Evangile du 16 octobre
Les choses de Dieu
Mt 22, 15-21
Alors les Pharisiens tinrent conseil pour le prendre au piège dans la parole ; et ils lui envoient, avec les Hérodiens, leurs disciples disant :
"Maître, nous savons que tu es vrai et que tu enseignes le chemin de Dieu dans la vérité, et tu ne te soucies de personne, car tu ne regardes pas vers le visage (ou : le personnage) des gens. Dis-nous donc ton avis : est-il permis ou non de donner le cens à César ?"
Jésus, connaissant leur méchanceté, dit :
"Pourquoi me tentez-vous (ou: me mettez-vous à l'épreuve), hypocrites ? Montrez-moi la monnaie du cens."
Ils lui apportèrent un denier, et il leur dit :
"De qui cette image et l'inscription?"
Ils disent : "De César".
Alors il leur dit :
"Rendez donc les choses de César à César, et les choses de Dieu à Dieu".
"Rendez les choses de César à César, et les choses de Dieu à Dieu".
Cette phrase fonde la laïcité, et il a pourtant fallu presque 1900 ans pour séparer l'Eglise et l'Etat en France, et je ne parle même pas des innombrables pays où ce n'est pas encore le cas. Il faut croire que l'homme a la tête vraiment dure.
Même en se plaçant seulement au plan de l'intelligence, lire l'Evangile est un régal, tant Jésus est génial pour clouer le bec à ses contradicteurs.
Dans l'épisode de la femme adultère aussi, il était dans une situation délicate : s'il disait oui, il passait pour cruel, s'il disait non il passait pour impie. Mais il a su se placer sur un autre plan et mettre tout le monde d'accord. Ca ne l'a pas empêché d'avoir des ennuis, d'ailleurs…
Ici, s'il dit oui il passe pour collaborateur, s'il dit non il passe pour résistant. Dans les deux cas il se fait mal voir par la moitié de la population. Mais Jésus refuse les questionnaires simplistes. Il fait des choix clairs, mais pas de cet ordre.
Les disciples des Pharisiens sont peut-être sincères dans leurs questions, bien que Matthieu leur attribue des intentions machiavéliques. Ils ont raison de dire que Jésus est vrai et qu'il enseigne le vrai chemin vers Dieu.
Mais ils mélangent tout : ils se mettent à lui poser une question politique. Faire des choix politiques est important, il ne faut pas dire, comme le font certains, que les hommes politiques sont tous pareils, nuls etc.
"Le chemin de Dieu", c'est autre chose. Et Jésus, avec un exemple concret, leur (et nous) fait comprendre la distinction.
"Rendre les choses de César à César", OK, c'est la laïcité, le respect des lois, on a compris.
Mais "rendre les choses de Dieu à Dieu", qu'est-ce que c'est ? S'agit-il seulement de respecter les lois divines, de faire son devoir religieux? Ne faut-il pas aller plus loin? L'image de l'empereur est sur les monnaies, mais où se trouve l'image de Dieu ? En nous, sans doute, puisque Dieu a créé l'homme à son image. C'est donc nous-mêmes que nous devons rendre à son légitime propriétaire et créateur.
Sommes-nous pour notre prochain une belle image de Dieu ? Savons-nous voir en notre prochain l'image de Dieu?
Saint Vincent de Paul écrivait aux Filles de la Charité, qui oeuvraient dans des campagnes extrêmement pauvres : "Vous vous plaignez que vos paysans n'ont pas figure humaine. Retournez la médaille, et vous verrez le visage de Dieu".
(association Pierre Valdès)