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 conte de Noël de l'Avent d'Aleteia

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MessageSujet: conte de Noël de l'Avent d'Aleteia   conte de Noël de l'Avent d'Aleteia EmptyLun 4 Déc 2023 - 12:02

Épisode 1 : La mission



Pour accompagner chacun pendant le temps de l'Avent, Aleteia a décidé de vous conter une histoire originale. Chaque dimanche, nous allons suivre les aventures de Yeda, un personnage étonnant qui va vivre un important voyage intérieur. 

À la suite de Yeda, entrons dans le temps de l'Avent.


Yeda se réveilla, on toquait à sa porte.

C’est curieux, se dit-il. En général, les missions lui étaient confiées au Palais et remises par lettre. Seules les missions de haute importance nécessitaient qu’un individu se déplace pour le solliciter. Mais là, en plein milieu de la nuit et directement chez lui, c’était une première.


Yeda se leva furtivement, se rendit jusqu’à la porte et ouvrit. Un membre de la garde se tenait face à lui. Un homme puissant qui ne semblait pas affecté par l’horaire matinal.

– Vous êtes convoqué sur le champ par Hérode.

Yeda encaissa la nouvelle. S’il s’évertuait à ne donner aucun signe exérieur de surprise, intérieurement, son cerveau s’activait à toute vitesse. Pourquoi Hérode voudrait-il le voir en personne ? Jamais le roi ne demandait une audience de cette façon. Si la convocation était si exceptionnelle, c’est que le sujet devait être particulièrement grave.


– J’arrive tout de suite, répondit Yeda.

Il retourna près de son lit, s’habilla en vitesse et récupéra ses affaires de voyage, toujours prêtes en cas de départ précipité. En partant, il fouilla sous son oreiller avant d’en sortir une dague qu’il fixa directement à sa ceinture. Une fois prêt, il referma la porte de sa petite demeure et suivit le soldat à travers les rues de Jérusalem.


L’aube ne se lèverai pas avant des heures et les seules personnes présentes dans les rues étaient les marchands, qui installaient leurs emplacements sur les différentes places de la ville. Jérusalem était encore silencieuse. Yeda leva les yeux au ciel. Pas une étoile à l’horizon. Uniquement un énorme nuage qui empêchait quiconque d’admirer les constellations.


Arrivé au Palais, le soldat emmena Yeda jusque dans les appartements d’Hérode. Rien n’allait dans cette convocation. Personne n’avait le droit de venir ici. Avant d’entrer dans les appartements du roi,


le soldat se tourna vers Yeda :

– Hérode est de mauvaise humeur. Alors surtout, ne le froissez pas. Sinon ça me fera plus de travail pour ce soir et j’apprécierais ne pas avoir à m’occuper de vous. C’est clair ?


Yeda hocha la tête. Un garde qui le menaçait, c’était peut être le premier événement normal de la soirée. Le soldat poussa alors la porte et entraîna Yeda dans les appartements d’Hérode. Arrivé dans le salon, le soldat se mit au garde-à-vous, suivi par le nouveau venu.


Hérode était là, affalé dans un fauteuil, le coude contre le siège et le poing contre la tempe. Il lui fallut quelques secondes, pour s’apercevoir que deux individus attendaient à l’entrée du salon. Il regarda chacun d’entre eux, l’air grognon. À ses côtés, un conseiller était présent. 

Il s’approcha d’Hérode, lui chuchota quelques mots à l’oreille mais Hérode le stoppa d’un geste de la main. Puis il se tourna vers le soldat. Le soldat salua et s’en alla, non sans avoir lancé un regard appuyé au nouveau venu. Yeda était prévenu. Si les choses se passaient mal, il en subirait les conséquences. 


Hérode fit un geste à son conseiller et celui-ci s’empressa de servir chacun en vin. Le conseiller offrit une coupe de vin à Hérode, puis tendit l’autre vers le nouveau.

– Navré, mais je ne bois pas.

Le conseiller resta bloqué, les yeux écarquillés, alors qu’Hérode passait rapidement de la surprise à la colère.

Yeda ne s’en formalisa pas.

– Avec mon métier, je ne peux pas me le permettre.

Après une seconde de silence, Hérode grogna.

– Apporte-lui un verre d’eau.


Le conseiller se précipita vers les cuisines pendant que Hérode faisait signe à Yeda de s’asseoir. Bien qu’il aurait préféré rester debout, il avait utilisé sa seule et dernière occasion de dire non à Hérode. Il s’assit donc dans le fauteuil en face du roi. Celui-ci le regarda intensément.


-J’espère que votre réputation n’est pas usurpée. La mission que je vais vous confier est de la plus haute importance.


Yeda se détendit. C’était bien sur une nouvelle mission qu’il allait être envoyé. Mais qu’est-ce qui pouvait donc être assez important pour demander  à le réveiller en pleine nuit ?


Le conseiller apporta son verre d’eau à Yeda, qui l’analysa rapidement. Un verre classique et l’eau n’était pas teintée d’une couleur étrange. Pas d’odeur particulière non plus. Il avait beau être chez Hérode et en sécurité, ces automatismes faisaient partie de lui. Maintenant, il pouvait boire tranquillement.


– Vous avez entendu parler de ce qui s’est passé aujourd’hui, je présume ?


Yeda comprit à quoi Hérode faisait allusion. Toute la cour n’avait parlé que de ça durant la journée. Il remit les informations dans l’ordre de ce qu’il avait entendu. 


Trois étrangers avaient demandé à rencontrer un nouveau-né qui serait, d’après eux, le nouveau roi d’Israël. Ils avaient scandé ce message dans tout le quartier nord de Jérusalem, captivant l’attention des riverains, mais également celle des espions d’Hérode.


Ils avaient annoncé qu’une prophétie était sur le point de se réaliser. Avant que l’affaire ne s’ébruite, Hérode les avait reçus et on n’avait plus entendu parler d’eux. 


Mais grâce à son réseau personnel, Yeda, savait qu’Hérode leur avait demandé de chercher ce nouveau roi et de revenir lui donner son emplacement, pour qu’il puisse, lui aussi, l’accueillir comme il se doit. Et l’accueil serait certainement plus violent que ce qu’imaginaient les trois étrangers.


Yeda sorti de ses pensées et hocha à la tête. Hérode s’affala dans son fauteuil.


– Cette nouvelle est une bêtise, un non-événement. La venue de ces hommes est surprenante mais inoffensive. Nous avons annulé l’effet sur la population. Les habitants pensent maintenant que les trois étrangers étaient des acteurs faisant la promotion de leur spectacle joué en dehors de la ville. Du côté de ces trois perturbateurs, ils doivent revenir me voir s’ils trouvent leur fameux roi. Tout est sous contrôle. Et pourtant…


Yeda écoutait attentivement Hérode. Chaque information qu’il captait pouvait être vitale pour la mission. Et la dernière phrase, ainsi que le silence du roi, lui donnait une information capitale : le roi se sentait menacé.


