« Comment Marie, la mère de Jésus, peut-elle susciter autant de ferveur et de dévotion alors même qu’on sait si peu de choses sur elle ? », interroge l’historien James D. Tabor, qui vient de publier Marie, de son enfance juive à la fondation du christianisme (Flammarion, 384 p.).
https://www.lemonde.fr/le-monde-des-religions/article/2020/08/15/comment-marie-la-juive-mere-de-jesus-est-devenue-la-vierge-qui-enfanta-le-fils-de-dieu_6049008_6038514.html
Convoquant tous azimuts sources historiques et tradition, Evangiles du Nouveau Testament et textes apocryphes [qui ne font pas partie du canon officiel de l’Eglise], archéologie et science, le directeur du département des études religieuses de l’université de Caroline du Nord (Etats-Unis) livre une fresque passionnante qui redonne vie non seulement à la mère de Jésus, mais aussi aux grands personnages de son époque, d’Hérode le Grand à Jean le Baptiste en passant par Jésus et Joseph.
Malgré sa rigueur, la méthodologie du professeur américain se heurte nécessairement aux limites de l’exercice, sachant que les sources concernant Marie sont très maigres – ce qui conduit l’historien à spéculer plus qu’à poser des faits concrets et indubitables. Et cette tentative de « rendre à Marie sa condition pleinement humaine et de femme juive » pourra heurter certains croyants, en dépit des précautions et de l’empathie de l’auteur – la science n’ayant pas vocation à appuyer le dogme.
Quoi qu’il en soit, James D. Tabor réussit incontestablement à nous rendre Marie plus familière en la resituant dans son contexte spatio-temporel : celui d’une femme juive des environs de notre ère. « La vérité, c’est que sa vie a été intentionnellement effacée », analyse l’auteur, lequel voit en Marie « une femme active et révolutionnaire, qui inspira une foi chrétienne émergente ».