Orgueil spirituel, brève réflexion de Thomas Merton

Comme le danger de l’orgueil spirituel nous guette tous, voici des réflexions de Thomas Merton (moine trappiste, reconnu comme un des auteurs spirituels majeurs du XXe siècle) :

«Et maintenant je songe à cette maladie qu’est l’orgueil spirituel. Je songe à l’irréalité qui pénètre dans le cœur des saints et qui ronge leur sainteté avant qu’elle ne soit mûre. Ce ver s’insinue dans les âmes de tous les hommes religieux. Dès qu’ils ont accompli une action qu’ils savent bonne aux yeux de Dieu, ils ont tendance à s’en attribuer la réalité et à la faire leur. Ils ont tendance à annihiler leurs vertus en en revendiquant le mérite et à revêtir les illusions qu’ils entretiennent sur eux-mêmes des mérites qui appartiennent à Dieu. […]
Cette maladie est surtout dangereuse lorsqu’elle réussit à ressembler à l’humilité. Lorsqu’un orgueilleux se croit humble, son cas est désespéré.
Voici un homme qui a fait beaucoup de choses qu’il était dur à sa nature d’accepter. Il a surmonté de pénibles épreuves, beaucoup travaillé, et est arrivé, la grâce aidant, à posséder une force d’âme et une abnégation qui, avec le temps, rendent le travail et les souffrances supportables. Il est normal que sa conscience soit en paix. Mais avant qu’il puisse s’en apercevoir, la paix limpide d’une volonté unie à Dieu devient la vanité d’une volonté qui se complaît dans sa propre excellence.
Le plaisir qu’il ressent à bien faire les choses difficiles l’amène à penser en secret : ‘Je suis un saint.’ […] Le plaisir devient un feu dévorant, dont la chaleur ressemble beaucoup à celle que donne l’amour de Dieu, car elle est produite par les vertus mêmes dont se nourrit la charité. Cet homme brûle de contentement de soi et s’imagine qu’il s’agit du feu de l’amour divin.
Il prend son orgueil pour le Saint-Esprit.
La douce chaleur du plaisir devient le critère de ce qu’il fait. Le goût qu’il trouve à des actes qui le rendent admirable à ses propres yeux l’amène à jeûner, à prier, à se cacher dans la solitude, à écrire de nombreux ouvrages, ou à élever des églises, des hôpitaux, à organiser mille choses. Et lorsqu’il réussit, il s’imagine que la satisfaction qu’il éprouve est l’onction du Saint-Esprit. […]
Lorsqu’il s’engage sur cette voie, le mal que le contentement de soi peut amener à commettre, au nom de Dieu et de Son amour, et pour Sa gloire, est sans limites. Il est si plein de lui qu’il ne peut plus supporter les conseils d’un autre – ou les ordres d’un supérieur. Lorsqu’on s’oppose à ses désirs, il joint humblement les mains et semble se soumettre, mais il se dit dans son cœur : ‘Je suis persécuté par des hommes attachés aux choses de la terre, incapables de comprendre ceux qui sont conduits par l’Esprit de Dieu. Il en a d’ailleurs toujours été ainsi pour les saints.’
Et, se croyant martyr, il est dix fois plus entêté qu’auparavant. Lorsque ce genre d’homme se prend pour un prophète, un envoyé de Dieu ou un réformateur, les conséquences sont très graves… Il est capable de nuire à la religion et de faire détester le nom du Seigneur.»

Thomas Merton, Semences de contemplation, éditions Points, 2010, p. 62-64.

Passage édifiant, merci !

oui j'ai connu ça, personnellement , m'enfin c'est "juste" de l'orgueil !! oui, fort heureusement : "la folie de Dieu est plus sage que les hommes, et la faiblesse de Dieu est plus forte que les hommes" (1 Corinthiens 1:25)

cela signifie que l'orgueil de l'homme à une "limite" en terme de hauteur (hauteur a la hauteur de la chute a venir), alors que Dieu nous attend a l'opposé, là ou personne ne le soupçonne, cad non pas dans les hauteurs mais plutôt sous l'eau ou au fond du gouffre (ptite métaphore à trois sous).

Feu Follet a écrit:

Comme le danger de l’orgueil spirituel nous guette tous, voici des réflexions de Thomas Merton (moine trappiste, reconnu comme un des auteurs spirituels majeurs du XXe siècle) :

