Méditation 177: Heureux les coeurs simples. Répondre en citant
Le soir de ce jour, qui était le premier de la semaine, les portes du lieu où se trouvaient les disciples étant fermées, à cause de la crainte qu'ils avaient des Juifs, Jésus vint, se présenta au milieu d'eux, et leur dit: La paix soit avec vous!
Et quand il eut dit cela, il leur montra ses mains et son côté. Les disciples furent dans la joie en voyant le Seigneur.
Jésus leur dit de nouveau: La paix soit avec vous! Comme le Père m'a envoyé, moi aussi je vous envoie.
Après ces paroles, il souffla sur eux, et leur dit: Recevez le Saint Esprit.
Ceux à qui vous pardonnerez les péchés, ils leur seront pardonnés; et ceux à qui vous les retiendrez, ils leur seront retenus.
Thomas, appelé Didyme, l'un des douze, n'était pas avec eux lorsque Jésus vint.
Les autres disciples lui dirent donc: Nous avons vu le Seigneur. Mais il leur dit: Si je ne vois dans ses mains la marque des clous, et si je ne mets mon doigt dans la marque des clous, et si je ne mets ma main dans son côté, je ne croirai point.
Huit jours après, les disciples de Jésus étaient de nouveau dans la maison, et Thomas se trouvait avec eux. Jésus vint, les portes étant fermées, se présenta au milieu d'eux, et dit: La paix soit avec vous!
Puis il dit à Thomas: Avance ici ton doigt, et regarde mes mains; avance aussi ta main, et mets-la dans mon côté; et ne sois pas incrédule, mais crois.
Thomas lui répondit: Mon Seigneur et mon Dieu! Jésus lui dit:
Parce que tu m'as vu, tu as cru. Heureux ceux qui n'ont pas vu, et qui ont cru! (Jn. 20, 19-29)
Comme à chaque fois qu’il intervient dans l’évangile de Jean, l’Apôtre Thomas nous apparaît ici avec son caractère bien terre à terre, à qui on n’en raconte pas, et pour qui un chat est un chat : pas un chien, encore moins un esprit. Il était assez primaire, prenait tout au pied de la lettre, et ne cherchait pas midi à quatorze heures. On dirait maintenant que ce n’était pas un intellectuel, encore moins un mystique. Plutôt un paysan, voire un maquignon, bref, tout le contraire d’un esprit sophistiqué ou urbanisé.
Comme il a vu Jésus mort sur la croix, il ne sera prêt à croire à sa résurrection que s’il le voit en chair et en os.
Et encore, il demande en plus de pouvoir vérifier que ce n’est pas un sosie : en s’assurant à la vue et au toucher qu’il a encore les marques du supplice.
Car Thomas ne pense pas que ses compagnons lui mentent délibérément en affirmant qu’ils ont vu Jésus ressuscité; il croit plutôt que leurs esprits, affaiblis qu’ils sont par la tristesse et par le trop-plein d’émotions de ces derniers jours, se sont laissé abuser par un sinistre plaisantin ressemblant plus ou moins à leur ancien Maître.
« Je ne me ferai pas avoir », se dit-il certainement, « et les preuves que je demande ce n’est pas demain la veille qu’ils pourront me les présenter, ces grands naïfs. »
Aussi, quelle ne fut pas sa surprise lorsqu’une semaine après, il se retrouve devant Jésus en chair et en os, comme il peut le vérifier lui-même en voyant les marques des clous et en plaçant son doigt dans son côté!
Mais alors, c’est à nous d’être surpris : car c’est de la bouche de cet homme à l’esprit simple, pour ne pas dire primaire, que sort pour la première fois une expression qui est peut-être le sommet de la mystique chrétienne: il reconnait en cet homme non seulement son maître Jésus, celui qu’il a suivi sur les routes de Galilée, mais infiniment plus : « son Seigneur et son Dieu ». Oui, pas seulement son maître, mais son Seigneur, pas seulement son Seigneur, mais son Dieu.
Cette évolution de l’incrédulité à la croyance totale et pleine, celle à laquelle nous sommes tous appelés, s’est faite dans la fulgurance de la seconde qui a suivi le « test ».
A partir de cet instant là, Thomas témoignera sans relâche de ce qui est le fondement de la bonne nouvelle : « Oui, Jésus-Christ est ressuscité ! Alléluia ! »
Et rien ne l’empêchera plus de le faire, ni les dangers, ni les embûches, ni les menaces, ni le coté incroyable du fait. Comme les autres Apôtres, il fait partie des racines de l’arbre immense et doublement millénaire qui a maintenant disséminé ses innombrables branches à travers toute la terre : l’Eglise fondée par le Christ.
Comme quoi l’adhésion pleine et totale à la foi chrétienne n’a rien à voir avec nos capacités intellectuelles, notre finesse d’esprit ou nos connaissances théologiques.
Jésus se révèle dans sa totalité à qui il veut bien, du moment que la pureté et l’humilité requises soient là. Et Thomas nous montre que cette pureté et cette humilité indispensables sont bien souvent plus là dans les esprits simples, parmi les pauvres, que dans tout ce qui fait les innombrables et mortelles suffisances, celles qu’on rencontre de partout, notamment et malheureusement dans l’Eglise même.
Seigneur, rends nos coeurs aussi simples que celui de Thomas, capables de rendre témoignage avec simplicité de la Bonne Nouvelle.
_________________
Eric