Le bon grain et l’ivraie.
Il leur proposa une autre parabole: "Il en va du Royaume des Cieux comme d'un homme qui a semé du bon grain dans son champ. Or, pendant que les gens dormaient, son ennemi est venu, il a semé à son tour de l'ivraie, au beau milieu du blé, et il s'en est allé. Quand le blé est monté en herbe, puis en épis, alors l'ivraie est apparue aussi. S'approchant, les serviteurs du propriétaire lui dirent: Maître, n'est-ce pas du bon grain que tu as semé dans ton champ? D'où vient donc qu'il s'y trouve de l'ivraie? Il leur dit: C'est quelque ennemi qui a fait cela. Les serviteurs lui disent: Veux-tu donc que nous allions la ramasser? Non, dit-il, vous risqueriez, en ramassant l'ivraie, d'arracher en même temps le blé. Laissez l'un et l'autre croître ensemble jusqu'à la moisson; et au moment de la moisson je dirai aux moissonneurs: Ramassez d'abord l'ivraie et liez-la en bottes que l'on fera brûler; quant au blé, recueillez-le dans mon grenier."
(Mt 13, 23-30)
Dans les paraboles précédentes, Jésus comparait le Royaume de Dieu au grain qui se multiplie de lui-même et qui ne mûrit qu'avec le temps ; à la plus petite de toutes les semences qui à la longue deviendra ce grand arbre plein de nids d'oiseaux.
Aujourd’hui il nous prépare à la vérité amère : un autre semeur existe, celui qui sème l'ivraie dans le champ du Seigneur; et l'on ne discerne le blé de l’ivraie qu'une fois la moisson finie... Alors l'ivraie brûlera. Cette herbe mauvaise, les cœurs mauvais...
Qui ne se heurte aujourd’hui au problème de l’inexplicable méchanceté ?
La malveillance est de ce monde. L'ivraie fait partie du champ de blé et du champ de nos cœurs, et il y a, chez nous comme chez les autres, du bon, du moins bon et même du pas bon du tout… C'est-à-dire du bon grain et de l'ivraie. Et nous reconnaissons le bon grain en nous aussi facilement que l'ivraie chez les autres...
Jésus accepte cependant la symbiose des cœurs purs et des mauvais. Il accepte que certaines de ses créatures soient capables de se heurter à la volonté du Père, de choisir le mal, de préférer le mal….. Il va même jusqu'à provoquer le scandale en donnant ses préférences aux pécheurs.
Pourtant, il n'existe pas de « méchanceté » irrévocable.
Et précisément Jésus nous demande de ne pas perdre espoir, ne pas perdre cœur. Ne pas opérer de tri ni exclure ceux qui, à nos yeux, ne sont pas dignes. Il nous demande au contraire de supprimer toutes barrières entre bons et méchants, dans un amour qui n'exclut de sa bienveillance pas même l'adversaire et l'ennemi. Voilà, je pense, l’enseignement de cette parabole.
« De même donc qu'on enlève l'ivraie et qu'on la consume au feu……. (Mt 13,40)» Je songe à ces feux d'herbes dont la fumée demeure immobile sur la campagne dans la paix des soirs d'été……. et de cette grâce désarmante, convertissante et persuasive de l’Amour libérant enfin l’homme du Mal. Royaume au-dedans de nous. Oui ! il est là ce Royaume, à la fois simple et limpide comme une matinée de printemps : c’est le Mystère du grand arbre plein d’oiseaux que Jésus voit déjà dans ses yeux du ressuscité.
Jean
Accueil 
