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 Marie, Mère de Jésus - par Théodom

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MessageSujet: Marie, Mère de Jésus - par Théodom   Marie, Mère de Jésus - par Théodom Empty10/5/2023, 20:05

Marie, mère de Jésus


Marie est un des grands mystères de notre foi, bien présente dans nos prières, elle est presque cachée dans l’Evangile.



ThéoDom vous propose toute une série sur la Vierge. Redécouvrez ce que la Bible dit de Marie, ce que signifient les expressions « Mère de Dieu », « Immaculée Conception », ou « Assomption ». Initiez vous à la théologie mariale pour suivre Marie, la première en chemin.
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MessageSujet: Re: Marie, Mère de Jésus - par Théodom   Marie, Mère de Jésus - par Théodom Empty10/5/2023, 20:13



1. Marie dans la Bible


La Vierge Marie a une grande importance pour l’Église catholique. Pourtant l’Évangile n’en parle guère. Elle apparaît rarement et elle ne dit pas grand-chose … Que penser de ce paradoxe ? Marie est-elle vraiment une figure centrale de l’Évangile ou est-ce une exagération de l’Église ?
Regardons quelques livres du Nouveau Testament pour nous faire une idée plus précise.

Les évangiles de l’enfance.


Les évangiles d’abord. L’Évangile de Luc et celui de Matthieu parlent de l’enfance de Jésus. Et donc de Marie, Mère de Jésus. C’est d’ailleurs de cette façon qu’on parle toujours de Marie : « Marie, Mère de Jésus ». Dans leurs premiers chapitres, Luc et Matthieu mentionnent Marie à plusieurs reprises. Surtout Luc. Matthieu, lui, voit les choses, du point de vue de Joseph, parité oblige.

C’est Luc, par exemple, qui rapporte la scène de l’Annonciation : l’ange Gabriel annonce à Marie qu’elle va devenir mère du messie. C’est Luc encore qui relate la visitation de Marie à sa cousine Élisabeth. C’est Luc toujours qui rappelle l’épisode de la présentation de Jésus ; ou son recouvrement au Temple, par Marie et Joseph, angoissés et interloqués. Il est aussi celui qui nous a conservé le chant du Magnificat : ‘‘Mon âme exalte le Seigneur” (Luc, ch.1-2).

Quant à Matthieu, il évoque le songe de Joseph. Joseph, qui, sur le conseil de l’ange, prend chez lui Marie déjà enceinte. C’est Matthieu encore qui rapporte l’exode en Égypte de la Sainte Famille qui fuit devant la haine assassine du roi Hérode (Matthieu, ch,1-2).

Quoi qu’il en soit, chez Luc comme chez Matthieu, sitôt les récits de l’enfance terminés, Marie quitte la scène… Bon. On a bien compris que Marie n’avait pas obtenu le rôle principal de la pièce… Non mais sérieusement… Quel est le rôle de Marie ici ? Chez Luc, comme chez Matthieu, la figure de Marie nous aide à prendre conscience du mystère de l’Incarnation : Jésus a été enfant, comme tout homme, mais il est né d’une vierge, c’est un signe qu’il est le messie attendu...

Saint Jean.


Saint Jean, de son côté, évoque à certains moments, très courts, la figure de Marie. Mais sa présence est toujours remarquée.

Par exemple à Cana, tout au début (Jean 2, 1-12), pour le premier signe de Jésus : « il y eut des noces à Cana de Galilée, et la mère de Jésus y était. » C’est là que la Vierge prononce deux phrases fameuses : « Ils n’ont plus de vin » (Jean 2, 3), dit-elle à Jésus, et aussitôt après, aux serviteurs, juste avant le miracle de l’eau changée en vin: « faites tout ce qu’il vous dira » (Jean 2, 5). Marie lance la carrière de Jésus.

Et on la retrouve tout à la fin, au Golgotha : « au pied de la Croix de Jésus se tenait sa Mère » (Jean 19, 25-27). Au-delà d’avoir été une consolation auprès de son Fils sur la Croix, la présence de Marie à ce moment-là a-t-elle eu un enjeu pour le Salut ? Oui, dès Cana, et surtout au Golgotha, Marie est associée à l’œuvre du Christ, par sa présence, sa prière et son amour.

Les Actes des Apôtres et les lettres de Paul


Quant aux Actes des Apôtres ou aux lettres de St Paul, autant dire que Marie en est quasiment absente. Ils l’effleurent à peine.

Dans les Actes, Marie est signalée au Cénacle (Actes 1, 14). Avec les disciples, elle attend la venue du Paraclet, le consolateur, c’est-à-dire l’Esprit-Saint, promis par Jésus au lendemain de sa résurrection.
Saint Paul, lui, est le plus laconique de tous... Un seul mot. Il l’évoque dans sa lettre aux Galates, sous le vocable de « femme » : le Christ, « né d’une femme » (Galates 4, 4). Il ne cite même pas le nom de Marie. C’est dire si Marie est peu considérée par la théologie paulinienne (de st Paul).

Après ce premier tour d’horizon, d’un point de vue statistique, Marie n’a pas grande importance dans le nouveau testament.

Qu’en penser ?


C’est ici qu’il faut déplacer son regard. Choisir de voir les choses non plus quantitativement mais qualitativement ! Alors on s’aperçoit d’une chose étonnante : Marie est toujours présente aux moments cruciaux – c’est le cas de le dire - de l’aventure évangélique.

Faites l’expérience. Résumez la vie du Christ : Noël, Pâques, la Pentecôte : Marie est toujours là, omniprésente, hyperagissante.

C’est surtout l’évangile de Saint Jean qui nous donne la clef. Saint Irénée au IIème siècle est le premier à l’avoir vu. En effet, chez Jean, Marie apparaît comme la Nouvelle Eve aux côtés de son Fils, le Nouvel Adam. Tous les deux concourent à la recréation de l’humanité, qui a un nom, c’est l’église, chacun à sa place, Marie, comme créature, le Christ comme Créateur et Sauveur. Marie a un vrai rôle. En effet, elle donne naissance au Christ Sauveur et coopère avec lui à la naissance de l’Eglise. Pas de Marie, pas de Jésus, pas d'Église, pas de salut.

Des textes du Nouveau Testament se dégage le rôle essentiel de Marie dans l’histoire du Salut. Non seulement, Marie est mère de Jésus, donc mère de l’auteur du salut. Comme femme de prière proche de Jésus, elle est mère des croyants, c’est à dire mère de l’Église.



frère Marie-Ollivier Guillou

Le frère Marie-Ollivier Guillou est dominicain depuis 10 ans. Professeur de théologie et aumônier militaire, il partage son temps entre l'enseignement, la prédication de retraite, et la mission auprès des marins d'état. Il a publié plusieurs ouvrages consacrés à la théologie et la spiritualité.
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MessageSujet: Re: Marie, Mère de Jésus - par Théodom   Marie, Mère de Jésus - par Théodom Empty11/5/2023, 18:57



2. Marie dans l’Ancien Testament


Marie dans l’Ancien Testament ? Mais Marie est la mère de Jésus et Jésus est né dans le Nouveau Testament, n’est-ce pas ?

 Est-ce que l’Ancien Testament parle de Marie ?


Non, l’Ancien Testament évoque Marie, comme il évoque le Christ d’ailleurs. Il le fait de deux manières : par la prophétie, et par la typologie.