– Et pourtant, je ne pense qu’à ça. J’y pense tellement que je n’arrive pas à trouver le sommeil. J’ai annulé bon nombre de tâches aujourd’hui, car je n’avais qu’une seule pensée en tête, qui tourne en boucle depuis la rencontre avec ces étrangers.


Le roi se tourna vers Yeda et le regarda droit dans les yeux.


– Et si c’était vrai ?


S’il n’en laissait rien transparaître, Yeda était agacé. Comment le roi pouvait-il se laisser distraire par ce genre d’histoires ? N’avait-il pas plus important à faire que de craindre un nouveau-né sorti de la prophétie d’étrangers ? Et le peuple d’Israël, asservi et dominé par les Romains ? N’était-ce pas bien plus important que ce potentiel nouveau-né ?


Le roi demanda une nouvelle coupe de vin et reprit :


– J’ai besoin de quelqu’un pour s’occuper de ce travail et tu sembles être la personne parfaite. Tu n’as pas d’attache, personne ne te retiens et tu es connu pour avoir une excellente maîtrise de ce qui se passe autour de toi. Et il vaut mieux, vu ta profession. Tu t’es déjà occupé des nouveaux-nés de certains de mes ennemis, alors t’occuper de cet enfant ne te posera pas de problème moral. Mais surtout, je saurai me montrer généreux.


Bien qu’il se forçait à ne laisser passer aucune émotion en toutes circonstances, Yeda sourit. Quand Hérode se montrait généreux, tout le monde savait ce que cela signifiait : une terre, une demeure, des esclaves, une femme… Et parfois même une place de choix à la cour. Mais surtout de l’or, beaucoup d’or.


– Je vois que nous nous comprenons. De l’argent t’attend à la sortie du palais pour ta mission. Les étrangers sont guidés par une étoile depuis le début de leur voyage. Les nuages empêchent de la suivre actuellement, mais ils savent vers quelle ville se diriger : Bethléem. Tu les suivras là-bas et tu t’occuperas du nourrisson.


– Bethléem ? Vous êtes sûr ?


Yeda se maudit intérieurement. Les mots étaient sortis avant qu’il ait pu les retenir. Hérode braquait sur lui un regard contrarié.
– Cela pose un problème ?


– Non, pas du tout. Tout sera fait comme vous le souhaitez.


Un silence emplit la salle. Hérode se détendit.


– Bien tu peux t’en aller.


Il se leva aussitôt et prit le chemin de la sortie.


– Une dernière chose…


Yeda se retourna. Hérode le regardait intensément depuis son fauteuil.


– Ces hommes, ces étrangers, sont des mages venus d’Orient. Nous ne connaissons rien d’eux, mais on raconte qu’ils auraient des pouvoirs spéciaux. Ne te laisse pas prendre à leur jeu et souviens-toi que le seul ici qui a le pouvoir de te détruire, c’est moi.


Yeda sorti des appartements d’Hérode et réfléchit à ce qu’il venait de vivre. Une mission très spéciale, avec une énorme récompense à la clé, l’attendait.


Il n’avait pas le droit à l’erreur.

Merci d’avoir écouté le conte de Noël d’Aleteia, épisode 1. 

C’est le début du voyage de notre héros de la même manière que c’est le début de ce temps de l’Avent. 
On a pu découvrir un personnage en écoutant cette histoire et voir dans quel état d’esprit il débute son aventure. 

Alors, posons-nous, nous aussi, la question : comment je démarre ce temps de l’Avent ? Dans quel état d’esprit je suis ? Qu’est-ce que j’embarque avec moi pour ce voyage intérieur qui m’amène à la naissance de Jésus ?

Soyons francs avec nous-mêmes et remettons tout ce qui nous empêche d’avancer à Dieu, pour que nous puissions nous retrouver émerveillés devant ce petit enfant à naître.

Si cet épisode vous a plu, n’hésitez pas à liker, à partager et à nous suivre sur nos réseaux. On se retrouve dimanche prochain pour le deuxième épisode du conte de Noël d’Aleteia.
Bonne entrée dans l’Avent à tous.
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MessageSujet: Re: conte de Noël de l'Avent d'Aleteia   conte de Noël de l'Avent d'Aleteia EmptyDim 10 Déc 2023 - 11:13

Le conte de Noël d'Aleteia / Episode 2 : Les mages





Pour accompagner chacun pendant le temps de l'Avent, Aleteia a décidé de vous conter une histoire originale. Chaque dimanche, nous allons suivre les aventures de Yeda, un personnage étonnant qui va vivre un important voyage intérieur. À la suite de Yeda, entrons dans le temps de l'Avent.


Yoda patientait.


Il s’était posté à la porte sud de Jérusalem dans l’attente du passage des Mages. Il attendait depuis maintenant une demi-journée et aucun des trois étrangers n’avait pointé le bout de son nez. Il n’était toutefois pas étonné. Ils avaient voyagé de nuit avant d’arriver jusqu’ici, cela signifiait un rythme décalé de sommeil. Il ne les verrait peut-être pas avant la tombée de la nuit.


La route pour Bethléem était courte, deux bonnes heures de marche. Le trajet ne l’inquiétait pas plus que ça, mais Bethléem… 


De toutes les villes du pays, il avait fallu que ce soit celle-ci que la prophétie choisisse. Depuis qu’il avait appris sa destination, il se sentait tendu et aurait préféré une autre mission. Mais l’argent…


– Hey !


Yeda se retourna. Un soldat romain s’était approché de lui et le regardait d’un air hautain.


– Tu es là depuis plusieurs heures, tu ne bouges pas, tu ne fais rien ! Bouge de là avant que nous te sortions nous-mêmes de la ville !


Yeda le regarda et glissa sa main dans sa poche.


– Oh, je suis certain que nous pouvons nous entendre, soldat.


Il sortit alors une pièce d’or et la lui tendit furtivement. Le romain récupéra la monnaie, la toucha discrètement, puis hocha la tête rapidement avant de repartir. 


Yeda sourit. Ce n’était pas la première fois qu’il expérimentait le pouvoir de l’or sur les hommes. Il s’adossa à nouveau contre l’une des maisons à la sortie de Jérusalem et attendit.


Yeda s’impatientait maintenant. Depuis longtemps, en fait.


