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 A propos du sionisme

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Pilgrim2




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MessageSujet: A propos du sionisme    A propos du sionisme  EmptyMar 14 Nov 2023 - 17:53

Quand l'actualité remet en lumière le conflit en Palestine avec Israël, il est inévitable qu'il puisse être question un peu du sionisme. Mais qu'est-ce qu'il faut comprendre quand on parle de sionisme ?

Il y a un auteur juif, un universitaire à Montréal (Canada) qui en parle dans un de ses livres. Et qu'est-ce qu'il dit ?

Ceci :

Citation :
Yacov M. Rabkin

«Dans le monde juif européen de la fin du XIXe siècle, le mouvement sioniste apparaît comme un paradoxe incongru et menaçant. D'un côté, il s'agit d'un mouvement modernisateur qui se lève contre la tradition et le passé. De l'autre, il idéalise le passé biblique, utilise ses symboles traditionnels et aspire à réaliser le rêve millénaire des juifs. Mais, avant tout, le sionisme offre une définition nouvelle de ce que signifie «être juif».

L'historien israélien Yosef Salmon en donne une caractérisation sommaire : «En bref, la conception haredi générale du sionisme est celle d'une force de sécularisation de la société juive qui suit son prédécesseur, le mouvement de la Haskala.

Du messianisme au nationalisme

L'espoir messianique se manifeste dans l'histoire juive à maintes reprises. Il se réveille de temps à autre et les autorités rabbiniques modèrent ces élans d'enthousiasme qui, selon elles, risquent de tourner en déception et d'aliéner complètement les fervents du judaïsme. L'histoire de Sabbataï Tsevi (1626-1676), le faux messie originaire d'Izmir, qui emporte dans l'enthousiasme d'une délivrance immédiate des communautés juives entières avant de se convertir à l'islam, sert souvent d'avertissement. Cette histoire, de même de que celle de ses séquelles en Europe et ailleurs, a traumatisé la monde juif et aiguisé le sens de la prudence par rapport à toutes manifestations d'espoirs messianiques.

Néanmoins, ce sentiment se réveille à l'occasion de l'émancipation des juifs par Napoléon. Des communautés entières par exemple celles aux Pays-Bas et en Rhénanie, ont accueilli les troupes françaises comme le Rédempteur qui les libérait et les amenait vers la Terre promise de la Liberté, de l'Égalité et de la Fraternité. Des juifs ont même composé des hymnes de nature messianique en l'honneur des libérateurs. Or, lorsque Napoléon, en pleine campagne militaire au Levant en 1799, invite tous les juifs à se ranger sous sa bannière et à rétablir un État juif en Palestine, son invitation, même assortie de la promesse de reconstruire le Temple, engendre moins d'enthousiasme.

Ce transfert du concept de la rédemption du domaine exclusif de Dieu vers le domaine d'activité politique constitue une rupture et ne trouvera écho que plus tard dans l'idéologie sioniste.

En même temps, l'Émancipation des juifs fait partie de ce chaos que déplorèrent les cercles conservateurs du Vieux Continent. Mais ils ne sont pas les seuls à le déplorer. Lors de l'invasion de la Russie par Napoléon en 1812, le Rébbé de Lubavitch aurait demandé à ses hassidims de résister à l'envahisseur et de collaborer avec l'armée russe. Il ne s'agit pas d'un patriotisme spontané ou d'une appréciation soudaine des bienfaits particuliers que leur promettait l'empire d"Alexandre de Russie. Le Rébbé aurait soupesé les effets de l'Émancipation sur les juifs en Europe et les aurait trouvé néfastes; car elle découlait du chaos napoléonien et éloignait les juifs de la Torah  et de ses préceptes. D'ou son appui inconditionnel à l'armée du Tsar à qui le rabbin avait déjà prédit la défaite de Napoléon en s'appuyant sur des permutations complexes de quelques versets bibliques.

Du point de vue du Rébbé de Lubavitch, ainsi que pour une pleiade de rabbins européens de différents pays, l'Émancipation constitue pour les juifs une menace grave. Les libertés apportées par les troupes révolutionnaires transforment à long terme les sociétés européennes, mais leur impact sur la population chrétienne est de loin moins dramatique que l'impact sur les juifs. Un juif ainsi émancipé devait changer de langue (du yiddish à la langue locale), d'habit, qui suivrait désormais la mode européenne, voire de métier. Sans pour autant rejeter l'Émancipation dans son ensemble, un bon nombre de penseurs du judaïsme et d'autorités rabbiniques redoutent l'ampleur et la profondeur des changements auxquels font face les juifs européens au 19e siècle. Le sionisme, l'État d'Israël et ce que vit actuellement le Moyen-Orient constituent une conséquence directe de la modernisation de la conscience que les juifs commencent à subir sous l'influence de la révolution française.

et

Citation :
L'essor du nationalisme ethnique dans l'Europe de la fin du 19e siècle affaiblit le libéralisme politique sans pour autant menacer sérieusement les acquis du libéralisme pour les juifs de l'Europe occidentale. Par contre, en Europe centrale et en Europe de l'Est au 20e siècle, ou le sionisme puise ses forces principale, le nationalisme organique est plutôt intolérant, exclusif et belliqueux.

Un exemple de substitution du judaïsme qu'offre le nationalisme juif est un appel lancé par un jeune à Vladimir Jabotinsky (1880-1940), écrivain russe et leader sioniste. «Notre vie est ennuyeuse et nos coeurs sont vides parce qu'il n'y a plus de Dieu parmi nous. Monsieur, donnez-nous un dieu qui mériterait dévotion et sacrifice et vous verrez ce que nous pouvons faire.» La réponse est rapide et elle s'inspire des mouvements de masse qui apparaissent dans plusieurs pays d'Europe : Betar, une organisation militarisée de la jeunesse  qui arrive à animer des dizaines de milliers de jeunes juifs. Tout en remplaçant le judaïsme, Betar en garde l'exigence d'exclusivité : une dévotion entière et sans compromis à la cause sioniste. Afin de légitimer son approche, Jabotinsky a recours à ses propres conversations avec Joseph Trumpeldor (1880-1920), vétéran de l'armée russe qui prend part aux activités de le première légion juive à Gallipoli en Turquie lors de la Première Guerre mondiale ainsi qu'aux révolutions russes de 1917. Trumpeldor lui aurait dit que le peuple juif doit devenir un peuple de fer :

«Le fer est ce dont on doit fabriquer tout ce que requiert la machine nationale. Requiert-elle une roue ? Me voici. Un clou, une vis, une solive. Me voici. Agent de police ? médecin ? acteur? avocat ? porteur d'eau ? Me voici.  Je n'ai pas de sentiments, pas de psychologie, pas de nom à moi. Je suis un serviteur de Sion, prêt à tout, limité par rien; je n'ai qu'un impératif : construire !»  

La rhétorique a une saveur russe marquée : le fer et l'acier sont les métaphores préférées des bolchéviks. Staline (dont le nom de guerre signifie Homme d'acier) légitime ses propres politiques mobilisatrices par des conversations privées avec Lénine. Les jeunes pionniers soviétiques sont formés pour obéir à la cause et leur réponse ne peut être que «Vsegda gotov !» («Toujours prêts !») D'autres mouvements mobilisateurs en Europe adoptent des méthodes similaires.

Le langage de la rédemption est omniprésent dans la plupart des versions de l'idéologie sioniste. Le courant dominant, les travaillistes de Ben Gourion, fait un usage particulièrement cohérent des images de la rédemption. Plusieurs termes bibliques sont repris dans un sens nouveau. Ainsi, l'expression guéulat haaretz, rédemption de la terre, désigne dorénavant des achats de terrains arabes par des juifs, «des transactions immobilières parfois louches», ajoute Shlomo Avineri.

La Haggada de Pâque, texte formateur en matière de rédemption, devient aussi un instrument de laïcisation. Ce texte, tout en conservant son appelation, subit des transformations  majeurs au sein du système d'éducation sioniste. Tandis que les références à Dieu disparaissent, la Haggada lue dans certains kibboutzim de gauche remplace Dieu par Staline  «qui nous a fait sortir de la maison d'esclavage». Cette transsubstantiation du langage de la rédemption, des valeurs religieuses en symboles et concepts laïcs, donne un grand enthousiaste aux premiers pionniers sionistes qui se voient alors comme l'avant-garde du peuple juif, bâtisseur de l'histoire de leurs propres mains. L"usage de termes judaïques familiers aux masses de juifs est-européens facilite la propagation d'idéologies qui, tout en étant radicales, présentent des formes traditionnelles pour calmer les appréhensions.

et

Citation :
Selon l'historien et politologue israélien Zeev Sternhell, cet usage fonctionnel de la religion n'est pas spécifique au sionisme, mais il est propre aux nationalismes organiques qui se propagent en Europe  depuis la deuxième moitié du 19e siècle. La religion à laquelle on laisse sa fonction sociale comme ciment de l'unité du peuple mais dont on évacue le contenu métaphysique, devient ainsi un élément important d'un bon nombre de nationalisme, par exemple du nationalisme polonais ou de l'Action française qui exhibent leur dimension catholique.   Sternhell qualifie ce phénomène de «religion sans Dieu», une religion qui ne garde que les symboles extérieurs.