La prophétie


Un prophète est quelqu’un qui reçoit et interprète la parole divine, normalement pour la proclamer. C'est ce qu'on appelle une prophétie. La prophétie peut contenir une vérité, mais aussi une promesse pour l'avenir. On en trouve beaucoup de ce genre dans l'Ancien Testament.

Dans le christianisme, nous croyons que les prophètes ont prédit la venue du Christ. Parce que Marie est profondément liée au Christ, c'est surtout dans ce contexte que nous devons voir les prophéties à son sujet.

Un bon exemple est celui d'Isaïe. Isaïe prédit qu'une vierge va être enceinte (Isaïe 7, 14). C'est une annonce unique, qui se réalise en Marie, qui est devenue enceinte de l'Esprit Saint (Matthieu 1, 20).

Un autre exemple : Dans la Genèse Dieu Créateur parle au serpent de la femme, et Dieu dit au serpent que la femme : « t'écrasera la tête. » Or, dans le Nouveau Testament, dans le livre de l'Apocalypse, nous trouvons, en effet, une femme qui écrase la tête du serpent (Apocalypse 12). Dans la tradition catholique, nous croyons qu'il s'agit de Marie.

D'ailleurs, Marie elle-même, dans son cantique, le Magnificat, se réfère aussi aux promesses faites aux ancêtres qui seront accomplies en Jésus (Lc. 1:55).

La typologie


La typologie est une façon de lire et d'interpréter la Bible, qui relie les deux Testaments.

Cette façon de lire était populaire dans l'Église primitive et au Moyen Âge : on aimait faire des liens. Dans la typologie, il y a ce qu'on appelle les « types » dans l'ancien testament, qui sont une préfiguration d'une personne ou d'un événement dans le Nouveau Testament. La plupart du temps, on trouve dans l’Ancien Testament des types de récits de la vie du Christ.


L'exemple le plus célèbre est peut-être celui du prophète Jonas. Jonas est jeté à la mer et est avalé par un gros poisson. Il passe trois jours dans le ventre du poisson avant qu'il ne soit rejeté. Jésus lui-même (Matthieu 12, 39-41) et les Pères de l'Église après lui ont vu cela comme le type de Christ qui descend en enfer et ressuscite d'entre les morts après trois jours.

Parce que Marie occupe une place importante dans l'histoire du salut et dans la vie de Jésus, il est logique qu'elle aussi soit préfigurée dans l'Ancien Testament.


Par exemple, Myriam, la sœur aînée de Moïse et d'Aaron, est souvent considérée comme un type de Marie. Leurs deux noms sont déjà les mêmes en hébreu. De plus, elles chantent toutes deux un chant de louange à Dieu qui est leur sauveur. (Exode 15, 20-21 et Luc 1 46, 55)

Un autre exemple est celui de Déborah. Déborah, en tant que prophétesse et juge, appelle ses enfants à marcher dans la voie de la Torah. De même, Marie exhorte les serviteurs de Cana à faire tout ce que Jésus leur dit (Jean 2, 1-5).


Un troisième exemple est celui de Judith. Le Roi Ozias proclame que Judith est bénie « par le Dieu très-haut, entre toutes les femmes de la terre » (Judith 13, 18). Cette bénédiction est très semblable à la salutation de l'Ange Gabriel à Marie : « Salut, pleine de grâce, le Seigneur est avec toi. Tu es bénie entre toutes  les femmes. » (Luc 1, 28)

Il y a beaucoup d'autres exemples. Trop pour en parler. Peut-être que vous pouvez chercher de tels types dans la Bible vous-même.

Il y a des gens aujourd'hui qui pensent que ce n'est pas une façon critique et historico-scientifique de lire la Bible. Néanmoins, c'est un moyen important car il nous montre comment le plan divin se déroule dans l'histoire.

Ce qui est semé, annoncé et préfiguré dans l'Ancien Testament est complété dans le Nouveau Testament. Ou, selon le Concile Vatican II :

« Les livres de l’Ancien Testament (…) décrivent l’histoire du salut et la lente préparation de la venue du Christ au monde. (…) [ils] font apparaître progressivement dans une plus parfaite clarté la figure de la femme, Mère du Rédempteur. » (Lumen Gentium 55)
 
Bien que Marie n'apparaisse pas dans l'Ancien Testament, la venue de Jésus par sa mère est préparée et prédite.

Lire la Bible de cette façon peut nous aider à sonder encore plus le mystère du salut.



frère Augustinus Aerssens


Frère Augustinus est dominicain au couvent de Rotterdam. Il a fait sa théologie à Utrecht (Université de Tilburg) et à Fribourg. En 2020, il étudie l'hébreu à l'université de Leyde. Il s'intéresse avant tout à l'Ancien Testament dans le Nouveau Testament.
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MessageSujet: Re: Marie, Mère de Jésus - par Théodom   Marie, Mère de Jésus - par Théodom Empty12/5/2023, 19:50



3. La Vierge

La virginité de Marie est-elle un mythe ou une réalité ? D’après la Tradition de l’Eglise, Marie est vierge. Même dans l’enfantement de son Fils. Pourquoi est-ce si important que non seulement Marie n’ait jamais eu de relation sexuelle, mais encore qu’elle demeure vierge physiquement en mettant au monde Jésus ?

Mystère et dogme

Les 4 grands dogmes concernant  Marie sont : la maternité divine de Marie (Marie est mère de Dieu), la virginité perpétuelle (Marie est vierge avant, après et même pendant l’enfantement), l’Immaculée Conception (Marie est préservée de tout péché), et l’Assomption (Marie monte au ciel corps et âme). On va aborder ces différents dogmes dans les vidéos de cette série. Et aujourd’hui, on va parler d’un sujet brulant : La virginité de Marie.

Dans l’Evangile

Marie, on l’appelle la Vierge. La sainte Vierge. Marie: est restée vierge toute sa vie, de cœur et d’esprit et de corps. Marie comme le dit la Bible n’a jamais connu d’homme :
« Mais Marie dit à l'ange : " Comment cela sera-t-il, puisque je ne connais pas d'homme ? » (Luc 1, 34)
L’enfant qu’elle porte en elle vient du Saint-Esprit. C’est l’ange qui lui a dit.
« L'ange lui répondit : " L'Esprit Saint viendra sur toi, et la puissance du Très-Haut te prendra sous son ombre ; c'est pourquoi l'être saint qui naîtra sera appelé Fils de Dieu. » (Luc 1, 35-35)
Et l’ange le dit même à Joseph :
« Joseph, fils de David, ne crains pas de prendre chez toi Marie, ta femme : car ce qui a été engendré en elle vient de l'Esprit Saint. » (Matthieu 1, 20)
Essayons d’approfondir cette vérité, non pas pour la prouver mais pour en montrer la grandeur et la beauté. Quel est le sens de la virginité perpétuelle de Marie ?

Le dévouement total de Marie.

Premièrement, cela manifeste le dévouement total de Marie à sa mission et à son œuvre. En effet Marie a offert à Dieu tout son être, son cœur et son corps. Elle a renoncé à toute sa sexualité, tout commerce charnel. Marie n’a jamais eu, ni avant le Christ ni après le Christ de relation sexuelle avec quiconque. Jésus n’a pas eu ni de grand frère, ni de petite sœur.
On le montre aujourd’hui : « les frères et sœurs de Jésus » (Marc 3. 31) dans l’évangile désignent la parenté large du Christ: les cousins ou les oncles et tantes.

Le signe de la divinité du Christ.