«Et maintenant je songe à cette maladie qu’est l’orgueil spirituel. Je songe à l’irréalité qui pénètre dans le cœur des saints et qui ronge leur sainteté avant qu’elle ne soit mûre. Ce ver s’insinue dans les âmes de tous les hommes religieux. Dès qu’ils ont accompli une action qu’ils savent bonne aux yeux de Dieu, ils ont tendance à s’en attribuer la réalité et à la faire leur. Ils ont tendance à annihiler leurs vertus en en revendiquant le mérite et à revêtir les illusions qu’ils entretiennent sur eux-mêmes des mérites qui appartiennent à Dieu. […]
Cette maladie est surtout dangereuse lorsqu’elle réussit à ressembler à l’humilité. Lorsqu’un orgueilleux se croit humble, son cas est désespéré.
Voici un homme qui a fait beaucoup de choses qu’il était dur à sa nature d’accepter. Il a surmonté de pénibles épreuves, beaucoup travaillé, et est arrivé, la grâce aidant, à posséder une force d’âme et une abnégation qui, avec le temps, rendent le travail et les souffrances supportables. Il est normal que sa conscience soit en paix. Mais avant qu’il puisse s’en apercevoir, la paix limpide d’une volonté unie à Dieu devient la vanité d’une volonté qui se complaît dans sa propre excellence.
Le plaisir qu’il ressent à bien faire les choses difficiles l’amène à penser en secret : ‘Je suis un saint.’ […] Le plaisir devient un feu dévorant, dont la chaleur ressemble beaucoup à celle que donne l’amour de Dieu, car elle est produite par les vertus mêmes dont se nourrit la charité. Cet homme brûle de contentement de soi et s’imagine qu’il s’agit du feu de l’amour divin.
Il prend son orgueil pour le Saint-Esprit.
La douce chaleur du plaisir devient le critère de ce qu’il fait. Le goût qu’il trouve à des actes qui le rendent admirable à ses propres yeux l’amène à jeûner, à prier, à se cacher dans la solitude, à écrire de nombreux ouvrages, ou à élever des églises, des hôpitaux, à organiser mille choses. Et lorsqu’il réussit, il s’imagine que la satisfaction qu’il éprouve est l’onction du Saint-Esprit. […]
Lorsqu’il s’engage sur cette voie, le mal que le contentement de soi peut amener à commettre, au nom de Dieu et de Son amour, et pour Sa gloire, est sans limites. Il est si plein de lui qu’il ne peut plus supporter les conseils d’un autre – ou les ordres d’un supérieur. Lorsqu’on s’oppose à ses désirs, il joint humblement les mains et semble se soumettre, mais il se dit dans son cœur : ‘Je suis persécuté par des hommes attachés aux choses de la terre, incapables de comprendre ceux qui sont conduits par l’Esprit de Dieu. Il en a d’ailleurs toujours été ainsi pour les saints.’
Et, se croyant martyr, il est dix fois plus entêté qu’auparavant. Lorsque ce genre d’homme se prend pour un prophète, un envoyé de Dieu ou un réformateur, les conséquences sont très graves… Il est capable de nuire à la religion et de faire détester le nom du Seigneur.»

Thomas Merton, Semences de contemplation, éditions Points, 2010, p. 62-64.

malgré tout Dieu Est Père et Jésus Seigneur et Sauveur Veille et répond a nos certitudes et fausses vertus que l'on croit sécurité ! "et il m'a dit: Ma grâce te suffit, car ma puissance s'accomplit dans la faiblesse." Je me glorifierai donc bien plus volontiers de mes faiblesses, afin que la puissance de Christ repose sur moi.

bien sûr le diable tente, éprouve et combat avec les siens pour dominer , le Royaume de Dieu Est spirituel et une bonne part du champ de bataille est nos âmes i il ne fallait que compter sur nos vertus notre vigueur notre réussite cela ne vaut même pas le coup de se lever le matin mais si l'on écoute IL nous adresse " Ma Grace te suffit, car ma puissance s'accomplit dans la faiblesse " on est en Paix par Lui pas par soi-même !
si on a du mal a le vivre relisons ce que Pierre dit a Jésus " tu es le Fils de Dieu Vivant " et Jésus lui dit " ce n'est pas la chair et le sang qui t'on révélé cela Pierre , mais Mon Père qui Est au Cieux " puis quand la Croix arrive il se sauve en courant et le renie 3 fois ! on sera débarrasser de l'estime de soi en voyant où soi-même on fait de même !


2 Corinthiens 12

1 Il faut se glorifier... Cela n'est pas bon. J'en viendrai néanmoins à des visions et à des révélations du Seigneur. 2 Je connais un homme en Christ, qui fut, il y a quatorze ans, ravi jusqu'au troisième ciel si ce fut dans son corps je ne sais, si ce fut hors de son corps je ne sais, Dieu le sait). 3 Et je sais que cet homme si ce fut dans son corps ou sans son corps je ne sais, Dieu le sait) 4fut enlevé dans le paradis, et qu'il entendit des paroles ineffables qu'il n'est pas permis à un homme d'exprimer.
5 Je me glorifierai d'un tel homme, mais de moi-même je ne me glorifierai pas, sinon de mes infirmités. 6 Si je voulais me glorifier, je ne serais pas un insensé, car je dirais la vérité; mais je m'en abstiens, afin que personne n'ait à mon sujet une opinion supérieure à ce qu'il voit en moi ou à ce qu'il entend de moi.

7 Et pour que je ne sois pas enflé d'orgueil, à cause de l'excellence de ces révélations, il m'a été mis une écharde dans la chair, un ange de Satan pour me souffleter et m'empêcher de m'enorgueillir. 8 Trois fois j'ai prié le Seigneur de l'éloigner de moi, 9 et il m'a dit: Ma grâce te suffit, car ma puissance s'accomplit dans la faiblesse. Je me glorifierai donc bien plus volontiers de mes faiblesses, afin que la puissance de Christ repose sur moi. 10 C'est pourquoi je me plais dans les faiblesses, dans les outrages, dans les calamités, dans les persécutions, dans les détresses, pour Christ; car, quand je suis faible, c'est alors que je suis fort.

11 J'ai été un insensé: vous m'y avez contraint. C'est par vous que je devais être recommandé, car je n'ai été inférieur en rien aux apôtres par excellence, quoique je ne sois rien. 12 Les preuves de mon apostolat ont éclaté au milieu de vous par une patience à toute épreuve, par des signes, des prodiges et des miracles. 13 En quoi avez-vous été traités moins favorablement que les autres Eglises, sinon en ce que je ne vous ai point été à charge ? Pardonnez-moi ce tort.