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 ThéoDom : Missionnaires comme Saint Paul

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MessageSujet: ThéoDom : Missionnaires comme Saint Paul   Saint - ThéoDom : Missionnaires comme Saint Paul Empty26/2/2023, 11:15

Saint Paul était un juif de la lignée d'Israël, un pharisien conservateur, irréprochable dans l'observance de la loi, jusqu'à en devenir violent envers les disciples de Jésus.


Alors qu'il allait persécuter les chrétiens sur le chemin de Damas, Paul est « retourné » par le Christ. Il comprend que Jésus est vivant et qu'il doit l'annoncer au monde.


Dans cette vidéo, frère Jean-Michel Poffet, du couvent Saint-Hyacinthe de Fribourg,  nous dresse un portrait simple et touchant de saint Paul.


 Une présentation de l'apôtre qui peut nous inspirer pour devenir missionnaires à notre tour.

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MessageSujet: Re: ThéoDom : Missionnaires comme Saint Paul   Saint - ThéoDom : Missionnaires comme Saint Paul Empty26/2/2023, 11:25




2. La Rencontre, origine de la mission.


« Malheur à moi si je n'annonce pas l'Évangile ! » (1 Corinthiens 9, 16) C'est un cri de saint Paul. Oui, c'est toute la question. Quand on est chrétien, on désire être témoin du Christ mais comment ?
Je vais donc aborder cette question pas seulement de l'Évangile mais d'évangéliser, c'est-à-dire : porter la Bonne Nouvelle, en particulier aux pauvres, - pas seulement sociologiquement – à tous ceux qui ont le cœur brisé, à tous ceux qui, peut-être, désespèrent de la vie, et leur parler d'une Bonne Nouvelle, une nouvelle essentiellement bonne, parce qu'elle parle de la victoire du Christ sur la mort, sur le péché et sur la violence.


La résurrection et la mission


Et pour cela j'aimerais commencer par l'envoi du Christ après Pâques. A la fin des Evangiles, par exemple la finale de l’Evangile de Marc, au chapitre 16 : « Allez dire à ses disciples et à Pierre qu'il vous précède en Galilée » (Marc 16, 7), pas seulement dans la Galilée au nord de la Terre Sainte aujourd'hui, mais sur les chemins de la mission.

C'est encore plus clair dans la finale de l’Evangile de Matthieu, au chapitre 28 : « Allez donc de toutes les nations, faites des disciples les baptisant au nom du Père du Fils et du Saint-Esprit et leur apprenant à observer tout ce que je vous ai prescrit. Et voici que je suis avec vous pour toujours jusqu'à la fin du monde. » (Matthieu 28, 19-20). Vous savez que c'est le sens du mot « Emmanuel », « Dieu avec nous », pour toujours.

Ou encore Jésus à Marie-Madeleine qui lui apparaît après Pâques : « Va trouver mes frères et dis-leur :  je monte vers mon père et votre Père, vers mon Dieu et votre Dieu. » (Jean 20, 17)

Tout commence donc par cette rencontre avec le Christ vivant, qui nous envoie témoigner de lui.

Et puis il y a quelqu'un d'autre qui a été envoyé comme témoin de l'Évangile. C'est précisément Paul de Tarse.

Paul, l’ancien tradi-violent


Paul qui était un juif, c'était un pharisien. « Pharisien » ça veut dire « séparé ». Le mouvement des pharisiens se constitue dans les deux derniers siècles avant Jésus-Christ environ, dans un moment où les mœurs païennes pesaient fortement sur la société juive, un peu comme aujourd'hui. Et par conséquent, les croyants par mesure de fidélité, mais aussi de protection, se considèrent comme des résistants spirituels, des séparés de l'intérieur, des pharisiens.

Et Paul dit bien qu’il est fier de ses origines pharisiennes, il est un juif circoncis le 8e jour, de la race, plutôt de la lignée d'Israël, de la petite tribu de Benjamin, mais surtout quant à la loi, un pharisien, il ajoute quant au zèle, un persécuteur de l'église. Parce qu’il n’est pas seulement un tenant de l'observance de la loi mais il le fait jusqu'à être violent.

Et puis quant à la loi, l'observance de la loi, un homme irréprochable. Il le dit encore dans le début de l'épître aux Galates : « Vous connaissez ma conduite autrefois dans le judaïsme quand je surpassais tout le monde ». Eh bien cet homme qui était au-dessus, qui surpassait tout le monde, qui était un fidèle jusqu'à être violent pour les traditions des pères, un « tradi violent », cet homme-là va être retourné par le Christ au chemin de Damas. Et dorénavant, ayant rencontré Jésus, il ne sera plus le même.

La conversion de Paul, départ de sa mission


Pour Paul de Tarse, la rencontre avec le Ressuscité se fait au chemin de Damas, alors qu’il partait persécuter des Chrétiens. Pourquoi ?


Il avait entendu dire lui, comme juif observant pharisien, qu’un groupe de croyants appelés les nazoréens, les compagnons de Jésus de Nazareth, prétendaient qu’était venu le Messie et que c'était ce Jésus qui avait été condamné par les autorités juives pour non-observance de la loi et condamné par les Romains au terrible supplice de la croix. Pour lui c'est tout simplement impensable, qu'un homme condamné pour non-observance de la loi, soit le Messie d'Israël, et que quelqu'un qui meurt de cette manière, soit le Messie qu'il attendait.


Donc c'est le Christ qui le rencontre et qui le jette à terre, d'une certaine façon, et qui va s'emparer de son cœur et s'emparer de sa vie.
Saint Jean Chrysostome a un très beau commentaire sur ce passage. Il dit que Jésus a appelé les disciples au bord du lac de Tibériade quand ils réparaient leur filet, mais pour Paul, c'est le Christ du haut du ciel qui l’a pris dans son filet.


 Et à partir de ce moment-là, le Christ s'entretient avec Paul dans son cœur, écrit Jean Chrysostome : « Quand le Seigneur daigna révéler en moi son fils » (Galates 1, 16).


Il comprend alors que Jésus est vivant, que c'est bien le Crucifié détesté, que c'est maintenant ce Christ vivant qui l’envoie et qui l’envoie, lui, Paul en particulier, pour porter l'Évangile au loin, c'est à dire aux païens, à tous ceux qui, d'une manière ou de l'autre, sont loin d'une observance stricte de la loi, soit qu’ils ne l'aient pas connue, soit qu’ils sont pécheurs. Et Paul doit aller leur dire que le Christ est mort pour eux. Il est mort pour tous.