Deuxièmement, cela manifeste l’origine divine de son fils. En effet, l’enfant que Marie porte en elle, comme le dit l’Evangile, ne vient pas de la semence d’un homme. Ce n’est pas Joseph qui est le père de Jésus. C’est Dieu lui-même qui est le Père de Jésus qui s’incarne en Marie sous l’action de l’Esprit Saint.
« Ne crains pas Marie, l’Esprit Saint viendra sur toi et il te couvrira de son ombre. C’est pourquoi l’enfant qui naîtra de toi sera saint. Il sera appelé fils du Très-haut. » (Luc 1, 30).

La virginité perpétuelle.

Mais faisons un pas de plus. La virginité perpétuelle n’implique pas seulement que Marie soit vierge avant et après la naissance du Christ. Mais encore qu’elle soit vierge pendant la naissance même de Jésus. Cette troisième virginité, c’est le plus incroyable, le plus mystérieux.
C’est un deuxième miracle. En effet, la virginité perpétuelle de Marie implique aussi la  naissance du Christ sans défloration. C’est ce que dit très bien une oraison à la messe en l’honneur de Marie qui s’adresse au Christ : « O Christ, toi dont la naissance n’a pas altéré mais consacré la virginité de ta Mère. » Profond mystère que la virginité perpétuelle de Marie. On est en droit de s’interroger sur sa signification. Cette virginité totale, est-ce le signe que la sexualité et la sainteté sont incompatibles ? La virginité ne met nullement en cause la sexualité humaine comme si elle était mauvaise. L’important, c’est le Christ. La virginité même dans l’enfantement consacre définitivement la divinité du Christ. En effet, le fait que Marie soit totalement vierge manifeste totalement l’origine divine de Jésus.
Puisque la conception et la naissance de Jésus sont virginales, et donc miraculeuses, alors Jésus ne peut pas venir de ce monde. Vraiment le Christ « n’est pas d’abord né de la chair et du sang mais de Dieu ». Il est « Dieu né de Dieu, lumière née de la lumière ». On comprend dès lors que la virginité de Marie n’est pas pour Marie, elle est pour le Christ. Elle signale cette vérité inimaginable, celle de l’irruption de l’éternité dans le temps. Nous sommes décidément loin d’une vision soit disant négative de la chair.
 
En résumé disons ceci :
1) La virginité perpétuelle de Marie est un signe hyper fort de la divinité de Jésus.
2) La virginité perpétuelle de Marie est l’expression d’une totale consécration de Marie à son fils et à sa mission.



frère Marie-Ollivier Guillou

Le frère Marie-Ollivier Guillou est dominicain depuis 10 ans. Professeur de théologie et aumônier militaire, il partage son temps entre l'enseignement, la prédication de retraite, et la mission auprès des marins d'état. Il a publié plusieurs ouvrages consacrés à la théologie et la spiritualité.
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MessageSujet: Re: Marie, Mère de Jésus - par Théodom   Marie, Mère de Jésus - par Théodom Empty13/5/2023, 21:58



4. L’Immaculée Conception

Thomas-Marie : L’Église enseigne que Marie n’a pas été touchée par le péché originel. Et pourtant, elle en a été sauvée par avance. Ça ne veut rien dire. Comment peut-on être sauvé d’un péché qu’on n’a jamais commis ?

Marie-Olivier : Effectivement il y a un problème. Définissons d’abord le péché originel. Le péché originel est un péché spécial. Il a deux sens. (1) C’est un péché commis par Adam et Eve qui se séparent de Dieu aux origines de l’histoire humaine. (2) De plus, ce péché abîme leur nature humaine. Et ils vont transmettre cette blessure à leur descendance. Désormais de générations en générations les hommes vont naître avec une nature humaine en défaut de sainteté, privée de Dieu.

Thomas-Marie : Merci pour la précision, mais vous n’avez pas répondu à l’objection. Contrairement à nous Marie naît sans le péché originel. Elle n’a pas cette nature humaine en défaut de sainteté. Elle n’est délivrée de rien du tout.

Marie-Olivier : Si, le salut pour Marie qui la délivre du péché originel est encore un vrai salut. C’est un salut par mode de préservation. Ça veut dire que Marie est préservée du péché. En elle, la nature humaine est intacte.
Thomas-Marie : Tu n’as pas un exemple ?

Marie-Olivier : Ok. Prenons un exemple. Imaginons qu’il y ait une pierre sur le chemin. Soit je tombe, je me blesse, et je suis guéri de la blessure et finalement en pleine forme : c’est la manière dont les hommes sont généralement sauvés. Soit je suis en pleine forme parce que la pierre a été enlevée et que je ne suis pas tombé. C’est la manière dont la Vierge est sauvée. La passion du Christ nous guérit de nos blessures alors qu’elle préserve la Vierge de ses blessures. Cela n’empêche qu’elle soit vraiment sauvée. Si la grâce de Dieu ne l’avait pas préservée du péché, Marie comme tous les hommes serait née avec le péché originel.

Thomas-Marie : Ok admettons. Mais, il reste un problème. Comment Marie peut-elle être sauvée par un événement qui n’a pas encore eu lieu ? En effet c’est la passion du Christ qui est la cause du salut. Or le Christ n’est pas encore né, il n’est pas encore mort et il n’est pas encore ressuscité, que déjà Marie est sauvée. Je veux bien qu’elle soit sainte, mais ce n’est pas grâce à la passion de Jésus.

Marie-Olivier : C’est une forte objection ! C’est bien la passion de Jésus qui sauve tous les hommes. Il n’y a pas d’exception possible. Comment Marie peut-elle être sauvée par la passion du Christ, alors qu’elle n’a pas encore eu lieu ? La réponse consiste à concevoir que la passion de Jésus soit rétroactive. C’est-à-dire qu’elle peut agir avant d’exister. Alors on dira que c’est en prévision des mérites du Christ et de sa passion à venir que Marie a été sauvée.

Thomas-Marie : Je le concède. Mais, en ce cas, rien d’extraordinaire ! Rien d’unique ! Il n’y a pas que Marie qui est sauvée comme ça ! Regardez tous les justes de l’Ancien Testament ! Bien avant la naissance, la mort et la résurrection du Christ, qu’ils ont d’ailleurs prophétisés, les patriarches ou les prophètes ont été sauvés en vertu de la passion de Jésus à venir. Je pense à Abraham, Moïse, Elie, et enfin à Jean-Baptiste.

Marie-Olivier : J’accorde ce point. Les justes de l’Ancien Testament ont été sauvés par avance, comme Marie, en prévision du Christ à venir. Mais, il faut rappeler ce que je disais au début : pour Marie, il y a une différence qui la rend unique dans l’histoire de l’humanité. Non seulement Marie est sauvée par anticipation, avant que la passion de Jésus ait lieu, mais encore par préservation : Marie est préservée de toute atteinte du péché. On dit bien qu’elle est l’Immaculée Conception. Qu’elle est immaculée dans sa conception même, dès le commencement de sa vie intra-utérine. Marie jouit d’un privilège unique dans l’histoire des hommes. Elle seule est préservée de tout péché par une grâce spéciale de Dieu. C’est donc d’une manière plus sublime que Marie est sauvée, par mode de préservation et d’anticipation. Dès le premier instant de sa conception l’Immaculée est sainte. C’est ce qu’elle dit à Lourdes à Bernadette : « Je suis l’Immaculée Conception ».


frère Marie-Ollivier Guillou

Le frère Marie-Ollivier Guillou est dominicain depuis 10 ans. Professeur de théologie et aumônier militaire, il partage son temps entre l'enseignement, la prédication de retraite, et la mission auprès des marins d'état. Il a publié plusieurs ouvrages consacrés à la théologie et la spiritualité.

frère Thomas-Marie Gillet

Frère Thomas-Marie Gillet est dominicain de la Province de France. Après une expérience au Pérou, et quelques années au couvent de Lille, en 2021 frère Thomas-Marie vit au couvent de Tours, d'où il continue ses études sur Jean Chrysostome.
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MessageSujet: Re: Marie, Mère de Jésus - par Théodom   Marie, Mère de Jésus - par Théodom Empty14/5/2023, 19:14



5. Marie, mère de Dieu, mère de l’Église


L’Église croit que Marie est mère de Dieu et grâce au pape François, on célèbre aussi Marie, Mère de l’Église. Ça fait beaucoup de maternités ! S’agit-il de deux maternités en une ?

