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 Figures spirituelles

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MessageSujet: Figures spirituelles    Figures spirituelles  Empty6/7/2018, 11:29

Faites connaissance !
Il y a dans la vie des personnes qui comptent bien plus que d’autres. 


Parmi elles peuvent se trouver des figures dont la vie spirituelle, intense, profonde, peut profondément influencer la nôtre. Encore faut-il en fréquenter les écrits, et connaître leur vie. 


Mais il arrive, hélas, que les chrétiens connaissent mal leurs contemporains. 


Ils en restent à des figures du passé, certes magnifiques, mais figées dans un siècle ou une hagiographie qui en fausse la compréhension. 


Croire vous propose pour l’été de découvrir des croyants d’un autre genre. 


Tous sont pétris de christianisme, certains s’en revendiquent, d’autres moins. 

Christiane Singer témoignait d’une réconciliation possible entre corps, cœur et esprit ;

 Dom Helder Camara fut une figure incontournable de la gauche non violente brésilienne ; 

Maurice Zundel aura creusé sans cesse le mystère de l’homme dans lequel Dieu vient ; 

Marie Noël était la poétesse de la foi et du désespoir ;

 Etty Hillesum naît à Dieu dans la douleur de la déportation et 


Vladimir Ghika partagea les conditions inhumaines des prisonniers du régime communiste roumain. 


Vous ne les connaissez pas ? Croire vous les fait découvrir…

Sophie de Villeneuve,
rédactrice en chef de Croire

https://webmail1k.orange.fr/webmail/fr_FR/read.html?FOLDER=SF_INBOX&IDMSG=199642&check=&SORTBY=1
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MessageSujet: Re: Figures spirituelles    Figures spirituelles  Empty6/7/2018, 11:38

Christiane Singer donne le goût de l'essentiel

L’œuvre de Christiane Singer, ardente et incarnée, est une source d'inspiration pour les chrétiens et les chercheurs de sens. Son journal de bord sur sa fin de vie est devenu une référence. Publié le 24 avril 2017. 


Figures spirituelles  Extrait-video-Christiane-Singer-Patience-brulante-Jean-Jacques-Roudiere_0_445_334  




Il est des visages qui séduisent, non par une beauté de surface, mais par la vie intérieure qu’ils laissent affleurer. Le visage de Christiane Singer était de ceux-là. Et l’on comprend que son éditeur, Albin Michel, ait fait le choix de l’exposer en couverture de plusieurs de ses essais spirituels, même après sa mort, il y a dix ans ce mois-ci.


Mettre en valeur ce visage est une manière d’introduire avec justesse à une œuvre profondément incarnée, ancrée dans un amour de la vie, un respect du corps, une célébration des liens et des relations. 


Une vie reçue comme un don, faisant signe vers un Autre. 


Ancrée dans le christianisme mais refusant de s’y limiter, ouverte aux apports des religions et spiritualités – du judaïsme, hérité de son père, à la vaste palette des sagesses orientales –, Christiane Singer avait le goût de l’essentiel, ce Réel, avec majuscule, qu’elle distinguait du réel superficiel où les vies modernes menacent de s’enliser et d’étouffer.

« Je la lis comme quelqu’un suffisamment au cœur d’elle-même, structuré intérieurement, pour ne pas avoir peur de l’apport des autres religions et spiritualités, analyse le Père Claude Charvet, jésuite, engagé dans l’animation de la paroisse Notre-Dame-des-Anges à Bordeaux. 


Elle les vit comme des moyens pour enrichir son christianisme. Elle n’est pas dans la peur. Au fond, elle n’a peur ni des curés, ni de Dieu. »


Un langage qui touche en profondeur


Dans l’œuvre de Christiane Singer, la dimension corporelle est reconnue comme un haut lieu de l’expérience, y compris spirituelle. 


C’est à la fois le corps qui traverse l’existence (Les Âges de la vie, 1983), les corps des amants (Une Passion. Entre ciel et chair, 1992), mais aussi le corps souffrant, approchant de sa fin (Dernier fragments d’un long voyage, 2007). « Elle disait souvent : “Ce que tu ne vivras pas dans ton corps, tu ne le vivras nulle part ailleurs” »,témoigne Philip Perrin, qui suivit ses enseignements. « C’est une des raisons pour laquelle j’aime la lire : elle n’a pas du tout peur de son corps, poursuit le Père Charvet. 


Elle a un côté très féminin, un peu féministe, qui nous fait découvrir une autre façon de lire l’Évangile, de voir le visage du Christ. »

Claude Charvet utilise volontiers ses écrits pour l’accompagnement des couples.« C’est un bon auteur, qui peut donner du goût pour traverser les crises, souligne-t-il. 


Elle utilise un langage qui touche en profondeur, un peu comme les images de l’Évangile. Quand la tête est un peu perdue, cette écriture laisse l’affectif et l’inconscient prendre le relais. Elle ouvre l’accès à une source vive, intérieure. »

Dans Une Passion. Entre ciel et chair – « son plus grand livre » aux yeux de Jean Mouttapa, son éditeur –, Christiane Singer raconte l’amour entre Abélard et Héloïse, un amour contrarié, où la passion amoureuse ouvre un chemin vers Dieu. 


La comédienne Christelle Willemez a adapté ce texte pour la scène et pour des lectures publiques.

« Ce texte témoigne d’une réconciliation possible entre corps, cœur et esprit,relève-t-elle. En cela, il parle aux jeunes générations qui ont terriblement besoin de ce témoignage. Mais il parle également à des personnes plus âgées, élevées dans une tradition religieuse où l’on se méfiait de la chair. »


La veille du sens


Récemment, la comédienne a été invitée à faire résonner cet écrit, prix des écrivains croyants en 1993, dans des communautés et des cercles religieux.


« Chez les moines de Landévennec, les spiritains d’Allex, au Prieuré de Gabriel Ringlet, dans une association de femmes catholiques à Nantes…, égrène-t-elle. Je crois que Christiane Singer touche ce public par son souci de réaccorder l’être incarné. »

Ayant accédé à la source, Christiane Singer ne cessait d’encourager les autres à entamer leur propre route. 


« La vie ne se révèle qu’à ceux dont les sens sont vigilants et qui s’avancent, félins tendus, vers le moindre signal », écrit-elle dans Où cours-tu ? Ne sais-tu pas que le ciel est en toi ?, dont le titre reprend un aphorisme du mystique allemand Angelus Silesius. 

Cette veille du sens, elle l’aura portée à son extrême dans la traversée de la maladie. Atteinte d’un cancer, l’écrivain a livré des six derniers mois de sa vie un témoignage bouleversant et lumineux dans Dernier fragment d’un long voyage.

« Beaucoup vivent la maladie comme une pause douloureuse et malsaine. Mais on peut aussi monter en maladie comme vers un chemin d’initiation, à l’affût des fractures qu’elle opère dans tous les murs qui nous entourent, des brèches qu’elle ouvre vers l’infini. Elle devient alors l’une des plus hautes aventures de la vie », y écrit-elle.

Dans ce livre, elle ne nie pas la souffrance, pleure sur sa vulnérabilité, mais elle manifeste avec pudeur combien l’enfer peut être zébré d’une joie profonde.


« Quand il n’y a plus rien, il n’y a que l’amour. Il n’y a plus que l’amour. Tous les barrages craquent. C’est la noyade, l’immersion. L’amour n’est pas un sentiment. C’est la substance même de la création », confie-t-elle.

« Certains ont pu dire que cette traversée était inhumaine, je ne le crois pas. C’est au contraire une expérience très humaine, réagit Marie de Hennezel, psychologue et écrivain, qui fut son amie. 


Elle montre jusqu’où l’humain peut aller, ce qu’il peut faire d’une épreuve. Tout le monde ne le peut pas, mais elle, elle a réussi. »


Un hymne à l’amour


« La première fois que j’ai lu ce livre, je l’ai dévoré, témoigne Chantal Arnaud, religieuse xavière, responsable de l’aumônerie de la Maison de soins palliatifs Jeanne-Garnier, à Paris. 


C’est aussi un texte qu’on peut lire en méditant, en le lisant un peu chaque jour, en le laissant travailler à l’intérieur de soi. Il fait entrer dans un cheminement. » 


Ce journal fait partie des livres qu’elle conseille aux bénévoles en soins palliatifs. « Cette fin de vie est un chemin d’abandon, qui invite à se dépouiller soi-même pour vivre l’intensité du moment présent », souligne-t-elle.

« Ce qui est frappant, c’est qu’elle ne subit pas sa fin de vie. Elle vit sa fin de vie, complète Marie-Astrid Barthelemy, catholique laïque bénévole à la Maison Jeanne-Garnier. Elle montre combien la fin de vie est un moment de vie et pas de mort. »


Il fallait l’audace et le talent de Christiane Singer, sa conscience exigeante, pour faire de ce journal écrit face à la mort un hymne à l’amour. 


Et la confiance, totale, que la promesse de vie du Créateur serait tenue dans cette traversée. « J’ai tant aimé ce monde, où habite Ta gloire », a-t-elle souhaité faire inscrire sur son tombeau.


Elodie Maurot




https://croire.la-croix.com/Definitions/Figures-spirituelles/Christiane-Singer/Christiane-Singer-donne-le-gout-de-l-essentiel?&PMID=72594f97fde1658e57cb0e542c4b8ded
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MessageSujet: Re: Figures spirituelles    Figures spirituelles  Empty6/7/2018, 11:43

Christiane Singer, les mots comme chemin de vie



Christiane Singer avait la passion des mots et de l’écriture, chemin d’exploration de l’existence. Elle est l'auteur d'une quinzaine d'ouvrages. Publié le 24 avril 2017. 


Figures spirituelles  Christiane-Singer-comme-chemin_0_445_334  




Elle aimait dire que sa passion des mots lui était venue toute petite. Et que dans la cour de récréation, déjà, sa maîtresse d’école la surprenait souvent entourée d’amies écoutant ses histoires, bien après que la cloche appelant au retour en classe avait sonné…


Écrivain, Christiane Singer l’était avec passion. Mais non pour le simple amour des mots et des jeux de langage, pas plus que pour la fierté de produire une œuvre à la première personne.


 Bien plus pour la charge émotionnelle ou l’intelligence dont les récits sont porteurs, pour l’ouverture qu’ils offrent sur la vie. 


« Un livre n’aura jamais primauté sur la vie », aimait-elle dire. 