Être touché avant de témoigner


Donc de même que à la fin de l'Évangile on voit le Christ envoyer les disciples pour témoigner de lui, on voit aussi que Paul est envoyé par le Christ auréolé de la lumière de Pâques, pour porter cette Bonne Nouvelle. 


Et Paul le fera jusqu'à Rome, la ville de son martyre.


Pour être un témoin de l'Évangile, il faut donc d'une part être touché par le Christ, que cet Évangile, cette Bonne Nouvelle soit bonne pour moi et qu'elle soit à la source de ma joie et de mon espérance et d'autre part il faut être envoyé et c'est comme ça que le Christ envoie ses disciples à la fin de l'Évangile comme aussi il envoie Paul après s’être saisi de lui au chemin de Damas.




frère Jean-Michel Poffet

Frère Jean-Michel Poffet habite à Fribourg, en Suisse. Il est bibliste et a été directeur de l'École biblique et archéologique française à Jérusalem de 1999 à 2008 et en 2023. Il a publié de nombreux ouvrages : La Patience de Dieu. Essai sur la miséricorde (Desclée, 1992), Jésus et la Samaritaine (Cahier Évangile, Cerf, 1995), Paul de Tarse (Nouvelle Cité, 1998), Heureux l'homme, la sagesse chrétienne à l'école du Psaume 1 (Cerf, 2003), Regards sur le Christ (Parole et Silence, 2017), 7 petits mots de l’Évangile (Cerf, 2021). Cette série ThéoDom fait suite à la réflexion que frère Jean-Michel a mené en écrivant : "Évangéliser, oui mais comment ?" (Cerf, 2022).
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MessageSujet: Re: ThéoDom : Missionnaires comme Saint Paul   Saint - ThéoDom : Missionnaires comme Saint Paul Empty5/3/2023, 10:20



3. La Résurrection, fondement de la mission.


« Le Christ est ressuscité ! alléluia ! » C'est ce que nous chantons dans la nuit de Pâques. Peut-être oublions-nous parfois qu’auparavant, il y a eu le vendredi Saint, le scandale de la croix, la longue attente du samedi Saint. Et on peut dire que, d'une certaine façon, le Christianisme est un désespoir surmonté.

Pour expliquer cela, je vais partir des rencontres du Christ avec les disciples, après Pâques.


Les désespérés


Et je commencerai par Marie-Madeleine. Marie-Madeleine, est-ce que le matin de Pâques elle se dit : « Je vais aller au tombeau mais en fait le Christ est ressuscité, il nous l'avait dit… » ? pas du tout ! Elle veut aller se recueillir au tombeau. Elle voit le tombeau ouvert et qu'est-ce qu'elle dit ? « On a enlevé le Seigneur et je ne sais pas où on l'a mis. » Elle est tout en pleurs, perdue dans son chagrin.

Les disciples d'EmmaüsLes disciples d'Emmaüs, ils sont en train de quitter Jérusalem alors que le Seigneur leur avait demandé d'y rester et qu'est-ce qu'ils disent lorsque Jésus les approche sans être encore reconnus par eux ? 

En effet, ils n'ont pas la foi, ils ne peuvent pas le reconnaître. Ils le prennent pour le jardinier : « Tu es bien le seul à ne pas savoir ce qui s'est passé… 
Nous attendions, nous, qu'il allait restaurer Israël etc… Et voilà déjà trois jours que tous ces événements se sont passés, sa mort etc… » (Luc 24, 17). 
Et donc ce sont des disciples déçus de Dieu, en colère même, et en tout cas qui partent. Voilà. Ils abandonnent le terrain.

Thomas ! Thomas, il n'était pas là un dimanche matin, alors que les chrétiens s'étaient rassemblés. Ils lui disent que le Christ leur est apparu, qu'il est vivant et Thomas de leur dire : « moi si je ne mets pas mon doigt dans son côté, dans ses plaies, je ne croirai pas. » 
Donc lui, c'est un sceptique, ou un croyant difficile. C'est-à-dire que Jésus ne lui fait aucun reproche, mais Thomas veut être sûr que ça n'est pas simplement une idée. 
Le Christ avait dit qu'il vivrait, donc il doit être vivant ! Les disciples ont assisté à la mort de Jésus, ils l'ont vu torturé, et par conséquent, il veut être sûr que Jésus est vivant. Et le Christ va être vivant devant lui.


Les disciples dont parle Mathieu aussi à la fin de l'Évangile, certains croient mais d'autres eurent des doutes (Matthieu 28, 17).

Une rencontre qui guérit


Alors, je trouve très beau ce réalisme des Evangiles, qui nous montre qu’on ne passe pas comme ça en chantant, du vendredi Saint au matin de Pâques.

Il y a le choc de la mort. Il y a le grand silence du samedi Saint

Et puis il y a la rencontre, la rencontre avec le Christ vivant qui console Marie-Madeleine, qui guérit le doute de Thomas, qui guérit le doute aussi des disciples (la finale de Mathieu) qui guérit le scepticisme des disciples d'Emmaüs et qui ensuite leur dit : « la paix soit avec vous ». 
Ou à Marie-Madeleine, qu’Il appelle par son nom et alors elle se tourne vers Lui et elle mesure alors que c'est bien Jésus qui est vivant et qui est devant elle.

Départ de mission


C'est donc tout le témoignage rendu à l'Évangile qui part de là. Nous sommes les témoins d'un Christ vainqueur de la mort, du péché, de la violence et c'est ce Christ qui nous envoie porter, et sa paix, et son espérance et cette Bonne Nouvelle.

Paul


Cela est décisif aussi pour Paul, parce que, sur le chemin de Damas, quand le Christ lui est apparu, Paul comprend en un instant, premièrement que c'est bien ce Jésus de Nazareth crucifié qui est vivant, et que c'est ce Christ vivant qui maintenant va diriger sa vie et que ce n'est plus la loi, lui qui était un apôtre irréprochable, mais c'est le Christ vivant, et c'est lui qui l'envoie maintenant comme témoin.

Et cela va avoir des conséquences pour Paul, depuis sa première lettre aux Thessaloniciens et à travers toutes ses lettres, on voit que Paul est le témoin de ce Christ lumineux de Pâques, et c'est cette orientation vers la Résurrection qui va qualifier la vie des Chrétiens, toute notre vie, ce que nous croyons, ce que nous vivons, les combats que nous menons. Il doit y avoir un quelque-chose de cette lumière de Pâques qui passe et c'est très beau.
 