Les différentes vagues de départs de Jérusalem pour le sud du pays étaient passées et bien que la journée avait été privée de soleil, la luminosité commençait à décliner.


 Yeda ne voyait pas comment les mages avaient pu sortir sans attirer son attention. Ils étaient forcément dans la ville, mais quitter sa place pour chercher des renseignements était hors de question. 


Il suffisait qu’il s’absente pendant quelques minutes pour que les étrangers passent tranquillement sans qu’il puisse les retrouver.


Il sortit de ses rêveries en voyant trois personnages passer la porte. En les regardant, il n’eut aucune hésitation. 


C’était bien eux.


Le premier portait des vêtements dorés, avançait tranquillement à dos de chameau. Il arborait un sourire confiant et se retourna pour regarder ses compagnons de route.


Le deuxième portait des vêtements d’un vert éclatant. Il avançait à pied, les rênes de son chameau à la main. Il semblait agacé et accentua encore plus cette émotion en se retournant à son tour.


Le troisième portait des vêtements rouges. Il avançait à pied et tirait les rênes de son chameau pour le faire avancer. Il semblait tout penaud et se retournait pour regarder ses camarades avec un sourire gêné.


Le mage vert soupira.


– Ne pourrais-tu pas avancer normalement comme tout le monde ? À ce rythme là, ce n’est plus un nouveau-né que nous allons retrouver, mais un vieillard !


– Oh, laisse-le Melchior. Ça doit être assez humiliant comme ça.


Le mage rouge se retourna.


– Je suis désolé, mais d’où je viens, ce genre d’animaux, on n’en a pas ! Et il ne me facilite pas la tâche non plus.


Le mage vert monta sur son chameau, suivi bien plus tard par le mage rouge. Les trois étrangers s’en allèrent sur le chemin. 


Yeda connaissait la route pour Bethléem. Le voyage serait peut-être plus difficile pour eux que pour lui.


Cela faisait une heure que Yeda suivait les mages et il avait pu glaner plusieurs informations sur eux. 


Premièrement, leurs noms. Le mage vert, qui semblait en colère tout le temps, était Melchior, le mage doré, qui semblait paisible en toute circonstance, était Balthazar, tandis que le mage rouge, qui enchaînait les maladresses, était Gaspard.


Balthazar était un peu celui qui apaisait le groupe, la personne sur qui tu peux réellement compter dans les mauvais moments. Il semblait qu’il était également le plus sociable de tous.


Melchior, lui, était peu enclin aux discussions mais semblait être un énorme moteur pour faire avancer le groupe. Il avait l’air de s’être beaucoup renseigné sur la région et sur ses coutumes. Il semblait également jouer le rôle de gardien du groupe. 


De son côté, Gaspard semblait être le mage à qui rien ne réussit. Il avait beau être très sympathique, il était si maladroit que même Yeda, qui ne le suivait que depuis peu de temps, était affligé. 


En revanche, s’il y avait bien une personne qui savait reconnaître et suivre l’étoile dans le groupe, c’était lui. Le fait de ne pas voir le ciel semblait accentuer ses défauts.


Les trois mages avaient dû s’arrêter pour essayer de faire repartir le chameau de Gaspard, qui ne semblait pas vouloir continuer le voyage. 


Yeda regardait les pauvres hommes se débattre avec le chameau en se demandant s’il fallait en rire ou en pleurer. Caché derrière une faille rocheuse, il se demandait s’il n’allait pas s’écarter un peu pour dormir plus loin.


Alors que cette pensée lui effleurait l’esprit, ce qu’il vit le glaça d’effroi. 


Un serpent se rapprochait tout doucement de la jambe de Gaspard. La luminosité était telle que le mage ne pouvait pas l’avoir vu. Yeda fit les calculs dans sa tête. Sans Gaspard, pas d’étoile, pas de nouveau-né, pas d’argent…


La décision fut instantanée. Il sortit de sa cachette en courant droit vers Gaspard, ôta sa dague de son fourreau et trancha la tête du serpent d’un même geste. 


L’action n’avait pas duré plus de cinq secondes et Yeda se félicita de cette réussite.


Il releva la tête et fut surpris de voir trois paires d’yeux le fixer intensément. Gaspard fut le premier à réagir.


– Mais, mais vous m’avez sauvé la vie ! Merci, merci infiniment !


Il lui avait pris la main et la secouait vigoureusement.


– Soyez remercié de votre geste. Je ne sais pas quoi faire pour vous remercier.


– Attention, Gaspard, intervint Balthazar, tu vas faire peur à notre nouvel ami. Merci pour la bonté d’âme dont vous avez fait preuve à l’égard de Gaspard. 

Sans lui, nous aurions été en grande difficulté.


– Qu’est-ce que vous fichez au milieu de ce désert ? interpella Melchior. Vous nous suivez ?


Yeda était pris au dépourvu. La situation était tellement incongrue qu’il n’arrivait pas à retrouver  sa contenance.


– Mais non, Melchior ! rebondit Gaspard. Il doit lui aussi descendre à Bethléem, voilà tout.


– Dans ce cas, reprit Balthazar, pourriez-vous continuer votre route avec nous ? Même si Melchior connaît bien l’endroit, une bonne connaissance de la route ne nous fera pas de mal. 

Et vu que le chameau de Gaspard ne veut plus le laisser aller sur son dos, nous continuerons tranquillement à pied.


– Dépêchons-nous, la nuit est déjà bien avancée.


– Et toujours pas la moindre étoile, c’est vraiment étonnant.


La nouvelle équipe se mit en marche alors que Yeda reprenait ses esprits petit à petit. 


En l’espace d’une minute, il avait sauvé une personne dont il se fichait complètement, donné une indication sur sa destination sans parler et accepté de se joindre à cette petite troupe sans réfléchir… 


Intérieurement, il ne comprenait rien. Il était formé à fuir les groupes, à rester loin de tout et à ne pas interférer.


Alors qu’il continuait à marcher, il essayait de lister les événements qui lui avaient échappé, mais les prises de parole de Gaspard à ses côtés l’empêchait de se concentrer. 


La route promettait d’être longue.


Alors que la nouvelle troupe avançait lentement, Yeda se mit à écouter leurs conversations et même à y prendre part. 


Il se sentait… Bien. Il s’était tout d’abord protégé en restant distant. 


Puis, voyant que les trois rois mages, y compris Melchior, ne lui voulaient aucun mal, il se surprit à rire de certaines situations et à apprécier le trio. 


Il les avait juste trompés sur son identité et sur la raison de son voyage. Les mages voyaient en lui Chagè, un homme qui descendait à Jérusalem pour le recensement. En effet, l’empereur, pour comprendre l’étendue du peuple qu’il gouvernait, avait demandé de compter la population. Chacun devait donc retourner dans sa ville natale pour se faire recenser. Difficile de trouver un meilleur alibi.



