Cher Olivier,
Je crois bien que c'est moi qui en est parlé
Primo : René Girard n'est pas théologien. C'est un professeur (à la retraite aujourd'hui) de littérature comparée, anthropologue, critique littéraire. On le dit philosophe aussi (titre qu'il rejette ou du moins dont il se méfie) comme nous trouvons ses bouquins dans les rayons de philosophies. A vrai dire il est inclassable.
Secundo : Sa thèse sur le sacrifice du Christ a été par contre influencé par un théologien allemand Raymund Schwager.
Tertio : Au final ce qu'on vous a dit à savoir :
- Citation :
- ""que le sacrifice du Christ n'était pas un sacrifice,""
Montre une méconnaissance de l'oeuvre girardienne.
En effet dans son livre Des choses cachées depuis la fondation du monde, Girard a dû mal à qualifier la Passion et la crucifixion comme un sacrifice. Pourquoi ? Depuis un livre précédent La violence et le sacré, Girard a analysé les sociétés archaïques et en particulier la fonction du sacrifice et des mythes. Selon lui la fonction essentielle du sacrifice est l'imitation du phénomène de bouc émissaire qui est à l'origine de toute société et religion. Bref toute communauté humaine s'est bâti et surtout maintenu par un meurtre fondateur ( conflits et violence généralisée qui s'est polarisée sur une victime émissaire et alors mise à mort, sa mort ramenant l'ordre dans la communauté. Ce "pouvoir" fut imputé à cette victime qui alors fut divinisée. Ainsi naquirent les divinités archaïques).
Mais La Tradition judéo-chrétienne comme le montre Girard, est la seule qui n'est pas dupe de ce phénomène où nous explusons la violence par un acte violent et donc toujours la violence. Et tout cela se maintient grâce à la méconnaisance de ce mécanisme.
L'apogée de la Tradition biblique sont les évangiles et particulièrement la Passion et la Crucifixion. Et pour cause car elles sont la dénonciation du mensonge sur l'origine des communautés humaines, le bouc émissaire et cela les évangiles nous le révèlent en déclarant l'INNOCENCE de la victime, le Christ ( "Ils m'ont haï sans raison").
De là Girard a dû mal à parler de sacrifice pour le Christ comme le développe l'Epître aux hébreux. Car ce serait recouvrir la vérité révélée et reproduire la schéma archaïque. Ou du moins nous ne pouvons, dit-il, donner ce mot qu'au seul sacrifice du Christ.
Cette question sera réglée quand nous abordons plus avant la profondeur et la césure irréversible inscrite dans la Passion. Le sacrifice archaïque est toujours sacrifice de l'autre ( c'est SA faute, IL est FORCEMENT coupable...) alors que le sacrifice du Christ est sacrifice de soi dans une logique d'amour (aimer ses ennemis : en finir avec la logique d ela violence et de la haine) et donc de vie ( la plus belle preuve d'amour est de donner sa vie pour ses amis nous rappelle le Christ en personne).
Telle est donc la position finale de Girard.
N.B. : Je vous mets un lien internet qui vous expliquera mieux la pensée de Girard
http://biblio.domuni.org/articlesreligions/renegirard/index.htm
Cordialement,
Manuel.