La religion acquiert une importance supplémentaire pour les sionistes, quelle que soit leur pratique du judaïsme, car elle offre la seule légitimation historique des droits des juifs sur la Terre d'Israël. Ainsi un des théoriciens du sionisme originaire de Russie, Aaron David Gordon (1856-1922), nie explicitement l'origine divine de la Torah  mais en tire néanmoins une justification de la conquête de la Terre Sainte.

Ce discours postulant que la Torah a été écrite par des juifs constitue une hérésie aux yeux de tout juif pratiquant. Le «nationalisme tribal» de Gordon se trouvera donc aux antipodes  de la pensée rabbinique qui s'y oppose farouchement. Le même sort attend une autre idée de Gordon, celle de recycler dans un sens nationaliste la bénédiction que les juifs prononcent à l'occasion des fêtes : «Béni sois-tu qui nous a choisis parmi toutes les nations». Tandis que la bénédiction se réfère au choix visant l'accomplissement de certaines obligations imposées par la Torah, l'usage proposé par Gordon vise à mobiliser les juifs à se sentir «choisis» afin de s'approprier la Terre Sainte.

Lorsque la vision sioniste du peuple juif met en relief la dimension nationale de l'identité juive historiquement subordonnée aux impératifs religieux, moult penseurs rabbiniques protestent. Ils invoquent, au contraire, le concept judaïque de la nation qui est basé sur l'allégeance à la Torah plutôt que sur l'appartenance à un groupe ethnique ou à un territoire. Les rabbins trouvent que dans la version sioniste de l'identité juive survient une inversion totale des valeurs traditionnelles : ce qui était auparavant juste un moyen devient l'objectif, et ce qui était l'objectif devient un moyen.

La survie des juifs à travers presque deux mille ans d'histoire est une autre question qui sépare les sionistes de la tradition juive. Selon les sionistes, les juifs auraient eu recours à la religion comme moyen de réaliser leur volonté d'exister; en d'autres mots, le judaïsme ne serait qu'un instrument de survie. Selon cette conception, la Torah serait donnée afin de garder l'unité du peuple. Mais, une fois retourné s à leur terre, les juifs n'auraient plus besoin des préceptes car leur conscience nationale vécue en Terre d'Israël saurait maintenir cette unité. Cette explication répugne à la sensibilité rabbinique. L'idée provient bien entendu de certains mouvements nationalistes européens qui affirment la volonté des peuples dispersés au sein de l'empire russe ou autrichien de survivre et de se doter d'un État national.


Source : Yacov M. Rabkin, Au nom de la Torah. Une histoire de l'opposition juive au sionisme, Les Presses de l'Université Laval, 2004, p. 23
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Pilgrim2




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MessageSujet: Re: A propos du sionisme    A propos du sionisme  EmptyMar 14 Nov 2023 - 18:37

Sur le parcours de l'auteur :

Citation :
Yacov M. Rabkin

Le rabbin Barukh Horowitz, et la yéshiva Devar Yeroushalaïm qu'il dirige, m'ont offert les premiers contacts avec  le milieu traditionnel d'études et de pratiques juives de Jérusalem. J'y ai bénéficié d'un stage d'étude qui m'a permis d'explorer la pensée rabbinique ayant trait au recours à la force. Le rabbin Horowitz m'a sensibilisé, sans jamais m'imposer son point de vue, aux questions portant sur la place du sionisme dans la continuité juive.

Les étudiants et les enseignants de Beth Morasha, institut d'études juives à Jérusalem, m'ont permis d'étudier la pensée antisioniste dans un milieu profondément sioniste, dont plusieurs membres vivent leur idéologie sur le front, dans le colonies de Cisjordanie. Ce sont des membres de Beth Morasha qui m'ont encouragé à écrire mon premier texte sur l'opposition au sionisme, qu'ils ont d'ailleurs publié en hébreu dans le numéro spécial de la revue Aqdamoth, consacré au cinquantenaire de l'État d'Israël.

Mes amis le professeur Yohannan Silman et son épouse Yehoudit ont généreusement partagé avac moi à Jérusalem et ailleurs des heures de discussions animées sur l'État d'Israël, le sionisme et la société israélienne. Le rabbin Moshé Hirsch, que j'ai interviewé chez moi en 1981, m'a étonné avec des propos antisionistes qui me paraissaient alors peu compréhensibles. Haïm Guiat m'a introduit dans le monde des juifs du Yémen, qui m'ont révélé leur héritage judaïque distinct, m'ont montré leur rationalité pieuse, m'ont raconté avec beaucoup de retenue et de pudeur, leurs tribulations en Eretz Israël. Mes amis séfarades dont feu Shlomo Elbaz et Edward Cohen, m'ont permis d'apprécier les idéaux d'harmonie et de sérénité auxquels beaucoup se séfarades continuent d'aspirer.

Beaucoup d'autres amis et connaissances en Israël même s'ils ont tous des opinions différentes, partagent un trait que je respecte et admire : ils discutent de différents points de vue sans dramatiser ni tomber dans des animosités personnelles. C'est ce qui pourrait inspirer ceux qui aspirent à défendre Israël à l'extérieur de ses frontières.

Je voudrais remercier les universités de Passau, Constance, Cracovie, Jérusalem et Tel-Aviv de m'avoir fourni de l'aide technique dans le parachèvement de cet ouvrage.  J'apprécie la patience et la générosité de plusieurs rabbins en Israël, au Canada et aux États-unis avec qui j'ai pu m'entretenir au cours de ce travail et qui se sont rendus disponibles pour répondre à mes questions et clarifier le sens de textes rabbiniques.

Mes remerciements s'adressent également à ceux qui ont lu des versions provisoires de ce livre et m'ont suggéré plusieurs corrections et modifications : le rabbin Eliahou Abitbol à Strasbourg, le rabbin Moshé Gérard Ackermann à Jérusalem, le rabbin Eliezer Frankforter à Montréal, le Dr Frédéric Seager à Annecy, France, [etc.]  


En quatrième de couverture :

Citation :
«An extremely intersting and valuable book» (Noam Chomsky, MIT, Cambridge, MA)

«En tant que patriote israélien et en tant que philosophe, je considère qu'il est essentiel d'intégrer le discours de l'antisionisme judaïque dans un débat sur notre passé, notre présent et notre avenir, Un débat public et ouvert dont nous avons grandement besoin.» (Joseph Agassi, philosophe, université de Tel-Aviv)

«Ce livre met en relief les courants antisionistes religieux qui, sur le plan démographique et idéologique, représentent un danger grave pour Israël non seulement comme État mais comme identité collective. Il s'agit, en effet, d'une menace plus fondamentale que l'hostilité arabe et palestinienne.» (Joseph Hodara, université Bar-ilan, Ramat-Gan)
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CHARLES MARTEL




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MessageSujet: Re: A propos du sionisme    A propos du sionisme  EmptyMar 14 Nov 2023 - 18:52

supprimé  Constance
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CHARLES MARTEL




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MessageSujet: Re: A propos du sionisme    A propos du sionisme  EmptyMar 14 Nov 2023 - 19:00

supprimé Constance
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MessageSujet: Re: A propos du sionisme    A propos du sionisme  EmptyMer 15 Nov 2023 - 7:48

Dans la préface du livre


Citation :

Préface

En Europe, au XIXe siècle, beaucoup pratiquèrent à la fois le laïcisme et la religion. D'autres pratiquaient le laïcisme au lieu de la religion. Le nationalisme a ainsi pu se transformer en une religion laïque, faisant de l'État un monstre qui a causé les pires catastrophes du XXe siècle.

Le présent ouvrage stimule le débat sur le nationalisme à l'égard de mon propre pays. L'auteur se penche sur la remise en question du mythe selon lequel Israël protège tous les juifs et constitue ainsi leur patrie naturelle à tous. A juste titre, ce livre démontre que ce mythe est anti-juif. Les Israéliens, pour la plupart, prennent ce mythe pour le sionisme, soutenant que nous ne pourrons véritablement accéder à l'indépendance que le jour du rassemblement intégral des diasporas. Dans ce contexte, la question vitale pour les juifs du monde est la suivante : les intérêts d'Israël concordent-ils avec ceux des juifs de la diaspora ou entrent-ils au contraire en conflit avec eux ? Or pour l'idéologie sioniste actuelle, il s'agit là d'une question tabou. Le pire est que cette idéologie considère l'antisémitisme comme inéluctable  et Israël comme le seul endroit au monde ou les Juifs puissent se trouver en sécurité.

Ce concept est antidémocratique : il nie a priori la valeur de l'émancipation des juifs dans l'ensemble du monde moderne. Il sert aussi à justifier l'exigence sioniste de voir tous les juifs soutenir Israël, souvent aux dépens des intérêts nationaux des pays dans lesquels ils vivent. La plupart des dirigeants de la diaspora n'ont pas de meilleur programme que de défendre Israël en se fondant sur le principe vicié suivant : «mon pays, qu'il ait tort ou raison».

Les gouvernements israéliens se comportent donc comme les dirigeants d'une communauté qui se trouve encore dans un ghetto et balaient du revers de la main les intérêts des non-juifs d'Israël, de sorte qu'Israël demeure perpétuellement en état de guerre, car un ghetto muni d'une puissante armée est dangereux.