La mère de Dieu

La Vierge Marie est mère de Dieu. C’est le titre le plus célèbre de Marie, depuis le concile d’Ephèse en 431.En grec on dit que Marie est Théotokos. Littéralement celle qui engendre Dieu. Mais n’est-ce pas exagéré de parler ainsi ?

  Marie est-elle une déesse engendrant un Dieu ?

Non évidemment. Marie peut être dite « Mère de Dieu » car elle permet à Dieu de naître dans le temps en lui donnant un corps. C’est l’incarnation du Verbe dont parle le prologue de Saint Jean (le prologue c’est l’introduction).

« Au commencement était le Verbe et le Verbe était auprès de Dieu. Et le Verbe était Dieu. Et le Verbe se fit chair. Et il a habité parmi nous. » (Jean 1, 1)
Le Verbe, ça veut dire quoi ? C’est la Parole éternelle du Père par laquelle il a créé le monde. Et c’est en fait une personne divine, c’est le Fils. Ce fils éternel, il prend corps en Marie par l’Esprit Saint.

C’est ce que nous suggère l’ Évangile. Marie est connue comme étant la mère de Jésus. Mais ce Jésus, comment se présente-t-il ? Comme le Fils unique et bien-aimé du Père (Jean 3. 16), né de Dieu, avant tous les siècles (credo). « Amen je vous le dis. Avant qu’Abraham ne fut, je suis » (Jean 8. 58) dit Jésus.

Jésus est à la fois vraiment  homme et vraiment Dieu. Tout ce qu’on dit de Jésus comme homme, on le dit aussi de Jésus comme Dieu le Fils. Concrètement, si Marie est mère de Jésus, elle est mère de Dieu le Fils. L’idée à tenir c’est bien que Marie est Mère de Dieu le Fils. Pas de Dieu le Père ni de Dieu Saint Esprit. Quelle dignité infinie pour Marie, mère du verbe incarné !
 

La mère de l’Église


Marie est dite aussi Mère de l’Église. Cette seconde maternité, on le devine, est spirituelle. Comment l’expliquer ? L'Écriture est plus discrète sur cette seconde maternité. Il y a quand même deux indices très forts.

Le premier c’est à l’Annonciation. Quand Marie devient Mère du Sauveur. Comme l’affirme saint Thomas d’Aquin, Marie dit oui pour toute l’humanité. En ce sens elle est notre Mère, elle nous ouvre à la vie qui vient de Dieu. Dans ce oui de Marie est contenue toute l’humanité ; sans le oui de Marie, l’église ne serait pas advenue. C’est le propre d’une mère de donner la vie. Soyons clairs, Jésus seul nous donne la vie. Mais Marie contribue pleinement ainsi à nous donner ce cadeau. Si vous avez le temps, relisez Vatican II : « Marie sert l’unique médiation du Christ » (Lumen Gentium §8)

Un deuxième indice est fondamental. C’est la scène du Golgotha. C’est là que cette maternité est révélée. Près de la croix de Jésus se tient sa mère et le disciple que Jésus aimait, St Jean. Or que nous dit l’évangile ? Jésus dit à sa Mère : « femme, voici ton fils », puis il dit au disciple : « voici ta mère » (Jean 19.26).

D’après les pères de l’Église (depuis Origène et Augustin), saint Jean représente tous les disciples. Il représente toute l’Eglise. Il est la figure du disciple de Jésus, d’hier et d’aujourd’hui.  En donnant à St Jean sa propre mère pour mère, Jésus institue Marie comme la mère de tous les disciples, de toute l’Église.

Ainsi au jour de la passion de son Fils, Marie exerce une maternité spirituelle. D’une certaine manière, elle s’offre avec Jésus pour nous obtenir la vie.

Cette maternité spirituelle de Marie par rapport à l’Église n’est pas encore un dogme, contrairement à la maternité divine. On peut le souhaiter pour manifester le rôle essentiel que Marie joue actuellement dans la vie de chaque baptisé.
 
Marie est Mère de Dieu, parce qu’elle est Mère de Jésus qui est le Fils éternel du Père venu dans notre chair par Marie. Marie est aussi Mère de l’Église, car elle est associée à la naissance de l’Église par toute sa vie, surtout par l’offrande de son amour unie à celle du Christ sur la croix. La maternité ecclésiale de Marie est contenue dans sa maternité divine. Marie ne peut pas être mère de Jésus sans être nécessairement aussi mère des croyants, qui sont le corps mystique de Jésus.
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MessageSujet: Re: Marie, Mère de Jésus - par Théodom   Marie, Mère de Jésus - par Théodom Empty15/5/2023, 16:28



6. Prier avec une icône de Marie


J’ai reçu une question sur internet :

Je ne suis pas toujours très à l’aise avec les icônes en général. Celles de Marie en particulier, elle a souvent l’air triste et figée… Ça ne m’inspire pas beaucoup pour prier...

L’origine des icônes


La tradition byzantine attribue à Saint Luc le premier portrait de Marie. En peignant son image, l’évangéliste Luc, inspiré par la voix divine, représenta Marie et à travers elle, le créateur de toute chose. Les iconographes ensuite n’ont fait que s’inspirer de la première image peinte par saint Luc, autrement dit : le prototype, et ils l’ont enrichie des principaux aspects de la théologie mariale. Ecoutons Saint Basile, père de l’Église (IVème siècle) disait :
« Ce que la Parole de l’Évangile communique par l’ouïe, l’icône le montre silencieusement par les yeux ».
C’est pourquoi on dit plutôt “écrire” une icône que peindre une icône. Car ce que l’Évangile nous dit à travers des mots et une grammaire, les icônes nous le disent en formes et en couleurs.

Sens théologique et spirituel


Toutes les icônes de Marie ont au moins deux points communs : leur sens théologique et leur sens spirituel :
Le sens théologique : Marie est d’abord la Théotokos, c’est-à-dire Mère de Dieu. Les initiales de ce titre sont inscrites en grec sur chaque icône, ΜΡ ΘΥ, contraction de « Métèr Théou ».
Le sens spirituel : Il évoque le rôle de Marie dans l’intercession pour les hommes. Ce sont ses gestes, son attitude pleine de compassion et de tristesse qui nous signifient que Marie  intercède pour nous.