Elle croyait aussi en la force de l’écriture, capable d’éveiller d’autres à la vie, de transmettre le goût d’une plongée en profondeur dans l’existence.


Christiane Singer est née à Marseille en 1943, fille d’un père juif et d’une mère chrétienne. 


Sa famille, d’origine austro-hongroise, avait trouvé refuge là, au hasard des bouleversements de la guerre. Cette enfance sur les bords de la Méditerranée, sur une terre métissée, va nourrir un style ardent, solaire, et un œcuménisme spirituel congénital.

Élève du conservatoire d’art dramatique de Marseille, elle poursuit ses études à Aix-en-Provence où elle obtient un doctorat en lettres modernes, puis enseigne à l’université de Bâle en Suisse. 


En 1968, elle rencontre le comte Georg von Thurn-Valsassina, qui deviendra son mari. En 1973, elle s’installe dans le château familial médiéval de Rastenberg, en Autriche, non loin de Vienne, et y élèvera ses fils, Dorian et Raphaël.

C’est après la naissance de son premier fils qu’elle arrête l’enseignement pour se consacrer à l’écriture. À la suite de quelques essais, elle rencontre le succès avecLa Mort viennoise, prix des libraires en 1979. Dans le genre romanesque, suivront Histoire d’âme (1988), Rastenberg (1996), Les Sept Nuits de la reine(2002) et Seul ce qui brûle (2006), ainsi qu’une dizaine d’essais spirituels, qui s’intéressent à des thèmes largement délaissés par deux siècles de théologie masculine : les sens, la chair, le mariage, la traversée des âges de la vie, le soin du vivant…


Parallèlement, elle anime des sessions au château de Rastenberg, où son mari architecte a imaginé pour elle la Lichtung (clairière), une construction de bois et de verre. 


Ses stages, inspirés de la Leibtherapie de Karl­fried Graf Dürckheim, disciple de Jung, mêlent marche, méditation, tai-chi, zen… « Elle proposait un très beau rituel de guérison des blessures familiales par un travail sur le corps. 


Pour certains, qui l’avaient connue d’abord par ses écrits, ce côté thérapeute était assez déroutant, témoigne Philip Perrin qui participa à plusieurs rencontres.


Elle avait une grande qualité d’attention, de présence. Elle me disait souvent : « “Si un jour tu me vois partir en gourou, tu me le dis.” C’était la crainte de son père, qui lui répétait : “Ma fille, méfie-toi de la célébrité.” »

Depuis sa mort le 4 avril 2007, aucune association d’amis de Christiane Singer n’a vu le jour, malgré quelques discussions. Signe d’un charisme difficile à institutionnaliser. 


Mais ses écrits, traduits en dix langues, continuent de se transmettre de lecteur à lecteur s’encourageant mutuellement sur le chemin de la vie.

Ses livres


Romans 

Les Cahiers d’une hypocrite, Albin Michel, 1965.
Vie et mort du beau Frou, Albin Michel, 1965.
Chronique tendre des jours amers, Albin Michel, 1976.
La Mort viennoise, Albin Michel, 1978. Prix des libraires 1979.
La Guerre des filles, Albin Michel, 1981. Prix Alice-Louis-Barthou de l’Académie française, 1982.
Histoire d’âme, Albin Michel, 1988. Prix Albert-Camus 1989.
Rastenberg, Albin Michel, 1996.
Les Sept Nuits de la reine, Albin Michel, 2002.
Seul ce qui brûle, Albin Michel, 2006.


Essais

Les Âges de la vie, 1983.
Une passion. Entre ciel et chair, 1992. Prix des écrivains croyants 1993.
Du bon usage des crises, Albin Michel, 1996.
Éloge du mariage, de l’engagement et autres folies, Albin Michel, 2000. Prix Anna-de-Noailles de l’Académie française 2000.
Où cours-tu ? Ne sais-tu pas que le ciel est en toi ?, Albin Michel, 2001.
N’oublie pas les chevaux écumants du passé, Albin Michel, 2005.
Derniers fragments d’un long voyage, Albin Michel, 2007.



Selon les chiffres communiqués par Albin Michel, 650 000 livres de Christiane Singer en grand format et 200 000 dans la collection de poche « Espaces libres » ont été vendus.


Elodie Maurot


https://croire.la-croix.com/Definitions/Figures-spirituelles/Christiane-Singer/Christiane-Singer-les-mots-comme-chemin-de-vie
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MessageSujet: Re: Figures spirituelles    Figures spirituelles  Empty6/7/2018, 12:11

J'ai rencontré Christiane Singer et d'autres dans cette formidable émission belge d' Edmond Blattchen
:"Noms de dieux"



Dom Helder Camara, un évêque qui prenait le bus au lieu de se déplacer en limousine

Zundel, obligé de retourner faire de la théologie à Rome car sa théologie était non conforme au Magistère et malgré cela il est resté fidèle à l'Eglise...Incompréhensible pour moi mais son obéissance force mon admiration

Marie Noël les poésies sur la servante de Dieu... sont époustouflantes

Etty Hillesum que Pierre Ferrière, Jésuite à la Pairelle, m'a fait connaître par la publication de son livre sur cette femme de foi...sans doute parce que j'étais juif


_________________
Marcher selon l'Esprit de la lettre,c'est suivre un Judaisme sans messie ou un Christianisme sans racine?
Moi j'ai choisi Juif pour les racines messianique pour son messie!
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MessageSujet: Re: Figures spirituelles    Figures spirituelles  Empty6/7/2018, 12:24

Merci Mister be. J'ai l'intention de poster une de ces "figures spirituelles" par jour, mais vous pourrez commenter puisque vous les connaissez. Veinard.
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MessageSujet: Re: Figures spirituelles    Figures spirituelles  Empty7/7/2018, 11:24

Dom Helder Camara, le défenseur des pauvres


Portrait d'un évêque brésilien qui a profondément marqué l'Église de son temps, et dont le procès en béatification s'est ouvert fin juillet 2013.


Né en 1909 dans une famille brésilienne de treize enfants, Dom Helder Camara sera, entre 1950 et 1980, l’une des figures les plus estimées et les plus controversées de l’épiscopat brésilien. Profondément marqué par  Jacques Maritain et Emmanuel Mounier, il deviendra un défenseur actif des plus pauvres et œuvrera pour eux sans relâche, puisant son inspiration spirituelle dans des groupes qui s’identifient avec l’expérience de la pauvreté, notamment les prêtres ouvriers français.

Une spiritualité de la pauvreté


Archevêque auxiliaire de Rio en 1955, il devient en 1964 archevêque de Recife, dans le Nordeste, l’une de régions les plus pauvres du Brésil. Il le restera jusqu’en 1985.


 À Rio, il inaugure un projet de logement pour les habitants des favelas et met en place une campagne permanente de charité pour les nécessiteux. Il acquiert bientôt une renommée internationale au titre d’«évêque des bidonvilles». 


Avec d’autres ecclésiastiques de son époque, Dom Helder adopte une spiritualité de la pauvreté et cherche littéralement à vivre comme les pauvres. 


À Recife, il abandonne le palais archiépiscopal pour vivre dans une petite maison paroissiale derrière une modeste église.

Les années difficiles


En 1955, il participe à la création du Conseil épiscopal d'Amérique latine, puis participe activement au Concile, s'opposant fermement à la tendance conservatrice. 


Avec une quarantaine de Pères conciliaires, il soutient l’idée d’une Église servante et pauvre au service des pauvres, reflétant bien le climat théologique et pastoral du continent latino-américain. 


Au sein du Celam, il contribue à la définition de «l'option préférentielle pour les pauvres», ce qui lui vaut d'être violemment attaqué par les groupes intégristes. 


Dom Helder traverse les années difficiles de 1970 avec calme, malgré les multiples attaques dont il est l’objet. Avec courage il attaque le gouvernement militaire brésilien et dénonce publiquement la torture. 


Sa force spirituelle, son immense simplicité, sa patience et sa générosité font de lui une figure incontournable de la gauche non violente brésilienne. Sa popularité est immense. 


Grâce à lui, l’Église devient l’une des principales forces du large front d’opposition qui se renforce à la fin des années 1970 et contribue à accélérer le retour au régime civil.

Fidélité à l'Église


En 1979, Jean-Paul II lui rend hommage lors de son voyage au Brésil mais nomme, en 1985, José Cardoso Sobrinho pour lui succéder. 


Le nouvel évêque se charge de faire table rase de toute son action pastorale, fermant notamment l'Institut de théologie de Récife. 


Dom Helder restera fidèle au Vatican et ne commentera pas ces démantèlements. Il meurt en 1999. Fin juillet 2013, son  procès en béatification s'est officiellement ouvert.  


Sophie de Villeneuve




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MessageSujet: Re: Figures spirituelles    Figures spirituelles  Empty7/7/2018, 11:32

Dom Helder Camara, le choix de la pauvreté


"Si je fais l'aumône à un pauvre, on dit que je suis saint, si je demande pourquoi il est pauvre, on me traite de communiste", plaisantait l'archevêque de la théologie de la libération.



Il se peut que, au Brésil, beaucoup de la jeune génération ne l'aient même pas connu. Effectivement pendant des années, le nom et la parole de cet évêque prophète furent censurés par la dictature militaire. Peu après l'événement de "l'ouverture politique" du Brésil, Dom Helder se retira de la charge d'archevêque d'Olinda et Recife. 

Son successeur s'employa à détruire tout ce que, durant plus de deux décades, Dom Helder avec son Église avaient construit. 


Ces dernières années, certains seigneurs de la hiérarchie ecclésiastique semblaient obtenir ce à quoi les militaires ne réussirent pas, à savoir : réduire au silence et à l'oubli la prophétie de celui que Jean-Paul II, lors de sa visite à Recife (1980), appela : "frère des pauvres et mon frère". 

L'Esprit de Dieu suscita un groupe de laïcs, appelé "Église Nouvelle", ayant pour mission de restituer Dom Helder au monde et le monde à Dom Helder. 


De différentes manières ce groupe opère pour que la voix et la vie de Dom Helder soient de nouveau écoutées et connues dans le monde. Ce qui donna la possibilité au vieux patriarche d'être délié des chaînes du silence et, à 90 ans, d'exercer de nouveau sa mission de prophète. 

