« Voici que le semeur est sorti pour semer.
Comme il semait, des grains sont tombés au bord du chemin, et les oiseaux sont venus tout manger. D’autres sont tombés sur le sol pierreux, où ils n’avaient pas beaucoup de terre ; ils ont levé aussitôt parce que la terre était peu profonde. Le soleil s’étant levé, ils ont brûlé et, faute de racines, ils ont séché. D’autres grains sont tombés dans les ronces ; les ronces ont poussé et les ont étouffés.
D’autres sont tombés sur la bonne terre, et ils ont donné du fruit à raison de cent, ou soixante, ou trente pour un. Celui qui a des oreilles, qu’il entende ! » (Mt 13 ; 3-9)
Comment la semence de l’évangile s’installe-t-elle et prospère-t-elle dans mon cœur ?
Est-ce que celui-ci est stérile car « pierreux », c’est-à-dire orgueilleux et dur, intransigeant, méprisant et intolérant ?
Est-ce qu’il est « peu profond » c’est-à-dire sans consistance, confondant sensibleries et bondieuseries avec ardeur et passion pour faire avancer le Royaume et pour faire triompher la justice et la vérité évangéliques ?
Est-ce qu’il est « empli de ronces », c’est-à-dire étouffé par la concupiscence, par le désir de l’argent et les voluptés de la chair, et par toutes les ronces du péché ?
Ou est-ce de la « bonne terre », c’est-à-dire un cœur qui se laisse irriguer au plus profond par le message du Christ, qui tend à la pureté évangélique, et qui donne des fruits concrets, pesables et identifiables, d’amour pour ses frères ?
Voilà les questions que me posent Jésus par sa parabole du semeur.
Questions cruciales, et qu’il faut que je garde en tête, car il en va de ma vocation et de ma mission de chrétien. Il en va de la fécondité et du rendement évangélique de mon passage sur la terre. Et sans doute ces questions me seront posées une dernière fois au jour de mon jugement.
Car c’est à ses fruits que l’on juge l’arbre, c’est à la réponse à ces questions que je perçois si je suis vraiment à la suite du Christ ou si je fais seulement semblant, pour me tromper moi-même et tromper les autres.
Et si je veux à mon tour semer, il faut que le grain que je suis meurt en moi pour à son tour « donner du fruit à raison de cent, soixante ou trente pour un ».
Alors à mon tour la semence que je sèmerai aura des destins variés : elle sera souvent méprisée, rejetée ou insultée, et c’est bon signe car celle que le Christ a lui-même semée a souvent eu ce destin. Elle sera parfois bien accueillie pour encore mieux être oubliée. Et puis, parfois, elle donnera du fruit à raison de cent, soixante ou trente pour un.
Seigneur, transforme mon cœur jour après jour pour qu’il se laisse semer par ton évangile et puisse le semer à son tour.