Je dois sans cesse regrder Jésus, imiter Jésus, devenir Jésus. Comment pourrai-je remplir une vocation si sublime ? Avec la grâce et la coopération de l’Esprit-Saint.
Demeurant toujours avec nous (Jn XIV, 16), l’Esprit -Saint se fait l’exécuteur des desseins du Père, l’ouvrier de la déification de l’homme, dont le Père a tracé le plan sur le modèle du Verbe incarné. Digitus paternae dexterae, chante l’Eglise : Vous êtes, ô Esprit créateur, le Doigt de Dieu le Père (Hyme Veni Creator). Comme le peintre ou le sculpteur se sert de sa main pour exprimer l’idéal qu’il a conçu, le Père céleste, pour traduire sa pensée, inscrire son Verbe et graver en nous son Image, se sert de l’Esprit-Saint.
La première oeuvre en nous de cet Esprit créateur et sanctificateur est de nous transformer à la ressemblance du Fils de Dieu et de nous faire vivre d’une vie conforme à notre filiation divine : Tous ceux qui sont conduits par l’Esprit de Dieu sont fils de Dieu. En effet, vous n’avez point reçu un esprit de servitude, pour être encore dans la crainte, mais vous avez reçu l’Esprit d’adoption en qui nous crions : Abba ! Père ! Cet Esprit lui-même rend témoignage à notre esprit que nous sommes enfants de Dieu (Rm VIII, 14-16).
Esprit de vérité, il illumine en notre âme l’éternelle Pensée du Père. Il nous la rend plus claire, plus précise et plus attrayante en nous révélant Jésus : Quand l’Esprit sera venu, il vous guidera dans toute la vérité... il me glorifiera (Jn XVI, 13-14), en vous faisant davantage connaître ma grâce et ma divinité.
Etant la consommation et la consécration de tout, il continue par imprimer en notre âme cette adorable Pensée du Père qui est Jésus. Il la rend fixe, permanente et, autant que nous le voulons, irrévocable. Mystère que contemplait David quand il chantait : La lumière de ton visage, Seigneur, a été imprimée sur nous comme un sceau (Ps IV, 7), car le Visage du Seigneur, sa Splendeur et sa Gloire, c’est le Verbe.
Ensuite, parce qu’il est l’Esprit de vie et le moteur de la vie surnaturelle, il met en oeuvre la Pensée du Père. Il nous pousse à réaliser la complète ressemblance avec le Christ. Il nous excite et nous aime jusqu’à ce que nous soyons parvenus à l’état d’homme fait, à la mesure de la stature parfaite du Christ... jusqu’à ce que le Christ soit formé en nous (Ga IV, 19).
Enfin, étant personnellement l’Amour, il établit entre la Trinité et nous des relations d’amour, une tendance perpétuelle à l’union. Il incline la Trinité vers nous : il nous attire vers elle. Il est l’appel incessant, l’attraction vivante, la spiration irrésistible qui nous entraîne à Jésus ; si bien que, à mesure que l’âme s’abandonne davantage à la Pensée du Père mise en oeuvre par l’Esprit-Saint, l’union se fait et plus étroite et plus complète jusqu’au moment où, comme le Père est dans le Fils et le Fils dans le Père, l’âme est dans le Christ et le Christ est dans l’âme, tous deux consommés en l’unité, selon le voeu suprême de la Cène.
Alors l’homme racheté et sanctifié peut se présenter en confiance devant le Père céleste et lui dire : O Dieu, regardez-moi ! Regardez en moi la face de votre Christ ! (Ps LXXXIII, 10).
Marie-Vincent Bernadot o.p., De l'Eucharistie à la Trinité, Cerf, 1991 (1èer édition : 1920), pp. 119-122.
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