Le temps se fait court


Par exemple dans la première lettre aux Corinthiens, au chapitre 7, Paul écrit aux Corinthiens : « le temps se fait court » (1 Corinthiens 7, 29-31). 
En fait c'est un terme de marine, c'est-à-dire, on a largué les voiles, on a réduit la voilure du bateau, parce qu’on est en train d'arriver au port et si on ne le fait pas, eh bien le bateau va taper dans les pierres du port. Par conséquent, on ralentit la vitesse, mais parce que on voit le but du voyage, qui est là. 

Et la conséquence : « que désormais ceux qui ont femme vivent comme s'ils n'en n'avaient pas, que ceux qui pleurent, comme s'ils ne pleuraient pas, ceux qui sont dans la joie, comme s'ils n'était pas dans la joie, ceux qui achètent, comme s'ils ne possédaient pas et ceux qui usent de ce monde, comme s'ils n'en usaient pas vraiment, car elle passe la figure de ce monde. » (1 Corinthiens 7, 29-31).

Alors le Chrétien n'est pas quelqu'un qui fait semblant. C'est pas ça.
Mais même si vous êtes dans la joie, rendez grâce à Dieu mais n'oubliez pas qu'il y en a d'autres aussi, qui passent par le chagrin. 
Vous pleurez, vous avez perdu un être cher, vous êtes dans la détresse. Que cette détresse ne soit pas le tout de votre vie.
Vous usez de ce monde, eh bien oui, vous menez votre métier, vos affaires… Que ce ne soit pas le tout de votre vie. 

Laissez toujours un espace pour cette orientation de votre vie vers le Christ Jésus, puisque notre vie ne s'arrêtera pas à notre mort, mais c'est vers Lui que nous allons, que nous vivons. C'est Lui que nous prions, et ça, ça donne un air pascal à toute notre existence.

Pour aller plus loin :
frère Jean-Michel Poffet, Évangéliser oui, mais comment ? Paris, Cerf, 2022.

frère Jean-Michel Poffet


Frère Jean-Michel Poffet habite à Fribourg, en Suisse. Il est bibliste et a été directeur de l'École biblique et archéologique française à Jérusalem de 1999 à 2008 et en 2023. Il a publié de nombreux ouvrages : La Patience de Dieu. Essai sur la miséricorde (Desclée, 1992), Jésus et la Samaritaine (Cahier Évangile, Cerf, 1995), Paul de Tarse (Nouvelle Cité, 1998), Heureux l'homme, la sagesse chrétienne à l'école du Psaume 1 (Cerf, 2003), Regards sur le Christ (Parole et Silence, 2017), 7 petits mots de l’Évangile (Cerf, 2021). Cette série ThéoDom fait suite à la réflexion que frère Jean-Michel a mené en écrivant : "Évangéliser, oui mais comment ?" (Cerf, 2022).
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MessageSujet: Re: ThéoDom : Missionnaires comme Saint Paul   Saint - ThéoDom : Missionnaires comme Saint Paul Empty12/3/2023, 10:52



4. La Fraternité, au coeur de la mission.



Paul veut être tout entier fidèle à la révélation qu'il a reçue à l'Évangile du Christ. Il est serviteur du Christ, mais pour rendre crédible cet évangile, il n'est pas autoritaire, et il fait tout le contraire. Il s'approche humblement des communautés et les sert. C'est seulement dans cet abaissement, dans cette humilité, dans cette fraternité et cette proximité, qu'il donne ses lettres de noblesse à l'Évangile. Par là il est tout proche du Christ Jésus.



La première lettre aux Thessaloniciens


Comment évangéliser ? J'ai trouvé quelques éléments de réponse dans le premier document du christianisme, qui est aussi la première des lettres de Paul, la lettre de Paul aux Thessaloniciens, qu'il a écrite dans les années 50, c’est-à-dire bien avant les évangiles qui sont écrits à partir des années 70, 80, 90.

Vous avez fait l’expérience…


Dans cette lettre, à 7 reprises, Paul dit « vous savez comment », et deux fois seulement ce sont des prescriptions, un enseignement qu'il a donné. Mais il y a 7 fois où cela renvoie seulement à une expérience.


Au chapitre premier, verset 4 : « Nous le savons, vous avez été choisis parce que notre parole chez vous n'a pas été que des paroles mais la puissance de l'Esprit… » 


Au verset 5, premier chapitre : « Vous savez comment nous nous sommes comportés au milieu de vous, pour vous,… » Je vais y revenir. 


Chapitre 2 : « Vous savez frères, comment nous sommes venus chez vous, ça n'a pas été en vain, pour rien… » 


Chapitre 2, verset 2 : « Nous avions, vous le savez, enduré à Philippe des souffrances et des insultes…  Vous le savez donc, c'est une expérience ». 


Chapitre 2, verset 5 : « Jamais nous n'avons eu un mot de flatterie, vous le savez… ». 


Verset 11 : « Comme un père pour ses enfants, vous le savez, nous vous avons chacun de vous exhorté… » 


Et encore, au chapitre 3 : « Quand nous étions près de vous, nous vous prédisions que nous aurions à subir des tribulations et c'est ce qui est arrivé, vous le savez… »
 
 

Présent à distance



Paul qui a été chassé de Thessalonique, après quelques semaines qu'il aurait passé près de cette communauté, peut-être un mois, deux mois, guère plus, a été chassé de la communauté, et puis quand il arrive à Athènes, à Corinthe, il leur écrit pour prendre de leurs nouvelles. Il envoie Timothée prendre de leurs nouvelles. 


Et Timothée revient vers Paul avec une bonne nouvelle : Ils tiennent bon ! Même s'il y a quelques corrections à opérer. Et par conséquent, dans cette lettre que Paul leur écrit, c'est toute sa présence d'apôtre qu’il leur donne. Alors qu'il est absent, il sera présent par la lettre.




Il s'appuie sur l'expérience très concrète qu'ils ont eue de l'Évangile. L'Évangile n'a pas été simplement des mots, une théorie, mais a été une parole forte, parole de plénitude, appuyée par l'Esprit Saint, avec de la joie jusque dans les tribulations.


Paul converti par le Christ


Et puis il a ce verset magnifique : « Vous savez comment nous nous sommes comportés au milieu de vous pour vous. » (Chapitre 1, verset 5). Rappelez-vous, Paul quand il parle de sa vie, avant la rencontre avec le Christ, disait qu'il était au-dessus de tout, au-dessus des autres croyants. 


