- Espérance a écrit:
- Aujourd'hui, nous fêtons notre père saint Jean de la Croix, le "Docteur mystique".
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Et ainsi, nous pouvons comprendre que le chemin avec le Christ, aller avec le Christ, « le Chemin », n’est pas un poids ajouté au fardeau déjà assez difficile de notre vie, ce n’est pas quelque chose qui rendrait ce fardeau encore plus lourd, mais il s’agit d’une chose totalement différente, c’est une lumière, une force, qui nous aide à porter ce fardeau.
Si un homme porte en lui un grand amour, cet amour lui donne presque des ailes, et il supporte plus facilement toutes les épreuves de la vie, car il porte en lui cette grande lumière ; telle est la foi : être aimé par Dieu et se laisser aimer par Dieu en Jésus Christ.
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Saint Jean de la Croix (1542-1591) fait partie du "siècle d'or de la mystique espagnole" qui a durablement transformé, et en profondeur, le visage de l'Eglise, non seulement à son époque, mais encore dans la nôtre.
Il écrivit dans quatre ouvrages principaux :
La nuit obscure, La Montée du Carmel, La Vive flamme d’amour, Le cantique spirituel, sa doctrine qui tend à parvenir à l’union de l’âme à Dieu.
Pour cela il propose de développer la vie intérieure et la vie de prière par trois voies successives :
- La voie purificatrice ou "nuit noire de l’âme" dans laquelle il est nécessaire de se dépouiller de tout (mémoire, imagination, volonté, entendement) et de lutter contre ce qui nous écarte de la prière afin d’avoir un plus pur accès à Dieu.
- La voie illuminative ou "fiançailles spirituelles" dans laquelle la prière n’est plus un effort. "Dès qu'elle se met en présence de Dieu, l’âme entre dans un acte de connaissance confuse et amoureuse, calme, paisible, dans lequel elle s'abreuve de sagesse, d'amour, de jouissance".
- La voie unitive ou "mariage spirituel" dans laquelle l’âme s’unit à Dieu, préfiguration de la vie éternelle qui consiste en la possession de Dieu par la pure union d'amour et le mariage spirituel.
Il fut le conseiller de sainte Thérèse d'Avila, elle aussi docteure de l'Eglise.
On retrouve leur filiation dans les plus grandes figures mystiques qui suivirent, notamment, sainte Thérèse de l'Enfant-Jésus.
L'extrait du texte posté par Espérance, montre bien le secret des "âmes offertes en victime d'holocauste" comme le fit Thérèse de Lisieux à l'Amour Miséricordieux. La douleur n'est pas un penchant masochiste ou une dérive doloriste : elle est l’accomplissement de l'amour par imitation, puis unification au Christ.
On peut approcher cette vérité profonde, aux conséquences incalculables quand on les étudie de prêt, en pensant à la compassion que l'on témoigne aux personnes éprouvées par des drames ou des deuils : ce n'est pas un goût malsain pour la souffrance qui pousse les personnes à compatir, mais bien l'amour de la personne éprouvée.
Que dirait-on d'une personne qui dirait : "j'en ai rien à faire de son deuil: moi je vis". On serait choqué.
Dans les âmes victimes, qui ont particulièrement fleuri au XXe siècle (comme les martyrs d'ailleurs), il y a des secrets merveilleux qui ouvrent les portes du Ciel et donne un sens d'amour profond à cette invitation de Jésus : prendre sa croix et Le suivre.
Au-delà des trois voies préconisées par saint Jean de la Croix, des mystiques contemporaines comme la canadienne Dina Bélanger (1897-1929) ou la mexicaine Conceptión Cabrera de Armida (Conchita, 1862-1937), ont témoigné d'un degré supplémentaire : "l'incarnation mystique" dont le mystère est lié à celui de l'Eucharistie.
On se méfie souvent de ces mystiques dans une époque qui pense l'Eglise comme une ONG, mais, en ce faisant, on se prive d'un enseignement sublime.