Notre cher archevêque, qui n'a jamais accepté le titre de "Dom" en tant que symbolisant la noblesse, fut véritablement un "don" de Dieu à l'humanité. J'ai travaillé et vécu avec lui pendant douze ans. Je fus ordonné diacre et prêtre par lui. Avec lui, j'ai appris que le projet de Dieu est l'unité des religions et des cultures orientée vers la paix et la justice de par toute la terre.

Assoiffés de justice


En 1970, alors que je l'aidais à se préparer pour participer au Parlement des religions pour la paix à Kyoto (Japon), je l'entendis dire :


 "Les religions doivent dialoguer et marcher ensemble pour être la conscience éthique de l'humanité et le cri pacifique des pauvres".


 Je voulus réunir groupes et personnes affamés et assoiffés de justice de par le monde entier, en leur disant que, malgré leur petit nombre et leur faiblesse, ils recèlent une grande fécondité évangélique. Dom Helder les appelait "minorités abrahamiques".

Je me souviens de sa manière d'être évêque. Il assumait de façon éminemment personnelle sa fonction de prophète, avec une autorité morale et une responsabilité de pasteur, sans nullement s'imposer à qui que ce soit. Une fois, j'ai vu un prêtre le remercier parce que, au cours de ses vingt et un ans d'épiscopat, jamais il ne prit une attitude autoritaire ni de rejet de quelqu'un, même si cette personne le critiquait ouvertement ou se montrait son adversaire.

Ce fut sa confiance dans la responsabilité partagée qui le conduisit à fonder la Conférence nationale des évêques du Brésil (CNBB) le Conseil épiscopal latino-américain (Celam), après avoir suggéré la création de la Sudena (Surintendance de développement du Nordeste) et bien d'autres organismes de promotion humaine.

La mort d'un pauvre parmi les pauvres 


Celui qui ne retint jamais pour lui le pouvoir vécut et mourut comme le pauvre qu'il voulut toujours être. Son désir : "Être une simple flaque d'eau reflétant le ciel." Aujourd'hui, son cercueil est là, posé à même le sol de la petite Igreja das Fronteiras (église des Frontières), appellation symbolique de ce qu'il aurait voulu que toute l'Église fût. "Un lieu de frontières ouvert à ceux de dehors." 


L'archevêque actuel fixa l'enterrement dix-huit heures après le décès. Cela empêche ceux qui habitent loin d'y participer et le peuple même n'aura pas le temps de venir présenter un dernier hommage à celui qu'il aime tant !

Du ciel, le "Dom" des pauvres doit sourire avec indulgence de la bassesse humaine. Je garde en mémoire sa silhouette frêle et déjà si courbée qui, le jour de son quatre-vingtième anniversaire, dansait avec les communautés pauvres. 


Je demande à Dieu qu'il nous donne encore des évêques et des pasteurs capables de danser avec le peuple.

La protestation des pauvres


De loin, dans les dernières années, je suivis sa campagne pour un an 2000 sans misère. 


En 1996, il écrivit avec l'abbé Pierre qui lui rendit visite à Recife : "Nous avons plus de 80 ans et il y a encore beaucoup de choses à faire pour remettre de l'ordre dans le monde. Avec le peu de forces qui nous restent, nous continuerons à combattre contre la misère."


Dom Helder est décédé le lendemain de la marche de protestation contre le gouvernement, qui réunit des milliers et des milliers de personnes à Brasilia. Les journaux se demandent si la manifestation fut suivie par les 100 000 prévus par les mouvements populaires ou seulement par les 40 000 calculés par le gouvernement. 


Si Dom Helder le pouvait, il leur répéterait aujourd'hui ce qu'il proclamait il y a vingt ans et, de fait ce qui est l'unique chose qui soit importante : 


"Celui qui est éveillé aux injustices engendrées par la mauvaise distribution de la richesse, s'il a la grandeur d'âme, il captera les protestations silencieuses ou violentes, des pauvres. La protestation des pauvres, c'est la voix de Dieu".

Comme le disait saint Athanase d'Alexandrie "Les morts sur lesquels règne Celui qui ressuscita ne sont plus morts, mais ils vivent ; sur eux domine la vie parce qu'ils vivent sans crainte de la mort, tout comme le Christ qui ressuscité des morts ne meurt plus".



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MessageSujet: Re: Figures spirituelles    Figures spirituelles  Empty7/7/2018, 11:41

Yvonne Pierron: missionnaire sous la dictature argentine


Infirmière dans les bidonvilles, institutrice chez les planteurs de tabac ou au fin fond de la forêt, Yvonne Pierron, soeur des Missions Etrangères, raconte sa vie dans un livre qui vient de paraître aux éditions du Seuil. Entretien



Vous êtes entrée très jeune chez les sœurs des Missions Étrangères. Qu'est ce qui a présidé à votre choix? 

Je suis née dans une famille très croyante. Ma foi a été mon chemin. Pendant la guerre j'avais 11 ans, nous vivions en Lorraine et nous avons vécu des événements terribles. J'ai vu tant de choses: des massacres, des crimes. C'est cela qui m'a décidée de devenir missionnaire. Je voulais combattre. J'ai toujours eu un esprit de lutte, je voulais changer les choses. J'ai rencontré un jeune prêtre des Missions Étrangères, qui m'a parlé de la mission, de Théophane Vénart. (1) Cela m'a emballée et je me suis décidée.



Qu'ont dit vos parents?

Ils n'ont pas dit non et m'ont aidée. 

Souvent, les enfants de mon foyer en Argentine me demandent si j'ai eu un fiancé... Je leur réponds que non, et que je ne l'ai jamais regretté. 


Je me suis donnée pleinement, je n'aurais pas voulu d'une autre vie. Je n'ai pas eu d'enfants, mais j'ai beaucoup de gosses! 
Les enfants qu'on aide sont comme des fils. 


Combien de fois j'ai remercié Dieu pour les jeunes qui continuent mon travail.


Vous avez vécu des moments terribles, en particulier durant les années de dictature. Avez vous eu peur?

Je suis arrivée en Argentine, avec cinq de mes sœurs, en plein coup d'état. Nous avons tenu dans la foi, sachant que nous étions là où il fallait être. 



Certes, la peur existe, mais moi je suis "tigre" je me révolte, je me bats. 


Quand est arrivée la jeep des militaires qui m'ont arrêtée et qu'ils m'ont dit "montez" c'était plus fort que moi, j'étais en colère et c'est ce qui m'a aidée.... C'est vrai que ça fait peur d'être bousculée, d'être jetée à terre. 


On m'a détenue plusieurs jours, mais je n'ai pas été torturée comme mes sœurs Alice Domon et Léonie Duquet. (2) Je disais au Seigneur: "Oui, tu es mon maître, je me remets entre tes mains."

Pour quoi avez-vous lutté?

J'ai lutté pour que le monde soit
meilleur. C'est la foi qui donne la victoire.


Comment avez-vous vécu l'arrivée de la théologie de la libération?

Comme un souffle d'air. Nous voulions lutter avec les paysans, pour leur éviter la terrible exploitation des grands propriétaires.



 Il y avait cette joie à la perspective d'une issue pour le peuple. 


On a souffert de l'indifférence de certains hommes d’Église. 


Je me consolais en me disant que notre modèle c'est Jésus, c'est l’Évangile.

Votre foi a changé?

Oui, elle a muri. Je vis en union avec Jésus, c'est ça l'amour,  la vie intérieure! Comme témoin du Christ, je ne veux pas le sentir vaincu!


Et la prière?

Je ne reste pas des heures à genoux, mais toute la vie est une prière. 



La vie de missionnaire est une vie de prière. Cela m'a aidée, pour choisir, pour prendre des décisions.


Vous avez toujours vécu dans des zones très isolées. Comment vivre de sa foi sans les sacrements?

C'est vrai que dans beaucoup d'endroits, il n'y a pas de prêtres! Une fois par mois nous allons, à pied, à la messe mais, s'il pleut, les chemins sont impraticables! J'ai connu un mois sans pouvoir sortir du village!



 La messe, c'est toute ma vie mais quand je n'en ai pas, c'est ma vie qui devient une messe.


Vous êtes donc aujourd'hui pleinement heureuse?


Oh oui, la vraie religieuse, la vraie consacrée à Dieu, donne la joie et le bonheur. Je me suis réalisée. 




 Dans toute vie humaine, s'il n'y a pas cette réalisation, c'est que quelque chose ne va pas. Et c'est en soi que cela ne va pas... Le premier démon en nous c'est le "je"!
 

(1) prêtre des Missions Étrangères. Martyr au Vietnam.
(2) Religieuses des Missions Étrangères, enlevées et assassinées en 1977 par les militaires argentins.




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ptrem




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MessageSujet: Re: Figures spirituelles    Figures spirituelles  Empty7/7/2018, 12:20

https://fr.wikipedia.org/wiki/Th%C3%A9ologie_de_la_lib%C3%A9ration

Voyage de Jean-Paul II au Mexique[modifier | modifier le code]

Lors de son premier voyage à Mexico en janvier 1979, Jean-Paul II développa un ensemble d'enseignements qui affirment un soutien à la démarche de la théorie de la libération, visant à lutter contre la pauvreté et l'exploitation. Ainsi, il soutient l'affirmation de la conférence de Medellín évoquant « l'option préférentielle pour les pauvres », mais celle-ci ne devrait pas, selon Jean-Paul II, être exclusive d'aucune classe sociale19. Il soutint la nécessité d'une répartition plus équitable des ressources, tant au niveau national qu'international, mais soulignait la nécessité de la propriété privée comme dimension sociale20.

Il rappela le rôle spirituel et non politique des membres du clergé : « Vous êtes des guides spirituels, pas des dirigeants sociaux ni des cadres politiques ou des fonctionnaires d'un ordre séculier »19.

Jean-Paul II dénonçait la vision des évangiles d'un Jésus trop politique, déclarant que « cette conception d'un Jésus politique, révolutionnaire, du dissident de Nazareth, n'est pas en harmonie avec l'enseignement de l'Église »19.

Au cours du voyage le pape critiqua l'idéologie marxiste : « L'Église n'a pas besoin de faire appel à des systèmes ou à des idéologies pour aimer et défendre l'homme, pour contribuer à sa libération »19, s'opposant par ailleurs « à toutes les formes d'esclavage et de domination, à la violence, aux atteintes à la liberté religieuse, aux actes d'agression contre l'homme et la vie humaine »20.

