Tirer de son trésor du neuf et de l’ancien Mt 13 , 52

« tout scribe devenu disciple du royaume des Cieux est comparable à un maître de maison qui tire de son trésor du neuf et de l’ancien. » Matthieu, ch 13.

La fixation sur l’ancien engendre blocage et immobilisme. La séduction exclusive du nouveau génère précarité et perte d’identité. Penser un pays en mode start-up est tout autant idolâtre (de la nouveauté) que le traditionalisme en matière religieuse (refuser le travail de l’Esprit qui actualise sans cesse le dépôt de la foi).

Sur le plan personnel, tirer du neuf de l’ancien repose sur une philosophie du temps proprement chrétienne. Ni cyclique à la manière de la Tradition des Anciens, ni linéaire à la manière du Progrès des Lumières, le temps chrétien est plutôt… hélicoïdal ! C’est-à-dire qu’il navigue sans cesse entre la promesse de Dieu et ce qu’elle a déjà réalisé dans nos vies,  pour discerner ce qu’elle est en train de créer de nouveau aujourd’hui. L’eucharistie est par excellence cet enroulement symbolique de la mémoire et de l’avenir, de la continuité et de la rupture, de l’ancien et du nouveau.

http://lhomeliedudimanche.unblog.fr/2017/07/24/tirer-de-son-tresor-du-neuf-et-de-lancien/

Homélie pour le 17° dimanche du temps ordinaire / Année A
30/07/2017

D’après Matthieu, ce don d’intelligence des secrets du Royaume qu’obtient le croyant en devenant disciple est une capacité à tirer de son trésor du neuf et de l’ancien, mais qu’est-ce à dire au juste ? Quelles réalités se cachent sous les termes « nouvelles choses » et « choses anciennes »? Irénée pense tout naturellement à l’Ancien Testament et au Nouveau. Mais ne serait-ce pas plutôt les « vérités spirituelles sans cesse renouvelées dans l’homme intérieur des justes » et l’ancien « qui a été gravé en lettres sur des pierres et dans le cœur de pierre du vieil homme » ? Ou encore les secrets de la fin des temps et les choses cachées depuis la création du monde ? Comme le montrent ces quelques exemples, cerner avec certitude ce qui se cache sous le neuf et l’ancien est plus difficile qu’il n’y paraît. Peut-être est-ce là d’ailleurs l’intention de l’évangéliste, c’est-à-dire inviter le lecteur à scruter plus à fond le texte pour en dégager le sens caché, qui, au premier abord, ne se laisse qu’entrevoir ?

https://www.aimintl.org/fr/2015-05-29-13-29-48/bulletin-114/lectio-divina-mt-13-52

Texte en entier en cliquant sur le lien

Je resterais néanmoins plutôt sur le sens de l'invitation au mystère, que sur l'expression "sens caché", qui je pense est fausse.
Le neuf et l'ancien peut en effet être interprété de différente façons, mais ils gardent le même sens en quelque sorte dans la pluralité de leur sens.

Quid du titre si on l' applique à l'épidémie en cours ?

" La messe pour la peste


Lors de la peste de 1348 - 1349 , [ ...le... ] pape Clément VI ( 1291 - 1352 ) [...] institue la messe
Recordare , Domine , Testamenti tui , dite " messe de la peste " . [...]

Le texte de cette messe est clair . La peste est le signe de l'irritation de Dieu , qui rappelle aux hommes la nécessité de lui revenir . Il peut donc les extraire du fléau s'ils mènent une vie conforme à ses commandements . Seule cette fidélité peut les arracher à la mort sous toutes ses formes .

Cette messe s'établit dans la liturgie catholique pour être dite lors des épidémies . Un rite qui , en 2020 , n'est toujours pas périmé [ voir le cantique Parce Domine chanté lors de la messe télévisée ad hoc célébrée par le pape François NDC ] .

Dans l'Evangile proposé , Jésus " guérit " et " sauve " , deux notions parfaitement distinguées .

Il guérit pour que les hommes puissent accueillir le salut . Parfois , les guéris , comme les neuf lépreux sur les dix guéris , se contentent de la guérison sans aller jusqu'à accueillir le salut ; un seul va jusqu'au bout de la démarche .
Ne faudrait-il pas dire que Lazare a été " réanimé " et non " ressuscité " ; il a profité de cette " réanimation " pour accueillir le salut du Christ . C'est le souhait du Ciel . [ ... ] "


( " Les religions face aux épidémies . De la peste à la covid19 " par Philippe Martin ,
éditions du cerf , 2020 pp 137 - 138 )

52 Et il leur dit : C'est pourquoi, tout scribe instruit de ce qui regarde le royaume des cieux est semblable à un maître de maison qui tire de son trésor des choses nouvelles et des choses anciennes. Matthieu 13.

C'est le maitre de maison qui tire de son trésor des choses nouvelles et des choses anciennes et tout scribe en écrivant donc donne l'instruction de ce qui "regarde" qui concerne donc le Royaume des Cieux que le maitre détient comme un trésor.

Ce n'est pas nous qui tirons de notre propre trésor du neuf et de l'ancien.

Mais c'est nous qui lorsque nous écrivons (scribe) nous instruisons autour de nous le contenu du trésor que le Maitre du Royaume des Cieux détient du neuf et de l'ancien, et le Maitre de Maison, du Royaume des Cieux est DIEU ; DIEU dans son trésor détient de l'ancien (Ancien Testament) et du neuf (Nouveau Testament) et nous donnons nous instruction sur toute la Bible sans faire de préférence entre les deux Testaments puisque l'ensemble constitue "un trésor".

