Arnaud Dumouch
Messages : 93473 Inscription : 19/05/2005
| Sujet: Qu'est ce qu'une période de l'Histoire ? 6/10/2006, 13:58 | |
| - Nelly Emont a écrit:
- Je ne suis pas historienne et je vais essayer de ne pas m'embrouiller.
Traditionnellement donc, l'histoire est découpée ainsi : la préhistoire, l'histoire que l'on fait naître en même temps que l'écriture(environ 5000 ans en Mésopotamie) l'Antiquité qui se termine avec la chute de l'Empire romain au Vème siècle, Le Moyen Age européen qui débute au Vème siècle et se termine, par convention avec la prise de Constantinople (1453) et la découverte de l'Amérique par Christophe Colomb en 1492, et les Temps modernes qui débutent à la fin du Moyen Age et se terminent à la Révolution française et l'époque contemporaine.
le changement de découpage provient d'un nouveau regard sur l'histoire. Jusqu'à maintenant, on changeait d'époque en choisissant plus ou moins arbitrairement une date dont on pensait qu'elle était importante. Mais déjà ces "dates" ne montrent pas que l'on change véritablement d'époque. Qu'est-ce qui fait que l'on change d'époque ? Des historiens ont pensé que c'était plutôt lorsque l'on changeait de mentalité. Mais qu'est-ce qui définit une mentalité ? C'est une manière de voir le monde, et un "outillage mental" qui va avec. Par exemple combien de temps pour que l'hypothèse de Galilée soit acceptée et qu'elle transforme véritablement et pour toujours la vision que l'on avait de la terre ? un très long temps, l'hypothèse de Koyré étant que l'on n'accepte pas un changement intellectuel d'une telle importance si l'on n'a pas "l'outillage mental" qui va avec, c'est à dire l'ouverture nécessaire de l'intelligence. Or ce qui fait les changements dans l'histoire, ce ne sont pas les faits, ni les grandes batailles (encore que parfois ça puisse être le cas), mais ce sont ces changements très longs qui font qu'une vision du monde puisse en remplacer une autre. Selon Le Goff donc, le Moyen Age commence dès le II ou IIIème siècle de notre ère "pour mourir lentement sous le coups de la révolution industrielle -des révolutions industrielles- entre le XIX et nos jours". (...) Ce long Moyen Age est pour moi le contraire du hiatus qu'ont vu les humanistes de la Renaissance et, sauf rares exceptions, les hommes des Lumières. C'est le moment de la création de la société moderne, d'une civilisation moribonde ou morte sous ses formes paysannes traditionnelles, mais vivante parce qu'elle a créé d'essentiel dans nos structures sociales et mentales. Elle a créé la ville, la nation, l'Etat, l'université, le moulin et la machine, l'heure et la montre, le livre, la fourchette, le linge, la personne,la conscienet et finalement la révolution. Entre le néolithique et les révolutions industrielles et politiques des deux derniers siècles elle est -au moins pour les sociétés occidentales -non un creux ni un pont mais une grande poussée créatrice -coupées de crises, nuancées de décalages selon les régions, les catégories sociales, les secteurs d'activité, diversifiée dans ses processus". (...) Un autre Moyen Age c'est, dans l'effort de l'historien - un Moyen âge total qui s'élabore aussi bien à partir des sources littéraires, archéologiques, artistiques, juridiques qu'avec les seuls documents naguère concédés aux médiévistes "purs". C'est un Moyen Age long, je le répète, dont tous les aspects se structurent en un système qui, pour l'essentiel, fonctionne du Bas-Empire romain à la révolution industrielle des XVIIIè-XIXè siècles. C'est un Moyen Age profond que le recours aux méthodes etnologiques permet d'atteindre dans ses habitudes journalière, ses croyances, ses comportements, ses mentalités. C'est la période qui nous permet le mieux de nous saisir dans nos racines et nos ruptures, dans notre modernité effarée, dans notre besoin de comprendre le changement, la transformation qui est le fonds de l'histoire en tant que science et en tant qu'expérience vécue. C'est la distance de la mémoire constituante : le temps des grands parents"(...) "Et le Moyen Age -que je serai le dernier à détacher de la continuité historique où nous baignons et qu'il nous faut saisir dans sa longue durée qui n'implique pas la croyance à l'évolutionnisme - est ce passé primordial où notre identité collective, quête angoissée des sociétés actuelles, a acquis certaines caractéristiques essentielles" (Pour un autre Moyen Age, préface). _________________ Arnaud
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Chantecl Invité
| Sujet: Re: Qu'est ce qu'une période de l'Histoire ? 6/10/2006, 19:40 | |
| Parfois les faits historiques marquent tout de même des tournants. Par exemple, la bataille de Waterloo a été une bataille déterminante pour l'avenir de l'Europe, car nous avons alors absculé alors dans une culture anglo-saxone, alors que la culture française était alors la culture européenne. Et l'avenir dira si le 11 septembre n'a pas également marqué un tournant décisif dans l'histoire. Mais je suis d'accord avec cette visions de l'histoire. La révolution néolithique a été une des plus grandes révolutions de l'histoire avec l'agriculture et la sédentarisation. Et on peut en effet considérer que l'exode rural est un tournant décisif de l'histoire. Durant la guerre de 14, un mort sur trois fut un paysan. Mais ces révolutions se font si vite qu'on peut se demander si l'homme arrive à s'adapter aussi vite et s'il n'en souffre pas. |
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lagaillette
Messages : 4121 Inscription : 26/07/2005
| Sujet: Re: Qu'est ce qu'une période de l'Histoire ? 6/10/2006, 23:11 | |
| En souffrant ou pas, l'humanité est bien obligée de suivre le rythme de ses révolutions, rythme qui a l'air de s'accélérer.
Un des grands tournants de l'histoire de l'humanité a été aussi, certainement, l'avènement du christianisme ; à tel point que le calendrier chrétien est devenu calendrier universel. Même s'il continue a y avoir un calendrier chinois, un calendrier musulman, d'autres encore, je suppose, pour ce qui est des relations internationales, c'est le calendrier chrétien qui s'impose. | |
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