Le Tridium pascal ?

Demain, lors de la traditionnelle messe du Jeudi Saint, le président de la célébration posera ce geste du lavement des pieds que Jésus a posé, en invitant ses Apôtres à faire de même, pour avoir part avec Lui, comme il va le dire à Pierre, qui ne voulait pas que Jésus s'abaisse ainsi pour lui laver les pieds, avant communier au pain de sa Pâques.

Quand Jésus dit "tu n'auras pas part avec moi", qu'a-t-il voulu dire ? Je me demande si pour le comprendre on ne doit pas regarder du côté de l'ancienne alliance, quand Dieu a demandé à ce qu'Aaron et ses fils, qu'ils se lavent les pieds et les mains, avant d'entrer dans la tente de la rencontre, afin de ne pas mourir :

"Yahweh parla à Moïse en disant: "Tu feras une cuve d'airain, avec sa base d'airain, pour les ablutions; tu la placeras entre la tente de réunion et l'au-tel, et tu y mettras de l'eau , et Aaron et ses fils en prendront pour se laver les mains et les pieds. Ils se laveront avec cette eau, afin qu'ils ne meurent point, et lorsqu'ils entreront dans la tente de réunion, et lorsqu'ils s'approcheront de l'au-tel pour faire le service, pour faire fumer un sacrifice à Yahweh. Ils se laveront les pieds et les mains, et ils ne mourront pas. (Exode 30, 17-21)

Pour moi c'est l'esprit de kénose du Christ qui s'abaisse en dessous de nous. Cet abaissement est une purification. Je comprends par là qu'il annonçait  qu'il allait descendre jusqu'aux enfers en dessous de nous entre sa mort et sa résurrection et que cela est nécessaire pour la purification du péché du monde.

Pierre refuse tout. L'abaissement du maître, l'annonce qu'il va mourrir, il est confronté à ses plus grandes peur de la mort et de l'humiliation mais qui est si humaine que le Christ lui pardonne déjà tout.

Pétéro a écrit:

Quand Jésus dit "tu n'auras pas part avec moi", qu'a-t-il voulu dire ?

Ne voulait-il pas dire que pour avoir part avec lui, il fallait le suivre jusqu'à la croix et jusqu'au tombeau et qu'il savait que Pierre fuierait.

En ce jour où l’église catholique fête le jeudi saint, essayons de comprendre le sens de cette parole de Jésus :

«Vint le jour des Azymes, où l'on devait sacrifier la pâque. Il envoya Pierre et Jean, disant: " Allez nous faire les préparatifs de la pâque pour que nous la mangions. (Luc 22, 7-8)

Mangez la pâque juive, c’était faire mémoire de la pâque que les hébreux avaient mangés, en hâte, la veille de leur sortie d’Egypte, dans chaque famille, dans chacune des maisons abritant ces familles. Cette pâque, Dieu leur avait demandé de la manger, les reins ceints, sandales aux pieds et bâton à la main, prêt à partir.

C’est dans cette même tenue que les juifs, du temps de Jésus, devaient se mettre, pour faire mémoire de cette pâque, comme s’ils y avaient participés eux-mêmes. C’étaient le repas pris par leurs pères, auquel ils s’associaient, non pas symboliquement, puisqu’il n’utilisaient pas de symbole pour la célébrer, offrant eux-mêmes un agneau qu’il avait présenté au Temple et que les prêtres avaient offert en sacrifice, pour l’expiation de leurs péchés et mangeant cet agneau, appelé "l'agneau pascal", d'où viendra cette expression "manger la pâque". Manger la pâque c'était en quelque sorte, faire corps avec cet agneau pascal qui était présenté au Temple pour mourir et en quelque sorte ressusciter symboliquement, en chaque juif qui le mangeait.

On peut donc déjà dire, que chaque agneau (offert par chaque famille) qui entrait dans le Temple pour être offert à Dieu, représentait symbolique chacune de ces familles, qui devait être purifiés, des péchés dont ils avaient hérités des Egyptiens, après avoir vécu au milieu d'eux, notamment le péché qu'il commettait, en ayant adopté le culte rendu aux faux dieu, Api (un boeuf ou un veau), par les Egyptiens.

Pour comprendre la Nouvelle Pâque instituée par Jésus, c’est du côté de cette pâque juive qu’il nous faut regarder.

