- Sanctus Germanus a écrit:
- Bonjour,
Jésus a dit: vous avez pour père le Diable. Quand je regarde la description de Dieu le Père qu'a fait Freud, il fait fausse route. C'est Satan le Diable qu'il a vu, le père du
mensonge.
Bonjour Sanctus, vous touchez là aux limites de la psychanalyse.
Freud et Jung ont butés sur le problème du bien et du mal et n'ont pu dépasser ce dualisme.
On comprend que ce dualisme n'est pas facile à dépasser même pour un chrétien.
Freud voit la religion comme un besoin de "réparer" le monde, de retrouver un paradis perdu, de sublimer le désir toute puissance-infantile en projetant cette tout-puissance sur un dieu en lequel on pourrait prendre part.
La science serait alors la juste vue de la petitesse de l'homme et la juste résignation à la mort.
La science psychanalytique viendrait déconstruire les illusions : dogmes et doctrines qui ne seraient que fanatisme, névrose collective apportant une solution à la névrose individuelle.
C'est au fond une juste critique de toute religion hypocrite et fanatique.
La religion qui se constitue en système de pensée rigide et fermé sur lui-même est dénoncée à juste titre comme paranoïaque.
La phase scientifique est donc l'étape nécessaire pour dépasser une vision religieuse dogmatique ayant réponse à tout.
L'homme doit faire face à la mort sans béquilles mythologiques.
L'homme doit renoncer au principe de plaisir, renoncer à chercher une satisfaction toujours illusoire dans l'objet, dans le monde.
Renonciation qui prend appui sur l'expérience, sur des vérités qui se construisent et non sur une loi religieuse extérieure.
La vérité n'est plus donnée par la religion mais elle est à construire et restera toujours fragmentaire, multiple et personnelle.
Je trouve que cette critique de la religion est constructive car elle empêche désormais de porter toute doctrine à l'absolu.
Voilà pourquoi les traditionalistes et intégristes ont tellement horreur de la psychanalyse.
Cependant, cette critique s'adresse à la caricature du christianisme et non à sa vérité.
L'erreur de la psychanalyse freudienne est de comprendre la vie sous le seul angle matérialiste.
Ce n'est pas une vue fausse mais une vue incomplète.
La vie de la matière est indissociable de la vie de l'esprit et la matière n'est pas cause de l'esprit sans que l'esprit ne soit cause de la matière.
La causalité est réciproque.
La vérité du christianisme n'est pas le bien absolu de Dieu qui s'opposerait au mal, c'est l'amour de Dieu qui ne s'oppose pas au mal.
C'est le Christ qui est transpercé par le mal sans s'y opposer et qui meurt pour nous en délivrer.
L'épreuve du mal, de la souffrance n'est pas niée mais acceptée jusqu'au bout, jusqu'à la mort.
La puissance de Dieu n'est pas de détruire le pécheur mais de lui donner la vie éternelle.
Or la vie éternelle passe par la mort et par conséquent la puissance de Dieu est vue comme la puissance du mal par celui qui n'a pas foi en Dieu.
Or, l'essence de Dieu est don de soi, mort de soi pour que l'autre vive, acte de néantisation de soi et non pas néant en soi.
La création de l'univers n'est pas un caprice de Dieu mais l'effet du don de lui-même par Dieu, c'est Dieu qui meurt pour qu'existe un autre que lui.
Dieu est le Père car il donne sa vie pour le Fils, créant ainsi un autre lui-même qui donne à son tour sa vie, à la fois à son Père et à nous.
Donnant sa vie à son Père le Fils est le Verbe qui nous donne vie.
Donnant sa vie pour nous le Fils est le sauveur qui nous donne la Vie éternelle.
La Vie éternelle est pour le chrétien don de sa vie pour le Christ et non immortalité illusoire.
L'immortalité illusoire, le mensonge, est la volonté de satan de vivre pour lui-même, de désirer la vie éternelle pour lui-même.
Satan n'a pas d'être et n'a que le néant de la volonté mauvaise de l'homme.
L'être n'est que dans le don de soi, la mort à soi-même qui donne la vie éternelle à l'autre, la mort biologique qui permet la vie d'un autre qui connaitra la vie éternelle.
La vie éternelle n'est pas dans un autre monde, elle est dans ce monde l'acte de don de soi, seul acte réel.
Tout acte de don est éternel et réalise dans ce monde le Royaume de Dieu.
Le Royaume de Dieu est de toute éternité en Dieu la vérité de ce monde qui n'a un commencement et une fin que dans notre esprit limité et divisé.