Méthode pour prier avec une icône


Pour ce qui est de prier devant une icône de la Mère de Dieu, voici quelques conseils.
L’icône est parole de Dieu pour les hommes. Je choisis un texte de la parole de Dieu et sous le regard de Marie, je le lis, je le médite.
L’icône est fenêtre sur le Royaume. Je contemple en Marie le Royaume qu’elle évoque et qu’elle rend présent. Je me laisse pénétrer par sa lumière.
L’icône est Parole en acte. Avec Marie, je choisis aujourd’hui de redire Oui à l’amour du Père, au chemin qu’Il m’invite à suivre.

Les styles d’icônes


Maintenant qu’on a la méthode, à chacun de choisir le type d’icône qui l’aidera dans la prière. Au commencement était 4 grands types iconographiques de la mère de Dieu : la vierge Kyriotissa (Mère de Dieu en majesté), l’Hodigitria (celle qui montre le chemin), l’Orante, l’Eleoussa (la tendresse maternelle).

La Kyriotissa : la Mère de Dieu en majesté.


Ecoutons saint Jean Damascène :

« Ses mains portent l’Eternel et ses genoux sont un trône plus sublime que les Chérubins. Elle est le trône royal sur lequel les anges contemplent assis leur Maître et leur Créateur. »[1]
La Vierge est représentée assise, tenant son enfant sur son bras gauche. Le Christ tient dans la main gauche un rouleau, tandis qu’il bénit de la main droite. Son geste est symbolique : deux doigts levés pour montrer la double nature en une seule personne du Christ, vrai Dieu et vrai homme; et les trois doigts réunis pour signifier la Trinité. Le regard de la Vierge est grave, presque douloureux ; à travers elle, l’Eglise relit la vie du Christ-Enfant à la lumière pascale :

« La lumière est entrée dans les ténèbres. Il est venu chez lui, et les siens ne l’ont pas accueilli. » (Jean 1, 11)

L’Hodigitria : celle qui montre le chemin ou la Conductrice.


Marie est représentée soit de face, soit légèrement tournée vers la gauche. La tête de l’Enfant se trouve à hauteur de l’épaule. Tourné vers sa mère, il fait de sa main droite un signe de bénédiction. Dans sa main gauche, il tient un parchemin, parole de Dieu pour les hommes. Le regard de la Mère et de l’Enfant sont dirigés vers le spectateur. La main droite de Marie est posée sur sa poitrine, tendue vers l’Enfant. Par ses formes, ses couleurs et ses gestes, le type de l’Hodigitria incarne une des vérités fondamentales de la foi chrétienne : celle qui a mis au monde le Christ-Emmanuel, est devenue le Guide pour tous ceux qui cherchent le chemin qui mène à Lui.

L’Orante : celle qui prie


Il y a plusieurs manières de représenter Marie qui prie. Par exemple, la Vierge du Signe, nous montre le Christ, en médaillon, sur le cœur de Marie, qui prie. Ainsi l’icône est en réalité une vision prophétique qui montre la Vierge et son enfant divin. Cet enfant divin, les bras étendus, fait de ses deux mains le geste de bénédiction, et ce geste exprime tout son être, car il est l’Emmanuel, « Dieu avec nous », et c’est lui par excellence « le signe » donné par Dieu. La tradition a vu dans cette icône une image de la prophétie d'Isaïe :
« C’est donc le Seigneur lui-même qui va vous donner un signe. Voici que la jeune fille est enceinte et va enfanter un fils qu’elle appellera Emmanuel » (Isaïe 7, 13-14)
En contemplant, Marie, je me laisse conduire au Christ, lui-même porte de la Trinité. Le médaillon de gloire autour du Christ, rayonnant sur le coeur de Marie, me rappelle qu’il est de nature divine. C’est elle la théologienne qui me révèle le Christ.

L’Eleoussa : la tendresse maternelle


Nous voici face à l’intimité affectueuse entre l’Enfant et sa Mère : la Vierge porte l’Enfant sur son bras droit. Elle le serre contre elle et, inclinant sa tête, elle touche de sa joue celle de son fils qui, lui, pose avec affection sa main sur sa mère.

Parfois, sur certaines de ces icônes, en regardant l’Enfant de plus près, on remarque qu’il n’a pas la forme d’un nouveau-né. Il est comme un adulte. Son visage lumineux et sa tunique dorée nous montrent qu’il est vraiment le Verbe, le Seigneur de tous les âges, la gloire de Dieu. Une lueur intérieure approfondit l’intimité entre la mère et l’enfant. Et le geste maternel de Marie exprime toute la vérité du dogme de l’incarnation : Marie est vraiment mère de celui qui est vraiment Dieu. Sur son front et sur ses épaules, Marie porte des étoiles brillantes, symbole et expression du dogme qui dit qu’elle est vierge avant, pendant et après la naissance de son fils. Elles disent la disponibilité totale à l’Esprit divin qui fait d’elle un instrument de la puissance créatrice de Dieu.

Autour de ces grands thèmes qui définissent Marie, Mère de Dieu, Marie qui montre le chemin, qui prie et qui est toute tendresse maternelle, il existe de très nombreuses variantes, en référence, par exemple, à des sanctuaires célèbres ou à des villes ayant donné leur nom à des icônes (on connaît la vierge de Vladimir, la vierge de Kazan, celle de Smolensk…).

Les icônes ont toutes pour fondement l’incarnation. Et les icônes de la Mère de Dieu manifestent tout particulièrement que la place de la Vierge Marie est au centre du Salut. Les icônes prennent leur source à la Parole de Dieu. Elles sont parole de foi, traduite en image pour les yeux et pour le cœur.



sœur Anne-Claire Dangeard


Sœur Anne-Claire est dominicaine de la Congrégation Romaine de Saint Dominique. Après quelques années au couvent de Poitiers, d'où elle était responsable des Médias à la Conférence des religieux et religieuses de France, elle est depuis 2021 prieure du couvent de Nancy et en charge de la proposition "Carême dans la Ville". Elle accompagne des groupes de jeunes en pastorale, notamment à travers l’animation d’ateliers d’écriture d’icônes.
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MessageSujet: Re: Marie, Mère de Jésus - par Théodom   Marie, Mère de Jésus - par Théodom Empty19/5/2023, 10:30



7. L’Assomption


Comment Marie peut-elle apparaître sur la terre ? Depuis son assomption, Marie a disparu à nos regards. Elle est désormais au ciel. Elle y est montée corps et âme. Pourtant Marie apparaît ici ou là, à travers le monde. Comment est-ce possible ?

L’assomption est pour Marie, ce que l’ascension est pour le Christ: c’est-à-dire leur entrée au ciel, dans la gloire, en Dieu. A l’exemple du Christ, Marie entre au ciel avec l’intégrité de sa personne, c’est-à-dire avec son âme et son corps. Que Marie soit au ciel avec son corps n’empêche pas qu’elle apparaisse de temps à autres sur la terre.

Marie est montée au ciel : le mystère de l’Assomption


Pour répondre à la question, rappelons ce qu’implique le dogme de l’Assomption.

un dogme, c’est quoi ?

Un dogme, est une vérité de foi définie par l’Eglise, une vérité certaine pour laquelle l’Eglise engage son infaillibilité.

Quand Pie XII précise le dogme de l’Assomption en 1950, il rédige en ces termes la bulle pontificale : « Au terme de sa vie terrestre, la Vierge est montée au ciel avec son âme et son corps ». Pour Pie XII, c’est une conséquence de la totale sainteté de Marie, c’est à dire l’Immaculée Conception. Une chose est donc sûre: Marie a un corps glorieux comme le Christ. Ils sont les deux seuls à en avoir d’ailleurs. Les autres bienheureux attendent la résurrection de leur corps à la fin des temps.