Mais ça c'est le Paul d'avant. Le Paul d'après : « Vous savez comment nous avons été au milieu de vous et pour vous ».


Ce faisant il évoque, sans le dire, une parole de Jésus, le soir du Jeudi saint. Luc nous la rapporte au chapitre 22 de son Évangile. 


Après que Jésus leur ait partagé son corps et son sang, il leur annonce sa mort et les disciples discutent pour savoir qui était le plus grand. C'est absolument incroyable. 


Le soir du Jeudi Saint… Jésus les reprend en leur disant : « Qui est le plus grand ? Celui qui est à table ou celui qui sert ? » Evidemment celui qui est à table… « Et moi je suis au milieu de vous comme celui qui sert. »

Ne pas s’imposer


Et Paul dit à cette communauté « au milieu de vous, pour vous, telle a été notre attitude, vous le savez » Et il poursuit : « Alors que nous aurions pu nous imposer comme apôtre du Christ ».


Puisqu'il a une révélation, qu'il doit y être fidèle, qu'elle exige l'obéissance de l'intelligence et de toute la vie… La tentation pour l’apôtre est de se draper de cette autorité du Christ, qu'il nous donne et de faire passer, d'une certaine façon, notre désir de nous imposer.


Paul, pour rendre crédible son message fait le contraire, et c'est là qu'on voit qu'il a été reconfiguré par le Christ : « Nous avons été au milieu de vous pour vous ; nous aurions pu nous imposer comme apôtre du Christ, nous y avons renoncé… »



Les images familiales


Ensuite, il recourt à des images magnifiques : « Comme une mère prodigue ses soins à son petit, ainsi en vous transmettant l'Évangile, nous aurions voulu vous donner quelque chose de toute notre vie, tellement vous nous étiez devenus chers. »


 Autrement dit, il se compare à la maman en train de rassurer son tout-petit et de l'allaiter. Paul se compare quand il transmet l'Évangile à cette attitude première de proximité et d'affection.


Ensuite il dira : « comme un père qui exhorte ses enfants… »


Et puis, il les appelle « frères ».


Il y aurait encore le registre conjugal dans la deuxième lettre aux Corinthiens, quand il dit qu'il a présenté les chrétiens « au Christ comme à l'époux ».
Donc ça veut dire que ce sont les relations humaines fondatrices : c'est à dire mère, père, frère et le registre conjugal qui sont les canaux par lesquels l'Évangile va passer. 


Quand ces relations sont belles, qu'elles sont droites, c'est magnifique ! Quand elles sont abîmées – et on le voit dans les crises d'aujourd'hui – c'est tout à fait dramatique.


Donc, pour revenir à notre thématique de l'évangélisation, c'est en étant configuré au Christ, au Christ humble, que Paul a donné des lettres de crédibilité à la mission évangélique, au milieu de vous, et pour vous. 


Et cela explique sans doute pourquoi, avec des collaboratrices et des collaborateurs, il a pu fonder des communautés, depuis Antioche jusqu'à Rome.


« Au milieu de vous pour votre service », comme le Christ.
 
Pour aller plus loin :
frère Jean-Michel Poffet, Évangéliser oui, mais comment ? Paris, Cerf, 2022.
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MessageSujet: Re: ThéoDom : Missionnaires comme Saint Paul   Saint - ThéoDom : Missionnaires comme Saint Paul Empty19/3/2023, 10:39



5. La grâce et la paix, sens de la mission.


« A vous la grâce et la paix », c'est comme ça que Paul commence plusieurs de ses lettres, par cette salutation. Alors, comme bibliste, je suis un peu comme un balayeur de rue, qui enlève toute la poussière accumulée, non pas sur le trottoir, mais ici sur les mots de la religion, les mots usés que nous employons, que nous entendons, dont nous ne savons plus très bien le sens.


La grâce


Alors justement aujourd'hui, la grâce.
« Paul, Sylvain et Timothée, à l'église des Thessaloniciens, qui est en Dieu le Père et dans le Seigneur Jésus-Christ, à vous la grâce et la paix. »
Qu'est-ce que ça veut dire « la grâce » ? C'est un autre mot pour dire « le don », pour dire « la gratuité ». Nous sommes sauvés par grâce et non pas par l'observance de la loi.

L’opposé des pharisiens


Nous ne sommes pas sauvés par par notre perfection, même si nous sommes appelés à devenir des saints.


Au point de vue logiciel, si vous voulez, c'est l'opposé du logiciel de pharisien qu’était Paul : fier d'être observant, parfait, irréprochable. Rappelez-vous la parabole du pharisien et du publicain dans l'Évangile. Lorsque le pharisien s'avance devant Dieu, dans sa prière, pour dire : « Je jeûne deux fois la semaine, je donne la dîme de mes biens – entre parenthèses, c'est pas mal – mais je ne suis pas comme ces publicains, ces pêcheurs… » Et Jésus dit : « mais c'est le publicain qui s'en retourne pardonné », parce que le premier est tellement orgueilleux et sûr de lui, qu’il n'a pas besoin de salut.


Eh bien le Paul pharisien qui se voyait comme irréprochable, a été rejoint au chemin de Damas par le Christ, qui lui a révélé son amour. Et Paul, par conséquent, dorénavant, va se voir comme objet de la miséricorde de Dieu : « Il m'a été fait miséricorde à moi aussi, j'ai persécuté l'Église de Dieu… »


A partir de ce moment, l'irréprochable, sûr de lui pharisien, devient un homme beaucoup plus humble, aimé par le Christ, et qui va faire découvrir aux pécheurs, aux non-juifs que, eux aussi, sont aimés.

La grâce, le premier mot du Nouveau Testament ?


Donc ça nous montre l'importance de ce petit mot « la grâce ». Il intervient une centaine de fois dans les lettres pauliniennes. Alors c’est significatif, le fait que dans la salutation, comme toute première ligne, de cette première lettre, ce premier document du christianisme, on a ce souhait que la grâce et la paix soient avec vous. C’est tout à fait important.

La première liturgie


Le renouveau liturgique nous l’a redonné comme salutation, au début de la messe. Ce n’est pas seulement : « le Seigneur soit avec vous », mais « vous donne la grâce et la paix ». Cette salutation, elle nous vient des premières communautés chrétiennes. C'était déjà une salutation de type liturgique.


Et au lieu de dire simplement, comme les lettres de l'Antiquité : « salut », ou bien « porte-toi bien » – c'est ainsi que les lettres commençaient – la lettre chrétienne et apostolique de Paul commence par « La grâce et la paix soit avec vous ».


