La tempérance, vertu oubliée ?

Dans nos sociétés occidentales où règnent en maîtres individualisme, succès à tout prix, hédonisme, volonté de puissance, il est bon pour le chrétien de se référer de temps à autres aux vertus cardinales qui jouent un rôle charnière dans toute action humaine. Parmi elles, la tempérance. Elle faisait déjà écho chez Platon. Une manière de dire que si nous l’avons mise en valeur dans notre éthique chrétienne, elle en dépasse largement ce cadre pour toucher toute l’humanité. Une définition courte et simple serait de dire qu’elle vient discipliner nos désirs et nos passions, nous donnant la maîtrise de nous-mêmes. Elle pourrait ainsi s’assimiler à une forme de sobriété dans tous nos actes. Saint Jean-Paul II disait qu’on ne peut être vraiment prudent, ni vraiment juste, ni vraiment fort, si l'on ne la possède pas. C’est une façon de dire que cette vertu conditionne en réalité toutes les autres. La tempérance est toujours mise comme en vis-à-vis de nos excès, quelle qu’en soit la nature. Colère, toutes formes d’abus qui viennent en fait créer des désordres dans nos relations avec l’autre et dans notre propre vie. Il faut toutefois prêter attention à ce que sa mise en œuvre, dans notre vie de tous les jours, ne vienne pas « castrer » notre humanité et nous rendre d’une certaine manière autre que nous ne sommes. La tempérance, si elle vient corriger nos excès ne vient pas changer l’être que nous sommes au point que nous ne nous ressemblerions plus ! Non, la tempérance vient plutôt en aide à nos débordements de toutes sortes qui trouvent avant tout leurs sources à l’extérieur de nous-même ; elle est mise à notre service pour faire de nous de vrais disciples de l’homme-tempérance, le Seigneur Jésus lui-même. Comme toutes les vertus, on peut parfois se dire qu’elles sont tellement difficiles à atteindre qu’elles sont pour les autres et pas pour moi ! Mais en réalité la tempérance vient valoriser tout notre être, de sorte que nos sens trouvent leur juste place dans nos vies. Si nous avons, nous le savons, la grâce en abondance, cette grâce ne fait pas l’économie de la nature et notre nature reste faible, chacun de nous peut en témoigner. Alors disons oui à la tempérance dans nos vies pour être pleinement homme et femme, et pleinement disciples de Jésus.

"Vous avez pour père le diable, et vous voulez accomplir les désirs de votre père. Il a été meurtrier dès le commencement, et il ne se tient pas dans la vérité, parce qu'il n'y a pas de vérité en lui. Lorsqu'il profère le mensonge, il parle de son propre fonds; car il est menteur et le père du mensonge."
(Jean 8:44)