– Alors Chagè, combien de temps comptes-tu rester à Bethléem ?


– Oh, le moins de temps possible.


– Ah, tu as de mauvais souvenirs ?


– Non, pas vraiment, mais j’aimerais ne pas croiser certaines personnes.


– Je suis persuadé que tu étais un délinquant plus jeune et que tu es encore recherché dans toute la ville, avait expliqué Melchior.


– Melchior s’interposa Gaspard, Chagè est un invité. Tu ne peux pas le traiter de la sorte, c’est indigne de toi !


– Ce qui est indigne, c’est ton rythme de marche avec ton chameau là ! C’est de pire en pire, on irait tellement plus vite sans toi !


– Oui, mais vous auriez beaucoup plus de mal à vous diriger, surtout avec ton impressionnante connaissance des étoiles.


– Tu veux qu’on parle de mes connaissances sur les phalanges dans le visage aussi ?


– Allons, allons, les amis ! Ne nous donnons pas en spectacle.


Yeda ne put s’empêcher de rire.


Melchior se retourna vers Yeda, le regard agacé, puis reprit sa route, suivi de très près par Gaspard. Balthazar se mit à marcher à la même hauteur que Yeda.


– Ne le prends pas mal Balthazar, mais votre trio, c’est quand même un peu le chaos. Si vous n’étiez pas là pour faire l’équilibre, Melchior et Gaspard s’entretueraient.


Balthazar sourit.


– Tu crois ça ? Ben, ils ont des caractères très différents et Melchior a l’air d’avoir le sang chaud. Je doute qu’il puisse passer une heure sans se prendre la tête, tous les deux.


Balthazar regarde Yeda.


– Tu seras donc sans doute surpris d’apprendre que Melchior et Gaspard ont passé plusieurs jours ensemble avant de me rencontrer et que nous constituons ce groupe. Ils se connaissent bien, c’est ce qui leur permet d’être franc l’un avec l’autre. Ne t’inquiète pas, ils ont l’intelligence de se parler correctement quand ça ne va vraiment pas.


Il se tourna alors vers Yeda.



– Et dans ce groupe, il n’y a pas de chaos. Par contre, il y a bien un autre élément imprévisible.


– Ah… Et lequel ?


– La vie.


Yeda resta silencieux pendant un bon moment. En effet, les mages vivaient. Avec leurs disputes, leurs joies, leurs craintes et leurs espoirs, ils vivaient. 


Yeda rentra en lui-même. Depuis combien de temps ne s’était-il pas ouvert à l’imprévisible, à la vie ?


 À quand remontait la dernière fois qu’il s’était laissé porter par les événements, avait accepté de lâcher prise ? 


Depuis le début de cette mission, quelque chose en lui bougeait. Une forme de force qu’il n’avait pas ressentie depuis très longtemps.


Alors qu’il faisait ce point intérieur, Gaspard, qui avait miraculeusement pris la tête du groupe, se retourna.


– Regardez ! Voici Bethléem !


Yeda sortit de ses pensées. Une nouvelle étape de son voyage commençait.


Merci d’avoir suivi les aventures de Yeda qui le mènent actuellement vers Bethléem.


Nous avons, nous aussi, pleinement commencé notre chemin vers Noël. Alors que notre personnage commence à s’attacher aux mages et à comprendre l’enfermement dans lequel il vit, prenons un temps pour nous poser la question :


Arrivons-nous à laisser Dieu entrer dans notre vie ? Quelle est la place que nous lui donnons ?


Sommes-nous prêts à nous laisser déranger par lui ? Avons-nous l’absolue certitude qu’il agira toujours pour notre plus grand bien ?


Prenons un temps cette semaine avec lui pour lui demander de quelle façon nous devons lui faire de la place.
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MessageSujet: Re: conte de Noël de l'Avent d'Aleteia   conte de Noël de l'Avent d'Aleteia EmptyLun 11 Déc 2023 - 11:35

Si vous avez aimé ces épisodes, n’hésitez pas à liker et commenter.  On se retrouve dimanche prochain pour la suite des aventures de Yeda.


:stefamille:
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MessageSujet: Re: conte de Noël de l'Avent d'Aleteia   conte de Noël de l'Avent d'Aleteia EmptyMar 26 Déc 2023 - 15:21

EPISODE 3 : BETHLEEM




Les portes de Bethléem sont fermées, personne ne rentre, personne ne sort ! Il n’y a de toutes façons plus de place dans les auberges de la ville, alors circulez !


Le soldat avait élevé fort la voix. Yeda ne fut pas surpris de l’accueil. La nuit était bien avancée et le romain devait certainement se sentir agacé et dérangé par les quatre hommes qui venaient demander le droit d’entrer dans la ville si tardivement.


Yeda se retourna vers les mages.


 L’extase de la vision des murs de la cité avait laissé place à la détresse de ne pas pouvoir se réchauffer.



-Mais vous ne pouvez pas nous laisser dehors par ce temps glacial, nous allons y laisser notre peau !


-Nous trouverons un moyen pour entrer dans la ville ! Que vous le vouliez ou non !


-Je suis sûr que nous pouvons nous arranger pour pouvoir entrer…


Le soldat les regarda tous les trois chacun leur tour :



-Pas mon problème, pas mon problème et.. pas mon problème ! Mais si vous voulez avoir des problèmes, n’hésitez pas à continuer de m’importuner, je suis sûr que l’on peut vous trouver une cellule en prison pour les… Allez, pour les 5 prochaines années, ça vous va ?


Le soldat rigola d’un rire sans joie, avant de se fermer complètement. 


À travers ses yeux, on pouvait lire facilement que la prison n’était plus très loin pour les trois mages. 


Alors qu’il les fixait, son regard se leva pour regarder l’homme discret qui faisait partie du groupe et n’avait pas prononcé un seul mot depuis le début de la discussion. 


Celui-ci regardait intensément le soldat. Avant que l’échange de regards ne dégénère, Yeda sortit une petite poche qu’il montra au garde. 


Celle-ci contenait plusieurs pièces d’or qui rayonnaient dans l’obscurité de la nuit. Le garde comprit très vite la proposition de Yeda. Il regarda les mages qui n’avaient pas suivi l’échange et s’adressa à eux.


-Bon, vous ne semblez pas particulièrement robustes et la baisse de température soudaine couplée au vent à dû vous surprendre. Je m’en voudrais de vous laisser à l’extérieur de la ville, mais je dois vous prévenir, à l’intérieur ou à l’extérieur, vous devrez certainement dormir dehors. Allez-y, entrez !


