être se fait connaître à travers l'histoire (donc comme dimension d'être et de connaissance essentielle). Ni plus ni moins. C'est un de accents mal compris des recherches en métaphysique moderne et qui a pourtant donné lieu à l'absurdité du relativisme ou de la mort de la métaphysique.
M. | |
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Miles Templi
Messages : 3353 Inscription : 03/07/2014
| Sujet: Re: Vacuité de la métaphysique Mer 12 Sep 2018 - 10:57 | |
| Relance de l'échange à travers une série de commentaires sur le sujet de Frithjof Schuon et Ananda Coomaraswamy.
La notion du « rien » est essentiellement une référence — négative évidemment — à quelque chose de possible ou d’existant, sans quoi elle n’aurait aucun sens et ne serait même pas concevable. Le « rien », en effet, indique par définition l’absence de quelque chose : il exclut soit un ou plusieurs objets, soit tous les objets, suivant le contexte ; parler d’un « rien » intrinsèque, c’est-à-dire qui ne serait que lui-même sans référence aux choses qu’il exclut, serait une contradiction dans le terme. Quand un récipient est rempli et qu’ensuite on le vide, cela fait une différence ; or cette différence est une réalité, sans quoi jamais personne ne pourrait se plaindre d’avoir été volé. Si le « rien » était un « néant » par lui-même — s’il n’avait aucun caractère de « référentiel » — il n’y aurait aucune différence entre la présence et l’absence, la plénitude et la vacuité, l’existence et l’inexistence ; et tout voleur pourrait faire valoir que le « rien » qu’il a produit dans le sac d’un autre n’existe pas ; le mot « rien » serait vide de sens comme le néant est vide de contenu. Le « rien » envisagé dans un contexte concret peut entrer pratiquement en compétition avec un « quelque chose » ; un néant intrinsèque ne saurait s’opposer concrètement à quoi que ce soit et il ne saurait être affecté d’une façon quelconque. De même, si l’espace était du vide absolu — s’il ne coïncidait pas pratiquement avec l’éther — il ne pourrait comporter de l’éloignement et de la séparation, car un néant ajouté à un autre néant — si c’était concevable sans absurdité — ne saurait produire une distance.
Frithjof Schuon, Avoir un centre
"C'’est assurément au sujet de ce Principe ineffable que le Bouddha dit : « Il y a un non-né, un non-devenu, un non-créé, un non-composé, et, si ce n’était pour ce non-né, non-devenu, non-créé, non-composé, il ne pourrait être montré aucun chemin d’'évasion hors de la naissance, du devenir, de la création, et de la composition (Udana Sutta) » ; et nous ne voyons pas ce que ce « non-né » pourrait être, sinon « Cela », cet Esprit (âtman). Le Bouddha nie de façon péremptoire qu’'il ait jamais enseigné la cessation ou l'’annihilation d'’une essence. Tout ce qu'’il enseigne, c’'est comment mettre un terme à la souffrance ."
"On a traduit si souvent à faux l'’expression répétée « Ce n'’est pas mon Soi » par « Il n’'y a pas de Soi », on a regardé l’'analyse destructive de l'’individualité-véhicule comme voulant signifier qu'’il n’'y a pas de Personnalité."
"S'’il est encore expressément permis à l’'Arhat de dire « je », c'’est uniquement par commodité ; il a depuis longtemps dépassé toute croyance en une personnalité qui lui serait propre . Mais tout cela ne signifie pas — et il n'’est dit nulle part — qu' « il n’'y a pas de Soi ». Au contraire, il y a tels passage où, après le dénombrement des cinq constituants de notre « existence » évanescente et irréelle, l’'on trouve, non pas la formule habituelle de négation, « ceci n’'est pas mon Soi », mais le commandement positif : « Réfugie-toi dans le Soi », tout comme le Bouddha dit l’'avoir fait lui-même."