Mais ce qu’il importe de saisir c’est bien plutôt l’enjeu théologique de l’Assomption. Pourquoi une exception mariale de plus ? Pour quelle raison, à la différence des autres bienheureux, Marie a-t-elle déjà son corps de ressuscitée ?

Pourquoi l’Assomption ?


On cherche ici pourquoi il convenait que Marie monte au ciel corps et âme à la fin de sa vie ? On cherche un argument de convenance.

C’est quoi un argument de convenance ?

En théologie, il y a plusieurs manières d’argumenter : Il y a l’argument d’autorité: l’Ecriture, la Tradition, le Magistère le disent donc j’y crois. Après il y a les arguments de raison, des arguments logiques. Par exemple, l’argument de convenance. Celui-ci montre que  ce n’est pas irrationnel.

Reprenons l’Assomption : Marie au terme de sa vie terrestre est montée corps et âme au ciel. L’argument d’autorité c’est la définition donnée par Pie XII. Et l’argument de convenance c’est la totale sainteté de Marie : si elle n’a pas connu le péché, elle n’a pas connu la mort.

En effet, la Bible nous apprend que le salaire du péché c’est la mort. Et la mort se définit comme la séparation de l’âme et du corps. Est-il raisonnable de penser que Marie connaisse durablement la séparation de l’âme et du corps, conséquence du péché ? Ce serait contradictoire. Puisque Marie a été préservée entièrement du péché, il est plus convenable qu’elle soit entrée avec sa chair virginale dans le ciel.

 Et nous là dedans ?

Marie nous précède en tout, elle est la première sur le chemin. C’est ce qu’on appelle la loi d’anticipation. Avant tous les baptisés, Marie est sauvée par avance du péché originel et est glorifiée en son corps : Marie anticipe dans sa personne le sort final de tous les élus à la résurrection générale. En ce sens Marie est le prototype ou l’icône de l’Eglise en attente de sa glorification.

 Le dogme de l’Assomption ne résout pas tout.

Et c’est heureux car comme le dit Marie Noël, on ne met pas le Saint Esprit en boite de conserve.

Le texte ne précise pas si Marie est morte réellement ou non, si elle est ressuscitée comme son Fils ou si elle est montée vivante au ciel. A ce sujet, on est libre de penser ce qu’on veut. Il y a des arguments de convenance en faveur de l’une ou de l’autre proposition.

Comment Marie peut-elle se rendre sur la terre alors qu’elle est au ciel ?


Bah justement : C’est bien parce que Marie a un corps glorifié qu’elle peut se déplacer à travers l’espace et le temps.

 C’est quoi un corps glorifié ?

Difficile de s’exprimer sur cette question car la Révélation nous enseigne peu de chose. Disons au moins ceci. Dans l’éternité Marie et les bienheureux échappent à la condition mortelle de nos corps terrestres, limités par l’espace et le temps. Ainsi Marie peut tout à fait apparaître avec son corps glorifié sur la terre, tout comme Jésus après sa résurrection. Toutefois, ce corps peut ne pas avoir son apparence naturelle, voir être un corps d’emprunt. Ainsi les disciples ne reconnurent pas tout à fait Jésus après sa résurrection lors de ses apparitions. Pourtant c’était bien le Seigneur. Ainsi pour Marie à Lourdes, c’est bien elle malgré une apparence différente.
 
Le dogme de l’Assomption est un des quatre dogmes marials avec la Maternité divine, la Virginité perpétuelle, l’Immaculée Conception et l’Assomption.
Tous ces dogmes sont connexes. Ils sont reliés les uns aux autres.

L’Assomption est plus directement reliée à l’Immaculée Conception. Elle en est la conséquence immédiate. Puisque Marie est totalement sainte, préservée du tout péché, elle entre corps et âme au Ciel. Dotée d’un corps glorieux, signe de sa sainteté hors norme, la Vierge est capable de se déplacer en Esprit et se rendre visible sur la terre.


Frère Marie-Ollivier Guillou


Le frère Marie-Ollivier Guillou est dominicain depuis 10 ans. Professeur de théologie et aumônier militaire, il partage son temps entre l'enseignement, la prédication de retraite, et la mission auprès des marins d'état. Il a publié plusieurs ouvrages consacrés à la théologie et la spiritualité.
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MessageSujet: Re: Marie, Mère de Jésus - par Théodom   Marie, Mère de Jésus - par Théodom Empty20/5/2023, 10:48



8. Les apparitions de Marie dans le monde


Dans le monde entier, on sait que la Vierge Marie est apparue à Lourdes. Mais vous croyez qu’elle est apparue seulement en France ? Où y a-t-il eu des apparitions de la Vierge Marie ? Dans cette vidéo, frère Mina-Athanase, égyptien, nous aide à prendre de la hauteur par rapport à cette question.

C’est quoi une apparition mariale ?


En effet, de quoi parle-t-on ? Une apparition mariale, (on dit aussi mariophanie), est une révélation privée. Elle est faite à un témoin en particulier. Mais elle a des conséquences pour tous. Attention elle n’est pas objet de foi : on n’est pas obligé d’y croire. Elle nourrit notre foi au Christ. Elle nous soutient dans notre vie ordinaire de chrétien.

 Depuis quand est-ce qu’on parle d’apparitions mariales ?

C'est en Orient, au IVe siècle, à Constantinople, que Grégoire de Nysse décrit pour la première fois une apparition de la Vierge dans son livre sur Grégoire le Thaumaturge.
Jusque dans les années 1000, en Europe, l’Église ne reconnaissait pratiquement pas les apparitions. Petit à petit elles se développent en Europe et l’Église organise leurs reconnaissances.

Aujourd’hui, comment les apparitions sont-elles reconnues par l’Église ?


Va voir sur le site du Vatican. La Congrégation pour la doctrine de la Foi a publié un document à ce sujet en 1978.
L’autorité de l’Église doit faire 3 choses :
1) Juger si il y a vraiment eu une apparition.
2) Permettre un culte lié à cette apparition.
3) Éventuellement, avec prudence, dire si cette apparition est surnaturelle. Pour cela, elle enquête sur les faits de l’apparition, sur la santé et la sainteté des personnes, sur le contenu du message, et sur les fruits spirituels de l’apparition.

Et alors, elle est apparue où la vierge ?


Elle est apparue dans plein d’endroits, mais l’Eglise universelle, au niveau du Vatican, n’en reconnaît que quelques-uns :

Bien sûr vous savez que la Vierge est apparue à Lourdes, à Bernadette (en 1858). Toujours en France, dans ce beau pays, elle est aussi apparue à La Salette, d’ailleurs avant Lourdes, (en 1846). Et aussi à Pontmain, dans l’Ouest, (en 1871). Et enfin au Laus, dans les Alpes, (en 1664, mais reconnue seulement en 2008).

Les Belges aussi sont aimés par Marie. Il y a eu des apparitions à Beauraing (en 1932) et à Banneux (en 1933). Ailleurs, en Europe, il y a Fatima (Portugal, 1917), Knock (Irlande, 1879), Giertzwald (Pologne, 1877) et même Amsterdam (Pays-Bas, 1945).

Mais il y a aussi beaucoup d’apparitions reconnues dans les Amériques : Guadalupe, la plus ancienne (Mexique, 1531), Betania (Venezuela, 1976-1988), San Nicolàs (Argentine, 1983), et même chez l’Oncle Sam, à Champion (Wisconsin, États-Unis, 1859).