Les trois mages, ne comprenant pas ce qui se passait, avancèrent lentement et prudemment pour dépasser le soldat, avant de se réjouir de leur entrée dans la ville. 


Quand Yeda arriva à la hauteur du romain, il le regarda droit dans les yeux.


-Merci pour votre compassion.


Alors qu’il prenait la parole, Yeda en profita pour glisser le besace de pièces dans la main du garde.


 Celui-ci ne lui accorda pas un seul regard et se concentra sur l’argent facile qu’il avait réussi à récolter. 


Yeda rejoignit les mages derrière les portes de la ville. Gaspard lui sauta dessus.


-C’est un miracle que nous soyons entrés dans cette ville ! Comme si l’étoile que nous ne pouvons voir continuait de veiller sur nous !



-Il est vrai que ce soldat était quelque peu… étrange.


-Je suis sûr qu’il a eu peur de nous, voilà tout.


-Mais, ça reste un beau miracle !


-Oh, du calme Gaspard, intervint Yeda. Le miracle n’est pas de rentrer dans la ville, mais de trouver une auberge pour se reposer.


-Oh, rien ne peut nous résister, l’étoile est avec nous ! En avant ! s’écria Gaspard.


La petite troupe se mit en marche pour arpenter les rues de Bethléem. Remplis d’énergie et confiants, ils étaient fin prêts à trouver une chambre pour les accueillir.


Le coq chanta lorsque le groupe fut refusé par le dernier hôtel de la ville. 


Yeda n’en revenait pas. Personne ne pouvait les loger. Ils avaient rencontré tous les aubergistes, et c’était partout le même refrain.



Complet.


C’était un véritable problème pour l’équipe qui cherchait désespérément un lieu où se reposer. 


Chacun était fatigué après la nuit de voyage passée, mais le temps avait encore décidé de se rafraîchir, au point que les premiers rayons du soleil ne leur avaient annoncé qu’une seule chose : la température ne remonterait pas. 


Frigorifiés et à bout de force, ils ne savaient plus à qui demander de l’aide.



La situation était pire pour Yeda. Celui-ci avait négocié avec les aubergistes chaque fois qu’ils avaient dit non, leur faisant comprendre que l’argent n’était pas un problème.


-Vous êtes bien de Jérusalem, vous, lui avait-on répliqué. C’est pas l’argent le problème, c’est l’espace ! J’ai du monde dans mon salon, dans ma cuisine et dans mon foin. Vous aurez beau avoir tout l’argent du monde, c’est pas en cinq minutes que je peux faire de la place pour quatre personnes alors que j’en ai déjà plus pour ma femme et mes enfants. Alors arrêtez d’insister, c’est non.


Pour la première fois de sa vie, Yeda se trouvait dans une impasse, mais aucune de ses compétences ou ressources ne pouvaient les sortir de là.


Il se retourna vers les mages. Ceux-ci s’étaient assis contre le mur de l’hôtel pour se reposer, mais ils semblaient souffrir profondément de la situation. Pas étonnant, avec le long voyage qu’ils avaient effectué jusqu’ici. 


Même Melchior semblait avoir perdu son esprit combatif. Ils se serraient tous les trois l’un contre l’autre pour rivaliser avec le vent et le froid. Ils n’avaient absolument aucun moyen de trouver un abri.


Une pensée s’alluma dans l’esprit de Yeda. Une pensée qu’il chassait depuis qu’il était arrivé à Bethléem. 


Une pensée qui s’était faite de plus en plus importante à mesure que la nuit avait laissé place au matin. 


Une pensée qui lui faisait peur.



Il y avait une solution.



Il essayait de fuir cette idée, mais la vision des mages recroquevillés les uns contre les autres le prenait aux tripes.


À ce moment-là, un coup de vent passa et Yeda se sentit plus fatigué que jamais. Il leva les yeux au ciel et ne put s’empêcher de pester contre l’énorme nuage qui continuait de bloquer le ciel.
Il ferma les yeux. 


Il avait une mission à remplir, il fallait qu’il aille au bout de celle-ci. La décision était prise. Il ouvrit les yeux et regarda les mages.


-Prenez vos affaires. Je connais un endroit où nous pourrons nous reposer tranquillement.


Les rois mages suivaient Yeda en se demandant où est-ce qu’il pouvait bien les emmener. 


La vie commençait à reprendre ses droits à Bethléem, et les rues devenaient infranchissables au vu de la foule qui s’y déplaçait. 


Yeda les avaient conduits de l’autre côté de la ville et semblait connaître parfaitement les lieux.



Ils arrivèrent face à une habitation classique. Yeda s’arrêta devant la porte. Il savait que cet acte lui sauverait la vie, à lui et ses amis, mais il redoutait ce qui allait se passer. 


Il serra les dents et toqua à la porte. D’abord, il n’y eut aucune réaction. Puis, la porte s’ouvrit sur une femme de taille moyenne qui semblait agacée d’être importunée. Elle fut surprise en voyant les visiteurs et se tourna vers Yeda :



-Bonjour, est-ce que je peux vous renseigner ?


-Ça fait longtemps, Adina.


La femme marqua un temps. Elle regarda intensivement Yeda.


-On se connait ?


-En effet, répondit Yeda.


Adina ouvrit grands les yeux, avant de prendre une moue fâchée. Elle se tourna vers les mages.


-Messieurs, je pense que je dois vous remercier. Je ne sais pas ce que vous avez fait pour lui forcer la main, mais vous mettez fin à dix ans de réflexions intenses sur cet homme.


Adina se tourna vers Yeda.


-Alors comme ça, il t’as fallu tout ce temps pour revenir me voir, petit frère ?


Yeda entra dans la maison de sa sœur. Il observa la pièce principale. C’était la même que lorsqu’ ils étaient enfants. Un salon simple, qui se prolongeait par deux pièces annexes qui servaient de chambres. 


Les mages entrèrent à sa suite en remerciant plus que chaleureusement leur hôte. Elle leur indiqua rapidement une pièce dans laquelle ils pourraient se reposer et ils s’y précipitèrent en laissant toutes leurs affaires dans le couloir. Il ne fallut pas plus de 5 minutes avant de les entendre ronfler.


 Yeda se détendit. Ils ne mourraient pas. Sa sœur s’assit sur un tapis et lui indiqua de s’asseoir face à elle, avant de lui tendre une boisson chaude.


 Yeda sourit. Si lui avait été un enfant très discret et timide, Adina était tout l’inverse.