Cet ouvrage montre pourquoi il est important de se débarrasser du mythe en question. Car c'est précisément ce mythe qui empêche de nombreuses personnes, y compris les juifs d'Israël, de reconnaître l'authenticité de la position adoptée par les rabbins antisionistes, d'admettre que cette position est tout à fait fidèle à la tradition juive. La reconnaissance de la légitimité de l'antisionisme religieux est essentielle au débat sur Israël et le sionisme. Étant donné que les sionistes, tant juifs que chrétiens, nient toute légitimité à l'antisionisme, ce débat demeure étouffé de nos jours.

L'importance de se familiariser avec l'antisionisme fondé sur la Torah  n'est que trop évidente : l'ignorer ne fait que renforcer le culte de la vache sacrée du sionisme moderne. Et cela comprend les thèses de la nature centrale d'Israël dans la vie juive partout dans le monde et du droit du gouvernement israélien de parler au nom des juifs de la diaspora. Ce culte stipule également que les juifs non israéliens ne peuvent exprimer aucun désaccord avec quelque position officielle d'Israël que ce soit. Dernièrement, un congrès sioniste a assimilé toute opposition au sionisme à de l'antisémitisme, une déclaration qui a de graves conséquences pour de nombreux juifs dans le monde entier, y compris en Israël. Rendre illégitime la moindre remise en question des positions officielles d'Israël est tout simplement scandaleux.

Se fondant sur des documents historiques importants mais peu connus, ce présent ouvrage démontre toute la différence qui existe entre ces concepts : le sionisme, le judaïsme; Israël en tant qu'État, en tant que pays, en tant que territoire, en tant que terre sainte; les juifs (les Israéliens et les autres), les sionistes (juifs et chrétiens) et les antisionistes (encore une fois juifs et chrétiens). Quand on parle d'État juif pour désigner Israël, par exemple, cela donne lieu à une confusion aussi réelle que dangereuse entre la foi et la nationalité.

On n'a pas besoin d'être religieux pour protester contre le recours par Israël à des arguments religieux. Je ne suis pas religieux, et je ne cède pas à la mode actuelle parmi les intellectuels israéliens d'éreinter le sionisme et son histoire. Or en tant que patriote israélien et en tant que philosophe, je considère qu'il est essentiel d'intégrer le discours de l'antisionisme judaïque dans le débat public sur notre passé, notre présent et notre avenir, un débat dont nous avons grand besoin.

Joseph Agassi
Membre de la société royale du Canada,
université de Tel-Aviv et université York, Toronto  
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MessageSujet: Re: A propos du sionisme    A propos du sionisme  EmptyMer 15 Nov 2023 - 8:12

[parenthèse]


Remarquez que je possède ce livre du professeur Rabkin depuis plusieurs années, et j'ai amorcé ce fil avant même de découvrir tantôt - la coïncidence - que l'auteur du livre lui-même venait de se fendre d'un billet daté du 14 novembre 2023, sur le site de Michel Collon Investig'action.


Ainsi, les intéressés pourront-ils lire s'ils le veulent ...


Citation :

Pourquoi tant de juifs dénoncent-ils la guerre d’Israël contre Gaza?

Il existe une profonde division entre les sionistes, défenseurs d’Israël, d’une part, et, d’autre part, les juifs, tant pratiquants que non pratiquants, qui rejettent le sionisme et donc l’idée même d’un État séparé pour les juifs. De nos jours, la plupart des juifs se situent quelque part entre les deux. Pendant longtemps, ils se sont plaints des actions d’Israël sans pour autant remettre en question la nature ethnocratique de l’État israélien.  Pour eux, le « droit d’Israël à exister » est fondamental afin d’assurer durablement la sécurité physique des juifs israéliens. Même si la plupart d’entre eux vivent dans des démocraties libérales, il leur est difficile de concevoir qu’Israël puisse changer de nature, comme l’a fait l’Afrique du Sud il y a quelques décennies, et devenir un État libéral avec des droits égaux pour tous sur l’ensemble du territoire, sous contrôle israélien, entre la Méditerranée et le Jourdain.

La véhémence de l’assaut d’Israël sur Gaza a conduit de nombreux juifs dans le monde, en particulier les jeunes, à refuser toute association avec l’État d’Israël. D’autres, tout aussi nombreux, refusent de rester dans le silence et dénoncent la réponse vengeresse d’Israël à l’attaque brutale du Hamas sur son territoire le 7 octobre 2023.

Peu après le début de l’opération israélienne contre Gaza des centaines de manifestants juifs ont bloqué la gare centrale de New York pour demander un cessez-le-feu immédiat. Une semaine plus tôt, des juifs enveloppés dans des châles de prière avaient organisé un sit-in devant le Congrès américain à Washington. Après avoir réclamé la fin des violences, ils ont ouvert leurs livres de prières et commencé à réciter les mots anciens qui ont soutenu les juifs pendant des générations. Il y a quelques jours, des juifs ont déployé des banderoles sur lesquelles on pouvait lire « Les Palestiniens doivent être libres » au pied de la Statue de la Liberté à New York.

Des juifs ultra-orthodoxes antisionistes ont pris une part active dans les manifestations d’appui aux Palestiniens dans le monde entier. Ils estiment que l’État sioniste n’est pas simplement une « appropriation » de leurs symboles et de leur identité juive, mais qu’il est en plus à l’origine d’un conflit sanglant dans lequel souffrent des juifs et des Palestiniens innocents.

En effet, Israël est un État sioniste. Il incarne le nationalisme ethnique est-européen façonné à la fin du XIXe siècle, plutôt que le judaïsme qui s’est développé pendant des millénaires. Dès le départ, les sionistes ont méprisé les juifs traditionnels et le judaïsme, car ils cherchaient à créer une nouvelle espèce : l’intrépide fermier guerrier hébreu. Ils ont réussi au-delà de leurs rêves les plus osés. Israël a construit une société mobilisée et une formidable machine de guerre de haute technologie. Au fur et à mesure que la société israélienne s’est déplacée vers la droite, elle a consolidé le soutien des extrémistes de droite, racistes et même ouvertement antisémites, dans le monde entier, comme les suprématistes blancs aux États-Unis.

[...]

https://investigaction.net/pourquoi-tant-de-juifs-denoncent-ils-la-guerre-disrael-contre-gaza/
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MessageSujet: Re: A propos du sionisme    A propos du sionisme  EmptyMer 15 Nov 2023 - 17:37

Pour la critique du sionisme ...


Dans son chapitre 2, le professeur Rabkin illustre en quoi pouvait tenir un ensemble de critiques que nourrissait l'immense majorité des rabbins juifs à l'encontre du sionisme.

Citation :
Yacov M. Rabkin

«Même parmi ceux des rabbins qui encourageaient au début la colonisation de la Palestine, dans les dernières décennies du 19e siècle, se sentent obligés de se retourner contre les sionistes. Ils affirmaient que ce n'est pas le territoire d'Eretz Israël et la langue hebraïque qui caractérisent l'essence unique du peuple juif mais la Torah et la pratique des mitsvoth à travers lesquels Dieu le rend unique.

Les antisionistes judaïques abhorrent cette conceptualisation nationaliste du juif qui est propre  tant au sionisme qu'à l'antisémitisme racial dont les Juifs ont souffert au 20e siècle. Un des adversaires du sionisme les plus prolifiques est sans doute le rabbin Israël Domb de Londres. Juif polonais qui perdit une partie de sa famille dans la Shoah, il se rend en Israël au début des années 1950 et devient un opposant farouche de l'entreprise sioniste. Parmi tant d'autres, il affirme que le peuple juif n'est pas une entité raciale ou ethnique mais un groupe dont l'alliance avec Dieu, contractée au mont Sinaï, continue de définir sa spécificité. C'est donc cette alliance, notamment la fidélité des juifs envers elle, plutôt que des facteurs politiques et militaires, qui régirait exclusivement leur destinée.

Les rabbins s'élèvent depuis la fin du XIXe siècle contre l'importance qu'accordent les sionistes au rôle du «Volk» comme le sujet exclusif de l'histoire.

citation  : 

«Il n'y a pas de nation juive. Il est vrai que les juifs forment un groupe à part, une communauté religieuse. Ils doivent cultiver l'hébreu ancien, étudier la riche littérature, connaître leur histoire, chérir leur foi et faire de grands sacrifices pour elle; ils doivent espérer et faire confiance dans la sagesse de la providence divine, dans les promesses de leurs prophètes, dans le développement de l'humanité pour que les idées sublimes et les vérités du judaïsme prennent le dessus un jour. Mais pour le reste, ils doivent s'intégrer aux nations dont ils sont citoyens, ils doivent mener leurs luttes, promouvoir leurs institutions pour le bien être de tous ».

(Robert S Wistrich, «Zionism and its Religious Critics in Vienna» dans Zionism and Religion, University Press of New England, 1998)

et

Selon Yosef Salmon, expert israélien de l'histoire du sionisme :

«Le sionisme a posé la plus grave menace parce qu'il visait à voler à la communauté traditionnelle tout son patrimoine, tant dans la diaspora qu'en Eretz Israël, à lui enlever l'objet de ses attentes messianiques. Le sionisme défiait tous les aspects du judaïsme traditionnel : dans sa proposition d'une identité juive moderne et nationale; dans son attitude envers les concepts religieux de diaspora et de rédemption. La menace sioniste a atteint chaque communauté juive. Elle était implacable et frontale, et l'on ne pouvait lui opposer qu'un rejet sans compromis».