Des apparitions ont été reconnues aussi en Asie, à Lipa aux Philippines (1948) et à Akita au Japon (1973-1981).

Et même en Afrique, à Kibeho au Rwanda (1981).

Marie est aussi apparue en Égypte,


C’était le 2 avril 1968. Elle est d’abord apparue à 2 mécaniciens musulmans, en pleine nuit, sur le dôme de l’église de Zeitoun, dans la banlieue nord du Caire. Ensuite, elle est apparue plusieurs fois à des foules de croyants, jusqu’en 1970.

L’Égypte venait de perdre la Guerre des six jours et le peuple égyptien vivait des moments difficiles. Il a trouvé dans ces apparitions un soutien spirituel. C’était juste la silhouette d’une femme, qui est apparue. La même silhouette que les images de piété de l’Immaculée Conception. On a même des photos. Mais elle n’a rien dit, elle n’a laissé aucun message.

Le patriarche copte orthodoxe, Cyrille VI a reconnu cette apparition. Et le pape Paul VI a respecté cette reconnaissance.

Comment distinguer entre apparition et vision ?


Une apparition est une révélation particulière, mais publique dans sa manifestation et ses effets. Il y a une réalité objective qui apparaît. Par contre la vision est une révélation particulière privée, qui ne concerne que la personne qui la reçoit. Il s’agit d’une réalité intérieure. D’ailleurs vous avez peut-être remarqué, mais on désigne une apparition par le lieu où elle s’est déroulée (comme à Lourdes) et on désigne une vision par la personne qui l’a vécue (comme Maria Valtorta)
 
Il y a eu des apparitions de Marie dans le monde entier, souvent à des moments difficiles pour les peuples. Et partout Marie appelle à la conversion par la pénitence et la prière. Partout, elle nous aide à nous tourner vers le Christ.
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MessageSujet: Re: Marie, Mère de Jésus - par Théodom   Marie, Mère de Jésus - par Théodom Empty21/5/2023, 11:00



9. Marie, modèle de vie

Marie est-elle un modèle vie chrétienne ? Dans l'Église, Marie semble une icône inaccessible. Elle est la toute sainte, sans péché. Pourtant l’Église ne craint pas de la proposer comme modèle de vie chrétienne. Est-ce vraiment possible ?

Marie est un modèle de vertus

Marie n’a jamais connu le péché, c’est vrai, contrairement à nous. Et pourtant, c’est un modèle de vie. Dans l’Évangile, Marie y apparaît comme le modèle des vertus chrétiennes:
Elle est le modèle d’une foi indéfectible : à l’Annonciation, elle accueille et dit oui, sans tout comprendre, au message de l’ange. C’est notre soeur dans la foi.
Elle est le modèle d’une espérance à toute épreuve : voyez Marie au pied de la croix, qui espère la résurrection de son fils.
Elle est le modèle d’une charité active. Par exemple à Cana elle prévient la demande des convives.
Elle est un modèle de missionnaire. A Cana aussi, elle accélère la révélation en déclenchant le premier miracle du Christ.
Elle est un modèle de disciple : Elle est la figure du disciple bienheureux dont Jésus nous dit qu’il écoute la parole de Dieu et qui la met en pratique :
« Heureux le sein qui t'a porté! heureuses les mamelles qui t'ont allaité! Heureux plutôt ceux qui écoutent la parole de Dieu, et qui la gardent !. »(Luc 11, 27-28)

Marie ne serait qu’une sorte d’exemple ?

Non, Marie est vivante, elle est notre compagnon de route : elle prie pour nous. Depuis toujours les chrétiens se confient à la prière de Marie. Ils voient en elle une Mère qui les aide du haut du Ciel. Nous pressentons nous aussi que la Mère de Jésus peut nous aider dans notre vie quotidienne. La sainteté de Marie est si grande que sa prière doit être aussi très puissante. Les théologiens ont forgé une expression pour exprimer cela : Marie, elle est la Toute-puissance suppliante. Le « Je vous salue Marie », prière séculaire de l’Église, nous le démontre. Il est certain que la prière de Marie est d’un grand secours pour les pécheurs que nous sommes. Pour aller au ciel, nous nous confions à Marie, tout au long de notre vie et à l’heure de notre mort : « Sainte Marie, Mère de Dieu, priez pour nous, pauvres pécheurs, maintenant et à l’heure de notre mort. »
VOIX OFF : Et l’aide de Dieu là-dedans ?
Oui, sans Dieu on pourrait se décourager. Mais Dieu nous aide. Premièrement nous sommes dotés de la grâce qui est la sainteté de Dieu passant dans nos vies. Nous ne sommes pas seuls, laissés à nos seules forces: Dieu lui-même agit au cœur de notre vie.

Un exemple de saint proche de Marie pour nous encourager ?

Parmi tous les saints, il en est un qui peut nous aider à comprendre l’exemplarité de Marie dans nos vies. Ce saint, c’est Louis-Marie Grignion de Montfort. Il explique à juste titre qu’en imitant Marie on est plus sûr encore d’imiter parfaitement Jésus. Car Marie n’a d’autre désir que de nous faire grandir en sainteté vers son Fils très aimé. En nous mettant à l’école d’une telle Mère, dit Grignion, nous sommes assurés bien vite d’arriver au sommet de l’Everest, et même d’atteindre la lune. Vivre en Marie, c’est revivre Jésus.
 
Marie est une créature comme nous. Elle a cheminé dans la foi, connu des inquiétudes, éprouvé des tentations, vécu son combat spirituel. A ce titre Marie n’est pas seulement admirable, elle est aussi un modèle inspirant et accessible. Certes elle demeure à jamais inégalée dans l’ordre de la sainteté. Mais Marie, par son exemple, nous attire au Christ et prie efficacement pour que nous donnions à son exemple toute notre mesure de sainteté.
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MessageSujet: Re: Marie, Mère de Jésus - par Théodom   Marie, Mère de Jésus - par Théodom Empty22/5/2023, 11:37



10. Le chapelet, c’est dans la Bible ?


Emmanuel : Jésus a dit de ne pas rabâcher, comme des païens (Matthieu 6, 7), alors, pourquoi est-ce que ceux qui prient le chapelet, ou le rosaire répètent-ils 10, 50 voire 150 fois la même chose ? Le chapelet ça vient d’où ? Le chapelet, c’est biblique ?

La prière de répétition


Emmanuel : « Ne pas rabâcher », ça vient du discours sur la montagne (Matthieu 5, 7). Jésus y enseigne les bases de la vie chrétienne et de la prière. Plus précisément, ici, il rappelle que Dieu n’a pas besoin de nos prières pour savoir ce dont nous avons besoin.

« car votre Père sait bien ce qu'il vous faut, avant que vous le lui demandiez. » (Matthieu 6, 8)
Thomas-Marie : Si on suivait littéralement ces préceptes, on ne prierait pas du tout… Or c’est justement aux versets suivants que Jésus enseigne aux disciples les paroles du Notre Père, la matrice de toutes les prières chrétiennes. Et, pour rappel, le Notre Père est central dans la prière du chapelet : on en prie 5, un après chaque dizaine de « Je Vous Salue Marie ».

Emmanuel : Les paroles du « Notre Père » viennent du Christ, d’accord, mais le fait de les répéter plusieurs fois, ça ce n’est pas biblique.

