Cher Manuel,
C'est exactement la question posée par J. Duquesnes dans son nouveau livre. Et cette question est un progrès par rapport à celles de la génération précédente des théologiens qui semblait l'avoir oubliée.
- Citation :
- - En quoi la théologie a-t-elle besoin d'une solide anthropologie ?
L'Eglise exige que les théologiens, avant d'entrer en théologie pour chercher ce genre de réponse, aient une bonne approche de philosophie réaliste pour une raison simple:
elle a expérimenté que, sans un réalisme de base, la ferveur de l'amour dans les réponses chrétiennes peuvent arriver à nier ce qui est naturel. Et voici quelques données philosophiques de bon sens à ne jamais oublier quand on se lance en théologie) :
- 1° La souffrance frappe sans logique, les bons comme les mauvais.
>>> Cela éjecte la réponse des amis de Job qui lui disaient que, puisque frappé, c'est qu'il était coupable.- 2° Elle est inscrite dans la nature humaine. On le voit pour la maladie, la mort, les accidents
>>> Cela éjecte la réponse de ceux qui pensent que le corps biologique mortel est créé par le diable.- 3° La souffrance est un mal qui détruit les individus (même si, ses effets peuvent être bons accidentellement).
>>> Cela éjecte toute explication mystique, provoquée par l'excès d'amour comme chez maître Eckart et qui ferait de la souffrance en elle-même un bien. - Citation :
- - comment peut-on poser la question de la souffrance subie en dehors de la main de l'homme (hors donc le mal moral) ?
Je pense qu'il faut le faire selon la méthode de saint Thomas qui unifie ces données de l'anthropologie philosophique et les données de la Révélation. Et, dans ce domaine, il faut intégrer trois grands points de la foi:
1° Le fait que la terre n'est qu'une maison de passage et non le but de la vie, et ce dès le départ dans le projet de Dieu.
2° La question du péché originel qui permet d'expliquer que le projet de dieu originel était réaliste et pourtant SANS SOUFFRANCES pour l'homme. (on pouvait donc devenir humble et aimants de manière paisible).
3° Le fait que la souffrance permet l'acquisition d'une bien plus grande humilité que son absence, d'où sa permission par Dieu: "Heureuse faute qui nous valut un tel salut."
4° Le Christ qui a raconté tout cela !
C'est vraiment le sujet central de toute la théologie chrétienne.
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Arnaud