"Nous sommes contraints par la logique des Écritures elles-mêmes de dire qu’'Agnêndra, Bouddha, Krishna, Moïse et Christ sont les noms d'’une seule et même « descente » dont la naissance est éternelle ; de reconnaître que toutes les Écritures sans exception exigent de nous en termes exprès la connaissance de notre Soi, et du même coup la connaissance de ce qui n’'est pas notre Soi et que l'’on appelle un « soi » par méprise ; que la Voie pour devenir ce que nous sommes demande l'’extirpation de notre propre conscience d'’être, de toute fausse identification de notre être avec ce que nous ne sommes pas, mais que nous pensons être quand nous disons « je pense » et « je fais ». Être « pur » (shuddha), c'’est avoir distingué notre Soi de tous ses accidents physiques et psychiques, corporels et mentaux. Identifier notre Soi avec tel ou tel de ceux-ci est la pire de toutes les sortes possibles d'’illusion passionnelle, et la cause unique de «nos » souffrances et de « notre » mortalité, dont aucun de ceux qui demeurent encore « quelqu’un » ne peut être délivré."
Ananda Coomaraswamy, Hindouisme et bouddhisme. | |
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Invité Invité
| Sujet: Re: Vacuité de la métaphysique Mer 12 Sep 2018 - 11:22 | |
| - Miles Templi a écrit:
Ananda Coomaraswamy, Hindouisme et bouddhisme. Ce monsieur a le droit d'avoir son opinion mais je vais me répéter: les écoles du bouddhisme et les écoles de l'hindouisme sont si nombreuses et variées en interprétations et conjonctures sur diverses notions qu'il est quelque peu précipité de conclure à des rapprochements de manière globale sur le bouddhisme et l'hindouisme. Pourquoi on peut considérer qu'une bonne partie du bouddhisme rejette la notion d'Atman? Parce que la doctrine bouddhiste est fondée précisément sur la notion d'anatmam (le non-soi), c'est la vacuité; et que la vacuité ne peut pas être un nouvel objet d'appropriation ou de fixation conceptuelle. |
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Miles Templi
Messages : 3353 Inscription : 03/07/2014
| Sujet: Re: Vacuité de la métaphysique Mer 12 Sep 2018 - 11:44 | |
| Ce n'est pas une histoire d'opinions individuelles mais de fidélité à ce qu'indiquent réellement les textes sacrés.
Ne pas confondre "non soi" et "non Soi". La vacuité vise l'individualité et non la Personnalité. Renoncer à soi-même c'est renoncer à son ego. Pas à notre véritable nature. Sinon, c'est du nihilisme. Et c'est ces branches hétérodoxes du bouddhisme qu'à combattu Shankara. Si en plus on rajoute par-dessus cela les mauvaises traductions et les influences du psychologisme et de la psychanalyse du monde moderne, nous avons affaire à un bouddhisme complètement défiguré.
C'est ce qui a amené des Orientaux (non occidentalisé) à affirmer que les Occidentaux aimaient surtout le bouddhisme pour ce qu'il n'était pas. | |
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philippe bis
Messages : 16402 Inscription : 29/04/2017
| Sujet: Re: Vacuité de la métaphysique Mer 12 Sep 2018 - 11:59 | |
| Moi je me méfis de ceux qui veulent apprendre la cuisine a Bocuse ou a un MOF ( meilleur ouvrier de France) comme de ceux qui veulent apprendre ce que c 'est que la vacuité et le Bouddhisme au Dalai lama et autres écoles Tibétaine... | |
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Invité Invité
| Sujet: Re: Vacuité de la métaphysique Mer 12 Sep 2018 - 12:05 | |
| - Miles Templi a écrit:
Ce n'est pas une histoire d'opinions individuelles mais de fidélité à ce qu'indiquent réellement les textes sacrés.
Ne pas confondre "non soi" et "non Soi". La vacuité vise l'individualité et non la Personnalité. Renoncer à soi-même c'est renoncer à son ego. Pas à notre véritable nature. Sinon, c'est du nihilisme. Parler d'Atman c'est de l'éternalisme ce que l'essentiel du bouddhisme rejette tout autant que le nihilisme. |
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Miles Templi
Messages : 3353 Inscription : 03/07/2014
| Sujet: Re: Vacuité de la métaphysique Mer 12 Sep 2018 - 12:13 | |
| J'ai apporté les précisions et indications nécessaires pour ceux qui voudraient approfondir les points de doctrine évoqués. Je n'ai rien d'autre à ajouter. | |
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| Sujet: Re: Vacuité de la métaphysique | |
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| Vacuité de la métaphysique | |
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