La question de la modification génétique d'organismes est très sensible, surtout quand on parle d'organismes animaux mais même les végétaux. Et il est clair qu'il faut être très prudent et bien réfléchir aux conséquences. Mais comme on est dans la section "philosophie réaliste" du forum, je ne voudrais pas parler ici avec mes tripes et situer les choses au niveau philosophique ;-)
Des chercheurs américains ont annoncé qu'ils avaient réussi à modifier un gène de moustique vecteur de la malaria pour le rendre résistant. L'idée est de faire de même avec d'autres moustiques porteurs et que ce gène se répande dans les populations et fasse disparaître la malaria via ses vecteurs, les types de moustiques en question.
Il me semble que ces recherches sont tout a fait légitimes et même souhaitables en soi, qu'on n'est qu'à un stade plus avancé de la sélection opportuniste des espèces telle qu'on l'a pratiquée par l'élevage et l'agriculture pendant des milliers d'années, ou encore plus récemment par les croisement et greffes. Si je ne m'abuse, c'est même un clerc qui a découvert l'hérédité génétique et l'a exploitée en premier avec des petits pois.
Alors, les questions prudentielles ou émotionnelles mises à part, quelle est la limite *éthique* de telles recherches, jusqu'où peut-on aller en ce domaine? L'Eglise n'a, semble-t-il, pas d'objection de principe quant à la régénération de tissus par reset génétique et/ou usage de cellules souches, tant que leur provenance est conforme à son éthique. En serait-il autrement avec une manipulation comme celle des moustiques, si on parlait d'éradiquer une maladie?
Personnellement, si j'essaie de garder la tête froide et de raisonner uniquement en termes de principes, j'aurais tendance à dire que ce n'est pas contraire à l'éthique. Dans la pratique, ce serait horriblement compliqué, et il faudrait très très sérieusement réfléchir à mille choses (nocivité pure d'un gène vs. biodiversité, ne pas permettre aux parents de faire des bébés sur mesure, etc.) Et si je me cantonne à la philosophie thomiste, je résume tout cela en une seule question: adopte-t-on une attitude animiste comme celle des témoins de Jéhovah vis-à-vis des transfusions sanguines en considérant nos propres gènes comme inviolables?
Spoutnik
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patior ergo sum