Sainte-Anne-d'Auray. Trois témoignages de courage
La basilique de Sainte-Anne-d'Auray accueillait, samedi soir, trois « témoins », trois religieux ordinaires au courage extraordinaire, placés dans des situations de terreur.
Du Niger à Pyongyang, en passant par Raqqa...
Leur calme et les sourires qu'ils dispensent contrastent avec l'horreur et la peur tapies derrière leurs histoires.
« Après Charlie Hebdo, 80 % des églises du Niger ont été brûlées en l'espace de quelques heures. Nous avons été victimes de jets de pierre et abreuvées d'insultes »,
commence la Mère Marie-Catherine Kingbo.
« Nous avons été coursés par la mafia chinoise, en compagnie de Coréennes que nous étions parvenus à extraire des bordels où elles étaient retenues de force »,
poursuit le Père Philippe Blot.
« J'ai été capturé par l'État islamique et maintenu en détention pendant 143 jours en Syrie »,
complète le Père Jacques Mourad.
Trois témoignages, trois parcours de religieux qui, au-delà du partage de leur foi, parlent à tous de fraternité et de courage...
Pour la 9e année consécutive, l'association l'Aide à l'église en détresse (AED) organisait cette « Nuit des témoins » qui propose une veillée pour les chrétiens persécutés dans le monde.
Cinq villes avaient été choisies pour l'accueillir en France. Une seule en Bretagne : Sainte-Anne-d'Auray.
L'occasion pour les fidèles de prier et de rendre hommage, tout d'abord, aux 11 prêtres et neuf religieux assassinés en 2016. « Parmi eux, un Français : le père Hamel, tué en juillet à Saint-Étienne-du-Rouvray (Seine-Maritime).
Cette année, la Nuit des témoins lui est dédiée », rappelait Marc Fromager, directeur de l'AED, qui mène 6.000 projets par an dans 150 pays.
« Soit tu te convertis, soit on te décapite »
De ces témoignages exceptionnels, - le mot n'est pas galvaudé - offerts au public, il faudra retenir le courage d'hommes et de femmes qui agissent dans des pays hostiles, bien souvent au péril de leur vie.
Depuis 2006, Mère Marie-Catherine Kingbo agit, dans la seule congrégation chrétienne de Maradi, au Niger, pour faire reculer « le mariage forcé et les grossesses précoces ».
Dans un pays affichant 1 % de chrétiens, elle fait bouger les choses, parvient à réunir derrière sa forte présence. Même les Imams qui se rassemblent pour l'écouter et échanger...
À ses côtés, le Père Mourad ne laisse transpirer aucune angoisse, quand il évoque doucement ses 143 jours de détention, « coincé dans une salle de bain pendant de longues semaines ».
Chaque jour, un membre de l'État Islamique venait lui rappeler que sa vie ne tenait qu'à un fil : « Soit tu te convertis, soit on te décapite ».
Le Père Mourad, qui n'a pas renié sa foi, est parvenu à quitter Raqqa (Syrie), déguisé, sur un scooter, « sauvé par mes amis, mes frères musulmans ».
Et que dire de l'action du Père Philippe Blot ?
Ce Normand, ordonné prêtre des missions étrangères de Paris, a été envoyé en Corée du Sud en 1990.
Au fil des années, le missionnaire a croisé la route de réfugiés nord-coréens, tentant de fuir le régime de terreur de Pyongyang.
Montant des opérations audacieuses, souvent déguisé, il est parvenu à exfiltrer de nombreux réfugiés, capturés à des fins innommables dans certaines provinces chinoises...
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