C'est parce que nous ne sommes pas sauvés par notre perfection, nous sommes appelés à devenir des saints, mais nous ne pouvons le devenir qu'avec l'aide de Dieu.

De la grâce à la paix


Tout le monde est appelé parce que tout le monde est né. Et ça c'est une bonne nouvelle radicale et fondamentale, si bien que nous sommes par-là conduits vers la paix.


Saint Thomas d'Aquin, dans le commentaire qu'il donne aux lettres pauliniennes, écrit que cette petite salutation : « la grâce et la paix », c'est le début de la vie spirituelle, c’est le but et la fin de la vie spirituelle.


Pourquoi c'est le début ? Parce que c'est l'accueil du pardon de Dieu. Et pourquoi c'est la fin ? Mais parce que cela me conduit à être pacifié, dans une relation de paix avec Dieu, puisque je suis aimé et sauvé par le Christ. Attitude de paix aussi avec les autres… Et puis, paix aussi avec moi-même. De la grâce à la paix…

Ambassadeurs de paix


Et Paul est devenu ainsi ambassadeur de la grâce du pardon, et puis un créateur de communion et de paix. Si bien que cette petite salutation, ce ne sont que deux mots. Ces deux mots qui nous sont proclamés aussi au début de l'Eucharistie. Eh bien, ils signalent un itinéraire, l’itinéraire de l'éblouissement du chrétien qui sait qu’ il a reçu un don merveilleux. Le Christ a donné sa vie pour moi et cela peut me transfigurer, me transformer.


Et je suis devenu un ambassadeur de ce don gratuit pour les autres, et par là aussi un ouvrier de paix (et pas de division).


Nous savons que la poursuite de la perfection va souvent avec de l'orgueil : (qui est meilleur que l'autre ? qui est plus observant que l'autre ?) Tout cela amène à des divisions, alors que si nous vivons de la gratuité du salut, c'est plutôt un chemin de communion et c'est un chemin de paix.


Voilà comment deux petits mots qui pourraient être empoussiérés et fatigués : « la grâce et la paix » signalent en fait un don extrêmement profond et précieux : le don de Dieu à chacune et chacun.
 
 
Pour aller plus loin :
frère Jean-Michel Poffet, Évangéliser oui, mais comment ? Paris, Cerf, 2022.
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MessageSujet: Re: ThéoDom : Missionnaires comme Saint Paul   Saint - ThéoDom : Missionnaires comme Saint Paul Empty26/3/2023, 11:29



6. La Communion pour vivre la mission.



Paul ne parle pas seulement de communion. Mais il montre concrètement qu'il est un serviteur de la communion, en s'adjoignant Sylvain et Timothée comme auteurs de la lettre aux Thessaloniciens par exemple, ou en écrivant toute cette lettre en « nous », ou encore en honorant la communauté à laquelle il parle. Autant de signes qui vont accréditer sa parole.



Un Dieu de communion


L'Évangile dont Paul est apôtre ou témoin est essentiellement un évangile de communion et c'est cet aspect que je voudrais souligner à partir des lettres de Paul. Il est fondamental, tout simplement parce que Jésus nous a révélé Dieu comme père, et qu'il nous donne son Esprit. La Trinité, c'est notre Dieu comme Dieu de communion entre les personnes.
C'est cet évangile là que Paul prêche et c'est cet évangile dont il est le témoin. C'est cet évangile qu'il met en œuvre par sa prédication et je voudrais le montrer à partir de petits indices issus notamment de la première lettre aux Thessaloniciens.

Une écriture à plusieurs


Lorsqu’il commence ainsi : « Paul, Sylvain et Timothée à l'église des Thessaloniciens qui est en Dieu le Père et dans le Seigneur Jésus-Christ… » Alors, Paul, Sylvain et Timothée, ils sont trois. C'est que Paul associe Sylvain et Timothée aux titres de auteurs de la lettre. C’est avec eux qui il a annoncé l'Évangile à cette communauté.

Cela n'a l'air de rien. C'est pourtant tout à fait exceptionnel dans les lettres de l'Antiquité. Nous en avons des centaines et même des milliers qui nous ont été conservées. On a en général un seul auteur. C'est très très rare qu’il y en ait plus qu'un.

A l’inverse, c'est constant dans les lettres de Paul. L’exception, c’est l’épître aux romains, parmi les lettres identifiées comme sûrement dictées par Paul. Autrement dit ça devient une marque de fabrique.

Est-ce que c'est important ? Oui, c'est important, parce que pour transmettre un évangile de communion, c'est quand même mieux si on est soi-même en communion avec d'autres.

Paul associe donc comme co-auteur de la lettre, ici Sylvain et Timothée, ses collaborateurs dans l'annonce de l'Évangile à Thessalonique. A Corinthe il associera Sosthène par exemple. Ou bien dans le billet à Philémon c'est « Apphia notre sœur, Archipe notre frère d'armes » associés avec Paul.

Un gage de crédibilité


Alors est-ce que c'est important ? Oui je crois que c'est très important, parce que si vous voulez être crédible lorsque vous annoncez évangile de communion, c'est quand même mieux si vous même en avez quelque expérience d'une part et je dirais même, quelque visibilité. Si vous parlez d'un évangile de communion et que vous êtes toujours tout seul, et en plus autoritaire, vous serez difficilement écouté.

Une écriture en « nous »


Et puis il y a un deuxième indice, c'est que toute la lettre est écrite en « nous », pas en « je ».

Certes, de temps en temps, parce qu'on ne se refait pas, le « je » de Paul ressort. « Nous avons voulu venir chez vous à plusieurs reprises », écrit-il au chapitre 2 de la lettre, « moi-même Paul, à plusieurs reprises, mais Satan nous en a empêchés ». « Nous vous avons envoyé Timothée pour vous affermir et réconforter vu que vous avez des tribulations à souffrir, je vous ai envoyé... » donc à deux reprises au moins… le « je » de Paul ressort, mais toute la lettre est écrite en « nous ».

Et quand on sait la forte personnalité de l'apôtre, ça nous montre que cette dimension de communion est importante.

Pas de titre d’apôtre


Et j'ajouterai un troisième indice c'est que dans cette première lettre, Paul ne se donne même pas le titre d' « apôtre ».
Il le fera dans toutes les lettres ensuite. C’est tout simplement parce qu'il n'est pas encore mis en cause et attaqué. En effet, il n'avait pas, pour ceux de Jérusalem, la légitimité requise, puisqu'il n'avait pas connu Jésus. Alors quand on va l'attaquer, il va souligner son titre d'apôtre. Il est apôtre par une révélation du Christ.

