Communauté de Taizé : frère Alois se retire de sa charge et nomme son successeurDepuis dix-huit ans à la tête de la communauté œcuménique fondée par Roger Schutz, frère Alois a annoncé, dimanche 23 juillet, qu’il renonçait à sa charge de prieur. Après avoir consulté ses frères, il a choisi comme successeur un Britannique de confession anglicane, le frère Matthew.
Frère Matthew (à g.) succède à frère Alois (à d.) à sa charge de prieur de la communauté de Taizé. Marija Poklukar
« Dix-huit ans après avoir succédé à frère Roger, alors que le monde et l’Église ont tellement changé ces deux dernières décennies, j’ai senti que le moment était venu qu’un frère entré après moi dans notre communauté reprenne ma responsabilité. » C’est ainsi que le frère Alois, prieur de Taizé depuis 2005, vient d’annoncer dans un message à ses proches qu’il renonçait à sa charge.
La nouvelle est inattendue pour cette communauté dont la règle ne fixe pas le terme ni la durée du mandat du supérieur. Son fondateur, frère Roger, a été prieur de la communauté dont il avait eu l’intuition en 1941 jusqu’à sa mort tragique en 2005.
« Cela fait déjà plusieurs années que j’y réfléchis, et j’ai parlé à tous les frères il y a deux ans pour engager la réflexion : je sentais la nécessité de faire entrer la communauté dans une nouvelle étape de son existence, explique à
La Croix frère Alois.
L’Église et le monde changent tellement que je me demandais : quel est l’appel d’Évangile pour nous aujourd’hui ? »Délicate mission de succéder à Roger Schutz
Allemand de confession catholique, entré à l’âge de 20 ans dans la communauté œcuménique, Alois Löser a eu la lourde et délicate mission de succéder au charismatique fondateur de Taizé assassiné en 2005 au cours d’une veillée de prière. Frère Roger l’avait désigné déjà depuis huit ans pour lui succéder le moment venu.
Frère Alois était alors chargé des relations avec l’Europe de l’Est. Dans les années 1980, il est régulièrement de l’autre côté du rideau du fer, visitant les communautés chrétiennes en Allemagne de l’Est, en Pologne, en Tchécoslovaquie… Autant de pays où Taizé a acquis, par sa présence aux moments douloureux, un immense prestige. Tout naturellement, dès la chute du mur de Berlin, les jeunes de l’Est fourniront de gros bataillons de participants aux Rencontres européennes organisées chaque année dans une métropole au moment du Nouvel An. Comme frère, frère Aloïs a consacré beaucoup de temps à l’écoute et à l’accompagnement des jeunes, une attention qu’il a conservée ensuite durant son prieurat.
« Sans être soumis à une situation d’urgence »
Au moment de passer lui-même la main, il insiste sur son souhait de
« préparer ce passage sans être soumis à une situation d’urgence ». Faut-il y voir l’influence de son compatriote, le pape émérite Benoît XVI ? S’il dit avoir
« admiré sa décision de se retirer en 2013 », il assure qu’elle
« n’a pas interféré » dans la sienne.
Extrait de La Croix