-Yeda, je vais être franche, je ne sais pas si c’est une bonne chose de te revoir. Je ne sais pas grand-chose d’ailleurs. Cela fait dix ans que nous ne nous sommes pas vus. Pourquoi n’es-tu pas venu plus tôt ?


Yeda frissonna. La demande était une vraie question et pas une accusation cachée. 


Un bruit étrange l’avertit qu’un petit animal se trouvait dans la pièce, mais il ne le releva pas.


-J’ai été très occupé au palais.



-Au point de ne pas pouvoir te libérer une journée en dix ans ?


-J’ai beaucoup voyagé. Je m’occupe de la protection d’individus haut placés. Là encore, je suis en mission pour les mages que tu as vu. Ils viennent de très loin.


-Et tu as attendu d’être aux portes de la mort avant d’amener ton groupe jusqu’ici ?
Yeda baissa les yeux.


-J’avais peur de ta réaction.


Adina souffla et but une gorgée de sa boisson pour se réchauffer.


-Je suis en colère contre toi pour ton absence et ton silence. Mais je dois aussi te remercier.


Yeda releva les yeux. Adina le regardait avec émotion.


-Chaque année depuis dix ans, je reçois à cette période de l’année, de l’argent qui m’est apporté ici. J’ai toujours su que cet argent venait de toi. Et il nous a sauvé la vie. Alors pour ça, merci.


Yeda se sentait pris de vertige. L’envoi de l’argent était le seul geste qui le raccrochait à sa sœur et il avait toujours cherché à garder le lien de cette manière. Le fait qu’elle le remercie pour cela lui fit l’effet d’un baume sur le cœur. Alors que le petit animal continuait à faire du bruit, Adina posa sa main sur celle de son frère.


-Mais aujourd’hui je ne veux plus de cet argent. Ce que je veux, c’est mon frère. J’ai peur que tu t’en ailles sans avoir pris le temps de rencontrer tout le monde.


Yeda ne comprit pas.


-Tout le monde ? Comment ça tout le monde ?


Adina indiqua un point derrière Yeda en souriant.


 Il se retourna et resta paralysé face à ce qu’il vit
.
Dans le coin de la pièce se trouvait un couffin duquel sortait le bruit du petit animal qu’il entendait depuis tout à l’heure. Adina se leva et se dirigea vers le petit bruit et en sortit un nouveau-né d’à peine quelques semaines.


-Yeda, je te présente mon fils Jacob. Jacob, voici Yeda, ton oncle.


Adina tendit son fils vers Yeda.



-Allez, il n’est pas arrivé sur terre depuis longtemps donc autant commencer sur de bonnes bases !


Yeda n’eut pas le temps de répliquer qu’il tenait dans ses bras un petit marmot qui semblait encore dormir. C’est ce moment précis que choisit le petit enfant pour ouvrir ses yeux bleus et les poser sur Yeda.


Les paroles exactes de Hérode résonnèrent alors dans son esprit :



“Tu les suivras là-bas et tu t’occuperas du nourrisson.”


Yeda releva la tête, terrifié. Il y avait un problème.


Merci à tous d’avoir écouté cet épisode, il ne nous reste plus qu’une semaine avant la fête de Noël. À l’approche de cet évènement qui chamboule le monde, nous pouvons réfléchir sur notre émerveillement face à Dieu qui se fait bébé. Quelle humilité. Quel grand spectacle que celui du Tout-Puissant qui choisit d’être vulnérable pour nous rejoindre. Est-ce que je me laisse toucher par cette ode à la fragilité ? Prenons cette semaine le temps de nous émerveiller devant la présence de Dieu dans la crèche.


Si vous avez aimé cet épisode, n’hésitez pas à liker, commenter, partager et on se retrouve pour la dernière étape du voyage de notre héros dès la semaine prochaine. Ciao !
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MessageSujet: Re: conte de Noël de l'Avent d'Aleteia   conte de Noël de l'Avent d'Aleteia EmptyMar 26 Déc 2023 - 15:41

EPISODE 4 :  L'ENFANT






Voici le dernier épisode des aventures de Yeda. À sa suite, adorons l'Enfant-Jésus dans la crèche. Toute l'équipe d'Aleteia vous souhaite un très joyeux Noël !


yeda se retourna sur sa paillasse et regarda dehors par la fenêtre. L’obscurité de la nuit revenait. Il réfléchissait intérieurement. 


Les mages avaient dormi toute la journée et n’avaient pas encore donné signe de vie, en dehors des ronflements anarchiques qui perçaient de temps en temps leur porte. 


Adena était partie dans l’après-midi et ne devrait pas trop tarder à rentrer. Et le petit Jacob dormait tranquillement dans son couffin. 


Yeda était le seul éveillé de la maison.


Et pour cause, il n’avait pas réussi à fermer l’œil.


 Trop de choses se bousculaient dans son esprit. En fait, non, il n’y en avait que deux. 


La première était l’apparition de Jacob dans sa vie. Ce petit enfant avait réussi l’exploit de chambouler tout l’univers qu’il s’était construit. 


En effet, sa mission de base était très claire : il devait suivre les mages jusqu’à un nouveau-né qu’une prophétie désignait comme le nouveau roi d’Israël. 


Il avait suivi les mages jusqu’à Bethléem, premier critère, et avait retrouvé sa sœur et fait la connaissance de Jacob, son nouveau-né. 


Deux critères sur trois étaient remplis. Il ne manquait plus que la confirmation : l’étoile. 


Les nuages avaient l’air de s’être dégagés et bien que le froid restait mordant à l’extérieur, l’après-midi avait été lumineuse et le ciel serait certainement constellé d’étoiles cette nuit.



Mais Yeda n’avait pas une seule fois regardé le ciel depuis leur arrivée dans la maison de sa sœur. Et pour cause, il avait peur. 


Peur que l’étoile ne confirme la vision terrible qui le hantait depuis le matin : son neveu, Jacob, était l’enfant de la prophétie.


Il repoussait l’idée, se persuadant que cela n’avait aucun sens, que les chances pour que cela arrive étaient minces, que son cerveau lui jouait des tours… 


Mais il revenait sans cesse au même constat. Si l’enfant de la prophétie était son neveu, il devrait s’en charger.


Non, il ne pourrait rien lui faire. C’était trop pour lui. Il venait de retrouver ce qui lui restait de famille, avait reconnecté avec des sentiments qu’il pensait avoir enterrés. 


Et d’ailleurs, comment pourrait-il tuer un autre enfant de sang froid ? Sa sœur avait un fils. Il avait envie de protéger cet enfant, de protéger tous les petits Jacob qui apporteraient de la chaleur dans leurs foyers. 


Quelque chose avait profondément changé en lui. Il ne se reconnaissait plus dans ses actes passés. 