À la fin de la visite pontificale, Gustavo Gutierrez déclara : « Il me semble important que le pape ait proclamé la valeur évangélique de la défense des droits de l'homme, non en tant qu'opération temporaire, mais comme mission intrinsèque de l'Église »20. Dans son encyclique Sollicitudo rei socialis de 1987, Jean-Paul II fait largement appel au concept de « libération » (N°46) tout en rappelant quelques mises en garde faites par la Congrégation pour la doctrine de la foi en 198421.

Figures de la théologie de la libération[modifier | modifier le code]

Théologiens[modifier | modifier le code]

Rubem Alves
Hugo Assmann
Tomás Balduino
Carlos Filipe Ximenes Belo
Frei Betto
Clodovis Boff
Leonardo Boff
José Míguez Bonino
Hélder Câmara
Ernesto Cardenal
Jean Cardonnel
Pedro Casaldáliga
Enrique Dussel
Ignacio Ellacuría
Ricardo Falla
François Houtart
Segundo Galilea
Paul Gauthier
Ronaldo Muñoz Gibbs
Rutilio Grande
Gustavo Gutiérrez Merino
Érico Hammes
Franz Hinkelammert
Erwin Kräutler
Carlos Mesters
Ronaldo Munoz
Jorge Pixley
Leonidas Proaño
Pablo Richard
Samuel Ruiz Garcia
Juan Carlos Scannone
Juan Luis Segundo
Jon Sobrino
Camilo Torres Restrepo
Luis Felipe Zegarra
Joseph Comblin

Personnalités[modifier | modifier le code]
Jean-Bertrand Aristide
Óscar Rodríguez Maradiaga
Carlos Mugica
Oscar Romero
Véronique Gauthier Lecaros
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MessageSujet: Re: Figures spirituelles    Figures spirituelles  Empty7/7/2018, 22:50

Maurice Zundel: la liberté faite homme


Le caractère profondément original et personnel de ce prêtre aura marqué une génération de chrétiens. Sa pensée exigeante, novatrice, et mystique attire toujours aujourd'hui un grand nombre d'admirateurs.


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Un original



Maurice Zundel naît en 1897 à Neuchâtel. Il fait l’expérience, très jeune, chez les bénédictins d’Einsiedeln, du silence et de la contemplation, deux moteurs de sa vie de prêtre : 


« Dieu est silence, comme il est pauvreté », aimait-il à dire. 


Ordonné prêtre en 1919, à 22 ans, il est nommé vicaire à Genève. 


Mais, très vite, il intrigue et agace. Son apostolat détonne. Ses méthodes un peu trop révolutionnaires en catéchèse (« Dieu, c’est le bonheur et le bonheur, c’est Dieu », disait-il aux enfants), sa pédagogie fondée sur l’émerveillement devant la nature, le travail scientifique ou les œuvres d’art, son intérêt pour les questions sociales le font vite taxer d’original. 


On dira de lui qu’il « ne fait jamais rien comme tout le monde ». 


En 1925, il est exilé par son évêque, d’abord à Rome, puis à Paris, puis Londres, avant d’entreprendre dès 1937 une vie de prédicateur itinérant, sans véritables attaches, nouant autour de lui des amitiés solides et durables qui l’aideront à développer et à exprimer sa pensée. 


Car être ainsi déclaré « indésirable » dans son diocèse lui aura permis une grande liberté de pensée et de travail. 


En 1927 (il est alors aumônier des bénédictines de la rue Monsieur, à Paris), une forte expérience spirituelle le conforte dans ses intuitions :« J’ai essayé d’écouter la Vérité telle qu’elle se présentait à moi. 


Toutes mes études ont été remises en question : étant libre, je pouvais expérimenter sur moi-même et un grand travail s’est accompli. 


Vers cette même époque, j’ai commencé à écrire et j’ai écrit. » 


Ce « grand travail », c’est la découverte d’un Dieu aimant, fragile, pauvre, qu’il rencontre auprès de François d’Assise et dont il ne cesse plus de sonder la tendresse. 


Il comprend aussi que ce n’est qu’à travers l’homme que Dieu se connaît et se révèle : « C’est à travers l’expérience humaine que Dieu se fait jour. » 


À partir de là, Zundel creuse sans cesse le mystère de l’homme dans lequel Dieu vient, s’incarne, habite. 


C’est en soi que Dieu se trouve, Zundel en est sûr, et toute sa vie il en témoignera.

Un homme rayonnant


À partir de 1937, il multiplie les séjours au Caire, à Londres, à Jérusalem, à Beyrouth, à Rome, parlant ou comprenant huit langues. 


Il donne des retraites, des conférences, écrit, publie des livres qui, peu à peu, le font connaître. 


Ami de Louis Massignon, il découvre l’islam et s’émerveille de la foi des croyants.


 Mais devant le Dieu unique et solitaire du monothéisme islamique, il se prend à aimer davantage encore le Dieu trinitaire dont la pauvreté se manifeste dans le Christ. 


À partir de là, son esprit ne cessera d’approfondir le mystère de l’homme dans sa rencontre avec le Dieu trinitaire. 


Toujours à son travail, écrivant, méditant, Zundel se révèle aussi un grand accompagnateur spirituel et un admirable confesseur. 


Il aime recevoir, écouter, il a des intuitions très fortes sur les personnes, dont certaines viennent de loin pour le rencontrer.


 Il a un respect immense pour chacun. La bienveillance de son regard, sa douceur, sa prévenance et son empathie font qu’il communie avec la personne, tout en la laissant à son entière liberté : 


« Il prenait les gens tels qu’ils sont. Sans juger, sans questions. Et du même coup, on reprenait confiance en soi, en la vie, en l’avenir. Son silence n’était pas muet. Il avait une façon de sourire, de se taire, une façon de refuser une réponse inutile qui vous obligeait à trouver vous-même la réponse » 
(témoignage de Maïté Soulié).

Rencontrer Maurice Zundel n’aura laissé personne indifférent. Il ouvrait de telles perspectives ! 


Dans une société et une Église d’avant Vatican II, aux mentalités assez rigides, il libérait, rendait sensible en tout homme la présence de Dieu, assurait que c’était en soi, au cours de sa propre vie, qu’on faisait l’expérience d’une divine amitié. 


« C’est à travers l’expérience humaine que Dieu se fait jour », disait-il. 


Ou encore, « L’Incarnation ne devient vie que si nous comprenons que c’est la vie de Dieu qui se joue dans notre propre vie. » 


Ces paroles rencontraient un écho très fort dans un petit cercle d’intimes qui allait en s’élargissant au fur et à mesure que sa pensée se faisait connaître. 


En vieillissant, il acquiert une vraie stature spirituelle et intellectuelle, tout en menant une vie quasiment monastique.


 Son ascétisme légendaire (combien de fois l’aura-t-on prié de mieux se nourrir ou de changer de soutane !), la force de sa vie mystique, palpable (sa femme de ménage n’osait plus entrer dans sa chambre de peur de le trouver, comme un jour, en lévitation…), sa parole forte et quasiment prophétique, son immense culture aussi, impressionnaient ceux qui l’approchaient.


 Tout son être rayonnait de joie.

Quand Zundel s’adresse à l’Église


En 1967, le « franc-tireur » est cité par Paul VI dans l’encycliquePopulorum progressio, loué dans l’allocution au Congrès thomiste en 1970, et enfin en 1972 invité à prêcher la traditionnelle retraite au Vatican, en présence du pape. 


C’est un événement, auquel il consacre une immense énergie. Devant son auditoire romain, il repose la question de l’homme et de Dieu, hanté par l’urgence de les réconcilier enfin, répétant que leur destin à tous deux est noué indissolublement.


 Mais il parle aussi de l’Église, si bousculée par l’après-Concile. Et donne de sa mission un sens radicalement nouveau :


 si elle veut toucher les cœurs, l’Église doit apparaître comme une personne, pas comme une institution. 


Si elle veut être audible par le monde contemporain, il faut qu’elle s’affranchisse de ses apparences de société traditionnelle et devienne enfin ce à quoi elle est appelée : à être le signe de la présence du Christ, qu’elle représente et communique. 


Les remerciements fervents de Paul VI sont un baume. Maurice Zundel a soixante-quinze ans. Lui qui a tellement souffert, en silence et avec beaucoup d’humilité, de l’incompréhension ecclésiale dont il fut l’objet, trouve dans cette reconnaissance tardive un grand réconfort. 


Il passe les dernières années de sa vie à préciser sa pensée spirituelle et s’éteint le 10 août 1975, après une longue et pénible agonie.


Sophie de Villeneuve
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MessageSujet: Re: Figures spirituelles    Figures spirituelles  Empty8/7/2018, 05:43

Jacques Maritain (et son épouse Raïssa)

http://www.dieu-parmi-nous.com/NIC/Maritain.Jacques.pdf
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MessageSujet: Re: Figures spirituelles    Figures spirituelles  Empty9/7/2018, 09:51

Marie Noël, poète du désespoir et de la foi

En mars 2017, les évêques de France ont ouvert la cause pour une possible béatification de la poétesse Marie Noël. beaucoup de ses écrits font penser aux Psaumes de l’Ancien Testament où l’homme de tout temps a cherché force et espérance parce qu’il y reconnaissait sa détresse. Publié le 7 juin 2017.


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A leur Assemblée plénière de printemps, fin mars, à Lourdes, les évêques de France ont voté, entre autres, l’«ouverture de la cause, en vue d’une éventuelle béatification», d’un grand poète oublié, Marie Noël.


 Rare sont les poètes béatifiés, encore plus rares ceux qui ont été canonisés. Il y a bien saint Thomas d’Aquin, le bienheureux Pacifique, troubadour converti à la piété par François d’Assise, saint Jean de La Croix ou sainte Thérèse d’Avila, mais c’étaient des consacrés, et ce n’est pas pour leur poésie qu’ils ont été distingués par l’Église. 


Si Marie Noël est béatifiée, elle sera sans doute la première laïque et poète à l’être.

Ce n’est pas une petite affaire qu’une béatification. L’enquête peut durer dix ou douze ans. La décision des évêques a le mérite d’attirer l’attention sans attendre sur l’œuvre d’un poète que sa génération a tenu en haute estime et qui a été admiré par des écrivains comme Aragon ou Montherlant, peu suspects de complai­sance à l’endroit de la discrète provinciale qu’elle était.

Marie Rouget, de son vrai nom, est née en 1883 à Auxerre dans une famille cultivée, d’une mère très croyante et d’un père sceptique. 


Elle avait 21 ans lorsque mourut son jeune frère. Elle était petite, chétive, de santé fragile. Une grosse fièvre fit blanchir ses cheveux d’un coup quand elle avait 26 ans. 