(Yosef Salmon, «Zionism and Anti-Zionism in Traditional Judaism in Eastern Europe» in Zionism and Religion)



La tradition juive préconise que la seule façon de corriger le comportement d'autrui est d'adopter une position d'amour et de respect. Or le rejet du sionisme est souvent interprété comme un acte de trahison par rapport au peuple juif. Les rabbins de la Liberal Jewish Synagogue à Londres formulent clairement ce dilemme :

«Nous devons choisir entre l'allégeance à notre peuple et l'allégeance à notre Dieu. Est-ce que les prophètes aimaient leur peuple ? Pourtant, ils attaquaient les dirigeants. Est-ce quelqu'un a aimé le peuple juif d'un façon plus passionnée que Jérémie ? Or, il condamnait ses péchés et - précisément pour cette raison-là - il le faisait encore plus passionnément.» En effet, les détracteurs du sionisme sont souvent passionnés, certains allant jusqu'à la diabolisation du sionisme et de l'État qui en résulte.» 

Ceux parmi les juifs qui critiquent publiquement le sionisme le font en croyant que la Torah les oblige à agir ainsi. A cet égard, il y aurait deux obligations qu'impose la Torah. La première est d'empêcher la profanation du nom de Dieu. Étant donné que l'État d'Israël prétend souvent qu'il agit au nom de tous les juifs de la planète, voire au nom du judaïsme, ces juifs se sentent obligés d'expliquer au public, surtout aux non juifs, qu'ils considèrent cette prétention frauduleuse. La seconde obligation découle du précepte de préserver la vie humaine. En mettant en relief le rejet judaïque du sionisme, ils espèrent détourner des juifs la rage que provoque à leur avis l'État d'Israël parmi les nations. Ils veulent prévenir que l'on fera des juifs du monde entier des otages des politiques israéliennes et de leurs conséquences. Ils affirment que l'État d'Israël doit être connu comme l'État sioniste et non l'État hébreu ou l'État juif.

p. 56
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MessageSujet: Re: A propos du sionisme    A propos du sionisme  EmptyJeu 16 Nov 2023 - 14:07

Le professeur Rabkin signale également, dans son chapitre 4,  à quel point la matrice russe est extrêmement importante, si on veut comprendre le genre de «partition musicale» qui se trouve lue et interprétée dans le sein du mouvement «libérateur».

Donc, avec un petit détour initial par la Russie du XIXe siècle ...

Il écrit :

Citation :
Yacov M. Rakin


«Aux origines du sionisme se trouve le sentiment de honte, de dignité insultée. Même si la Torah, tant écrite qu'orale, contient maintes mises en garde contre l'orgueil personnel ou collectif, c'est dans ces traits que les sionistes recherchent le respect en songeant aux critères du succès occidental : une patrie, une armée, une souveraineté. En effet, ce qui anime l'extraordinaire activisme du mouvement sioniste n'est pas la souffrance des victimes des pogroms mais l'humiliation d'un prétendant rejeté, c'est à dire de ceux dont les espoirs d'intégration au sein de la société russe sont ébranlés par les pogroms. Ils se sentent attirés par la doctrine de Herzl, un autre prétendant rejeté dont l'espoir de devenir un Européen à part entière est ébranlé par le procès de Dreyfus.

[...]

Les juifs éduqués en russe et intégrés à la vie urbaine suivaient avec enthousiasme les réformes d'Alexandre III et s'attendaient à l'Émancipation à l'européenne. Ce sont eux qui se trouvent dévastés par la violence des pogroms même si dans leur grande majorité ils n'en souffrent pas physiquement.

Mais c'est Haïm Nahman Bialik, un auteur russe et plus tard une icône culturelle en Israël, qui incitent les sentiments de revanche et de violence. Dans un poème écrit à la suite du pogrom de Kichinev en 1903, il s'en prend aux survivants, en leur faisant honte et en les encourageant à se révolter non seulement contre les oppresseurs mais contre le judaïsme. Bialik humilie les hommes qui se cachent dans des trous puants lorsque leurs voisins non juifs violent leurs femmes et leurs filles.

La colère qui anime alors beaucoup de juifs fait renverser ouvertement le système de valeurs propre au judaïsme. Bialik se moque de la tradition qui attribue toute adversité aux failles dans le comportement des juifs : «Que les poings s'envolent comme des pierres contre les cieux et contre le trône céleste». Bialik coupe violemment avec le judaïsme et lance un défi : «défendez-vous ou périssez !»

L'éloignement de nombre de juifs russes de la tradition pacifiste juive se fait d'une manière ouverte et défiante. Un poème par aileurs bien apprécié de Jabotinsky illustre le renversement de la tradition. Le héros du poème est un rabbin russe en train d'enseigner l'abécédaire aux enfants (aleph-beth) . Il commence avec un gémissement et un soupir chargés de quatre mille ans de peine et de solitude et continue : «il faut être fort pour survivre à tout ce qu'on a pu supporté [...] on ne peut trouver sa consolation que dans sa propre force».  C'est ainsi qu'il renverse le judaïsme en disant aux enfants que chaque génération a son propre aleph-beth et celui de leur génération est simple et concis : «Les jeunes, apprenez à tirer ! De toutes les nécéssités de la renaissance nationale, apprendre à tirer est la plus importante [...]»

En 1936, Jabotinsky proclame haut et fort : «Jeunes juifs, apprenez à tirer !» Et ce slogan affecte des milliers de juifs laïcs associés au sionisme musclé.

Une figure qui incarne l'héroïsme romantique dans l'éducation sioniste est Joseph Trumpeldor, un vétéran russe. Mort dans une escarmouche avec la population arabe locale, il aurait eu le temps de prononcer ces derniers mots : «Il est bon de mourir pour la patrie». Cette phrase devient, à côté de l'assermentation d'officiers à Masada, un des symboles de la nouvelle détermination de prendre les armes.

Dans sa version sioniste, la téléologie du retour est articulée à travers la réduction de l'histoire juive à une série de souffrances qui ne peut mener que vers l'auto-émancipation des juifs, leur affranchissement en tant que peuple moderne sur sa terre. Un refrain fréquent dans le langage des israéliens est l'expression «ein beréra» (On n'a pas le choix) qui traduit cette sensibilité téléologique en une fermeté politique par rapport à tout autre option dont pourraient jouir les juifs dans le monde. Ainsi, on affirme qu'Israël est le seul lieu sûr pour les Juifs même si depuis la fondation de l'État, des conditions plus sereines prévalent dans la diaspora. Ein beréra signifie également qu'il n'y a pas d'autre issue que le maintien du recours à la force.

La légitimité répandue du recours à la force distingue donc les juifs de Russie des juifs d'autres pays ou la résistance armée contre les non juifs n'est ni nécessaire ni concevable.

Celui qui a fait plus que tout autre sioniste pour introduire le terrorisme déchaîné en Palestine est le ressortissant de l'Europe russe Avraham Stern (1907-1942)  qui fait partie de plusieurs formations paramilitaires. On pourrait même voir des traces  de l'influence culturelle russe dans l'histoire toute récente : Moshé Dayan, Ezer Weizmann, Isaac Rabin (1922-1995), Rehavam Zeevi, Raphaël Eitan, Ariel Sharon sont tous des descendants de juifs de Russie, dont la propension à recourir à la force ne se compare qu'à leur éloignement de la tradition juive. Ce n'est qu'en rejetant complètement le judaïsme avec son culte de l'humilité que ces juifs pouvaient acquérir cette confiance sans précédent en leurs propres forces, en leur capacité de reconquérir et défendre Israël.

La dimension russe du sionisme ne peut être surestimée. Un indice important est la composition de la Knesset douze ans après l'établissement de l'État. Malgré l'interdiction presque complète d'émigrer de l'Union soviétique depuis près de quatre décennies, plus de 70% des membres de cette élite politique sont nés en Russie et 13% sont nés en Palestine/Israël de parents russes.

Les élites sionistes américaines, dont le soutien est crucial pour le succès du sionisme, se composent, elles aussi, largement de juifs d'origine russe. Le remplacement des élites juives d'origine allemande par celles issues de Russie explique, par ailleurs, le revirement entre les deux guerres de l'opinion publique juive aux États-unis en faveur du sionisme. Le caractère essentiellement russe de l'entreprise sioniste se manifeste tant dans son concept et sa manière d'agir que dans l'appui qu'elle puise dans la diaspora la plus puissante, celle des États-unis.

Par ailleurs, la sympathie mutuelle que l'on observe entre la Russie et Israël au début du 21e siècle serait basée, selon un observateur russe, surtout sur la cruauté envers les Tchétchènes et les Palestiniens, respectivement. «Ce n'est pas la Russie de Dostoïevsky qui s'est ouvert les yeux et s'est mise à aimer Israël», ce sont plutôt les militaires russes qui ont découvert un sens de parenté avec les Sharon. En effet, les juifs russes constituent l'électorat le plus fiable de la droite israélienne. «Il est naturel pour les Russes d'appartenir à la droite : c'est un camp nourri par le patrimoine idéologique des grands dirigeants du sionisme Jabotinsky et Begin, issus de l'empire russe», commente un journaliste israélien russe et évidemment bien disposé face à la droite israélienne.

