Après son Baptême, Jésus, rempli de l'Esprit Saint, quitta les bords du Jourdain ; il fut conduit par l'Esprit à travers le désert où, pendant quarante jours, il fut mis à l'épreuve par le démon. Il ne mangea rien durant ces jours-là, et, quand ce temps fut écoulé, il eut faim.
Le démon lui dit alors :
« Si tu es le Fils de Dieu, ordonne à cette pierre de devenir du pain. »
Jésus répondit :
« Il est écrit : Ce n'est pas seulement de pain que l'homme doit vivre. »
Le démon l'emmena alors plus haut, et lui fit voir d'un seul regard tous les royaumes de la terre.
Il lui dit :
« Je te donnerai tout ce pouvoir, et la gloire de ces royaumes, car cela m'appartient et je le donne à qui je veux. Toi donc, si tu te prosternes devant moi, tu auras tout cela. »
Jésus lui répondit :
« Il est écrit : Tu te prosterneras devant le Seigneur ton Dieu, et c'est lui seul que tu adoreras. »
Puis le démon le conduisit à Jérusalem, il le plaça au sommet du Temple et lui dit :
« Si tu es le Fils de Dieu, jette-toi en bas ; car il est écrit : Il donnera pour toi à ses anges l'ordre de te garder ; et encore : Ils te porteront sur leurs mains, de peur que ton pied ne heurte une pierre. » Jésus répondit :
« Il est dit : Tu ne mettras pas à l'épreuve le Seigneur ton Dieu. »
Ayant ainsi épuisé toutes les formes de tentation, le démon s'éloigna de Jésus jusqu'au moment fixé. (Lc. 4, 1-13)
Avant de débuter sa Mission, le Christ, guidé par l’Esprit Saint, se donne un long temps de retraite dans le désert : quarante jours, nous dit l’évangéliste. Cette période de solitude a dû lui permettre de préciser dans son cœur et dans son intelligence ce qui constituait cette Mission. Et pendant ce temps, comme nous pouvons le lire dans ce passage de Luc, le Malin usait de tous ses pouvoirs pour tenter d’interférer dans les décisions de Jésus et de le dérouter de son destin.
Que cela peut-il me dire, en 2010 ?
D’abord, que je dois savoir me donner des temps d’arrêt et de réflexion pour faire le point et pour réfléchir sur la suite de ma vie. Et par exemple profiter de ces périodes que l’Eglise a prévues pour cela, comme celle du Carême qui vient de commencer: quarante jours avant Pâques pour revenir à l’essentiel, à travers les privations et les temps de prières que j’y ferais. Quarante jours pour me débarrasser des innombrables scories matérielles et spirituelles qui m’assaillent et m’envahissent dans la vie de tous les jours.
Cette période me permettra aussi de reprendre des forces spirituelles, de me remettre en route sur le chemin qui m’est destiné.
Et me permettra de déjouer les ruses du Malin, qui fait et fera tout pour m’en dérouter.
En effet, nous le voyons dans ce passage d’évangile, le Malin a plus d’un tour dans son sac, et pour Jésus, il va même jusqu’à utiliser la Parole de Dieu : il n’est pas idiot, il sait que c’est par ce genre d’argument qu’il a le plus de chance d’arriver à ses fins avec Celui qui est la Parole de Dieu incarnée, le Verbe fait chair.
Ce qu’il a voulu faire pour Jésus, il tentera de le faire aussi pour nous, et il le fera avec d’autant plus de détermination que nous sommes d’authentiques disciples du Christ. Il n’hésitera donc pas à se servir de la Parole de Dieu, ou à en utiliser des pseudo-serviteurs qu’on trouve souvent hélas gravitant autour de l’Eglise, pour arriver à ses fins.
Ceux-ci, par exemple, porteront contre vous de faux-témoignages, de fausses accusations, vous feront de faux-procès, remueront de fausses affaires, vous prêteront de fausses intentions, feront tout pour vous déconsidérer, vous empêcheront par tous les moyens de vous exprimer, etc…
C’est bien ce qui arriva à Jeanne d’Arc, dont on célèbre l’anniversaire de son départ de Vaucouleurs, ce dimanche 21 février : des ecclésiastiques à la solde des anglais et guidés par leur seule ambition condamnèrent cette grande sainte au bucher.
C’est bien ce qui arriva à Pierre Valdès, qui fut excommunié alors que sa doctrine n’avait initialement rien d’hérétique, comme cela fut prouvé dans les années 1930 par le Père dominicain Antoine Dondaine: les ecclésiastiques lyonnais de l'époque de Valdès préféraient garder leur monopole du commentaire de la Parole de Dieu plutôt que de laisser l’Esprit Saint s’exprimer par l’intermédiaire d’un simple laïc, pourtant au départ pleinement fidèle à l’Eglise.
C’est ce qui nous arrivera aussi, d'une manière ou d'une autre, si nous persévérons à leur exemple et donc à l’exemple du Christ : soyons en certains, c’est presque mécanique.
En attendant ce combat, profitons de ce temps de Carême pour devenir plus fort spirituellement, par la grâce de Dieu : nous en aurons besoin.
Texte de l'Association Pierre Valdès. Rédacteur: Eric