Mais quand il n’est pas attaqué, eh bien Paul, Sylvain et Timothée sont tous les trois sur le même rang, les trois en communion.

Le but de l’évangélisation


Au chapitre 3 de la lettre, Paul précise pourquoi il avait envoyé Timothée prendre des nouvelles de cette communauté laissée seule sans ceux qui l'avaient fondée, et il le dit en toutes lettres : « Nous avons envoyé Timothée notre frère et le collaborateur de Dieu dans l'Évangile du Christ, pour vous affermir et vous réconforter dans la foi, pour que personne ne se laisse ébranler par ces tribulations. »

C’est le but de l'évangélisation et c’est très beau.

Affermir


D’une part affermir, c'est le pôle de solidité, pour que les croyances hier comme aujourd'hui ne soient pas emportées à tout-vent de doctrines, suivent ce qui est à la mode. Affermir, en hébreu ce serait la fameuse racine « Aman », qui va nous donner notre « amen », qui veut dire « c'est solide », « je peux m'appuyer là-dessus », « ça tient ».

Consoler


Voilà affermir, et puis il y a un deuxième pôle à l'évangélisation, à la prédication, c'est consoler, réconforter.

Et là, je dirais plutôt que c'est le pôle de tendresse. C'est magnifique, et ça nous rappelle la deuxième partie du livre d'Isaïe dans l'Ancien Testament, un passage qu'on connaît bien : « Consolez, consolez, mon peuple » (Isaïe 40,1). Dites-lui qu'il a assez souffert. La consolation devient une marque de Dieu pour les croyants. Le Prophète n'appelle plus simplement à la conversion, mais le peuple a tellement souffert qu’il imagine un Dieu consolateur.

C'est ce qu'on nous dit du vieux Siméon au début de l'évangile de Luc : « il attendait la consolation d'Israël » (Luc 2, 25).

Eh bien Paul conçoit sa mission à la suite du Christ comme étant quelqu'un qui vient, par l'Évangile, affermir les croyants mais aussi les consoler.

Et puis comme nous l'avons vu dans les images qui lui viennent à l'esprit, pour lui, un évangélisateur, c’est comme une mère, (c’est la tendresse), c’est comme un père, (c’est plutôt la force) et il appelle les chrétiens frères.

Frères, une frontière est tombée


Je voudrais enfin souligner comment il s'adresse à cette communauté de Thessalonique, comment il leur parle, parce que le vocabulaire a son importance.

Premièrement il les appelle « frères ».  Aujourd'hui, c’est du langage ecclésiastique, ça ne nous dit plus rien. Mais quand un juif pharisien, devenu chrétien, appelle « frères » des païens venus à la foi, qui ne font pas partie du peuple juif, ça suppose qu’une barrière monumentale est tombée. Autrement dit, il sera un proche de ceux dont il n'était pas proche. Et maintenant il peut leur dire : « vous êtes mes frères, mes sœurs. »

Bien-aimés de Dieu, du Christ aux romains


Il les appelle aussi « bien-aimés », ça aussi c'est original. Et ça nous vient directement du Christ Jésus, lui qui est désigné au baptême comme étant le « bien-aimé », « mon fils bien-aimé », à la Transfiguration. Aussi c'est ce bien-aimé qui s'est révélé à Paul. Et Paul dira en évoquant sa conversion : « il m'a aimé et s'est livré pour moi ». Et voilà que maintenant il fait passer cette dénomination à ces chrétiens tout neufs du monde païen : « bien-aimés ». Aux Romains qu’il ne connaît pas encore, il écrit même : « à vous bien-aimés de Dieu, qui êtes à Rome. » C'est pour ainsi dire une définition du chrétien.

Eglise


Il les appelle aussi « église ». Là encore, c’est du langage ecclésiastique. Oh non.. ! L’ « ecclésia », pour un citoyen du monde grec désignait une assemblée.

Mais « l'assemblée des Thessaloniciens qui est en Dieu, reconnu comme père grâce à Jésus », c'est l'Eglise.

Et ce terme d'église on le trouve surtout dans l'Ancien Testament, dans le livre du Deutéronome, pour désigner l'assemblée des croyants, l'assemblée solennelle au pied du Sinaï qui reçoit la révélation. Pour Israël, c'est un moment fondateur extrêmement fort, et voilà que Paul fait passer cette désignation maintenant à une petite assemblée de chrétiens réunis à domicile à Thessalonique. Ici ils ne sont peut-être pas toute l'église, mais ils sont église du Seigneur. C'est un immense honneur qu’il leur fait.

Les collaborateurs


Et puis je pourrais encore parler de la manière dont il parle de Timothée, « notre frère et collaborateur de Dieu ».

Oh, ça a beaucoup gêné les scribes, qui ont corrigé ce « collaborateur de Dieu » pour mettre « collaborateur de Paul » ou « serviteur de Dieu », parce qu'on se disait que « collaborateur de Dieu » c'est trop fort.

Eh bien non, Paul sait très bien que c'est Dieu qui fait tout dans l'annonce de l'Évangile. Mais il le fait avec nous et par nous. Et c'est comme ça qu'il ose employer ce terme de collaborateur de Dieu, pour cet homme qui l’a aidé à annoncer l'Évangile.

Alors ça nous donne un ensemble très beau : un évangile de communion annoncé par Paul, Sylvain et Timothée, une lettre en « nous », et puis une manière d'affermir une communauté et de la consoler, et puis enfin, avec un vocabulaire d'honneur. En somme, il ne diminue pas ceux auquel il parle, mais il les honore et les grandit d'une certaine façon par la révélation dont il est le témoin.
 
 

Pour aller plus loin :
frère Jean-Michel Poffet, Évangéliser oui, mais comment ? Paris, Cerf, 2022.
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MessageSujet: Re: ThéoDom : Missionnaires comme Saint Paul   Saint - ThéoDom : Missionnaires comme Saint Paul Empty2/4/2023, 10:44




7. La Croix, révélation du salut.


Au cœur de la prédication de Jésus, il y a bien sûr, la résurrection. Mais il y a aussi la croix. Alors, pourquoi ?


Le scandale de la croix


Nous avons de la peine à imaginer ce que pouvait représenter pour quelqu'un du premier siècle, la mort en croix de ceux qui avaient été condamnés à ce supplice odieux, infâme. En sortant des villes, on trouvait des croix, avec des hommes, des femmes, qui hurlaient leur souffrance. Et cela a été fait, évidemment en public, pour intimider, pour faire peur.
Peut-être qu'aujourd'hui, il nous faudrait penser à des pendus, comme dans les camps de concentration à Auschwitz, quand on rassemblait les prisonniers et qu'on pendait un enfant devant tout le monde.