Pourquoi Jésus a-t-il voulu manger la pâque juive, un autre jour que celui où habituellement les familles juives la mangeaient, le lendemain soir, le jour du 14 Nisan. Parce que d’une part il savait qu’il ne pourrait pas la manger ce soir là, sachant que son heure était venu de passer de ce monde à son père et d’autre part parce qu’il savait qu’il allait prendre la place de l’agneau qui était habituellement offert ce jour là, agneau que chaque famille avait offert en sacrifice à Dieu et qu’ils mangeaient chez eux le soir même.

Jésus aurait pu s’abstenir de célébrer cette pâque, sachant qu’il allait mourir, et laisser ses apôtres célébrer la pâque juive, après qu’il eut été crucifié et soit mort. S’il a tenu à manger cette pâque, c’est parce qu’il allait vivre avec eux et avec tous ceux qui par la suite deviendraient ses disciples, sa pâque à Lui, c’est-à-dire « non plus la sortie d’Egypte », mais sa sortie du monde pour s’en retourner dans le Royaume de Dieu son Père d’où il était venu, après être descendu dans le shéol, pour s’asseoir sur le trône de son Père, Royaume où nous dira-t-il, il s’en est allé préparer une place pour ses disciples.

Le premier enseignement que l’on peut tirer de cette comparaison entre ces 2 pâques, c’est que dans la pâques chrétienne, la pâque que Jésus a voulu que nous mangions avec Lui, c’est que cette fois-ci, ce n’est plus chaque famille qui offre l’agneau de la pâque à Dieu ; c’est Dieu qui nous offre l’agneau pascal, en la personne de son Verbe, qui vit avec Lui, dans son Royaume, dans la famille divine, son Verbe devenu homme, au sein de la Sainte Famille de Nazareth, au sein de l’humanité, la famille des hommes, la famille d’Adam et Eve. C’est au sein de la famille dispersée d’Adam, que Jésus est venu rassembler des 4 coins de la terre, que Dieu nous invite à faire mémoire de la pâque de son Fils, c’est-à-dire de son « retour vers Lui ».

Manger la pâque de Jésus, cela veut donc dire, être comme "assimilé" à cette pâque, et donc assimiler à Lui, Jésus, à son corps, avec lequel il a vécu cette pâque, ce retour vers son Père.

Quand on mange du pain où n'importe quelle nourriture, on assimile ce pain. Assimiler c'est faire sien ce que l'on mange, c'est s'approprier ce que l'on mange, c'est l'intégrer à notre chair.

Quand on sait, comme je l'ai expliqué, que l'agneau pascal offert par chaque famille juif à Dieu, au Temple, représentait symboliquement cette famille que les prêtes présentait à Dieu dans le Temple, afin qu'ils soient purifiés de leurs péchés, on peut donc dire que le pain que Jésus a lui-même accueillir comme Grand-Prêtre, à l'image des prêtres qui accueillaient chaque agneau pascal représentant symboliquement chaque famille, il représentait "la famille humaine" qu'il était venu purifier de ses péchés.

De fait, le pain que lui-même il a mangé, accueilli en Lui, pour l'assimiler à son propre corps, c'était celui de sa famille, la famille humaine dans laquelle il s'était incarné.

On comprends donc pourquoi Jésus a repoussé la coupe que le soir même, après avoir comme mangé la famille humaine, sa famille, l'avoir assimilée pour l'intégrer à son corps qui le vendredi saint serait crucifié sur la croix, pour ressusciter le troisième jour, car dans cette coupe se trouvait notre sang à tous, sorti de notre coeur dont il avait parlé ici :

"Ne comprenez-vous pas que tout ce qui entre dans la bouche passe au ventre et est rejeté aux lieux secrets? Mais ce qui sort de la bouche vient du cœur, et c'est là ce qui souille l'homme. Car c'est du cœur que viennent des pensées mauvaises: meurtres, adultères, fornications, vols, faux témoignages, blasphèmes. Voilà ce qui souille l'homme; (Matthieu 15, 17-20)

C'est notre sang, souillé par les pensées mauvaises que nous avons et qui donne naissance au péché que nous allons commettre quand nous concrétisons notre pensée, qu'il devait accueillir dans son propre coeur, son Saint Sacré Coeur. On comprends alors pourquoi Jésus, Dieu devenu homme dans sa Parole, qui avait en horreur le péché, ai repoussé la coupe rempli du sang impur des hommes, du sans remplis des péchés des hommes, afin que ce sang des hommes, soit purifié et sanctifié avec le sang du Saint des saints.