Il se dégoûtait même. Non, il ne pourrait pas lever la main sur Jacob.


Mais il ne pouvait pas non plus revenir devant Hérode. Autant mettre fin à ses jours dès maintenant.


Ce flot de réflexion l’amenait constamment à la deuxième chose qui l’empêchait de dormir. 


Un évènement qui s’était produit dans l’après-midi. Un peu hébété, Yeda marchait alors dans la maison, sans but, réfléchissant à ce qu’il venait d’apprendre et aux conséquences que cela aurait par la suite. Il avait oublié que les mages avaient laissé leurs affaires dans le couloir et avait tapé son pied dans l’un de leur coffre, le renversant par inadvertance. Ce qu’il vit alors le surprit au plus haut point. De nombreuses pièces d’or s’étaient renversées, comme pour inonder le sol de leur couleur éclatante. Yeda en était resté médusé. Il y avait de quoi vivre tranquillement pendant plusieurs années. Il avait finalement rangé les pièces dans leur coffre et tout repositionné à l’identique avant que quiconque ne s’aventure dans le couloir.


Et la vision des pièces ne le quittait pas. Il se retourna à nouveau sur sa paillasse, comme pour échapper à ses démons, mais rien n’y fit, elle ne le lâchait pas. 


Il se leva alors et regarda la rue par la fenêtre. Le flot de personnes avait drastiquement diminué, tout le monde se retrouvant dans les tavernes ou les auberges de la ville.



Il avait une solution pour s’en aller, pour ne pas blesser son neveu. Mais celle-ci le dégoûtait. Il avait changé depuis son départ, et même si cette solution lui permettrait d’échapper à Hérode, il avait l’impression qu’en prenant cette décision, il redeviendrait le Yeda d’avant, le Yeda coupé du monde et des autres.


Il leva par réflexe les yeux au ciel. Il contemplait la beauté de ces étoiles qui commençaient à apparaître dans le ciel. 


Alors qu’il s’extasiait face à la beauté du ciel, il baissa soudainement les yeux. 


Non, il ne devait pas regarder le ciel. Il ne voulait pas savoir. Il ne voulait pas faire de mal à sa famille. Il ne voulait faire de mal à personne d’ailleurs. 


Yeda prit alors sa décision.


-Je suis désolé, prononça t-il dans l’obscurité.


Il attrapa toute ses affaires, prit le coffre rempli de pièces d’or et sortit dans la rue, en direction de la porte extérieure de la ville.


Yeda se faufilait dans les ruelles de Bethléem en direction de la porte est de la ville. Il se refit la scène dans sa tête : Il s’en allait avec l’argent, sortait de la ville et rejoignait Jéricho où il pourrait recommencer une nouvelle vie sans que personne ne pense à le chercher là-bas. 


La ville serait assez grande pour qu’il se fonde facilement dans la masse, et ce, pendant un bon bout de temps.


Plus Yeda se rapprochait de la sortie et plus l’image de Gaspard, Melchior et Balthasar s’imposait à lui et lui nouait l’estomac. 


Il repoussait cette pensée le plus possible, conscient que son départ leur ferait l’effet d’un coup de poignard dans le dos. 


Pour que sa conscience évite de le rattraper, il accéléra la cadence et arriva à la porte est.


Il aperçut alors les soldats romains qui gardaient le passage et s’élança vers eux. Le plus proche lui fit signe de s’arrêter.


-Stop, la nuit est tombée, alors personne ne rentre et personne ne sort de la ville. Retournez d’où vous venez monsieur.


Yeda se rapprocha du garde.


-Oh, je suis sûr que nous pouvons nous entendre, soldat.


Yeda sortit alors de sa poche plusieurs pièces d’or qu’il tendit discrètement au garde. Celui-ci regarda les pièces, puis Yeda, avec colère.


-Vous savez quel est le châtiment réservé aux individus qui tentent de corrompre l’armée romaine ? La mort.


Yeda ne comprit pas tout de suite ce que le soldat venait de lui dire. Il regarda le romain avec un air étonné.



-Je n’ai qu’un geste à effectuer et l’autre garde vient me prêter main-forte pour vous mettre en prison. Ensuite, il faudra attendre deux jours pour que la sentence soit prononcée. Dans une semaine, vous ne faites plus partie de ce monde.
Le romain se rapprocha de Yeda et continua sur un ton calme mais ferme.


-D’autres soldats se seraient laissé tenter… mais vous n’êtes pas tombé sur le bon ce soir. En revanche, je vous propose de prendre une autre direction. Faites demi-tour, retournez là d’où vous venez et je ne veux plus jamais vous revoir.


Le romain fit demi-tour alors que Yeda reprenait ses esprits. Dans l’incompréhension, il ne put s’empêcher d’interpeller le soldat.


-Pourquoi me laissez-vous partir ?


Le romain regarda alors le ciel.



-Ça n’a rien avoir avec vous. C’est assez 
indescriptible, mais cette nuit est particulière. Elle m’inspire la paix et je ne veux pas briser ce moment. Maintenant allez-vous en !


Yeda rebroussa chemin. Il trouva non loin de la porte un banc sur lequel s’asseoir. Il avait besoin de réfléchir.


Jamais encore il n’avait été recalé par un romain. Les gardes avaient toujours accepté de le laisser passer si cela s’accompagnait de plusieurs pièces.


 Et ce soir, évidemment, il était tombé sur le seul soldat intègre du pays. Pourtant, il n’était pas offusqué. Pire encore, il se sentait heureux de ne pas pouvoir sortir de la ville. Le romain venait de lui révéler les choses de manière limpide : La direction qu’il prenait n’était pas la bonne, il fallait qu’il revienne sur ses pas.


Yeda comprit le message et prit la route de la maison de sa sœur. 


Durant le chemin, il se disait en lui-même : 


“Lorsque j’arriverai devant les mages, je leur présenterai mes excuses, je leur rendrai le coffre et j’accepterai toute sentence qu’ils voudront me voir exécuter.”


Mais avant tout, il devait s’assurer d’une chose. Alors qu’il arrivait devant chez sa sœur, il prit une grande inspiration. Il devait savoir si son neveu était en danger ou non. Il leva alors les yeux au ciel. Celui-ci était couvert d’un somptueux voile d’étoiles qui déposait sur la ville sa lumière bleutée. Mais parmi ces étoiles, aucune ne pointait avec évidence la maison du petit Jacob. 


Une paix incroyable envahit Yeda. Son neveu n’était pas en danger.


Il se précipita jusqu’à la porte de la maison et toqua frénétiquement à la porte. Adina n’avait pas encore fini d’ouvrir la porte que Yeda monopolisait déjà la parole.