La croix est un supplice odieux


Or c'est la croix qui devient l'emblème du christianisme. Comment comprendre une pareille inversion des valeurs ? Le Christ Jésus nous aime par fidélité à sa mission, au point d'aller jusqu'à accepter la mort, et la mort sur une croix, entre deux condamnés. C’est le supplice le plus odieux, le plus infâme. Il a été jusque là pour que personne, absolument personne, ne puisse penser être indigne du salut.

Saint-Augustin a un magnifique commentaire sur la scène des deux larrons. Quand l’un insulte Jésus et que l'autre lui dit : « mais nous ça n'est que justice, mais lui n'a rien fait… » Et Augustin met en scène le premier larron s'adressant au deuxième : « Mais où est-ce que tu as appris le fait que ce Jésus va bientôt entrer dans la gloire pour t'accueillir ? » Et le bon larron lui dit : « Je l'ai regardé. Dans son regard j'ai
 tout compris ».

Donc la croix est un supplice odieux mais elle est en même temps le trône de l'amour de Dieu pour le monde. Saint Jean dira que le Christ a été élevé sur la croix.

La folie de la croix


Alors, lorsque Paul prêche l'Évangile, par exemple à Corinthe… Les Corinthiens étaient très fiers de leur sagesse. Ils pensaient être des philosophes en herbe. Et Paul leur dit qu'il n'est pas venu « avec le prestige de la sagesse », mais qu'il est venu chez eux, non seulement prêchant la croix du Christ, mais « avec le langage de la Croix ».

Qu'est-ce que ça veut dire ? Cela veut dire qu'il n'a pas fait de grandes phrases, qu'il n'est pas venu avec l'élégance des raisonnements, mais qu'il leur a présenté la croix de Jésus. Et ce qui apparaît pour les hommes comme une folie – bien sûr que ça apparaît comme une folie – Et  il précise, toujours aux Corinthiens, « les Grecs sont en quête de sagesse », bien sûr et puis les Juifs eux sont en quête de force, ils « veulent des signes », eh bien comme signe c'est l'extrême faiblesse du crucifié et comme sagesse, c'est la folie de la croix.

La croix renversée par la résurrection


On insiste donc à une véritable inversion des valeurs et cela va marquer profondément la prédication de Paul. C'est au cœur de notre foi. Puisque Paul détestait ce poteau d'infamie, il ne pouvait pas accepter, quand il était pharisien, que ce crucifié soit le Messie. Mais maintenant, depuis que Jésus lui est apparu dans la lumière pascale, Paul sait que le Crucifié est bien le Ressuscité de Pâques. Et cela va transformer sa vie d'abord, sa prédication ensuite, dans un double rapport : un rapport à la croix et un rapport à sa propre faiblesse.

Paul et la croix


Par rapport à la croix, il en parle surtout dans la lettre aux Galates, à la fin de la lettre, lorsqu'il dit que : « jamais je ne me vante, sinon de la croix du Christ ».

Imaginez-vous cette croix qu'il avait commencé par détester, elle devient tout à coup l’objet de sa fierté. Il est fier de la croix de Jésus dont il porte même les marques sur son corps, par les coups qu'il a reçus.

Paul et sa propre faiblesse


Et puis, ça transforme aussi son rapport à sa propre faiblesse. Il va jusqu'à dire, dans la deuxième lettre aux Corinthiens, alors qu'il avait demandé au Seigneur de lui épargner des épreuves, qu’il a reçu une écharde dans la chair. On ne sait pas exactement ce que cela représentait, probablement une immense fatigue, une sorte de burn out à force de porter les communautés.

Et voilà qu'il entend le Seigneur lui dire : « ma grâce te suffit ». Et alors Paul de dire : « si je devais me vanter, je me vanterai de mes faiblesses ». C’est nouveau pour Paul. Avant sa conversion il se vantait d’être impeccable, au-dessus des autres. Voilà que, non seulement, il est devenu frère au milieu de ses frères, mais il a même un autre rapport à sa propre faiblesse. Et il sait qu’il peut même en être fier, dans la mesure où c’est dans cette faiblesse que le Christ va passer.

Les faiblesses de l’église


Il n'a donc pas confiance dans des moyens humains pour évangéliser : organisation de l'Eglise, rhétorique de sa part, que sais-je encore. Mais c'est par une faiblesse consentie, qu’il est sûr que le Christ va pouvoir transformer tout cela, par sa force à lui, l'Esprit Saint, la force de l'Évangile.

Et c'est comme ça que Paul a surmonté toutes les épreuves qu'il a pu traverser. Imaginez le souci des églises, toutes les peines que cela a représenté, l'incompréhension des proches, la persécution de ses frères de religion… Tout cela, il l'accepte et il sait que cela ne va pas être une barrière, un empêchement, mais que le Seigneur sait transformer tout cela pour accréditer sa prédication.

A Corinthe, après qu'il leur ait parlé de la folie de la croix, qui est une sagesse mais une sagesse de Dieu qui passe pour folie à nos yeux, Paul va – comme dans un bon roman policier – leur donner des indices.
Il leur dit : mais regardez votre communauté, il y a quelques gens bien nés, il y a quelques gens avec de la culture et de bonnes familles, mais il y en a très peu finalement. Ce sont les petits qui ont accueilli l'Évangile.

Et puis ensuite il leur dit, et moi-même quand je suis venu chez vous, je ne suis pas venu avec le prestige de la rhétorique, mais c'est faible, étranger et tremblant que je suis venu chez vous. Donc, ni la simplicité, ni la petitesse de ces communautés, ni l’humble extraction des gens qui en faisaient partie, n'est un obstacle, ni la faiblesse de Paul…

La croix au centre


Parce que l'action de Dieu transfigure tout cela. La croix du Christ est donc au centre de la prédication de l'Évangile, jamais séparée de la Résurrection. Bien-sûr, c'est la résurrection qui nous permet de la regarder. Elle est surtout le lieu d'un très grand amour. C'est là que Jésus nous a manifesté jusqu'où il pouvait aller, pour nous dire que nous sommes aimés, que nous sommes sauvés. Il a donné sa vie et il l'a donné jusqu'au bout pour nous sur la croix.
 