Elle écrivait depuis l’adolescence, sans trop le dire, menant la vie d’une jeune fille pieuse, active auprès des pauvres et des malades. Ses parents la croyaient « très sage et très positive », alors que c’était une ardente, une tourmentée. Plusieurs fois elle fut amoureuse, jamais on ne la regarda. Toute sa vie elle souffrit de la solitude du cœur. « Nul ne savait ce rêve que le feu et moi », a-t-elle écrit.

Vers 30 ans, elle traversa une crise spirituelle et morale qui devait durer dix ans, un désert de la foi, une terrible dépression qui lui fit perdre l’usage de ses jambes et amoindrit sa vue. Le célèbre abbé Mugnier l’aida à reprendre pied en l’assurant de la valeur de sa poésie et, quel que fût son scepticisme, de la tendresse de Dieu.

Ceux qui l’ont connue alors qu’ils étaient enfants – elle est morte en 1967 – se rappellent une petite dame espiègle et affectueuse, et qu’on leur disait quelquefois : « Elle travaille, ne faites pas de bruit. » Elle avait retrouvé une foi profonde, sans cesser d’être déchirée par le scandale du mal.

Ses recueils de poèmes ont pour titres Les Chansons et les Heures, Les Chants de la Merci, mais aussi Chants sauvages, Chants inquiets, Chansons de mortes, Chants des temps en feu… Et, en effet, ils font penser aux vieilles chansons de France, Pauvre marin revient de guerre, Le Roi a fait battre tambour, avec leurs cadences et leurs mots simples, leur monde de forêts, de labeur, de noces et de veillées funèbres, ils serrent le cœur comme ces chansons dures aux mélodies retenues.

Marie Noël parle du mal, de la souffrance, du désespoir et de la foi, du Christ et de la Vierge. Elle manifeste une empathie avec toute douleur que seule peut donner l’expérience du malheur.


 La mère endeuillée, l’enfant en larmes, la femme de charge épuisée, le poète moqué sont ceux qu’elle présente à Dieu dans ses écrits comme ces Vierges au grand manteau abritant des pauvres par centaines. «Mon bien-aimé s’en fut chercher l’amour/Au verger mûr quand midi l’ensoleille./Pour le trouver il goûtait la groseille,/La pomme d’or, la pêche, tour à tour (…) Je l’attendais, fraise humble à ses pieds toute,/Et mon sang mûr embaumait son chemin./Hélas ! mon sang n’a pas taché sa main./Il a marché sur moi, suivant sa route

«Donne-moi du bonheur, s’il faut que je le chante,/De quoi juste entrevoir ce que chacun en sait (…)/Un peu – si peu – ce qui demeure d’or en poudre/Ou de fleur de farine au bout du petit doigt, (…) Car pour moi qui n’en ai jamais eu l’habitude,/Un semblant de bonheur au bonheur est pareil,/Sa trace au loin éclairera ma solitude/Et je prendrai son ombre en moi pour le soleil. »

Un poème dédié par Marie Noël à sa mère et à son jeune frère a pour titre Hurlement. Un autre, parmi les plus puissants, Office pour l’enfant mort


Les prélats instruisant la cause de Marie Noël vont souligner en rouge certains de ses vers. «Ô Vous par qui la vie est peine/Et mal, et mort, je crois très bas/A la Bonté haute, inhumaine/Terrible, qu’on ne comprend pas  


C’est aux Psaumes que font penser ces vers, aux Psaumes de l’Ancien Testament où l’homme de tout temps a cherché force et espérance parce qu’il y reconnaissait sa détresse.


Laurence Cossé




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MessageSujet: Re: Figures spirituelles    Figures spirituelles  Empty9/7/2018, 09:54

Les écrits de Marie Noël


Pour le Père Benoït Lobet, les mots de Marie Noël "sont le miroir de sa vie spirituelle". Il est l'auteur de Mon Dieu, je ne vous aime pas. Foi et spiritualité chez Marie Noël. Il raconte son compagnonnage avec la poétesse dans un entretien avec Adrien Bail. Publié le 20 juin 2017.


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Quelle fut votre rencontre avec Marie Noël ?



Père Benoît Lobet : Je l’ai lue au séminaire et ai ressenti une grande complicité. Elle décrivait une vie spirituelle non pas volontariste mais plutôt de l’ordre de la remise de soi, dans sa pauvreté, à la miséricorde. Une spiritualité qui n’est pas dans l’évidence dogmatique, mais dans la quête, le trébuchement, traversée par le doute comme par la foi. D’où le titre de mon livre, repris des Notes intimes : Mon Dieu, je ne vous aime pas.


Votre livre évoque un « compagnonnage » avec la poétesse…



P.B.L. : J’étais à un moment de choix : si je devenais prêtre, comment allais-je vivre mon ministère ? Elle m’a porté à essayer d’être un prêtre qui se laisse sensibiliser, même blesser, par les questions et les doutes qu’on lui confie et qu’il porte lui-même. Je suis toujours revenu aux Notes intimes et à certains poèmes des Chants et psaumes d’automne – ce qu’on a fait de mieux en littérature comme méditation sur le mal et la destinée humaine – et Jugement, véritable examen de conscience. J’y puise consolation et encouragement.



De la consolation ?



P.B.L. : Oui, car la façon dont Marie Noël a rendu compte de son expérience est sans concession : elle relate les choses telles qu’elles sont et cerne au plus près le mystère de sa vie spirituelle. Ses mots sont un miroir qui permet de vous déchiffrer. Comme saint Augustin, Ignace de Loyola ou Thérèse de Lisieux, Marie Noël est à son mieux dans l’autobiographie. Et son génie fut d’en rendre compte dans des formes extrêmement littéraires. C’est ainsi qu’elle peut être lue encore aujourd’hui.


Qu’a-t-elle à dire aujourd’hui ?



P.B.L. : Elle peut rejoindre les perplexités informulées de beaucoup de personnes – dans leur vie et leur recherche de Dieu. Beaucoup m’ont dit comment Marie Noël est devenue une compagne pour toujours, avec qui ils découvrent une manière de prier et de dénouer des nœuds intérieurs.


Vous qualifiez même Marie Noël de « théologienne »…


P.B.L. : Est théologien celui qui parle de Dieu. Or, Marie Noël sait non seulement parler à Dieu – le fait de tout priant – mais aussi parler de Lui, en posant à son propos des questions essentielles. Il y a un tournant chez Marie Noël, lorsqu’elle aborde le drame de la foi chrétienne, c’est-à-dire la question du mal et du malheur. C’est un propos central de la théologie, incontournable depuis la Shoah. Elle ne doute jamais que Dieu existe, mais elle doute de sa bonté. Et elle y répond par le mystère du Christ.


Qu’attendez-vous de ce procès en béatification ?


P.B.L. :  Qu’il renouvelle la connaissance qu’on a de Marie Noël. Elle n’a jamais été oubliée, mais on n’en lisait pas les pièces les plus rudes et authentiquement spirituelles. On en a fait quelquefois une grenouille de bénitier, ou, dans les manuels scolaires, une personne charmante, qui avait écrit des poèmes sur les saisons, les campagnes… On évoquait trop peu les Notes intimes. Or, selon moi, c’est un document spirituel majeur du XXe siècle.



----------------------



Mon Dieu, je ne vous aime pas. Foi et spiritualité chez Marie Noël, Nouvelle Cité, 192 p., 19 €


Adrien Bail




https://croire.la-croix.com/Definitions/Figures-spirituelles/Marie-Noel/Les-ecrits-de-Marie-Noel
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MessageSujet: Re: Figures spirituelles    Figures spirituelles  Empty9/7/2018, 09:56

Poème à Marie



Une méditation sur la Vierge Marie par Marie-Noël (1883-1967), poète. Ces mots laissent entrevoir une présence en qui rien ne pèse ni ne pose, mais qui nous aime et nous comprend.




La Vierge Marie est penchée au bord
De son cœur profond comme une fontaine
Et joint ses deux mains pour garder plus fort
Le ciel jaillissant dont elle est trop pleine.



La Vierge Marie a fermé les yeux
Et voilé son cœur de ses deux paupières
Pour ne plus rien voir, pour entendre mieux
Un souffle qui fait trembler ses prières...




La Vierge Marie est dans son bonheur.
La Vierge Marie est là qui se noie
Dans le miel de Dieu. L'épine est en fleur
Autour du jardin, autour de ma joie.



Il y a dans toi, Vierge, un petit Roi,
Ton petit enfant, un Dieu ! Trois ensemble !
Et nul ne s'en doute. Il y a dans moi
Un petit oiseau dont le duvet tremble.





Marie-Noël, poète




https://croire.la-croix.com/Definitions/Figures-spirituelles/Marie-Noel/Poeme-a-Marie
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MessageSujet: Re: Figures spirituelles    Figures spirituelles  Empty9/7/2018, 10:00

"Marie m'aide à comprendre le Christ"


Pour Agnès von Kirchbach, théologienne protestante, le dogme de l'Assomption, dans la sobriété de sa formulation, présente Marie, fille de Sion, comme une figure de l'espérance. Publié le 24 mars 2014. 


Figures spirituelles  Portrait-Agnes-Kirchbach-D-R_0_445_333  

Comme théologienne protestante, reconnaissez-vous une place particulière à Marie ?




Agnès von Kirchbach : Contrairement à ce que pensent beaucoup de catholiques, Marie tient chez les protestants une place telle que dessinée par les Écritures. La piété populaire chez les catholiques s'appuie sur l'Évangile de Luc, les protestants se sentent plus proches de Marc. De tout temps, les croyants ont éprouvé une curiosité biographique, alors que les Écritures nous proposent une lecture spirituelle.

Dans les Évangiles, Marie n'a pas une place salvifique, mais elle est indicateur, elle nous aide à accéder au mystère du Christ. Marie est une mère qui accède à la foi, et passe par un cheminement particulier à travers son fils. Jean ne la nomme que comme "mère de Jésus". C'est comme mère qu'elle se met en situation de disciple. Elle est celle qui accueille son fils, accepte son cheminement, pourtant incompréhensible pour elle.

Dans le Magnificat, Marie assume toutes les promesses de l'Ancien Testament. Elle s'est située pour pouvoir accueillir, en sujet, l'alliance à accomplir.