La dimension russe du projet sioniste est davantage mise en relief par les partis de droite qui puisent un appui considérable chez les électeurs de provenance russe. Le parti Moledet (dont le site en russe modifie le slogan de la Deuxième Guerre mondiale «Pour notre patrie soviétique !»  en «Pour notre patrie juive !»), en appuyant l'idée de déportation des Palestiniens, publie une entrevue avec une journaliste russe israélienne qui affirme que sans l'expérience historique qu'ont connu les juifs soviétiques, les Israéliens restent incapables de faire face à leur destin historique. Les Israéliens d'origine russe devraient donc guider la nation et la purifier de toutes sortes d'illusions. Selon elle, l'État d'Israël est l'avant-garde du peuple juif qui serait menacé d'extermination totale dans le monde du 21e siècle


p. 122
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MessageSujet: Re: A propos du sionisme    A propos du sionisme  EmptyVen 17 Nov 2023 - 14:36

Poursuivons ...



Citation :
Jakov M. Rabkin


[...]


«Selon l'historienne israélienne Anita Shapira, la psychologie sioniste se forme par deux paramètres contradictoires : «un mouvement de libération nationale et un mouvement de colonisation européenne au Moyen-Orient» Le recours à la force est indispensable pour le maintient de ces deux objectifs. Comme le constate l'historien israélien Benny Morris :

«L'idéologie et la pratique sioniste étaient nécessairement et essentiellement expansionniste. Afin de réaliser le sionisme, il fallait organiser et expédier des groupes de colons en Palestine. Chaque colonie qui s'implantait se rendait compte d'une manière très aigüe de son isolement et de sa vulnérabilité; elle cherchait tout naturellement à établir d'autres colonies autour d'elle. Cela rendait la colonie originelle plus «sécuritaire» - mais les nouvelles colonies devenaient ainsi la «ligne du front» et avaient besoin de nouvelles colonies afin de se défendre. Après la guerre des six jours, une logique similaire serait à la base de l'extension de la colonisation israélienne
(Benny Morris)

[...]

Jabotinsky participe à l'organisation d'unités armées juives à Odessa au début du siècle. Il reste, plus d'un demi siècle après sa mort, au centre du débat sur la légitimité d'employer la force physique. Éloigné - comme la grande majorité des sionistes - de la tradition juive, Jabotinsky prône la force comme le seul moyen de pouvoir coloniser le pays et mater la résistance des Arabes. A la différence des sionistes socialistes dont beaucoup refusent de reconnaître le sionisme comme un mouvement colonisateur, Jabotinsky est fier de l'affirmer. Il faut préciser que les dirigeants du mouvement socialiste partagent sans l'avouer les avis de Jabotinsky. En s'adressant à un congrès de son mouvement politique en 1922, Ben Gourion (1886-1973) déclare ses intentions auxquelles il adhère, selon Sternhell, toute sa vie :

«Ce n'est pas en cherchant une façon d'organiser nos vies à travers les principes harmonieux d'un système parfait de production socio-économique que nous pouvons décider notre ligne d'action. Un seul grand souci devra orienter nos pensées et notre travail : la conquête de la terre et sa colonisation à travers une forte immigration. Le reste, c'est juste des phrases et des palabres. Ne nous induisons pas en erreur : nous devons aller de l'avant, conscient de notre situation politique, conscients des relations de pouvoir, de la force de notre peuple et à l'étranger».

(David Ben Gourion, cité dans Zeev Sternhell)

Pour mieux faire sentir l'esprit d'antagonisme qui anime Ben Gourion à l'égard du judaïsme, remarquons l'usage dédaigneux qu'il fait de l'étudiant de yéshiva, la figure que lui et ses camarades connaissent bien et qu'ils détestent :

«Nous ne sommes pas des élèves de yéshiva qui débattent des nuances de perfectionnement de soi. Nous sommes conquérants du pays faisant face à un mur de fer, et nous devons le percer de force

Le socialiste Ben Gourion, rappelle Sternhell, s'inspire du socialisme allemand des années qui suivent immédiatement la Grande Guerre. Les sionistes sont plus proches de la pensée de Spengler qui paraphrase une affirmation de Heinrich von Treitsche :

«Le socialisme signifie le pouvoir, le pouvoir et encore le pouvoir»

[...]

L'année suivante, en 1923, Jabotinsky publie en russe un article qui reprend sans préciser la source le concept de mur de fer et le message de Ben Gourion, et qui affirme que tous les sionistes comprennent que l'on ne peut vaincre que par la force. Admirateur de Mussolini, qui lui répondait par la réciprocité, Jabotinsky mobilise les juifs pour la guerre, pour la révolte et les sacrifices.

[...]

Dans le contexte juif, cette transformation identitaire fait partie de l'éloignement des leaders sionistes de la tradition juive. Il est intéressant d'examiner l'index des matières de la biographie de Jabotinsky. Il s'y trouve moult héros des nationalismes européens, des personnages de la littérature mondiale, voire des références au langage charnel russe (le mate) mais aucune à des rabbins ou à des savants judaïques. La bibliothèque du premier premier ministre d'Israël préservée comme musée manifeste la même caractéristique : parmi des milliers de livres en russe et en langues européennes, ceux en hébreu constituent une infime minorité, dont encore moins se rapportent au patrimoine judaïque.

L'influence de Jabotinsky reste durable. C'est des rangs du Betar que sortiront vers les années 1930 les protagonistes des organisations terroristes juives, Lehi et Irgoun, dont plusieurs membres rencontrent la mort aux mains des Britanniques. Menahem Begin (1913-1992), Benjamin Netanyahou et Ariel Sharon sont sans doute les plus illustres de ses admirateurs et disciples. Or les cercles rabbiniques de son temps rejettent son oeuvre et, pour certains commentateurs haredis (juifs pieux), le chemin tracé par Jabotinsky mène tout droit à la destruction.  

A la différence de Jabotinsky qui affirme ouvertement le caractère colonial, et donc violent, du sionisme, la majorité des pionniers sionistes refusent de reconnaître le conflit foncier entre les immigrants juifs et la population locale. Jabotinsky se moque des illusions des social-sionistes qui insistent sur la «pureté des armes», le concept dont Tsahal héritera plus tard.

La gauche [israélienne] ignore le caractère national de l'opposition arabe à son effort de colonisation. Un passage des mémoires d'Ariel Sharon issu du mouvement ouvrier israélien est instructif à cet égard. En parlant de ses parents qui venaient de Russie coloniser la Palestine, il souligne qu'ils étaient pour l'égalité des droits des Juifs et des Arabes.

«Mes parents étaient profondément convaincus que les Arabes avaient tous les droits en tant qu'habitants dans le pays, et que les Juifs et les Arabes pouvaient coexister. Mais ils n'étaient pas moins convaincus que seuls les Juifs avaient tous les droits sur le pays, et que rien ni personne ne pourraient les en déloger, pas même la terreur ou toute autre forme de violence

Ariel Sharon, Mémoires, Paris, Stock, 1990, p. 28

Le rapport contradictoire aux Arabes constitue la base de la violence systémique qui hante l'entreprise sioniste jusqu'à nos jours. Mais l'ethos défensif permettra de maintenir la façade de l'espoir pour la paix et la fraternité, même si derrière la façade se montrent les ombres de la peur et de la suspicion. La réalité des années 1930 et 1940, la Rébelion arabe et, à distance, la Shoah, amènent le cynisme et le pessimisme, et introduisent l'ethos offensif qui préconise le caractère inévitable du conflit armé avec les Arabes. Le nouvel ethos reflète l'horreur d'une destruction totale qui, malgré la supériorité militaire incontestable des Israéliens, continue à dominer la conscience collective.

[...]

«On ne peut construire un État et  porter des gants blancs», dira plus tard Nathan Alterman, poète de renom et pilier de la cultutre israélienne.

Même si les partisans de l'ethos défensif abhorrent, au moins dans leur discours, Jabotinsky et son militantisme, les réalités du conflit qu'engendre l'entreprise sioniste en Palestine font triompher sa doctrine, dont les idées deviennent dominantes en Israël au tournant du 21e siècle.

Le terme sécurité remplace le concept d'autodéfense répandu avant la création de l'État. Comme nous l'avons vu, le terme hébreu «bitahon» est emprunté à la littérature rabbinique ou il signifie «confiance dans la providence divine». Ainsi, un concept judaïque est repris par la langue moderne dans un sens opposé; plutôt que de se fier à la providence, le nouvel hébreu se fie à la force des armes. La sécurité est alors confiée à l'État et, pendant plusieurs décennies, tout ce qui a rapport à la sécurité reste une vache sacrée dans la société israélienne.

Cette substitution du sacré est, bien entendu, l'objet d'innombrables critiques rabbiniques contemporaines. Le verset biblique souvent cité à cet égard est le suivant :

«Gardes-toi d'oublier l'Éternel, ton Dieu, de négliger ses préceptes, ses institutions et ses lois, que je t'impose en ce jour. Peut-être, jouissant d'une nourriture abondante, bâtissant de belles demeures ou tu vivras tranquille, voyant prospérer ton gros et menu bétail, croître ton argent et ton or, se multiplier tes biens, peut-être ton coeur s'ennorgueillira-t-il, et tu oublieras l'Éternel, ton Dieu, et tu diras dans ton coeur «C'est ma propre force, c'est le pouvoir de mon bras qui m'a valu cette richesse»

Plusieurs rabbins soulèvent la question du danger physique que pose le sionisme dès ses débuts. Les membres du vieux Yishouv craignent que les ambitions nationalistes des nouveaux colons ne provoquent des tensions avec les Arabes avec lesquels les communautés pieuses se sont toujours bien entendues. Pour les rabbins, il est donc essentiel de se protéger du danger que posent les sionistes qu'ils qualifient de «destructeurs de la cité».

