De l'huile de moteur mélangée à de l'huile de tournesol : c'est l'étrange cargaison, en provenance d'Ukraine, qui a été débarquée fin février sur le port de Sète, dans les installations de l'usine Sofiprotéol.
Selon Le Canard enchaîné, qui, dans son édition d'hier, évoque l'affaire, cette huile frelatée se retrouverait, depuis le 5 mai, dans « des plats cuisinés, de la vinaigrette industrielle, des conserves à l'huile », ainsi que « dans la mayonnaise ». Le journal satirique ajoute : « Et ce avec la bénédiction des pouvoirs publics et de la Commission européenne. Bien sûr, le consommateur n'a pas été informé. » En fait, la Direction des fraudes et la Commission européenne ont officiellement donné l'alerte, le 26 avril, sur de l'huile de tournesol frelatée arrivée par cargaisons entières en Europe depuis l'Ukraine. Cette huile a été livrée dans de nombreux pays européens. Au total, 280 tonnes d'huile de moteur auraient été introduites dans un lot de 40 000 tonnes.
En France, sur 2 800 tonnes débarquées, « 19 tonnes auraient mieux fait d'aller graisser des rouages et des pistons que des gosiers », écrit l'hebdomadaire. Tous les produits susceptibles d'en contenir ont, officiellement, été ôtés des rayons. Le Canard enchaîné en doute et s'interroge sur le nombre de lots qui auraient été retirés. Or, selon lui, la Direction des fraudes ne serait pas en mesure de les chiffrer. « Compte tenu du nombre d'entreprises concernées, il est impossible d'en connaître le nombre exact », répond-elle.
La Commission européenne a publié, le 2 mai, une recommandation « autorisant la vente de tous les aliments contenant moins de 10 % d'huile de tournesol frelatée ». « Une décision bienvenue, on l'imagine, pour les industriels de l'agroalimentaire et de la grande distribution qui ont sur les bras des montagnes de mayo, vinaigrettes, conserves et autres plats cuisinés avec la mixture ukrainienne », poursuit le journal satirique.
Evidemment, cette présentation ne satisfait guère les industriels susceptibles d'être visés. Chez Sofiproteol (marque Lesieur), on minimise considérablement l'affaire. Hier à Midi Libre, Florence Doat-Matrot, directrice de la communication du groupe, a soutenu que c'est l'industriel qui avait « détecté la présence de cette huile de moteur dans une cargaison arrivée dans son usine de Sète (...) Nous avons alors alerté la Direction des fraudes ». « Le pourcentage repéré était infinitésimal », poursuit Florence Doat-Matrot.
Elle ajoute que, dès la fraude débusquée, toutes les cargaisons avaient été vérifiées. D'après elle, la Commission européenne s'est sérieusement emparée du dossier et se chargera des poursuites. « Elle a déjà pris contact avec les plus hautes autorités ukrainiennes », observe Florence Doat-Matrot. Enfin, les lots contaminés, bien que retirés du marché, ne présentaient pas, selon elle, de danger en cas d'ingestion. Elle le martèle : « Pour nous, c'est une fin de crise. »
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Il y a deux histoires: l'histoire officielle, menteuse, puis l'histoire secrète, où sont les véritables causes des événements. Honoré de Balzac
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