Marie m'aide ainsi à comprendre le mystère du Christ, mais pas plus que Pierre, André ou Paul. Je ne peux lui attribuer une place particulière, qui la mettrait à distance des autres. D'ailleurs, Marie a été évangélisée par les disciples.


Pouvez-vous accepter l'affirmation du dogme de l'Assomption ?


Toute formulation dogmatique qui se situe en dehors de l'unité de l'Église est une nouvelle blessure sur le chemin de la réconciliation entre chrétiens. Et en cela, les protestants ont été profondément attristés par les déclarations de 1950.

Mais le dogme, dans sa formulation, présente une sobriété étonnante. Il ne dit pas que Marie n'est pas morte, et n'introduit donc pas une fausse idée d'immortalité. Marie n'a pas connu une autre destinée humaine que nous. Dire que Marie a été accueillie corps et âme, comme l'affirme le dogme, c'est prendre Marie dans sa réalité contingente, physique, incarnée.


L'Assomption de Marie nous montre que la limite physique n'est pas une malédiction, mais le lieu où la grâce nous touche. La reprise dans une gloire future ne dilue pas la réalité limitée de notre existence.



Comment ce dogme peut-il rejoindre quelque chose de votre propre foi ?


Il rejoint une dimension d'espérance. L'affirmation que la mort est réelle, que la résurrection est réelle, au-delà du Christ. Marie prend en effet une figure collective, "fille de Sion", dans le prolongement de l'Ancien Testament.

Marie nous est proposée comme figure de croyant. Lorsque le dogme parle de "vie céleste", il parle de nous tous, Église, qui seront accueillis.




Agnès von Kirchbach, théologienne protestante, pasteure à Saint-Cloud (92)




https://croire.la-croix.com/Definitions/Bible/Marie/Marie-m-aide-a-comprendre-le-Christ
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MessageSujet: Re: Figures spirituelles    Figures spirituelles  Empty9/7/2018, 21:41

Abbé Pierre

Henri Grouès, dit l’abbé Pierre (1912-2007), prêtre, résistant, député. Il fonde en 1949 la première communauté Emmaüs à Neuilly-Plaisance. Cette communauté est la préfiguration du mouvement Emmaüs qui lutte contre l'exclusion, présent aujourd'hui dans trente-six pays du monde.

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L'appel du 1er février 1954

Mes amis, au secours...

Une femme vient de mourir gelée, cette nuit à trois heures, sur le trottoir du boulevard Sébastopol, serrant sur elle le papier par lequel, avant hier, on l’avait expulsée...  Chaque nuit, ils sont plus de 2000 recroquevillés sous le gel, sans toit, sans pain, plus d’un presque nu.

Devant l’horreur, les cités d’urgence, ce n’est même plus assez urgent !  Écoutez-moi : en trois heures, deux premiers centres de dépannage viennent de se créer : l’un sous la tente au pied du Panthéon, rue de la Montagne Sainte Geneviève ; l’autre à Courbevoie. Ils regorgent déjà, il faut en ouvrir partout. Il faut que ce soir même, dans toutes les villes de France, dans chaque quartier de Paris, des pancartes s’accrochent sous une lumière dans la nuit, à la porte de lieux où il y ait couvertures, paille, soupe, et où l’on lise sous ce titre CENTRE FRATERNEL DE DEPANNAGE, ces simples mots : « TOI QUI SOUFFRES, QUI QUE TU SOIS, ENTRE, DORS, MANGE, REPREND ESPOIR, ICI ON T’AIME »

La météo annonce un mois de gelées terribles. Tant que dure l’hiver, que ces centres subsistent, devant leurs frères mourant de misère, une seule opinion doit exister entre hommes : la volonté de rendre impossible que cela dure. Je vous prie, aimons-nous assez tout de suite pour faire cela. Que tant de douleur nous ait rendu cette chose merveilleuse : l’âme commune de la France. Merci !

Chacun de nous peut venir en aide aux "sans abri". Il nous faut pour ce soir, et au plus tard pour demain :

• 5000 couvertures,

• 300 grandes tentes américaines,

• 200 poêles catalytiques

Déposez les vite à l’hôtel Rochester, 92 rue de la Boétie. Rendez-vous des volontaires et des camions pour le ramassage, ce soir à 23 heures, devant la tente de la montagne Sainte Geneviève. Grâce à vous, aucun homme, aucun gosse ne couchera ce soir sur l’asphalte ou sur les quais de Paris.

Merci !

https://croire.la-croix.com/Definitions/Figures-spirituelles/Abbe-Pierre
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MessageSujet: Re: Figures spirituelles    Figures spirituelles  Empty13/7/2018, 19:43

Qui était Etty Hillesum ?


Grande figure de la spiritualité contemporaine, Etty Hillesum était loin d’être une "sainte nitouche". Audacieuse, elle a pris le risque d’aimer librement, certaine que la force de l’amour serait chemin de vérité. Juive, elle a délibérément choisi de ne pas se dérober au drame de son peuple.  Elle est morte à Auschwitz en 1943, laissant un journal et des lettres qui ont bouleversé des millions de lecteurs.


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"J’ouvre la Bible au hasard et trouve ceci : “Le Seigneur est ma chambre haute.” Je suis assise sur mon sac à dos, au milieu d’un wagon de marchandises bondé. Papa, maman et Misha sont quelques wagons plus loin… » Le 7 septembre 1943, sur une carte postale, jetée du train qui l’emmenait à Auschwitz, Etty Hillesum adressait ces mots à une amie.


Ses parents sont officiellement morts le 10 septembre. Gazés dès leur arrivée à Auschwitz, à moins qu’ils n’aient pas survécu au voyage. 


Etty serait morte le 30 novembre suivant, et Misha, son plus jeune frère, un pianiste de grand talent, le 31 mars 1944. Etty avait un autre frère, Jaap, qui se destinait à être médecin. Il sera déporté à Bergen Belsen en février 1944 et mourra au printemps 1945…


« Je vais t’aider mon Dieu ! »


Juive, Etty Hillesum avait délibérément choisi de ne pas se dérober au drame de son peuple. Elle savait pourtant parfaitement ce qu’il en était, écrivant, le 3 juillet 1942, un vendredi soir : « Ce qui est en jeu, c’est notre perte et notre extermination. Aucune illusion à se faire là-dessus. On veut notre extermination totale, il faut accepter cette vérité. » 


À la date du 11 juillet, dans son journal, on peut lire ceci : « Si Dieu cesse de m’aider, ce sera à moi d’aider Dieu. Peu à peu toute la surface de la terre ne sera plus qu’un immense camp et personne ou presque ne pourra rester au dehors. » Puis, le lendemain : « Je vais t’aider, mon Dieu, à ne pas t’éteindre en moi, mais je ne puis rien garantir d’avance. Une chose cependant m’apparaît de plus en plus claire, ce n’est pas toi qui peux nous aider, mais nous qui pouvons t’aider – et ce faisant nous nous aidons nous-mêmes. 


C’est tout ce qu’il est possible de sauver en cette époque et c’est la seule chose qui compte, un peu de toi en nous, mon Dieu... Il m’apparaît de plus en plus clairement, presque à chaque pulsation de mon cœur, que tu ne peux pas nous aider, mais que c’est à nous de t’aider et de défendre, jusqu’au bout, la demeure qui t’abrite en nous. »


Quelques jours après, Etty Hillesum fut transférée, à sa demande, dans le camp de Westerbork, pour y travailler dans l’« assistance sociale aux personnes en transit » organisée par le Conseil juif. 


Deux de ses lettres, écrites dans le camp, ont été publiées clandestinement en 1943, décrivant de manière poignante ce qui s’y passait, la vie quotidienne, le départ des convois… Mais ce n’est qu’en 1981 que fut éditée une partie du journal qu’elle avait tenu depuis le 8 mars 1941, puis en 1982 sa correspondance depuis le camp. 


Ce journal, elle l’a commencé à la demande de Julius Spier, un psychothérapeute disciple de Jung, dont elle a fait la connaissance par des amis. Elle a alors 27 ans.


Son père, professeur de langues classiques, est proviseur du lycée de Deventer. Sa mère, née en Russie, avait gagné Amsterdam après un pogrom, en 1907. Etty est l’aînée. Elle connaît des moments de sombre dépression, tandis que ses deux frères souffrent de graves troubles mentaux…


Après avoir passé un bac littéraire, elle a quitté ses parents, pour étudier à Amsterdam le droit et les langues slaves. Elle fréquente alors des milieux sionistes, antifascistes et évolue dans un cercle intellectuel et artistique bohême. Elle mène une existence de femme libre, prête à bien des audaces, passionnée, amoureuse de la vie, devenant bientôt la maîtresse de Han Wegerif, un veuf, nettement plus âgé qu’elle, chez qui elle loue une chambre et dont elle tient le ménage…


Julius Spier, "l'accoucheur de son âme"


Spier est une personnalité tout aussi complexe qu’Etty. Divorcé, père de deux enfants, il a quitté l’Allemagne en 1939, tandis que Herta Levi, avec laquelle il s’est fiancé, a gagné Londres dès 1937. L’homme est sensuel, tout en étant habité par un authentique désir de vérité et de droiture. Incontestablement, il ne place pas les limites – même s’il en met – là où la « bonne société » les fixe.


Entre Etty et lui, la rencontre est foudroyante. Il perçoit chez elle l’immensité d’un désir qui va bien au-delà des seules pulsions sexuelles. Elle le découvre comme un maître qui peut la conduire plus loin. Il lui fait lire la Bible, les évangiles, saint Paul, Augustin, maître Eckhart… Elle fréquente aussi Rilke – qui tient une place centrale dans son journal –, Dostoïevski, Tolstoï… Si elle éprouve d’abord pour cet homme mûr un mélange de forte attirance et de nette répulsion, naît rapidement en elle une puissante passion amoureuse qui se heurte à la présence lointaine, mais ineffaçable, de Herta, à qui Julius Spier veut être fidèle… à sa manière. Et elle ne quitte pas Han Wegerif…


Le journal d’Etty témoigne longuement du « travail » accompli par cette passion dès lors que l’un et l’autre s’efforçaient de la vivre de la manière la plus authentique, la plus exigeante. Il y a certes de quoi choquer des esprits étroits. 


Pourtant, ce que l’on découvre, au fil des pages, c’est un chemin d’amour qui élargit le cœur et l’intelligence d’Etty. Un itinéraire qui introduira peu à peu dans une intimité avec Dieu « la fille qui ne voulait pas s’agenouiller ». Celle-ci se retrouve plus d’une fois prosternée « sur le rude tapis de sisal de la salle de bain». La jeune femme instable, ravagée par les migraines et les maux de toutes sortes, naît à Dieu. 


