Jésus et le pain de vie. (Jn 6, 51-58.)
« Moi, je suis le pain vivant, qui est descendu du ciel : si quelqu’un mange de ce pain, il vivra éternellement. Le pain que je donnerai, c’est ma chair, donnée pour que le monde ait la vie. »
Face à ses adversaires le Christ aujourd’hui s'est démasqué. Déjà plusieurs de ses amis reculent avec scandale devant ce « visage inconnu »……. Cette fois-ci il a passé la démesure ! Et les cris des pharisiens trouvent un écho jusque parmi les disciples. Un murmure de réprobation l'interrompt. Il les brave de tout son amour. Il ira jusqu'au bout maintenant, et les affirmations stupéfiantes, monstrueuses, se succèdent :
« …..si vous ne mangez pas la chair du Fils de l'homme, et si vous ne buvez pas son sang, vous n'aurez pas la vie en vous. »
On entendit cet instant des éclats de rire. Et dominant les murmures de cette foule immense, la même question revenant sans cesse : « Comment peut-il nous donner sa chair à manger ? »
Jésus va de l'avant à une allure de Dieu, sans rien entendre apparemment…………. mais il entend tout …… sans rien voir ; mais à ce reflux de coeurs qui s'éloignent de lui, il ne perd rien à cet instant. Les flammes qu'il eut tant de peine à allumer vacillent à présent. Et sur elles, il continue de faire déferler ses petites phrases courtes, vérité absurde, insoutenable…….. :
« Celui qui mange ma chair et boit mon sang a la vie éternelle ; et moi, je le ressusciterai au dernier jour. En effet, ma chair est la vraie nourriture, et mon sang est la vraie boisson. Celui qui mange ma chair et boit mon sang demeure en moi, et moi je demeure en lui. De même que le Père, qui est vivant, m'a envoyé, et que moi je vis par le Père, de même aussi celui qui me mangera vivra par moi. Tel est le pain qui descend du ciel : il n'est pas comme celui que vos pères ont mangé. Eux, ils sont morts ; celui qui mange ce pain vivra éternellement. »
Alors plusieurs qui l'avaient suivi jusqu’à maintenant se retirèrent. Et puis la foule murmurante s’est dispersée. Jésus n'a plus besoin de chercher le désert pour fuir les importuns. Inutile qu'il monte dans la barque. Il est allé trop loin. L’abandon a commencé.
Et nous aussi aujourd’hui nous écoutons ses paroles, mais elles ne sont plus pour nous source de scandale ou d’étonnement. Nous sommes accoutumés (peut-être trop) à les entendre. Pourtant le Christ, toujours, offre son Corps et son Sang. Vraie nourriture, vrai breuvage. Pain de Vie. Gage de résurrection ultime. Pain à célébrer non pas comme un cérémonieux repas funèbre à l'usage des justes, mais comme un repas de joie, également ouvert aux pécheurs, aux impurs. Pain consommé non pas dans l’isolement mais en commun, repas d'amour de la communauté, uni au Seigneur et présent en lui. Pain de vie, pain de l'espérance messianique qui oriente nos regards vers l'avant et nous appelle à plus de justice, plus de fraternité, plus d’amour.
Et assurément celui qui mange de ce pain ne se laissera accabler par nulle détresse ni affliction, ne désespèrera jamais dans le doute, ne sera jamais abandonné dans sa solitude, ne sera privé de joie dans aucune désolation, ni anéanti par aucun échec. Qui mange de ce pain, certes, n'évitera pas la souffrance, mais passera à travers elle. Enfin, qui mange de ce pain connaîtra la Joie du crépuscule, quand les étoiles s'allument et que l'enfant s'en va rejoindre la maison du Père.
Méditation de l'Association Pierre Valdès. Rédacteur principal: Jean.