Sens de BeauraingC’est au cours de la dernière
apparition 3 janvier 1933 que Marie en vient à la question essentielle :
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Aimez-vous mon Fils ? (parole entendue par la seule Fernande Voisin, juste avant l’adieu final).
Oui, c’est bien la question essentielle, Jean-Paul l’a posée avec force, au cours de la première messe qu’il a célébrée en France, devant le porche de Notre-Dame de Paris, en mai 1980. Le Pape qui avait longuement préparé ce voyage reprit, à destination des Français, la dernière parole du Christ à l’apôtre Pierre, humilié par sa faiblesse et son reniement :
- Pierre, m’aimes-tu ?
La dernière
apparition de Notre-Dame de Beauraing est une invitation à revenir à la source même car la ‘source jaillissante’ c’est l’Esprit-Saint (Jn 7,38-39), l’amour du Père et du Fils, envoyé par le Christ pour rejaillir en nous.
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Aimez-vous mon Fils ? Telle est la question que Notre-Dame pose aujourd’hui encore, à chacun de nous, pèlerins de Beauraing.
Elle ajoute seulement ensuite :
M’aimez-vous ? Elle peut le demander car elle est là, et bien là. Elle nous aime. Elle ne sait point scrupule de mettre dans la balance son amour maternel et celui qu’elle attend de nous en retour. Ce n’est pas pour dissocier notre cœur envers elle et le Christ : aimer le Christ et l’aimer elle, c’est tout un. C’est dans le Christ qu’Elle nous aime. C’est avec Lui, pour Lui, qu’Elle veut être aimée. Ces deux amours ne font qu’un. De même, l’amour des pauvres et l’amour du Christ ne font qu’un seul amour, comme il le dit avec tant de force dans l’Evangile du jugement :
- J’avais faim et vous m’avez donné à manger. J’étais malade et vous m’avez visité. Ce que vous avez fait aux plus petits, c’est à moi que vous l’avez fait, dit encore Jésus.
Cet appel a été entendu à Beauraing. Notre-Dame montre sur sa poitrine le cœur symbole de son amour : un cœur d’or.
Ce signe avait saisi Monseigneur Charue. Les symboles de Beauraing vont plus loin que les paroles, pensait-il et c’est pour cela que Monseigneur Charue avait choisi la fête du Cœur Immaculé comme fête annuelle de Beauraing, le 22 août. Il avait été saisi par le rapprochement entre le Cœur Immaculé de Marie, manifesté par le message de Fatima et le cœur d’or de Beauraing. Déjà en 1830 à la rue du Bac ce symbole était présent. Sur le revers de la médaille miraculeuse, au-dessous de la Croix, figurent les deux cœurs blessés : celui du Christ couronné d’épines et celui de Marie transpercé d’un glaive, selon la prophétie de Siméon (Lc 2, 35).
Le Cœur du Christ, comme le cœur de Marie, c’est un cœur qui a tout donné. C’est un Cœur blessé, transpercé. Celui du Christ le fut physiquement par la lance du centurion, celui de Marie le fut moralement par la compassion. La mort de son Fils qui lui coûtait plus que ne lui eût coûté sa propre mort. Marie a compris que Dieu est Amour. Elle est Amour autant qu’on peut l’être par grâce et par l’accueil de la vie divine. Elle invite pour cela aux conséquences de l’Amour :
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Sacrifiez-vous ! Tel est l’exemple du Christ. Il a porté sa croix pour nous. Sa mort même est le fruit de son amour pour nous : Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime (Jn 15 , 13).
Le sacrifice ce n’est pas un acte négatif, ce n’est pas se faire mal. C’est d’abord connaître les désirs et les besoins de Dieu et du prochain, c’est aller au devant, donner, partager, ne plus compter avec sa peine. Et quand on donne ainsi, on le fait de bon cœur. Notre-Dame a ajouté :
Sacrifiez-vous pour moi !Ces deux derniers mots ont étonné Fernande qui seule a entendu cette parole, mais n’a point varié la-dessus.
Ici Marie semble s’identifier mystiquement à son Fils dont elle est inséparable. A nous de renconter la présence de Notre-Dame dont l’amour reste si proche. A nous de rencontrer l’amour du Christ qu’elle vient nous rappeler. A nous de répondre à la question fondamentale :
AIMEZ VOUS MON FILS ?
Les apparitions de Beauraing village belge en bordure des premiers contreforts des Ardennes, eurent lieu du 29 novembre 1932 au 3 janvier 1933, suivies de près par celles de Banneux. Ce fut l’honneur de Mgr Heylen et de son successeur Mgr Charue, plus tard une des lumières de la Commission théologique de Vatican II, d’avoir compris l’authenticité de ces apparitions et de la ferveur chrétienne qu’elles suscitent.