Tu aimeras
Les lectures bibliques de ce dimanche viennent orienter notre vie dans un sens magnifique. Elles nous rappellent la loi d’amour qui doit imprégner la vie de tout homme. C’est le premier de tous les commandements.
Nous le trouvons d’abord dans le livre du Deutéronome (1ère lecture) : “Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de toute ta force”. Ce texte nous demande de “craindre le Seigneur”. Il ne s’agit pas d’en avoir peur mais de l’aimer et “d’observer tous ses commandements”. Seule cette obéissance fidèle et aimante permet au peuple de bénéficier des promesses de Dieu. Tout au long de la Bible, nous découvrons un Dieu qui fait alliance avec son peuple. Il attend de chacun une réponse libre et aimante.
L’Évangile nous invite à faire un pas de plus : il nous présente un scribe qui pose à Jésus cette question : quel est le premier de tous les commandements ? Cette demande est très importante. Il s’agit de bien repérer le commandement que nous devons suivre avec la plus grande attention, la plus grande générosité et la plus grande fidélité. C’est aussi une question difficile. Dans la Bible, on trouve 613 préceptes. Ils ont été résumés en 10 commandements. Mais celui que Jésus met en avant n’est pas dans la liste des dix. Ces derniers sont principalement des interdictions ; ils posent des limites : “Tu n’auras pas d’autre Dieu que moi… Tu ne commettras pas de meurtre… Tu ne porteras pas de faux témoignage…” ces interdictions sont importantes. En les transgressant, on se met en dehors de l’amour de Dieu.
Mais des commandements négatifs ne peuvent suffire à orienter notre vie de façon positive. Quand on éduque un enfant, on ne lui montre pas seulement ce qui est interdit. On s’efforce de lui montrer un idéal de vie. Pour notre vie chrétienne, c’est la même chose. Il nous est demandé de ne pas tuer, de ne pas voler, de ne pas porter de faux témoignage. Mais tout cela ne peut suffire à constituer un idéal de vie. C’est pour cette raison que Jésus nous ramène vers l’essentiel : “Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme, de tout ton esprit et de toute ta force. Et voici le second : Tu aimeras ton prochain comme toi-même. Il n’y a pas de commandement plus grands que ceux-là.”
Jésus nous transmet ainsi un message de la plus haute importance. Nous sommes créés pour aimer. Dieu qui est amour, nous a créés pour que nous puissions, nous aussi, aimer et demeurer unis à lui. Nous ne trouverons la vraie joie qu’en aimant. Il ne s’agit pas d’abord de faire beaucoup de choses mais de vivre selon un esprit filial envers Dieu et fraternel envers les autres. En nous faisant le prochain des autres, nous nous approchons de Dieu qui est amour. Mon prochain, c’est celui que je prends le temps d’écouter et de rencontrer. C’est un seul et même amour qui nous attire vers Dieu et vers les autres. Nos capacités à aimer peuvent être blessées, mais le Seigneur est toujours là pour nous remettre sur la bonne voie.
La lettre aux Hébreux (2ème lecture) va dans le même sens. Elle nous montre en Jésus le grand prêtre qui s’est offert à Dieu en sacrifice pour nos péchés. Il nous manifeste ainsi le plus grand amour qui soit possible. Cet amour inimaginable, nous le découvrons dans sa double dimension : envers Dieu et envers le prochain. C’est en nous tournant vers la croix que nous commençons à comprendre ce que veut dire “aimer”. Par sa mort et sa résurrection, Jésus nous a ouvert un passage vers ce monde nouveau qu’il appelle le Royaume de Dieu. Ressuscité et exalté auprès de Dieu, “il vit pour toujours afin d’intercéder en faveur de tous. Médiateur entre Dieu et les hommes, il est totalement dans le monde du divin et celui de l’humain.
Toute la Bible nous fait découvrir un Dieu qui fait alliance avec les hommes. Il est celui qui fait sans cesse le premier pas vers nous. Mais rien ne se passera si nous ne faisons pas le second vers lui. Malheureusement, quand nous regardons autour de nous et en nous, nous voyons bien que Dieu est souvent le grand oublié. On vit facilement sans lui et en dehors de lui. Et quand nous regardons les journaux et la télévision, nous voyons tous les jours des actes de violence. Sur nos routes, des hommes, des femmes et des enfants sont victimes de l’inconscience de certains. D’autres souffrent à cause des guerres, des conflits familiaux, de la faim, de l’exclusion. Le Christ est présent à travers celui qui n’en peut plus d’être harcelé. C’est tous les jours qu’il est jeté à la rue. Nous devons le reconnaître en celui qui meurt de faim, de froid et surtout de manque d’amour.
En ce dimanche, la Parole de Dieu nous interpelle. Elle nous invite à changer notre regard sur Dieu et le prochain. Le Christ veut nous entraîner tous à sa suite. Il veut nous apprendre à voir tous nos frères et sœurs avec le cœur même de Dieu. Alors, ne passons pas une journée sans accomplir au moins un acte de bonté à l’égard de ceux et celles qui nous entourent. C’est cela qui fait la valeur d’une vie. Célébrer l’Eucharistie c’est communier à l’amour du Christ pour le Père et pour chaque être humain. C’est se mettre en disposition d’aimer.
En ce jour, nous te prions Seigneur : Envoie ton Esprit qui renouvelle la face de la terre. Amen
Abbé Jean Compazieu