Bonsoir à tous et à toutes,
Il me semble que vous êtes (pardon, nous sommes) un peu trop « géo-centré ». En effet, la pitoyable situation de l’Église décrite par beaucoup d’entre vous (y compris par Arnaud, que j’apprécie particulièrement sans aucune forfanterie, et je vous rassure, je me range dans la catégorie que je viens de décrire) ne concerne que la « vieille » Europe. L’Afrique et l’Amérique du Sud ne rentrent pas totalement ou pas du tout dans ce schéma de déclin. La raison qui, selon moi, explique cette différence est notre éloignement volontaire de la nature et en particulier de la mort.
Par une sorte de peur panique, nous autres Européens avons rejeté le plus loin de nous notre fin. Un exemple parmi tant d’autres : on ne veille plus nos disparus à la maison, mais on les relègue dans des funérariums impersonnels, un peu comme si la mort était honteuse, en tout cas non montrable. Rien de tout cela n’existe sur ces continents, car la mort y est partout présente. Les rapports qu’entretiennent ces populations avec elle sont alors d’une toute autre nature. Cela ne signifie aucunement que les gens ne la craignent pas, mais elle fait partie de la nature humaine, de la vie tout simplement. Et de là, découle naturellement un besoin intense de spiritualité.
Au contraire d’eux, nous la fuyons par tous les moyens. En y réfléchissant bien, toute notre vie « moderne » est conçue pour nous faire oublier cette fatalité. C’est une course effrénée aux plaisirs, aux divertissements de toutes sortes, dans le seul but de ne pas voir notre propre fin. D’ailleurs, le rejet de la religion peut aussi s’expliquer par ce fait, car, de quoi parlent toutes les religions : de la mort et de l’au-là, ce qu’il faut absolument cacher.
Si, à la fin de ma vie, j’ai le choix, je préfère largement m’éteindre dans un de ces deux continents, car là au moins, je suis sûr que mes amis viendront me voir et qu’ils me tiendront la main jusqu’à mon dernier souffle. Et peu m’importe leur religion, car ce seront des prières d’hommes, adressées à Dieu, mais prononcées à l’adresse du misérable pêcheur que je suis et qu’ils sont.
Il y a quelques jours, j’ai eu la première véritable joie de ma vie chrétienne : un de mes amis m’a demandé comment je priais « mon » Dieu. Je lui ai alors récité le « Notre Père ». Sa réaction ne s’est pas fait attendre, il m’a alors pris la main et m’a déclaré qu’il allait faire sienne cette prière, tant elle correspondait à ce qu’il éprouvait. Je ne l’ai pas converti (ce n’était d’ailleurs pas mon intention), mais j’espère lui avoir montré toute la profondeur de notre foi.