Ainsi donc, vous, mes disciples, vous devez vous attendre à l’opposition, à la lutte.
Sans aucun doute Jésus est venu apporter la paix sur la terre (Luc 2.14 ; Jean 14 ; 27 ; Éphésiens 2.14 ; 18), mais une paix que précède le combat, l’épée.
Pourquoi ? La sainte vérité qu’Il proclame vient se heurter au mensonge à la corruption, à l’inimitié qui règnent sur cette terre. De là, la division pénétrant jusqu’au sein de la famille, entre ceux qui veulent obéir à Jésus-Christ et ceux qui le rejettent (comparer Michée 7.6, d’où Jésus emprunte les paroles du verset 35).
Tel est partout et toujours le premier effet d’une prédication puissante de l’Évangile. Jésus dit, d’après le terme original : « Qu’il n’est pas venu jeter, introduire brusquement, la paix, mais l’épée ».
Il n’y a ni paradoxe ni figure de rhétorique dans cette parole, elle dépeint l’effet premier, actuel de l’Évangile qui est le trouble, la division, mais elle donne à entendre aussi qu’après ces luttes inévitables viendra la paix, fin dernière de la venue du Sauveur.
Ce n’est pas seulement la haine du monde qui atteint le croyant fidèle mais il a fréquemment affaire à l’hostilité de sa propre famille (verset 36).
Pourtant en tant que croyant fidèle, nous ne devons pas nous décourager.
Le Seigneur a expressément annoncé qu’Il en serait ainsi et Il a aussi prévu des ressources pour son cas.
Prendre sa croix, c’est porter le signe distinctif des condamnés à mort. Autrement dit, c’est montrer qu’on en a fini avec les plaisirs du monde, qu’on a fait abandon de sa volonté personnelle. À vue humaine, cela revient à perdre sa vie.
Non, affirme le Maître, c’est au contraire la seule manière de la gagner. Mais encore faut-il que ce soit pour un motif essentiel : « à cause de moi », précise le Seigneur Jésus (2 Corinthiens 5. 14, 15).
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"L'épée" représente la Parole du Christ qui divise les Croyants et les non-Croyants.
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L’image de l’arme à double tranchant est utilisée à plusieurs reprises dans la Bible, dans un sens différent, et notamment pour décrire la parole de Dieu :
- Citation :
- « Elle est vivante, la parole de Dieu, énergique et plus coupante qu’une épée à deux tranchants ; elle va jusqu’au point de partage de l’âme et de l’esprit, des jointures et des moelles ; elle juge des intentions et des pensées du cœur. » (He 4, 12)
Une parole puissante et créatrice
Si la parole de Dieu est ainsi présentée, aussi tranchante, ce n’est pas dans un but de violence ou de mort, mais au contraire pour affirmer sa puissance et sa force créatrice.
Acérée, elle perce les cœurs endurcis, les cuirasses d’orgueil, d’égoïsme, de mensonge que nous nous forgeons, elle sonde les êtres humains jusqu’au plus profond d’eux-mêmes et les met à nu. Elle nous remet en question avec nos certitudes et nos fiertés, elle nous met face à nos actes, nos paroles et nos pensées aussi secrètes soient-elles. Rien n’est caché pour Dieu !
Créatrice, elle donne la vie, c’est elle qui est à l’origine de la lumière (« Dieu dit : “Que la lumière soit.” Et la lumière fut. » — Gn 1, 3) c’est elle qui sépare le firmament des eaux (« Et Dieu dit : “Qu’il y ait un firmament au milieu des eaux, et qu’il sépare les eaux” — Gn 1, 6) … Cette parole créatrice est devenue chair comme nous l’apprend l’Évangile de saint Jean (« Et le Verbe s’est fait chair … » — Jn 1, 14) : Jésus est la Parole éternelle qui s’est faite homme sujet à la mort.
Elle entre en nous en profondeur et va jusqu’au fond de notre cœur. En ce sens, elle nous transforme et fait de nous des êtres nouveaux car elle signifie le salut pour ceux qui l’ont reçue et croient en elle : « Mais à tous ceux qui l’ont reçu, il a donné de pouvoir devenir enfants de Dieu, eux qui croient en son nom ». (Jn 1, 12).
C’est sur cette parole, vivante et pleine de force, qu’est fondée l’Église, « elle en naît et en vit, rappelait le pape Benoît XVI dans son exhortation apostolique post-synodale Verbum Domini. Tout au long des siècles de son histoire, le Peuple de Dieu a toujours trouvé en elle sa force et aujourd’hui encore la communauté ecclésiale grandit dans l’écoute, dans la célébration et dans l’étude de la Parole de Dieu. » Comme le résume le Deutéronome : « Ce n’est pas une parole creuse, extérieure à vous : c’est votre vie » (Dt 32, 47) !