Thomas-Marie : En fait, il y a quand même une prière de répétition dans l’Ancien Testament, dans le Deutéronome plus précisément, quand Moïse enseigne, sur une autre montagne, comment vivre en alliance avec Dieu.

« Ces paroles que je vous dis, mettez-les dans votre cœur et dans votre âme, attachez-les à votre main comme un signe, à votre front comme un bandeau. Enseignez-les à vos fils, et répétez-les leur, aussi bien assis dans ta maison que marchant sur la route, couché aussi bien que debout. » (Deutéronome 11, 18-19)

Emmanuel : Je ne vois pas le rapport.

Thomas-Marie : Et bien je dirais que les demandes du « Notre Père » impliquent d’une part un engagement personnel : il s’agit de suivre la volonté de Dieu, de suivre ses commandements. Et d’autre part, elles appellent à une confiance dans l’action de Dieu - or nous lui faisons confiance parce que nous nous souvenons de ce qu’il a fait pour nous. Répéter le « Notre Père », c’est réaliser le commandement donné par Moïse.

Emmanuel : ça fait une seule référence, c’est un peu faible.

Thomas-Marie : A l’autre bout de la Bible, l’Apocalypse nous parle aussi d’une prière qui se répète sans fin, celle des quatre vivants :

« Ils ne cessent de répéter jour et nuit : " Saint, Saint, Saint, Seigneur, Dieu Maître-de-tout." » (Apocalypse 4, 8)

Le « Je vous salue Marie »


Emmanuel : Ok, et la prière à Marie, elle est biblique ?

Thomas-Marie : La première partie l’est. Cela commence avec les paroles que l’archange Gabriel adresse à Marie :

« Je te salue, Comblée-de-grâce, le Seigneur est avec toi. » (Luc 1, 28)

Et cela continue avec les paroles qu’Élisabeth, la cousine de Marie, lui dit lorsqu’elles se rencontrent, enceintes toutes les deux.

« Tu es bénie entre toutes les femmes, et le fruit de tes entrailles est béni. » (Luc 1, 42)
Emmanuel : Ok, mais l’amalgame n’est pas biblique.

Thomas-Marie : c’est vrai, mais il date au moins du IIIème siècle. On a la trace de l’unité de ces deux textes dans une unique prière dans le Protévangile de Jacques (XI, 1), et chez Tertullien (Traité sur la virginité)

Emmanuel : Par contre la seconde partie est tardive. C’est le pape Pie V qui l’introduit dans le bréviaire, en 1568.

L’intercession


Thomas-Marie : c’est vrai : « Sainte Marie, mère de Dieu, priez pour nous pauvres pécheurs maintenant et à l’heure de notre mort » est un ajout tardif. La formulation n’est pas littéralement biblique, mais l’esprit l’est : prier pour les gens, c’est biblique. Dans les Actes des Apôtres, c’est ce que fait l’Eglise, en faveur de Pierre.

« Tandis que Pierre était ainsi gardé en prison, la prière de l'Église s'élevait pour lui vers Dieu sans relâche. » (Actes des Apôtres 12, 5)

Une prière méditative incarnée


Emmanuel : Donc tu vas me faire croire que rabâcher des « Je vous salue Marie » et des “Notre Père”, c’est biblique ? Je ne trouve pas ça très spirituel. Or Jésus demande un culte spirituel :

« Dieu est esprit, et ceux qui adorent, c'est en esprit et en vérité qu'ils doivent adorer. » (Jean 4, 23-24)
Thomas-Marie : Juste, mais le mystère que le Christ nous révèle, c’est bien l’Incarnation. Le Rosaire est une prière incarnée à double titre : Nous ne sommes pas des anges ou des purs esprits. C’est une prière très adaptée à ce que nous sommes à la façon dont nous fonctionnons. En effet, il s’agit de répéter, pour nous aider à nous concentrer. Et justement, répéter la salutation de l’ange à Marie, c’est méditer sur l’Incarnation. On médite sur les mystères de la vie de Jésus : les mystères joyeux, lumineux, douloureux et glorieux. Le Rosaire c’est comme un résumé de l’Evangile.

Une prière issue de la sagesse médiévale


Emmanuel : Ok, le Rosaire a des racines bibliques, mais cela reste une création humaine, une habitude de prière non biblique mais médiévale.

Thomas-Marie : En effet, on ne médite jamais la Bible sans une méthode ou une habitude qui vient de notre culture. Eh bien le Rosaire est une méditation biblique qui s’appuie sur plusieurs habitudes culturelles qui ont convergé : D’abord, la dévotion à Marie se développe au XIIe siècle, l’époque des cathédrales, l’époque de Notre-Dame. C’est à elle qu’on offre des couronnes de roses (des rosaires) en forme de petit chapeaux (des chapelets). A l’époque, c’est ce qu’on donnait aux fiancées.

Emmanuel : oui, c’est ce que je disais, c’est du folklore.

Thomas-Marie : Il y a surtout quelque chose d’universel dans le Rosaire : la prière de répétition, qui nous vient de l’Orient. A la base du Rosaire, il s’agissait de la répétition des psaumes, mais quand on ne peut pas lire, on répète quelque chose de plus simple : des « Je vous salue Marie ». Au XIIIe siècle, on appelle ça le psautier de Marie. On en répète 150, autant que de psaumes, et on les compte avec des colliers de perles, en bois ou en nœuds.

Emmanuel : on devait s’y perdre

Thomas-Marie : Heureusement le dominicain Alain de la Roche a y mis de l’ordre : les « je vous salue Marie » sont regroupés en dizaine, autour d’un mystère. Les mystères sont regroupés par 5, autour de 3 thèmes, sauf que Jean Paul II a ajouté une 4e série de mystère : les mystères lumineux.
Emmanuel : mais enfin, on n’est pas des perroquets, programmés pour prier.

Thomas-Marie : Non, en effet. Le Rosaire est une prière personnelle : si la prière en communauté, la prière liturgique est la colonne vertébrale de l’Eglise, peu à peu se développe une prière personnelle, le Rosaire participe à ce mouvement appelé “devotio moderna”. Ah oui, le rosaire, c’est moderne...

Chacun peut le prier à son rythme… A cette époque, on a le goût des méthodes. Pour aider à cette méditation de l’Evangile, de la vie du Christ à travers le rosaire, Dominique de Prusse, chartreux à Trèves au XVème, décide d’insérer des petites phrases évoquant la vie de Jésus, son mystère, après l’évocation de son nom dans le “Je vous salue Marie” : ce sont les clausules. 150 petites phrases sur l’enfance, la vie publique et la passion du Christ. Par exemple : “Je vous salue Marie comblée de grâce, le Seigneur est avec vous, vous êtes bénie entre toutes les femmes et Jésus, qui a été conçu de l’Esprit Saint à l’annonce de l’Ange, est béni”.

C’est une méthode spirituelle, mais la méthode est pleine de souplesse : chacun prie à sa manière: pour certains, ce sont les mots qui comptent, pour d’autres, ce sont les représentations qui aident. L’important, c’est de se laisser convertir.

Emmanuel : ok, si avec saint Paul on dit que la lettre tue mais que l’Esprit vivifie (2 Corinthiens 3, 6), alors, oui, le chapelet est biblique. Il permet de prier selon l’esprit de la Bible, avec souplesse, en fonction de l’aide dont notre esprit a besoin pour nous aider à nous convertir. Il permet de méditer l’Évangile de la vie du Christ pour laisser nos vies être transformées par elle...
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