L'Italie demande l'aide internationale face aux débarquements de Tunisiens Des immigrants tunisiens attendent sur un terrain de foot sur l'île de Lampedusa en Italie, le 13 février 2011 © AFP Roberto Salomone |
LAMPEDUSA (Italie) (AFP) - Les débarquements massifs de Tunisiens sur
l'île italienne de Lampedusa se sont poursuivis dimanche, suscitant
l'inquiétude de Rome qui a lancé un appel à l'aide internationale pour
affronter la crise et veut déployer ses policiers en Tunisie.
"Je
demanderai au ministre tunisien des Affaires étrangères l'autorisation
pour nos forces d'intervenir en Tunisie pour bloquer les flux. Le
système tunisien est en train de s'écrouler", a déclaré le ministre de
l'Intérieur Roberto Maroni au journal télévisé TG5.
M. Maroni,
membre du parti anti-immigrés et populiste de la Ligue du Nord, a
également critiqué l'absence d'une action européenne concertée,
déclarant que l'UE "a laissé l'Italie seule, comme d'habitude", face au
débarquement d'environ 5.000 personnes en cinq jours.
"L'Europe
ne fait rien. Je suis très préoccupé et j'ai demandé l'intervention
urgente de l'UE car le Maghreb est en train d'exploser. Comme
d'habitude, on nous a laissés seuls. Nous gérons l'urgence humanitaire
avec la seule protection civile. Une intervention de l'Europe est
indispensable", a ajouté le ministre.
A Bruxelles, la Commission européenne a affirmé examiner les mesures qu'elle pourrait prendre pour aider l'Italie.
Des immigrants tunisiens attendent sur un terrain de foot sur l'île de Lampedusa en Italie, le 13 février 2011 © AFP Roberto Salomone |
La
Commissaire européenne à la sécurité Cecilia Malmström "a parlé
personnellement hier (samedi) avec M. Maroni, et elle est parfaitement
consciente de la pression exceptionnelle sur l'Italie" que constitue ce
débarquement massif, a déclaré une porte-parole de la Commission.
Près de 1.400 personnes sont arrivées à Lampedusa seulement depuis samedi minuit, selon des chiffres des gardes-côtes.
Pour
soulager les immigrés, les autorités italiennes ont décidé dimanche
l'ouverture immédiate du Centre de premier accueil qui avait été fermé
en 2009, et un millier de personnes environ y a trouvé tout de suite
refuge, avant la tombée de la nuit, encore très fraîche en cette saison à
Lampedusa.
"Il y a des gens qui demandent l'asile politique mais
aussi ceux qui fuient la pauvreté et les grèves", a déclaré Federico
Fossi, un porte-parole à Rome du Haut commissariat de l'ONU aux réfugiés
(HCR), ajoutant que la situation à Lampedusa "est devenue critique".
La
traversée n'est pas sans danger et un jeune Tunisien s'est noyé et un
autre est porté disparu, après un naufrage samedi, selon l'agence de
presse tunisienne TAP.
"Il est devenu impossible pour nous de
vivre en Tunisie: il y a des violences, des enlèvements, on ne sait plus
qui commande, le pays est à la dérive", a déclaré une femme arrivée
dans la nuit, qui dit vouloir rejoindre sa famille en France.
"Nous
avons peur. La révolution de janvier n'a absolument rien changé. Nous
voulons trouver du travail en Europe et nous demandons l'aide du peuple
italien", a déclaré un jeune homme à la télévision Sky TG-24.
Carte de localisation de l'île italienne de Lampedusa où quelque 5.000 immigrants, en majorité Tunisiens, viennent de débarquer en cinq jours © AFP AFP |
Le
gouvernement italien a proclamé samedi l'état d'urgence humanitaire, ce
qui permet de prendre des mesures immédiates et de mobiliser rapidement
des moyens financiers
"Mais cela ne suffit plus, nous devons
mobiliser les pays de la Méditerranée qui ont des navires, des avions et
des hélicoptères" pour contrôler la côte tunisienne, a déclaré dans une
interview au Corriere della Sera le ministre des Affaires étrangères
Franco Frattini.
M. Frattini a préconisé le "modèle Albanie" pour
résoudre le problème des réfugiés tunisiens: dans les années 90, il est
arrivé que jusqu'à 15.000 réfugiés albanais débarquent en une semaine
en Italie.
"Nous avions résolu la crise en envoyant patrouiller
nos navires dans les eaux albanaises. Quand les trafiquants de
clandestins voient des navires militaires à deux kilomètres de la côte,
ils ne font pas partir leurs embarcations", a souligné le ministre.
http://www.romandie.com/afp/francais/journal/mon/110213183231.byqwrkhy.asp