La première encyclique de Benoît XVI

Chers amis,

Essayons nous à un peu de prospective parfaitement stupide et sans intérêt : quel sera le thème de la première encyclique de Benoît XVI ?

Considérant les marottes théologiques du saint Père, je parie que la première encyclique dispensera un enseignement sur l'eschatologie.
C'est en effet le seul domaine dans lequel il n'y a eu aucun enseignement magistériel depuis Vatican II (à l'exception, en 1979, d'une lettre Recentiores episcoporum Synodi des plus succintes sur la question commise par la CDF). Tout les autres domaines ont été abordés, que ce soit dans des encycliques ou dans des exhortations et lettres apostoliques.
D'autre part, la mort "publique" de Jean-Paul II dans un monde qui cherche à escamoter la mort est comme un appel à fournir un exposé organique de la doctrine catholique sur ce point.
Ajoutons que la grande vogue que connaissent les thèses réincarnationistes en conséquence de l'engouement pour les traditions religieuses orientales et le New Age appelle également une intervention du Magistère.
Et, last but not least, un petit rappel d'eschatologie générale ne serait pas superflu à l'heure où se multiplient les apparitions à saveur eschatologique.

Vous me direz que le Catéchisme a fait le point sur la question. Mais, outre que ce point reste insatisfaisant sur nombre de points et assez technique, ce n'est pas la partie du Catéchisme qui est la mieux connue, loin de là. Une bonne petite encyclique bien tournée aura, de fait, un impact certain. D'autant que les médias attendent sans aucun doute avec impatience l'arrivée de ce document.

Une objection cependant, assez mince toutefois : la Commission théologique internationale planche durant cette session sur le sort des enfants morts sans baptême, et ne doit rendre sa copie qu'en 2009.

Les autres points chers au pape sont la liturgie (mais après Ecclesia de Eucharistia et Redemptionis Donum, c'est plutôt à une évolution du Missale Romanum qu'il faut s'attendre, sans doute après le synode ordinaire d'octobre), l'ecclésiologie (mais la CDF est déjà pas mal intervenue sur la question ces dernières années, notamment avec Domine Iesus , Communionis Notio...).
Une autre éventualité est une nouvelle Pacem in Terris, dont l'adéquation avec l'actualité est indéniable, mais dont, cependant, je vois mal l'intérêt (l'Eglise oeuvre pour la paix, tout le monde le sait, et il n'y a pas à proprement parler de grande nouveauté dans ce domaine, ou de doctrine à réaffirmer).

Qu'en pensez-vous ?

Amicalement,

Cher Olivier,

Citation :

Et, last but not least, un petit rappel d'eschatologie générale ne serait pas superflu à l'heure où se multiplient les apparitions à saveur eschatologique.

Ce serait formidable. Cependant je n'y crois pas.

Je parierais plutôt sur un discours programme où il montrerait la nécessité de la recherche de la vérité en géréral.

J'ai l'impression que ce pape, après la phase de l'amour lumineux et conquérant de Jean-Paul II, éprouvera le besoin de renforcer les fondations en vue de l'accueildes fruits à venir.

Autre hypothèse: l'UNITE DES EGLISE. Pour preuve, son attitude ouverte face à Vassula, la prophétesse de l'unité à venir avec l'orthodoxie.
http://www.vassula.org/2002_CDF.html

Pour l'eschatologie, ce serait pourtant extraordinaire: L'ESPERANCE, voici la soif de notre temps.

Le problème est que, telle qu'est l'eschatologie actuellement dans la théologie, elle est difficile à structurer comme un livre d'espérance.

En gros, il existe une série de repères dogmatiques, mais, je vous le dis très simplement, la synthèse classique de la théologie du Moyen-Age est parfaitement inacceptable à notre époque sur quatre points:
- Le salut des enfants morts sans baptême (mort spirituelle due au péché originel).
- Le salut des infidèles (mort spirituelle due à l'ignorance).
- Le salut des pauvres pécheurs (mort spirituelle due à la faiblesse).
- L'enfer décrit comme un camp de concentration.

Mais nous en avons discuté souvent.

Je vous écris par email privé.

Cher Arnaud,

Veritatis Splendor a déjà abordé cette question de la Vérité, et l'on sait que son principal auteur fut le cardinal Ratzinger...
L'unité des Eglises est également un sujet que le Saint Père abordera probablement. Mais je ne suis pas certain, pour ce que j'ai pu voir des dernières publications sur le sujet, que la réflexion théologique sur le "noeud gordien" qu'est le ministère pétrinien soit suffisamment avancée.

D'autre part, dans son ouvrage La mort et l'au-delà, le Saint Père développe une eschatologie sensiblement éloignée de l'eschatologie scolastique.

Amicalement,

Cher Olivier,

Plus je réfléchis, plus je lis l'eschatologie scolastique, plus je me rends compte à quel point elle est périmée^sur ses principes d'interprétation.

Il n'y a à craindre la justice de Dieu que si on se met dans la justice. Mais si on arrive là haut comme ce que nous sommes, des pécheurs et des prostituées, sans aucune illusion sur ce qu'on va devoir révéler aux autres, on ira vite au Ciel. Il est venu pour ceux qui ont besoin d'un médecin... Moi, cela me REJOUIT.

Comment peut-on croire à ces espèces de théologie de la JUSTICE, du style de celui qui a peur d'être comme un rat dans une tapette si, après avoir servi Dieu toute une vie, il vient à mourir au mauvais moment.

Du coup, j'en viens à me dire que la théologie peut être dangereuse, du moins si elle fait quitter la lecture de l'Evangile ou la prière. Car il faut quand même OSER pour, après avoir lu l'Evangile, croire que Dieu pourrait agir comme cela avec ses enfants...

Il faut revenir à une foi pleine d'espérance et de joie.

J'espère donc que ce pontificat sera celui d'une grande récolte.

Cher Olivier,
Une idée: une encycliqe sur l'unité catholique/orthodoxe:

Cela ne pourrait se faire que par
1° La réaffirmation du Magistère infaillible du pape.
2° Une décentralisation de la juridiction pastorale du Pape laissant aux évêques orthodoxes leur liberté totale de gestion...

Cher Arnaud,

Il me semble que cela requiere une rencontre officielle, à l'instar de ce synode catholique-orthodoxe proposé par le cardinal Kasper qui, d'ailleurs, était probablement en service commandé.
Le sujet est trop sensible pour être traité unilatéralement par une encyclique. Ce serait, à mon avis, une erreur quelle que soit la position pontificale.

Au'en penses-tu ?

Amicalement,

C'est vrai. Cela ne peut se faire concrètement sans rencontres.

Mais il peut y avoir l'expression d'un programme.

Je crois qu'on va être obligé d'attendre.