De Spier, elle dit qu’il est « l’accoucheur de son âme », et s’interroge sur la meilleure façon de l’aimer, avec à l’horizon la perspective de la déportation, tandis que les mesures antijuives se font de plus en plus dures.


Médiatrice à son tour



Julius Spier meurt chez lui, emporté par la maladie, le 15 septembre 1942. Ses derniers mots sont pour Herta. Etty s’en dit « reconnaissante » et écrit : « Tu m’as appris à prononcer sans honte le nom de Dieu. Tu as servi de médiateur entre Dieu et moi…


 Et je servirai moi-même de médiatrice à tous ceux que je pourrai atteindre. » 


Et, plus loin : « Je continuerai à vivre avec cette part des morts qui a la vie éternelle et je ramènerai à la vie ce qui, chez les vivants, est déjà mort : ainsi n’y aura-t-il que vie, une grande vie universelle, mon Dieu. »


 Telle sera effectivement son attitude dans le camp de Westerbork. Non pas avec des sermons et des discours, mais avec mille attentions et une compassion jamais démentie pour ceux qu’elle côtoie et qu’elle sert, avec un seul souci : aimer.


À la dernière page de son journal, en date du 12 octobre 1942, on lit : « J’ai rompu mon corps comme le pain et l’ai partagé entre les hommes. » Quelques jours plus tôt, le 3 octobre, elle écrivait : « Bien sûr, c’est l’extermination complète, mais subissons-la au moins avec grâce. » Une grâce qui éclaire aujourd’hui ceux qui la lisent.



Jean-François Bouthors, éditeur et écrivain, mars 2009




https://croire.la-croix.com/Definitions/Figures-spirituelles/Etty-Hillesum/Qui-etait-Etty-Hillesum?&PMID=72594f97fde1658e57cb0e542c4b8ded
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MessageSujet: Re: Figures spirituelles    Figures spirituelles  Empty20/7/2018, 11:35

Vladimir Ghika, professeur d'espérance


Béatifié en 2013,  d'origine roumaine, mais prêtre du diocèse de Paris,Vladimir Ghika s'est voué  avec une immense disponibilité aux plus pauvres et aux malades. Il meurt victime des persécutions du régime communiste en 1954.


Figures spirituelles  Mgr-Ghika-DR_0_445_334  


"Je suis en plein, professeur d'espérance, malgré tout". ( Dernière lettre du P. Valdimir à son frère Demètre, le 10 mars 1952)


Vladimir Ghika est né le 25 décembre 1873, dans une famille régnante roumaine, à Constantinople, où son père représentait la Roumanie auprès de la Porte Ottomane. Sa mère est descendante d’une famille française. Il est baptisé et confirmé dans l’Eglise orthodoxe.


Il arrive en 1878 en France, suit des études à Toulouse où il est licencié en droit, et ensuite à Paris où il intègre avec son frère l’Institut d’Études Politiques.


Il souhaite devenir prêtre, et après des études à Rome, il obtient en 1898 une licence en philosophie et un doctorat en théologie.
En 1902, après de longues réflexions, il fait son entrée officielle dans l’Église catholique.



Suite à une rencontre providentielle avec sœur Pucci, il introduit Les Filles de la Charité en Roumanie. Fidèle à la« théologie du besoin », qui sera la règle de sa vie, Vladimir va se vouer, avec une immense disponibilité pour les pauvres, les malades, les blessés, à diverses actions de charité.


Pendant la Grande Guerre, on retrouve Vladimir Ghika à Rome ou Paris où il continue ses activités charitables dans les hôpitaux peuplés des blessés, victimes du tremblement de terre d’Avezzano en 1915, ou des tuberculeux de l’hospice de Rome. A Paris, il développe une importante activité diplomatique, il défend les intérêts de la France dans les milieux civils et ecclésiastiques, et œuvre au rétablissement des relations diplomatiques entre la France et le Saint-Siège. Le 4 octobre 1921, la France lui accorda la Légion d’honneur.


De 1920 à 1922, Vladimir fut de ceux qui œuvrèrent à la renaissance de l’Université de Louvain dont la bibliothèque avait été totalement détruite durant la guerre. Il fit partie du Comité international constitué en ce but et dirigé par le recteur, Mgr Deploige. En remerciement, le Cardinal Mercier, primat de Belgique, lui proposa d’inaugurer une chaire consacrée à la Roumanie. Vladimir y donna plusieurs conférences.


En 1923, en la Chapelle des Lazaristes, Vladimir Ghika est ordonné prêtre du diocèse de Paris par le Cardinal Dubois qui lui accorde l’autorisation de célébrer la messe selon les deux rites romain et byzantin. Il est nommé ensuite à l’église des étrangers (aujourd’hui l’église Saint-Ignace). A l’aise dans tous les milieux, il côtoie le Pape et les têtes couronnées, les intellectuels et les artistes ; il est notamment l’ami de Jacques Maritain, Paul Claudel, Francis James. Mais il va aussi à la rencontre des âmes les plus éprouvées, les plus anxieuses, les plus révoltées. Il est à l’origine de nombreuses conversions. Par son action œcuménique, il œuvre toute sa vie pour l’unité des chrétiens.


Entre 1927 et 1939, Vladimir Ghika est aussi l’aumônier du Centre d’Études Religieuses, fondé en 1925 par Jean Daujat.


En 1931 le Pape Pie XI le nomme protonotaire apostolique. Il était depuis 1927 membre du Comité directeur des Congrès Eucharistiques. Son activité sacerdotale et apostolique n’a pas de limites : avec une bonté sans frontières, disponible à tous les appels des âmes, il parcourt les cinq continents, mais toujours avec le cœur à Paris. De Villejuif à Auberive, de Rome à Sydney ou de Buenos Aires à Tokyo (où il participe à la fondation du premier carmel) toute circonstance est bonne pour parler de Dieu aux gens rencontrés sur sa route.


Il a été l’inspirateur de l’Association Virgo Fidelis, destinée à promouvoir prières et sacrifices pour le sacerdoce.


En 1939, au début de la guerre, Vladimir Ghika se trouvait en Roumanie. Avec la permission de l’archevêque de Paris, le Cardinal Suhard, il décide d’y rester. Il y poursuit son activité sans relâche auprès des réfugiés, des malades, des prisonniers, des victimes des bombardements. Il est très proche de l’Église gréco-catholique, il instruit et guide spirituellement les étudiants. Il confesse et célèbre la messe dans une prison de femmes.


Après l’arrivée du communisme il fait le choix de rester dans son pays auprès de ses compatriotes en souffrance. Malgré une santé précaire il continue son activité sacerdotale. Le 18 novembre 1952 il est arrêté. Il subit plus de quatre-vingts interrogatoires nocturnes, il est menacé, battu et torturé et, après un simulacre de procès, est condamné à trois ans d’incarcération dans la prison de Jilava près de Bucarest. Ici, il prêche, raconte ses souvenirs et un peu de joie illumine les visages qui l’entourent. Le 16 mai 1954, il meurt d’épuisement.



Eglise catholique de Paris




https://croire.la-croix.com/Definitions/Figures-spirituelles/Vladimir-Ghika/Vladimir-Ghika-professeur-d-esperance?&PMID=72594f97fde1658e57cb0e542c4b8ded
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MessageSujet: Re: Figures spirituelles    Figures spirituelles  Empty20/7/2018, 11:36

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MessageSujet: Re: Figures spirituelles    Figures spirituelles  Empty20/7/2018, 13:56

Violette7 a écrit:
Qui était Etty Hillesum ?


Grande figure de la spiritualité contemporaine, Etty Hillesum était loin d’être une "sainte nitouche". Audacieuse, elle a pris le risque d’aimer librement, certaine que la force de l’amour serait chemin de vérité. Juive, elle a délibérément choisi de ne pas se dérober au drame de son peuple.  Elle est morte à Auschwitz en 1943, laissant un journal et des lettres qui ont bouleversé des millions de lecteurs.



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"J’ouvre la Bible au hasard et trouve ceci : “Le Seigneur est ma chambre haute.” Je suis assise sur mon sac à dos, au milieu d’un wagon de marchandises bondé. Papa, maman et Misha sont quelques wagons plus loin… » Le 7 septembre 1943, sur une carte postale, jetée du train qui l’emmenait à Auschwitz, Etty Hillesum adressait ces mots à une amie.


Ses parents sont officiellement morts le 10 septembre. Gazés dès leur arrivée à Auschwitz, à moins qu’ils n’aient pas survécu au voyage. 


Etty serait morte le 30 novembre suivant, et Misha, son plus jeune frère, un pianiste de grand talent, le 31 mars 1944. Etty avait un autre frère, Jaap, qui se destinait à être médecin. Il sera déporté à Bergen Belsen en février 1944 et mourra au printemps 1945…


« Je vais t’aider mon Dieu ! »



Juive, Etty Hillesum avait délibérément choisi de ne pas se dérober au drame de son peuple. Elle savait pourtant parfaitement ce qu’il en était, écrivant, le 3 juillet 1942, un vendredi soir : « Ce qui est en jeu, c’est notre perte et notre extermination. Aucune illusion à se faire là-dessus. On veut notre extermination totale, il faut accepter cette vérité. » 


À la date du 11 juillet, dans son journal, on peut lire ceci : « Si Dieu cesse de m’aider, ce sera à moi d’aider Dieu. Peu à peu toute la surface de la terre ne sera plus qu’un immense camp et personne ou presque ne pourra rester au dehors. » Puis, le lendemain : « Je vais t’aider, mon Dieu, à ne pas t’éteindre en moi, mais je ne puis rien garantir d’avance. Une chose cependant m’apparaît de plus en plus claire, ce n’est pas toi qui peux nous aider, mais nous qui pouvons t’aider – et ce faisant nous nous aidons nous-mêmes. 


C’est tout ce qu’il est possible de sauver en cette époque et c’est la seule chose qui compte, un peu de toi en nous, mon Dieu... Il m’apparaît de plus en plus clairement, presque à chaque pulsation de mon cœur, que tu ne peux pas nous aider, mais que c’est à nous de t’aider et de défendre, jusqu’au bout, la demeure qui t’abrite en nous. »


Quelques jours après, Etty Hillesum fut transférée, à sa demande, dans le camp de Westerbork, pour y travailler dans l’« assistance sociale aux personnes en transit » organisée par le Conseil juif. 


