Je me lance :
Il y a une quinzaine d’années, j'avais eu un drame dans ma famille. J’étais déjà croyant mais je pensais qu’un soutien psychologique m’aiderait à surmonter plus rapidement la situation. M’allonger sur le divan me fichait pas mal la trouille, mais j'avais lu - entres autres - qu’en position assise le corps – donc l’esprit aussi – est moins détendu, plus sur la défensive. Aussi je commençais à bien me motiver, toujours hésitant cependant. Deux rêves, à deux jours d’intervalle m’ont décidé.
Je dois d’abord vous dire que je me suis vraiment trouvé en juillet 1997 dans la ville d’Assise, en Italie, deux mois avant le tremblement de terre qui endommagea gravement la basilique, les fresques de Giotto entre autres avaient beaucoup souffert. Avec des amis, nous allions effectuer une randonnée pédestre d’une semaine en parcourant l’Ombrie par monts et par vaux (on passera devant l'arbre aux oiseaux - je crois bien - de saint François, arbre soutenu par des cordes ou des chaînes). Arrivant d’endroits différents, le rendez-vous avait été fixé sur la Grand-Place. Nous attendions les derniers arrivants en prenant un pot à une terrasse.
Je garde en mémoire le souvenir de cette place accueillante, juste avant de traverser, par monts et par vaux, une magnifique province chargée d’histoire.
Peut-être est-ce une des raisons (la randonnée > l'évasion, la détente, le bien-être, le plaisir) qui ont fait que plus tard mon rêve se situait en ce lieu, mais à une autre terrasse, toute proche, à angle droit par rapport à la première. J’y étais assis en compagnie de mes parents, mon père à ma gauche, ma mère à ma droite (ils ne sont plus de ce monde, paix à leurs âmes).
Dans mon rêve je dis : « Il faut trouver la tombe de Jésus. » Mon père dit : « C’est dangereux. » Ma mère : « Oui, mais on peut essayer. » Puis je m’éveillai et notai tout de suite ce rêve (j’ai tjrs un carnet sur ma table de nuit), rêve qui, bien que complètement loufoque, avait été très précis. Vraiment il était si loufoque, si irrationnel, que je le jugeai inexplicable. Pourtant d’ordinaire je parviens assez bien à les analyser.
Je vous en donne tout-de-suite l’explication, initiée plus tard par un psychologue qui me fera une seule remarque : « Jésus dans une tombe , il est allongé. » J’ai pu compléter seul l’explication plus tard.
Lorsque je dis à mes parents : « Il faut trouver la tombe de Jésus », je leur soumets en fait cette proposition : « Il faudrait que je m’allonge sur le divan. » Car la tombe de Jésus, dans le message du rêve, signifiait pour moi l’acquisition de la Connaissance (Jésus, Dieu, la Conscience) grâce à la position allongée (comme Jésus qui serait dans une tombe, en position allongée).
Quand mon père dit : « C’est dangereux, ça », c’est en fait moi-même qui m’exprime, mon côté masculin, volontariste mais prudent !
Puis ma mère dit que « oui, mais on peut essayer » : c’est mon côté intuitif, féminin, maternel, qui m’encourage : même si ça peut paraître dangereux au premier abord, il vaut la peine d’essayer de faire quelque chose de si extraordinaire et « dangereux » : trouver la tombe de Jésus – ou plutôt : aller voir ce qu'il y a dans les profondeurs de mon inconscient.
Et les deux terrasses des cafés, qui forment entre elles un angle droit, ont la même signification. Je dois faire effectuer à mon torse un angle droit pour passer de la position assise à la position allongée. Et peut-être aussi, prendre dans ma vie un virage à quatre-vingt-dix degrés, afin de découvrir de nouveaux horizons.
C’est incroyable, tous les rêves s’expliquent donc, même ceux qui semblent totalement absurdes. Le lendemain matin, une idée me frappa : pour que mon rêve soit le plus apaisant possible, mon subconscient avait bien fait les choses, tout à fait au ras des pâquerettes : il avait placé le rêve à Assise. Qu’il était rassurant ce mot, me rappelant cette position « assise et sans danger ». Dans mon rêve j’étais également assis, d’ailleurs, entouré de mes parents protecteurs. Je ne devais pas être bien loin de m’allonger sur le divan.
Deux nuits plus tard, je fis un second rêve qui scella ma décision.
Face à moi une tranchée profonde de deux mètres, large de trois, qui s’éloignait un peu et revenait en formant un U. Au fond du trou, une multitude de débris d’assiettes, recouverts de quelques millimètres d’eau. J’avais commencé, dans la première branche du U, à trier tous ces morceaux éparpillés pour les réassembler, c’était un travail long et épuisant.
Puis le rêve, sans transition, se poursuivit. J’étais maintenant hors de la tranchée. Devant moi, il y avait comme un amas, où s’empilaient différentes strates. À hauteur de mes yeux, une strate était en minerai d’or.
– Mon premier réflexe fut : « Chic, de l’or. »
– Mon deuxième fut : « Zut ! Il n’est pas pur ! »
– Mon troisième : « Il me suffit de l’extraire. »
Quand je me suis réveillé j’étais aux anges : ce que j’avais dans mon subconscient qui me troublait tant, je pouvais en tirer de l’or.
Quelques semaines plus tard j’étais assis dans le cabinet du psychologue, lui rapportai ces deux rêves, il me fit son unique remarque : « Jésus dans une tombe, il est allongé. » Quelques minutes plus tard je me dirigeai vers le divan. Ma dernière phrase avant de m’y allonger fut :
« Se coucher devant l’autorité ! » – pas fou le garçon, le psy avait intérêt à être gentil avec moi !
Cette thérapie de quelques semaines m'a fait le plus grand bien. Merci monsieur Freud et tous ses successeurs.