Il y a un théocentrisme augustinien, et un humanisme thomiste, et les deux ne s'opposent pas si on a une approche analogique de la réalité, ce qui signifie que l'homme n'est pas sans rapport à Dieu puisque son être est analogique à celui de Dieu (lorsqu'on redescend l'analogie, on a alors humanisme), et que Dieu contient analogiquement toutes les perfections de sa créature (lorsqu'on remonte l'analogie, on a alors théocentrisme).
Et c'est nécessaire de penser comme ça car Dieu est l'auteur du monde, il l'a donc créé à sa ressemblance.
Plus dangereuses me semblent les tendances à la théologie négative pure et dure (où il s'agit un peu à mon avis, de s'anéantir en Dieu par négations progressives, un peu comme Simone Weil -l'autre- et son concept de décréation).
Moi je suis un optimiste, je pense qu'il faut prendre au sérieux la phrase "et Dieu vit que cela était bon". ;)
PS (facultatif) : Il y a aussi en plus de l'équivocité pure (théologie négative au sens le plus extrême) et de l'analogie, une troisième solution qui est splendide : l'univocité de l'Être comprise par le bienheureux Duns Scot (celui qui a découvert l'immaculée conception), je n'en suis pas partisan et c'est assez compliqué mais il faut reconnaître que ça a de la gueule. Grosso-modo il s'agit de dire que le concept d'Être est le même pour Dieu ET pour la créature, mais que ce qui est important ce n'est pas du tout l'Être mais ce sont il est dit : l'individu, la singularité, la différence (cette pierre, cet homme, ce Dieu d'amour).
De façon concomitante il va y avoir primat de l'amour et de la liberté par rapport à la connaissance, avec risque d'arbitraire du côté de Dieu (Dieu pourrait très bien avoir produit autrement la loi morale) mais aussi vrai considération pour la liberté humaine (d'où un certain humanisme paradoxal chez les scotistes).
Mais ce sera pour une autre fois.