« Oh mon Dieu ! », telle est la réaction de Mgr Laurent Ulrich à l'annonce de sa nomination par le nonce apostolique Mgr Celestino Migliore, il y a quelques semaines. « J'étais décontenancé. Je n'imaginais pas qu'à mon âge, on puisse penser à une nomination comme celle-là, pour cinq années à peu près », confie-t-il à KTO. Car à 75 ans, les évêques remettent leur charge au Pape. Il évoque sa bataille intérieure, jusqu'à trouver la paix intérieure. Mgr Ulrich a été ordonné prêtre pour le diocèse de Dijon, dont il a été dix ans vicaire général. Après huit ans comme archevêque de Chambéry, Maurienne et Tarentaise, il vient de passer quatorze années à Lille dans un diocèse de plus d'un million d'habitants. Il a également été vice-président de la Conférence des évêques de France (2007-2013).
Lors de sa venue sur le plateau de La Vie des Diocèses, Mgr Laurent Ulrich a mis en exergue des tiers lieux créés dans le diocèse, pour accompagner ou offrir une présence aux familles ou aux laïcs.
Dans un diocèse touché par les drames liés à la crise migratoire, comme la disparition de 27 personnes dans une embarcation dans la Manche en novembre 2021, Mgr Laurent Ulrich avait affiché sa compassion et invité à « être capable d’accueillir, de protéger leur vie, de les promouvoir et de les intégrer ». En 2016 déjà, il avait appelé à la solidarité pour les migrants qui dormaient dans les jardins autour de la cathédrale de Lille. Une centaine de mineurs isolés avaient alors pu accéder à la scolarisation, grâce à l’Enseignement catholique et une association protestante.
Une arrivée prévue six mois après le départ de Mgr Aupetit
Le 2 décembre 2021, le pape François avait accepté la démission de Mgr Michel Aupetit. Une décision prise sur « l'autel de l'hypocrisie » avait-il déclaré durant la conférence de presse dans l'avion qui le ramenait d'Athènes. Quelques jours avant, un article publié dans la presse contestait la gouvernance de l’archevêque dans certains dossiers du diocèse de Paris, et rendait public l'existence d'un mail évoquant une relation avec une femme. Cette relation était ni "intime", ni "sexuelle", a toujours réfuté avec force Mgr Aupetit.
Après une rencontre avec le pape François, l’ancien médecin avait déclaré à KTO : « J’ai beaucoup d’espérance pour le diocèse de Paris, qui peut-être aujourd’hui est sans berger, mais retrouvera un dynamisme comme il a toujours eu ».
Le pape François avait alors nommé en tant qu’administrateur apostolique Mgr Georges Pontier, archevêque émérite de Marseille et président de la Conférence des évêques de France, pour apaiser le diocèse et gérer les affaires courantes.
Archevêque de Paris, un rôle particulier dans l’épiscopat français
En tant qu’archevêque de Paris, Mgr Laurent Ulrich devient membre de droit du Conseil permanent de la Conférence des évêques de France. Il est également membre de droit de l’Instance de dialogue entre le Saint-Siège, l’Église catholique en France et le gouvernement français.
La province ecclésiastique de Paris couvre l’ensemble de la région Île-de-France, soit huit diocèses : Créteil (Val-de-Marne), Évry-Corbeil-Essonnes (Essonne), Meaux (Seine-et-Marne), Nanterre (Hauts-de-Seine), Paris, Pontoise (Val-d’Oise), Saint-Denis (Seine-Saint-Denis) et Versailles (Yvelines), auxquels il faut ajouter le diocèse aux Armées.
Encore plus singulier, l’archevêque de Paris a la charge d’Ordinaire des fidèles de rite oriental résidant en France. Et l’Œuvre d’Orient est une œuvre d’Église placée sous sa protection.
Comme le prévoient les statuts, il sera chancelier de l’Institut catholique de Paris (ICP), une fonction qu’il a déjà occupé dans le Nord avec l’Université Catholique de Lille. Il devient aussi premier responsable de la formation des séminaristes de Paris et dirige le Conseil d’orientation du Collège des Bernardins.
Le diocèse de Paris
Le diocèse de Paris correspond au territoire de la capitale. Il compte 106 paroisses. Près de 500 prêtres sont en activité dans le diocèse. L’archevêque de Paris est épaulé par deux évêques auxiliaires : Mgr Thibault Verny et Mgr Philippe Marsset. Tous deux sont également vicaires généraux, aux côtés de Mgr François Gonon, de Mgr Emmanuel Tois et de Mgr Michel Gueguen.
Paris compte un peu plus de 2 millions d’habitants et selon l’Annuaire Pontifical, près de 60% de la population est baptisée (chiffre de 2013). 15,6% de la population parisienne vit sous le seuil de pauvreté (chiffre de 2018, avant la pandémie), soit un peu moins que la moyenne métropolitaine à 19,5%. Mais la ville de Paris connaît de grandes disparités entre les arrondissements. Le maillage des paroisses et des associations caritatives permet une grande œuvre de service et de solidarité.
Parmi les grands dossiers du diocèse de la capitale, il y a notamment la reconstruction de Notre-Dame de Paris. Si les travaux suivent leur cours, l’aménagement intérieur de la cathédrale, qui dépend de l’affectataire, c’est-à-dire le diocèse de Paris, fait débat. Nouveau mobilier liturgique contemporain, circulation dans l’édifice, projections lumineuses, déplacements éventuels de statues, nouveaux bancs… La Commission nationale du patrimoine et de l’architecture (CNPA) l’a validé début décembre 2021, suscitant de vives réactions.