Durant les premières décennies du sionisme, les dirigeants du Vieux Yishouv considèrent les colons juifs plutôt que la population arabe comme source d'un danger immédiat. On a déjà remarqué que l'arrivée des colons sionistes en Palestine provoque une réaction de rejet d'abord chez les juifs et seulement plus tard chez les Arabes. Le rabbin Sonnenfeld de Jérusalem cite le verset biblique suivant :

«Et je te donnerai à toi et à ta postérité la terre de tes pérégrinations, la terre de Canaan, comme possession indéfinie [...]» afin de souligner que c'est Dieu qui donnerait la terre au peuple d'Israël et que les sionistes ne doivent pas en prendre possession par la force

Les critiques du sionisme soulignent qu'à Hebron, le lieu du massacre d'une soixantaine de juifs en 1929, c'étaient les sionistes qui avaient provoqué les Arabes. Les assassins seraient venus de l'extérieur de la ville en réponse à une campagne d'appropriation du Mur des lamentations menée par une organisation sioniste de Jérusalem. Sans aucune intention d"y prier mais animés par une fierté nationale, des milliers de sionistes rassemblés à Jérusalem scandaient «Le Mur aux Juifs !» [...] C'est en réaction à cette provocation, même si elle fut pacifique, que le massacre aurait été perpétré, soulignent les témoins qui ajoutent que la grande majorité des juifs de la ville auraient trouvé refuge chez leurs voisins arabes. Le Rébbé de Gour écrit à l'intention de ses adeptes désireux de s'établir en Terre Sainte que les Arabes sont un peuple amical et gentil. Cette harmonie relative trouve sa place également dans des histoires récentes qui traitent de la société palestinienne antérieure à la proclamation de l'État d'Israël.

P. 130

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MessageSujet: Re: A propos du sionisme    A propos du sionisme  EmptyVen 17 Nov 2023 - 14:43

Je reprend cette citation du professeur Rabkin :

Citation :
«L'idéologie et la pratique sioniste étaient nécessairement et essentiellement expansionniste. Afin de réaliser le sionisme, il fallait organiser et expédier des groupes de colons en Palestine. Chaque colonie qui s'implantait se rendait compte d'une manière très aigüe de son isolement et de sa vulnérabilité; elle cherchait tout naturellement à établir d'autres colonies autour d'elle. Cela rendait la colonie originelle plus «sécuritaire» - mais les nouvelles colonies devenaient ainsi la «ligne du front» et avaient besoin de nouvelles colonies afin de se défendre. Après la guerre des six jours, une logique similaire serait à la base de l'extension de la colonisation israélienne.»

(Benny Morris)

Quelle remarque intéressante pour saisir ce qui se passe actuellement en Cisjordanie !

La citation est tirée originalement de Benny Morris, Righteous Victims, New York, Vintage Book, 2001, p. 53
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MessageSujet: Re: A propos du sionisme    A propos du sionisme  EmptyVen 17 Nov 2023 - 14:55

Cette citation biblique :

Citation :
«Gardes-toi d'oublier l'Éternel, ton Dieu, de négliger ses préceptes, ses institutions et ses lois, que je t'impose en ce jour. Peut-être, jouissant d'une nourriture abondante, bâtissant de belles demeures ou tu vivras tranquille, voyant prospérer ton gros et menu bétail, croître ton argent et ton or, se multiplier tes biens, peut-être ton coeur s'ennorgueillira-t-il, et tu oublieras l'Éternel, ton Dieu, et tu diras dans ton coeur «C'est ma propre force, c'est le pouvoir de mon bras qui m'a valu cette richesse»


Nous la retrouverons dans Deutéronome 8, 11-14 et 17.


Voir :

Citation :
«Garde-toi d’oublier le Seigneur ton Dieu, de négliger ses commandements, ses ordonnances et ses décrets, que je te donne aujourd’hui.  Quand tu auras mangé et seras rassasié, quand tu auras bâti de belles maisons et que tu les habiteras, quand tu auras vu se multiplier ton gros et ton petit bétail, ton argent, ton or et tous tes biens, n’en tire pas orgueil, et n’oublie pas le Seigneur ton Dieu qui t’a fait sortir du pays d’Égypte, de la maison d’esclavage.

C’est lui qui t’a fait traverser ce désert, vaste et terrifiant, pays des serpents brûlants et des scorpions, pays de la sécheresse et de la soif. C’est lui qui, pour toi, a fait jaillir l’eau de la roche la plus dure.

C’est lui qui, dans le désert, t’a donné la manne – cette nourriture inconnue de tes pères – pour te faire passer par la pauvreté et pour t’éprouver avant de te rendre heureux.

[...]

Garde-toi de dire en ton cœur : « C’est ma force, c’est la vigueur de ma main qui m’ont procuré cette richesse. »

Source : AELF

https://www.aelf.org/bible/Dt/8
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MessageSujet: Re: A propos du sionisme    A propos du sionisme  EmptyVen 17 Nov 2023 - 15:40

Citation :
Ce n'est pas en cherchant une façon d'organiser nos vies à travers les principes harmonieux d'un système parfait de production socio-économique que nous pouvons décider notre ligne d'action. Un seul grand souci devra orienter nos pensées et notre travail : la conquête de la terre et sa colonisation à travers une forte immigration. Le reste, c'est juste des phrases et des palabres. [...]

David Ben Gourion


Citation :
La citation originale reprise par Rabkin se trouve dans  Zeev Sternhell, The Founding Myths of Israel, Princeton University Press, 1998, p. 20

On reprend :

Un seul grand souci devra orienter nos pensées et notre travail : la conquête de la terre et sa colonisation à travers une forte immigration. Le reste, c'est juste des phrases et des palabres

La conquête de la terre et sa colonisation ... conquête, colonisation ... C'est le père de l'État sioniste ou de l'entité politique israélienne moderne qui le dit, le tout premier «premier ministre» de cet État nouvellement crée en 1948.
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MessageSujet: Re: A propos du sionisme    A propos du sionisme  EmptyLun 20 Nov 2023 - 13:35

Dans le chapitre 6 de l'ouvrage, on touche à une partie qui s'avère particulièrement assassine concernant le mouvement sioniste. Et c'est en abordant justement les rapports du sionisme avec la Shoah. Qui l'eut cru ?

Voici ce qu'on peut trouver dans ses pages :

Citation :
«Nous avons vu que pour plusieurs autorités rabbiniques le péché qui a déclenché la Shoah ne serait nul autre que le sionisme. Ce seraient les sionistes qui auraient provoqué les nations par leur arrogance, qui auraient dérangé la tranquilité des juifs de la diaspora, qui auraient empêché les efforts de négociation et de sauvetage menés pendant la Deuxième Guerre mondiale. Les sionistes auraient déclaré la guerre contre Hitler et son pays bien avant la Deuxième Guerre mondiale, auraient appelé à un boycott économique de l'Allemagne et ainsi provoqué la rage du dictateur.»

Vous lisez bien : Les sionistes auraient empêché les efforts de négociation et de sauvetage menés pendant la Deuxième Guerre mondiale.

Citation :
« [...] ne se sont pas contentés de l'idée de sionisme qui, les avertissaient les rabbins, allait provoquer un désastre. Ils ont fait l'effort de mettre de l'huile sur le feu. Ils devaient inciter l'ange de la mort, Adolf Hitler. Ils ont pris la peine d'annoncer au monde qu'ils représentaient la juiverie mondiale. Qui avait nommé ces individus comme chefs du peuple juif ? Tout le monde sait que ces «chefs» étaient des ignares en ce qui concerne le judaïsme : des athées et des racistes en plus. Ce sont ces «chefs d'État» qui organisèrent l'irresponsable boycott contre l'Allemagne en 1933. Leur boycottage a fait autant de dégât en Allemagne qu'une mouche qui attaque un éléphant - mais il a amené la calamité sur les juifs d'Europe.»

(Robert Infomeister, «Peace and Holocaust», Http://www.disinfo.com)

Plusieurs rabbins de renom, dont Weinberg qui enseigne dans le prestigieux Séminaire rabbinique à Berlin s'opposèrent au boycottage et à la propagande anti-allemande qu'ils considéraient dangereux et irresponsables. Selon l'historien américain Mark Shapiro, plusieurs autorités rabbiniques dont Haïm Ozer Grodzinski (1863-1939), Elhanan Wasserman et Yoel Teitlbaum rejettent le boycott comme une attitude contraire à la tradition juive.  On y voit deux conceptions et deux approches inconciliables : l'approche traditionnelle qui encourage négociations et compromis et la nouvelle qui défend l'honneur et n'esquive pas le conflit.

La position conciliatrice peut paraître incompréhensible dans le contexte actuel ou l'affirmation belliqueuse et défiante est devenue courante. Or elle correspond à l'approche pragmatique qu'a élaborée les siècles de tradition juive en diaspora et que dédaignent les sionistes : tout arrangement, même le plus difficile, est préférable à une confrontation.