 
Pour aller plus loin :
frère Jean-Michel Poffet, Évangéliser oui, mais comment ? Paris, Cerf, 2022.
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MessageSujet: Re: ThéoDom : Missionnaires comme Saint Paul   Saint - ThéoDom : Missionnaires comme Saint Paul Empty8/4/2023, 11:51




Dans cette dernière vidéo de la série ThéoDom sur « Saint Paul évangélisateur », le frère Jean-Michel Poffet, met à l’honneur l’Esprit Saint, moteur et acteur à part entière de la mission.


Au cœur de l’Evangélisation, c’est bien lui qui anime le prêcheur. C’est aussi lui qui emplit le cœur de ceux qui écoutent sa parole. 


Souffle de Dieu, dans la Bible, l’Esprit saint fait de nous des hommes et des femmes debout, par la force d’une parole qui réalise ce qu’elle dit en surabondance.


Par son enseignement, le frère Jean-Michel Poffet nous invite à accueillir, avec la grâce de l’Esprit Saint, le mystère pascal dans nos vies.


Belles fêtes pascales !
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MessageSujet: Re: ThéoDom : Missionnaires comme Saint Paul   Saint - ThéoDom : Missionnaires comme Saint Paul Empty9/4/2023, 10:21

8. L’Esprit Saint, moteur de la mission.



Le Crucifié est vivant. La violence des hommes n'a pas eu le dernier mot. Jésus est ressuscité et maintenant il nous donne son Esprit. Dans l'évangélisation, il y a en effet quelqu'un qu’il ne faut pas oublier, c'est l'Esprit Saint. L'Esprit Saint qui anime le prêcheur et qui est aussi au cœur de ceux qui écoutent et accueillent la Parole.
La présence de l'Esprit Saint, on la trouve mentionnée tout au début de la première lettre aux Thessaloniciens, alors que Paul n'a pas encore développé une grande théologie de l'Esprit Saint. Mais voilà ce qu'il écrit : « Notre évangile (c'est le premier chapitre) ne s'est pas présenté à vous en paroles seulement mais en puissance, dans l'action de l'Esprit Saint, en surabondance. »



Le spirituel, c’est du concret


Alors, il y a une chose qu'il nous faut tout d'abord préciser. C'est que « spirituel » pour la Bible, « esprit » pour la Bible, ce n'est pas « abstrait ». Pour un occidental, marqué par la culture grecque, ce qui est spirituel s'oppose à ce qui est charnel, et on en conclut souvent que c'est évanescent, intellectuel, abstrait.


Pour la Bible, ce qui relève du souffle de Dieu, de l'esprit, la « rouah » en hébreu, eh bien c'est au contraire du côté de la force. Dieu souffle son esprit en Adam et il se met debout, il est un être vivant. Quand donc les croyants reçoivent l'Esprit Saint, ils deviennent des hommes et des femmes debout, animés par le souffle de Dieu.

Des paroles fortes


Eh bien, dès le début de l'annonce de l'Évangile à Thessalonique, Paul est conscient de cette présence de l'Esprit. Cela n'a pas été seulement des paroles, familièrement on dirait du blabla, mais ça a été la puissance, la force d'une parole, qui fait ce qu'elle dit, dans l'Esprit Saint, en surabondance, avec un air de plénitude.


Là où l'Évangile est annoncé, on est du côté de la plénitude, de la joie, de la paix, de la surabondance. On découvre aussi cette présence de l'Esprit dans l'accueil de la parole, lorsqu’il leur dit qu’ils ont accueilli la parole au cœur de bien des tribulations, mais avec la joie de l'Esprit Saint.

Les fruits de l’Esprit


Dans l'épître aux Galates, lorsque Paul parle du fruit de l'Esprit Saint, il mentionne d'abord la charité, « l’agapé », et tout de suite après, la joie. C'est un signe de la vie de Dieu en quelqu'un.

L’Esprit d’adoption


Enfin je pourrais mentionner deux grands chapitres très importants de Paul, c'est au chapitre 4 de la lettre aux Galates. Paul écrit que nous avons une preuve, que nous sommes des enfants de Dieu, des fils et des filles de Dieu. Il nous a donné son Esprit Saint et l’Esprit crie en nous « Abba », Père.
« Aussi n'es-tu plus esclave mais fils et donc héritier. » L'Esprit Saint crie en nous ce que nous sommes, non pas des esclaves. Rappelez-vous Jésus qui dit : « je ne vous appelle plus serviteurs mais je vous appelle mes amis » (Jean 15, 15).


Eh bien si vous deviez vous découvrir par faiblesse ou par méconnaissance comme simplement des hommes, des femmes, soumis ou esclaves, vous n'avez pas encore compris ce qu’est l’Evangile ! Ecoutez l'Esprit Saint qui crie en vous : « tu es fils, tu es fille de Dieu, non pas esclave mais fils, fille, héritier, héritière ».

L’Esprit, maître intérieur


Dans le même sens Paul écrit dans la lettre aux Romains au chapitre 8 : « Vous n'avez pas reçu un esprit d'esclaves, pour retomber dans la crainte, mais vous avez reçu un esprit de fils adoptif, qui nous fait nous écrier « Abba », Père. »
On dirait qu’ici, ce n'est plus simplement l'esprit qui en nous crie « Abba, Père ». Il reprend le mot même de la prière de Jésus. Rappelez-vous à Gethsémani.
Et bien dans la lettre au Galates, c'est l'esprit qui crie en nous « Abba Père » et dans l'épître aux Romains, par ce même Esprit nous crions « Abba Père ». C'est l'esprit qui se joint à notre esprit pour attester que nous sommes enfant de Dieu.


L'esprit devient donc un maître intérieur, on pourrait dire qu’il anime notre relation à Dieu, notre vie de prière mais tout au début aussi de l'écoute de l'Évangile et de l'accueil de l'Évangile.


Il est là pour nous donner fermeté, nous donner consolation, ouvrir notre cœur et ensuite guider notre vie. C’est consolant de s'entendre dire que l'Esprit Saint vient à notre secours, parce que nous ne savons pas prier comme il faut. C'est lui qui prie en nous. C'est lui qui crie en nous, que nous sommes enfants de Dieu. Et avec lui, nous pouvons, avec les mots même de Jésus, dire « Père ». Et ça, c'est le fruit du mystère de Pâques que nous célébrons à la Pentecôte. Nous sommes des gens habités par l'Esprit, accompagnés par lui.
 
 
Pour aller plus loin :
frère Jean-Michel Poffet, Évangéliser oui, mais comment ? Paris, Cerf, 2022.
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