Certains exégètes ont pensé qu'en mettant dans la bouche de Jésus ce passage sur les scribes , Matthieu
Le faisait en fait parler de lui-même ( l'écrivain de " Selon Matthieu " - " Kata matthaion " ) .

boulo a écrit:

Certains exégètes ont pensé qu'en mettant dans la bouche de Jésus ce passage sur les scribes , Matthieu
Le faisait en fait parler de lui-même ( l'écrivain de " Selon Matthieu " - " Kata matthaion " ) .

Oui effectivement.

Jésus porte la Parole de Dieu maitre de maison, maitre du Royaume, laquelle sera portée par écrit, et Jésus verbalise donc le neuf et l'ancien (Testament) trésor de Dieu.

boulo a écrit:

Certains exégètes ont pensé qu'en mettant dans la bouche de Jésus ce passage sur les scribes , Matthieu
Le faisait en fait parler de lui-même ( l'écrivain de " Selon Matthieu " - " Kata matthaion " ) .

Arretez de croire ce que disent les athées, Boulo!

Vous allez peut-être me trouver pointilleux, mais j'aimerais savoir pourquoi la modération modifié le titre du fil en rajoutant un point d'interrogation, alors qu'il s'agit d'une citation de l'Evangile.

J'ai ajouté un point d'interrogation , parce que ce titre ( citation de l'Evangile ) peut se comprendre de plusieurs façons , ce que vous avez reconnu , Humanlife .

L'une de ces façons équivaut au précepte littéraire de Boileau :
 " Cent fois sur le métier , remettez votre ouvrage
Le polissez encore et le repolissez . "

RenéMatheux a écrit:

boulo a écrit:

Certains exégètes ont pensé qu'en mettant dans la bouche de Jésus ce passage sur les scribes , Matthieu
Le faisait en fait parler de lui-même ( l'écrivain de " Selon Matthieu " - " Kata matthaion " ) .

Arretez de croire ce que disent les athées, Boulo!

Arrêter de croire les athées , oui !

Arrêter de les lire , non !

boulo a écrit:

J'ai ajouté un point d'interrogation , parce que ce titre ( citation de l'Evangile ) peut se comprendre de plusieurs façons .

Quel est ici le rapport avec la forme interrogative ?
Etant donné que la citation de l'Evangile ne l'est pas.

Pour bien marquer que les interprétations sont ouvertes .

Je mets le point d'interrogation entre parenthèses et j'y ajoute des points d'exclamation .

Pour un historien récent ( tel que Daniel Marguerat ) , cette citation serait plutôt à inscrire dans la lignée des disputes incessantes de Jésus avec ses coreligionnaires théologiens , disputes d'ailleurs historiquement beaucoup plus pacifiques que ce qu'en a fait l'imaginaire chrétien ultérieur .

Mais Salomé a raison d'insister sur le fait que c'est tout scribe ( intellectuel public ) devenu maître de la maison Divine par sa mise à la suite du Christ , qui tire du Trésor de l'ancien et du nouveau , pas l'individu isolé et méditant tout seul .

Un appel aux intellectuels ( comme Philippe Martin - o.c. - ) et aux scientifiques ( comme Sven Laureys qui étudie les EMI du point de vue des neurosciences ) ? ?

Votre explication sur la modification du titre ne me paraît pas justifiée, c'est pourquoi j'aimerais que vous le rétablissiez dans son état initial, c'est à dire celui que j'ai proposé à l'origine.

L'explication sur le scribe et la sphère intellectuelle n'est pas non plus convaincante, en effet le verset vient suite à une explication de Jésus sur la nature du royaume, le verset sur le scribe vient seulement parfaire l'explication.

Ainsi, c'est seulement en tant que disciple du royaume que Jésus prend l'exemple du scribe pour parfaire la parabole.

Note a ) de la TOB pour Mt 13 , 52 ( sous le titre Conclusion )

"

a ) Ce scribe instruit du Royaume peut être

[1a] soit tout auditeur qui a compris l'enseignement de Jésus 
( ce qui présupposerait que Mt s'adresserait surtout à des auditeurs lettrés , versés dans les Ecritures ) ,

[1b]soit l'évangéliste lui-même ( ce qui laisserait entendre que l'auteur du 1er évangile serait un scribe devenu chrétien ) .

Le trésor désigne

[2a] soit l'enseignement traditionnel des scribes juifs renouvelé par la foi au Christ , 

[2b]soit la pensée de l'A.T. présentée comme " accomplie " par le scribe chrétien , 

[2c]soit l'enseignement déjà ancien de Jésus présenté ici par l'évangéliste comme la source des choses 
anciennes et nouvelles qu'il désire faire comprendre à sa communauté . "


Je remets le titre original mais je précise la référence .

Le [1a] confirme mon interprétation , cher Humanlife .

Merci pour le titre du fil.
La TOB reste une base intéressante pour alimenter une réflexion sur le texte, mais elle peut aussi comporter des erreurs (selon moi), comme je l'ai déjà fait remarqué.
Le texte reste par ailleurs ouvert à l'interprétation, comme le montrent les deux textes que j'ai présenté en introduction.
La conclusion de la parabole par l'exemple du scribe peut ainsi être considérée comme un symbole qui ramène à la théologie et aux idées, après les exemples concrets donnés par Jésus sur la nature du royaume.
Comme par exemple je l'avais suggéré au sujet de l'opposition présupposée entre tradition et modernité, dans un fil précédent: https://docteurangelique.forumactif.com/t26608p400-l-idolatrie-de-la-modernite-demasquee