D'autant plus que la confrontation qu'animent les sionistes n'en est même pas une. Il s'agit d'une campagne de propagande réservée à un usage interne, car même les États-Unis, ou la communauté juive est relativement influente, vont attendre, même après Pearl Harbor, que l'Allemagne nazie leur déclare la guerre. L'effet du militantisme juif sur la conduite de la guerre sera plutôt modeste.  

Wasserman ajoute qu'à l'époque des prophètes, les faux prophètes étaient plus nombreux que les vrais que l'on dénigrait et couvrait de calomnies.

Même si les juifs voient alors les sionistes comme de faux prophètes et des trompeurs, la nature du mouvement sioniste reste ambigüe. En effet, les activités sionistes dans les pays occidentaux, surtout entre les deux guerres, mettent l'accent sur la vocation de la Palestine comme lieu d'asile pour les juifs persécutés, car les ambitions politiques, notamment l'intention de créer un État juif, sont loin de faire l'unanimité chez les juifs aux États-Unis et ailleurs ou sont menés les campagnes sionistes de collectes de fonds.

Par contre, les discussions internes indiquent clairement que le sionisme est avant tout un mouvement idéologique d'autodétermination, plutôt qu'un plan pragmatique de sauvetage des juifs en détresse.


On répète : le sionisme est avant tout un mouvement idéologique d'autodétermination, plutôt qu'un plan pragmatique de sauvetage des juifs en détresse



Citation :
Ainsi, on attribuer à Haïm Wasserman, lui-même originaire de Russie, l'affirmation suivante :

«Rien ne peut être plus superficiel, rien ne peut être plus faux, que de dire que les souffrances des juifs russes sont la cause du sionisme. La cause fondamentale du sionisme est, et a toujours été, l'effort inébranlable d'acquérir un centre national.»

C'est cette position idéologique qui expliquerait l'indifférence dont tant des historiens que des rabbins accusent les sionistes. La Shoah n'a fait que raffermir la détermination politique des leaders du sionisme d'obtenir un État juif; elle leur aurait en plus offert un argument d'une rare puissance.

Peu après l'avènement du national-socialisme, les sionistes négocient un accord avec le gouvernement à Berlin pour le transfert de 60 000 juifs allemands avec leur capital en Palestine. Or, à la suite de cet accord et devant les restrictions d'immigrer en Palestine, les organisations sionistes minent les efforts visant à faire accueillir les juifs ailleurs qu'en Palestine et s'attirent en conséquence les critiques de la part des rabbins libéraux, des rabbins haredis et, plus tard, de plusieurs intellectuels israéliens. Tous les critiques accuseront les leaders sionistes de se soucier bien plus d'un futur État que du sort que subissaient les juifs dans les camps d'extermination. Ainsi, plusieurs tentatives de sauver des juifs en Hongrie et ailleurs auraient également rencontré une résistance de la part des dirigeants sionistes. On trouve plusieurs citations incriminantes dans les sources antisionistes  : un leader sioniste aurait répondu à un appel d'aider les juifs en Pologne : «Une vache en Palestine est plus importante que tous les juifs de Pologne» Un autre se serait exprimé ainsi en soulignant l'importance d'acquérir un État après la Seconde Guerre mondiale : «Si nous n'avons pas assez de victimes, nous n'aurons aucun droit d'exiger un État [...] c'est donc une ignominie insolente de lever des fonds pour l'ennemi afin d'épargner notre sang car c'est uniquement par le sang que nous obtiendrons notre État».

Des négociations que menait avec les nazis le représentant de l'Agence juive, Dr Alfred Katzner (1906-1957) ont fait l'objet d'un procès judiciaire en Israël.  

Katzner aurait accepté un compromis : il aurait aidé les nazis à calmer les juifs dans les camps à condition que les nazis permettent à quelques milliers de jeunes juifs de partir pour la Palestine. Trouvé coupable par un tribunal israélien, il est acquitté par la Cour suprême saisie d'un appel de la part du Cabinet de Ben Gourion. Dans une atmosphère d'indignation populaire, surtout parmi les parents de victimes de la Shoah, Katzner est abattu dans une rue de Tel-Aviv.

Dans les cercles antisionistes, le verdict est clair : «Au 20e siècle, le sang de six millions de victimes juives, hommes, femmes, enfants, vieillards, avait été échangé contre un État par ses fondateurs et dirigeants. Existe-t-il un être humain normal capable d'imaginer une telle monstruosité ? Certains vont jusqu'à se demander si Ben Gourion était humain.

En 1938, à la suite de la Nuit de cristal qui a déclenché la violence physique contre les juifs d'Allemagne, Ben Gourion aurait dit :

«Si je savais qu'on pouvait sauver tous les enfants juifs en les faisant passer en Angleterre , mais la moitié seulement en les transférant en Palestine, je choisirais cette deuxième option, parce que ce qui est en cause n'est pas seulement le sort de ces enfants mais également le destin historique du peuple juif»

(cité dans Dina Porat, «Une question d'historiographie : l'attitude de Ben Gourion à l'égard des juifs d'Europe à l'époque du génocide» dans Heymann et Abibol, op. cit., p. 120)

Fidèle à cette vision, Ben Gourion s'oppose à la création d'un grand organisme officiel compétent et doté de ressources pour des opérations de sauvetage, ainsi qu'à l'utilisation, pour ces opérations, des fonds réunis par les organisations sionistes. Il n'incite pas, non plus, les juifs américains à collecter des fonds importants qui seraient affecter à cette fin.

C'est vu ? Ben Gourion s'oppose à la création d'un grand organisme officiel compétent et doté de ressources pour des opérations de sauvetage, ainsi qu'à l'utilisation, pour ces opérations, des fonds réunis par les organisations sionistes. Le grand leader du sionisme ne veut pas laisser détourner des sommes pouvant être affectées au projet en Palestine  à des opérations de sauvetages pour les juifs d'Allemagne, de Pologne ou de Hongrie.

Citation :
A une autre occasion, Ben Gourion aurait pris la parole à la conclusion d'un récit fait en pleine guerre en yiddish par une survivante du ghetto de Vilnius sur l'extermination des juifs d'Europe. Il a remarqué «d'une façon très froide, voire hostile qu'elle s'était exprimée en une langue étrangère malsonnante» (Avinu Rohen) La personnalité de Ben Gourion mise à part, on accuse le mouvement sioniste en entier de se détourner du sort des juifs d'Europe, sauf lorsque la Shoah pouvait servir les objectifs du sionisme, et de torpiller des tentatives de sauvetage qui n'entraient pas dans ses plans politiques.

Ces observations faites par des historiens israéliens vers la fin du XXe siècle confirment les propos des rabbins en redingote noire.

[...]

A la suite d'une visite à des communautés juives en Europe avant la Seconde Guerre mondiale, le rabbin Morris Lazaron (1888-1979), issu du judaïsme libéral américain, proteste contre la tendance de concentrer le financement sur les projets en Palestine au détriment des efforts de sauvetage des juifs qui font face à la menace nazie en Europe. Il proteste également contre l'affirmation répandue par les sionistes selon laquelle la Palestine serait le seul lieu sûr pour les  Juifs. Il s'insurge contre la propagande sioniste qui vise à faire croire aux juifs que le monde les rejeterait tôt ou tard parce qu'ils sont juifs. Selon lui, il n'y avait aucune raison de miner la confiance des juifs américains en les invitant, à cause de la politique allemande, à abandonner tout espoir en l'Émancipation.

Le rabbin libéral Berger reproche aux sionistes le même délit dont on les accuse du côté des haredim : avoir sabordé toute initiative de sauvetage des juifs en Europe, dont une décision du président Roosevelt de trouver, dès le début de la guerre, des pays d'asile pour les réfugiés. Le président aurait compris la logique sioniste :

«Ils ont raison de leur point de vue. Le mouvement sioniste sait que la Palestine est, et restera encore une société qui dépend de dons. Ils savent qu'ils peuvent lever des sommes énormes pour la Palestine en disant aux donateurs qu'il n'y a pas d'autre place pour aller pour le pauvre juif. Mai si un asile politique mondial existe sans égard à la race, à la foi et à la couleur, ils ne pourront lever leur argent. Parce que ceux qui ne veulent pas donner leur argent auront une excuse et diront : «vous voulez dire qu'ils n'ont pas d'autre place ou aller sauf la Palestine ? Mais ils sont les préférés du monde»

(Elmer Berger, Judaism or Jewish Nationalism, p. 57)

et

Citation :
Morris Ernst (1888- 1976), activiste des droits de l'homme proche de Roosevelt, qui rapporte la remarque du président, décide de tester la véracité des propos. Il informe des amis sionistes de l'initiative de la Maison-Blanche. «Je vous assure, on m'a jeté dehors des salons de mes amis en me disant : Morris, c'est de la trahison; tu nuis au mouvement sioniste». Peut-être lui nuis-je, répondis-je, mais je suis plus intéressé à trouver un asile pour un demi-million ou un million d'opprimés du monde entier. Indigné, le rédacteur du New York Times commente alors ainsi cette situation : «Pourquoi, au nom de Dieu, le sort de ces malheureux devrait-il se subordonner au désir d'un État ?»

[...]



