Le fr. de la Soujeole, théologien dominicain, propose une sorte de radiographie de l'Eglise du Christ qui a ceci de particulier qu'elle permet de rendre compte de tout le donné révélé tel que discerné par le Magistère. Ce pourquoi je vous en propose ici un résumé.
Le point de départ de la réflexion est la distinction opérée dans l'Eglise entre essence et puissance, l'essence étant la réalité du salut (communauté de vie théologale, ou communion des saints) et la puissance étant les moyens du salut (ou médiations de la grâce).
Une seconde distinction intervient au sein de cette puissance, selon que les médiations de la grâce sont parfaites ou imparfaites :
> Médiations parfaites : Parole de Dieu, célébration des sacrements, gouvernement.
> Médiations imparfaites correspondantes : doctrines, rites sacrés, règles de vie.
Ces médiations imparfaites sont tirées de
Nostra Aetate (n°2) qui énonce :
- Citation :
- De même aussi, les autres religions qu'on trouve de par le monde s'efforcent d'aller au-devant, de façons diverses, de l'inquiétude du coeur humain en proposant des voies, c'est-à-dire des doctrines, des règles de vie et des rites sacrés.
L'Eglise catholique ne rejette rien de ce qui est vrai et saint dans ces religions. Elle considère avec un respect sincère ces manières d'agir et de vivre, ces règles et ces doctrines qui, quoiqu'elles diffèrent en beaucoup de points de ce qu'elle-même tient et propose, cependant apportent souvent un rayon de la Vérité qui illumine tous les hommes.
Il résulte de ces éléments que l'ecclésialité d'une communauté se décline selon trois niveaux :
1. Ecclésialité parfaite de l'Eglise catholique, où se trouvent réunis à la réalité du salut tous les moyens du salut.
2. Ecclésialité imparfaite des autres communautés chrétiennes, où la puissance est déficiente car manque certains moyens du salut, dans des proportions différentes selon les cas.
3. Ecclésialité plus imparfaite encore dans les religions non-chrétiennes, où la puissance est déficiente par absence totale des moyens du salut, qui reçoivent cependant une certaine suppléance par les médiations imparfaites de la grâce telles que spécifiées précédemment.
L'essence de l'unique Eglise du Christ étant toujours présente en plénitude, puisque la communion de vie théologale est une. Ce qui d'ailleurs permet d'expliquer le Credo : l'Eglise est Une en essence, et non en puissance.
Sachant qu'ensuite, l'ecclésialité de telle communauté humaine, et le degré de cette ecclésialité, ne préjuge en rien de l'appartenance effective de ceux qui en font partie à la réalité du salut, à l'essence de l'Eglise.
Sources : Le sacrement de la communion - Essai d'ecclésiologie fondamentale (Ed. Cerf, Coll. Théologies) ;
Introduction au Mystère de l'Eglise (Ed. Parole et Silence, Coll. Bibliothèque de la Revue Thomiste) ;
Le mystère de l'Eglise & Les enjeux actuels du dialogue interreligieux,
in Thomistes (Ed. Parole et Silence).