-Je suis désolé Adina, je suis désolé pour tout, je voulais partir mais je vais rester, je veux rester. Je veux que nous retrouvions notre relation d’avant et je veux apprendre à connaître Jacob. Je te demande pardon pour tout, pardon Adina.


Adina le regardait, surprise de l’attitude de son frère.


-Tout va bien, Yeda ?


-Oui, tout va bien ! Merveilleusement bien même ! Mais avant tout, je dois voir les mages et leur demander pardon pour ce que j’ai fait.


Adina le regarda, l’air triste.


-Il sont partis Yeda. Ils se sont réveillés, ont vu le ciel, trouvé leur étoile et ont décidé de partir rapidement. En revanche, ils ont vu que tu leur avais… pris quelque chose.


Adina avait fixé le coffre que tenait Yeda en partant.



-Adina, je dois les retrouver, je dois me faire pardonner et leur rendre ce que j’ai pris.


Elle lui montra alors la direction du sud avec sa main.



-Je n’ai pas vu l’étoile dont ils parlaient, mais j’ai vu la direction qu’ils prenaient. Ils ne sont pas particulièrement rapides, si tu te dépêches, tu devrais pouvoir les rattraper rapidement.


– Ils se sont dirigés vers l’extérieur de la ville ? Ils vont être arrêtés par les romains !


-Ils n’avaient pas l’air inquiet, Gaspard a même répondu que l’étoile avait veillé sur eux tout le long du chemin et qu’elle continuerait jusqu’à ce qu’il trouve l’enfant. Il faudra que tu m’expliques d’ailleurs, car je n’ai pas…


– Il faut que je les rattrape ! Je reviens te voir après Adina.


Yeda serra la main de sa sœur avant de partir en courant dans la direction qu’elle lui avait donnée.


 Alors qu’il courait, il espérait que les mages ne se trouvaient pas encore aux portes de la ville. Les soldats ne seraient pas aussi patients que celui de la porte est et l’étoile avait beau veiller sur eux, la parole d’un soldat romain suffisait pour les jeter au cachot.



Yeda arriva à la porte sud. Aucune trace des mages, mais Yeda repéra directement les gardes.


 Ils étaient endormis contre les murs de la cité, la porte grande ouverte. Il passa tranquillement entre eux, mi-étonné, mi-amusé de la situation. 


“Ces mages arrivent toujours à s’en sortir” se dit-il intérieurement.



Yeda dépassa la porte et s’enfonça dans l’obscurité de la nuit. Il continuait à avancer en direction du sud, quand il aperçut au loin trois silhouettes. 


L’une des silhouettes avait la tête exagérément levée vers le ciel. Yeda se précipita vers eux en hurlant.


Arrivé à leur hauteur, il s’effondra au sol. Il n’osait pas les regarder dans les yeux.


– J’ai honte de ce que je vous ai fait. Je suis venu vous rendre ce qui vous appartient. Vous n’avez pas besoin de me parler, récupérez juste votre or et sachez que j’accepterai toutes les sentences que vous voudrez me voir effectuer.


Il déposa le coffre au sol et se retira tout doucement. Il attendait sa punition quand il sentit une main lui attraper le bras. 


Il leva les yeux et vit Gaspard qui le regardait avec un sourire.


-Je savais que l’étoile veillait sur nous et qu’elle veillerait sur toi aussi. Tu as fait un mauvais choix, mais tu es revenu sur tes pas. Nous ne t’en voulons pas. Tu es de retour, avec l’or, c’est tout ce qui compte.


Yeda regarda Melchior et Balthasar avec sidération.


-Le nouveau-né n’est plus très loin, tu es arrivé au bon moment.


-Joins toi à nous pour la suite, je suis sûr que t’en a bien besoin !


Yeda regarda à nouveau Gaspard.


-Vous ne savez pas qui je suis. J’ai fait beaucoup de mauvais choix dans ma vie.


Gaspard lui sourit à nouveau.


-Cette nuit est spéciale. Au matin, tu ne seras plus le même homme. Allez, suis-nous !


Les paroles de Gaspard résonnèrent à l’intérieur de Yeda. Il sourit. Cette mission était le plus bel échec qu’il n’avait jamais vécu. Il reprit alors la marche en compagnie des trois mages.



Il ne leur fallut que peu de temps avant que Gaspard ne pointe le doigt droit devant eux.


-Regardez, c’est ici !


Il désignait une petite étable dans laquelle semblait se trouver de nombreux animaux. 


Yeda ne remarquait pas l’étoile au-dessus d’eux, en revanche la petite structure baignait dans une sorte de halo bleutée venu du ciel.


Les mages s’approchèrent doucement, suivis par Yeda.


 Alors qu’il n’était qu’à quelques mètres de la porte, un jeune homme bien bâti sortit de l’étable, suivi de deux vaches. 


Son regard se posa alors sur les quatre individus très étranges qui se trouvaient à quelques mètres de la porte.



-Bonsoir,déclara- t-il surpris.


-Nous venons voir le nouveau-né, expliqua Balthasar pour le groupe.


L’homme de l’étable resta en silence quelques secondes, puis sourit.


-Quelque chose me disait qu’il fallait que je fasse de la place.


Il leur ouvrit grand la porte et le petit groupe entra dans l’étable. 


Sur la gauche, dans la paille, un jeune femme se reposait avec son enfant entre les bras. 


Yeda n’en revenait pas. La scène semblait irréelle.


 Dans une chorégraphie parfaite, les 4 hommes se mirent à genoux devant cette femme qui les fixait avec un sourire. Puis, leur regard se porta sur le nourrisson.


Yeda comprit alors. 


Tout ce qu’il avait enduré, tous les événements étranges qui s’étaient produits, toute la peine et la joie qu’il avait ressenti l’avaient amené ici, à cet instant précis.


Il continuait de regarder le nouveau-né, habité par une paix qu’il n’avait jamais connu, et écoutait cette belle voix qui résonnait en lui, et qui résumait le moment à la fois fort et tendre qu’il était en train de vivre : 


“Aujourd’hui nous est né un sauveur.”


Merci à tous d’avoir suivi l’histoire de Yeda qui nous a accompagnés durant tout l’Avent. Maintenant, il ne nous reste plus qu’à contempler cette belle et sainte famille. De la même manière que Yeda, abandonnons leur nos soucis et problèmes et restons là, avec eux, dans cette étable, à contempler Dieu qui s’est fait enfant.
Si la vidéo vous a plu, n’hésitez pas à liker, partager et à vous abonner. Toute l’équipe d’Aleteia est heureuse de vous souhaiter un joyeux Noël. À bientôt !
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