Le rôle du Saint-Siège face aux révolutions arabes
De Christophe Dickès dans L'Homme nouveau, à propos des révolutions dans les pays d'Afrique du nord et du Moyen-Orient :
"La diplomatie du Saint- Siège, dont un des premiers objectifs est de défendre les chrétiens du monde entier, notamment dans ces contrées où ils restent une minorité fragile et menacée, doit désormais faire face à un nouveau type de problème. Le souci des révolutions est que, par définition, elles sont le plus souvent incontrôlables et incontrôlées. [...]
Aujourd’hui, tout le monde sait que, derrière les mouvements révolutionnaires arabes, l’islam représenté principalement par les Frères musulmans occupe une place prépondérante. Ces derniers constituent une force dont il faut tenir compte. Et de fait, il ne faut pas aller bien loin pour connaître les conséquences possibles d’une déstabilisation ou de la chute de ces «dictatures» inscrites à gauche politiquement. L’exemple irakien reste dans toutes les mémoires et, plus loin dans le temps, le spectre de Téhéran et de la révolution iranienne de 1979 rôdent. De leurs côtés, les bureaux diplomatiques d’Israël n’en finissent plus d’élaborer des scénarios, redoutant la fin du traité de paix avec son voisin égyptien. Alors que les services de sécurité des pays sont accaparés par ces «transitions démocratiques», les chrétiens d’Orient, déjà peu protégés sous le régime d’Hosni Moubarak, nous apparaissent comme le bouc émissaire idéal de ces passions révolutionnaires sans frein. Néanmoins, l’union des coptes avec des musulmans contre l’ex-Président égyptien peut tout autant constituer un signe, mais sur lequel il serait naïf de compter à long terme. Dans un tel contexte, les alliances se créent aussi rapidement qu’elles se délitent, au gré des intérêts politiques ou, au pire, des mouvements de foules.
Alors que faire ? Depuis plus d’un siècle, nous savons que le rôle international du Saint-Siège est avant tout l’expression d’une autorité morale, impartiale et neutre. Nous savons aussi que le Saint-Siège est un ardent défenseur du droit d’ingérence, comme cela a encore été exprimé il y a deux ans au sein de l’Organisation des Nations unies : «Les États ayant échoué dans leur fonction de protection de leur population doivent endosser la responsabilité juridique de leurs actions ainsi que de leur inaction», souligna à l’occasion le représentant du Saint-Siège à l’Onu, Kuriakose Bharanikulangara. Or les États de cette partie du monde sont en pleine déliquescence. A priori, l’impuissance domine face à ces bouleversements qui peuvent nous renvoyer aux temps les plus difficiles du XIXe siècle. Reste à ce jour, la seule voie [...] exprimée et défendue dernièrement par l’historien Roberto de Mattei dans une lettre à Benoît XVI : «En face de la persécution, il existe des voies politiques et diplomatiques, des dialogues personnels et d’État : c’est cette voie-là qu’il faut plutôt suivre.»"
Michel Janva
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