Réflexion sur le "sang impur"
De sed contra :
"Par les décrets du 1er août et 1er et 2 octobre 1793 (appelés décrets d’anéantissement et d’extermination), la Convention ordonne la destruction systématique de tous ses opposants. Massacres par le feu, par noyades, fusillades, déportations, humiliations… Sur ordre, et non par débordement de soldats ivres ou fanatiques, mais avec calcul et volonté. Et sur l’ensemble du territoire : massacres de gens ordinaires, souvent simples, sans pouvoirs ni biens. Massacrés aussi ces vieillards, ces enfants et ces femmes qui n'avaient pas eu la chance de se trouver “du bon côté”. Massacres, encore, de milliers de chrétiens, de prêtres, de religieuses attachés à la liberté de pouvoir rester fidèles à leur foi. Le “sang impur” était celui d’ouvriers et de paysans, de gens instruits et de pauvres gens, de propriétaires et de miséreux… Bref, le sang de tout un peuple ! On élimine volontairement et systématiquement ceux qui gênent pour mettre en place un “bonheur futur”.
Je pense, entre autres, à la noyade industrielle de 400 à 500 enfants de moins de 14 ans de la ville de Chaux, à l’abomination des Lucs-sur-Boulogne, où toute la population fut massacrée : 564 personnes qui comptaient principalement des femmes, des vieillards, des enfants dont 109 avaient moins de 7 ans, trouvèrent la mort par le feu allumé volontairement dans l’église du village. Il fallait non seulement tuer les guerriers, mais aussi les femmes qui pouvaient porter la vie et les enfants qui en étaient l’espérance. “Ces enfants ont sucé un mauvais lait ; le sang qui coule dans leur veines est de toute impureté", dira Bachelier du Comité Révolutionnaire de Nantes. (D’autres hommes, à une autre époque ont recommencé… comme à Oradour-sur-Glane.)
Le “sang impur” n’a pas coulé qu’en France ni qu’à cette époque ! (...)
L’idéologie du “sang impur” de 1792 est à la source des “populicides” de l’histoire moderne ordonnés par Lénine, Staline, Hitler, le parti “Jeunes-Turcs” contre les Arméniens, Mao, Pol Pot… Par voie de conséquence, ceux qui refusent la Révolution s'exceptent de la communauté humaine !
Soljénitsyne souligne par ailleurs : “Les événements historiques ne sont jamais compris pleinement dans l’incandescence des passions qui les accompagnent, mais à bonne distance, une fois refroidis par le temps.”(...)
"Déclarer que des hommes sont essentiellement “purs” ou “non”, c’est rendre aléatoire la grandeur de chacun. La dignité des personnes n’a pas à être accordée, elle est ontologique, c’est-à-dire, inscrite dans l’être de tout Homme. On peut, tout à fait légitimement, ne pas être d’accord avec les vues de l’autre. Il n’en est pas moins vrai que l’autre reste pleinement respectable. (...)
Quand il n’y a plus de dignité humaine objective parce qu’ontologique, la grandeur de l’autre dépend nécessairement de mes intérêts, et de mon bon plaisir. Philosophie du curseur … qui mène aux eugénismes de toutes sortes, y compris aujourd’hui !... Mais le terrorisme peut aussi être intellectuel. Quand l’absolu de la nature humaine, du respect des vérités ontologiques et de l’amitié disparaît, tout devient arbitraire et la seule chose qui reste est l’efficacité dans la conduite des projets… et là, subitement, tous les coups sont permis ! “Vous avez, dans les lois, tout ce qu’il faut pour exterminer légalement vos ennemis”, déclarait Robespierre. Les génocides et “populicides” ne sont ni des dérapages ni des accidents, mais sont liés par essence à certains systèmes de pensée et de fonctionnements dès que l’homme est réduit à des mécanismes, et affaissé dans sa capacité à aimer et à réfléchir. Comportements que l’on trouve aussi chez certains qui réduisent Dieu à une pure formule ou qui oublient que la foi s’enracine nécessairement dans le lien du cœur et de la raison".
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