Medvedev s'en prend au système Poutine à dix mois de la présidentielle Le président russe, Dmitri Medvedev, devant de jeunes députés lors de sa visite à Kostroma, le 13 mai 2011
© AFP Dmitry Astakhov
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MOSCOU (AFP) -
Le président russe, Dmitri Medvedev, a mis en garde vendredi contre une
monopolisation du pouvoir par un seul homme, une allusion à son
puissant Premier ministre, Vladimir Poutine, à moins d'un an d'une
présidentielle que les deux hommes n'ont pas exclu de disputer.
"Les tentatives de
(concentrer le pouvoir) autour d'une personne spécifique sont
dangereuses", a déclaré le président russe au cours d'une rencontre avec
de jeunes parlementaires à Kostroma (370 km au nord-est de Moscou)
retransmise en direct à la télévision.
Ces déclarations
interviennent alors que M. Poutine est en train de mettre sur pied le
Front populaire, une large coalition électorale composée de son parti
Russie unie, ultra-majoritaire au Parlement, et de plusieurs ONG.
Après avoir prôné
la veille l'émergence en
Russie de forces concurrentes à la coalition de
Vladimir Poutine, le chef de l'Etat a brandi vendredi la menace d'une
"guerre civile" rappelant que le pays en avait déjà connues à cause de
régimes qui ont monopolisé le pouvoir.
"Si cela ne pose
pas de problèmes dans la vie courante, n'ayez pas de doutes: dans un
avenir proche, cela posera des problèmes énormes pour le pays et pour la
personne en question", a-t-il poursuivi.
"Une
super-concentration du pouvoir est une chose dangereuse, surtout dans
notre pays qui a déjà connu cela à maintes reprises et où cela a mené
soit à la stagnation soit à la guerre civile", a-t-il poursuivi.
"Il ne faut pas oublier les leçons historiques", a-t-il ajouté.
Les deux
dirigeants russes ont à maintes reprises laissé entendre qu'ils
pourraient se présenter à l'élection de 2012, mais aucune décision n'a
pour l'instant été annoncée.
M. Poutine,
toujours considéré par nombre d'observateurs comme le véritable homme
fort du pays, a récemment déclaré que les deux dirigeants prendraient la
décision ensemble en fonction de la situation.
Les spéculations
vont bon train depuis quelques semaines sur une éventuelle rivalité
entre MM. Poutine et Medvedev, alors que d'autres analystes y voient un
jeu politique savamment orchestré par le pouvoir.
M. Medvedev a été
propulsé en 2008 au poste de président par son prédécesseur (2000-2008),
Vladimir Poutine, auquel il devait toute sa carrière politique, et
auquel la Constitution russe ne permettait pas d'effectuer plus de deux
mandats consécutifs.
La création du
Front populaire qui réunira, outre
Russie unie, d'autres partis
politiques, des organisations syndicales, de femmes, de vétérans a été
largement interprétée comme la déclaration d'intention de Vladimir
Poutine pour la présidentielle de 2012.
L'un des
responsables de
Russie unie a déclaré jeudi que le Front populaire
pourrait proposer son candidat à la présidentielle de 2012.
Pour l'analyste
politique indépendant Dmitri Orechkine, "Poutine a lancé un défi
insolent au président et violé les principes de la hiérarchie en
proposant à la société de se consolider autour de lui".
"Il a mis Medvedev
devant un choix: soit il adhère au Front, soit il est de l'autre côté.
Le président doit maintenant répondre fermement. La question est de
savoir qui est numéro un dans le pays", a-t-il souligné.
M. Medvedev, dont
la cote de popularité n'a jamais dépassé celle du Premier ministre et
qui n'a pas de force politique associée à lui, a par ailleurs estimé
vendredi que le président devrait à terme être membre d'un parti.
"Jusqu'à un
certain point, un président qui n'est pas membre d'un parti est une
bonne chose. Mais je ne suis pas sûr que cela soit ainsi à l'avenir, je
pense plutôt le contraire. Tôt ou tard, le président devra être membre
d'un parti", a-t-il souligné.
Mise
à jour le
17:02 - 13/05/11