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François Fillon à la sortie de l'Elysée le 23 mai 2007
François Fillon a mis la pression mercredi sur les syndicats en fixant des dates-butoirs aux négociations sur un service minimum en cas de grève dans les transports et, pour la première fois également, sur le projet "lourd de conséquences" du contrat de travail unique.
Invité sur Europe 1, le nouveau Premier ministre a réaffirmé son intention de "ne pas passer en force" et de respecter la loi sur le dialogue social, promulguée de fraîche date par le gouvernement Villepin.
Cette loi du 1er février impose à l'exécutif une concertation obligatoire des organisations patronales et syndicales avant toute réforme concernant les relations du travail, l'emploi et la formation professionnelle.
Se comparant durant l'interview à un pilote de Formule 1, M. Fillon a toutefois prévenu que le temps de la concertation n'était pas éternel et ne dépasserait pas l'été pour le service minimum, et irait jusqu'à la fin de l'année pour le projet de contrat de travail unique.
En congrès à Séville avec la Confédération européenne des syndicats (CES), François Chérèque (CFDT) et Bernard Thibault (CGT) ont été prompts à réagir.
Tous deux doivent être, à l'instar des autres dirigeants syndicaux et patronaux, reçus à l'Elysée à partir de vendredi. "Si on vient pour qu'on nous dise : +Voilà comment faire+, ce n'est pas un débat, et si le calendrier nous est imposé, il n'y a pas de discussions", a réagi M. Chérèque.
"La prochaine rencontre serait d'avantage au service d'une communication gouvernementale avant les législatives, plutôt qu'une véritable volonté de dialogue (...)", a suspecté M. Thibault.
Nicolas Sarkozy a promis une législation sur le service minimum en cas de grève dans les transports en commun. Actuellement, la loi française n'impose un service minimum que dans quatre secteurs, audiovisuel, nucléaire, contrôle aérien et santé. Des services garantis existent sous des formes très diverses mais non coercitives à la RATP, à Aéroports de Paris et à la SNCF dans quatre régions (Alsace, Rhône-Alpes, Picardie et Ile-de-France).
"Nous donnons aux organisations syndicales jusqu'à la fin de l'été pour faire des propositions. Si à la fin de l'été, elles ne sont pas faites, nous proposerons un texte au début du mois de septembre", a déclaré M. Fillon.
Pour la première fois, M. Fillon a également fixé un délai aux négociations sur le projet de Nicolas Sarkozy de réformer le contrat de travail.
"On donne aux organisations syndicales jusqu'à la fin de l'année pour travailler sur cette question du contrat de travail unique", a-t-il déclaré. "C'est un sujet lourd de conséquences, technique et difficile", a-t-il noté.
L'une des quatre conférences sociales de la rentrée y sera consacrée, sous l'intitulé peu familier du grand public de "flexisécurité".
Le terme est emprunté à l'abondante littérature économique prônant une évolution de la législation et une conciliation entre la flexibilité requise par la compétition économique mondiale et les garanties offertes aux salariés.
La flexisécurité, précisait lundi soir sur France 2 le nouveau ministre du Travail Xavier Bertrand, "C'est de la flexibilité supplémentaire pour les entreprises, procédures de licenciement raccourcies ou simplifiées, avec possibilité d'indemnisation en même temps".
De toutes les mesures du nouvel exécutif, le contrat unique inquiète le plus la CGT, qui y voit la mise en cause du rééquilibrage de la relation inégale entre le salarié et son employeur conquis au fil des années par le droit du travail.