Citation :
A la suite de la Guerre des six jours, Ruth Blau met en relief la différence entre l'appui massif que reçoit Israël à la veille de cette guerre. dont elle attribue par ailleurs entièrement la responsabilité aux dirigeants israéliens, et l'indifférence qu'aurait rencontré la demande de payer 50$ par tête afin de sauver des centaines de milliers de juifs de la Shoah :

«Quel contraste entre ce grand tumulte de 1967 et le silence de mort des chefs sionistes concernant l'holocauste des années 1940-1945 dont ils connaissaient tous les détails.» 

Citation :

Plusieurs sources accusent le mouvement sioniste de pratiquer la sélection, c'est à dire d'admettre en Palestine uniquement ceux qui du point de vue politique ou économique pourraient contribuer à l'entreprise sioniste. Le terme «sélection» qu'utilisent les critiques est particulièrement lourd d'association : à la descente des trains dans les camps d'extermination, les SS faisaient la sélection de ceux qui pourraient, pour un temps, contribuer à l'économie du Reich, tandis que les non sélectionnés étaient immédiatement envoyés aux chambres à gaz.  

C'est dans ce contexte que l'on cite une allocution de Haïm Weizmann, le futur président d'Israël, faite en 1938 :

«La Palestine ne peut pas absorber les juifs d'Europe. Nous voulons que les meilleurs de la jeunesse nous joignent. Nous voulons uniquement des gens instruits en Palestine afin d'enrichir la culture. Les autres juifs doivent rester là ou ils sont et faire face au sort qui les attend. Ces millions de juifs ne sont que de la poussière sur les roues de l'histoire et ils peuvent se faire emporter par le vent. Nous ne voulons pas qu'ils inondent la Palestine. Nous ne voulons pas que Tel-Aviv devienne un autre ghetto pauvre.»  

(Y.E Bell, «The Traditional Corner», The Jewish Press, New York,2002, p. 35)

Cette remarque ne serait pas un lapsus; un an auparavant Weizmann s'exprimait en termes semblables :

«Les vieux disparaîtront, ils attendront leur sort. Ils sont sans importance, tant économiquement que moralement. Les vieux doivent se réconcilier avec leur sort».

(cité dans Leonard R. Sussman, «Judaism for All Seasons», The Christian Century, 3 avril 1963, p. 427)


Citation :

Plusieurs historiens israéliens semblent confirmer les accusations quant à la responsabilité historique du mouvement sioniste dans la Shoah. Ils s'entendent pour constater, quoique dans des styles différents, que Ben Gourion et ses camarades auraient nui aux efforts de sauver les communautés européennes de l'extermination. Les dirigeants sionistes auraient subordonné tout effort de sauvetage à leur objectif premier que fut l'édification du nouveau peuple hébreu et la création d'un État juif. Ils auraient traité les êtrers humains comme du «matériel humain».

On comprend mieux les critiques des antisionistes lorsqu'on lit dans une étude savante que :

«L'importance pour les fondateurs d'Israël des communautés juives dispersées à travers l'Europe centrale et orientale était essentiellement comme une source de pionniers. Ils ne leur attribuaient aucune valeur intrinsèque. Ainsi même en pleine Seconde Guerre mondiale, il n'y eut aucun changement dans l'ordre des priorités : ce n'était pas le sauvetage de juifs qui était en tête de la liste de Berl Katznelson mais l'organisation du mouvement sioniste en Europe [.. .] ainsi tout événement dans la vie de la nation est évalué selon un seul critère : le degré auquel il contribue au sionisme».

Zeev Sternhell
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MessageSujet: Re: A propos du sionisme    A propos du sionisme  EmptyLun 20 Nov 2023 - 13:43

Ces dernières citations ci-dessus se trouvent dans les pages 201-206 du livre de Yacov M. Rabkin, Une histoire de l'opposition juive au sionisme; plus précisément dans le chapitre 6 «Le sionisme, la Shoah et l'État d'Israël»
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MessageSujet: Re: A propos du sionisme    A propos du sionisme  EmptyLun 20 Nov 2023 - 14:17

Yakov M. Rabkin, né en septembre 1945 à Leningrad (Union soviétique), est un professeur d'histoire contemporaine et un écrivain canadien d'origine russe.
Rabkin discute parfois avec pascal boniface, un activiste accusé d’antisemitisme, pseudo historien et faux spécialiste qui a invente et créé son propre institut base sur ses monologues, et qui ecrit de faux resumes politises de l’histoire du conflit, parfois invité a la television comme specialiste du moyen orient, un mystificateur.

On a photographié pascal Boniface avec alain soral.
A propos du sionisme  Img_8311



Cette opposition ancienne temporaire à complètement disparue.Elle etait basée sur la peur, et certains disaient que le judaisme allait s’étioler si tout les juifs allaient en israel.orce n’etait qu’un choix personnel, et cela allait dans le sens de l’histoire que en réalité, personne n’aide vraiment les juifs s’ils ne prennent pas leur propre destinée en main.
Cet antisionisme juif ultra minoritaire a donc ete passage et a complètement disparu, de plus, plus tard, la shoah a demontre que seul un etat juif pouvait reellement proteger les juifs.


Et ce n’est pas ca , le sionisme.
Le sionisme ou retour sur la terre volée aux juifs, est la promesse de revenir, comme écrit dans les textes de foi juive: si je t’oublie Jerusalem.
Le sionisme a débute en fait dés que le peuple juif a été captif et volé de sa terre.la volonte de revenir.
La defense des juifs captifs par rome etait le vrai debut du sionisme de liberation.

La défiance de jesus face a Rome etait les premiers premices de la résistance sioniste aux divers impérialismes qui ont voulu brimer les juifs a travers l’histoire.
Jésus ne le savait pas encore, il etait le premier grand resistant juif.

C’est pourquoi en tout siecles des juifs gardaient leurs lieux saints, en attendant de retrouver leurs droits.

Tout comme des chretiens maintiennent des lieux saints chretiens, quoi qu’il se passe.

Ca ne date pas de Hertzel ni des mouvements sionistes communistes modernes d’europe de l’est.
Le sionisme n’est nullement né de la shoah, et un renouveau du sionisme a commence des les annees 1900.
Mais son essor exponentiel, oui.

Retrouver des droits politiques sur la terre culturelle des juifs, c’est une volonte de plus de deux mille ans d’attente.


Le texte - livre que vous avez pose est vehicule dans des milieux Pro palestiniens.
Il contient d’ailleurs des théses antisemites disant carrement que les juifs sont responsables de la shoah.
Il est obsolete.


Noé a selectionné ceux qui allaient entrer dans son arche.

Ceux qui allaient decouvrir des terres inconnues, avec l’essor de la marine , sélectionnaient des medecins et des specialistes utiles pour creer un Nouveau Monde.


Bref, le fond , de remonter a la surface les debilités de certains lettreux politises du passé,  n’est pas fait pour provoquer un debat. Il apporte juste de l’eau au moulin des racistes antijuifs pour leur retirer encore et encore, leurs droits politiques.
Les antisionistes defendent les droits de tout les peuples a a voir un état souverain et indépendant, et à leur image, sur leurs terres culturelles.
SAUF aux juifs. Ce n’est pas de la politique. C’est bien un racisme le plus pur quoi soit

Il existe des nés juifs ou israéliens, d’extrême gauche, qui rejettent leur judaisme. Et haissent leurs ancetres, ce qu’ ils sont, et font meme du négationnisme de la shoah. Il y a des juifs antisémites, qui sont d’ailleurs étudiés par des psychanalystes.
C’etait d’ailleurs le theme du film Zelig de Woody Allen.
.


Les vrais antisionistes n’utilisent pas ce genre de texte.
Ils disent que les vrais juifs, les seuls juifs, sont ceux qui veulent detruire Israël, ET Qu’il faut MASSACRER TOUT LES AUTRES. C’est ce qu’ils ecrivent.
Les antisionistes quand ils defilent, ils chantent des chants racistes arabes pronant le massacre des juifs.

L’antisionisme, ce n’est pas la critique de la politique d’un gouvernement israelien. Du tout.
C’est s'opposer aux droit des juifs qui est le sionisme, le retour a la maison.

La guerre entre palestiniens et israeliens c’est le refus arabe d’un etat juif pour un peuple sur sa terre culturelle et ancestrale.
C’est aussi la negation d’un fait: que les palestiniens ne sont pas des palestiniens. C’est a dire qu’ils n’ont pas de relation culturelle avec la palestine, et qu’ils ne proviennent pas de palestine géographique, mais sont des colons arabes tres recents.
Cette négation volontaire politique fait perdurer le conflit a l’infini.



Faire le rapport entre la selection des medecins, specialistes agricoles, etc,

Et la selection des juifs dans les camps de concentration

N’est qu’un ramassis de texte raciste antisemite antijuif.

Point barre.

Rabkin dit que l'État d'Israël n'est qu'un mythe à consonance antisémite.
C’est pourquoi des antisemites ecrivent que les juifs sont tous antisemites.
C’est pourquoi le chef de l’armee russe( qui massacre des ukrainiens) a dit a la television russe que les pires antisemites sont les juifs..
Cela alimente des theses antisemites et c’est tout.

Le sionisme est une philosophie humaniste de libération d’un peuple, pour le retour des droits politiques de ce peuple sur sa terre culturelle, et ce en paix avec tout les peuples.
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