Deux de ses lettres, écrites dans le camp, ont été publiées clandestinement en 1943, décrivant de manière poignante ce qui s’y passait, la vie quotidienne, le départ des convois… Mais ce n’est qu’en 1981 que fut éditée une partie du journal qu’elle avait tenu depuis le 8 mars 1941, puis en 1982 sa correspondance depuis le camp. 


Ce journal, elle l’a commencé à la demande de Julius Spier, un psychothérapeute disciple de Jung, dont elle a fait la connaissance par des amis. Elle a alors 27 ans.


Son père, professeur de langues classiques, est proviseur du lycée de Deventer. Sa mère, née en Russie, avait gagné Amsterdam après un pogrom, en 1907. Etty est l’aînée. Elle connaît des moments de sombre dépression, tandis que ses deux frères souffrent de graves troubles mentaux…


Après avoir passé un bac littéraire, elle a quitté ses parents, pour étudier à Amsterdam le droit et les langues slaves. Elle fréquente alors des milieux sionistes, antifascistes et évolue dans un cercle intellectuel et artistique bohême. Elle mène une existence de femme libre, prête à bien des audaces, passionnée, amoureuse de la vie, devenant bientôt la maîtresse de Han Wegerif, un veuf, nettement plus âgé qu’elle, chez qui elle loue une chambre et dont elle tient le ménage…


Julius Spier, "l'accoucheur de son âme"



Spier est une personnalité tout aussi complexe qu’Etty. Divorcé, père de deux enfants, il a quitté l’Allemagne en 1939, tandis que Herta Levi, avec laquelle il s’est fiancé, a gagné Londres dès 1937. L’homme est sensuel, tout en étant habité par un authentique désir de vérité et de droiture. Incontestablement, il ne place pas les limites – même s’il en met – là où la « bonne société » les fixe.


Entre Etty et lui, la rencontre est foudroyante. Il perçoit chez elle l’immensité d’un désir qui va bien au-delà des seules pulsions sexuelles. Elle le découvre comme un maître qui peut la conduire plus loin. Il lui fait lire la Bible, les évangiles, saint Paul, Augustin, maître Eckhart… Elle fréquente aussi Rilke – qui tient une place centrale dans son journal –, Dostoïevski, Tolstoï… Si elle éprouve d’abord pour cet homme mûr un mélange de forte attirance et de nette répulsion, naît rapidement en elle une puissante passion amoureuse qui se heurte à la présence lointaine, mais ineffaçable, de Herta, à qui Julius Spier veut être fidèle… à sa manière. Et elle ne quitte pas Han Wegerif…


Le journal d’Etty témoigne longuement du « travail » accompli par cette passion dès lors que l’un et l’autre s’efforçaient de la vivre de la manière la plus authentique, la plus exigeante. Il y a certes de quoi choquer des esprits étroits. 


Pourtant, ce que l’on découvre, au fil des pages, c’est un chemin d’amour qui élargit le cœur et l’intelligence d’Etty. Un itinéraire qui introduira peu à peu dans une intimité avec Dieu « la fille qui ne voulait pas s’agenouiller ». Celle-ci se retrouve plus d’une fois prosternée « sur le rude tapis de sisal de la salle de bain». La jeune femme instable, ravagée par les migraines et les maux de toutes sortes, naît à Dieu. 


De Spier, elle dit qu’il est « l’accoucheur de son âme », et s’interroge sur la meilleure façon de l’aimer, avec à l’horizon la perspective de la déportation, tandis que les mesures antijuives se font de plus en plus dures.


Médiatrice à son tour




Julius Spier meurt chez lui, emporté par la maladie, le 15 septembre 1942. Ses derniers mots sont pour Herta. Etty s’en dit « reconnaissante » et écrit : « Tu m’as appris à prononcer sans honte le nom de Dieu. Tu as servi de médiateur entre Dieu et moi…


 Et je servirai moi-même de médiatrice à tous ceux que je pourrai atteindre. » 


Et, plus loin : « Je continuerai à vivre avec cette part des morts qui a la vie éternelle et je ramènerai à la vie ce qui, chez les vivants, est déjà mort : ainsi n’y aura-t-il que vie, une grande vie universelle, mon Dieu. »


 Telle sera effectivement son attitude dans le camp de Westerbork. Non pas avec des sermons et des discours, mais avec mille attentions et une compassion jamais démentie pour ceux qu’elle côtoie et qu’elle sert, avec un seul souci : aimer.


À la dernière page de son journal, en date du 12 octobre 1942, on lit : « J’ai rompu mon corps comme le pain et l’ai partagé entre les hommes. » Quelques jours plus tôt, le 3 octobre, elle écrivait : « Bien sûr, c’est l’extermination complète, mais subissons-la au moins avec grâce. » Une grâce qui éclaire aujourd’hui ceux qui la lisent.



Jean-François Bouthors, éditeur et écrivain, mars 2009




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Pierre Ferrière S.J. et ami a fait un petit livre sur elle

https://livre.fnac.com/a10283058/Pierre-Ferriere-Prier-15-Jours-avec-Etty-Hillesum

_________________
Marcher selon l'Esprit de la lettre,c'est suivre un Judaisme sans messie ou un Christianisme sans racine?
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MessageSujet: Re: Figures spirituelles    Figures spirituelles  Empty20/7/2018, 14:06

Peux-tu nous parler si tu le considères comme figure spirituelle de Frère Roger de Taizé?

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MessageSujet: Re: Figures spirituelles    Figures spirituelles  Empty30/7/2018, 14:20

Mister be a écrit:
Peux-tu nous parler si tu le considères comme figure spirituelle de Frère Roger de Taizé?

pour avoir été à Taizé lorsqu'il était encore en vie, oui, c'est ce qu'on peut appeler une "figure spirituelle"
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MessageSujet: Re: Figures spirituelles    Figures spirituelles  Empty30/7/2018, 14:23

La prière selon frère Roger



Frère Roger, le fondateur de la communauté oecuménique de Taizé, est décédé en août 2005, mais son message reste vivant. Il nous livre ici quelques réflexions pour nous aider à prier avec simplicité, en vérité.Publié le 26 août 2017.



Ce qui est permanent, c'est la prière " Frère Roger, de Taizé (1969)



Frère Roger et mère Teresa, portaient ensemble cette question : 


"comment entraîner ceux qui leur étaient confiés à toujours choisir la lumière ?". 


Après le décès de mère Teresa en 1997, le frère Roger écrivait : "(...) je réalisais combien dans nos vies la prière avait toujours offert la fraîcheur d'une source. Et nous en avions la même certitude, une communion en Dieu nous sort de nous-mêmes et nous stimule à alléger les souffrances humaines sur la terre."


"Comme une voix intérieure" par le frère Roger, de Taizé



"Pour prier, Dieu ne demande ni prodiges extraordinaires, ni efforts surhumains. Dans l'histoire des chrétiens, tant de croyants ont vécu des sources de la foi à travers une prière toute pauvre de mots. Serais-tu pris au dépourvu  devant cette réalité de la prière qui, au premier abord, te dépasse ? Il en était ainsi dès le début  de l’Église. Paul, l'apôtre écrivait : "Nous ne savons pas comment prier..." Il ajoutait : "Mais l'Esprit saint vient au secours de notre incapacité et il prie en nous." Ton cœur a peine à l'imaginer, mais son Esprit est en continuelle activité au-dedans de toi.

Tu aspires à sentir la présence de Dieu et tu as l'impression d'une absence. Voici sept cents ans, un chrétien du nom de Maître Eckhart le rappelait :

"Se tourner vers Dieu... ce n'est pas penser continuellement à Dieu. Ce serait impossible à la nature humaine d'avoir toujours Dieu en pensée et d'ailleurs ce ne serait pas le mieux. L'être humain ne peut pas se contenter d'un Dieu auquel il pense. Car alors, quand la pensée s'évanouirait, Dieu aussi s'évanouirait... Dieu est au-delà des pensées de l'être humain. Et la réalité de Dieu ne s'évanouit jamais."


Une simple prière tel un faible soupir, telle une prière d'enfant, te tient en éveil. Dieu n'a t-il pas révélé aux plus petits, aux pauvres du Christ, ce que des puissants de ce monde ont peine à comprendre ?

Pour certains, la prière nécessite beaucoup de mots pour formuler ce qui emplit le cœur. Mais n'est-il pas préférable de les prononcer dans la solitude? Exprimés en présence d'autres, ne vont-ils pas les obliger à écouter ce qui était réservé à la discrétion d'une intimité avec Dieu ?


Prière continuelle



Quand l'apôtre Paul invite à "prier sans cesse", cela ne signifie pas uniquement s'exprimer par des mots. La prière est tellement plus vaste ! Les mots en sont une petite part. La prière trouve de multiples expressions , des gestes comme le signe de croix, des symboles comme celui de l'offrande de soi : ainsi à la fin de l'évangile selon St Luc, quand le christ s'en va, on voit les disciples se prosterner, posant le front au sol.


Comment ignorer que certaines expressions, reprises de manière inlassable, ont soutenu une vie intérieure incomparablement ? C'est la prière ininterrompue du nom de Jésus, ou encore celle de l'Ave Maria, gratia plena. Paraissent-elles sans spontanéité ? Voilà qu'un jour surgissent des jaillissements intérieurs.


Des réalités d’Évangile peuvent pénétrer en toi à travers des chants simples, repris et encore repris : "Jésus le Christ, Lumière intérieure, donne-moi d'accueillir ton amour". Quand tu travailles, quand tu te reposes, ils se poursuivent au-dedans.


Parfois la prière est un combat intérieur, parfois elle est abandon de tout l'être. A un moment donné, elle devient comme un simple repos en Dieu dans le silence. Là est peut-être un des sommets de la prière.


Jésus le Christ, en nous s'élève comme une voix intérieure, et cette voix, c'est déjà notre prière. "Si nos lèvres gardent le silence, notre cœur, lui, t'écoute et aussi te parle. Nous sommes parfois tout surpris de savoir que tu es en nous, dans une mystérieuse présence. Et toi, le Ressuscité, tu dis à chacun : "Abandonne-toi tout simplement à la vie de mon Esprit en toi, ton peu de foi y suffit, jamais je ne te laisserai, jamais".




extrait de : "Mère Teresa, frère Roger - La prière , fraîcheur d'une source" Bayard; édition 2010




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